A o û t 2 0 0 6 N o 2 1 7 Toujours plus d orphelins Dans cette édition: Recrudescence d enfants abandonnés Orphelins dans la brousse tchadienne Pas d avenir sans formation www.morija.org
Editorial: Moi, Kader, 2 ans, abandonné dans un faubourg africain Sommaire Souffrant de troubles mentaux, la mère de Kader Tassembédo a abandonné son petit garçon dans une rue de Ouagadougou. Son père, alcoolique et toxicomane, a fait plusieurs fois de la prison et s est alors trouvé dans l incapacité de s occuper de son fils. Les services de l action sociale qui ont récupéré l enfant l ont confié à une des épouses de son grand-père paternel. N ayant pas bénéficié d une bonne alimentation, il a été envoyé dans un centre Morija en avril dernier, car il était atteint de kwashiorkor stade II, la phase la plus compliquée de la malnutrition. Agé aujourd hui de près de 2 ans, il s en est sorti grâce à l aide prodiguée et a retrouvé le sourire. L histoire de Kader n est hélas pas exceptionnelle. La crise du sida, les guerres endémiques et les migrations fréquentes occasionnent l émergence d une génération massive d orphelins, selon des observateurs qui ne dénombrent pas moins de 12 millions d enfants qui ont perdu au moins un parent en Afrique subsaharienne. Toujours plus fréquents, les abandons d enfants peuvent toutefois être endigués par une prévention concertée. Et des centaines de bébés ont la vie sauve grâce notamment au lait dont ils bénéficient dans nos centres. Pour ensuite assurer un avenir à ces enfants, les collaborateurs de Morija proposent à certains d entre eux comme nous vous l expliquons dans ces pages scolarisation et formation professionnelle. Mais pas sans vous: nous vous remercions de nous aider à continuer à garantir à un maximum d orphelins soins, nourriture et formation. Oui, merci de votre fidèle soutien. L équipe de Morija Le lait est hors de prix (page 4) Un geste de vie (page 6) Des bénévoles en mouvement (page 7) Association humanitaire En Reutet 1868 Collombey-le-Grand Tél. 024/472.80.70 Fax 024/472.80.93 E-Mail: relat.publique@morija.org CCP 19-10365-8 Association sans but lucratif Fondée en 1979 selon les articles 60ss du Code civil Suisse MORIJA FRANCE: Jérôme Prékel La Pierre 74410 St Eustache CCP 13.875-50 W 029 Banque: Crédit Agricole, Annecy 96702605676 But: Aide aux plus déshérités d Afrique, du Sahel en particulier, sans distinction de race ou de religion. Les 3 piliers de l aide sont: le secours d urgence l amélioration des conditions de vie les projets de développement L esprit dans lequel notre aide est apportée prend ses racines dans l Evangile. Siège social: Collombey-le-Grand Vérificateur des comptes: Fiduciaire R. Künzlé SA Monthey Rédaction: Morija Mise en page: Jordi SA, Belp Impression: Jordi SA, Belp Mensuel d information Prix de l abonnement: CHF 25. / 15. Abonnement de soutien: CHF 50. / 30. Tout don supplémentaire est le bienvenu. MERCI
Recrudescence d enfants abandonnés Les enfants dans le besoin reçoivent soins, nourriture N Naître ou devenir Norphelin pour un Nenfant en Afrique Nsubsaharienne, c est presque toujours être malheureux. Les causes de la perte de l un ou des deux parents actuellement les plus fréquentes sont: les décès des mères après accouchement (suite à des hémorragies, des anémies, ou des infections), le sida. La légendaire solidarité africaine faisait que les orphelins étaient pris en charge par la famille du défunt, bien qu ils soient souvent considérés comme porte-malheur. Malheureusement, avec la situation de plus en plus précaire des populations et le développement de l individualisme en ville, les familles sont plus réticentes à les accepter. Ceux qui sont tout de même accueillis par leurs proches le sont souvent dans des conditions très difficiles. Considérés comme une charge supplémentaire, ils n ont pas toujours la chance d être bien nourris, d aller à l école, de bénéficier d une bonne éducation. Ils sont souvent utilisés à des travaux pénibles, maltraités et marginalisés. Ce sont des candidats potentiels à la délinquance, à la vie dans la rue et à un avenir très