LE PAYS D AUGE PAYS D AUGE ET CINÉMA

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1 LE PAYS D AUGE Septembre-Octobre e année - n 5 PAYS D AUGE ET CINÉMA FESTIVALS Cabourg - Deauville - Honfleur Saint-Pierre-sur-Dives - Trouville RENCONTRES AVEC... Anne d Ornano, Claude Lelouch, Bruno Coulais... SALLES DE CINÉMA TOURNAGES 7,90

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3 LE PAYS D AUGE Honfleur 67 année - Numéro 5 - septembre-octobre 2017 e Trouville Pays d Auge et Cinéma 2 Le cinéma en Pays d Auge Jean Bergeret Deauville 4 Petite histoire des cinémas de Lisieux Daniel Deshayes 8 Le Concorde à Pont-l Evêque Christelle Cousot Aurélie Bouchinet-Desfrièches 10 Séances de cinéma autour de Livarot Benoît Noël Pont-l Évêque Cabourg Cormeilles Dozulé Blangyle-Château Troarn 13 Deauville, rendez-vous estival des professionnels du cinéma depuis 1950 Philippe Normand Lisieux Cambremer 15 Rencontre avec... Anne d Ornano Mézidon La naissance du Festival américain de Deauville Françoise Dutour - Robert Sanzey St-Pierre20 Des festivals de cinéma sur-dives Cinéma russe - Honfleur - Françoise Schnerb Off-Courts - Trouville - Samuel Prat Ciné-Champêtre - Saint-Pierre-sur-Dives - Andrée Dumaz Journées romantiques - Cabourg - Robert Sanzey 26 Maison de l Image Normandie Caen Jean Bergeret - Robert Sanzey 29 Rencontre avec... Didier Mayeur Christine Van Daele Orbec Livarot Vimoutiers 31 Claude Lelouch et le Pays d Auge - portrait sensible Françoise Dutour - Robert Sanzey 33 Rencontre avec... Bruno Coulais Emmanuel Pleintel 35 Josias Bérault ( ) Dominique Foussard 41 Rencontre avec... Florence Marie Christine Van Daele 44 Le Pays d Auge à travers Le Pays d Auge... à pied François Chauliac 48 Bloc-notes Gacé Exmes En couverture : Tournage sur la plage de Trouville lors des laboratoires internationaux de création, Festival off-courts Trouville Julien Tack/off-Courts. Merci à Samuel Prat. Festival Off-Courts Trouville 8-16 septembre 2017 ( Sauf mention particulière, les photos sont de l Association. En supplément à ce numéro : un bulletin d abonnement à la revue et d adhésion à l Association,

4 DOSSIER PAYS D AUGE ET CINÉMA Le cinéma en Pays d Auge A la différence de la Bretagne, il ne semble pas qu il y ait eu en Normandie, en général, et en Pays d Auge en particulier, un poids considérable du cinéma paroissial. Le cinéma augeron a, sans doute, dépendu de personnes privées depuis la fin des années Les municipalités peuvent avoir pris le relais durant la deuxième moitié du XXe siècle. Des associations, déterminées à montrer que le cinéma n est pas constitué que des grosses machines américaines, ont participé au développement d un chapitre important de notre histoire culturelle. Ce numéro a été conçu en fonction des festivals de cinéma du Pays d Auge. Nous avons travaillé avec les organisateurs du Festival de cinéma américain qui accordent aux membres de l association un tarif préférentiel pour les séances de ce festival. (voir 3e de couverture). Mais revenons à la fin du XIXe siècle (1) Le Grand Café de Paris remporte, fin 1895, un grand succès avec la projection cinématographique des frères Lumière, qui lancent tout de suite, dès le 2 janvier 1896, la fabrication de 200 appareils de projection. En plus ils forment des opérateurs pour le maniement. C est ainsi qu à Caen, le cinématographe arrive en novembre Un mois plus tard, en décembre 1896, a lieu la première séance cinématographique lexovienne, lors de la foire de Noël. Le cinématographe Joly, concurrent des frères Lumière, s installe à Lisieux à l Hôtel de Normandie du 4 au 5 janvier Deux séances par jour qui durent chacune 45 minutes. Pour les frères Lumière, la fréquence était la suivante : une séance était organisée toutes les demiheures et durait environ 15 minutes. (1) Références bibliographiques : Lesbaudits Véronique, «Les débuts du cinéma dans le Calvados ( )», Annales de Normandie, 43e année, n 3, 1993, p Deniel Jacques, Lagrée Michel, «Le cinéma en Bretagne rurale : esquisse pour une histoire», Annales de Bretagne et des pays de l'ouest, t. 92, n 3, 1985, p (2) Pour plus de renseignements sur ce cinéma dont la devise était «du nouveau, encore du nouveau et toujours du nouveau» se reporter à l article de Véronique Lesbaudits déjà cité et qui nous sert de base à ces quelques pages. - Deauville, Le cinéma Morny. 2 LE PAYS D AUGE / N 3 A Lisieux, le programme Joly se composait d une vingtaine de tableaux animés dont plusieurs épisodes «du voyage impérial qui durent plus de 5 minutes et sont obtenus à l aide de photographies». Mais ces projections ne durent qu un jour et le cinéma n est au début «qu une attraction parmi les cirques, les manèges, les tirs, les ménageries et les théâtres forains». Les foires de Noël de Lisieux et de SainteCatherine de Honfleur verront fleurir les séances. Les premiers cinémas forains sont ceux du Théâtre Grenier (cf. p. 4), du Théâtre Merveilleux qui se produit à Honfleur en 1898 et qui fait salle comble comme le cinéma Kétorza - cinéma-chantant dans la même ville en 1909 et du cinéma Cayala (2). On sait qu à Honfleur il y eut 2 cinémas forains en 1908 et qu à Lisieux, il y en eut 4, parmi lesquels la Ménagerie Bridel, «possédant de superbes collections d animaux, ainsi qu un cinématographe géant reproduisant les chasses aux grands fauves adultes». Mais Charles Pathé, principal fournisseur des forains, cesse de vendre ses bandes, préférant les louer. «Ce coup d état» et d éclat de Pathé entraîne une longue agonie des cinémas forains, au profit de cinémas sédentaires. Dans le Calvados, ils apparaissent relativement tardivement et, dans le Pays d Auge, un peu plus tard qu à Caen (1909). A Lisieux, le Grand Café se transforme en cinéma en 1912 et de même à Honfleur, un café devient cinéma, l Excelsior. Toutes ces salles et celles à venir portent des titres ronflants : Excelsior, Cinéma Palace, Cinéma Select, Cinéma Royal, Majestic (exemples pris à Lisieux), Rex à Orbec, Le petit Casino à Honfleur devenu après son déménagement Cinéma Henri-Jeanson, en référence à cet homme de cinéma, écrivain, journaliste et scénariste qui vécut dans les environs de Honfleur et qui fut un grand ami de Fernand Ledoux, acteur ayant eu une maison à Villerville. Le nom de beaucoup de salles était lié au casinothéâtre (soulignant ainsi que le cinéma sédentaire était une distraction urbaine) ou au distributeur Pathé

5 (comme les cinémas Pathé de Trouville (entre 1912 et 1915) et de Honfleur (entre 1913 et 1924). Après la Deuxième guerre mondiale, certains cinémas gardèrent leur nom tandis que d autres rappelèrent leur passé historique (Le Drakkar à Dives-sur-Mer, salle Morny à Deauville), ou l engagement politique et culturel des élus locaux (Salle Jean Vilar à MézidonCanon) par exemple. Le cinéma est devenu l un des langages culturels les plus importants à partir de la deuxième moitié du XXe siècle. Le phénomène médiatique et publicitaire contribue à le mettre en valeur. Architecturalement, les cinémas ne se signalent pas par un langage révolutionnaire. A Honfleur, le cinéma Henri-Jeanson se fond dans le paysage architectural urbain voisin. A Pont-L Evêque, le cinéma Le Concorde se développe dans le théâtre du XIXe siècle. On attend donc beaucoup du projet d une salle multiplexe à Lisieux. Espérons, s il se réalise, qu il tiendra la comparaison avec la médiathèque, sa future et proche voisine. La création envisagée de cette salle multiplexe confirme que le cinéma est une offre culturelle citadine et que cette dernière oblige, les nouveaux règlements aussi, les propriétaires de salles à renouveler et à améliorer l accueil du public. Ainsi, à Deauville, le cinéma Morny vient de dépenser euros pour sa sécurité et sa mise aux normes réglementaires : installation d un élévateur pour les personnes à mobilité réduite, nouvelles moquette et tentures murales pour la grande salle, qui profitera aussi de 253 nouveaux fauteuils, dénommés «Love». Le cinéma Morny comprend quatre salles, quatre employés et malgré tous ces efforts, le nombre de spectateurs a baissé en 2016 de 1,60 % et le chiffre d affaires de 3%. Pour cette même année, les trois plus gros succès furent : Les Tuche 2 le rêve américain (film français d Olivier Baroux avec Jean-Paul Rouve, Isabelle Nanty et Claire Nadeau, 2016), Camping 3 (film français de Fabien Onteniente avec Frank Dubosc, Claude Brasseur et Mylène Demongeot, 2016) et Retour chez ma mère (film français d Eric Lavaine avec Josiane Balasko, Mathilde Seigner, 2016) (3). A côté de ces succès, des associations souhaitent offrir un cinéma différent. Elles se développent dans des salles qui reçoivent le label «Art et essai», consacrant ainsi leur travail destiné à promouvoir des œuvres présentant «d incontestables qualités, mais n ayant pas obtenu l audience qu elles méritaient» (4). On trouvera dans les pages suivantes des exemples d associations à Lisieux, à Pontl Evêque, à Saint-Pierre-sur-Dives. Parallèlement, il est possible que la création, et le succès, du festival du film américain de Deauville, ait eu pour consé- C était la première séance Ouverture du cinéma Dives Palace 1er juillet 1928 «Samedi la nouvelle salle ouvrait ses portes à la population. Cette nouvelle salle est parfaitement réussie. M. Jacque a fait fort bien les choses, 600 places assises dans un cadre artistique et la promesse de programmes de famille. Le film Carmen, qui était projeté, a été quelque peu saboté par l incompétence d un opérateur parisien. Malgré cette dure épreuve, le public s est bien rendu compte que M. Jacque était le premier ennuyé. Du reste, il s est excusé au cours de la séance personnellement, promettant que, pour samedi, il prenait des dispositions pour donner une projection exemplaire tous les samedis». Programme du 7 juillet : Documentaire, actualité. Le martyre de Saint Maxence (légende de la première église). Le roi des bananes, comédie gaie. (Courrier Normand 1er juillet 1928). «A l ouverture de cet établissement le plus coquet de la région, nous avons regretté le début assez laborieux et quelque peu décourageant pour son directeur M. Jacque, qui ne s est pas laissé décourager pour donner satisfaction aux populations divaises et des environs. Les portes ont été fermées pour ceux qui voulaient chahuter. C est une garantie pour les parents qui accompagnent leurs enfants. La direction ne veut donner que des spectacles artistiques et moraux. Le programme s adresse aux amateurs de beaux films. La salle est une petite merveille et la projection est très nette» (Courrier Normand 7 juillet 1928). Aujourd hui, le cinéma est dans le théâtre de Dives et le Dives-Palace est un fleuriste. (Articles de presse et carte postale fournis par Jacques Gauthier) quences, peut-être en réactions, l émergence de nombreux festivals en terre augeronne. Le site du Calvados-Tourisme signale ces festivals et les commente ainsi «Cinéphiles ou tout simplement curieux, prenez part à ces moments uniques.. Rencontres avec les acteurs, réalisateurs, chasse aux autographes Imprégnez-vous de cette ambiance si particulière et agréable, où l on se sent privilégié d être tout simplement là.» Je n ai pu résister à ces mots qui me serviront de conclusion et qui vous inciteront à parcourir et à lire les pages suivantes et vous vous sentirez privilégié de parcourir ce monde. Jean BERGERET (3) Site internet du cinéma Morny, Deauville. (4) Rubrique «Art et essai» site Wikipédia N 5 / LE PAYS D AUGE 3

6 DOSSIER PAYS D AUGE ET CINÉMA Petite histoire des cinémas de Lisieux Après quelques projections privées, les frères Lumière organisent, le 28 décembre 1895, la première séance publique de cinématographie dans le sous-sol du Grand-Café, boulevard des Capucines à Paris... Le cinéma est né. (1) Chantal Georgel, «Le Temps du cinématographe», L Histoire, février (2) Le Lexovien, 16 décembre (3) Pour en savoir plus, voir Daniel Deshayes, «Quatrevingt-quinze ans de cinéma forain et en salle à Lisieux», Bulletin de La Société historique de Lisieux, n 33, (4) Le Lexovien, 22 décembre (5) Le Lexovien, 22 novembre On le remarque, cet établissement porte le même nom que celui de Paris, boulevard des Capucines, où la première séance de cinéma en salle dans la capitale fut projetée le 28 décembre Est-ce une coïncidence ou le propriétaire a-t'il changé le nom de son établissement pour lui donner celui du café parisien devenu célèbre? M ais le «cinématographe des débuts était surtout un spectacle forain [...], il n eut aucune peine à se faire une place dans les baraques foraines. Il y fut d abord présenté comme un divertissement parmi d autres, puis le succès aidant, y prit une place prépondérante, au grand dam des amoureux de la fête foraine» (1). A Lisieux, c est le même phénomène, la première projection a probablement lieu lors de la foire de Noël qui se tient place Thiers et place Le Hennuyer, en décembre 1896 dans l attraction nommée le Palais des Incroyables où on trouve : «un salon cinématographe» (2). Jusqu à la Première guerre mondiale, différents cinémas ambulants seront présents à Lisieux (3), comme le «Théâtre électrique Grenier», qui projette en 1900, entre autres, «une sortie de la cathédrale Saint-Pierre que M. Grenier a luimême cinématographiée dimanche dernier, et qui a excité la curiosité des assistants qui reconnaissaient un grand nombre de leurs concitoyens» (4). La salle du Grand-Café, 85 rue Pont Mortain, avant son aménagement en salle de cinéma (septembre 1912). Carte postale, coll. part. 4 LE PAYS D AUGE / N 3 C est en février 1908 que commence, de façon très régulière, à Lisieux, le cinéma en salle. Des projections ont lieu dans la salle du Grand-Café, rue Pont-Mortain «qui est un rendez-vous du public élégant et qui s attache à ne donner que des spectacles de bon goût qui conviennent toujours aux jeunes filles» (5). Le succès toujours croissant du GrandCafé oblige la direction, en septembre 1912, à transformer son établissement en salle de spectacle, sous le nom de Cinéma-Théâtre. «La salle dite du GrandCafé, 85 rue Pont Mortain, a donc été débarrassée du matériel de café qui la garnissait, repeinte à neuf et meublée de fauteuils rembourrés et recouverts de velours rouge pour les premières, de stalles à dossiers et sièges cannelés pour les 2e et de bancs pour les 3e. Toute communication intérieure a été supprimée avec la salle de la brasserie, afin de bien conserver au Cinéma-Théâtre son caractère particulier. Toutefois, une buvette a été confortablement aménagée, dans une salle contigüe» (6). La salle

7 Le Majestic, 20 rue du Carmel. Construit derrière la maison en pan de bois avec son horloge monumentale, le tout remplaçant un ensemble ancien. On remarque l'enseigne verticale «CINEMA» Carte postale, coll. part. dispose de 300 places, les représentations sont accompagnées de musique et les séances ont lieu le lundi, jeudi, samedi et dimanche. En septembre 1917, le Cinéma-Théâtre change de nom et prend celui de son distributeur : Gaumont. Toujours en 1917, le 13 octobre, une nouvelle salle de cinéma ouvre au 41 du Boulevard SainteAnne, le Grand Cinéma Excelsior Pathé. Lors de la soirée d ouverture, «un public nombreux se pressait à l entrée de l Excelsior impatient de satisfaire sa légitime curiosité et de connaître de visu l organisation et la disposition de la salle. La salle peut contenir 800 personnes. Le plafond et les murs sont tendus d andrinople rouge sur lesquels se détachent des inscriptions telles que Défense de fumer ou Une tenue correcte est de rigueur» (7). La salle mesure 25 mètres sur 16 et près de l entrée se trouve une tribune avec un emplacement pour l orchestre et l appareil cinématographique. L électricité est fournie par un moteur à essence et par une batterie d accumulateurs. En août 1923, le directeur cède l établissement au propriétaire du Cinéma-Théâtre de la rue Pont-Mortain. La salle de l Excelsior fonctionne jusqu au 16 décembre 1929 puis la ville se retrouve avec une seule salle. En juin 1931, le Cinéma-Théâtre, qui prend, certainement pour la circonstance, le nom de Cinéma Palace présente le film, le Roi des resquilleurs, première représentation d un film parlant à Lisieux. En 1932, il change une nouvelle fois de nom et devient le Cinéma Select puis en 1936 il prend le nom qu il porte encore aujourd hui, le Cinéma Royal. Le 27 mars 1933, a lieu la première séance au Majestic, nouveau cinéma construit, 20 rue du Carmel, par l architecte Robert Courel. Il appartient à la Société Normande d Exploitation Industrielle et Commerciale. «Ce cinéma n a pas son pareil dans la région. Tout d abord, sur la rue, deux vastes vestibules avec de grandes baies vitrées, accueillent le public. A droite et à gauche de larges escaliers en mosaïque, analogues à ceux du Théâtre Pigalle, donnent accès au balcon. La salle encadrée de deux grands salons dont la vue domine la rivière, est surplombée d un long promenoir. Quand à la salle, elle est pourvue d un orchestre caché sous la scène. Il est aussi équipé d un orgue électrique» (8). Pour l inauguration, la salle est comble. A côté de ces deux cinémas, ont lieu à Lisieux des séances de cinéma dans différents endroits. En 1933, des projections se déroulent en plein air au Café du Parc, 21, boulevard Herbet-Fournet. Le Patronage Saint-Désir, 16bis rue du Héron présentait aussi des films de façon régulière comme fin avril 1937, pour les fêtes de Sainte Thérèse, avec (6) Le Lexovien, 18 septembre (7) Le Lexovien, 17 octobre (8) Le Lexovien, 26 mars N 5 / LE PAYS D AUGE 5

8 DOSSIER PAYS D AUGE ET CINÉMA plusieurs projections concernant la sainte : Exhumation et transfert des reliques de la sainte, Les grandes manifestations de Lisieux à l occasion de la Béatification, Le voyage à Rome et les Fêtes de la canonisation, La pose de la première pierre de la Basilique (9). Le club de la Maison des Jeunes a aussi eu une importante activité. (9) Le Lexovien, 17 avril Ces films, pour l instant, n ont pas été retrouvés. (10) Archives de la Société historique de Lisieux, Coopérative de Reconstruction, carton 2, îlot 2 D, dossier Cinéma Majestic. (11) Archives de la Société historique de Lisieux, dossier : carton 2S 79, archives cabinet 11 G. Duval, architecte à Lisieux. Dans les premiers jours de juin 1944, lors des bombardements, les deux cinémas de la ville, Le Royal et le Majestic sont détruits. La ville met à leur disposition le théâtre municipal, rue au Char, qui a échappé à la tourmente. C est ainsi qu une semaine sur deux, le Royal présentait ses films, la seconde semaine étant réservée au Majestic. Ceci dura six ans. Le propriétaire du Majestic, M. Lefevre, fait reconstruire le Cinéma Majestic au n 7 de la rue au Char, dans un immeuble lui appartenant. Etant l un des premiers bâtiments à émerger des ruines de la ville, il suscita le mécontentement de certaines personnes qui n ont pas encore de logement. Le Lexovien du 19 mai 1950 témoigne : «II fallait bien commencer la reconstruction par un bout de la ville et il n est ni anormal ni scandaleux, que dans les premiers îlots, l on trouve une salle de cinéma. Cet immeuble comprend aussi deux magasins et plusieurs logements». L ensemble des travaux s élève à f., valeur 1948 (10). La séance Le Cinéma Majestic dans les années Carte postale, coll. part 6 LE PAYS D AUGE / N 3 d ouverture eut lieu en juin 1950, sous la présidence de Max Maurin, sous-préfet et d André Carles, maire. A cette époque, le personnel du Majestic comprend deux caissières, deux contrôleurs, quatre ouvreuses, deux opérateurs, un aide opérateur, un chef de poste, une secrétaire et le directeur, soit, quatorze personnes. En 1960, la salle est réaménagée, les huit cents sièges sont remplacés par cinq cents plus confortables ; de nouveaux appareils de projection furent installés. En avril 1983, la salle est de nouveau rénovée et l achat d un magasin voisin permet l ouverture d une petite salle supplémentaire. Le cinéma Majestic fut-il à vendre en 1986? C'est probable, la Société historique de Lisieux, conserve dans les archives de l'architecte lexovien Georges Duval un dossier «Majestic-Bibliothèque» avec un échange de correspondance entre la municipalité et M. Duval, lui-même, au sujet d'un projet d'établissement d'une bibliothèque municipale dans tout l'établissement. Deux propositions sur plans se trouvent dans ce dossier (11). Il faut attendre juin 1962, pour que le Royal s installe rue du 11 Novembre, à son emplacement actuel. La salle contient quatre cents fauteuils recouverts de velours rouge avec, au-dessus, un balcon avec quatre cents sièges. En 1984, le cinéma

9 Le Majestic - Coupe transversale. A droite, l immeuble sur la rue avec l entrée du cinéma et à gauche, la salle avec le balcon et la cabine de projection. - Le plan du rez-dechaussée. Dans l immeuble sur rue, le cinéma n occupe que l espace d une boutique, la salle est construite entre la rue au char et la rue Aristide Briand, dans l espace réservé à la cour. Archives de la Société historique de Lisieux, Coopérative de Reconstruction, carton 2, îot 2 D, dossier Cinéma Majestic. Plan et coupe de R. Courel, est transformé en complexe de trois salles de 260, 213 et 85 places. Plus de cinquante ans après, ces deux établissements fonctionnent toujours, avec une direction commune. Depuis quelques années, son souhait serait de les remplacer par la construction d un multiplexe avec plusieurs salles permettant une programmation beaucoup plus importante et adaptée aux nouvelles technologies, comme il en existe dans de nombreuses villes. Comme tout projet, celui-ci est très attendu et soutenu par certains et rejeté par d autres. La municipalité souhaiterait que ce nouveau cinéma se situe dans le centre ville, place de la République, afin de contribuer à sa redynamisation. Pour les opposants, il n est pas question que cette salle vienne amputer l espace réservé au marché hebdomadaire du samedi ou aux différentes animations de l année. Une autre grande inquiétude est celle de la disparition de places de stationnement. Pourquoi ne pas trouver une formule mixte : cinéma, marché couvert et parking aérien ou en soussol? Mais, pour ce dernier, on soulève un autre vaste problème. Nous sommes sur un site archéologique qui a déjà fait l objet de fouilles préventives du 19 octobre au 3 novembre 2015 «mettant en évidence un site archéologique gallo-romain» (12) ; à la suite de quoi, il a été décidé de faire des fouilles de plus vaste ampleur, avant la construction éventuelle de ce cinéma. La réalisation de ce projet, sur ce lieu, est donc particulièrement délicate. Souhaitons pour l animation de la ville et pour les cinéphiles, que de bons compromis puissent être trouvés et que tout soit fait pour que Lisieux ait bien son multiplexe en ville, sur cette place, ou sur un autre lieu, dans les toutes prochaines années. Espérons donc que la multiplicité des contraintes ne déporte cette réalisation vers une autre ville de la région, privant ainsi Lisieux et son agglomération d un loisir très apprécié depuis 1896, et s adressant, par la diversité des films, à toutes les générations toujours attirées par le grand écran, malgré la concurrence de la télévision. Daniel DESHAYES Président de La Société historique de Lisieux (12) Pierre Chevet, Didier Paillard, «Un site archéologique avec macrorestes antiques manufacturés à Lisieux. (Le diagnostic archéologique de la place de la République)», Bulletin de La Société historique de Lisieux, n 81, premier semestre N 5 / LE PAYS D AUGE 7

