LES STRATÉGIES DE L ENTRAÎNEUR POUR LES SÉANCES D ENTRAÎNEMENT



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Transcription:

4 LES STRATÉGIES DE L ENTRAÎNEUR POUR LES SÉANCES D ENTRAÎNEMENT Jose María Buceta 4.1. UNE ATTITUDE CONSTRUCTIVE 4.2. LES PRINCIPAUX EXERCICES 4.3. LE MODÈLE 4.4. LES INSTRUCTIONS ET LES COMMENTAIRES ADRESSÉS AUX JOUEURS 4.5. LES QUESTIONS ET LES RAPPELS 4.6. NOTER LES PERFORMANCES DES JOUEURS 4.7. LE FEEDBACK 4.8. LA GESTION DES IMPRÉVUS Utiliser la motivation La motivation sociale L économie de récompense Utiliser des stimuli négatifs 4.9. NOTER LE COMPORTEMENT DE L ENTRAÎNEUR

102 BASKET-BALL POUR JEUNES JOUEURS Outre la planification et l évaluation des séances d entraînement, il s avère aussi important que l entraîneur gère efficacement le travail des joueurs pendant chaque séance. Voici quelques stratégies que vous pouvez utiliser dans ce sens. 4.1. UNE ATTITUDE CONSTRUCTIVE En général, les entraîneurs devraient faire preuve d une attitude constructive lorsqu ils dirigent les séances pratiques de leur équipe. Leur travail ne consiste pas à réprimander les joueurs quand ils se trompent, ils ne doivent pas non plus être de mauvaise humeur et ils ne doivent surtout pas insulter les joueurs, se moquer d eux ou les ridiculiser. Au cours des séances d entraînement, le travail de l entraîneur est d atteindre les objectifs marqués et, à cet effet, il est important que son attitude constructive se reflète dans les aspects suivants : créer une ambiance de travail agréable où les défis attrayants et réalisables ainsi que les commentaires positifs dominent accepter le fait que les joueurs ne sont pas parfaits et que, par conséquent, ils se tromperont accepter que les erreurs des joueurs font partie de leur formation et qu ils commettront toujours des fautes accepter qu il ne suffira pas d expliquer les choses une fois pour que les joueurs fassent ce qu on leur demande. Il sera plus approprié parfois de montrer aux joueurs ce que l on souhaite et même alors, il faudra une période d entraînement pour que les enfants maîtrisent l information reçue comprendre que chaque jeune joueur apprend à son propre rythme. L entraîneur devra les aider et respecter ce rythme, sans mépriser les plus lents ou ceux qui présentent le plus de difficultés rester réaliste sur ce que l on peut et doit demander aux joueurs

4. LES STRATÉGIES DE L ENTRAÎNEUR POUR LES SÉANCES D ENTRAÎNEMENT 103 apprécier et souligner les efforts des joueurs plus que les résultats obtenus. Si les enfants font des efforts et l entraîneur contrôle le processus d entraînement, il verra tôt ou tard une amélioration remarquer et mettre en exergue les progrès plutôt que les défauts faire preuve de patience lorsque les choses n avancent pas comme on le voudrait et encourager les enfants à réessayer analyser objectivement les erreurs des joueurs et les situations difficiles qui surgissent pendant le processus d entraînement pour parvenir à des conclusions productives. Les erreurs et les difficultés sont d excellentes occasions de dresser l état de la question et de déterminer les aspects à travailler ou ce qui devrait être modifié traiter les joueurs avec respect et affection, indépendamment de ce qui arrive. Cette attitude permettra à l entraîneur de gagner le respect des jeunes joueurs et d exécuter efficacement son travail. Exercice pratique Pensez à la manière dont vous organisez normalement vos séances d entraînement et posez-vous la question de savoir si votre attitude pourrait s avérer plus constructive. 4.2. LES PRINCIPAUX EXERCICES Pour diriger des exercices d entraînement, voici la procédure à suivre : expliquer l exercice et son objectif aux joueurs dans certains cas, offrir une démonstration pratique de ce que l on souhaite pour que les joueurs le voient et le comprennent mieux établir les règles de travail de l exercice au début de l exercice, observer les joueurs pour vérifier qu ils ont bien compris de quoi il s agit et, si ce n est pas le cas, interrompre l exercice et le réexpliquer s ils ont compris l exercice, les laisser le faire pendant un moment sans les corriger. L entraîneur pourra ainsi évaluer le niveau de l objectif de l exercice et l attention qu y prêtent les joueurs

