Mémorial de l oppression Les crimes de guerre en Rhône-Alpes : St Loup «Pied de Vindry» Archives Départementales du Rhône (ADR W 3808 / W1108)

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1 Mémorial de l oppression Les crimes de guerre en Rhône-Alpes : St Loup «Pied de Vindry» Archives Départementales du Rhône (ADR W 3808 / W1108) N 387 du 23 août 1944 Procès-verbal constatant la découverte de douze personnes fusillées par les troupes d occupation au lieu de Vindry, commune de Saint Loup Aujourd hui,23 août 1944, à une heure, nous soussignés , gendarmes à la résidence de, département du Rhône, revêtus de notre uniforme et conformément aux ordres de nos Chefs, étant à notre caserne, avons été avertis que dix cadavres de civils français, tués par les troupes allemandes, de passage, venaient d être découverts au Pied de Vindry, commune de St Loup. Nous nous sommes immédiatement rendus sur les lieux et avons constaté ce qui suit : Au lieu du «Pied de Vindry», commune de St Loup, nous trouvons, au pied d un mur, en bordure de la route nationale n 7, en face de la halte du car de la Régie des Services Automobiles du Rhône, dix corps (neuf hommes et un garçon), alignés côte à côte et baignant dans leur sang. Tous ont été tués par balle dans la tête ; ils ne donnent plus signe de vie. Leur habillement et leur position indique qu il s agit d ouvriers occupés à des travaux champêtres, qui ont été rassemblés à cet endroit, placés contre le mur et fusillés. Sur le côté opposé de la route, devant la halte des cars, git un militaire allemand, également tué par balle. Sur la route sont arrêtés quatre véhicules automobiles (trois voitures de tourisme et un camion) endommagés et abandonnés. Ces véhicules portent également des traces de balles.a 600 mètres, en direction de, nous trouvons en outre deux cadavres de chevaux, un sur la route, l autre dans un pré, tous les deux tués par balles. En raison de la nuit profonde et l absence de témoins, nous remettons l identification des victimes à plus tard. En attendant, nous sommes allés quérir le médecin Chalot, interne à l hôpital de. Le praticien, arrivé sur les lieux à trois heures, n a pu que constater la mort de toutes ces personnes. A 7 heures, en présence des Maires de St Loup et de requis par nous à cet effet, nous avons procédé à l identification des cadavres comme suit : 1) Antoine Henri PLASSE, employé, né le à, demeurant 5 rue du Château à, marié, un enfant ; 2) Claude Marie GIRAUD, tisseur, né le à St Apollinaire, demeurant 22 rue du Serroux à 3) Jean François DUPIN, pareur, né le à Neaux, demeurant route de St Clément à 4) Francis Joanny DADOLLE, employé, né le à, demeurant 15 rue Serroux à 5) Julien RAFFIN, encolleur, né le à St Clément-sous-Valsonne, demeurant 13 rue Pêcherie à. 6) Jean-Marie RABUT, tailleur, né le à, demeurant 33 rue Pêcherie à 7) Albert Jules THEVENARD, étudiant, né à, demeurant 64 rue de la république à

2 8) Louis Pierre THEVENARD, tisseur né le à, demeurant 64 rue de la république à 9) Louis Philippe NOYEL, ouvrier à la SNCF, né le , demeurant Cité des Lacets à 10) Joseph Louis BOUDOT, agriculteur, né le aux Sauvages, demeurant à St Loup, lieu de Gouttevignole Entre temps, deux autres cadavres de personnes ont été découverts dans les champs 11) Jean Marie COUCHEROUX, cantonnier, né le à St Etienne, demeurant à St Loup, Pied de Vindry, tué par balle à 150 mètres derrière sa maison, dans son vignoble 12) Mme Veuve SUBRIN, née Claudia BALMONT, née le à St Forgeux, demeurant à St Marcel l Eclairé, lieu de Gouttevignole, également tuée par balle à 200 mètres de sa maison, dans un pré. Le soldat allemand tué et abandonné par les troupes porte une plaque d identité avec l inscription suivante : 390 FREINHUR-STAM R.G.T. 3. Il n a été trouvé sur lui aucun autre objet ou papier. En accord avec les familles intéressées, le Maire de a fait transporter les corps à la morgue de, sauf celui de Coucheroux, réclamé par sa femme pour être enterré à St Loup ; Les objets, papiers et valeurs trouvés sur les cadavres ont été remis à leurs familles par les soins de la municipalité. De l enquête faite sur les circonstances de cette tuerie, il résulte que les victimes ont été fusillées comme otage par les troupes allemandes, à la suite d un engagement que celles-ci ont eu à cet endroit, le 22 août 1944, vers 18 heures avec les FFI. Quatre expéditions destinées : - A Mr le procureur de la république à Villefranche - A Mr le préfet du Rhône - A Mr le Sous-Préfet de Villefranche - Aux Archives de la Brigade Fait et clos à, les jour, mois et an que d autre part N 429 du 21/10/1944 Procès-verbal de renseignements relatifs aux fusillés du Pied devindry le 22/8/1944. Audition de Mme Vve THEVENARD Jeanne, demeurant à, 64 rue de la République Ce jourd hui, 21/10/1944 à treize heures, nous soussignés gendarmes à la résidence de, département du Rhône, revêtus de notre uniforme et conformément aux ordres de nos Chefs, de service à la résidence et agissant en vertu de la Commission rogatoire N 549 du 14/10/1944 de Mr le Juge d Instruction de Villefranche s/ Saône, nous chargeant de procéder à une enquête complémentaire dans l affaire des 12 personnes fusillées au «Pied de Vindry» le 22 Août 1944, par les troupes allemandes, et d entendre en particulier les familles des victimes, afin de déterminer les circonstances, les motifs des meurtres et l identité de leurs auteurs (Transmission Section 453/3 du 18/10/1944), nous avons reçu la déclaration suivante de : Mme Vve THEVENARD, née GOYARD Jeanne, 43 ans, ménagère, demeurant à, 64 rue de la République