10 DOSSIER PAYS D AUGE ET CINÉMA Le Concorde à Pont-l Evêque Le cinéma Le Concorde, se trouve à Pont-l Evêque, sur la Place Robert de Flers, dans l ancien théâtre de la ville, qui a été épargné lors de l incendie d août A près la guerre, ce théâtre est devenu rapidement un cinéma. Après plusieurs mois de fermeture, il ouvre à nouveau ses portes en 1996, grâce à la création d une association Loi Au fil des années et de l investissement des bénévoles successifs, la fréquentation du cinéma augmente. En 2010, avec l aide de la ville et du CNC (Centre national du cinéma), le cinéma est rénové, tout en gardant son charme d ancien théâtre, et sa façade d origine qui rappelle, aux cinéphiles, le Cinéma Paradiso du film de Guiseppe Tornatore avec Philippe Noiret. Chaque année, l association investit pour améliorer le confort des spectateurs. Sous la présidence de Michel Lepaisant et la viceprésidence de Jean-Paul Leforestier, l association est composée d une trentaine de bénévoles et d un chef opérateur salarié. Le cinéma est ouvert tous les jours (deux à trois séances). Il propose, dans son unique salle, trois films, par semaine. Classé «Art et Essai» depuis plusieurs années, sa programmation est donc composée à la fois de films d auteurs, grand public, d animation, du patrimoine, en version originale sous-titrée - Le Théâtre, aujourd hui cinéma, vers 1910, carte postale, coll. part. 8 LE PAYS D AUGE / N 3 Animations phares - Le Festival d animation créé il y a 16 ans, sur proposition du vice-président, Jean Paul Leforestier. Pendant cinq jours des vacances de printemps, six séances par jour sont proposées aux enfants. Parmi ces films d animation, cinq sont en compétition pour un prix du jury (composé d enfants de la ville) et un prix du public. Les entrées sont offertes par l UCIA (Union Commerciale Industrielle Artisanale) de Pont-l Evêque. - Le Festival d Art et Essai, créé il y a 11 ans, propose tous les ans, en novembre, deux semaines de films Art et Essai avec quatre séances par jour et quatre films par semaine. L association organise également, avec d autres partenaires, des manifestations autour d un film (la saga Retour vers le futur en mai 2017) ou d un événement (projection de films pendant la semaine du développement durable en juin 2017). L association accueille les enfants des écoles dans le cadre d Ecole et Collège au Cinéma. Le challenge des bénévoles, avec l aide de notre programmateur, est de pouvoir proposer des films récents incontournables et de faire découvrir à nos spectateurs assidus des films «Art Et Essai». Christelle COUSOT Pour l Association Le Concorde

11 Eléments d architecture I nstallé sur la place Robert de Flers, au milieu de la rue principale de la petite ville de Pont-l Evêque, sur l île de la Touques, le cinéma le Concorde occupe l ancien théâtre de la ville. Ce bâtiment de plan rectangulaire s insère sur la place dans le prolongement de l espace de stationnement. Deux voies de circulation l encadrent faisant de lui un îlot autour duquel on peut déambuler. Ses dimensions tant en largeur qu en hauteur sont en cohérence avec les proportions des maisons et immeubles urbains qui l entourent. Son volume accueille une seule salle derrière laquelle se cache la partie technique. Le pignon sur la place constitue la façade d entrée du cinéma. Adoptant un style néo-classique, l ancien théâtre présente un corps central en saillie et deux ailes symétriques de moindre dimension placées en retrait. L entrée est marquée par un grand arc cintré occupant toute la hauteur de la façade dans laquelle s intègre une large porte vitrée. On y accède grâce à un parvis de trois marches. Le pignon est également structuré par deux bandeaux horizontaux, faits, en bas, d une base et, en haut, d un entablement, tous deux identiques à l exception du décor de panneaux qui ornent la frise du double entablement des ailes pour mettre en valeur l inscription centrale THÉÂTRE. Pour accentuer l organisation de la façade, l architecte choisit de souligner les angles par des pilastres parés de pierres à ressaut, montant de la base à l entablement. L arc de la baie centrale se lie à l entablement par une imposante clé de linteau en saillie. Enfin, la partie centrale de la façade se pare d un fronton semicirculaire coupé pour accueillir, en son milieu, le blason de la ville couronné et orné de rinceaux et de guirlandes. La toiture du pavillon dans la perspective du corps central renforce la verticalité et fait équilibre avec l horizontalité de la maçonnerie. Son architecture classique s inscrit dans le courant d architecture théâtrale de province du XIXe siècle ( ) ayant recours aux références antiques. Sous des traits parfaitement organisés et un décor sobre, cet édifice est, depuis l origine, destiné à la Culture. Il se veut emblématique. Aurélie BOUCHINET-DESFRIÈCHES Animatrice de l architecture et du patrimoine Pays d art et d histoire du Pays d Auge N 5 / LE PAYS D AUGE 9

12 DOSSIER PAYS D AUGE ET CINÉMA Christus et Les mutilés aux champs Séances de cinéma autour de Livarot ( ) La lecture du journal Les Quat Cantons (Livarot, Saint-Pierre-sur-Dives, Mézidon et Orbec) permet de constater que cette partie du Pays d Auge est animée par un semblant de vie culturelle pendant la première guerre mondiale (1). U (1) Cet article a été possible grâce au généreux don par Joël Cerqueuil, directeur de France Ouest Imprim, d une collection de ce journal (de 1916 à 1958) à l ancienne Communauté de Communes du Pays de Livarot, via la médiation de Matthieu Vesques. (2) Voir Marcel Huret, CinéActualités - Histoire de la presse filmée, Paris, Henri Veyrier, (3) Voir V. Herbaut et B. Noël, Jules Grün Trublion de Montmartre et Seigneur du Breuil-enAuge, Sainte-Margueritedes-Loges, BVR, n tourneur forain, peut-être d origine belge, Le Cinéma Liévens propose à 16 h en matinée et à 20 h 30 en soirée le même programme, le 18 juin 1916 à Livarot, le 20 à Vimoutiers, le 22 à Sainte-Gauburge et le 24 à Trun. Il est composé de l énigmatique Histoire d une mère, «grande scène dramatique en 3 parties» dont je ne trouve trace nulle part, le titre original ayant dû être modifié ; de La fille du toréador, comédie en «couleurs», c est-à-dire dont les copies ont été virées ou teintées ; de Parfum enivrant, scène comique ; des Deux drapeaux, drame ; du Roi s ennuie, scène comique, et de La vie sous terre de nos Poilus, «vue du front», dûment estampillée «Service photographique et cinématographique des armées». Pour avoir effectué mon service militaire à la photothèque du Fort d Ivry, qui abritait alors l Établissement cinématographique et photographique des Armées (ECPA), je me souviens que ce service s appelait originellement «Section cinématographique des Armées» et qu il fut créé, en 1915, par Alexandre Millerand, ministre de la Guerre, sur une proposition de JeanLouis Croze, journaliste à Cœmedia dans le civil et soldat de 2e classe en août Jean-Louis Croze Livarot, Salle des Fêtes, 1909, coll Jacques Harivel. 10 LE PAYS D AUGE / N 3 était las des Actualités filmées se cantonnant aux chevaux de frise de la porte Maillot et aux trains de blessés en gare d Austerlitz (2). Quelques mois plus tard, sur une suggestion du critique d art, André Marcel, l État-Major adjoignit à cette section, toujours à contre-cœur mais afin de ne pas demeurer la risée des puissances étrangères, une section «photographique» quand bien même, il préférait de loin contrôler le travail de peintres agréés (3). Le 30 juillet 1916, le même tourneur donne un programme analogue à Livarot mais, cette fois, à 21 h précises, la salle ayant été «aérée à partir de 20 h 30». La «vue du front» de la semaine est une visite ou annonce d une visite du Roi George V aux armées françaises puisqu on trouve surtout mention dans les archives d une visite du souverain en Artois, le 11 août 1916, aux tranchées et au cantonnement de Fouquereuil. L édition du 10 septembre 1916 suggère le succès de ces séances puisqu elle précise qu un garage de bicyclettes est désormais ouvert chez le gardechampêtre et que la vente des billets débute à 20 h 30. Le programme, toujours semblable, se

13 conclut par une séquence du SCPA : Autour de la guerre, laquelle remplace les Actualités d avantguerre. En revanche, il n y aura pas de cinéma, dimanche le 17 septembre, puisqu une «Grande soirée patriotique commémorative de la Victoire de la Marne» occupera la Salle des Fêtes. Le morceau de bravoure en sera la scène patriotique en un acte et en vers de Madame A. Tragin-Brière d ores et déjà très applaudie à Lisieux. Le montant des places ira aux blessés ainsi que celui de la quête faite au cours de la soirée. Le 10 décembre 1916, les responsables du Cinéma Liévens annoncent fièrement qu ils donneront désormais des vues Pathé, «première marque du monde». Preuve en est, le premier épisode du roman-cinéma, Le masque aux dents blanches dont le texte paraît simultanément dans le journal national, le Matin. C est une coproduction Feature FilmPathé-Exchange adaptée du roman-feuilleton The Iron Claw (La griffe de fer), paru avec succès dans un journal de Randolph Hearst, l homme de presse américain qui inspirera Citizen Kane à Orson Welles. La vedette en est Pearl White qui se débat ici entre une «Main de fer» et un «Masque riant» et dont Louis Aragon écrira, dans Anicet ou le Panorama : «Ce qui fait le théâtre aussi mort pour nous, disait Anicet, c est sans doute que sa matière unique est la morale, règle de toute action : notre époque ne peut guère s intéresser à la morale. Au cinéma, la vitesse apparaît dans la vie, et Pearl White n agit pas pour obéir à sa conscience, mais par sport, par hygiène : elle agit pour agir. [ ] Il n y a eu de place ici que pour les gestes. L action ne nous a passionnés qu à titre de tour de force. Qui aurait songé à la discuter? on n en avait pas le temps. Voilà bien le spectacle qui convient à ce siècle.» (4). Cet éloge de «Perle Vite» fut surpassé par le dithyrambe de Robert Desnos : «A-t-elle su seulement que tant d amoureux l évoquaient dans leur solitude? Et, au matin, quand elle s éveillait, n avait-elle pas la chair lourde de tant d étreintes idéales, de tant de baisers imaginaires et de la formidable quantité d aventures que lui avaient fait courir ces jeunes hommes dont elle était à son insu le tyran, et dont pourtant son image était l esclave?» (5) La partie comique de la séance est assurée par le moyenmétrage : Rigadin et la lettre compromettante, interprété par Charles Petitdemange, un boulevardier rompu aux grosses ficelles. À la mi-octobre 1917, les curés de Saint-Pierresur-Dives, Vimoutiers et Livarot prouvent leur foi en l édification de leurs ouailles via le «septième art», en dignes héritiers de la Maison de la Bonne Presse, futur groupe Bayard. Loin de penser que celui-ci «corrode le sentiment de la pudeur» (6), ils ont mis les petits plats dans les grands pour la projection de la superproduction italienne Christus, «poème iconographique en 3 mystères, film unique au coût de 3 millions et à la mise en scène de 9000 personnes, 3000 chevaux et 800 chameaux». Le réalisateur principal (ils sont 3) est Giulio Antamaro. JésusChrist est incarné par Alberto Pasquali et la Madone par Leda Gys. À Saint-Pierre-sur-Dives : Mademoiselle Bacon au piano ; M. Bernier, ténor, et Mlle de Vendeuvre à l orgue accompagnent la projection salle Saint-Wambert. La séance est placée sous les auspices de M. le chanoine Fumée et saint Wambert est, pour mémoire, un martyr chrétien des Vikings. Vimoutiers ne cède rien à cette munificence et Christus est ici accompagné par un orchestre sous la direction de M. l abbé Monnier, organiste de Notre-Dame et par la «Schola Cantorum vimonastérienne». À Livarot, M. le curé-doyen Hamel s est assuré le concours d un pianiste amateur. Je n ai pas repéré dans les colonnes des Quat Cantons d appels aux répétitions des musiciens ce qui ne prouve pas qu il n y en ait pas eu. Le mardi 10 juin 1919, le «Cinéma Excelsior», grand cinéma Pathé du 41, boulevard Sainte-Anne de Lisieux, transporte dans l immuable Salle des Fêtes de Livarot, une «représentation de Gala» comportant le film Jeanne d Arc voué à la mémoire de la «Vierge glorieuse» et le Passeur de l Yser, épisode de la guerre ainsi résumé par le catalogue Pathé : «Gevaërt et sa fille Marie montrent, au fiancé de cette dernière, le sergent Tressignies, le système qui permet d ouvrir ou de fermer le pont tournant reliant les rives de l Yser. Les Allemands Pieta, scène tirée du film Christus (1916) de Giulio Antamaro avec Alberto Pasquali et Leda Gys. (4) Paris, Nouvelle revue française - Gallimard, (5) Journal Le Merle blanc, 3 mai (6) Franz Sury, Le Cinéma Pilote du monde moderne Ses aberrations - Ses grandeurs, Bruxelles, Coopérative du livre, N 5 / LE PAYS D AUGE 11

14 DOSSIER PAYS D AUGE ET CINÉMA Affiche du film Sous les toits de Paris présenté à Livarot le 27 décembre Coll. part Remerciements : Chantal et Jean-Pierre Betton, Olivier Bogros, Christiane Boulan, Marie-Hélène Giraud, Jacques et Simone Harivel, Véronique Herbaut, Rémi Noël, Françoise et Jean Tremblais et Catherine et Hervé Orain. (7) B. Noël, L histoire du cinéma en couleurs, Croissy-sur-Seine, Press Communication, (8) J. Harivel et V. Herbaut, Bons Baisers de Livarot, Sainte-Marguerite-desLoges, BVR, 2008 et Joël Coignard, «Marcel Gambier - Élu local héroïque et généreux», revue Le Pays d Auge, n 3, mai-juin LE PAYS D AUGE ayant pris cette position clé, le sergent reçoit l ordre de réoccuper la maison du passeur.» Ce programme offre encore des vues en couleurs du Bois de Boulogne, comme quoi, on ne répétera jamais assez que la couleur manquait plus cruellement au cinéma que le son (7), les Actualités Pathé-Journal et un «désopilant comique» : On mange dans le jardin. Gageons que Mlle Jaccoud mena ses élèves du Pensionnat Jeanne d Arc, sis avenue de Neuville, à la matinée des scolaires de ce gala, ayant exceptionnellement lieu un mardi soir. On lit dans l édition du 15 juin : «Madame Lalo, qui entreprit la campagne contre le défaitisme et parvint à empêcher bien des gens de s affoler, viendra à Livarot, le samedi 21 juin, nous entretenir sur l œuvre «La Reconstitution du Foyer», qu elle vient de fonder et qui permet à tous les Poilus de se reconstituer pour 450 Fr. un foyer. Elle est accompagnée de militaires de la section cinématographique de l armée avec des films inédits en couleur, mis à sa disposition par M. le Ministre de la Guerre». La Médiathèque de Lisieux conserve, dans le Fonds Étienne Deville, un tract publicitaire montrant qu il s agit d une tournée au sein des cinémas Pathé. Puis, le rédacteur des Quat Cantons annonce le 22 juin : «La tournée de projections du film : Les mutilés aux champs donnera une séance le 24 juin dans la salle des Fêtes de Livarot, sous les auspices de M. Désiré Dalençon, maire, en présence du capitaine Knauss, blessé de guerre». Comme à l ordinaire, la Salle des Fêtes comprenait trois catégories de places. Le dimanche 3 août 1919 pose énigme à l historien. Il est acquis que, dès le mois de septembre 1917, une plaque fut apposée sur la maison natale de Marcel Gambier par Alfred Petit, son légataire universel qui déclara au conseil municipal livarotais que c était à lui de le faire selon son idée puisqu il était désormais propriétaire de cette maison (8). Le texte de cette plaque est connu d autant que c est toujours celui qui figure de nos jours sur ladite plaque. Dès lors, comment tout le personnel politique de 1919 (Chéron, Hélitas, Boivin-Champeaux, Lesigne, Colbert-Laplace ) a-t-il pu assister, selon les Quat Cantons du 10 août 1919, à la cérémonie d inauguration d une plaque présentant un texte différent mais ce toujours en façade de la maison partiellement occupée par Alfred Petit et par la Librairie-Papeterie de Mlle Le Sourd? Il est vrai que M. Désiré Dalençon fait valoir les excuses de M. Petit qui n a pu se libérer mais d ici à avoir remplacé temporairement une plaque par l autre! Ce dimanche 3 août, Excelsior Cinéma présente une «grande représentation de gala» à «l occasion de / N 3 la Cérémonie patriotique» du jour et regroupant : Autour du Massif Central, «magnifique plein air en couleurs» ; Le Noël du vagabond, drame en couleurs interprété par Gabriel Signoret de la Comédie Française ; Ayez donc des amis, comédie, et Pendant la bataille, «grand drame patriotique de la grande guerre en 3 parties». Le cinéma parlant semble être arrivé en 1931 en Pays d Auge. Le 11 décembre, le Ciné-Palace du 85, rue Pont-Mortain à Lisieux affiche : La ronde des heures, «grand film parlant et chantant» d Alexandre Ryder avec André Baugé et Paule Andral laquelle se retirera en 1937 dans sa villa, Les Jasmins, à Villerville. Le 27 décembre, l œuvre du timbre antituberculeux propose à Livarot avec l appui des Tournées Maggi (4, rue du Ruisseau à Paris) Sous les toits de Paris, film de René Clair avec Albert Préjean, Pola Illery et Gaston Modot. L affiche mentionne : «Attention, ne pas confondre notre organisation avec les soi-disant tournées parlantes qui ne sont qu un camouflage peu scrupuleux du véritable film parlant Tobis Klangfilm.» Diable, puisqu il paraît qu il se niche dans les détails, c est là, une victoire de l industrie de pointe allemande qui se partage désormais le marché du film parlant avec la firme américaine Western Electric. Sous peu, l Amérique (Technicolor), l Allemagne (Agfacolor) et l URSS (Sovcolor) croqueront également le marché du film 100% couleur pendant que les Français, si soucieux de chimie agricole, ne voudront rien savoir de la chimie d impression. Benoît NOËL

15 PAYS D AUGE ET CINÉMA DOSSIER Deauville, rendez-vous estival des professionnels du cinéma depuis 1950 En août 1954, lorsque Jean-Pierre Melville tourne à Deauville Bob le Flambeur, son premier film policier, la station balnéaire de la côte normande est devenue l un des lieux de villégiature estival de ceux que Jean-Luc Godard appellera, quelques années plus tard, «Les professionnels de la profession». C est ici, durant l été, que les producteurs reçoivent les acteurs et réalisateurs. Dans l euphorie estivale, autour d un repas ou en terrasse, se conçoivent des projets de films et se montent des productions cinématographiques. E n 1956, Jean Gabin ( ), qui vient de tourner six films en 1955 et savoure le grand succès de La Traversée de Paris, loue pour la première fois une villa à Deauville. Deux ans plus tard, en 1958, il acquiert une première villa, Le Petit Boqueteau, rue des villas avant d acheter, en 1961, la grande villa de la rue Victor Hugo, où il est présent le week-end et durant les vacances. Il y demeure lors des tournages effectués sur la côte normande : Le Baron de l Ecluse (1960), Un Singe en Hiver (1962). C est aussi dans cette maison qu il se réfugie en mai 68. Ses enfants y résident à l année. Son fils Mathias (1956) est scolarisé à l Ecole Fracasse. Sa fille, Florence, est scolarisée, dans un premier temps, dans un petit cours privé : Le Cours Louis (rue Gontaut-Biron) puis sera inscrite au lycée Saint-Joseph de Trouville. Jean Gabin accueille régulièrement, à Deauville, l un de ses producteurs, Jacques Bar (Un singe en Hiver, Le Cave se rebiffe, Le Président, Mélodies en sous-sol ), Jean Gabin aux courses, photo Benno Grazianni N 5 / LE PAYS D AUGE 13