104 BASKET-BALL POUR JEUNES JOUEURS cette évaluation permet à l entraîneur de voir s il introduit trop de stimuli en même temps, ce qui empêche les joueurs de se concentrer sur l objectif de l exercice. Il devrait alors reformuler l exercice en éliminant des stimuli qui seront repris plus tard lorsque les joueurs maîtriseront les concepts clé pendant l exercice, l entraîneur ne devrait pas déranger les joueurs avec des commentaires ou des instructions, il ne devrait les utiliser que pour attirer leur attention sur les aspects clé de l exercice l entraîneur ne devrait pas réagir comme un reporter radio qui transmet constamment les instructions aux joueurs mais il devrait plutôt leur laisser reconstruire les processus mentaux nécessaires pour développer l exercice l entraîneur devrait parler aux joueurs pendant les pauses entre les exercices plutôt que pendant les exercices (attendre qu un enfant ait terminé une contre-attaque avant de le corriger) l entraîneur devrait utiliser un comportement verbal et para-verbal adéquat (regarder les enfants pendant qu il leur parle, avec un débit et un volume adéquats) l entraîneur devrait poser les questions adéquates et formuler des rappels pour aider les joueurs à se concentrer l entraîneur devrait offrir un feedback aux joueurs sur leur comportement si nécessaire, l entraîneur peut enregistrer les performances des joueurs l entraîneur doit motiver ses joueurs pour asseoir leurs connaissances et les féliciter de leurs efforts. Certaines de ces stratégies ont été mentionnées dans les chapitres précédents (expliquer le but d un exercice, établir des règles de travail). D autres seront expliquées dans les sections suivantes. 4.3. LE MODÈLE Les jeunes joueurs tendent à observer le comportement de l entraîneur et des autres joueurs, ils apprennent par imitation. Les modèles sont donc une bonne stratégie pour susciter la motivation des joueurs et leur montrer ce qu ils doivent apprendre. En gros, cela consiste à présenter au joueur ou à l équipe un bon modèle comme exemple à imiter en soulignant ou en montrant le comportement concret à imiter.

4. LES STRATÉGIES DE L ENTRAÎNEUR POUR LES SÉANCES D ENTRAÎNEMENT 105 * Par exemple : l entraîneur d une équipe de mini-basket (un bon modèle) peut montrer à ses joueurs comment passer la balle pour qu ils l imitent. Les enfants comprendront plus facilement ce que l entraîneur attend d eux. * Un autre exemple : l entraîneur d une équipe de 13 à 14 ans peut parler à ses joueurs d autres athlètes qui sont importants pour eux (des joueurs d élite, certains de l équipe de 15 à 18 ans du même club) pour leur expliquer que ces joueurs ont également dû réaliser les exercices de défense qu il leur demande. Les jeunes seront ainsi plus motivés pour un exercice qui, à prime abord, ne les attirait pas vraiment. Il faudrait introduire une distinction entre deux types de modèles : les modèles d identification à un expert et l identification à un modèle perçu comme accessible. Les modèles d identification à un expert sont des équipes ou des joueurs prestigieux. L identification à un modèle perçu comme accessible est un modèle dans lequel des joueurs ou des équipes proches des joueurs eux-mêmes ont un niveau supérieur bien qu ils ne soient pas considérés comme des experts. * Par exemple : un joueur international peut être un modèle d identification à un expert, tandis qu un joueur d une équipe de cadets (15 et 16 ans) qui était dans l équipe de 13 à 14 ans du même club deux ans auparavant peut être un bon modèle perçu comme accessible. Un exemple de modèle d identification à un expert peut s avérer très motivant au départ, mais si ce joueur supérieur est trop distant, les enfants peuvent considérer impossible d imiter ce modèle. Il est donc bon d utiliser les modèles d identification à un expert pour augmenter la motivation des athlètes et, en même temps, des modèles perçus comme accessibles avec lesquels les joueurs se sentent plus identifiés. Dans ce sens, l intérêt pour imiter le modèle est lié à la perception qu il est réellement possible de l imiter. Les jeunes joueurs tendent à imiter n importe quel comportement de leurs modèles s il leur semble attractif. Mais il est important que l entraîneur insiste sur les aspects qu il considère les plus importants dans le