3 «Parmi les fusillés du Pied de Vindry, le 22/8/1944, se trouvait mon mari Louis Pierre THEVENARD, âgé de 44 ans et mon fils Albert Jules, âgé de 15 ans à ce moment. Leur exécution s est produite dans les circonstances suivantes : Le 22 Août, nous nous trouvions, mon mari, mon fils, ma mère et moi, dans notre maison de campagne à St Loup, lieu de Montferat. Cette maison surplombe la route nationale 7, d environ cinquante mètres, non loin du Pied de Vindry. Vers 19 heures, notre attention a été attirée par une fusillade nourrie. Nous avons scruté l horizon, et avons remarqué un détachement d Allemands sur la route nationale 7 et des personnes, probablement des jeunes du maquis, sur une colline en direction de St Loup. Nous avons compris qu un engagement venait de se produire entre les deux partis. Les balles commençant à siffler autour de notre maison, nous nous sommes mis à l abri dans notre salle à manger, au rez de chaussée. Au bout d un certain temps, des coups de feu ont été tirés dans nos fenêtres, puis nous avons entendu le son de notre clochette de la porte d entrée et des cris rauques en allemand. Craignant que les Allemands nous fracturent la porte, ou nous lancent des grenades dans la pièce où nous nous trouvions, mon mari a ouvert la porte de la salle à manger ; de nombreux Allemands s y sont engouffrés, nous ont fait sortir et coucher dans le pré devant la maison. De nombreux Allemands circulaient dans la nature et tiraient de tous côtés. Un instant après, nous avons vu arriver près de notre maison, transportant deux mitrailleuses et des caisses de munitions, nos voisins Joseph BOUDOT, Louis NOYEL, les deux frères RABUT et Francis DADOLLE. Ils étaient encadrés par des Allemands. Ceux-ci ont mis les deux pièces en batterie, des deux côtés de notre maison, mais n ont pas tiré avec, probablement parce qu entre-temps, d autres Allemands s étaient répandus dans la nature dans la direction où ils avaient l intention d ouvrir le feu. Par la suite, les Allemands nous ont fait rentrer dans la maison et en notre présence ont fouillé celleci de fond en comble, sans doute pour chercher des armes ou des personnes cachées. Ils n ont rien trouvé, car nous étions seuls et n avions pas d armes. Ils se sont seulement emparés d une longuevue, d une paire de jumelles et de notre tandem. A leur départ, ils ont emmenés les civils précités, mon mari et mon fils.tous ont dû transporter leur matériel (mitrailleuses et munitions).j ai attendu vainement le retour de mon mari et celui de mon fils. J ai appris le lendemain matin, qu ils avaient été fusillés avec d autres civils, contre un mur au Pied de Vindry. Mon mari et mon fils n avaient pris aucune part à l attaque contre les Allemands et ils ignoraient tout de l échauffourée qui venait de se produire. Ils ont donc été tués comme otages. Je ne peux vous donner le nom des assassins ni l unité dont ils faisaient partie» Lecture faite, persiste et signe. Première expédition à Mr le Juge d Instruction à Villefranche s/saône. Seconde expédition aux Archives de la brigade N 432 du 21/10/1944