incertain. Les bébés orphelins ont en particulier vraiment besoin d aide. Le lait maternisé leur est vraiment salutaire parce que les familles n ont pas les moyens d en acheter (il coûte actuellement CFA 2795. [CHF 6.65 / 4.45] la boîte de 450 g, soit une fortune pour le salarié moyen). Sans soutien, la plupart de ces enfants meurent très jeunes. Il en est de même des enfants abandonnés. Or l abandon d enfants connaît une recrudescence dans notre pays. Les raisons sont diverses: grossesses non désirées, non-reconnaissance de la paternité, fuite de responsabilité de certains jeunes pères, bannissement de jeunes filles enceintes, désir de poursuivre les études Les orphelins: des candidats potentiels à la délinquance Ces enfants paient les erreurs de leurs parents. Ils sont abandonnés soit dans la rue, soit dans la famille du père où c est généralement la grand-mère qui s en occupe. Malgré la bonne volonté, la malnutrition survient vite à cause du manque de connais- médicaments et vêtements dans nos centres sances et du manque d hygiène. Souvent, nous accueillons des orphelins et enfants abandonnés en état de malnutrition grave. Ils bénéficient d une prise en charge entièrement gratuite: soins, nourriture, médicaments, vêtements. Après la récupération, ils sont suivis mensuellement pendant un an et reçoivent des vivres et du lait. A travers la sensibilisation et avec l appui de l action sociale, nous arrivons à intervenir en faveur de ces enfants que nous plaçons, pour de meilleures conditions de vie, dans une famille d accueil. Mme Tapsoaba, Yvonne Zouétaba, Désirée Bayalou CREN de Nobéré et CREN de Ouagadougou
Du lait pour Abdoul Abdoul, soigné et nourri au CREN de Ouagadougou Abdoul Waly Sawadogo, orphelin de mère, avait été confié à la deuxième épouse de son père. La pouponnière de Josheba pourvoyait le bébé en lait mais visiblement, il ne le recevait pas. Abdoul a donc sombré dans un état de malnutrition grave et a été admis dans notre centre de Ouagadougou. Il pesait alors 4 kg 200. Trois semaines plus tard, il affichait un poids de 5 kg 180. Nous en avons tous été très soulagés. Yvonne Zouétaba et Désirée Bayalou Barkissou, également sauvée grâce au lait Barkissou Kinda est née en septembre 2005. Elle était particulièrement aimée de ses parents du fait qu elle était leur première fille. C était le deuxième enfant d une famille harmonieuse. Un mois après sa naissance, sa mère est tombée malade. Elle souffrait de fièvre et de bronchite. Peu après, elle est morte et le bébé me fut confié à moi, sa grandmère. Je l ai immédiatement emmenée au centre de récupération de Nobéré, où elle reçut du lait qui calma sa faim et ses pleurs. Oui, grâce à votre lait, elle a survécu, et je vous remercie beaucoup de votre aide. Barkissou a maintenant 8 mois et réclame plus que du lait. Avec les connaissances que j ai acquises au centre lors de mon séjour, je sais qu il ne faut pas la surcharger avec des repas familiaux traditionnels. J ai appris à préparer des bouillies enrichies que j introduis progressivement dans son alimentation. Tous les mois lors des pesées, les infirmières la revoient et me donnent des vivres et du lait pour ses préparations lactées. Je prie Dieu qu Il vous fortifie afin que vous puissiez par Son amour sauver d autres enfants qui vivent des difficultés similaires. La grand-maman de Barkissou Sur les genoux de sa grand-mère Le lait maternisé est hors de prix Une boîte de lait de 450 g coûte CFA 2795. (CHF 6.65 / 4.45) L Lorphelin nouveau-né a besoin de 2 boîtes par semaine de lait 1 er âge, puis de 2 boîtes de lait 2 e âge dès 3 mois. La boule de mil (nourriture traditionnelle) ne peut être introduite avant l âge de 1 an. La nourriture d un orphelin pendant sa première année de vie coûte donc environ CHF 345. / 230., alors que le salaire mensuel minimum s élève à CHF 75. / 50. Offrez des boîtes de lait à un orphelin Moyennant CHF 6.65 / 4.45, vous lui offrez une boîte de lait de 450 g. Moyennant CHF 90. / 60., vous lui accordez un mois de prise en charge dans un de nos centres de nutrition (nourriture et soins).