106 BASKET-BALL POUR JEUNES JOUEURS contexte de l entraînement. Il ne s agit pas simplement de parler des meilleurs joueurs mais plutôt de mettre en exergue leur comportement en tant qu athlètes et leur travail acharné, de façon à ce que les enfants souhaitent l imiter. Il faut illustrer ces commentaires avec des exemples de modèles plus proches. * Par exemple : avant de commencer un exercice, l entraîneur peut montrer un mouvement concret pour que les joueurs l imitent, tout en indiquant qu il s agit d un principe de base souvent utilisé par un joueur connu (si c est vrai). Cette stratégie peut s avérer très utile avec de jeunes enfants. * En profitant de l intérêt des enfants pour un certain joueur, l entraîneur peut souligner certains comportements qui lui permettent de réussir et leur montrer comment il fait ou demander à un joueur plus âgé de le faire à sa place. On peut parfois trouver des modèles au sein-même de l équipe. En fait, certains joueurs apprennent en observant et en imitant leurs compagnons. Comme nous l avons vu, l entraîneur peut aussi être un très bon modèle. L entraîneur d une équipe de mini-basket ou de 13 à 14 ans doit pouvoir montrer les principes de base du basket (les passes, les dribbles, etc.) pour que ses joueurs l observent et imitent les mouvements corrects. Parfois, comme complément, l entraîneur peut utiliser des vidéos pour leur montrer des modèles d identification à un expert et d autres perçus comme accessibles. Exercice pratique Dressez une liste des fondamentaux que vous pouvez montrer à vos joueurs en servant vous-même de modèle. 4.4. LES INSTRUCTIONS ET LES COMMENTAIRES AUX JOUEURS Les instructions et les commentaires adressés aux joueurs pendant les séances d entraînement devraient être courts, clairs et précis. L entraîneur devrait réfléchir à ce qu il veut expliquer et l exprimer clairement pour que les enfants puissent se concentrer sur la tâche en question. Il devra donc adapter son langage au niveau des joueurs en évitant d utiliser des mots ou des concepts qu ils ne maîtrisent pas ou de leur parler comme s il s agissait d un clinic ou s ils participaient à une réunion entre entraîneurs.

4. LES STRATÉGIES DE L ENTRAÎNEUR POUR LES SÉANCES D ENTRAÎNEMENT 107 * Par exemple : si l entraîneur explique un exercice de 2 contre 2 et parle de feinter, il devrait s assurer que les joueurs comprennent exactement ce qu il veut dire. Si les instructions et les commentaires de l entraîneur traitent uniquement, clairement et spécifiquement le but de chaque exercice, il est beaucoup plus probable que les joueurs se concentrent sur les aspects importants de l exercice et le réalisent mieux. Le contraire se produira si l entraîneur interrompt la concentration de ses joueurs par des commentaires ou des instructions sur d autres aspects. * Par exemple : si un exercice a pour but que les joueurs contreattaquent rapidement, le plus approprié pendant l exercice est que l entraîneur ne traite que ce point concret, sans interrompre pour commenter d autres aspects. L entraîneur aidera ainsi les joueurs à se concentrer sur l objectif de l exercice. L entraîneur devrait prêter attention aux comportements cible des joueurs, et non aux résultats, car l entraîneur peut influencer directement le comportement sportif (ce que font les enfants) mais pas les résultats (ce que les joueurs obtiennent par leur comportement). * Par exemple : les joueurs réalisent un exercice 1 contre 1. L entraîneur doit concentrer ses instructions et ses commentaires sur les décisions et/ou l exécution des mouvements concrets et non sur les paniers marqués. Il est utile que l entraîneur donne des instructions directement liées au comportement concernant l attention des joueurs. * Par exemple : «Regarde le joueur et la balle en même temps!» «Concentre-toi sur le pivot!», etc. L entraîneur rappelle ainsi aux joueurs qu ils doivent prêter attention aux exigences et peut diriger leur attention. 4.5. LES QUESTIONS ET LES RAPPELS Normalement, lorsqu un entraîneur corrige un joueur, il devrait lui dire ce qu il a mal fait ou ce qu il devrait améliorer la fois suivante ; l entraîneur donne donc des solutions que le joueur peut assimiler par rapport aux erreurs commises.