4 Procès-verbal de renseignements relatifs aux fusillés du Pied de Vindry le 22/8/1944. Audition de Mme Vve DADOLLE Marie, demeurant à, 15 rue de Serroux Ce jourd hui, 21/10/1944 à treize heures, nous soussignés gendarmes à la résidence de, département du Rhône, revêtus de notre uniforme et conformément aux ordres de nos Chefs, de service à la résidence et agissant en vertu de la Commission rogatoire N 549 du 14/10/1944 de Mr le Juge d Instruction de Villefranche s/ Saône, nous chargeant de procéder à une enquête complémentaire dans l affaire des 12 personnes fusillées au «Pied de Vindry» le 22 Août 1944, par les troupes allemandes, et d entendre en particulier les familles des victimes, afin de déterminer les circonstances, les motifs des meurtres et l identité de leurs auteurs (Transmission Section 453/3 du 18/10/1944), nous avons reçu la déclaration suivante de : Mme Vve Dadolle, née Giroud Marie, 37 ans, comptable,15 rue Serroux à Parmi les fusillés du Pied de Vindry, le 22 août 1944, se trouve mon mari, Dadolle Francis Joanny, âgé de 45 ans. Je ne peux vous dire grand-chose sur les circonstances et le motif de son exécution. Employé à la Maison C. GIROUD à, et bénéficiant à ce moment des congés payés mon mari et moi nous étions rendus à Chevinay (Rhône). La rentrée devant se faire le 23 août, mon mari a quitté Chevinay le 22 vers 15 heures, à bicyclette, pour rejoindre. Le 23 après-midi, j ai été avertie qu il avait été fusillé par les troupes allemandes de passage. J ai appris depuis, que mon mari, surpris en cours de route par la fusillade qui avait éclatée à la suite d un engagement entre une colonne allemande et des jeunes du maquis, a cherché refuge à la maison Rabut à Gouuttevignolle. C est là qu il aurait été rejoint et arrêté avec les frères Rabut, le nommé Boudot, et son beau-frère Noyel, obligé de transporter du matériel pour les Allemands, pour être finalement fusillé. Mon mari ne faisait pas partie d un mouvement de résistance et ne détenait ni transportait d arme. Les Allemands n avaient donc aucune raison pour le fusiller ; Je ne connais pas le nom de ses assassins ni la formation dont ceux-ci faisaient partie» Lecture faite, persiste et signe. Première expédition à Mr le Juge d Instruction à Villefranche s/saône. Seconde expédition aux Archives de la brigade 4 Région Militaire Subdivision de la Vienne Dépôt des P.G.A n 91 Poitiers le 7 septembre 1946 Bulletin de renseignements- Témoignage crime de guerre (Valeur bonne, non recoupé) Au mois de septembre 1944, le Capitaine HERGMANN, du 3 Régiment de Volontaires Ukrainiens (Commandant la Cie d Etat Major) a fait fusiller à (région de Lyon) 40 français (ce chiffre a été réévalué à 12 par la suite). Cet officier était sous les ordres du Ltn- Colonel DORRENHAUS, prisonnier de guerre au dépôt 91 en Le S-Ltn RIBREAU, Officier de la sécurité du Dépôt Pièce jointe : Une déclaration du P.G, agent de renseignements

5 Interrogatoire du P.G du Dépôt n 91 à Poitiers Le capitaine HERGMANN, né en 1904 ou 1905, habitait avant la guerre en Westphalie et dans la province de Hanovre. Dans le village de, entre Roanne et Macon, il a été pris en fusillade par le maquis fin Août début Septembre, lorsqu il faisait le repli avec sa compagnie. Comme représailles, il avait fusillé 40 Français dans. Les habitants de peuvent vous donner plus de détails sur cette affaire. Le Lieutenant-colonel DORRENHAUS qui, en 1945, était comme P.G au Dépôt n 91 et qui après, fut transféré dans un Dépôt Officiers doit, lui aussi savoir les faits de HERGMANN. La Cie de HERGMANN s appelait Régiment des Volontaires Ukrainiens n 3 et ils étaient stationnés entre Roanne et Macon aux mois de Juillet et Août pour combattre le maquis FFI. Le Lieutenant- Colonel DORRENHAUS était chef du régiment, HERGMANN, lui, était chef de la Cie d Etat-Major de ce régiment. Ce régiment s est replié en septembre 1944 en Allemagne, et fut mis en ligne près de Baden à Kaiserstichl où ils furent faits prisonniers par les Français. Le Lieutenant- Colonel DORRENHAUS avait déjà puni HERGMANN à Baden, mais pour une autre affaire. Le Lieutenant- Colonel DORRENHAUS devrait pouvoir vous donner l endroit où se trouve HERGMANN. &&&&&&&