16 DOSSIER PAYS D AUGE ET CINÉMA Deauville, aout 1962 : Eddie Constantine et Louis de Funès, devant le Bar du Soleil dans Nous irons à Deauville, un film de Jacques Rigaud. Yul Brynner à Bonnebosq. Photo A. Gohier. 14 LE PAYS D AUGE Michel Audiard et Gilles Grangier pour des séances de travail. Jean-Paul Belmondo lui rend visite. Lino Ventura louera durant un été, un appartement, en face, dans la Villa Héliotrope (à l angle de la rue Le Marois / Rue Baronne d Erlanger). Lors de l été 1961, Louis de Funès ( ) séjourne, pour la première fois, dans une maison à proximité de l église Saint-Augustin. C est dans cette maison qu il réside lors du tournage en 1962 du film de Jacques Rigaud Nous irons à Deauville. Le film est produit par Ray Ventura, le célèbre chef d orchestre et leader des collégiens devenu producteur de cinéma en Il a déjà produit Nous irons à Paris et Nous irons à Monte Carlo. Au début des années 70, Louis de Funès achète un appartement dans la résidence Castel Saint- Clair. Dans l économie du cinéma français, les années 1949 à 1975 marquent un âge d or des producteurs indépendants. Certains possèdent aussi les grands cinémas d exclusivité des Champs-Elysées et des grands boulevards, qui leur permettent d être aussi distributeurs. Ils se nomment André Bernheim (producteur et agent d acteurs, directeur d Armedia), Les frères Hakim, Jacques Bar ( ) ou Raymond Danon (1930). Chacun d eux possède une maison à Deauville ou à proximité. A partir de 1959, Yul Brynner séjourne chaque été à Deauville. En il acquiert au cœur du Pays d Auge, le manoir de Cricquebœuf, à Bonnebosq, à vingt kilomètres de Deauville. C est à Deauville qu il se remarie, en En 1967, après le succès d Un Homme et une Femme, Claude Lelouch fait bâtir à Tourgéville, aux portes de Deauville un hôtel, Le Club 13. Il y reçoit ses amis acteurs et collaborateurs. Cette même année 1967, pour s attirer la présence régulière de Brigitte Bardot à Deauville, la société des hôtels et casinos de Deauville lui offre un terrain dans l espoir qu elle y construise une maison. Elle est alors mariée à Günter Sachs et vient de tourner en Espagne avec Sean Connery, Shalako, un wes- / N 3 tern germano britannique. Le film sort en 1968 mais en amont, pour la promotion du tournage de celui-ci, l ensemble des interviews et photos des deux acteurs du film est réalisé à Deauville fin août Brigitte Bardot présente un été à Deauville, remerciera le casino de son cadeau mais ne construira jamais de maison sur la côte normande. Dans les années 70, Claude Bolling, pianiste, chef d orchestre et compositeur de musiques de films (Borsalino en 1970), adopte Deauville et fait construire une maison sur le Coteau. Pascal Jardin ( ), célèbre scénariste des Angéliques et des adaptations de Simenon tournées par Pierre Granier-Deferre, est un familier de Deauville. Il passe ses vacances d été à Deauville depuis son plus jeune âge. Jean Jardin, son père qui s est marié à Deauville, a longtemps loué la cabine 152. Plus tard il séjourne régulièrement à Deauville, où, durant l été 1974, il rédige les dialogues du Vieux Fusil. C est aussi à partir de 1974 que Philippe Noiret loue durant plusieurs étés une villa à Deauville. C est donc cette histoire, enrichie par de nombreux séjours d acteurs et de producteurs de cinémas hollywoodiens à Deauville dans les années 50 et 60, qui précède la création du festival du cinéma américain de Deauville en Une relation fortement ancrée qui a contribué à faire de ce festival un temps de rendez-vous et un moment de retrouvailles des professionnels du cinéma, résidents secondaires de la Côte Fleurie et du Pays d Auge. Philippe NORMAND Responsable du Service Culturel de Deauville

17 Rencontre avec... Anne d Ornano La naissance du Festival américain de Deauville Nous avions rendez-vous au téléphone avec Anne d Ornano pour évoquer avec elle le Festival du cinéma américain de Deauville. Cette évocation s est faite sur le ton de la confidence et des jours heureux. Nous remercions Anne d Ornano d avoir bien voulu nous confier ses souvenirs. «Il faut se souvenir, que, dans les années 60-70, la ville de Deauville était bien différente d aujourd hui. Elle ne vivait que d une saison qui durait du 15 juillet au dernier dimanche d août pendant lequel se courait le Grand Prix. Ce n était, économiquement, plus viable. Pour tenter de rallonger la saison, Michel d Ornano (1), fraîchement élu maire de Deauville, avait institué, avec l aide de Lucien Barrière qui venait de prendre la succession de son oncle François André à la tête de ce qui était alors La Société des Hôtels et Casinos, le Bal du Grand Prix qui avait le lieu premier week-end de septembre. Cette manifestation était très courue, les Parisiens venaient en nombre. Mais cela ne suffisait pas à prolonger la saison de plus d un weekend ce qui n était pas suffisant. Nous cherchions donc des idées car nous sentions qu il fallait agré- menter le bal d une manifestation complémentaire. Mais quoi? André Halimi (2), passionné et grand connaisseur du cinéma américain, proposa un jour de créer un festival en honneur du 7e art américain tout en prévenant que cette idée avait été refusée par plusieurs villes auxquelles il l avait proposée. Le week-end suivant à l issue d une partie de tennis avec Claude Lelouch, Gilles Jacob (3) et Philippe Labro (4), mon mari leur demanda ce qu ils en pensaient : Ils étaient tous enthousiasmés à l idée. Quant à moi, elle me séduisit d autant plus que j ai été élevée aux Etats-Unis et si je peux dire, bercée par le cinéma américain pendant toute mon adolescence. On est donc parti sur «un petit truc». Nous ne disposions alors que de la salle du Casino et du cinéma le Morny, mises à notre disposition. André (1) Michel d Ornano ( ), maire de Deauville de 1962 à Député du Calvados (1961), président du Conseil général en 1979, Michel d Ornano est successivement Ministre de l Industrie et de la Recherche, de la Culture et de l Environnement, de l Environnement et du Cadre de vie entre 1974 et (2) André Halimi ( ), journaliste (ParisPresse, Pariscope, producteur de télévision. (3) Gilles Jacob (1930- ), est caché en compagnie de Louis Malle en Il échappe à une rafle, caché derrière un harmonium. La scène est reprise dans Au revoir les enfants. En 1977 il est élu délégué général du Festival de Cannes, dont il fait une manifestation internationale. (4) Philippe Labro (1936- ), écrivain, journaliste, cinéphile proche de Melville. Il écrit des chansons pour Johnny Halliday. Anime des émissions de télévision. Anne d'ornano, Grégory Peck et Jack Valenti. Gurrier Arch. Com. Deauville 4 Fi N 5 / LE PAYS D AUGE 15

18 DOSSIER PAYS D AUGE ET CINÉMA - Meryl Streep en Jessica Chastain en 2014 photos Guy Isaac. (5) Lionel Chouchan (1937- ) organise des festivals (Avoriaz, Gérardmer et Deauville). Il est président de Public System. (6) Ce sont les plus importantes compagnies de productions cinématographiques : Universel, Warner, Paramount, Century Fox Leur nombre a varié au cours des années ainsi que leur importance relative. (7) Jack Valenti ( ) responsable de l agence de presse qui couvre le voyage de Kennedy à Dallas, se retrouve conseiller de Lyndon Johnson par hasard. Puis il devient pendant 38 ans président de la Motion Picture Association of America. Très influent. 16 LE PAYS D AUGE Halimi et Lionel Chouchan (5), patron de «Promo 2000» travaillant ensemble pour mettre sur pied la première manifestation. En 1975, le premier festival est une toute petite chose qui ne dure que quatre jours : jeudi, vendredi, samedi et dimanche, bien différent de la grosse machine d aujourd hui. On débute, je crois, avec Jonathan, le goéland. Non seulement tous ceux qui sont venus ont passé 4 jours formidables mais nous avons bénéficié d une chance folle, car, pour cette première édition, Myron Karlin, directeur internationale de la Warner, un homme délicieux parlant impeccablement, français est venu. Il avait participé au Débarquement de 1944 et avait gardé des rapports très forts avec la Normandie. La Warner faisait partie du syndicat des Major Companies (6) et Myron Karlin, séduit par l idée de ce cinéma américain en France, fait venir l année suivante le patron de la Motion Picture Association, avec le souhait de faire de ce festival nouveau-né quelque chose d important. Jack Valenti (7) ce grand patron du cinéma américain vient donc à Deauville et succombe à son tour au charme des lieux et aux possibilités que ce festival présente pour le lancement des films de son pays. Au départ personne ne croyait à la venue de grandes vedettes US sur les planches mais la chance était avec nous : Kirk Douglas et Gregory Peck étaient mariés à des françaises. Ils ont accepté, alors qu ils étaient en vacances en France, de venir faire un tour au festival, Gregory Peck dès La présence de ces deux immenses stars à laquelle il faut ajouter celle de l amoureux de la France, le mer- N 5 / N 3 veilleux réalisateur Vincente Minnelli, nous a beaucoup aidé à en faire venir d autres par la suite. Michel est, à cette période, de plus en plus pris par ses activités d élu puis de ministre et, en quelque sorte, me «confie le bébé» qui grandit gentiment. En 1977, je suis élue maire de Deauville et l année suivante Jack Valenti m organise un voyage à Hollywood pour que j aille expliquer «tout ça» aux présidents des grands studios du moment. Mon premier rendez-vous est chez Disney, qui sortait un film le Trou noir. Je suis arrivée à Los Angeles, le soir et le lendemain matin rendez-vous avec ces messieurs très impressionnants qui, n ayant pas une minute à perdre, me passent immédiatement la parole et j ai commencé en disant : «Je suis maire d une ville de France, Deauville, et nous avons lancé un festival pour mettre particulièrement à l honneur le cinéma américain et le travail que vous faites dans vos studios. Nous souhaitons, bien entendu, que ce soient des films qui n ont pas encore été distribués en Europe». Je continue sur ma lancée mais suis très vite interrompue : «Tout cela est très intéressant, Madame d Ornano, mais où se trouve Deauville?». J ai tout de suite compris qu il fallait que je recommence à zéro et, en réponse, j ai repris ma présentation ainsi : «Vous savez où des milliers de jeunes américains sont venus mourir en 1944?» - «Mais oui, bien sûr!» «et bien, c est là!». A l échelle de l Amérique, 60 kilomètres ce n est pas un mensonge! Donc mon discours est devenu : «Je suis maire d une ville de France située en Normandie, près des plages du Débarquement et, en hommage et en reconnaissance, nous avons souhaité saluer l Amérique par

19 un festival de cinéma américain». Et, comme les Américains sont très patriotiques, ils ont écouté et ont joué le jeu. «Les Major Companies» nous ont envoyé des films formidables, la première mondiale de Starwars et de Grease entre autres, et comme ils avaient les acteurs sous contrat, ceux-ci venaient faire la promotion de leur film. A cette époque, les producteurs, persuadés que les Français n allaient pas au cinéma pendant les vacances, ne sortaient jamais de films en été. Les films présentés à Deauville étaient donc ceux de la rentrée et tout à coup c était une opportunité de les présenter avant leur diffusion et de bénéficier d une couverture médiatique et critique ainsi que du bouche à oreille dont ils mesuraient bien l importance. Tout commençait encore par le bal du Grand Prix ce qui donnait un côté glamour, auquel nos amis Gérard Oury, Michèle Morgan et beaucoup d autres stars françaises sont venus et cela a fait boule de neige. Finalement, c est ainsi que le festival est né. Jack Valenti est venu jusqu à sa mort au festival. Né en septembre, il fêtait chaque année son anniversaire chez moi avec ses amis. Je l accueillais avec bonheur et depuis 10 ans, il nous manque. Au départ, nous avions tous souhaité n avoir ni sponsor ni compétition. Juste une fête du cinéma, une ambiance joyeuse et chaleureuse et la présence de grandes vedettes. Nous avions pour ce faire assez rapidement institué des «hommages» qui amenaient les stars dont tous les Français rêvaient : Elizabeth Taylor, Gene Kelly, Burt Lancaster, Robert Mitchum parmi tant d autres. Ces hommages étaient importants pour le public qui, tout à coup, voyait les grandes vedettes de l après-guerre «en chair et en os». Dans ces années-là, tout était plus simple, pas de sécurité, pas d attaché de presse. Elisabeth Taylor est venue deux ou trois jours, les uns et les autres faisaient leurs courses à Deauville. Tout ça dans une ambiance très simple, très familiale et pleine de gaieté. Dans l esprit américain qui incite à laisser une marque de votre passage, j ai voulu que les noms des acteurs venus au festival soient inscrits sur les cabines. On a commencé avec Elisabeth Taylor. Avouez que c est plus sympathique de se retrouver chez «Elisabeth Taylor» qu à la cabine «156». Hollywood Boulevard sur les Planches! Le temps a passé, les techniques modernes se sont développées, il nous fallait répondre à leurs exigences de grandes salles, d écrans géants, etc Les films indépendants ont pris plus d importance Le CID (Centre international de Deauville) a permis de répondre à cela, le festival est donc devenu une grosse machine et a perdu son côté familial. Les remises de prix ont commencé en 1995 avec la création d un premier jury, car il fallait attirer les jeunes talents par une récompense et les jurys composés de personnalités augmentaient encore le renom de la manifestation. Michael Douglas et Steven Soderberg, inauguration des cabines de plage à leur nom, Arch. Com. Deauville 4 Fi N 5 / LE PAYS D AUGE 17

20 Temps forts du festival Le Festival du cinéma américain de Deauville voit le jour. Il remporte immédiatement l adhésion du public, mais il faudra attendre encore quelques années pour que les stars américaines acceptent d y venir Le Festival innove et décide d y rendre ses «hommages». Sous l impulsion de Lionel Chouchan, cette section s ajoute à la programmation. Dès la 3e édition, Gregory Peck, Vincente Minelli et Sydney Pollack foulent le Tapis rouge. «Hollywood s est trouvé un verger en Normandie», résume joliment Anne d Ornano, qui succède à son mari à l Hôtel de Ville et laisse présager les belles années à venir du Festival Le Festival inaugure son Palais. Pour sa 18e édition, le Centre International de Deauville se voit déléguer la coorganisation générale de l événement en collaboration avec l agence qui deviendra plus tard Le Public Système Cinéma. Cette année-là, le Grand auditorium ouvre ses portes et réserve un accueil chaleureux à Clint Eastwood Sous la nouvelle direction générale de Bruno Barde, le Festival s ouvre à la compétition. Il remet son 1er Grand Prix à Tom DiCillo pour son film Ça tourne à Manhattan, sous la présidence du jury d Andreï Konchalowski. Depuis, les festivaliers attendent chaque année avec impatience le Palmarès, composé aujourd hui de trois récompenses prestigieuses : le Grand Prix, le Prix du Jury et le Prix de la Critique Internationale, témoins de la vitalité du cinéma indépendant américain Le Festival lance la section Courts Métrages, mais devra l arrêter en Cette année reste marquée par la rencontre à Deauville de Michael Douglas et de sa future femme Catherine ZetaJones avec Antonio Banderas, également présent pour la promotion du Masque de Zorro Le Festival décide de prendre le pouls de l Amérique en donnant un coup de projecteur aux documentaires et en leur consacrant une nouvelle section, Les Docs de l Oncle Sam. Le public est enthousiaste Le Festival propose au festivalier de continuer à rêver éveillé. Avec le concours de La Cinémathèque française, il revisite, année après annés, l histoire et l héritage du cinéma américain. Pour la première fois, des films de son patrimoine, allant du début du XXe siècle à aujourd hui, sont 18 LE PAYS D AUGE / N 3 projetés jour et nuit et sans interruption, ce qui fait encore maintenant du Festival de Deauville le seul festival au monde à proposer un tel programme 24h sur 24! Le Festival montre ainsi le cinéma américain dans tout ce qui le fonde : le cinéma indépendant comme les films grand public, une compétition, des premières, des hommages et des documentaires, présentés dans un programme foisonnant et éclectique de plus de 120 films Pour sa 36e édition, le Festival ouvre ses salles et ses écrans aux séries télévisées américaines. La nouvelle section Deauville Saison 1 a pour principal objectif de devenir une véritable plate-forme professionnelle de l écriture scénaristique, un rendez-vous des scénaristes. Les «sérivores» s y donnent désormais rendez-vous le week-end de l ouverture du Festival, pour des projections de séries cultes et d épisodes inédits, en accès libre et gratuit Le Festival souhaite cette année donner carte blanche à une célébrité du monde des arts et des lettres qui accepte de faire découvrir et de partager sa préférence de cinéma et son Amérique personnelle. L édition 2011 inaugure également son Nouvel Hollywood pour honorer l avenir du cinéma américain en invitant à Deauville une comédienne ou un comédien, fleuron du cinéma de demain, ainsi que le Film Corner, un nouvel espace dédié aux vendeurs et aux acheteurs pour qu ils puissent y découvrir le meilleur de la production cinématographique américaine de l année Cette édition du Festival est dédiée à la productrice et distributrice Fabienne Vonier, récemment disparue. Le Festival rend hommage à Danny Kaye («Deauville Legend»), Cate Blanchett, Nicolas Cage, Larry Clark et John Travolta. Il donne Carte blanche au duo de musiciens français JUSTICE, propose une Masterclass autour de l analyse filmique du film lauréat du Grand Prix 2012, Les Bêtes du Sud sauvage, et une seconde avec Vince Gilligan, dans le cadre de Deauville Saison 4. La Table ronde franco-américaine est consacrée à «Innovation vs Créativité», en présence de la productrice Gale Ann Hurd à qui le Festival rend également hommage. Depuis quelques années, le Festival renouvelle la tradition des Cabines sur les Planches, ce qui donne un bel embouteillage piétonnier pour y voir les stars de ce très bon cru 2013 : Cate Blanchett, Forest Whitaker ou John Travolta! Le C.I.D est désormais présenté comme co-organisateur de l événement aux côtés du Public Système Cinéma À l occasion d une 40e édition des plus prestigieuses, dédiée à l un des cofondateurs de l événement André Halimi, le Festival du cinéma américain souffle en 2014 ses quarante bougies en compagnie des hommagés Jessica Chastain, Will Ferrell, Brian Grazer, Ray Liotta, John McTiernan, ainsi qu en invitéssurprise, Mick Jagger et Pierce Brosnan. Deauville se souvient de Yul Brynner, de Lauren Bacall et Robin Williams disparus. Le jury de ce 40e Festival est présidé par le réalisateur Costa-Gavras et il est composé de quelques-uns des présidents du jury des éditions précédentes. Au travers d anecdotes et de témoignages des stars du Festival, le livre Deauville, 40 Ans de cinéma américain retrace, par de nombreuses photographies inédites, l histoire en images de 40 éditions du Festival. Le film lauréat du Grand Prix 2014, Whiplash, démarre à Deauville sa future brillante carrière. La salle du C.I.D est désormais équipée du son Dolby Atmos Une édition haute en couleurs, celles du drapeau américain que le Festival a choisi de faire figurer cette année sur son affiche! Deauville accueille Madame Jane Hartley, ambassadeur des États-Unis en France récemment nommée, laquelle qualifie le Festival comme «le plus remarquable festival de films exclusivement américains». De prestigieux hommages sont rendus, en leur présence, à des personnalités aussi diverses que Michael Bay, Lawrence Bender, Orlando Bloom, Patricia Clarkson, Ian McKellen et Keanu Reeves, mais en l absence - toujours délibérée - de Terence Malick. Le jury, présidé par le réalisateur Benoît Jacquot, récompense pour la première fois dans l histoire du Festival, un film - 99 Homes de Ramin Bahrani - qui ne sera visible qu en VàD (vidéo à la demande) à sa sortie en France. Le Prix Michel d Ornano, remis à un premier film français, est rebaptisé «Prix d Ornano-Valenti» en hommage conjoint à Jack Valenti. Pendant toute la durée du Festival, les rendez-vous et les réceptions se tiennent désormais jusqu à tard dans la nuit au Kiehl s Club, lieu convivial et festif initié par Kiehl s, nouveau partenaire du Festival du cinéma américain de Deauville. Jacques BELIN Responsable de l organisation du festival

21 PAYS D AUGE ET CINÉMA DOSSIER - Donald Sutherland en Seguin Arch. Com. Deauville 4 Fi John Travolta en Photo Guy Isaac. L impact sur l économie de la ville est important : les hôtels sont pleins, les commerçants travaillent bien et la fréquentation américaine ainsi que le renom du festival nous a aidés à mettre Deauville sur la carte de l ouest américain. Jusqu au succès du festival nous étions, il faut l avouer, inconnus aux Etats-Unis sauf au niveau hippique grâce au jumelage avec Lexington. Aujourd hui le festival, d un point de vue deauvillais, fait vivre la ville la première semaine de septembre et fait parler d elle en lui donnant l image d une ville de cinéma. Pour les producteurs américains, le festival offre l opportunité de faire passer leur film en avant-première, avant leur sortie en salles. Ils ont acquis devant les spectateurs une première notoriété car, contrairement à beaucoup d autres, le festival est ouvert à tous sur abonnement à la journée ou à la semaine. Quelques quarante-trois ans après sa création, le festival est toujours porté par la ville de Deauville, le CID et le groupe Barrière. Public Systeme assure l organisation. Vous me demandez de parler de mes plus beaux souvenirs! Comment choisir, j en ai des centaines. Mais je garde ceux des grandes stars américaines, avec leur qualité professionnelle et leur gentillesse. Parmi ces grands moments, l émotion des adieux de Bette Davis, devant une salle entière debout à l applaudir, les larmes aux yeux pendant un temps incroyable. Et Gloria Swanson, une très vieille dame, se promenant en fiacre dans Deauville, tellement contente d être là et me laissant en partant un camélia avec un petit mot : «Parce que je souhai- terais que mes racines restent chez vous». Une pensée adorable. On a pu voir Gene Kelly et Cyd Charisse danser en riant sur les marches du casino. Hier, les vedettes se promenaient plus facilement dans les rues qu aujourd hui, allaient dîner dans les restaurant du coin, profitaient du golf ou du tennis Ils étaient moins pressés que maintenant et étaient vraiment «Deauvillais» pendant quelques jours. Certes, le festival est devenu une grosse machine, mais ce qui reste à Deauville c est l amour du cinéma. Les festivaliers viennent des quatre coins de France et de Navarre comme ils peuvent et passent, en vrais cinéphiles, une semaine à la mesure de leur passion. On pouvait au départ craindre la concurrence du festival de Venise qui se déroule aussi début septembre mais ce n était pas le cas, car les Américains profitaient des deux, 3 jours à Venise et 3 jours à Deauville. Mais nous avons aujourd hui la concurrence de Toronto, un très grand festival bien loin de nous et bien près de l Amérique qui se réserve, à la même époque, l exclusivité des films et la venue des vedettes. On est donc à l âge où Deauville doit peutêtre remettre certains de ses aspects en question.» Merci Anne d Ornano, vous nous avez parlé de ce festival comme on parle d un être cher, très cher, avec beaucoup d amour! Propos recueillis par Françoise DUTOUR et Robert SANZEY N 5 / LE PAYS D AUGE 19