108 BASKET-BALL POUR JEUNES JOUEURS Ce comportement est surtout approprié lorsque les joueurs ne connaissent pas les solutions correctes et c est la seule manière pour qu ils assimilent. Mais si les joueurs connaissent déjà les solutions, une stratégie efficace pour attirer leur attention sur l objectif de l exercice et leur permettre d assimiler l information est de poser des questions pour que les joueurs trouvent la bonne réponse. * Par exemple : prenons un exercice de tirs en lay-up pour de jeunes joueurs de mini-basket. L entraîneur veut qu ils s appuient sur le pied droit lorsqu ils reçoivent la balle. L enfant fait un lay-up mais ne place pas correctement le pied droit. Au lieu de le signaler, l entraîneur peut lui demander : «Sur quel pied t es-tu appuyé?»... «Quel pied aurais-tu dû utiliser?»... «Es-tu sûr?», etc. Ce genre de question force l enfant à trouver lui-même une réponse, ce qui le poussera à prêter plus d attention la fois suivante. La première fois que l entraîneur posera la question, le joueur ne saura peutêtre pas la réponse car il n a pas fait suffisamment attention, mais il se concentrera plus par la suite afin de répondre aux autres questions. En outre, la concentration de ses coéquipiers augmentera certainement aussi puisqu ils sauront que l entraîneur peut également leur poser des questions. On peut compléter le système de questions en rappelant au joueur ce qu il doit faire juste avant de commencer («Rappelle-toi que l objectif est que tu t appuies sur ton pied droit lorsque tu recevras le ballon.»). Si le joueur dispose de suffisamment d information, ce rappel préalable peut aussi prendre la forme d une question («Quel pied devraistu utiliser lorsque tu recevras la balle?») ; dans les deux cas, les joueurs prêteront attention à l aspect clé de l exercice juste avant de commencer. Les deux stratégies, les questions et les rappels, sont particulièrement utiles pour les tactiques qui n ont pas encore été bien assimilées et qui requièrent une attention consciente plus soutenue, ou à des moments concrets lorsque l entraîneur remarque un manque d attention. Les questions devraient suivre immédiatement l action du joueur (juste après l action du joueur) et les rappels préalables (avec ou sans question) doivent précéder l action suivante (juste avant l action).

4. LES STRATÉGIES DE L ENTRAÎNEUR POUR LES SÉANCES D ENTRAÎNEMENT 109 4.6. NOTER LES PERFORMANCES DES JOUEURS Noter les performances des joueurs pendant les exercices les aide à se concentrer sur le comportement en question. * Par exemple : si l entraîneur note, sur un tableau ou une feuille de papier, le nombre de fois que l objectif cible est atteint pendant un exercice (passes spécifiques, blocages, tirs, etc.) les joueurs seront plus attentifs à ces comportements et les répéteront plus souvent. Il en sera de même si l entraîneur accumule les fiches des comportements qu il considère les plus importants. Afin de parvenir à cet effet positif, les critères de notation doivent être très clairs. Lorsqu il s agit de comportements à apprendre, les critères choisis doivent faire référence au comportement concret du joueur plutôt qu aux résultats atteints. * Par exemple : on peut noter le nombre de fois que les 15 à 16 ans posent correctement un écran (comportement) indépendamment du fait qu ils marquent ou non après (le résultat de ce comportement). Les jeunes se concentreront ainsi plus sur la cible de l exercice, l écran dans ce cas. Le tableau 11 inclut une fiche que l on peut utiliser pour prendre note des comportements cible des joueurs. En cas de répétition des comportements déjà acquis, il peut être plus approprié de noter les résultats de ces comportements ; ce seront toujours des résultats qui dépendent du comportement sur lequel le joueur travaille. * Par exemple : pendant un exercice répétitif de tirs pour des jeunes de 17 et 18 ans, on peut noter les paniers marqués. Il sera plus probable qu ils se concentrent sur ce point et essaient de faire de leur mieux. Exercice pratique Divisez une feuille pour noter la fréquence d un comportement cible lors d un exercice pratique.

110 BASKET-BALL POUR JEUNES JOUEURS PASSER ET S ÉLOIGNER JOUEURS EXERCICE 1 EXERCICE 2 EXERCICE 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 Tableau 11. Voici un exemple de fiche pour noter la fréquence du comportement «passer et s éloigner» au cours de 3 exercices d une même séance d entraînement.