Tchad: à la rencontre des orphelins en brousse La visite aux orphelins de brousse nécessite tout un voyage Le SMI (Santé maternelle et infantile) couvre un rayon d action de 150 km autour de la ville d Abéché, chef-lieu de la province tchadienne du Ouaddaï. Actuellement, nous suivons 90 orphelins, dont 20 en ville et 70 en brousse. Les familles des orphelins habitant la ville ou les villages environnants viennent régulièrement avec le bébé au centre pour un contrôle et se réapprovisionner en lait. Mais pour les gens de brousse, les moyens de locomotion sont difficiles et sommaires. Assis sur un âne, de grands camions ou un pick up, le voyage peut durer 2 à 3 jours. En ce moment, l insécurité est telle que les familles des orphelins préfèrent rester chez elles. Lors de notre dernier voyage dans les villages d Abdi et Abkar, nous avons dû franchir plusieurs waddi (cours d eau asséchés) très sablonneux et difficiles à traverser. Nous sommes une fois sorties du véhicule pour enlever le surplus de sable accumulé au niveau des roues, lorsqu un convoi militaire tchadien est arrivé avec des canons, des armes lourdes Le commandant s est arrêté puis, sans nous poser aucune question, s est mis au volant de notre voiture. Une vingtaine de militaires a poussé le véhicule qui a été dégagé en moins d une minute! Malgré les risques et la fatigue, il était vital que nous réapprovisionnions les orphelins en lait avant la saison des pluies. Les familles se sont montrées très touchées de notre engagement et de l amour que nous portons à leurs enfants. Pour nous honorer, elles ont déplié leur plus belle natte et nous ont offert malgré leur pauvreté des poules vivantes, des œufs ou des mangues. Pour nous désaltérer, elles nous ont servi de l eau dans un koro (récipient en métal), puis nous ont invitées à partager du chai (thé noir), des fangasus (genre de beignet et signe de richesse pour eux, car baigné dans l huile). La situation dans les villages n est pas facile. La population vit dans des conditions parfois très primitives. Nous évaluons les besoins sur place et distribuons des habits aux plus nécessiteux. Les familles connaissent la valeur du lait et prennent bien soin des boîtes que nous leur donnons. Les visites aux orphelins nous aident à avoir un meilleur impact dans les familles qui s en occupent. Elles nous permettent une approche optimale de l enfant, car nous comprenons mieux le contexte dans lequel il évolue. Si le nombre de prématurés dont nous nous occupons a tendance à baisser, un nouveau grand défi se présente à nous: le tétanos. Par manque d informations, les femmes ne font pas de visites prénatales et nous observons que le tétanos source de mortalité guette actuellement les mères comme les enfants. Nous devons donc continuer à éduquer et à sensibiliser la population locale sur l importance des vaccinations. Carmen Weise et Betty Fritsch SMI d Abéché Arrivée à bon port, Carmen Weise pèse, nourrit, vaccine
Pas d avenir sans formation La cordonnerie: une formation pratique et utile Le chômage est l une des difficultés majeures que rencontrent les jeunes des régions subsahariennes. Plusieurs facteurs en sont la cause: taux de scolarisation très faible, écoles ou autres structures de formation professionnelle en nombre restreint et peu d emplois dans l administration, alors que le secteur privé est encore insuffisamment développé. Il ne reste donc aux jeunes plus qu à essayer de lancer leur propre entreprise. Mais l exercice requière l apprentissage d un savoir-faire. Depuis plus de 10 ans, Morija propose justement des formations pratiques, comme dans l atelier d Acozo au Burkina Faso. Aux abords d un quartier populaire de la capitale, des jeunes généralement des orphelins y apprennent le métier de cordonnier sur deux ans. «Je m appelle Alidou Rouamba, j ai 15 ans. J habite dans la banlieue de Ouagadougou. Mes parents ont financé mes études scolaires jusqu à la 6 e année primaire. Puis mon père a été dans l impossibilité d assurer ma scolarité. J étais triste et souhaitais me former, car je savais que cela pourrait améliorer ma situation et me permettre d assurer mes lendemains. Par chance, j ai eu l opportunité d être reçu comme apprenti à Acozo, où j ai commencé une formation en cordonnerie. Actuellement, je peux coller, coudre et cirer des chaussures. Je peux également teindre, couper et polir les peaux. Je suis très content de cette formation. Que Dieu bénisse ceux et celles qui nous financent». «Je me nomme Tiguéni Kouanda, j ai 17 ans. J habite aussi en périphérie de Ouagadougou. Voici ce qui m a poussé à venir à Acozo: mon frère m avait ouvert un petit atelier de réparation d engins à 2 roues. Mais à la suite de la perte de son emploi, il a pris tout mon matériel de travail et je me suis retrouvé au chômage. J ai demandé aux responsables d Acozo de pouvoir me former en cordonnerie et suis aujourd hui très fier et très heureux de bénéficier de cette formation. J espère ouvrir à l avenir mon propre atelier». Propos recueillis par Samuel Kaboré Un geste de vie En Suisse, sept personnes sur dix meurent sans laisser de testament, alors que rédiger un tel document est très simple. Un testament permet en outre aux héritiers de répartir les biens du défunt selon ses propres désirs. Si les actions de Morija vous interpellent, vous pouvez: instituer Morija légataire (héritage), faire don d une certaine somme d argent ou d un bien à Morija (legs). Si vous faites bénéficier Morija d une succession ou d un legs, nous nous engageons à: investir les moyens qui nous sont donnés en faveur des populations démunies que nous soutenons par nos activités, garantir votre confidentialité. Pour que la vie continue, quelques mots datés et signés avec nom, prénom, adresse, date de naissance, suffisent. Grâce à un hértage, un legs, des enfants, des personnes handicapées, malades, retrouvent espoir et dignité. Pour plus de renseignements, voir notre prospectus ci-joint.