22 DOSSIER PAYS D AUGE ET CINÉMA Des festivals de cinéma Selon le site internet de Calvados-Tourisme, pour l année 2017, sont programmés ou ont été réalisés les festivals suivants : Honfleur Tout court (9-11 juin, Honfleur), Festival du film de Cabourg, journées romantiques (14-18 juin, Cabourg), Festival international du film culte (22-25 juin, Trouville-sur-Mer), Festival du cinéma américain (1-10 septembre, Deauville), Festival Off-Courts (8-16 septembre, Trouville-sur-Mer), Festival du film européen (18-24 octobre 2017, Houlgate), Festival du cinéma russe (21-26 novembre 2017, Honfleur). Nous vous proposons ici une présentation de quelques-uns de ces festivals et d autres non retenus par Calvados Tourisme. Affiche du festival, Le Festival de cinéma russe à Honfleur Le Festival du cinéma russe à Honfleur a pour objet de faire connaître en France la cinématographie russe et de participer ainsi au développement des liens culturels entre la France et la Russie. Il est organisé par l Association des Amis du Festival, avec pour principaux soutiens, la Ville de Honfleur, la Région Normandie, la DRAC, le Conseil départemental du Calvados, ainsi que le Ministère de la Culture de la Fédération de Russie et l Ambassade de Russie en France. On évoque, parfois de façon amusée, la présence, à travers deux festivals de cinéma, des Américains à Deauville et des Russes à Honfleur. Mais l événement honfleurais n a pas de cause géopolitique et entretient les meilleurs rapports avec sa voisine deauvillaise, en y délocalisant chaque année une projection d un film de son programme. Après deux saisons à Saint-Raphaël, il a été proposé en 1995 au maire de Honfleur, Michel Lamarre, et à son adjointe à la culture de l époque, Françoise Rousseau, de reprendre cette manifestation originale puisqu alors le cinéma russe n avait pas vraiment de «vitrine» en France, et que seuls quelques rares réalisateurs primés en festivals internationaux, comme Nikita Mikhalkov ou Pavel Lounguine, trouvaient des - Soir de palmarès. Un heureux lauréat du Grand Prix, Artem Temnikov, pour son 1er film, Sans Commentaire (2015). - Table ronde animée par Joël Chapron, responsable des films de l'est et d'asie Centrale à Unifrance (à gauche), ici avec Sitora Alieva, directrice artistique du Festival Kinotavr de Sotchi, Russie (au centre), et l'interprète Yury Obozny (à droite). - Un public toujours nombreux. 20 LE PAYS D AUGE / N 3 distributeurs dans notre pays. Le public français ne connaissait par ailleurs que de grands classiques de l époque soviétique et gardait l image d un cinéma en noir et blanc très beau, très long et parfois ennuyeux. Le Festival de Honfleur allait peu à peu effacer ce cliché, en montrant toute la diversité de la production annuelle et devenir le festival de cinéma russe le plus important en France. A ses débuts, l Union soviétique venait de disparaître et, avec elle, les grandes oeuvres cinématographiques. Les studios étaient pratiquement en

23 ruine, on tournait peu en Russie, faute de financements. Les premières années du Festival de Honfleur furent confidentielles, mais cependant déjà intéressantes, avec des programmes incluant des réalisateurs confirmés, tels Vitali Melnikov, Alla Sourikova, Eldar Riazanov, mais aussi les nouveaux talents d alors, devenus depuis auteurs de premier plan, comme Alexei Uchitel ou Valeri Todorovski. Par ailleurs, les jurys successifs furent toujours composés de personnalités reconnues, avec des présidents comme François Chalais qui fut le tout premier (et dont l épouse Mei-Chen, restée fidèle au Festival, en est la présidente d honneur), Jacques Deray, Régis Wargnier, Philippe de Broca, Annie Girardot, Robert Hossein, Nina Companeez, Jean Becker et, plus récemment, Radu Mihaileanu, Vincent Perez, Stéphane Freiss, Frédéric Beigbeder. Le Festival grandit tandis que la production de films en Russie reprenait son développement et commença à intéresser de grands professionnels du cinéma russe ; la venue à Honfleur de gens comme Karen Shakhnazarov, réalisateur réputé et président des studios Mosfilm (qui lui doivent leur renaissance et leur importance actuelle), fit certainement beaucoup pour la renommée du Festival qui, depuis, accueille chaque année de nombreuses équipes de films. Peu de longs métrages russes sortent sur les écrans français, mais la quasi-totalité de ceux-ci ont été montrés et souvent primés à Honfleur. Le Festival du cinéma russe à Honfleur, qui avait été créé dans l idée que «si ça marche on continue, sinon on arrête», prépare en 2017 sa 25e édition. Le jury sera présidé par le réalisateur et scénariste Safy Nebbou (auteur notamment du magnifique Dans les Forêts de Sibérie). On découvrira, comme toujours, plus de 40 films et une bonne soixantaine de séances sur six jours, avec des sections Compétition, Panorama, Débuts, Documentaires, Jeune Public, Rétrospective, Courts-métrages, Dessins animés. D autres événements seront proposés au public : le concert du baryton Vladislav Kosarev, la table ronde animée par Joël Chapron (Unifrance), les rencontres avec des réalisateurs et acteurs, les expositions de photos, le stand de livres et DVD de la librairie du Globe, les contes russes de Marguerite pour les jeunes écoliers et le dîner de gala qui, après le palmarès, réunit invités et festivaliers. Soulignons que le Festival se veut très accessible au public, avec un badge de 30 euros qui donne accès à toutes les séances (dans la limite des places), et qu il est gratuit pour les moins de 15 ans et les groupes scolaires et étudiants. Il aura lieu cette année du 21 au 26 Novembre. Françoise SCHNERB Présidente de l organisation du Festival Off-Courts Trouville dénicheur de talents émergents Off-Courts accueille et accompagne le développement de projets de création depuis 18 ans. Cinéma, musique, écriture, arts visuels : l association oeuvre toute l année au coeur du «Studio Off- Tournage lors des laboratoires internationaux de création Pierre Crépô/off-Courts

24 DOSSIER PAYS D AUGE ET CINÉMA Pour tout découvrir de la 18e édition d Off-Courts Trouville, rendez vous sur et sur les réseaux Off-Courts Trouville 18e rencontre France/Québec autour du court métrage 8-16 septembre 2017 Trouville, Normandie, France. Courts», à Trouville-sur-Mer, et au travers de différents projets hors les murs comme, par exemple «Import/Export», une production transatlantique entre la France et le Québec, réalisée en co-production avec la coopérative québécoise de cinéma indépendant Spira. Ce programme permet à deux jeunes réalisateurs, français et québécois, de vivre une expérience de tournage à l étranger. Le rendez-vous annuel de l association est le festival Off-Courts Trouville. En septembre chaque année, l évènement est devenu une rencontre incontournable dans le réseau international du court métrage. Rencontre France-Québec, le festival est un véritable espace de liberté et de création, ayant pour but de faire interagir toutes les disciplines afin de créer, en temps réel, pendant 8 jours. Compétitions, projections, concerts, laboratoires de création, expositions, ateliers, débats : il y en a pour tous les goûts, que l on soit un simple curieux ou un professionnel du cinéma. Aujourd hui accueilli par le Casino Barrière de Trouville et les Cures Marines, l événement réunit cinéastes et passionnés du monde entier ainsi que curieux ou avertis. Il est gratuit et ouvert à tous. En presque 20 ans, l événement a présenté de nombreux courts et fait découvrir des réalisateurs désormais célèbres tels qu Alexandre Astier, Michel Gondry, Karine Tardieu ou encore Patrick Boivin au travers de sa programmation aux axes multiples. Avec plus de 50 films courts présentés chaque année au grand public et à un jury prestigieux, la compétition est à 3 volets : France, Québec et Europe/Francophonie. En parallèle, un volet hors compétition : cartes blanches, programmes spéciaux de Normandie et d ailleurs, programmes du «Court au Long» - présentant les différentes créations d un réalisateur jusqu à son premier long-métrage La découverte n est pas en reste! Marché international du film court de Trouville, Seul endroit du festival réservé aux professionnels accrédités, les majestueuses Cures Marines deviennent le lieu de rencontres et d achats de films courts avec, cette année, plus de 2000 disponibles. Un marché dont la réputation s est rapidement construite, notamment grâce à son calendrier, puisqu il permet d assurer une continuité dans les échanges et les rencontres entre les professionnels du film court. Cette année, les invités, acteurs du Marché international du film court, viennent de 22 LE PAYS D AUGE / N 3 nombreux pays : Canada, Italie, Japon, Pologne, Suède, Portugal, France, Québec Et comme la création ne s arrête pas qu aux projections et au circuit du film court, le festival détient plus d un tour dans son sac avec une programmation aux activités éclectiques. Avec cette année au Village OFF notamment : - 15e édition des laboratoires internationaux de création : pluridisciplinaires, lieux de haute technologie et ouverts à tous, les désormais fameux «Labos» permettent à tous et toutes de voir se fabriquer des clips et films courts en direct, sous les yeux du public (des kinos). Un lieu international favorisant les rencontres et échanges de pratiques entre participants venus, cette année, de plus de 18 pays avec projections des films réalisés aux labos pendant les soirées Kino Kabaret ; - Résidences d artistes : pour de la création évolutive tout au long de l événement, avec cette année : Magdalena et son personnage Billy Bublé, les cagettes de Lea & Marty, les photographies de Crêpo et Julien Hélie, Dr Prout & ses machines ou encore les mystérieuses coiffures de fleurs de Christophe Pavia ; - Ateliers découverte pour tous : réalité virtuelle, maquillage FX, initiation à l animation, Photocall juniors, séniors, familles, jeunes et moins jeunes peuvent participer à toutes sortes d ateliers - gratuits et accessibles à tous. - La Web-TV d Off-Courts, qui, simultanément au Village et sur le web, retransmettra émissions, entrevues, débats et masterclass du festival en direct, pour que la vie du festival soit accessible partout via YouTube. - Enfin, la nouveauté 2017 : une salle de concerts éphémère sur la plage, la Guinguette. Vue sur la mer et pieds presque dans la sable une occasion de terminer les belles journées de fin d été en compagnie de Laura Sauvage, Ambeyance, Tha Dunciz, Cosmo Sonic, Roda Do Cavaco ou encore Pépite et Naive New Beaters - qui siffleront le début des festivités. Samuel PRAT Pour l Association OFF Le Festival Ciné-Champêtre à Saint-Pierre-sur-Dives Ciné-Champêtre a 10 ans. C est un festival de documentaires traitant de la ruralité. Pendant 4 jours, les festivaliers peuvent voir plusieurs films par jour, suivis de débats animés par les réalisateurs ou des intervenants spécialistes du sujet traité. Le soir,

25 un dîner pris ensemble permet de poursuivre rencontres et discussions. Paul dans sa vie, documentaire sur la vie de Paul Bedel, paysan de la Manche, a été un beau succès dans notre salle. Notre public était là, à notre porte : l idée était née. Il nous restait à imaginer une manifestation et construire un programme de films qui invitent à s informer, réfléchir, se distraire. Nous voulions tenter d y voir plus clair dans le débat que suscitaient la contestation du modèle dominant de l agriculture intensive, la mondialisation, l accaparement des terres, les brevets sur les semences, les OGM Plus nous avancions et plus les sujets se complexifiaient : par exemple, la qualité de l alimentation se trouve liée à la sélection des semences, aux OGM, à l eau et son assainissement, donc à l aménagement du territoire qui, lui-même, est lié à la disparition des terres agricoles. Ainsi nous découvrions que la ruralité, dont on pouvait craindre qu elle soit restrictive, ouvrait, bien au contraire, des champs infinis de réflexion. Le cinéma apporte le regard subjectif du réalisateur et popularise le sujet traité. Les sujets les plus ardus deviennent accessibles grâce à l image. La présence de réalisateurs est une priorité du festival, ils apportent, non seulement leur regard, mais aussi les aspects plus techniques de leur métier : choix du sujet, montage financier, difficultés techniques ren- contrées, afin de mieux comprendre l univers du cinéma. Ainsi nous marchons sur deux pieds : la ruralité et le cinéma. Le public aime ces rencontres simples, toujours enrichissantes et les réalisateurs apprécient les petits festivals où leurs films peuvent être vus. Certains d entre eux sont revenus plusieurs fois, nous gardons un contact amical. Nous avons très vite rencontré d autres festivals engagés sur ce thème. Caméras des Champs à Villesur-Yron reste notre référence. Nous nous y rendons chaque année pour y voir les films qui nourriront notre prochaine programmation. Sandrine Close, responsable au Parc Naturel Régional de Lorraine, forte de son expérience dans ce festival, nous a apporté une aide déterminante, en 2009, pendant notre phase de réflexion. Roland Bérhault avec Cinéma de campagne à Châtillon-en-Vendelais, Bernard Seutin avec Les Conviviales de Nannay sont devenus des compagnons de route avec lesquels les contacts sont fructueux et amicaux. Nous fonctionnons en réseau : choix des films, prêts de DVD, échanges d adresses et de contacts. Par ce canal, nous avons rencontré Bruno Bouchard, grand collectionneur d objets de cinéma et de vieilles bobines. Il est devenu un soutien inconditionnel du festival, a animé soirées et ateliers à la grande joie des participants. Séance au Rexy lors de Ciné-Champêtre, N 5 / LE PAYS D AUGE 23

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27 Chaque soir, nous pouvons nous retrouver autour d un dîner grâce à Monsieur et Madame Sogno, couple de restaurateurs à la retraite qui se déplace bénévolement. C est un moment festif qu apprécient tous les festivaliers. Après dix ans, le festival prend un autre souffle avec une équipe renouvelée, qui saura lui donner d autres approches et d autres perspectives. Andrée DUMAZ Association Le Rexy Festival du film de Cabourg Les journées romantiques Depuis ses débuts, le Festival présente une cinématographie romantique mondiale exaltant les grands sentiments : le coup de foudre, la passion, la rêverie et bien sûr... l amour! En 1984, James Ivory, Claude Lelouch et Claude Autant-Lara recevaient, les premiers, le titre de réalisateurs romantiques, alors qu en , Gene Tierney et Ginger Rogers venaient débuter le Bal des actrices romantiques. Le Swann d Or était né. Ce festival a salué, à travers ses compétitions, les réalisations de longs métrages romantiques majeurs tels La Fidélité d Andrzej Zulawski en 2000, Malena de Guiseppe Tornatore en 2001 et a contribué à faire découvrir au public My Summer of Love de Pawel Pawlikowski en 2006, La Guerre est déclarée de Valérie Donzelli en 2011, Lawrence Anyways de Xavier Dolan en 2012 Au fil des années, 239 artistes ont été récompensés dont 60 actrices et acteurs. De plus ce festival a révélé 38 talents. Ont reçu des Swann d or : Lambert Wilson meilleur acteur en 1984 dans Rendez-vous d André Téchiné, Audrey Tautou, révélation féminine en 1999 dans Vénus beauté de Tonie Marshall. Ont été révélés : Guillaume Canet en 1999 dans Je règle mon pas sur le pas de mon père de Rémi Waterhouse, Marion Cotillard en 2000 dans Du bleu jusqu en Amérique de Sarah Lévy, Raphaël Personnaz en 2011 dans La Princesse de Montpensier de Bertrand Tavernier Pour tous les amoureux du cinéma romantique, cet évènement est l occasion de découvrir des films inédits courts et longs métrages, français et étrangers. Pendant cinq jours, les festivaliers vivent au rythme du cœur. Il y a des rencontres, des débats, des conférences, des dédicaces, des soirées thématiques, des «ciné Swann» (clin d œil à Proust, nous sommes à Cabourg) pour voir ou revoir les succès romantiques de l année. Mademoiselle Catherine Deneuve recevra «le Swann coup de cœur» en 2013 pour son rôle dans Elle s en va. Le Festival du film Romantique de Cabourg est habité du même désir de faire connaître les vrais talents du cinéma, de les accompagner avec le concours de tous les acteurs de la profession, avec passion et sincérité tout au long de leur carrière. Les prix sont attribués par deux jurys : - Un jury pour les courts métrages, présidé en 2017 par Gabriel Le Bonin réalisateur, accompagné de six membres acteurs, actrices et auteurs. - Un jury pour les longs métrages, présidé en 2017 par Marion Cotillard et huit membres acteurs, actrices, réalisateurs, compositeurs et écrivains, auxquels viennent s adjoindre six lycéens de seconde de la région Normandie parrainés par une actrice et un réalisateur. Ce festival se tient grâce au soutien de la ville de Cabourg, du Conseil régional de Normandie, de la SACEM et de la Monnaie de Paris, en collaboration avec le Grand Casino (Groupe Partouche) et le Grand Hôtel (Groupe Accor). Robert SANZEY - Affiche du festival Coll. Ville de Cabourg. - Un selfie avec Marion Cotillard... Photo Roch Armando. - Le jury Photo Julien Lienard N 5 / LE PAYS D AUGE 25

28 DOSSIER PAYS D AUGE ET CINÉMA Maison de l Image Normandie Caen Nous avons rendez-vous avec Johanne Prat, responsable du bureau d accueil de tournages, c est dire que nous lui poserons évidemment des questions sur les tournages de films en Pays d Auge. Mais, tout d abord, elle nous présente la structure à laquelle elle appartient. I l s agit d une association créée en 2005 à l initiative du Conseil régional, à l époque, de Basse-Normandie et de la Direction régionale des Affaires culturelles de Basse-Normandie. Elle a pour but de favoriser toute activité pour le développement du secteur du cinéma et de l audiovisuel dans la région. Elle est structurée autour de trois secteurs principaux, dont les objectifs correspondent aux choix politiques et culturels des élus. Le Service Création/Production Ce service assure l instruction d une partie du fonds d aide à la création et à la production cinématographique et audiovisuelle de la Région Normandie et accompagne les producteurs, les auteurs et les réalisateurs de la région qui souhaitent développer un projet de film. Le fonds d aide de la Région Normandie soutient principalement des projets de documentaires, de créations et de fictions courtes ou longues pour le cinéma et l audiovisuel. Les aides attribuées sont de différentes natures ; elles peuvent être des aides à l écriture, au développement ou à la production et leurs montants sont évalués en fonction des projets. Tous les projets soutenus ont obligatoirement un lien avec le territoire : l auteur, la société de production, le sujet, la localisation du tournage ou Le travail de la Maison de l image s inscrit dans la longue tradition des tournages en Pays d Auge (voir Yves Robert, «Le cinéma et la côte normande affichent une longue complicité», revue Le Pays d Auge, n 5, septembre-octobre Alain Delon et Jacques Deray lors du tournage de Trois hommes à abattre à Trouville en François Truffaut lors du tournage de La Chambre verte à Honfleur en Photos Y. Robert. 26 LE PAYS D AUGE / N 5 l obligation pour le bénéficiaire de l aide de participer à des actions culturelles en Normandie. L attribution des aides est sélective, les projets sont soutenus sur des critères artistiques et doivent présenter un intérêt significatif pour la Région. Le Bureau d accueil de tournages Ce service est chargé d assurer un meilleur recours aux ressources de la région et d encourager le développement de l activité cinématographique et audiovisuelle en Normandie. Gratuit, il apporte un soutien logistique aux sociétés de production (soutenues ou non par le fonds d aide) qui souhaitent implanter leur tournage en répondant à tout type de demande concernant la recherche de lieux de tournage, de contacts d administrations locales ou de prestataires, le recrutement de professionnels - techniciens du cinéma et comédiens - l organisation de casting de figurants sur le territoire Parmi les aides financières évoquées plus haut, les aides dites «à la production» ont pour contrepartie l obligation pour la société qui en est bénéficiaire de dépenser un pourcentage de la subvention en Normandie, ce qui se concrétise généralement par un nombre de jours de tournage sur le territoire. L accueil de tournage fait gagner un temps précieux aux productions et les tournages accueillis sur le territoire permettent à la collectivité de bénéficier

29 de retombées économiques, culturelles, médiatiques et touristiques qu ils génèrent. Parmi ces dépenses réalisées sur un territoire, celles dans l hôtellerie ou la restauration sont inévitables, mais le recrutement de professionnels en région n est pas toujours évident, pour des raisons artistiques et techniques ou par méconnaissance du réseau en région. L emploi étant un enjeu important, un travail de recensement des professionnels de la région est effectué via une base de données numérique - la Base TAF (Techniciens, Artistes et Figurants) dont l inscription se fait sur le site de Film France, tête de réseau des Bureaux d accueil de tournages en France - pour valoriser ces compétences et ressources humaines du territoire. La Base TAF permet à l accueil de tournages de mettre à disposition contacts et CV mis à jour de professionnels et de figurants sur demande. D autres dépenses se font sur la location de lieux de tournage, patrimoine bâti ou non bâti de la région, que le service valorise via une base de données consultable aussi sur le site de Film France. La région Normandie est une région attractive pour les tournages. Elle n est pas loin de Paris et elle possède un littoral important avec des plages nombreuses et variées. Le Pays d Auge est un des secteurs qui en accueille le plus. Il est beaucoup plébiscité pour son littoral, ses casinos et ses grands hôtels de luxe qui peuvent à la fois servir de décor ou d hébergement. Le Pays d Auge intérieur est un peu moins sollicité. Toutefois, Lisieux a été le cadre du film Populaire réalisé par Régis Roinsard avec Romain Duris, Deborah François et Bérénice Bejo. Produit en 2012, ce long métrage n a pas demandé d aide financière à la région, mais a généré plus de euros de dépenses sur le territoire en dix jours de tournage. Le Pôle régional d éducation artistique et de formation au cinéma et à l audiovisuel, connu sous le nom «action à l image» Le Pôle régional conçoit, coordonne et accompagne des actions et des dispositifs de transmission du cinéma, en partenariat avec des institutions et structures éducatives, culturelles et sociales de Normandie, sur les départements Calvados, Manche et Orne. Par cinéma, on entend toutes formes d écritures avec des images animées : l ambition du Pôle est de sensibiliser les publics les plus larges à la diversité artistique et culturelle de la production cinématographique. Les projets du Pôle s appuient sur l intervention de professionnels choisis pour leurs qualités artistiques et pédagogiques, leurs singularités : réalisateurs, techniciens, critiques, historiens, etc. Longs métrages tournés en Pays d Auge de 2005 à 2016 Iris de Jalil Lespert - 1 jour de tournage à Tourgéville Numéro Une de Tonie Marshall - 5 jours de tournage à Deauville, Houlgate, Trouvillesur-Mer Sparring de Samuel Jouy - 13 jours de tournage à Deauville, Honfleur The happy prince de Rupert Everett - 4 jours de tournage à Deauville, Englesquevilleen-Auge, Pennedepie, Trouville-sur-Mer Une vie de Stéphane Brizé - 38 jours de tournage à Le Mesnil-sur-Blangy, Le Pin, Les Authieux-sur-Calonne, Pierrefitte-en-Auge La femme de l Armateur de Nicolas Boulenger - 15 jours de tournage à Deauville, Honfleur, Saint-Pierre-Azif, Trouville-sur-Mer La loi du marché de Stéphane Brizé - 1 jour de tournage en décembre à Bénervillesur-Mer Le tournoi de Elodie Namer - 16 jours de tournage à Deauville Mon roi de Maïwenn - 2 jours de tournage à Deauville D-Day, Normandie 1944 de Pascal Vuong - 9 jours de tournage dont MervilleFranceville Les yeux jaunes des crocodiles de Cécile Telerman - 3 jours de tournage à Trouvillesur-Mer A coup sûr de Delphine de Vigan - 2 jours de tournage à Cabourg Attila Marcel de Sylvain Chomet - 3 jours de tournage à Trouville-sur-Mer Guillaume La jeunesse du Conquérant de Fabien Drugeon -18 jours de tournage dont Clarbec Hôtel Normandy de Charles Nemes - 25 jours de tournage à Deauville, Trouville-surMer Le cœur des hommes 3 de Marc Esposito - 4 jours de tournage à Cabourg Malavita de Luc Besson - 38 jours de tournage à Sainte-Foy-de-Montgommery, Gacé, Le Sap Mes séances de lutte de Jacques Doillon - 30 jours de tournage à Courtonne-lesdeux-Églises Paulette de Jérôme Enrico - 3 jours de tournage à Cabourg, Deauville Intouchables de Eric Toledano et Olivier Nakache - 2 jours de tournage à Cabourg Ma bonne étoile de Anne Fassio - 15 jours de tournage à Bénerville-sur-Mer, Cabourg, Deauville, Trouville-sur-Mer Populaire de Regis Roinsard - 10 jours de tournage à Le Mesnil-Guillaume, Lisieux, Ouilly-le-Vicomte, Villers-sur-Mer, Vimoutiers Turf de Fabien Onteniente - 7 jours de tournage à Cabourg, Dozulé, MervilleFranceville, Le Sap Un enfant de toi de Jacques Doillon - 8 jours de tournage à Cabourg, Varaville Sport de filles de Patricia Mazuy - 14 jours de tournage à Saint-Gatien-des-Bois, Gacé Angèle et Tony de Alix Delaporte - 37 jours de tournage dont Lisieux, Pont-l Évêque Coco avant Chanel de Anne Fontaine - 10 jours de tournage à Cabourg, Deauville, Merville-Franceville-Plage, Trouville-sur-Mer Mesrine : l ennemi public n 1 de Jean-François Richet - 5 jours de tournage à Deauville, Trouville-sur-Mer Agathe Cléry de Étienne Chatiliez - 10 jours de tournage à Gonneville-sur-Mer Ce soir, je dors chez toi de Olivier Baroux - 3 jours de tournage à Bénerville-sur-Mer Disco de Fabien Onteniente - 5 jours de tournage à Trouville-sur-Mer Night and day de Hong Sang-Soo - 2 jours de tournage à Trouville-sur-Mer Changement d adresse de Emmanuel Mouret - 3 jours de tournage à Trouville-surMer In-Sect de Jude Bauman -10 jours de tournage à Lisieux La disparue de Deauville de Sophie Marceau - 12 jours de tournage à Deauville Le cœur des hommes 2 de Marc Esposito - 5 jours de tournage à Cabourg On va s aimer de Ivan Calbérac - 3 jours de tournage à Houlgate, Villers-sur-Mer N 5 / LE PAYS D AUGE 27