4. LES STRATÉGIES DE L ENTRAÎNEUR POUR LES SÉANCES D ENTRAÎNEMENT 111 4.7. LE FEEDBACK Le feedback est l information que les joueurs reçoivent sur ce qu ils font. Un joueur décide de réaliser une passe concrète à un coéquipier et l entraîneur commente cette passe. Dans ce cas, l entraîneur donne à l enfant un feedback de la passe utilisée. Le feedback est un élément important pour maintenir la motivation du joueur et l aider à apprendre. Le joueur ou l équipe sont ainsi motivés par un objectif concret (améliorer la contre-attaque) et font un effort pour y parvenir. Ils auront alors besoin d une information précise sur leur comportement pour renforcer leur motivation et se rapprocher de la cible. Le feedback permet aux joueurs, même très jeunes, de contrôler leurs progrès afin de parvenir aux objectifs fixés. Lorsque le feedback est favorable, il est gratifiant et indique que l action réalisée est correcte et que, par conséquent, elle peut être répétée, ce qui renforce la motivation pour continuer à faire cet effort. Lorsque le feedback est négatif, il aide le joueur à connaître le comportement concret qu il devra améliorer et lui montre comment y parvenir. Cela le motive s il sent qu il en est capable. Un feedback défavorable devrait inclure l information dont les joueurs ont besoin pour améliorer leurs essais suivants. Les joueurs peuvent recevoir un feedback de différentes sources. À travers les résultats obtenus, les commentaires des autres, leurs propres sensations ou en regardant une vidéo. Mais pour en faire une technique, l entraîneur doit les contrôler correctement, il évitera ou minimisera les indications incorrectes que les joueurs pourraient recevoir. L entraîneur peut utiliser un feedback verbal, des vidéos (bien contrôlées), des notes objectives des performances ou toute autre source qui lui fournisse une information immédiate sur le comportement cible. * Par exemple : pour améliorer la précision des passes, l entraîneur peut placer une cible à une certaine distance (une marque sur un mur) et fixer l objectif de «toucher la cible». Le résultat de chaque tir (toucher la cible, s en rapprocher, tirer d un côté, etc.) est un excellent feedback pour les joueurs qui participent à cet exercice. * Un autre exemple : l entraîneur veut que le joueur garde le coude du bras qui tire collé au corps. Il les place donc le long du mur, avec le bras qui tire du côté du mur. De là, ils tirent dans un panier imaginaire ou dans un vrai panier. Le joueur qui décolle son coude touchera le mur tandis que celui qui le garde le long de son flanc aura acquis la bonne position. Dans les deux cas, les joueurs reçoivent un excellent feedback.

112 BASKET-BALL POUR JEUNES JOUEURS On peut aussi utiliser une caméra pour filmer certains fragments particulièrement importants d un entraînement de 15 à 18 ans. L entraîneur sélectionnera certaines images qu il montrera à ses joueurs. Il est bon de regarder la vidéo avant la séance suivante d entraînement où les joueurs traiteront à nouveau la tactique en question. Les joueurs recevront ainsi de l information sur un ou plusieurs comportements qu ils devront améliorer sur le terrain immédiatement après. Ces séances ne devraient être ni trop longues (entre 5 et 10 minutes) ni trop fréquentes. Si elles sont courtes et sporadiques, elles auront plus de sens pour les joueurs et seront donc plus utiles. * Par exemple : l entraîneur d une équipe junior (17 à 18 ans) ressent le besoin de fournir un feedback à ses pivots sur leurs mouvements de postes hauts. Il organise un exercice à cet effet et un entraîneur assistant filme. Par la suite, l entraîneur choisit quelques fragments de la cassette vidéo. Un autre exercice pour travailler cet aspect a été programmé deux semaines plus tard. Avant la séance, les pivots se réuniront avec l entraîneur ou son assistant et regarderont les images pendant 5 minutes. L entraîneur en profite pour commenter les images et invite les joueurs à poser des questions pour résoudre des doutes et à formuler des suggestions. À la fin de la réunion, les joueurs rejoignent leurs coéquipiers sur le terrain. Lorsque l entraîneur organisera des exercices pour travailler les mouvements des pivots hauts, les joueurs seront attentifs et amélioreront leurs performances. Exercice pratique Pensez à trois exemples de sources de feedback immédiat pour les joueurs d une équipe de mini-basket ou de 13 à 14 ans pendant une séance d entraînement. 4.8. LA GESTION DES IMPRÉVUS L utilisation des stimuli de récompense ou négatifs pour les comportements des joueurs (c est-à-dire le résultat de ce comportement) s avère une stratégie très efficace pour augmenter ou minimiser les comportements cible.