Des bénévoles en mouvement Stand Morija au marché aux puces de Muraz-Collombey Morija a pour la pre- Mmière fois tenu un Mstand au marché aux Mpuces et des artisans de Muraz-Collombey, dans le canton du Valais. Par une magnifique journée ensoleillée de juin et en complément à l artisanat africain, des jouets récoltés par les scouts de la région ont été mis en vente. Ces articles ont remporté un franc succès et quelque CHF 500. ont été récoltés! Plus de 70 exposants étaient présents à cette 7 e édition et Morija a bénéficié de la belle affluence des badauds et pu faire valoir les différentes actions qu elle soutient en Afrique. Toujours en juin, les enfants du culte de l enfance de l église lausannoise de Villard ont remis symboliquement à Morija la somme récoltée lors de leurs différentes actions bénévoles (ventes de gobelets d eau provenant d un «puits» qu ils avaient confectionné ainsi que de fruits et légumes). C est un sac de jute empli de papiers qui, après avoir défilé dans les bras de Alexandra reçoit symboliquement un sac de jute chaque enfant, a été remis à Alexandra Jacquiard, responsable du bénévolat à Morija. La somme de CHF 4430. a déjà permis la construction d un puits dans le village de Boulwando situé à 140 km à l est de Ouagadougou. Un diaporama montrant des scènes du village, du puits entouré de femmes venant puiser l eau avec la mention «Puits offert par les enfants de l Eglise de Villard» a été largement apprécié. L action avait débuté en 2004, suite à une présentation de Morija dans cette église. A Onex (GE), une petite équipe de bénévoles conduite par Brigitte Rufi et composée principalement d adolescents a vendu des pâtisseries. «C est à chaque fois un plaisir de voir ces jeunes donner de leur temps pour soutenir les plus démunis. Leur enthousiasme fait chaud au cœur: ils osent s exposer aux inconnus et donner le meilleur d euxmêmes», témoigne-t-elle. «Non seulement ils sont présents au stand, mais ils ont en plus pris le temps de confectionner eux-mêmes les pâtisseries. C est une chouette expérience à vivre: n hésitez pas à nous rejoindre pour une prochaine action!» Interview-express d Alexandra Jacquiard Etre bénévole, ça veut dire quoi? Le bénévolat peut revêtir plusieurs formes. Il peut s agir d organiser des concerts, des ventes de pâtisseries, de courir à l occasion d une course populaire; ou encore de participer à notre vente annuelle en faveur des enfants malnutris accueillis dans nos centres en Afrique. Cette vente intervient cette année samedi 18 novembre. Ce qu il faut pour être bénévole, c est en fait du temps, de la bonne volonté, et vouloir venir en aide de façon concrète aux populations défavorisées du Sahel. Etes-vous assez nombreux? On manque actuellement d un noyau de bénévoles sur Lausanne. Cela dit, nous ne sommes jamais assez nombreux et toute initiative est la bienvenue. J aimerais ajouter que l engagement dans le bénévolat est une expérience très enrichissante. Intéressé? Tapez www.morija.org ou téléphonez au 024 472 80 70
Vous qui n êtes ni de ma race, ni de mon ethnie MERCI! «Je suis très heureux de pouvoir vous remercier de votre soutien. Je m appelle Jean Madingar, j ai 19 ans. Je suis orphelin de mère et de père depuis ma naissance. Par la grâce de Dieu, j ai été recueilli dans un orphelinat au Tchad. J ai passé une bonne partie de mon enfance à Betsaleel, où j ai été bien éduqué, élevé et protégé. J ai fini mes années scolaires primaires sans difficultés. Après cela, j ai été admis au collège de Bessada suite à un test. Je loge depuis lors dans l orphelinat d Eben-Ezer que Morija soutient et viens de remporter mon baccalauréat. Quand je réfléchis à ma trajectoire, je me sens particulièrement reconnaissant envers celles et ceux qui m on aidé; envers celles et ceux qui ne sont ni de ma race, ni de mon ethnie, ni de mon pays, ni même de mon continent, et qui ont pourtant senti combien j étais dans le besoin. Je vous dis un grand MERCI et vous souhaite une longue vie». Jean