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.G - NOURRIR LES HOMMES. Introduction Doc. vidéoprojeté : «Dessin de Kal paru dans The Baltimore Sun en 1996» Doc. vidéoprojeté : «Dessin de Plantu paru dans Le Monde en 2002» Consigne : Analysez ces dessins de presse pour mettre en évidence les défis majeurs auxquels l humanité est (et sera) confrontée en termes d alimentation. Le dessin de Kal présente un bébé (symbolisant l humanité) tétant un biberon qui a les traits de la Terre (il symbole les ressources naturelles mondiales). Au fur et à mesure que le temps passe, le bébé grossit et le biberon se «dégonfle», se vide : Kal montre que la croissance démographique fait peser des menaces sur la capacité à nourrir toute l humanité et sur la quantité des ressources. Le dessin de Plantu montre une scène où un homme blanc (symbolisant les pays développés) est attablé et déconseille à un «cadavre» noir (symbolisant l Afrique subsaharienne) de manger sa nourriture au motif qu elle contient des produits nocifs pour la santé. Plantu pointe donc les inégalités d accès à l alimentation mais aussi la sécurité sanitaire des aliments. La conjonction de ces défis (produire suffisamment pour nourrir toute l humanité ; économiser les ressources terrestres ; mieux répartir l alimentation à l échelle mondiale ; produire une nourriture saine et de qualité) s inscrit bien dans la perspective des trois objectifs du développement durable. Problématique : Comment parvenir à nourrir durablement plus de 7 milliards d'hommes? Étude de cas Š Le Brésil, la «nouvelle ferme» du monde? A. La situation alimentaire au Brésil Étude de cas pages 52-57 : «Le Brésil, nouvelle ferme du monde?» (partie A pages 52-53) 1. Quelles sont les évolutions quantitatives et qualitatives de la demande et de l offre alimentaires au Brésil? 2. Quels problèmes alimentaires le Brésil doit-il affronter? 3. Comment l État brésilien y fait-il face? 4. Montrez que l accès à l alimentation est inégal à toutes les échelles. Au Brésil, la demande alimentaire a augmenté pour plusieurs raisons : - l augmentation de la population : elle a presque doublé en 30 ans car l accroissement naturel (différence entre la natalité et la mortalité) est élevé (8,5 en 2010) ; - la modification des habitudes alimentaires : l élévation du niveau de vie et la croissance urbaine expliquent que les Brésiliens mangent moins de légumes traditionnels (manioc) mais plus de céréales et de produits d origine animale. L offre alimentaire a progressé plus rapidement que la demande, assurant ainsi la sécurité alimentaire (situation dans laquelle une population a accès à une nourriture suffisante, saine et nutritive). La production a triplé en 30 ans et elle s est diversifiée : le Brésil produit moins de légumineuses ou de céréales traditionnelles mais plus de blé et de viande bovine. Mais le Brésil connait des problèmes alimentaires. La sous-nutrition (apport alimentaire insuffisant pour satisfaire les besoins énergétiques) touche surtout les régions périphériques les plus pauvres (Nordeste, Nord) ; la malnutrition (déséquilibre de la ration alimentaire, caractérisé par des carences ou des excès) est plus courante. Phénomène nouveau et surtout urbain, l obésité (accumulation excessive de masse graisseuse) affecte 15 % des Brésiliens. L État brésilien a mis en place un programme familial (Bolsa Familia) à destination des familles les plus pauvres : il distribue des aides financières et de la nourriture (programme Fome Zero) dont les effets sont spectaculaires : la malnutrition a reculé de 70%. Il existe des inégalités régionales entre le Nord et le Nordeste, affectés par les problèmes alimentaires, et le Sud et le Sudeste, où la situation alimentaire est meilleure. Ces différences se retrouvent aussi l échelle locale, et en particulier en ville. Dans les grandes métropoles (Sao Paulo, Rio de Janeiro, Porto Alegre), la malnutrition sévit dans les favelas tandis que le reste de la population mange à sa faim, voire souffre d obésité (17 % de la population à Rio). 1