30 DOSSIER PAYS D AUGE ET CINÉMA Les actions prennent des formes diverses, de la découverte des œuvres et de la rencontre avec des artistes à la pratique artistique. Parmi les aides financières évoquées plus haut, les aides à l écriture de long métrage ont pour contrepartie l obligation pour l auteur ou le producteur qui en sont les bénéficiaires de participer à différentes actions culturelles qui seront développées spécifiquement pour un public et en rapport avec le projet. Depuis 2012, le Pôle s est associé avec l Université de Caen pour l ouverture de masters «Métiers de la production cinématographique et audiovisuelle», avec la Maison de la Recherche en Sciences Humaines et UFR de géographie et, enfin, avec l Ecole supérieure du Professorat et de l Education de Normandie le tout dans le souci d une éducation artistique et culturelle. Les projets Passeurs d images, soutenus par le Pôle, sont destinés à mettre en place des actions en direction de publics qui sont éloignés de toute offre culturelle de ce type : quartiers prioritaires, milieu rural, milieu hospitalier et milieu pénitentiaire. Lorsque nous écrivions ces lignes, l actualité de la Maison de l Image en Normandie était la suivante : Le 5 juillet au cinéma Majestic de Lisieux était présenté le film Saint-Désir, film de Caroline Detournay et Paulina Pisarek. Cette fiction documentaire a bénéficié de l aide à la production et à l écriture de la Région Normandie en partenariat avec le Centre National du Cinéma et de l image animée et en collaboration avec la Maison de l Image Basse-Normandie. De nombreux tournages ont eu lieu depuis début 2017, dont le prochain long métrage de Philippe Le Guay, Normandie Nue, avec François Cluzet Pour chaque tournage, le site de la Maison de l Image souligne le nombre de jours de tournage et les lieux : pour 2016, 96 jours pour les longs métrages, 33 pour les fictions TV et 15 pour les courts métrages soutenus, laissant supposer que l activité cinéma en Normandie est une activité aux ressources économiques essentielles pour cette région. Jean BERGERET Robert SANZEY Luc Besson, lors du tournage de Malavita au Sap. EuropaCorp Le Château de Morainville au Mesnil-sur-Blangy lors du tournage Une Vie de Stéphane Brizé. TSproduction. 28 LE PAYS D AUGE / N 3

31 PAYS D AUGE ET CINÉMA DOSSIER Rencontre avec... Didier Mayeur Président de l Association pour le cinéma (APC) - Lisieux Quels sont les objectifs et les missions de l APC? L idée de départ était de montrer des films qu on ne verrait pas autrement à Lisieux en promouvant le cinéma d art et essai français et étranger, c est-àdire un cinéma d auteur, un cinéma de qualité ; mais aussi de lui relier d autres activités culturelles (peinture, musique, théâtre, littérature, bande dessinée, sculpture...), en travaillant en synergie avec des associations, des maisons de quartiers et des établissements scolaires qui proposeraient des matinées ou des soirées ayant pour support le cinéma. Etes-vous le fondateur de cette association? Non, elle a été créée en 1978 par André Lucas qui était professeur agrégé de lettres classiques au Lycée Gambier. En 1980, je suis arrivé dans cet établissement pour un remplacement. En 1986, j ai été nommé professeur d allemand et de Lettres modernes, poste que j ai occupé jusqu à ma retraite en J avais immédiatement adhéré à cette association qui projetait un film d auteur une fois par mois au cinéma Royal. Par ailleurs, elle proposait régulièrement des projections suivies de débats à la MJC d Hauteville. Puis, Jean-Fabrice Reynaud, très ouvert au cinéma d auteur, a racheté le Majestic et établi une relation de confiance avec André Lucas, tous deux étant persuadés qu ils pouvaient faire vivre autrement la culture à Lisieux. Quand André Lucas s est retiré - et après quelques péripéties qui ont entraîné un certain flottement - il m a été demandé, en 1998, de reprendre la présidence de l APC. D où vous vient ce goût pour le cinéma? Lorsque j étais enfant, mon père prenait beaucoup de photos et réalisait des films en Super8. Par ailleurs, dès l âge de 8 ans, j allais au cinéma tous les jeudis après-midi au Club Junior des cinémas Berthier ou Marcadet, à Paris, qui appartenaient à ma marraine. Ensuite, lorsque j étais lycéen puis étudiant, j ai fréquenté assidûment divers cinéclubs. Et dès l adolescence, mon père m a prêté sa caméra et m a appris à monter les films. Avez-vous partagé cette passion avec vos élèves? Evidemment. Dès le début de mon affectation à Lisieux, j ai intégré l image à mes cours car le cinéma est une fenêtre ouverte sur le monde. Je leur ai projeté des films en 35mm (Crin blanc...). Puis, fin 2000, dans le cadre du plan de Jack Lang «Ecole, collège et lycée au cinéma», j ai animé à l IUFM une formation intitulée L image comme support pédagogique. Ce qui m a permis de projeter un film par trimestre tout en travaillant sur les couleurs, l histoire, la géographie, les légendes... Cela a très bien fonctionné car les élèves voyaient le film avec un autre regard. J ai également pu acquérir un matériel miniaturisé, beaucoup plus facile à utiliser que les gros caméscopes. Ainsi, j ai pu filmer les élèves lors de voyages pédagogiques en Angleterre, Allemagne et Italie pour ensuite en restituer les N 5 / LE PAYS D AUGE 29

32 DOSSIER PAYS D AUGE ET CINÉMA images à leurs parents. Par ailleurs, j ai créé un atelier vidéo et réalisé plusieurs films avec les collégiens qui en écrivaient également le scénario. L un des premiers racontait l histoire d un chien enlevé par des martiens... Ensuite, André Lucas, avec l intervention de Rémy Vannoni au montage sur ordinateur, a mis en place une option légère cinéma-audiovisuel (CAV) destinée aux lycéens. Notre premier film, Histoire d amour, a été réalisé avec un père d élève ayant une entreprise de films industriels. Comment avez-vous œuvré après votre reprise de la présidence de l APC? A partir de 1998, l association a programmé chaque semaine au Majestic - d abord en deux séances, puis trois à présent (les jeudis, vendredis et lundis) - un film différent, toujours en version originale sous-titrée. Elle a proposé des soirées à thème autour d autres disciplines artistiques : la musique (Potemkine d Eisenstein avec l Orchestre de BasseNormandie...), la peinture (Rembrandt, Van Gogh... avec la participation de Benoît Noël, historien d art). Elle a également mis en place une à trois soirées présentant le cinéma venant des villes jumelées avec Lisieux (Taunton en Angleterre, Mogliano-Veneto en Italie et Saint-Georges-de-Beauce au Québec) ; mais aussi des soirées relatives à l Espagne (film de Tony Gatlif suivi d un concert du groupe La Tuna), le Japon (film de Shohei Imamura suivi par la cérémonie du thé et une exposition de kimonos...). Outre la découverte de différents pays, abordez-vous d autres thèmes? L APC a organisé plusieurs projections pour les lycéens des classes terminales de Gambier, Cornu, Les Rosiers. Toujours prolongées par des débats, ces soirées ont traité de sujets d actualité et de société tels que la peine de mort, le trafic d enfants, les migrants, la condition de la femme, l autisme, l accompagnement en fin de vie, l agriculture biologique... Pour chaque débat, nous avons fait appel à des spécialistes : le collectif lexovien des droits humains, des juristes, des thérapeutes... Invitez-vous parfois des réalisateurs ou des comédiens? Oui, bien sûr. Parmi les cinéastes, nous avons accueilli Solveig Anspach, Agnès Varda, Richard Bohringer, Bruno Romy, Alain Cavalier... Quant aux comédiens, nous avons reçu Ludivine Sagnier, Aurélien Recoing, Marilyne Canto, Agathe Bonitzer, Isild Le Besco LE PAYS D AUGE / N 3 Participez-vous à des actions nationales en faveur du cinéma? Chaque année au mois de janvier, nous participons au festival Télérama/AFCAE. Nous choisissons un film parmi les quinze sélectionnés et le projetons quatre fois par semaine au tarif réduit de 3,50 euros. Et, cette année, lors des vacances de la Toussaint, nous lancerons le festival Les 400 Bobines en partenariat avec le Pôle muséal, l Agglomération, le Majestic, le lycée Gambier et les écoles primaires. Huit films d animation et de fiction consacrés à l enfance et à l adolescence seront projetés pendant trois jours et seront agrémentés de diverses interventions et animations. Avec quels critères établissez-vous votre programmation? Nous obéissons à une logique culturelle et non à une logique marchande. Nous choisissons les films de plusieurs façons, soit après les avoir vus à Paris ou à Caen (au Café des Images ou au Lux) lors de leur sortie, soit après les avoir visionnés sur DVD. Par ailleurs, nous sommes abonnés à trois revues (Positif, Cahiers du cinéma, Studio) et écoutons l émission Le Masque et la Plume. Et, avec notre expérience, nous savons que les Lexoviens préfèrent le cinéma asiatique au cinéma indépendant américain. D où viennent les spectateurs? Principalement de Lisieux et des environs mais également d Orbec ou de Trouville. Parmi les membres de l APC, y a-t-il des jeunes? Oui. Deux anciennes lycéennes de Gambier participent activement à la vie de l association. L une d elle vient d ailleurs d être reçue à l école Louis Lumière. Deux autres jeunes qui travaillent à la médiathèque les ont rejointes cette année. Ce sont d excellents relais car les réseaux sociaux n ont aucun secret pour eux. Quelques moments forts au cours des dernières années? Il y en a eu beaucoup mais pour n en citer qu un, je choisirai la présence de Jérôme Garcin qui nous a fait le plaisir de diffuser Le Masque et la Plume en direct du Majestic pour les vingt-cinq ans de l APC. Presque une consécration! Propos recueillis par Christine VAN DAELE

33 PAYS D AUGE ET CINÉMA DOSSIER Claude Lelouch et le Pays d Auge portrait sensible Nous avions rendez-vous à Deauville dans un café. Il avait plu toute la nuit et le ciel était gris, mais de ce gris qui laisse du blanc et du bleu par trouées. Claude Lelouch, assis derrière un café mousseux, nous attendait. «Il y a trois lieux que j aime particulièrement, la Normandie, Paris et l atelier de Beaune en Bourgogne, créé depuis trois ans et où je forme une douzaine voire 13 apprentis aux métiers du cinéma. J y suis très attaché. Je choisis des jeunes curieux, plutôt autodidactes, pour qu ils réalisent leur désir de cinéma, car je crois à cette idée : à chacun sa vie. Mes liens avec la Normandie sont anciens. Ma mère était originaire d Ifs près de Caen, ma petite enfance est pleine de souvenirs de vacances à Villers-sur-Mer, considérée alors comme une plage pour gens modestes, rien à voir avec Deauville! Mais j avais une passion pour les falaises des Vaches noires, je passais des après-midi à grimper sur les escarpements souvent dangereux et au risque d accidents. Souvent, je passais devant une belle propriété à Auberville. Et je m étais dit : «Si je peux plus tard, cette maison sera à moi». Et voyez comme la vie peut accéder à vos souhaits. A la recherche d une maison en 1968, je me rends à Auberville, rencontre le propriétaire qui venait de décider la veille de vendre sa maison. Je l ai achetée aussitôt et j y viens souvent comme d ailleurs mes enfants qui en ont fait la leur. C est facile de venir à Auberville ou à Deauville, en voiture, car le train me contraint à des horaires alors qu en voiture je suis totalement libre de mon emploi du temps et de mon itinéraire. J ai toujours aimé la Normandie, je peux même dire que j en suis amoureux. J aime ce climat «qui fait fuir les imbéciles». L alternance des temps, les changements de lumière, la succession improbable d un ciel bleu après la pluie et un orage sont peut-être la cause de mon attachement naturel à ce pays. Comme les peintres, j y trouve un vrai plaisir. Le goût pour la lumière normande vient peut-être du mélange des choses, le soleil, la pluie, le soleil, la brume et leur recomposition incessante. Si j ai tourné, en 1965, Un homme et une Femme à Deauville c est avant tout à cause de la lumière. Elle était là pour envelopper une histoire pleine de nostalgie et d intemporalité. Aujourd hui encore le film a gardé ces deux qualités ce qui assure toujours son succès. Venir un week-end en Pays d Auge équivaut à une remise en forme. Inutile d aller à la pharmacie, après deux jours, tout va bien. Le Pays d Auge est une des belles campagnes de France. Je l ai parcouru à vélo et connaît ses vallons et ses vallées, même si, aujourd hui, je ne fais plus autant de vélo. J ai une passion pour les vaches, leur grand calme me donne le sentiment qu elles font du yoga. Je peux les contempler longtemps. Et puis, il y a les chevaux, le Pays d Auge des haras qui tiendra une place importante dans le cadre de mon prochain film. Mon grand plaisir à Deauville est d aller entre 6h et 7h du matin assister au galop d entraînement des chevaux. Il y a là de 200 à 300 chevaux qui courent, s ébrouent, c est un spectacle somptueux que je ne voudrais pas manquer. Le champ de course m intéresse moins. D ailleurs, je crois que j aime tout ici, les pommiers et les pommes, boire un verre de cidre, le beurre, les fromages, j aime tout. Pourtant, mon plat préféré c est le couscous. Mon père était originaire d Algérie, mais, quand je suis ici, je me régale de poissons et particulièrement de maquereaux, un poisson fabuleux que je privilégie à la sole. Quand N 5 / LE PAYS D AUGE 31

34 DOSSIER PAYS D AUGE ET CINÉMA j avais l hôtel de Tourgeville, j avais un bateau de pêche pour fournir le restaurant. Cela n a pas duré. Plusieurs de mes films ont eu pour cadre le Pays d Auge, Toute une vie, Hazard et coïncidences, Edith et Marcel entre autres, mais la Normandie apparaît dans bien d autres films. Le prochain se situera dans le cadre des haras augerons, une histoire qui commencera en 1937 et s achèvera aujourd hui, un récit de 80 années, le même temps que le mien. J ai fondé ma société de production en Elle s appelle Film 13 : fondée le 13 avril, 13 lettres à mon nom et un contrat signé à 13 h. Ces coïncidences successives étaient comme un signe, le chiffre 13 m a été et m est toujours bénéfique. Depuis j ai produit, environ, 46 films comme metteur en scène et 10 à 15 en tant que producteur. La société compte plus de 70 films à son catalogue. Un homme et d une femme, couronné par 47 récompenses, a fait connaître Deauville en Amérique, car les Américains ne connaissent que l Amérique. Mais le succès du film appartient aux miracles qu il ne faut pas analyser. Ce fut et c est toujours un succès. Je suis tout à fait favorable aux nombreux festivals de cinéma qui se déroulent en Normandie et particulièrement dans le Pays d Auge, ils font aimer le cinéma et leur diversité ajoute un attrait. Le festival du cinéma américain est devenu une institution. En Jean-Louis Trintignant, Anouck Aimée et Claude Lelouch sur la jetée à Deauville lors du tournage d Un homme et une femme, 20 ans déjà, LE PAYS D AUGE N 5 / N , j avais ouvert le festival par la présentation de mon film Les Parisiens, un clin d œil puisque ce festival est voué aux auteurs d outre-atlantique, mais, d un autre côté, Deauville est considérée comme le 21e arrondissement! Un prolongement de Paris! Le Club 13 de Tourgeville a été transformé. Désormais trois manoirs accueillent des écrivains qui travaillent pour le cinéma et souhaitent séjourner en Normandie. Mais j ai fait réaliser par Le Gosles, architecte du CID de Deauville, l une des plus belles maisons du monde : un manoir rond, pour que le soleil et la lumière tournent autour de la maison avec au centre une piscine, la propriété est entourée par un golf. Un rêve devenu réalité. J ai le sentiment en étant ici que la terre est un paradis et que la bêtise humaine l a transformée en enfer». Le café était fini, nous avions rencontré un homme passionné et passionnant qui avait eu le grand bonheur de réaliser ses rêves, et qui en parlait avec une belle simplicité. Nous étions sous le charme de cette rencontre! Propos recueillis par Françoise DUTOUR et Robert SANZEY

35 Rencontre avec... Bruno Coulais Bruno Coulais est le grand compositeur de musiques de films que l on sait, maintes fois récompensé. Sous sa plume inventive sont nées les musiques de Himalaya, Microcosmos, Belphégor, Les Choristes, Les Adieux à la Reine, Gemma Bovary ou encore Le chant de la mer, etc. A la rentrée, il signera une nouvelle partition pour le film La Mélodie (sortie en salle en novembre). L année 2018 le verra dans notre Pays d Auge afin de répondre à une commande du festival Les Promenades Musicales du Pays d Auge. Pour le centenaire de la mort de Claude Debussy, Bruno Coulais évoquera l atmosphère de notre région avec l intention de rendre compte musicalement des beautés lumineuses de la terre augeronne. Cette œuvre sera créée en mai 2018 à la cathédrale de Lisieux par les élèves des classes à horaires aménagés musique (CHAM) de Lisieux, Orbec, Alençon (61) et Saint-Saëns (76) ainsi que par l Orchestre Régional de Normandie, tous placés sous la direction de Jean Deroyer (deux concerts à Alençon et Saint-Saëns suivront cette création). Mené en collaboration avec le Conservatoire de Lisieux, ce projet, lié aux célébrations nationales qui rendront hommage au grand compositeur, trouve son origine à Orbec où Debussy composa ses fameux Jardins sous la pluie, et à Houlgate, où de nombreuses photos attestent qu il venait en villégiature avec sa fille Chouchou. En octobre prochain, Bruno Coulais remettra sa partition à ses commanditaires mais aussi aux élèves, aux professeurs et aux musiciens afin qu ils se mettent au travail. Cette rencontre aura lieu à Lisieux, au cinéma Le Majestic, avec la bienveillante participation du ciné-club de Lisieux (projection du film Himalaya et rencontre avec Bruno Coulais à l issue de la projection). En attendant ces évènements, nous avons pu rencontrer Bruno Coulais et lui poser quelques questions sur la musique et le cinéma. Quand il s agit d évoquer le cinéma et le Pays d Auge, je pense immédiatement à Honfleur, à Erik Satie et à la partition qu il écrivit en 1924 pour le film de René Clair, Entracte, période charnière pour le cinéma, juste avant l apparition du parlant en La musique se jouait en direct, devant le film projeté, soit improvisée, soit écrite. Avez-vous déjà pratiqué l improvisation sur le vif? Non, je le confesse. Je suis assez réfractaire à l idée de créer des musiques sans demander rien à personne, surtout au créateur du film. A partir du moment où il n y a pas d accord ou de discussion entre le compositeur et le metteur en scène, on se trouve face à une intrusion qui me gêne. L absence de relation entre les deux créateurs, musique et cinéma, me dérange. Pour moi, improviser pendant la projection embourgeoise le film. C est, à mon avis, trahir le film, c est donner son avis sur une création à laquelle on n a pas participé. Cela me paraît un peu nécrophage et ne m intéresse pas. Mais quand vous regardez Chaplin? Quand c est sur un DVD ou sur Youtube, je baisse immanquablement le son. L image me suffit et s il y a musique, ce sera la mienne, celle qui tourne dans ma tête. A l extrême limite, j apprécie l improvisation en direct, mais quand c est enregistré, non! Pour moi, il y a comme une réécriture du film, contraire au projet initial. L improvisation fait-elle partie de votre mode d écriture? Préparatoire ou enregistrée de manière définitive Non. Pour ma part, je pratique très peu l improvisation. Il m arrive de travailler avec des musiciens qui, par leur mode de jeu, travaillent sans partition, sans lecture d un support écrit, mais je les guide toujours, je ne leur laisse pas la bride sur le cou. Je leur chante la mélodie, tout en essayant bien évidemment de m approprier leur style, au niveau de l ornementation par exemple. Il peut arriver que le style du musicien soit si particulier que je le laisse entièrement libre (je pense à Miles Davis et Ascenseur pour l échafaud qu il aurait été incongru de déranger), mais c est très rare. J ai toujours besoin d orienter son inspiration afin de la mêler au mieux avec la mienne. Composer une bande-son, c est donc écrire avec une très grande précision ; précision que n avait pas Satie lorsqu il écrivit Entracte puisque l œuvre est jouée en direct devant le film sans le calage de la bande enregistrée. Malgré cela, Satie est-il, et dans quelle mesure, un véritable compositeur de musique de film? Pour Satie, je perçois sa musique comme de la musique pure. Je ne l associe pas aux images. Sa musique est formidable, il y a des idées géniales d orchestration, mais je ne la perçois pas du tout comme une «musique de film». C est une symphonie à elle seule qui me suffit, sans les images. C est pareil pour l Histoire du Soldat de Stravinsky, par exemple, je ne cherche pas à savoir ce qui se raconte sur la musique. Egalement pour la musique de ballet ; qu importe l argument, c est la musique qui m intéresse N 5 / LE PAYS D AUGE 33

