Présentation dans le cadre de la 73 e édition du Congrès annuel de la FQM Médias sociaux: gare aux conclusions rapides Pierre Veilleux, président 26 septembre 2014
Petite histoire Le 3 avril 1973, Martin Cooper, ingénieur chez Motorola, utilise le premier téléphone cellulaire pour passer un coup de fil à un responsable de l'entreprise rivale. Depuis, l utilisation des appareils mobiles n a cessé de prendre de l ampleur au Québec, comme partout dans le monde d ailleurs. 2
Selon l enquête NETendances du CEFRIO, en 2013, le nombre d'adultes qui possèdent un téléphone intelligent (44 %) dépasse le nombre de détenteurs d'un téléphone cellulaire de base (40 %). 52 % des adultes québécois possèdent un téléphone intelligent ou une tablette numérique. 3
«Le virage mobilité est ainsi bel et bien amorcé au Québec et l'utilisation des appareils mobiles s'ancre désormais dans les pratiques», peut-on lire dans l étude. La même étude révèle que les Québécois réalisent de plus en plus de transactions en ligne à partir de leur téléphone intelligent. Bref, l arrivée massive de ces nouveaux appareils a modifié sensiblement de nombreuses façons de faire, des appareils supportés par des plateformes de diffusion, elles aussi de plus en 4 plus populaire, comme Facebook et Twitter.
Le secteur de la sécurité publique n échappe pas à cette tendance lourde qui lui pose de nouveaux défis. Les utilisateurs de téléphones intelligents passent de nombreuses heures devant ce petit écran. Même à bord de leur véhicule, les conducteurs ne semblent pas vouloir laisser de côté leur téléphone et c est là que l utilisation du téléphone cellulaire devient dangeureuse. 5
Des chiffres éloquents Selon le Virginia Tech Transportation Institute, l habitude de «texter» au volant serait six fois plus propice à causer un accident que la conduite avec les facultés affaiblies. Ce serait 23 fois plus dangereux que de conduire dans des conditions normales. Selon un sondage réalisé en 2012 par la SAAQ, 18 % des conducteurs qui font usage d un téléphone cellulaire avoue qu il leur arrive de «texter» au volant. 6
Les arrestations pour une telle infraction n ont cessé d augmenter année après année passant de 42 617 en 2009 à 63 945 en 2012. Toujours dans le domaine de la sécurité routière, on a remarqué, ces dernières années, le développement de comportements téméraires générés entre autres par la possibilité à capter des images à partir d un téléphone intelligent. 7
Les médias ont encore récemment fait état de la pratique du «car surfing». Le «car surfing» consiste à se tenir sur une partie extérieure d un véhicule en mouvement, alors qu il est conduit par une tierce personne. Plusieurs personnes filment leurs «exploits» pour les diffuser sur le Web, particulièrement sur les sites de YouTube et Facebook. 8
Car surfing 9
Plus récemment, à la mi-juillet, le journal Le Soleil rapportait que la Sûreté du Québec menait une enquête concernant des vidéos tournées sur une page Facebook impliquant des motocyclistes roulant jusqu à 299 km/h sur les routes du Québec. 10
Dans tous ces cas, l intérêt de filmer de tels comportements réside dans la capacité à diffuser rapidement leurs exploits sur les réseaux sociaux. On peut donc facilement imaginer que le travail de nos policiers qui sont affectés à la sécurité routière a connu de profonds changements dû à l arrivée de ces nouvelles technologies. Remarquez qu à la Sûreté du Québec, nous utilisons aussi les réseaux sociaux ainsi que la surveillance par caméra lors de la gestion de contrôle de foules, comme ce fut le cas lors du printemps érable. 11
Il en est de même lorsque nos policières et policiers sont appelés à intervenir dans le cadre de leur fonction. Il n est pas rare que nous soyons filmés par des personnes possédant un téléphone intelligent et que ce «clip» se retrouve sur les médias sociaux. On peut en effet retrouver des images des interventions policières sur le Web, mais dans la majorité des cas, l extrait que l on propose vise à miner le travail des policiers. 12
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Nous ne sommes pas contre la prise d images lors d interventions policières. Cependant, nous déplorons que ce qui est diffusé est souvent un très court extrait d une séquence qui ne rend pas justice au travail des policiers et qui évacue le contexte dans lequel ils œuvrent. Nous aimerions donc vous mettre en garde afin d éviter, comme c est le cas dans certains milieux, de porter des jugements rapides à partir d images qui ne permettent pas de poser un regard objectif sur une situation donnée. 14
La diffusion de vidéos ou d images qui deviennent virales sur les médias sociaux servent bien les intérêts de groupes antipolices. Des groupes qui consacrent temps et énergie à disqualifier le travail des hommes et des femmes qui protègent les populations que vous représentez. Nous croyons, de par le rôle central que vous exercez dans vos communautés, que vous devez être à l abri le plus possible de l influence de l emballement des réseaux sociaux lorsqu il est question d affaires policières. 15
En ce qui nous concerne, nous sommes présentement à observer la façon dont certains corps policiers ont décidé de réagir à ce nouveau phénomène, en plaçant sur les uniformes des policiers, à titre de projet pilote, des caméras pour filmer l ensemble de leurs interventions. Le SPVM, la GRC ainsi que des corps de police municipaux tant aux États-Unis qu en Europe, font présentement l essai de tels outils. 16
C est à partir des résultats des expériences que nous verrons, avec la direction de la Sûreté du Québec, à évaluer la pertinence d offrir à nos policiers une caméra qu ils pourront fixer à leur uniforme. 17
Conclusion D ores et déjà, on peut dire que la possibilité d avoir un portrait plus juste et plus complet d une intervention policière à partir d images captées par nos agents pourraient nécessairement faire contrepoids et désamorcer l emballement et la force virale d extraits vidéos qui circulent sur les réseaux sociaux et qui ne reflètent pas la réalité. 18
Conclusion (suite) Un autre aspect qui nous faire croire qu il serait probablement pertinent de fixer une caméra aux uniformes des policiers est le fait qu on a déjà remarqué que les individus qui se savent filmés par les policiers ont habituellement tendance à mieux mesurer la portée de leurs mots et celle de leurs gestes. Bref, l utilisation de caméras par les policiers contribuerait, si on se fie à la littérature présentement accessible, à refroidir les ardeurs de ceux qui n hésitent pas intimider les policiers. Sources : Journal de Montréal, Journal de Québec, la Société de l assurance automobile du Québec et Cefrio. 19
Conclusion (suite) Il faudra également déterminer la façon, le moment, ainsi que le type d intervention requis pour mettre en marche la caméra vidéo. Une réflexion s impose aussi à ce sujet tout comme la question qui concerne la conservation et le stockage sécuritaire de ces preuves vidéos. Enfin, on peut penser que des débats auront lieu sur les aspects liés à l utilisation de la preuve en regard des notions 20 de vie privée.
Période de questions! 21