B. Les différents systèmes agricoles au Brésil Étude de cas pages 52-57 : «Le Brésil, nouvelle ferme du monde?» (partie B pages 54-55) 1. Quels sont les deux types d agriculture au Brésil? 2. Quels sont les acteurs et les moyens de l agriculture vivrière brésilienne? 3. Quels sont les acteurs de l agriculture productiviste brésilienne? Quels moyens l agriculture productiviste utilise-t-elle pour augmenter les productions? 4. Pourquoi peut-on dire que l agriculture brésilienne est de plus en plus exportée? On trouve au Brésil deux systèmes agricoles : l agriculture productiviste (agriculture commerciale visant l augmentation des rendements par l utilisation des progrès scientifiques et techniques), située dans la moitié sud, et l agriculture vivrière (agriculture dont la production est destinée à l autoconsommation ou à la vente locale), située dans la moitié nord. De petits paysans travaillent dans de petites exploitations (souvent moins de 10 hectares), en famille. Leurs moyens sont rudimentaires et manuels : agriculture sur brûlis (système agricole traditionnel qui utilise le feu pour «créer» des champs et pour fertiliser la terre, avec les cendres), coupe-coupe, portage sur la tête dans des récipients de fortune. Les cultures y sont aussi traditionnelles (manioc, polyculture, élevage). Il s agit de populations pauvres qui représentent la majorité des exploitations (53%) mais n exploitant que 3% du territoire. L agriculture productiviste s exerce dans de très grandes exploitations (souvent supérieures à 100 hectares). Il s agit donc plutôt d entreprises, représentant seulement un peu plus du tiers des exploitations mais possédant les 4/5 èmes des terres agricoles brésiliennes. Les moyens agricoles mis en œuvre sont à la mesure de leur puissance : mécanisation intensive rendue possible par la taille des parcelles et les capitaux injectés (recours aux OGM et engrais ). Le Brésil détient des records d exportations (café, sucre, viande bovine). Des infrastructures portuaires ont été mises en place pour permettre ce commerce (Belém au nord, Santos au sud). Si le Brésil n est qu au deuxième rang mondial pour le soja, il assure néanmoins plus du tiers des ventes mondiales de cet oléagineux (plantes cultivées pour leurs graines ou leurs fruits riches en matière grasse, dont on extraie de l huile) destiné à l alimentation animale. C. Un modèle agricole brésilien encore peu durable Étude de cas pages 52-57 : «Le Brésil, nouvelle ferme du monde?» (partie C pages 56-57) 1. Quelles sont les conséquences de l intensification agricole au Brésil? 2. Classez les solutions mises en place en fonction des trois piliers du développement durable. 3. Montrez cependant que ces solutions restent limitées. L intensification de l agriculture porte atteinte à l environnement, notamment à la forêt amazonienne qui est défrichée, au profit de la culture du soja, par la technique du brûlis. De plus, une forte utilisation d intrants (produits chimiques utilisés pour stimuler la production ou protéger les espèces) menace les terres au sud du pays. Enfin, la monoculture du soja a un impact sur les écosystèmes et les écologistes s inquiètent de l utilisation des OGM (organisme vivant dont le patrimoine génétique a été modifié pour donner de nouvelles propriétés). Des solutions durables commencent à être mises en place. L agriculture biologique (agriculture n utilisant ni intrant d origine industrielle ni OGM) a pour but de protéger l environnement car elle n utilise pas d intrants d origine industrielle et d OGM. Le commerce équitable (commerce qui cherche à assurer des revenus plus décents aux producteurs des pays du Sud en proposant des produits plus chers aux consommateurs des pays du Nord) cherche à répondre aux objectifs économiques et sociaux de l agriculture durable en permettant de développer les exportations, tout en assurant un revenu décent aux exploitants. Enfin, le programme Terra Lega, qui vise à redistribuer et à légaliser les terres en Amazonie est une réponse au pilier social. Malgré la mise en place des aires protégées en Amazonie, le recul de la forêt se poursuit. Le nombre d exploitations pratiquant l agriculture biologique ne représente qu un nombre restreint de producteurs (uniquement dans l est du pays). Cette agriculture en essor est donc marginale. Enfin, le commerce équitable concerne des produits alimentaires très ciblés et un petit nombre de producteurs (120 producteurs dans l exemple présenté). 2