36 DOSSIER PAYS D AUGE ET CINÉMA Quelles sont vos premières expériences liant la musique et le cinéma? Comment en êtesvous arrivé à devenir compositeur de musiques de film? Par hasard. Enfant, le cinéma ne m intéressait pas du tout. Puis, à environ dix-huit ans, je faisais un stage dans un studio et j ai rencontré là des personnages très importants du cinéma ; surtout François Reichenbach, qui m a demandé une première musique pour lui, puis une seconde, et tout est parti très vite. J ai tout de suite pris goût à cette manière de faire vibrer la musique en rapport avec l image. Et, ce qui était formidable, j ai tout de suite eu à ma disposition des moyens techniques parfaits. J avais des orchestres à ma disposition et j ai pu donner libre cours à tout mon imaginaire. Bien évidemment, cela m a amené au cinéma et je suis devenu assez rapidement cinéphile. Toutes ces projections m ont ouvert sur le monde. Et de composer avec des musiciens de tous pays m a permis de sortir de ma chambre où, il est vrai, je travaillais beaucoup. Il y a chez vous de belles mélodies avec de belles harmonies, bien évidemment, mais aussi une véritable recherche sonore, une exploration du son pour apporter des couleurs de timbres nouvelles. Comment procédez-vous pour inventer toute cette palette? Y a t-il dans votre travail une phase expérimentale? En effet, ce travail sur le son me passionne. Le cinéma est un véritable champ expérimental pour le compositeur. Il y a la recherche du son lui-même mais également le travail avec toutes les sources qui le produiront. Les pierres, les branches ou toutes sortes d objets me permettent d inventer de nouvelles palettes. J essaye toujours les références idoines pour trouver un univers musical qui s accorde au mieux avec le film. - Debussy et Chouchou à Houlgate. - Debussy a Houlgate. - Affiche du film Himalaya. - Affiche du film Les Choristes. Un élément également très important de votre travail se situe dans la compagnie de musiciens d autres cultures musicales. Là aussi, j imagine que vous passez un temps précieux en rencontres, en écoutes mutuelles C est toujours passionnant de travailler avec d autres artistes, possesseurs d une technique particulière ou d une tradition séculaire. Ils ont toujours quelque chose à nous apprendre, à nous transmettre, des richesses incroyables à nous offrir. Le cinéma permet cet échange étonnant avec les musiques extra-européennes, en effet, mais aussi avec toutes sortes de musiques traditionnelles européennes. Les Choristes Vous avez écrit là une musique qui dépasse le cinéma. Ce fut, et c est toujours, un véritable phénomène social. La musique dépasse le film Etes-vous conscient 34 LE PAYS D AUGE N 5 / N 3 d avoir créé par cette œuvre un engouement national pour le chant choral? Les Choristes sont une musique simple et à aucun moment j ai pensé que cela pourrait avoir un tel succès. C est une musique populaire qui a en effet touché beaucoup de monde. Au début, le succès de cette partition me dérangeait. J ai beaucoup aimé faire ce film mais je pensais vraiment que cela ne pouvait pas intéresser tant de monde. Et puis j ai fini par accepter le succès de ces chansons. Et je suis maintenant fier qu elles aient pu inciter tant de monde à fréquenter toutes sortes de chorales. Vous travaillez actuellement à une commande des Promenades Musicales du Pays d Auge : une œuvre non cinématographique pour chœur d'enfants et orchestre qui évoquera Claude Debussy et sera créée en mai 2018 à Lisieux. Nous savons que Debussy écrivit ses Jardins sous la pluie à Orbec et qu il vint avec Chouchou, sa fille, en villégiature à Houlgate. Avez-vous quelque part dans votre tête un film qui se déroule en écrivant cette musique? Debussy a réinventé l orchestration, voilà ce qui m intéresse, avec l idée de retrouver des sons et des atmosphères qui concordent ou coïncident avec ce qu il désirait transmettre. Le film que j ai dans la tête, ce n est pas celui qui raconte une histoire, c est celui de la nature et de son foisonnement d images. Ce que je recherche, c est le film que Debussy a tant aimé transcrire avec son génie, celui des lumières normandes, des variations de tons, un peu à la manière d une aquarelle, avec des fonds sublimes et une liberté de palette extraordinaire. On peut également penser à Eugène Boudin, qui transposa si parfaitement les cieux normands. Debussy disait, comme une boutade, qu il était plus important d écouter les sons de la nature qu une symphonie de Beethoven ; c est ce que je pense aussi en écrivant cette œuvre. La narration d un film m importe peu ; c est le climat qu il génère qui m intéresse, son côté secret. C est l aspect subjectif de la perception qui me guide. Il faut faire vibrer la musique comme la lumière. Et la Normandie en est riche, le Pays d Auge en particulier. Avez-vous plus de liberté à écrire sans images? Un peu. Mais il est toujours très intéressant de trouver sa liberté avec les contraintes. Là, pour cette œuvre, je suis content de pouvoir gambader plus librement. Je suis ravi de cette respiration qui change un peu des minutages extrêmement précis des bandes-son, auxquelles je suis cependant toujours très heureux de retourner. Mais le Pays d Auge m offre là une plage de rêve que je savoure avec bonheur, une manière de vivre ce magnifique pays par le prisme debussyste. Propos recueillis par Emmanuel PLEINTEL

37 JOSIAS BÉRAULT ( ) Josias Bérault ( ) L hommage d Orbec à l orfèvre de la coutume Le 23 octobre 1927, la ville d Orbec était le théâtre d une cérémonie, sinon insolite, du moins inhabituelle, et elle l était à maints égards (1). Elle l était tout d abord à raison des personnalités présentes : le sous-préfet, le maire d Orbec et sa municipalité, la municipalité de La Vespière, le juge de paix d Orbec, le curé-doyen, le doyen de la faculté de droit de Caen et trois professeurs de droit (2), le bâtonnier de l Ordre des avocats au barreau de Rouen et les présidents de plusieurs sociétés savantes (3). Elle l était également à raison de l objet de la manifestation. D epuis la Révolution, la halle au blé occupait l ancien chœur du couvent des Augustines. Elle devait être démolie (4). A quelques temps de là, et sur la base de précieux renseignements collectés par les historiens, des fouilles avaient été pratiquées. Des restes mortuaires (5) avaient été mis au jour. L évêque avait autorisé qu ils fussent déposés dans l église Notre-Dame. Et l on était réuni pour célébrer la translation de ces ossements. Cérémonie inhabituelle encore à raison de l apparat déployé : déjeuner à l hôtel de l Equerre, discours à la halle au blé, procession, clergé en tête et professeurs en robe rouge derrière le char funèbre, panégyrique, chants de la maîtrise de la cathédrale de Lisieux, morceaux d orgue, absoute, apposition d une plaque sur un pilier du bas-côté nord de l église Notre-Dame. Effet de contraste enfin : frappée d horreur, d une horreur qu atténuait difficilement l honneur de la victoire, l époque pleurait ses milliers de morts, ceux de la Grande guerre, souvent des proches, et que pouvait bien représenter ce transfert de quelques osse(1) Les échos du Calvados, de l Eure et de l Orne. Journal d Orbec publie trois articles sur l événement : «Translation et réinhumation de Josias Bérault», 26 octobre 1927, p. 1 ; «Translation et réinhumation de Josias Bérault. Compte rendu (suite)», 2 novembre 1927, p. 1 ; «Translation et réinhumation de Josias Bérault. Compte rendu (suite)», 16 novembre 1927, p. 23. Le premier numéro publie le discours du comte de ColbertLaplace, président de la Société d études historiques d Orbec et de H. Pellerin. Le deuxième publie le discours de M. Le Verdier, président de la Société d histoire de Normandie, lu par M. Yver. Le troisième publie le discours du professeur Genestal. Le Lexovien consacre trois articles à l événement : «Orbec, société historique», 19 octobre 1927, p. 2 ; «La translation et réinhumation de Josias Bérault à Orbec», 26 octobre 1927, p. 2 et 3 et 29 octobre 1927, p. 1 reproduisant une gravure représentant J. Bérault. En ce qui concerne la presse nationale, v. «Un vieux juriste normand», Le Temps, 29 octobre 1927, p. 4 ; «La Mémoire de Josias Bérault», Journal des débats politiques et littéraires, 1er novembre 1927, p. 3. (2) Les professeurs de droit présents sont le doyen Nézard et les professeurs Astoul, Genestal et sans doute Bridrey. Si certains journaux font état de trois professeurs, d autres n en mentionnent que deux. La présence de Ch. Astoul et de R. Genestal paraît assurée. Celle de E. Bridrey l est moins. En revanche, il faut signaler la présence de Jean Yver, à l époque chargé de cours. Jean Yver, élève de Genestal, a été lui aussi professeur d histoire du droit à la Faculté de droit de Caen, spécialiste du droit normand ancien et de la géographie coutumière. V. notamment Droit privé et institutions régionales. Etudes historiques offertes à Jean Yver, PUF, (3) La Société d études historiques d Orbec a eu un rôle décisif dans la mise sur pied de la cérémonie. Elle a été créée en A l origine, elle a eu pour président le comte de Colbert-Laplace, pour secrétaire général, H. Pellerin, et pour trésorier, R. Vastine. (4) La municipalité a décidé de détruire la halle au blé pour édifier un théâtre. (5) Les ossements retrouvés et identifiés comme étant ceux de J. Bérault ont permis à un spécialiste de les attribuer à un homme de 1,75 m. environ, de forte corpulence. Aux côtés de ces ossements, ont été retrouvés ceux de Renée Le Marchand, son épouse. Les fouilles ont également permis l exhumation de restes appartenant à deux autres personnes dont une religieuse des Dames augustines. En 1928, au moment de la destruction de la halle au blé, sur l emplacement de laquelle on édifiera le théâtre, on a retrouvé les morceaux d une plaque funéraire mentionnant Renée Le Marchand, épouse de J. Bérault, décédée en L hôtel de l Equerre (XVe siècle). Les organisateurs de la journée du 23 octobre 1927 y réunissent vingt-huit personnalités pour un déjeuner précédant la translation des restes de J. Bérault. Etat à l époque de la cérémonie. Carte postale, coll. part N 2 / LE PAYS D AUGE 35

38 ments, issus d une dépouille déposée là il y a trois siècles? En réalité, si on avait jugé bon de donner tant de lustre à cette réunion, c est qu on rendait les honneurs à un homme d importance : Josias Bérault ( ), commentateur de la coutume de Normandie. Personnage emblématique que ce Bérault (6), pour la communauté des juristes bien sûr, mais pour la Normandie toute entière aussi, tant il est vrai que la province a toujours porté haut l attachement à son droit coutumier. Portrait de Josias Bérault, Gravure de L. Gaultier (1614) figurant en tête du commentaire de la Coutume de Normandie que Bérault a publié, et ce à compter de l édition de 1614 (Coll. D. Foussard). Cette gravure a été éditée, sous forme de carte postale, par la Société d études historiques d Orbec «en souvenir de la réinhumation dans l église d Orbec le 23 oct. 1927». La Halle au blé d Orbec (fin XIXe début XXe siècle). Carte postale coll. part. 36 LE PAYS D AUGE (6) Sur le personnage, v. A. Péron, «Biographie normande. Josias Bérault, commentateur de la coutume de Normandie», Revue de Rouen et de Normandie, 1838, p ; E. Picot, «Notice sur Josias Bérault, commentateur de la coutume de Normandie et sur le Mesnil, domaine patrimonial des Bérault», Bull. Société historique et archéologique de l Orne, 1911, p ; P. Le Verdier, Le tombeau de Maistre Richard Le Gras, Impr. A. Lainé, 1925, p. XXI et XXII ; R. Vastine, «Josias Bérault, commentateur de la coutume de Normandie ( )», Bull. de la Société historique et archéologique de l Orne, 1931, p ; R. Besnier, La coutume de Normandie. Histoire externe, Sirey, 1935, p ; V. LemonnierLesage, v Bérault, Dictionnaire historique des juristes, XIIe-XXe siècles, PUF, 2015, dir. P. Arabeyre, / N 2 J.-L. Halperin et J. Krynen. B. Hervouet, «Les commentateurs de la coutume de Normandie», Colloque Rouen, mars 2016, relatif à La coutume de Normandie. Des auteurs et des œuvres. (7) Au titre de la noblesse, les Bérault sont recensés de la manière suivante : seigneur du Mesnil et du Bois Baril, Election de Valognes, maintenus en Ils portent d azur, au chevron d or, en chef de deux roses d argent et en pointe d un coq d or, traité et barbé de gueules (E. de Magnier, Noblesse de Normandie, Librairie héraldique A. Aubry, 1862, p. 22). (8) Avocat au Parlement de Rouen, adepte de la religion réformée, il a dû, lors des guerres de religion, fuir Rouen et s installer à Caen avec plusieurs magistrats du Parlement de Rouen. (9) Lallemant, dans l édition du Commentaire, publiée en 1776, avant-propos. Une vie Au XVIe siècle, les Bérault habitent, non pas le Pays d Auge, mais le Pays d Ouche. De petite noblesse, mais de noblesse authentique (7), ils sont installés à Saint-Martin-d Ecublei, près de L Aigle. Ils vivent au manoir du Mesnil et possèdent plusieurs terres sur cette paroisse et les paroisses voisines. Au milieu du siècle, la famille comprend trois fils : l aîné, Christophe (8), appelé à devenir avocat au Parlement de Rouen, le cadet, Jean, qui devait vivre sur ses terres, et le benjamin, Josias, destiné à devenir juriste. On présume qu il a pris ses grades à l Université de Caen, avant de devenir à son tour avocat au Parlement de Rouen et de s établir dans cette ville. Un léger écart dans cette trajectoire : il a eu la velléité de rejoindre le clergé et de prendre en main une paroisse, mais le projet a vite tourné court. Il s en tiendra à une carrière de juriste. On ne sait pas très bien quelle était son activité au sein du barreau. Mais on le pressent. Sans doute a-t-il préféré les travaux savants, ceux du cabinet, aux effets et aux émois de l audience. «Il avait au Palais une grande réputation, dira-t-on au XVIIIe, mais l emploi considérable n était pas de son goût, il était né avec un penchant pour l étude auquel il ne résistait pas» (9). En , il devient magistrat tout en restant avocat au Parlement et siège à compter de

39 JOSIAS BÉRAULT ( ) La Surière à La Vespière. Connue également sous le nom de manoir du Bosc-leVicomte (voir revue Le Pays d Auge, n 12, décembre 1958, p ). cette date comme conseiller à la Table de Marbre (10). Etablie auprès du Parlement, cette juridiction connaît, soit directement, soit sur appel, des différends relatifs aux eaux et aux forêts. Il y côtoie le père de Corneille [le dramaturge est né à Rouen en 1606]. Sans que la trace en ait été conservée, on imagine aisément, est-il besoin de l ajouter, les retentissements qu ont pu avoir sur la vie de J. Bérault et son activité, les violences et les désordres qu ont provoqué, en particulier à Rouen, les guerres de religion. Vers 1623, il se retire. En 1610, il avait épousé Renée Lemarchand, une veuve, mère de plusieurs filles. La famille de sa femme est propriétaire de La Surière à La Vespière, et c est à cet endroit qu il se fixe. Il continue, dit la tradition, de consulter et poursuit ses travaux d écriture, dans le domaine du droit. Il meurt en La famille Bérault avait embrassé la religion réformée. Toutefois, J. Bérault paraît être revenu très vite vers l église catholique. Sa force de conviction, dit-on, a même provoqué la conversion de sa mère. En tout cas, il affiche à la fin de sa vie un solide attachement à la religion catholique. Ainsi, il contribue puissamment à l implantation des Dames augustines à Orbec. La fille aînée de sa femme en devient la prieure. A son décès, les religieuses offrent tout naturellement à celui qui vient de s éteindre une sépulture dans le chœur de leur église, à une place d honneur, à droite de l autel. C est à cet endroit que ses restes ont été découverts en Une autorité S il jouit de son vivant d une grande réputation, et si cette réputation lui a survécu, il le doit, moins à ses activités qu à l oeuvre unique qu il a laissée, consacrée au commentaire de la coutume de Normandie. Pour en mesurer la portée, il faut dire un mot du texte commenté. Entre le XIIIe et le XVIe siècle, la Normandie est régie par le très ancien coutumier de Normandie. C est le travail d un particulier. Mais les normands se reconnaissent pleinement dans ce texte. Ils le traitent comme si elle avait été le fait du souverain. En 1454, puis en 1497, le roi prescrit la rédaction des coutumes. La Normandie rechigne. Elle craint qu on ne malmène sa coutume et que la rédaction n ouvre la voie à une mainmise du roi et de ses légistes sur son contenu. Cent ans plus tard, on accepte néanmoins de s engager dans la voie de la rédaction. D où la coutume de 1583, qu on appelle réformée, pour bien marquer l autorité du texte ancien. C est cette coutume qui est à la base du travail de J. Bérault. Pour lui donner un cadre, il choisit le procédé du commentaire (11). Il suit, pas à pas, l ordre de la coutume. Plus tard, au XVIIIe siècle, les ouvrages de droit prendront la forme d un traité, de principes, d un dictionnaire le cas échéant. Mais le (10) V. in Dictionnaire de l Ancien régime, dir. L. Bély, v Table de marbre, et v Maîtrise et maîtrises particulières. Le père de Pierre Corneille qui nait en 1606 avait la maîtrise particulière des eaux et forêts de la vicomté de Rouen et était avocat du roi près la Table de marbre de Rouen. (11) La coustume réformée du pays et duché de Normandie, anciens ressorts et enclaves d Iceluy, 1612, 1614, 1620 et 1632, pour les éditions parues pendant la vie de J. Bérault, 1648, 1660, 1684 et 1776 pour les éditions ultérieures N 2 / LE PAYS D AUGE 37

40 jurisprudence du Parlement de Rouen. J. Bérault lui cède le premier rang. D autres auteurs viendront ensuite, et qui élargiront à leur tour le choix des usagers. Mais ni Basnage, ni ceux qui vont suivre, ne parviendront toutefois à reléguer J. Bérault dans l ombre et à le contraindre au silence. Jusqu à la fin de l ancien régime, il reste un auteur de référence. Plusieurs circonstances l expliquent. Plaque apposée en 1927 sur un pilier du bas-côté nord de l Eglise NotreDame. Photo V. Hublin. (12) J. Le Bathelier d Aviron ( 1590), auteur d un commentaire de la coutume paru en (13) J. Godefroy ( 1624), auteur d un commentaire paru de façon posthume en En 1684, puis en 1776, les éditeurs ont réuni autour du commentaire de Bérault ceux de Le Bathelier d Aviron et de Godefroy. (14) H. Basnage de Franquesney ( ). Auteur de La coutume réformée du pays et duché de Normandie expliquée par plusieurs arrêts et règlements et commentée, deux éditions du vivant de H. Basnage (1678 et 1694), et deux éditions posthumes (1709 et 1778). V. abbé Lambert, Histoire littéraire du règne de Louis XIV, T. 1, Prault, 1751, p LE PAYS D AUGE texte étant nouveau, l heure est d abord au commentaire. Le terme ne doit pas être pris au pied de la lettre. L auteur s autorise, souvent, d amples développements, de véritables dissertations, constituant l ossature d un traité. Mais son architecture reste celle du commentaire. J. Bérault n est pas le seul à s engager dans cette entreprise. Il a eu un prédécesseur (12), mais celui-ci est resté très sommaire. Il a eu un successeur (13), mais celui-là ne l a pas égalé et il lui a de surcroît beaucoup emprunté. Entre 1612, date de la première édition, et 1678, soit pendant près de soixante ans, J. Bérault, pour qui s intéresse au droit normand, occupe la première place. Ce qui justifie plusieurs rééditions du commentaire s échelonnant de 1614 deux ans seulement après la première édition - à 1660 édition posthume. C est à La Vespière qu il met au point, collectant de nouveaux arrêts pour l enrichir, l ultime édition parue de son vivant (1632). En 1678, H. Basnage (14) publie à son tour un ouvrage de la coutume. Mais son auteur a infléchi la présentation. Il s éloigne du commentaire pour s approcher du traité. Tenu en haute estime par le Parlement, car brillant avocat, proche du pouvoir pour être lié d amitié avec M. Letellier, le secrétaire d Etat de Louis XIV, Basnage écrit avec aisance, ce qui séduit ses lecteurs et place son exposé sous l égide de l histoire, ce qui avive leur curiosité en un temps où tout juriste est pétri du passé. De plus, il raisonne solidement et connaît parfaitement, par la pratique, la / N 2 Une oeuvre Le succès de J. Bérault tient déjà à la langue. Il s exprime en français et non en latin. Certes, le roi a imposé le français en 1539 comme langue des procédures judiciaires, et depuis le milieu du XVIe siècle, sous l influence des humanistes, les juristes emploient généralement la langue vernaculaire. Mais le latin est encore ponctuellement en usage parmi eux. C est une pratique dont J. Bérault entend délibérément s écarter. Toutefois, on peut décider de dire les choses en français et être abscons. J. Bérault fait le choix d être clair, en donnant la préférence aux mots ou aux formes les plus simples et d être direct, en éliminant les circonvolutions savantes auxquelles se plaisent les époques précédentes. Sa langue véhicule encore des termes ou des tournures du XVIe siècle, qui lui donnent de la saveur. Mais résolument dépouillée, épurée, elle annonce assurément les manières de faire du Grand siècle. L ouvrage est surtout remarqué pour ses qualités de fond. La première réside dans la richesse et la sûreté de l information. L auteur est toujours à l affût. Il interroge ses confrères. Il sollicite les magistrats. Il assiste aux audiences lorsqu un arrêt important est prononcé. Il dépouille les archives des greffes. Les arrêts du Parlement sont collectés, vérifiés, quant à leur contenu, quant à leur date. Lisant J. Bérault, on sait les précédents exactement relatés, scrupuleusement analysés. C est évidemment sans prix pour tous ceux qui magistrats ou avocats ont besoin de disposer d une information fiable. Source d autant plus précieuse, faut-il le souligner, qu à la différence d autres ressorts coutumiers, les recueils d arrêts, en Normandie, ont longtemps fait défaut. Enfin, travaillant sur des bases assurées, J. Bérault est connu pour faire preuve de rigueur dans le raisonnement, de prudence dans ses propositions, tout en étant capable d approches synthétiques. Essayons de voir sans entrer dans des débats techniques comment procède le juriste. A la base, c est un romaniste. Comme le veut l époque, l Université l a formé au droit romain. Le droit

