Référence Référence : : Version : Date : La rage DOSSIER Sommaire : I. Introduction II. III. IV. Agent responsable Réservoir du virus Transmission de l affection V. Quelle est la situation en Belgique? VI. VII. VIII. IX. Symptômes chez l animal Symptômes chez l homme Viabilité du virus Mesures préventives X. Indications de la vaccination préventive XI. XII. XIII. XIV. XV. Modalités de vaccination préventive Premiers soins en cas de plaie ou morsure par un animal suspect Prophylaxie post-exposition En résumé Bibliographie Dr Cécile SURLERAUX, Conseiller en prévention Médecin du travail Cellule scientifique Commission scientifique Page 1 sur 7
I. Introduction La rage demeure une maladie très répandue dans le monde, responsable de plusieurs milliers de morts chaque année. Elle est le plus souvent transmise par les chiens. En Europe, les chauves-souris, qui hébergent des virus de génotypes différents de ceux du chien ou du renard, sont de plus en plus surveillées. La maladie est toujours mortelle en l absence de traitement. Chaque année, environ 15 millions de personnes reçoivent un traitement après exposition à des animaux suspects, principalement en Asie, mais également en Afrique. II. Agent responsable La rage est provoquée par un virus à ARN de la famille des Rhabdoviridae, genre Lyssavirus. Le virus provoque une encéphalomyélite. Chez l homme, dès l apparition des premiers symptômes, cette maladie est toujours mortelle. III. Réservoir du virus Le réservoir de la maladie est animal et varie selon les régions du globe, mais concerne toujours les animaux à sang chaud. En Europe et Amérique du Nord, le réservoir est le renard roux (rage vulpine), qui peut transmettre l affection aux mammifères domestiques et sauvages, carnivores et herbivores. En Afrique, en Asie du sud-est et en Amérique latine, le réservoir est le chien (rage canine). Les chauves-souris insectivores en Europe, en Australie, en Amérique et en Afrique peuvent également transmettre l affection ainsi que les chauves-souris géantes (vampires) d Amérique du Sud. IV. Transmission de l affection Le virus de la rage est présent dans la salive de l animal en fin de maladie. Chez l homme et chez l animal, la voie de transmission la plus importante est la morsure : la salive infectée par le virus est ainsi inoculée dans les tissus profonds. La contamination peut également se produire par griffures. En outre, le virus peut être transmis par contact direct de la salive ou de sécrétions d animaux atteints avec des lésions cutanées existantes (plaies, écorchures, crevasses) par Page 2 sur 7
léchage ou lors de la manipulation et dissection de cadavres d animaux. Le chien est le principal hôte et le principal vecteur du virus de la rage. Il est à l origine de l infection dans tous les cas mortels de rage humaine, que l on estime à 55 000 par an, survenant essentiellement en Asie et en Afrique. Aux Etats-Unis et au Canada, quelques cas de rage humaine ont pour origine la chauvesouris. La contamination par les chauves-souris se produit également par morsure, griffures ou léchage. Les traces de ces contacts sont minuscules et peuvent passer inaperçues. Il convient donc de les rechercher attentivement. La rage n est pas une maladie contagieuse d homme à homme. V. Quelle est la situation en Belgique? La rage vulpine en Europe de l Ouest est en voie d élimination grâce à la vaccination planifiée des renards. La Belgique est officiellement indemne de rage, mais un contact avec un animal enragé peut se produire par l intermédiaire d un animal provenant d une zone à risque (absence de contrôle sanitaire à l entrée sur le territoire belge, passage transfrontalier d un animal sauvage) ou au cours d un voyage en zone endémique (c est le risque le plus important). Des cas de rage chez des chauves-souris ont été constatés dans de nombreux pays européens, mais en Belgique, cette piste est moins évidente : 77 analyses effectuées entre 1989 et 2003 sur des chauves-souris se sont avérées négatives. VI. Symptômes chez l animal Chez le renard, la période d incubation varie de 10 jours à 3 mois. Au cours de la phase prodromique, on observe surtout une diminution de prudence à l égard de l homme. Les symptômes sont surtout neurologiques, avec une démarche anormale, une attitude penchée en avant, des paralysies. Les crises d agressivité éventuelles alternent avec des périodes d apathie. Chez le chien, la période d incubation varie de 3 