Croquis de synthèse : Le Brésil, une ferme du monde encore peu durable (page 59) Point méthode : Réaliser un croquis de géographie, c est : - choisir des figurés appropriés : les figurés de surface (plages de couleurs, hachures ou nuage de points) les figurés ponctuels (carrés, triangles, ronds mais pas de pictogrammes) les figurés linéaires (traits continus ou discontinus et flèches) - choisir des couleurs adaptées : en fonction de leur symbolique (vert pour la forêt ) en fonction de leur «température» : les couleurs chaudes (rouge, rose, orange, marron, jaune) sont utilisées pour représenter des phénomènes positifs ou en augmentation ; les couleurs froides (violet, bleu, vert) sont utilisées pour représenter des phénomènes négatifs ou en baisse. Les «non couleurs» (noir, gris) sont utilisées pour des éléments neutres ; le blanc est utilisé pour traduire l absence. - marquer les noms des lieux (ou nomenclature) sur le croquis : en majuscules noires : le nom des États et des continents en minuscules bleues : les noms en rapport avec l eau (mers, lacs, fleuves) en minuscules noires : tout le reste (nom d une ville, d un quartier ) I. Croissance des populations, croissance des productions A. Des besoins alimentaires qui augmentent et qui changent Doc. repère A page 72 : «Croissance des populations mondiales, croissance des» Doc. vidéoprojeté : «La consommation alimentaire par habitant de 1962 à 2030» Consigne : Analysez les documents pour montrer que, malgré la croissance démographique mondiale, les besoins en alimentation sont globalement satisfaits. Depuis les années 1960, la population mondiale a doublé (elle est passée de 3 milliards d habitants en 1960 à 7,3 milliards d habitants en 2015). Cette croissance démographique a donc fait augmenter la demande alimentaire (quantité d alimentation dont une population a besoin pour se nourrir) mondiale : un habitant disposait de 2300 kcal/jour en moyenne en 1965 contre 2900 kcal/jour en 2015 (l Organisation mondiale de la santé a fixé à 2700 kcal/jour le seuil minimal d alimentation à absorber pour être en bonne santé). D autre part, les habitudes alimentaires se sont transformées. Avec la progression du niveau de vie et du taux d urbanisation (pourcentage de population vivant en ville), l humanité a aujourd hui un régime alimentaire différent de celui des années 1960 : - la consommation de légumes et de fruits a tendance à diminuer - la consommation en céréales et en produits d origine animale, elle, progresse. B. Une production agricole qui répond globalement à la demande Doc. repère A page 72 : «Croissance des populations mondiales, croissance des» Doc. repère B page 72 : «Un Sud mieux nourri» Consigne : Confrontez les documents pour montrer que la production alimentaire est globalement suffisante pour nourrir l humanité mais que la faim n a pas totalement disparu. Depuis les années 1960, la production agricole a triplé alors que dans le même temps, la population mondiale a un peu plus que doublé : la hausse plus rapide de la production agricole par rapport à celle de la population mondiale a permis de couvrir les besoins alimentaires. On produit aujourd hui, en moyenne et à l échelle mondiale, assez pour pouvoir nourrir convenablement toute l humanité. D ailleurs, dans les pays du Sud, la sousalimentation a nettement reculé (elle a été divisée par deux depuis 1961). Cependant, il reste toujours 400 millions de personnes qui souffrent de sous-nutrition dans le monde, essentiellement dans les pays du Sud. En effet, la moitié des personnes sousalimentées dans le monde se concentre en Asie (200 millions de personnes environ). Les 200 millions de personnes sous-alimentées restantes se partagent entre l Afrique et le Moyen- Orient (180 millions de personnes) et l Amérique latine (20 millions de personnes). 3