41 JOSIAS BÉRAULT ( ) français législation royale et droit coutumier ne sera enseigné qu à compter de S il y a lacunes ou des dispositions contestables au sein de la coutume, le premier réflexe est de se reporter au droit romain, pour compléter ou disqualifier la règle coutumière. Mais J. Bérault prend ses distances. Il tient le droit romain en lisière. Ce n est plus une norme de référence, qui domine le droit coutumier, mais seulement un réceptacle de règles, auquel il s autorise de faire des emprunts là où c est utile. Parallèlement, il lui faut respecter, bien sûr, la législation royale. Mais il l interprète, pour la concilier, autant que faire se peut, avec les règles du droit coutumier et leurs exigences et éviter de les bousculer. D autres coutumes coexistent sur le sol du royaume. Elles peuvent à leur tour éclairer. Il les consulte de temps à autre, mais prudemment. Il serait excessif, à ses yeux, de les solliciter par trop, au point de suggérer l idée d un fond coutumier, commun aux diverses provinces du royaume. A l inverse, il promeut la jurisprudence, au travers des arrêts du Parlement. Il lui arrive de se tourner vers les parlements étrangers à la province, le Parlement de Paris notamment, mais avec discernement. Leurs arrêts sont traités comme des exemples. A l inverse, il puise à pleines mains dans les précédents du Parlement de Normandie. C est, à ses yeux, l autorité légitime. Il est là pour le dire le droit. Ses arrêts ont force de loi. Ils ont la même valeur que les dispositions de la coutume qu ils interprètent, complètent, disqualifient à titre exceptionnel, lorsqu elles sont par trop choquantes, ou sont frappés de désuétude. J. Bérault a indéniablement une méthode. Pour le lecteur, et prenant un peu de recul, il y a plusieurs manières de l appréhender. Spontanément, il peut imputer cette méthode à un esprit tout en mesure, à une personnalité portée d instinct à la retenue et douée de scrupules. Il est également permis, allant un peu plus loin, de déceler derrière cette manière de raisonner, et de façon positive cette fois, le souci de la cohérence, la volonté de respecter l architecture de la discipline. A la réflexion, une autre explication pourrait être la bonne. Ne faut-il pas considérer que cette méthode trouve sa raison d être dans l idée que le droit coutumier normand constitue un système ayant son autonomie, sa logique propre, et que l auteur s évertue tout simplement à promouvoir? Nombre de juristes de l époque ont aidé à dégager l idée de nation, en s efforçant à mettre au jour l existence d un fond juridique commun, dissimulé derrière la multiplicité des coutumes. N a-t-il pas contribué à nourrir l idée d une nation, à l échelle de sa province, en s attachant à mettre en lumière l originalité de son droit coutumier et en s appliquant à le traiter comme tel? Ce qui pourrait justifier l ascendant, jamais démenti, que l oeuvre a exercé sur les normands. Muni de ces quelques éléments, relatifs à l homme et à son oeuvre, revenons à cette journée du 23 octobre Un attrait Avec la Révolution, puis l Empire, la coutume de Normandie a sombré dans le néant. Elle n a survécu qu épisodiquement, soit pour résoudre des différends très anciens, soit pour régler les rapports des conjoints mariés avant son abolition. Toutefois, très vite, certains ont eu le sentiment qu il fallait, non seulement en conserver le souvenir, mais œuvrer pour faire connaître et mettre en valeur ce patrimoine. En 1847, professeur et praticien, A. Trolley disait ainsi, à propos de la coutume : «Comme avocat, je lui fais mes adieux, comme antiquaire, je lui souhaite la bienvenue» (15). L intérêt pour la coutume s est accru, peu à peu, jusqu à la fin du siècle. Rien d étonnant dès lors qu à la Faculté de droit de Caen, une école d histoire du droit ait vu le jour, autour de 1900, ayant pour axe l étude du droit normand ancien. Parallèlement, l histoire locale a connu un singulier essor. Pour se regrouper, les historiens d Orbec et de sa région ont ainsi créé la Société d études historiques d Orbec. La ville d Orbec ne pouvait manquer d avoir la nostalgie d un temps où elle était à la tête de l un des bailliages les plus étendus du royaume (16). C est dans ce contexte, ce double contexte, qu a eu lieu la cérémonie du 23 octobre Mais pouvait-il, à lui seul, expliquer un tel déploiement? En réalité, cette journée n a dû son éclat qu à un concours de circonstances, à une conjonction heureuse d événements favorables comme en connaît de temps à autres le monde savant. Une chance posthume, certes, mais insigne pour J. Bérault. Une redécouverte A la fin du XIXe siècle, un érudit avait retrouvé, à Bernay, un manuscrit, émanant d un ancien maire, relatant l histoire d Orbec et il évoquait la présence de Bérault (17). Parallèlement, on avait identifié en Angleterre un manuscrit, que H. Pellerin rapporta en 1928, émanant d une fille de Bérault et décrivant la vie de sa sœur aînée, prieure des Dames augustines (18). Mais surtout, quelques années auparavant, Emile Picot (19) avait acquis Le Mesnil, Robert Genestal ( ), professeur d histoire du droit à Caen puis à Paris. Dessin, Journal de Rouen, 17 avril 1931, p. 3. (15) A. Trolley, «Mémoire sur l ancien droit coutumier normand», Mémoires de la Société des antiquaires de Normandie, 1845, p (16) Sur le bailliage d Orbec, v. Lacour, Notice historique sur la ville et les environs d Orbec depuis le IXe siècle, Impr. E. Piel, 1867, p , spéc. p. 54. (17) Jobey avocat et maire d Orbec au XVIIIe siècle -, Histoire de la ville d Orbec et de son bailliage, manuscrit, cité par R. Vastine, op. cit., loc. cit. (18) M. Le Portier de la Surière, Vie de Mademoiselle de la Surière, notre digne fondatrice, cité par R. Vastine, et publié par extraits en annexe de son article, op. cit., loc. cit. (19) Emile Picot ( ) est connu, entre autres, pour avoir dressé une bibliographie cornélienne, un catalogue concernant la bibliothèque de Chantilly et des catalogues concernant la bibliothèque du baron James de Rothschild. Sur sa vie et son oeuvre, P. Girard, «Hommages», Académie des inscriptions et belles lettres, Compte rendu des séances, 1918, n 5, p ; Ch.-B. «Nécrologie», Revue historique, 1918, p ; J.-A. Brutails, «Notice sur la vie et les travaux d Emile Picot», Institut de France, Académie des inscriptions et belles lettres, 1924, n 15. Sur les publications jusqu en 1913 : Mélanges offerts à E. Picot, membre de l Institut par ses anciens élèves, Librairie Damascène Morgand, 1913, p. IX-LXXX N 2 / LE PAYS D AUGE 39

42 berceau de la famille Bérault. Membre de l Académie des inscriptions et belles lettres, spécialiste de l histoire littéraire des XVIe et XVIIe siècles, il s est naturellement penché sur la vie et les œuvres de son illustre prédécesseur. Menées avec la rigueur et l acuité de l historien de métier, ses recherches ont levé les zones d ombre qui entouraient ses premières années. Elles ont stimulé, fortes de ses éléments, les ardeurs des érudits orbecois, puis ouvert la voie à un travail de synthèse. Il fallait encore et ce point était essentiel connaître le juriste. Mais à cet égard, le hasard, de nouveau, avait bien fait les choses. Fondateur de l école consacrée à l histoire de l ancien droit normand, qui avait vu le jour au sein de la Faculté de droit de Caen, Robert Genestal (20), désormais professeur à la Faculté de droit de Paris et directeur d études à l Ecole pratique des hautes études, avait consacré de nombreux travaux au droit normand et médité sur les auteurs de droit normand, dont Bérault, pendant près de trente ans. Il avait une parfaite maîtrise du commentaire de l auteur. De surcroît, et par goût, il préférait Bérault à Basnage. Le 23 octobre 1927, R. Genestal prit la parole. Pour entrer en matière, il annonça sans détour : «Bérault fut [ ] le grand jurisconsulte d une grande époque». Puis, après avoir évoqué les mérites du commentaire de Bérault, il fit un parallèle il était inévitable - avec Basnage. Il dira : «Basnage a fait une compilation plus ample, Basnage avait [ ] le renom du plus grand avocat du Parlement. Son oeuvre est incomparablement moins originale que celle de Bérault [ ]». A un autre endroit, il aura enfin ce jugement définitif : «La gloire de Basnage a éclipsé celle de Bérault. C est une injustice». Page de garde du commentaire de la Coutume de Normandie publié par J. Bérault, 6e éd., 1660, posthume. Coll. D. Foussard. Clous provenant du cercueil de Josias Bérault retrouvés lors de l exhumation le 17 février Coll. Musée d Orbec. 40 LE PAYS D AUGE (20) Petit-fils d un officier des haras, fils d un assureur maritime, maire du Havre ( ), Robert Genestal du Chaumeil ( ) a publié, en ce qui concerne le droit normand, un grand nombre d ouvrages ou d articles fondateurs tels que La tenue en bourgage (1900), Le parage normand (1911), Le retrait lignager (1925), La femme mariée dans l ancien droit normand (1930), La tutelle (1930). Il a par ailleurs été l un des meilleurs canonistes de son époque. V. sur sa vie et son oeuvre, G. Le Bras, «Robert Genestal», Ecole pratique des hautes études, section des sciences religieuses, Annuaire, , p ; J. Yver, La coutume de Normandie à travers l oeuvre de R. Genestal, Impr. A. Olivier, 1932 ; Fr-L. Ganshof, «Nécrologie. Robert Genestal», Revue belge de philologie et d histoire, 1931, p V. églt., Nécrologie, / N 2 Journal de Rouen, 17 avril 1931, p. 3 ; ainsi que la nécrologie parue au Bulletin de la Société de l histoire de Normandie, , p. 19. (21) L allocution de R. Genestal a été publiée dans Les échos du Calvados, de l Eure et de l Orne. Journal d Orbec, 16 novembre 1927, p. 2 et 3, ainsi que, sous le titre : «Chronique du journal de Rouen. Le jurisconsulte Josias Bérault», dans le Journal de Rouen, 12 novembre 1927, p. 2. (22) J. Bérault a donné son nom à une rue de L Aigle (Orne) et à une rue d Orbec (Calvados). (23) A côté de l intervention de R. Genestal, il faut signaler l allocution du comte de ColbertLaplace largement reproduite par la presse locale, ainsi que l allocution de H. Pellerin, fondateur de l Association Le Pays d Auge ( 3 janvier 1980, v. Le Pays d Auge, mars 1980, «In memoriam»). L intervention de R. Genestal était lumineuse (21). Il avait le jugement sûr et il ne s avançait pas sans mesurer son propos. C était un historien et un juriste de très grande envergure. Ces réflexions qu il livrait à l auditoire était le fruit de trente années de recherches et de méditations. A la faveur de travaux récents, on connaissait désormais l homme. Mieux qu aucun autre, il avait pu dire ce qu était le juriste. Il avait réservé à l assemblée d Orbec un morceau de choix. Flattée de compter J. Bérault au nombre des siens (22), Orbec avait mué la translation des restes en véritables funérailles. De façon discrète, et honorant un savant, elle avait en outre su faire de ces funérailles une fête de l esprit (23). Dominique FOUSSARD Avocat au Conseil d Etat et à la Cour de cassation

43 RENCONTRE AVEC... FLORENCE MARIE Rencontre avec... Florence Marie La Forge, un fabuleux univers de fantaisie et de rêves A quelques encablures du Vieux bassin de Honfleur, au bout d une impasse aux murs recouverts de mosaïques et de peintures, un portail aux couleurs de l arc-en-ciel s ouvre sur un vaste jardin où d étranges animaux et un petit peuple d êtres singuliers invitent à un voyage initiatique au pays des symboles et des mythes. C est ici que Florence Marie - peintre, sculptrice et mosaïste - s est installée il y a vingt-trois ans pour y vivre, y travailler et en faire une œuvre d art en perpétuelle évolution. Elle nous a accueillis à La Forge qui est devenue «son antre protecteur, source de toutes les évasions du monde réel». Etes-vous «née-native» de Honfleur comme on dit ici? Non, mais pas très loin, dans le pays de Caux. Ensuite, j ai vécu au Havre puis entre Le Havre et Paris où j ai suivi des études littéraires, philosophiques et théâtrales. Disons que je suis normande de souche puisque je descends de Laure Le Poittevin, mère de Guy de Maupassant. Pourquoi être venue vous installer à Honfleur? Mon mari et moi-même y avions de jolis souvenirs de jeunesse lorsque nous prenions le bac pour aller «de l autre côté de l eau» et nous promener dans ce beau village qui a tant inspiré les peintres et les musiciens. Nous avons franchi la Seine en Pourquoi La Forge? En réalité, cette maison du XIXe siècle ainsi que l atelier qui la prolonge et les séchoirs à bois qui s étendent au-delà appartenaient auparavant à un entrepreneur en menuiserie. Mais j ai choisi le nom de La Forge pour l incandescence des flammes et la magie du feu. Je m étais mise à la peinture en 1986, poussée par une irrésistible pulsion et il devenait très important pour moi de trouver un lieu où je pourrais avoir un vaste atelier car, au bout de huit années, des centaines de toiles s étaient amoncelées. Aviez-vous déjà eu des expositions personnelles? Bien sûr. Au Havre, dès le début, j ai été repérée par la conservatrice du musée André Malraux et le responsable des Affaires culturelles municipales. J ai exposé deux fois à l Hôtel de ville, une en galerie, une en librai- rie. Puis Le Havre m a recommandée au Palais Bénédictine de Fécamp, à l Espace Duchamp-Villon à Rouen et à la maison de la culture de Dieppe. Ensuite, j ai exposé à la Halle Saint-Pierre à Paris... Ma peinture, comme ma vie, a toujours navigué entre Paris et la Normandie. Et avez-vous exposé à Honfleur? J ai eu beaucoup de mal à m y imposer. La Forge a fait couler beaucoup d encre entre enthousiastes et détracteurs. Je suis perplexe de constater qu au pays d Erik Satie, on ait mis du temps à admettre mon style de création, de pensée et de vie. Mais il y a maintenant de plus en plus de honfleurais qui s ajoutent aux visiteurs que m envoie l Office de tourisme. Erik Satie est-il une référence? Non, mais il se trouve que j ai fait mon mémoire de philosophie sur Erik Satie. C était le sujet ordonné par Vladimir Jankelevitch, mon professeur, qui m avait immédiatement située! Et il est certain qu il y a de réelles correspondances entre ma maison et Les Maisons Satie. Et le théâtre? J ai étudié l esthétique théâtrale à la Sorbonne et rédigé un mémoire sur Le sourire au pied de l échelle, un conte de Henry Miller écrit pour les peintres et pour les clowns. L année dernière, j ai monté ce spectacle à La Forge pour les enfants honfleurais, comme cadeau de Noël. J ai d ailleurs plusieurs fois choisi ce sujet que je trouve important. Je pense à Michel Serrault disant que «Le don de soi est la chose la plus importante». Auparavant, j avais monté Michka, un conte mystique russe pour enfants, mis en musique par la compositrice Claude Arrieu avec laquelle j ai souvent collaboré, écrivant des textes sur lesquels elle Les journées du patrimoine 2017 à la Forge Visites Découverte de la maison, de l atelier et du jardin en compagnie de l artiste Samedi 16 septembre 10h - 14h - 16h Dimanche 17 septembre 10h - 14h Tarifs réduits : 5 euros (adultes) au lieu de 10 ; Gratuit (enfants moins de 12 ans) au lieu de 5 euros Concerts Samedi 16 septembre 20h - Récital de piano Claude Debussy, Œuvres de jeunesse Jonas Vitaud, piano Dimanche 17 septembre 18h - Concert-lecture Métamorphoses Musiques : Philipp Glass, Eric Satie, Claude Debussy... Textes : Ovide, La Fontaine, Desnos, Supervielle, Ronsard, Michaux... Pierre Puy, comédien Emmanuel Pleintel, piano Tarif unique pour chaque concert : 10 euros (Réservation conseillée, la jauge étant limitée) La Forge 25, rue de la Foulerie Honfleur florencemarielaforge.com N 2 / LE PAYS D AUGE 41

44 - La porte des chats. Page ci-contre - Les cariatides. - Le souterrain. posait ses notes. Et également Saint Julien l Hospitalier de Flaubert, un autre conte mystique. Il y a donc un fond mystique qui ressurgit de votre travail? Oui, parfois, mystique à l état sauvage d où une grande liberté dans les formes. Comme disait Francis Poulenc «Je suis un(e) mystique qui a mal tourné». Vous n êtes donc pas prisonnière des formes ni des écoles? Non. La vie se charge de m instruire au jour le jour. Je suis guidée par l émotion, par l instinct. Mon travail n est jamais décoratif mais toujours symbolique. Pour reprendre les mots de Victor Hugo : «La forme, c est quand le fond remonte à la surface». Etes-vous croyante? J ai été élevée chez les Dominicaines au Havre. Il y a donc forcément des traces de religion au sens étymologique du terme. C est-à-dire qu il y a dans mon travail un lien profond entre la vie, l art, l amour et la mort. Mais la philosophie m a fait ranger la religion au second plan avec, par moment, une certaine dérision comme chez Fellini, par exemple avec ses archevêques burlesques, ses bonnes sœurs fantasques et ses clowns. La Forge reçoit des visiteurs. Comment organisez-vous ces visites? Les visites sont imprévisibles et variées. Hormis les rendez-vous, j assure une permanence tout au long 42 LE PAYS D AUGE / N 2 de l année, les vendredis, samedis et dimanches (à 15h et à 17h). Je ne m attendais pas à ce deuxième métier mais c est une belle expérience que d avoir le public in vivo et cela procure une connaissance empirique du genre humain... Les visites durent entre une heure et trois heures. Cela dépend des âges, des cultures, du milieu social, des organisateurs. Il y a des écoles, des universitaires, des personnes en situation de handicap... Un aspect social, pédagogique? Je n ai aucun engagement politique, religieux ou idéologique. Mon engagement, c est la peinture. Comment définissez-vous votre peinture? Au début, on m a classée dans l art brut ; mais après plusieurs expositions, notamment dans des musées d art brut, on m a plutôt rangée dans l art singulier. Le terme d art «hors les normes» vous convient-il? Je pense que ces définitions sont très restrictives. Par rapport à Jean Dubuffet qui a précisé le concept d art brut (hors de toute démarche intellectuelle ni conditionnement culturel), je suis dans une situation paradoxale car, si je n ai pas de formation en arts plastiques, j ai une formation littéraire et philosophique. Alors j ai envie d en conclure que je suis une fausse brute!!!

45 RENCONTRE AVEC... FLORENCE MARIE D après plusieurs études qui ont été faites sur votre œuvre, elle est absolument originale. Qu en pensez-vous? Comme l a dit Michel Bouquet : «Quand on est soi-même, on est forcément original». Mais je ne suis pas la seule, il y a d autres lieux singuliers en France et dans le monde : Robert Tatin à Laval, Le Facteur Cheval à Hautrive, Niki de Saint Phalle à Paris et en Italie... Quels sont vos projets? Deux installations sont en cours de création : le théâtre bleu (où s est déroulé un spectacle de danse en juin bien qu il ait été inachevé) ainsi que des créneaux au-dessus de la grande mosaïque représentant le Roi et la Reine. Ensuite, j aimerais réaliser la sculpture d un aigle aux ailes déployées qui dominerait La Forge du toit de la maison. Et enfin, pour rendre ma peinture visible alors que les toiles sont entassées dans le grenier de mon atelier, je souhaiterais les accrocher dans les anciens séchoirs à bois qui bordent l impasse. Mais c est une autre histoire car il faudrait d abord pouvoir les acquérir! Par ailleurs, j invite régulièrement des artistes musiciens, comédiens, danseurs - à se produire à La Forge. Ce sera le cas pendant les Journées européennes du patrimoine. Propos recueillis par Christine VAN DAELE