semaines à 3 mois. Un des premiers symptômes est le regard triste et inquiet ; vient ensuite une période d agressivité au cours de laquelle il chasse des insectes imaginaires. Dans la majorité des cas, le chien développe une forme paralytique de la maladie, avec paralysie de la mâchoire inférieure et des pattes postérieures. Le chien atteint de cette forme paralytique mord rarement, il est plutôt léthargique. Dans la forme furieuse, on observe des modifications du comportement sous forme d agitation, une modification des aboiements et un débit salivaire abondant. Chez les bovins, après une incubation inférieure à deux mois, on observe principalement une agitation, une irritabilité, un comportement agressif et des mugissements anormaux. Les chauves-souris atteintes peuvent avoir un comportement modifié, se laisser approcher, avoir des difficultés à voler. Il semble que la période durant laquelle elles sont contagieuses soit très courte avec une moyenne de cinq jours. Page 3 sur 7
VII. Symptômes chez l homme La période d incubation de la rage est généralement de un à trois mois, mais peut durer moins d une semaine à plus d un an. La maladie se manifeste d abord par de la fièvre et, souvent, des douleurs ou des fourmillements à l endroit de la blessure. La propagation du virus dans le système nerveux central entraîne une inflammation progressive et mortelle de l encéphale et de la moelle épinière. La rage peut se manifester sous sa forme «furieuse» : le malade est hyperactif et excité et présente une hydrophobie et parfois une aérophobie. Le décès survient en quelques jours par arrêt cardiorespiratoire. Dans 30 % environ des cas humains, la rage se présente sous une forme paralytique ; les muscles sont progressivement paralysés à partir de l endroit d inoculation. L évolution est moins spectaculaire et plus longue que dans la rage dite «furieuse». VIII. Viabilité du virus Le virus est détruit par les savons, la chaleur, la lumière (UV), la dessiccation, un ph inférieur à 3 ou supérieur à 11. Excrété dans le milieu extérieur, le virus est rapidement inactivé, mais il persiste dans les tissus, les prélèvements biologiques et les cadavres, ce qui permet le diagnostic, même tardif. IX. Mesures préventives Chez l animal En Belgique, la vaccination contre la rage est obligatoire : pour tous les chiens au sud du sillon Sambre et Meuse, ainsi que pour tous les chiens qui accompagnent leur propriétaire en camping n importe où en Belgique (risque accru de contact de l animal domestique avec des animaux sauvages) ; lorsque des animaux de compagnie (chiens, chats, furets) sont transportés de la Belgique vers l étranger ; lorsque des animaux de pays tiers sont introduits en Belgique. Chez l homme Se laver les mains à l'eau et au savon, systématiquement après chaque contact direct avec un animal (vivant ou mort), avant les repas, les pauses et en fin de journée de travail. Port d équipements de travail (vêtements spécifiques, gants, tablier, bottes), à nettoyer régulièrement. Mise à disposition de conteneurs étanches pour recevoir déchets et/ou cadavres d animaux. Mise à disposition de moyens de contention pour les animaux. Page 4 sur 7
X. Indications de la vaccination préventive Exercice d une activité professionnelle à risque Vétérinaires, agents de la Société Protectrice des Animaux, agents du clos d équarrissage, gardes forestiers, gardes-chasse, agronomes, zoologistes, archéologues et spéléologues, laboratoire de recherche et de diagnostic dans le domaine de la rage. Déplacements professionnels dans des pays ou zones à risque La vaccination préventive n est pas indiquée pour le voyageur classique, en raison du faible risque de contamination. Elle doit être envisagée dans les situations suivantes : personnes ayant des activités à risque comme les vétérinaires, les archéologues, spéléologues, etc. ; personnes séjournant dans des zones rurales où elles ne peuvent pas disposer rapidement (dans les 24 heures, maximum 4 jours) de vaccin préparé sur culture de cellules ni d immunoglobulines antirabiques spécifiques ; séjour prolongé dans un pays à risque. XI. Modalités de vaccination préventive Le vaccin contre la rage peut maintenant être obtenu sur simple prescription médicale auprès de toute pharmacie. Il en existe deux de qualité équivalente, préparés sur culture de cellules : RabipurTM (46,4 /dose) et Vaccin Rabique Mérieux HDCVTM (38,96 /dose). Le schéma de vaccination est le suivant : jours 0, 7, 21 à 28 et un rappel unique après un an ou plus. Un contrôle d anticorps n est requis que chez les personnes immunodéprimées. Ce contrôle sera réalisé 4 à 6 semaines après la 3 ème injection. La vaccination préventive induit une mémoire immunitaire de longue durée (au moins 20 à 30 ans, probablement à vie) qui permettra, en cas d exposition au virus, d avoir une réponse rapide en anticorps après deux nouvelles injections des mêmes vaccins. XII. Premiers soins en cas de plaie ou morsure par un animal suspect Les premiers soins sont essentiels : nettoyage abondant et prolongé (15 minutes) à l eau et au savon, rinçage abondant puis désinfection avec un produit iodé ou de l éthanol à 60-80, vérification de la vaccination contre le tétanos. XIII. Prophylaxie post-exposition Morsure suspecte chez une personne vaccinée Deux injections de vaccin aux jours 0 et 3. Page 5 sur 7
Morsure suspecte chez une personne non vaccinée Traitement en concertation avec les médecins de la Direction des Maladies Infectieuses et Transmissibles- Centre national pour le traitement médical de la rage. Administration d immunoglobulines antirabiques spécifiques dans et autour de la plaie endéans les 8 jours. Vaccination en quatre ou cinq doses : double dose au jour 0, puis une dose au jour 7 et une au jour 21 ; OU schéma 0, 3, 7, 14 et 28 jours. XIV. En résumé En résumé La rage touche plus de 150 pays et territoires. Le chien est à l origine de 99% des cas mortels de rage humaine. Plus de 55 000 personnes dans le monde meurent de la rage chaque année. 40% des personnes mordues par un animal, chez qui il existe une suspicion de rage, ont moins de 15 ans. Le nettoyage de la plaie et la vaccination, pratiqués dans les quelques heures suivant le contact avec un animal suspect, permettent de prévenir l apparition de la rage et le décès. Une prophylaxie post-exposition est administrée à plus de 15 millions de personnes par an dans le monde et on estime que ce traitement permet d éviter 327 000 décès par an. La vaccination préventive comporte trois injections sur une période de trois à quatre semaines et un rappel après un an. Elle induit une mémoire immunitaire de très longue durée (20-30 ans, probablement à vie). Le vaccin peut être obtenu sur simple prescription médicale en pharmacie. Le risque concerne principalement la médecine du voyage, même si l exercice de certaines professions justifie la vaccination en Belgique. Les mesures de premiers soins en cas de plaie suspecte sont primordiales. Page 6 sur 7
XV. Bibliographie 15.1. Livres et revues CARON V. Rage et milieu professionnel : où en est-on? Documents pour le médecin du travail [en ligne], 2 e trimestre 2008, n 114, DMT Assistance, n TP 4, p. 291-294. Disponible sur le Web : <http://www.inrs.fr> FRANCE. MINISTERE DE L AGRICULTURE, DE L AGROALIMENTAIRE ET DE LA FORET. Les chauves-souris et la rage. Disponible sur le Web : <http://www.agriculture.gouv.fr> MINISTERE DE L AGRICULTURE ET DE LA PECHE. DIRECTION GENERALE DE LA FORET ET DES AFFAIRES RURALES. DIRECTION GENERALE DE L ALIMENTATION. La rage. Fiche Zoonoses [en ligne], septembre 2005. Disponible sur le Web : <http://www.inrs.fr> ORGANISATION MONDIALE DE LA SANTE. Rage. Aide-mémoire [en ligne], septembre 2012, n 99. Disponible sur le Web : <http://www.who.int> ORGANISATION MONDIALE DE LA SANTE. Voyages internationaux et santé. Situation au 1 er janvier 2010, p. 137-143. VAXINFO. La rage. Mesures préventives. Mai 2008. Disponible sur le Web : <http://www.vaxinfopro.be> VAX INFO. Médecine du voyage. Actualités 2012 [en ligne], 26 avril 2012. Disponible sur le Web : <http://www.vaxinfopro.be> 15.2. Sites Web consultés Agence fédérale pour la sécurité de la chaîne alimentaire [en ligne] Disponible sur le Web : <http://www.favv.be> France. Ministère de l agriculture, de l agroalimentaire et de la forêt [en ligne] Disponible sur le Web : <http://www.agriculture.gouv.fr> Institut de médecine tropicale [en ligne] Disponible sur le Web : <http://www.itg.be> Institut national de recherche et de sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles [en ligne] Disponible sur le Web : <http://www.inrs.fr> Institut Pasteur [en ligne] Disponible sur le Web : <http://www.pasteur.fr> Vaxinfo [en ligne] Disponible sur le Web : <http://www.vaxinfopro.be> Page 7 sur 7 SPMT - Siège social Quai Orban, 32-34 à 4020 Liège T 04/ 344 62 64 F 04/ 344 62 61 cellule-scientifique@spmt.be www.spmt.be