C. Mais des problèmes alimentaires qui persistent toujours Doc. 2 pages 68-69 : «Les disponibilités alimentaires dans le monde» Doc. 2 page 80 : «Les deux formes de la malnutrition dans le monde» Consigne : Confrontez les deux documents afin de montrer que l accès à l alimentation est encore inégal et que la malnutrition concerne les pays du Nord comme les pays du Sud. À l échelle mondiale, on constate de fortes inégalités en matière de disponibilité alimentaire (quantité de nourriture théoriquement disponible pour un individu). Dans les pays développés et émergents (Amérique, Europe et Russie, Maghreb et Moyen-Orient, Asie de l est, Océanie), la population accède sans difficultés à une quantité suffisante de nourriture. Ce n est pas le cas dans les pays en développement et les pays les moins avancés (Afrique subsaharienne et Asie du Sud). L accès à l alimentation dépend donc du niveau de développement. La malnutrition est un phénomène qui concerne tous les pays de la planète : - dans les pays du Sud, elle se manifeste par une insuffisance plus ou moins grave des rations alimentaires (comme en Afrique subsaharienne) ; - dans les pays du Nord, elle se manifeste par un nombre important d obèses : aux États-Unis, 100 millions de personnes sont obèses (1/3 de la population totale). Bien que la demande alimentaire mondiale augmente à cause de la croissance démographique, les ressources alimentaires sont théoriquement suffisantes pour nourrir toute l'humanité car la production a augmenté plus vite que la population. Dans les faits, l'accès à l'alimentation reste encore très inégal : la malnutrition concerne tous les États. II. Assurer la sécurité alimentaire A. Des systèmes productivistes performants Doc. 2 page 70 : «Deux modèles agricoles dominants» Doc. 2 page 77 : «L élevage intensif dans un feed lot aux États-Unis» Consigne : Après avoir localisé les systèmes productivistes, vous montrerez par quels moyens ils réussissent à produire en très grandes quantités. À l échelle mondiale, on trouve le système productiviste dans les pays développés (Amérique du Nord, Europe, Asie de l Est, Océanie) et dans les pays émergents (Mexique, Brésil, Argentine, Afrique du Sud, Russie). Ce système agricole ne peut donc exister qu avec un niveau de développement (et de richesse) élevé. Ce système permet de produire en grande quantité, du fait d un recours important aux intrants et à une très forte mécanisation (ceci suppose des fonds importants, que seuls les agriculteurs ou les entreprises des pays développés ou émergents ont). Le travail est par conséquent très mécanisé (sur la photo du feed lot parc d engraissement pour les bovins, on ne voit aucun éleveur). Ce système donne des rendements (quantités produites relativement à une superficie donnée) très élevés : c est lui qui assure la sécurité alimentaire mondiale. B. Des systèmes vivriers en difficulté Doc. 2 page 70 : «Deux modèles agricoles dominants» Doc. 1 page 77 : «L élevage extensif en Tanzanie» Consigne : Après avoir présenté et localisé les systèmes vivriers, vous mettrez en évidence les difficultés auxquelles ils sont confrontés. La majorité des systèmes agricoles sont vivriers. On les trouve dans les pays du Sud (qu il s agisse de pays en développement ou de pays émergents), sous la forme d une petite agriculture familiale destinée à l autoconsommation ou à la vente locale (mais aussi sous la forme de cueillette, notamment dans les grandes forêts équatoriales). Dans ce système, le travail est manuel et le recours aux intrants est très rare (les paysans n ayant pas les moyens de les acheter). On pratique l agriculture dans un cercle restreint (familial ou villageois) et les rendements sont faibles, assurant tout juste la satisfaction des besoins alimentaires. Ces agriculteurs sont donc très dépendants des conjonctures (climatiques et/ou économiques) et sont, par conséquents, très fragiles. 4