46 LE PAYS D AUGE À TRAVERS... (1) Courageusement, le Père Couturier vilipenda, dans sa revue L Art sacré, l art saint-sulpicien. Consultez cette revue et vous constaterez que Dominique de Ménil, descendante de Guizot et mécène éclairée des arts à Houston (Texas), y évoque, à l occasion, la Vallée d Auge et les créations de son ami Fernand Léger. Une partie de campagne à la Ferme Fernand Léger de Lisores (Calvados) Grâce à l énergie déployée par Sonia Dumesnil, directrice générale de RCF Calvados-Manche, le samedi 24 juin 2017, l évêque de Bayeux-Lisieux, Jean-Claude Boulanger, le recteur du sanctuaire thérésien de Lisieux, Olivier Ruffray et le curé de Vimoutiers, JacquesArmel Sawadogo ont béni la chapelle de la Ferme Fernand Léger et l ont dédiée à sainte Thérèse de Lisieux. Grâce au talent du maîtreverrier Florent Chaboissier, ladite chapelle était à nouveau parée de l ensemble de ses vitraux réalisés d après des cartons de Léger. Selon Fernand Léger ( ), toutes les fleurs du jardin de sa mère, Marie-Adèle Daunou, finissaient sur l autel de l église SaintGermain d Argentan. Jeanne Lohy ( ), sa première épouse, était également très croyante. En 1914, marraine de guerre de Léger, elle lui donne une image pieuse qu il gardera toute sa vie sur lui. Il y a fort à parier que ce soit une effigie de sœur Thérèse. F. Léger sympathise avec le Père Couturier (1) à New York en 1942 et dès 1945, le Père dominicain estime : «Léger est normand. Ses meilleures œuvres sont d une sévérité toute normande ; elles ont une rudesse saine ; elles sont aussi dépourvues de complication qu une arche de l Abbaye-aux- Hommes». Ensemble, ils rêveront à la création d une basilique souterraine à Chicago puis à la SainteBaume. En 1950, ils renouvellent l art sacré, via la mosaïque les Litanies de la Vierge exécutée pour le pignon de la Chapelle NotreDame-de-Toute-Grâce du Plateau d Assy (Haute-Savoie). Puis, de l avis même du marchand d art Daniel-Henry Kahnweiler, les 17 vitraux en pâte de verre réalisés en 1951 par le maître-verrier Jean Barillet d après des dessins de Léger pour l église du Sacré-Cœur d Audincourt (Doubs) sont un des sommets de son œuvre. En 1954, Léger conçoit aussi ceux de l église de Courfaivre (Jura suisse). Jeanne Léger décédée, Léger se remarie avec Nadia Khodossievitch ( ), la directrice de son Académie de Peinture depuis Après avoir créé, en 1960, le Musée Fernand Léger de Biot (Alpes-Maritimes), elle crée la Ferme-Musée Fernand Léger à Lisores en Communiste, Nadia Léger a la délicatesse de concrétiser le vœu de Léger qui souhaitait voir une chapelle remplacer la bouillerie-four à pain en hommage déclaré à sa mère, et, plus secrètement, pour tenter de sublimer l alcoolisme de ses «enfants terribles» : Jeanne Léger et André de Richaud. Ce dernier fut homme de lettres (roman : La douleur, pièce de théâtre : Le château des Papes ) et le fils spirituel de l artiste. Hélas, la Ferme-Musée Léger ferma ses portes en 1997 mais, acquise par Jean du Chatenet, elle les ouvrira à nouveau au public en juin La décision de Jean du Chatenet de dédier cette chapelle à sainte Thérèse de Lisieux répond également au vœu de sa mère, MarieHélène du Chatenet, disparue en Reprenons ici le début de l allocution prononcée par l évêque de Bayeux-Lisieux avant la bénédiction de la chapelle : «Permettez moi 44 LE PAYS D AUGE / N 5 d abord de m adresser à vous, chers amis et vous chers artistes ainsi que vous tous qui êtes passionnés par l art. Pour rendre hommage à Fernand Léger, j aimerais simplement citer son ami le Père Couturier, ce dominicain qui a été rendu célèbre par l église Notre-Dame de toutes grâces du plateau d Assy. Vous savez peut être qu il a été le grand ami non seulement de Fernand Léger, mais aussi de Georges Rouault, de Marc Chagall, de Georges Braque, de Jean Lurçat et de tant d autres. Voici ce qu il écrivait à propos de l art sacré à travers les grands débats qui ont eu lieu dans la première moitié du XXe siècle en France : «La décadence de l art sacré a aussi des causes spirituelles et sociales. Tout art est véritablement sacré. Aux grands hommes, les grandes choses. Il vaut mieux s adresser à des hommes de génie sans la foi plutôt qu à des croyants sans talents». La beauté respire la spiritualité et elle n est pas plus idéologique que religieuse. Hier à l évêché de Bayeux, un artiste de confession musulmane a offert une mosaïque à l archevêque de Rouen représentant le Père Hamel, assassiné comme nous le savons par des djihadistes. Il ajoutera : «Ce n est pas en tant que musulman mais en tant qu artiste que j ai réalisé ce travail.» Vous connaissez cette phrase célèbre de Dostoïevski dans son roman L idiot où il fait dire à l un de ses personnages : «La beauté sauvera le monde» mais on oublie souvent que, devant le portrait de Nastassia, il ajoute : «Ah! si elle avait de la bonté tout serait sauvé!». Par ailleurs, cette «Partie de campagne» fut l occasion d un coup de chapeau, conçu par Emmanuel Pleintel, aux liens tissés entre Fernand Léger et l iconoclaste Érik Satie, seul membre de son «Église métropolitaine d art de JésusConducteur». Dans la foulée,

47 Véronique Pleintel offrit un «goûter blanc» puisque le musicien honfleurais déclara un jour ne plus manger à l avenir que des aliments blancs, c est-à-dire vierges. L esprit souffle où il lui plaît. (B. Noël) Exposition plaisir Dioramas L exposition ne traite pas du Pays d Auge, mais deux sections nous y conduisent. Le principe même du Diorama Panorama est bien expliqué et l on comprend l émerveillement des spectateurs du début du XIXe siècle devant ces paysages animés par des lumières disposées à l arrière. On pense tout de suite à JeanCharles Langlois, né le 22 juillet 1789 à Beaumont-en-Auge et mort le 23 mars 1870 à Paris. Il fut l auteur de huit panoramas qui eurent énormément de succès. On comprend pourquoi en lisant leur titre : Incendie de Moscou, Bataille d Eylau et d autres lieux de victoires napoléoniennes. Une autre section évoque la muséographie des années 1930, surtout celle des musées ethnographiques. Les costumes étaient présentés sur des mannequins, disposés dans de grands espaces, où était restituée l atmosphère des fermes ou des appartements bourgeois. C est ce qui avait été fait dans les deux grands musées ethnographiques augerons, Lisieux et Honfleur, qui a conservé, dans une pièce, ce principe. C est un peu tiré par les cheveux, mais c est très intéressant à voir, d autant plus qu on y voit de superbes animaux empaillés du domaine royal de Randan. (J. Bergeret) Palais de Tokyo, Paris, jusqu au 10 septembre Expositions d été dans le Pays d Auge. Plaisirs et déplaisirs Dans cette rubrique, nous souhaitons vous donner des informations sur l une des activités culturelles essentielles dans le Pays d Auge, les expositions temporaires des musées et autres ins- titutions (2). Nous espérons ainsi vous conduire vers des lieux et des artistes peut-être inconnus de vous. (J. Bergeret) André Hambourg et la quête de la lumière C est un véritable plaisir que de revoir le portrait photographique d André Hambourg ( ), lorsqu il était jeune. Il en émane une certaine retenue, ainsi qu une certaine empathie envers le monde qui l entoure. Il gardera jusqu à la fin de sa vie cette volonté de séduire la partie féminine de son entourage. Le titre de l exposition André Hambourg et la quête de la lumière indique pour ceux qui connaissent le parcours du peintre que nous allons voyager en Algérie, puis en France méridionale et en France normande. La première salle évoque son enfance parisienne ainsi que sa jeunesse (vers ans) en Algérie. De puissants portraits de parisiennes, dont une en vert derrière un ananas jaune-orangé, s opposent à d autres portraits de femmes algériennes, dont une en blanc. Deux visions de deux mondes complètement différents sont juxtaposées. C est la lumière du monde méditerranéen, qu Hambourg essaiera toujours de traduire lorsqu il sera peintre officiel de la marine et, qu à ce titre, il sillonnera les pays courbés sous le soleil. Puis on pénètre dans une deuxième et dernière salle. Les œuvres sont présentées sur un fond jaune époustouflant et sont juxtaposées des peintures du sud de la France et de Normandie. Elles évoquent un monde serein, dominé par son épouse Nicole et leur fils, dont la disparition fut un drame pour le couple. C est une nouvelle quête de la lumière, celle du sud et celle de la Normandie. Nous serons forcément sensibles à ses nuages augerons, à ses plages ponctuées de petites taches, les baigneurs qui hésitent peut-être à rentrer dans l eau de la Manche. Deauville, Le point de vue, jusqu au 17 septembre Henri ( ) et René ( ) de Saint-Delis Les frères Liénard de Saint-Delis sont évoqués au musée E. Boudin de Honfleur dans deux salles différentes. A droite, c est Henri qui a l honneur de la salle qui donne sur l estuaire. Ce qui est normal pour un peintre qui a travaillé essentiellement dans cette ville, sauf pour un long séjour médical en Suisse ( ). A gauche, c est René qui a l honneur du chœur de l ancien couvent. Et tous les deux se retrouvent dans un espace où leurs œuvres graphiques se trouvent les unes à côté des autres. Henri a rapporté de Suisse des toiles de neige, abondamment colorées. Ce qui est à la fois étonnant (la neige c est blanc) et normal. Tous les peintres qui ont attaqué la neige ont juxtaposé au blanc d autres couleurs. Ici Henri a mis du bleu (ombres des arbres), du rose foncé pour leur tronc. La couleur, parfois en taches comme du pointillisme, sera l une des marques de la maîtrise picturale de Henri. La jetée en bois de Honfleur, huile sur bois (cat. 24) en est un parfait exemple. Ses œuvres sur Honfleur permettent d appréhender la vie locale : les promeneurs, les pêcheurs, les personnalités (Edmond Duchesne, industriel du bois et maire de Honfleur, peint en 1942), la vie portuaire avec des sujets qui ne sont pas forcément flatteurs. Toutes ses formes sont cernées d un trait noir. Ses autoportraits suggèrent un homme simple, manches retroussées, gilet avec chaîne dorée de montre. Un autre plus tardif confirme ce côté rapin. Il porte une veste de velours et un béret sur fond jaune tourmenté, rappelant, selon les auteurs du catalogue, Vincent van Gogh. Dans son autoportrait, conservé au musée d art moderne André Malraux du Havre, René apparaît comme un bourgeois avec chapeau, moustache relevée et cravate. Il travaille à Etretat et remet, tout le temps, sur le métier les paysages mythiques d Etretat : la (2) Nous publierons dans le prochain numéro le compte-rendu de l exposition Maman, les p tits bateaux à Trouville consacrerons visible à Trouville, Musée Villa Montebello, jusqu au 12 novembre N 5 / LE PAYS D AUGE 45

48 porte d Amont, la porte d Aval et la Manneporte. Couchers de soleil, scènes maritimes avec pêcheurs ou sans pêcheurs. Des sujets impressionnistes par exemple le tentent : meules de foin, le ciel et la mer dans tous ses états. Un tableau me semble particulièrement réussi dans ce domaine (Etretat sous la neige, Musée André Malraux du Havre). Le sujet est impressionniste mais René réussit à renouveler la vision en donnant l impression d un monde sans vie et sans espoir qui ne se remettra pas de cette calamité. Comme son frère Henri (Le paradis perdu, 1910, collection particulière), René (Les baigneurs, 1909, collection particulière) peint des groupes de personnages nus ou à moitié nus. Les auteurs du catalogue pensent qu ils ont été inspirés par les séries de baigneurs de Cézanne. Sans doute avec raison. On peut, peut-être, rajouter, Frédéric Bazille ( ). Mais ce sera à vous d aller les voir, de les comparer et de décider qui a le mieux réussi. Honfleur, musée Eugène Boudin, jusqu au 16 octobre. Botanique et jardins Sur deux niveaux, cette exposition nous invite à voir les œuvres de Michel Cribelier qui représentent les jardins de Claude Monet à Giverny, c est dire que nous sommes dans une atmosphère de vert, de rouge, de blanc et d un feu d artifice coloré évoquant le jardin. A l étage, le noir apparaît avec les 46 LE PAYS D AUGE / N 5 photographies de Rodolphe Murie évoquant les plantes mortelles. Les commentaires, sur les cartels, soulignent que leur usage pouvait être dangereux s il était poussé. Ils sont l expression écrite d interviews conduits par l association Montviette nature. Ils sont pleins de saveur, car quasiment bruts de décoffrage. L exposition ne donne pas dans le passéisme et n est pas donneuse de leçons. A côté du cabinet, reconstitué, du botaniste Roger Brun ( ), maintes fois évoqué dans les pages de la revue Le Pays d Auge, le botaniste normand, Michel Provost, a prêté son matériel et quoi de plus émouvant que son cylindre permettant de recueillir les plantes sans les abîmer. Des prêts ont été obtenus du Muséum d histoire naturelle du Havre et de la médiathèque André Malraux de Lisieux, dont les collections sont aussi présentes dans d autres expositions augeronnes. Pont-l Evêque, Espace culturel Les Dominicaines, jusqu au 24 septembre Attraction(s), un dialogue entre les collections du Musée d Art et d Histoire de Lisieux et du Frac Normandie Caen Le propos est le suivant, selon le dépliant obligeamment donné au début de la visite : «Un va-et-vient formel tout autant que narratif s engage (alors) entre les collections du Musée et du Frac, privilégiant l idée du domestique, des traditions et techniques populaires locales». Dans plusieurs pièces, espaces selon le dépliant, viennent maquettes, grandes broderies d artistes contemporaines, photographies qui travaillent, par exemple, sur le processus de dégradation physique (première salle consacrée à l archéologie locale). Une maquette traditionnelle reproduisant une maison ancienne de Lisieux est remplacée par une maquette, plus ludique, évoquant The Gérard s Ghost House (maison d enfance de Gérard Depardieu). L artiste, Hervé Bezet, a complété sa démarche en installant un décor de cinéma à l arrière de la maison. Ces jeux de l esprit se retrouvent un peu partout dans chaque pièce. De la série «Perruque Voiture» de Meschac Gaba a été tiré Oil Tanker (2008) dont les tresses de la perruque s accordent bien avec le passé textile de Lisieux évoqué dans cet espace. L escalier est éclairé par un lustre dénommé Carnation chandelier de Scoli Acosta (réalisé en fil bande, peinture en spray, carton, élément de lampe, papier sisal). Au-delà de l effet esthétique, l artiste essaie de montrer ses préoccupations sur l art et l œuvre comme source d énergie et, puisqu il est américain, «il renvoie à la contradiction du territoire américain qui impose l usage de la voiture et son adaptation au renouvellement par l énergie». Cette œuvre s accorde très bien avec l espace choisi, l escalier et les accords de ce type sont très rares. Lisieux, Musée d art et d histoire, jusqu au 17 septembre

49 6 Les haras de Lessard-et-le-Chêne Dans le Pays d Auge, la commune de Lessard-et-Le-Chêne est connue comme celle qui possède le plus de haras sur son territoire (plus d une dizaine pour 150 habitants...). Elle offre également, de la voie publique, la vue la plus intéressante de ces nombreux haras prestigieux. Parmi ceux-ci, le haras de Lessard-etle-Chêne a été construit par Jean Prat (industriel marseillais qui doit sa fortune au vermouth Noilly-Prat) à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle. Il comprend un manège couvert et une grande écurie en U dont on voit, sur la photo, le porche d entrée et la cour (voir Vincent Delaveau, «Le haras de Jean Prat», Revue Le Pays d Auge, n 5, septembre-octobre 2003) Extraits SCAN 25 - IGN Autorisation n Reproduction interdite. Le Pays d Auge... à pied 3 Itinéraire Il existe sur le parking de la mairie un plan remarquablement clair d'une randonnée qui vous enchantera, et dont voici les marques principales (durée environ 2h30) Le départ (1) a lieu du parking de la mairie de Lessard-etle-Chêne. Prendre le CC1 au travers du haras du Hoguenet. Au premier coude, admirer la vue extraordinaire sur la vallée, puis le chemin devient une sente qui reste praticable, prendre à gauche à l'issue de la sente. Sortir du Hoguenet (2), traverser la route et prendre en face le CR32 qui traverse le haras de Lessard-et-le-Chêne. Aller jusque à la D136 (3) (vue sur le château de Lessard à gauche), traverser la route pour emprunter le CR22 chemin du Quesnot à suivre, à gauche, à la première intersection jusqu'à rejoindre la D136 face au haras des Chênettes et la remonter jusqu'à l'entrée du haras de Saint-Martin-du-Chêne (4). Après la Braudière, prendre à droite, suivre à droite puis deux fois à gauche, un chemin qui vous ramènera à nouveau sur la D136. Remonter jusqu'à la fin du BoisMauger (5) pour prendre un chemin «sans issue», à gauche puis à droite, qui vous amène sur la D103 à suivre, à gauche, avec précaution car assez fréquentée jusqu'après le haras de la Rousserie (6) où le CR11 à gauche vous ramènera sur la D182. A la Bruyère (7), prendre la route à droite puis à gauche jusqu'à votre point de départ. Promenade proposée par François Chauliac N 4 / LE PAYS D AUGE 47

50 b l o c n o t e s Jusqu au dimanche 17 septembre Exposition : ATTRACTION(S), Art Contemporain et Arts et traditions populaires Lisieux - Musée d Art et d Histoire Jusqu au dimanche 17 septembre Exposition : ANDRÉ HAMBOURG, OMBRE ET LUMIÈRE Deauville - le Point de Vue deauville.fr Jusqu au dimanche 24 septembre (les vendredis, samedis et dimanches) Exposition : IL ÉTAIT UNE FOIS LE BLÉ L Oudon - Foyer rural Le Billot Jusqu au lundi 25 septembre Exposition : BOTANIQUE ET JARDINS ; PEINTURES DES JARDINS DE CLAUDE MONET À GIVERNY DE MICHEL CRIBELIER ; LE CABINET DU BOTANISTE ROGER BRUN Pont-l Evêque - Espace culturel Les Dominicaines Jusqu au dimanche 29 septembre Exposition : IMPRESSIONS. Photographies de Philippe Dorléans Orbec - Office de Tourisme Jusqu au lundi 30 septembre Exposition : LES LIVRES ANIMÉS Orbec - Musée du Vieux-Manoir Un programme riche de découvertes et de visites Renseignements et réservations : Dimanche 24 Septembre 16h30 Concert : LES ENFANTS DU LEVANT par la Maîtrise du conservatoire à Rayonnement Départemental d'alençon. Septembre musical de l Orne Gacé - Le Tahiti septembre-musical.com Jeudi 28 septembre 14H30 Conférence : LES 1001 FACETTES DU DIAMANT MISIA SERT par Benoît Noël. Amis des Musées de Lisieux Lisieux - Espace Victor Hugo Vendredi 29 septembre 20h30 Conférence : LA CHAPELLE DE SAINTE-MARIE-AUXANGLAIS par Jean-Louis Le Saux Société historique de Lisieux Lisieux - Espace Victor Hugo Du samedi 30 septembre au dimanche 17 décembre Exposition : GRÉGOIRE. PEINTURES ET DESSINS Pont-l Evêque - Espace culturel Les Dominicaines Jusqu au mardi 16 octobre Exposition : HENRI ET RENÉ DE SAINT-DÉLIS Honfleur - Musée Eugène Boudin Jusqu au dimanche 5 novembre Exposition : DINOSAURES CARNIVORES Villers-sur-Mer - Le Paléospace Samedi 14 et dimanche 15 octobre Salon du Livre & de la Gourmandise de Livarot Jusqu au dimanche 12 novembre Exposition : MAMAN, LES P TIT BATEAUX... À TROUVILLE Trouville - Musée Villa Montebello Du dimanche 22 octobre au lundi 27 novembre Festival : PLANCHE(S) CONTACT Un Festival de créations photographiques. Deauville Samedi 23 septembre Traversées littéraires de Pont-l Évêque : FESTIVAL DU LIVRE DE PONT-L EVÊQUE Pont-l Evêque - Marché couvert lestraverseeslitteraires.fr Mairies du Pays d Auge Exposition Photographies de P. Dorléans 14 septembre - 16 octobre 2017 Hall de la gare de Lisieux LE PAYS D AUGE / N 5 Revue publiée par l Association Le Pays d Auge Faire connaître, apprécier, promouvoir et défendre le patrimoine spirituel, artistique et matériel du Pays d Auge. Reconnue d utilité publique Décret du 28 novembre 1958 Siège social, bureau : 14, rue de Verdun, Lisieux Tél : lepaysdauge@wanadoo.fr Site Internet : lepaysdauge.org Président Fondateur : Henri PELLERIN Président d Honneur : Gérard PRUVOST Conseil d Administration : Président : Jean BERGERET Vice-Présidents : Michel BAGNOULS Françoise DUTOUR Secrétaire Générale : Françoise DENIS Trésorier : Armand GOHIER Membres : Bénédicte BOISSONNAS, Christian BOUILLIE, François CHAULIAC, Christiane DORLÉANS, Jean GRODY, Yves LESCROART, Benoît NOËL, Eliane PELLERIN, Bertrand de RUSSÉ, Isabelle ROJKOFF, Robert SANZEY, Bruno de SIVRY, Christine VAN DAELE Chargé de missions : Dominique GUÉRIN Revue Samedi 7 octobre 20h30 Concert : LA VIE QUI CHANTE ensemble choral de Livarot. Organisé par l Association pour la Sauvegarde de l Orgue de Notre-Dame de Vimoutiers Vimoutiers - Église Notre-Dame assocorguevimoutiers@yahoo.fr Vendredi 15 septembre 20 h30 Concert : VOYAGE MUSICAL DANS L'EUROPE BAROQUE, CONCERT À DEUX VIOLES DE GAMBE PAR ESTHER MILON ET NOÉMIE LENHOF Saint-Pierre-sur-Dives - Auditorium Pays d art et d histoire Vendredi 27 octobre 20h30 Conférence : LA VIE AU CHÂTEAU DE FERVAQUES : UN FOYER LITTÉRAIRE par Dominique Hiblot Société historique de Lisieux Lisieux - Espace Victor Hugo Dimanche 29 octobre 9h30 Randonnéee - Atelier champignons Association Montviette-Nature Montviette - Mairie Dimanche 5 novembre Salon du Livre : FESTI LIVRE Association Marque Page Salle des fêtes - Valorbiquet (Saint-Cyr-duRonceray) Prix : 7,90 euros - Abonnement (1 an6 numéros) : 42 euros ; étudiant : 30 euros Directeur gérant de la publication : Jean BERGERET Rédacteur en chef : Jean BERGERET Responsable du dossier : Robert SANZEY Comité de rédaction : Le Conseil d Administration et Aurélie BOUCHINET-DESFRIÈCHES, Gérard BRIAVOINE, Daniel DESHAYES, Dominique FOUSSARD, Maud GUICHARD, Karl LAURENT, Elizabeth LESCROART, Jean MOISY, Serge RICHER, Véronique ROBERT Publicité : Esther FLON Port : Dépôt légal à parution ISSN CPPAP N 0522 G Impression : Société Nouvelle France Ouest Imprim - Zone industrielle Livarot La publication de cette revue est possible grâce au soutien apporté à l Association Le Pays d Auge par les communes de Pont-l Évêque, Trouville, Deauville, Cabourg, Honfleur, Villerville, Mézidon-Canon, Orbec, Villers-surMer, Cormeilles, Dives-sur-Mer, Cambremer, Manneville-la-Pipard, Saint-Germain-laCampagne, Saint-André-d Hébertot, par la communauté d agglomération Lisieux-Normandie et par la communauté de Communes du Canton de Cormeilles.

51 Tarif préférentiel pour les membres de l Association Le Pays d Auge 130 le Pass permanent (au lieu de 160 ) 27 le Pass journée (au lieu de 35 ) Pass à récupérer au siège de l Association 14 rue de Verdun Lisieux

52 Cet ouvrage, conçu comme un guide pratique, s adresse aux étudiants, dessinateurs, professionnels, collectionneurs, s intéressant à la production de carreaux de pavement de la région normande. Il recense 228 motifs différents sur une période s étalant du XIIIe au XVIIe siècle. Pour plus de commodité, les motifs sont classés par types, avec des indications sur les trois principaux centres de productions dont ils sont originaires: Haute Normandie-Vallée de la Seine, Pays d Auge, Bessin. Version numérique 15 euros. Version papier 25 euros (+ 5 euros de frais de port) A commander sur le site internet de l association lepaysdauge.org 14, Rue de Verdun Lisieux CALENDRIER 2017 DES ACTIVITÉS DE L ASSOCIATION LE PAYS D AUGE Mairies du Pays d Auge Promenade d automne 1er octobre Exposition de photographies de papier Philippe Dorléans Je commande le livre en version 25 euros (+ 5 euros de frais dedimanche port). Chemins d art sacré en Pays d Auge Du jeudi 14 septembre au lundi 16 octobre Hall de la Gare de Lisieux Powered by TCPDF ( Découverte d Exmes et de sa région

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