4. LES STRATÉGIES DE L ENTRAÎNEUR POUR LES SÉANCES D ENTRAÎNEMENT 113 * Par exemple : l entraîneur peut féliciter un joueur, il utilisera alors des stimuli de récompense ou il peut décider qu un enfant doit ramasser les ballons après l exercice et appliquera alors un stimulus négatif. L objectif principal de ces techniques psychologiques dans cette stratégie est de contribuer à l apprentissage de comportements importants. Si l objectif du processus d apprentissage est l acquisition ou le perfectionnement d un comportement (améliorer la technique de tir, par exemple), il faudrait introduire le plus rapidement possible, dès que le joueur est parvenu à l objectif, un stimulus de récompense (motivation positive) ou supprimer un stimulus négatif (motivation négative) pour renforcer cette attitude et inciter le joueur à la répéter. De même, si l objectif est d éliminer un certain type de comportement (protester contre un arbitre, par exemple), lorsque le joueur se trompe, on appliquera un stimulus négatif (punition positive) ou on supprimera un stimulus de récompense (punition négative) pour éviter que ce comportement ne se reproduise dans le futur. Dans les deux cas, les stimuli de récompense et négatifs ne devraient être appliqués que selon le comportement des athlètes, jamais en raison des résultats (on moti-

114 BASKET-BALL POUR JEUNES JOUEURS vera ou punira un comportement, mais pas un résultat). Voici plusieurs exemples. * Par exemple : un joueur de 13 ans prend une bonne décision en 3 contre 3. L entraîneur le félicite immédiatement (stimulus de récompense) et applique un renforcement positif pour que le joueur prenne à nouveau cette décision dans le futur. * Les joueurs d une équipe de 17 à 18 ans réalisent un exercice de défense très intense et sont fatigués. Un joueur apporte une aide défensive que l entraîneur souhaite développer. Comme récompense, l entraîneur permet à ce jeune de se reposer pendant quelques minutes. Dans ce cas, l entraîneur élimine un stimulus négatif (réaliser un exercice aussi intense quand les joueurs sont fatigués) et applique ainsi un renforcement négatif pour que le joueur reprenne cette aide défensive. * L entraîneur souhaite qu un joueur de 17 ans défende sans commettre de faute personnelle. Après lui avoir montré la technique correspondante, il conçoit un exercice où le joueur reçoit un point chaque fois qu il commet une faute. À la fin de l entraînement, le joueur devra réaliser un exercice de défense de trois minutes pour chaque point qu il aura accumulé. Dans ce cas, l entraîneur utilise un stimulus négatif (le point accumulé et le fait de devoir rester faire des exercices de défense) pour appliquer une punition positive afin d aider le jeune à éviter des fautes personnelles. Parallèlement, chaque fois que le joueur défendra sans faire de faute, l entraîneur lui dira «Très bien» pour motiver un comportement défensif correct. * L entraîneur d une équipe de 15 à 16 ans organise un match 3 contre 3 sur un demi-terrain où il ne veut pas que les joueurs utilisent leur main droite lorsqu ils devraient utiliser la main gauche. Chaque fois qu un joueur utilise la main droite alors qu il devrait utiliser la gauche, son équipe perd la balle. L entraîneur élimine ainsi un stimulus de récompense (le ballon) et applique une punition négative pour éliminer le comportement (utiliser la main droite). Parallèlement, lorsque les joueurs utilisent la main gauche, l entraîneur applique une motivation sociale («Très bien») afin de motiver cette attitude correcte.

4. LES STRATÉGIES DE L ENTRAÎNEUR POUR LES SÉANCES D ENTRAÎNEMENT 115 Comme nous l avons vu, on se sert de la motivation pour consolider une attitude souhaitée. Lorsque l on utilise une punition, il est très important de motiver une attitude alternative pour remplacer l attitude erronée en même temps (selon l exemple précédent, un comportement défensif sans faute et avec la main gauche). Il vaut normalement mieux travailler avec des motivations pour consolider une attitude plutôt qu avec des punitions pour éliminer un comportement, surtout avec de jeunes joueurs. Appliquée correctement, une punition peut s avérer très précieuse dans l entraînement de jeunes enfants. Exercices pratiques Pensez à une manière de motiver le comportement que vous souhaitez consolider. Définissez clairement le comportement, le stimulus appliqué et la manière d appliquer ce stimulus. N oubliez pas que les stimuli devraient être utilisés le plus tôt possible. Pensez à une manière de punir un comportement que vous souhaitez éliminer. Définissez clairement le comportement, le stimulus appliqué et la manière d appliquer ce stimulus. N oubliez pas de motiver en même temps un comportement alternatif pour remplacer l attitude à éliminer. Définissez cette attitude alternative et les stimuli à appliquer pour consolider la bonne attitude. Utiliser la motivation Une motivation fréquente aide les joueurs à obtenir un niveau élevé de gratification. C est un plus qui renforce la motivation sportive et les aide à apprendre des attitudes cible. Voici pourquoi il est tellement important que les entraîneurs utilisent fréquemment les motivations. Nous appellerons les stimuli utilisés pour motiver des motivations, et nous ferons la distinction entre les motivations sociales et matérielles. Les motivations sociales incluent le respect, la reconnaissance, l approbation et l attention de l entraîneur. Ce dernier apprécie l effort réalisé par le joueur pour récupérer le ballon «Bien joué!», «Comme ça!», «Bravo!». Les motivations matérielles sont des objets matériels qui s avèrent importants pour les joueurs : des périodes de repos, pouvoir éviter un exercice ennuyeux ou difficile, choisir l exercice qu ils souhaitent réaliser, gagner une coupe, etc.