C. Des flux agricoles fortement mondialisés Doc. 2 pages 68-69 : «Les disponibilités alimentaires dans le monde» Doc. 2 page 70 : «Deux modèles agricoles dominants» Consigne : Confrontez les documents afin de montrer comment est organisé le commerce agricole mondial et en quoi il permet de satisfaire les besoins alimentaires mondiaux. Aujourd hui, le marché alimentaire est mondialisé, mais la plupart des flux agricoles mondiaux partent ou arrivent des pays développés et émergents. (Amérique du Nord, Europe, Asie de l Est, Brésil et Argentine). Les échanges agricoles depuis ou vers les pays du Sud ne représentent qu une faible part des échanges agricoles mondiaux. Le marché agricole mondial tel qu il est aujourd hui organisé ne permet pas d assurer la sécurité alimentaire de ceux qui en ont besoin (les pays du Sud) : l essentiel des flux se fait entre des pays où la sécurité alimentaire est déjà assurée (les pays du Nord). Les pays du Sud profitent peu de ces flux : la production alimentaire mondiale est donc mal répartie. Les pays du Nord défendent leurs intérêts économiques au sein d institutions comme l Organisation mondiale du commerce ou protègent leur marché agricole avec des subventions à l exportation (qui rendent bon marché leurs produits lorsqu il s agit de les exporter) ou des taxes commerciales élevées (qui renchérissent les produits étrangers). Aujourd hui, le système productiviste est le seul capable d assurer la sécurité alimentaire. Le système vivrier connait des difficultés et n est pas assez productif. À l échelle mondiale, les flux agricoles sont concentrés sur les pays les plus développées, ceux-là même qui ne rencontrent presqu aucune difficulté alimentaire. III. Développer des agricultures durables A. Des effets néfastes sur l environnement et de la santé Doc. 1 page 79 : «Les conséquences de l'intensification agricole : les algues vertes sur les...» Consigne : Montrez que les méthodes productivistes peuvent être à l origine de nuisances sur l environnement et sur la santé des populations. Le système productiviste augmente les rendements en utilisant massivement des intrants et en ayant recours à une importante mécanisation : c est une agriculture intensive, par opposition à l agriculture extensive (qui obtient une hausse des rendements en augmentant les superficies produites). Mais les réserves foncières pour étendre les terres agricoles sont aujourd hui limitées (parce que les villes grignotent les terres agricoles et parce qu on cherche de plus en plus à protéger les espaces qui pourraient être défrichés). Le recours aux intrants a donc des effets néfastes sur l environnement : pollution des sols, pollutions des eaux (souterraines ou de surface) mais aussi pollution des productions (ce qui a un impact indirect, mais pas toujours bien évalué, sur la santé des espèces animales et végétales et donc sur la santé des consommateurs). B. Des solutions pour produire autrement Doc. 3 page 71 : «La recherche de nouvelles solutions agricoles» Doc. 2 page 79 : «L agriculture raisonnée : une agriculture durable?» Consigne : Présentez les trois solutions mises en œuvre pour produire autrement, en insistant sur leurs intérêts et leurs limites. La production d espèces animales ou végétales OGM est considérée par certains comme une façon de «produire autrement». Elle présente l intérêt de donner des rendements élevés puisque les modifications génétiques accélèrent la croissance de l espèce ou la protègent (contre les maladies touchant les animaux, contre les maladies ou les insectes frappant les végétaux). Les OGM sont surtout cultivés en Amérique du Nord, au Brésil, en Argentine, en Inde et en Afrique du Sud (des pays développés et émergents). Ceci s explique par le coût élevé de ces productions. La culture OGM soulève des débats vifs quant aux risques environnementaux et sanitaires qu ils font courir (on n a pas encore assez de recul quant à leur usage), d où la réticence de nombreux pays à les utiliser (comme en Europe). 5

Face à cette pratique, l agriculture biologique s est développée (de façon très lente et très modeste). Elle consiste en la mise en culture ou l élevage d espèces sans recours à des intrants autres que naturels (fumier pour fertiliser, coccinelles pour éliminer des nuisibles). Certes, elle est respectueuse des équilibres environnementaux et de la santé des consommateurs mais elle très peu pratiquée (à l exception de l Australie où, pour des raisons politiques, elle est majoritaire). De plus, elle n assure que de faibles rendements. Un système intermédiaire a récemment été mis en œuvre : l agriculture raisonnée (agriculture recherchant l efficacité économique tout en limitant l usage d intrants industriels). Les agriculteurs qui la pratiquent limitent l usage d intrants industriels (mais ne l exclue pas), ce qui permet de produire plus que l agriculture biologique mais d être plus respectueux de l environnement et de la santé que l agriculture productiviste. Ce modèle vient juste d émerger et est encore très peu pratiqué. Il constitue peut-être une solution d avenir. C. Des solutions pour commercialiser et consommer autrement Doc. 3 page 71 : «La recherche de nouvelles solutions agricoles» Doc. 1 page 82 : «La promotion de solutions agricoles durables» Consigne : Analysez les documents pour mettre en évidence les nouveaux moyens proposés pour commercialiser et consommer des produits agricoles. Des solutions existent pour commercialiser et consommer autrement. Le commerce équitable a été développé dans les années 1990 afin de proposer des revenus décents aux producteurs situés dans les pays du Sud en proposant des produits vendus plus cher aux consommateurs situés dans les pays du Nord (l entreprise Max Havelaar est le leader mondial dans le secteur). Les produits sont donc écoulés dans les pays développés et émergents (Amérique du Nord, Europe, Japon, Océanie, Inde, Afrique du Sud) alors que les productions viennent des pays du Sud (Amérique latine surtout puis Afrique et Asie). De nouvelles formes de commercialisation se développent (mais elles restent ultraminoritaires). Ce sont les «circuits courts» (modes de commercialisation des produits agricoles jouant sur la proximité géographique du producteur et du consommateur), représentés par les AMAP (associations pour le maintien d une agriculture paysanne : partenariat entre un producteur et des consommateurs proches les uns des autres, fondé sur la vente hebdomadaire d un panier de produits de saison issus de la ferme) en France. Il s agit de consommer des produits locaux et de saison, en assurant un revenu régulier à l exploitant. Face aux nuisances environnementales et sanitaires générées par le système productiviste, d autres formes de production, de commercialisation et de consommation inspirées par le développement durable ont vu le jour. Mais elles restent encore minoritaires et ne permettent pas encore de satisfaire tous les besoins alimentaires. Conclusion La population mondiale a doublé depuis les années 1960 mais la production agricole a augmenté plus vite, permettant de produire (en théorie) assez pour nourrir toute l humanité. Mais les ressources alimentaires sont mal réparties à l échelle mondiale donc la faim persiste. Aujourd hui, dans le monde, deux systèmes agricoles s opposent : le système productiviste qui assure la sécurité alimentaire car il produit en quantité «industrielle» (mais il est peu respectueux de l environnement et de la santé) et le modèle vivrier, qui satisfait à peine les besoins alimentaires. Face à ces systèmes, d autres ont émergé (OGM, agriculture bio, agriculture raisonnée, commerce équitable, circuits courts ) afin de produire plus tout en respectant l environnement et la santé des consommateurs. Aucun système n est «parfait» donc nourrir durablement plus de 7 milliards d hommes est une chose compliquée à mettre en œuvre : c est un défi qu il faut encore relever. 6