116 BASKET-BALL POUR JEUNES JOUEURS Ces deux types de motivations sont compatibles et peuvent parfaitement se combiner. * Par exemple : l entraîneur d une équipe junior (17 et 18 ans) peut reconnaître les efforts des joueurs dans un exercice très intense (motivation sociale) et terminer l entraînement plus tôt (motivation matérielle). Les motivations ne doivent pas être appliquées arbitrairement mais plutôt comme une conséquence du comportement des joueurs. En fait, la clé de la motivation est que les joueurs perçoivent qu ils obtiennent quelque chose grâce à ce qu ils font. Ils obtiennent ainsi une gratification personnelle très précieuse et sauront comment l obtenir à nouveau dans le futur. Comme nous l avons déjà dit, la motivation la plus précieuse est celle donnée immédiatement après le comportement qui est à la source de la récompense. Pour toutes ces raisons, l entraîneur devrait appliquer la motivation dès que possible, en expliquant la raison pour laquelle elle est appliquée afin d éviter toute confusion. * Par exemple : après une bonne feinte, l entraîneur devrait dire «Bien, Pierre, c était une bonne feinte!». La motivation sociale De même que pour la motivation matérielle, la motivation sociale devrait être appliquée immédiatement après le comportement que l entraîneur souhaite consolider. * Par exemple : l entraîneur veut que les enfants regardent l anneau chaque fois qu ils reçoivent la balle. Si les joueurs le font, l entraîneur devrait dire à voix haute «Comme ça, très bien!». La motivation sociale ne devrait pas être utilisée à la légère mais plutôt comme la conséquence d une attitude qui s est améliorée (même légèrement) dans les progrès personnels de chaque joueur. * Par exemple : une joueuse de mini-basket qui ne descend jamais pour défendre se met à courir en arrière comme sa coéquipière à un moment donné. C est une bonne occasion pour que l entraîneur applique une motivation sociale envers cette joueuse «Très bien, Julia!».

4. LES STRATÉGIES DE L ENTRAÎNEUR POUR LES SÉANCES D ENTRAÎNEMENT 117 Il est important pour les entraîneurs qui travaillent avec de jeunes joueurs d être attentifs aux occasions et d appliquer une motivation sociale. Ils utiliseront ainsi correctement un instrument très efficace. Au cours des entraînements, la motivation sociale est très précieuse pour trois raisons : elle informe les joueurs de leur comportement (feedback) elle est très gratifiante parce que les joueurs apprécient la reconnaissance de l entraîneur elle contribue à créer une atmosphère positive dans le cadre de l entraînement. Pour ces raisons, la motivation sociale influence la motivation et la concentration des joueurs, ce qui en fait un instrument de travail que l entraîneur devrait utiliser à profusion. La motivation sociale est particulièrement importante pour des équipes d enfants et les entraîneurs qui l utilisent fréquemment sentent que le sport est une expérience plus gratifiante et productive dans tous les sens pour les enfants. La motivation sociale aide les enfants à apprendre les comportements cible programmés. Leurs performances sportives s améliorent donc lorsque l on utilise cette tactique. Exercice pratique Observez un entraîneur d enfants et notez combien de fois il utilise la motivation sociale avec ses joueurs. Notez également les occasions où il aurait pu utiliser cette stratégie mais ou il ne l a pas fait. L économie de récompense Nous savons, d une part, combien il est important d appliquer une motivation dès que possible. Mais, d autre part, l entraîneur ne peut pas constamment interrompre l entraînement pour donner des motivations. La technique que l on appelle économie de récompense résout ce problème. Chaque fois que l on atteint le comportement cible, on donne un point. On accumule les points qui permettront plus tard au joueur d obtenir une récompense. Chaque point motive ainsi le comportement cible.

118 BASKET-BALL POUR JEUNES JOUEURS * Par exemple : l entraîneur veut que des jeunes de 15 à 16 ans passent plus souvent la balle au pivot depuis des positions concrètes sur le terrain. Il organise un match 4 contre 4 sur un demi-terrain dans ce but. Il établit que chaque fois qu un joueur passe la balle au pivot depuis cette position-là, l équipe du joueur gagnera un point. À la fin du match, qui durera 10 minutes, l équipe qui a marqué au moins 7 points bénéficiera d un repos de 5 minutes. * Il faudra noter immédiatement les points après chaque comportement qui consiste à «passer la balle au pivot». Pour ce, chaque fois que l on passe la balle depuis la position mentionnée, l entraîneur devrait crier «point!» et le noter, si possible sur un tableau à la vue des joueurs. Pour que cette technique fonctionne, il faut tenir compte des aspects suivants : La récompense devrait être attractive. Il serait par exemple attrayant pour les joueurs de se reposer pendant une séance intense d exercices ou de disputer un match où ils peuvent choisir leurs coéquipiers. Relever le défi lancé lors d un exercice (dans l exemple précédent, obtenir au moins 7 points) s avérerait aussi attractif.

4. LES STRATÉGIES DE L ENTRAÎNEUR POUR LES SÉANCES D ENTRAÎNEMENT 119 Pour que cette stratégie soit plus précieuse, l entraîneur devrait tenir compte de l âge de ses joueurs et de ce qu il sait d eux (ce qu ils aiment). Il devrait savoir que, en général, les stimuli peu fréquents seront plus attractifs que les stimuli fréquents. Par exemple, il sera plus attrayant de jouer un match sans règles où les joueurs peuvent choisir leurs coéquipiers s ils ne le font pas souvent que s ils ont déjà joué plusieurs matchs comme celui-ci pendant un entraînement. Le nombre total de points nécessaires pour obtenir la récompense finale devrait pouvoir être atteint dans le temps attribué et en respectant les conditions de l exercice. Dans l exemple précédent, il faut laisser suffisamment de temps pour que, selon les conditions de l exercice (l espace pour jouer le match, le nombre de joueurs, les règles spécifiques), les joueurs aient l occasion de passer au pivot aussi souvent (ou plus) que les points nécessaires pour parvenir à l objectif. Le comportement précis et les stimuli précédents nécessaires pour obtenir des points devraient être très clairs. Dans l exemple précédent, le comportement consiste à «passer le ballon au pivot» et les stimuli précédents sont les espaces établis par l entraîneur (et pas d autres) d où l on doit passer la balle. On ne gagne un point que lorsque l on respecte toutes les conditions préalables, c est-àdire lorsque l on passe la balle au pivot depuis certaines positions sur le terrain. Avant de commencer l exercice, les joueurs devraient savoir exactement le temps limite, les objectifs et les conditions de l économie de récompense, c est-àdire le comportement cible (avec les stimuli précédents) qui leur permettront d obtenir des points, la récompense finale et le nombre de points nécessaires pour l obtenir. Les points devraient être attribués immédiatement. Sans arrêter l exercice, l entraîneur ou son assistant doivent crier «point!» dès que le comportement cible se produit, sans attendre le résultat. Dans l exemple précédent, l entraîneur devrait crier «point!» dès que le joueur passe la balle au pivot depuis les positions établies et, de préférence, avant de savoir le résultat de l action (par exemple, avant de vérifier si le pivot a profité de la passe pour marquer). Pour que la relation entre le comportement et le point soit plus claire, l entraîneur pourrait crier «point pour passer la balle!». Il serait bon d utiliser un tableau que tous les joueurs puissent voir afin de noter les points. S il n y a pas de tableau, l entraîneur peut noter les points sur un papier et indiquer aux joueurs pendant les pauses les points accumulés.

120 BASKET-BALL POUR JEUNES JOUEURS Exercices Pratiques Concevez un programme d économie de récompense pour une séance d entraînement de mini-basket. Concevez un programme d économie de récompense pour une séance d entraînement d une équipe de 13 à 14 ans. Concevez un programme d économie de récompense pour une séance d entraînement d une équipe de 15 à 16 ans et de 17 à 18 ans. Utiliser des stimuli négatifs Nous avons dit qu un entraîneur de jeunes enfants devrait surtout utiliser la motivation, mais on peut également employer la technique psychologique de la punition qui s avère aussi utile et éducative si elle respecte les conditions suivantes : la valeur doit être proportionnelle et surtout symbolique elle doit avoir été établie au préalable et définie aussi clairement que possible (quoi et pourquoi), il ne doit pas s agir d une décision arbitraire elle doit accroître l intérêt des joueurs pour relever des objectifs qui permettent d éviter une punition les joueurs devraient être capables d éviter la punition il faut appliquer en parallèle une motivation pour consolider les comportements alternatifs.