Discours de Cécile Duflot



Documents pareils
DOSSIER DE PRESSE. Sylvia Pinel présente 20 actions pour améliorer la mixité sociale dans le logement. Paris, le 15 avril 2015

DOSSIER DE PRESSE. Améliorer l hébergement des plus défavorisés : Un plan triennal pour réduire le recours aux nuitées hôtelières

Les mesures pour relancer la construction de logements

Avenir de la Fonction publique «parcours professionnels, carrières, rémunérations»

Intervention de Marisol TOURAINE. Ministre des affaires sociales, de la santé et des droits des. femmes. Maison de Santé Pluridisciplinaire

Paris mardi 28 février 2012

LOI ALUR Copropriétés dégradées prévention et traitement

Michel Magras. compte-rendu PROJET DE LOI RELATIF À LA MODERNISATION DU DROIT DE L OUTRE-MER

DISCOURS de Sylvia PINEL. VIème congrès de l Union des syndicats de l immobilier (UNIS)

Je m adresse à vous comme socialiste, comme parlementaire et comme Président du Conseil général de la Seine-Saint-Denis.

N 66 SESSION ORDINAIRE DE Enregistré à la Présidence du Sénat le 23 octobre 2012 PROPOSITION DE LOI

«seul le prononcé fait foi»

PLAN DE SAUVEGARDE DE LA COPROPRIETE «LA MOREE»

Sumatra Patrimoine vous présente les dernières mesures fiscales 2011

Honorables invités, Mesdames et Messieurs,

CIRCULAIRE N Mesdames et Messieurs les préfets de régions et de départements

(Cotonou, le 18 Juillet 2013)

Compte rendu. Jeudi 12 mars 2009 Séance de 10 heures. Commission des Finances, de l économie générale et du Plan

Allocution de Monsieur le Ministre à l occasion du 1 er meeting sur l information financière

CONSIDÉRATIONS SUR LA MISE EN ŒUVRE DES DÉCISIONS DE LA COUR CONSTITUTIONNELLE

la séparation totale des activités des postes et télécommunications;

REGLEMENT INTERIEUR TITRE I : DISPOSITIONS GENERALES

Position de l ADI sur le projet de loi Pinel relatif à l artisanat, au commerce et aux très petites entreprises

Le Titre II «Investir» du projet de loi pour la croissance, l activité et l égalité des chances économiques a été adopté par l Assemblée nationale

CONSEIL DES MINISTRES

Participation des habitants et contrats de ville Quels enjeux? Quelle mise en oeuvre?

Ce que la loi Economie Sociale et Solidaire va changer avec l obligation d informer tous les salariés deux mois avant une cession d entreprise

Décrets, arrêtés, circulaires

Circulaire du 20 avril 2015 relative au délai de transmission des arrêts de maladie des fonctionnaires dans la fonction publique de l État

SÉNAT PROPOSITION DE LOI

LACOURTE NOTE FISCALE OCTOBRE 2012

TAXES & PARTICIPATIONS : quelques outils à la disposition des communes

Libre choix par l assuré de son réparateur et de son expert : le CNPA à l offensive

ALLOCUTION DE M. BENJAMIN HOUNTON CHARGE DU BUREAU DU HAUT COMMISSARIAT DES NATIONS UNIES AUX DROITS DE L HOMME POUR L AFRIQUE DE L OUEST

Principes généraux. mars Les enjeux des Agendas d Accessibilité Programmée (Ad AP) en 9 points

Commentaire. Décision n QPC du 29 janvier Association pour la recherche sur le diabète

Décision du Défenseur des droits MDE-MSP

MINISTÈRE DU TRAVAIL, DES RELATIONS SOCIALES, DE LA FAMILLE, DE LA SOLIDARITÉ ET DE LA VILLE MINISTÈRE DE LA SANTÉ ET DES SPORTS PROTECTION SOCIALE

PROCÉDURE D'APPEL D'OFFRES ET D'OCTROI POUR LES ACHATS D'ÉLECTRICITÉ

N 2345 ASSEMBLÉE NATIONALE PROPOSITION DE LOI

Circulaire du 5 janvier 2012 Relative au Règlement intérieur type des comités techniques NOR : MFPF C

3F4/2 Modalités de renfort en personnels dans les domaines non sanitaires

Discours de Marylise LEBRANCHU. Echanges avec les étudiants du master collectivités locales de. l Université de Corse, à Corte en Haute-Corse

Circulaire de la DACG n CRIM 08-01/G1 du 3 janvier 2008 relative au secret de la défense nationale NOR : JUSD C

N O R D - P A S D E C A L A I S

LETTRE D INFORMATION FISCALE N 181

Décret du 25 Avril 2002 modifié pris pour l application de la loi du 4 Janvier 2002 relative aux musées de France

Cérémonie de clôture de la réunion débat sur le thème de la 56 e session ministérielle

La dévolution du patrimoine aux établissements d enseignement supérieur. Contribution à la mission de contrôle du Sénat

NOTE D INFORMATION : LA FISCALITE DES FRANÇAIS ETABLIS HORS DE FRANCE ETAT ACTUEL ET EVOLUTIONS EN COURS

La construction métropolitaine en Ile-de-France

LA LOI «ENL» L URBANISME

AVIS FORMEL DU CONSEIL D ETAT. Monsieur le Président, Mesdames, Messieurs les membres de la commission, * * *

FICHE RECAPITULATIVE SUR LE DISPOSITIF DU PASS-FONCIER,

MINISTERE DU LOGEMENT ET LA VILLE

LAURENT FABIUS, MINISTRE DES AFFAIRES ETRANGERES

RAPPORT DU CONSEIL COMMUNAL AU CONSEIL GÉNÉRAL

Le scandale de l immobilier d entreprise dans un contexte de crise du logement

N 3038 ASSEMBLÉE NATIONALE PROJET DE LOI

Discours de Philippe MARTIN Ministre de l Écologie, du Développement durable et de l Énergie

Le Groupe Socialiste, Radical et Citoyen à l Assemblée nationale

Seul le prononcé fait foi. Monsieur le Président de la Mutualité française, cher Etienne CANIARD,

Décrets, arrêtés, circulaires

C H A R T E D E S M A I S O N S D E S E R V I C E S P U B L I C S

LETTRE CIRCULAIRE N

Améliorer la performance énergétique, les aides de l'état

VILLE DE CRUSEILLES (Haute-Savoie)

1. Décret exécutif n du 20 Janvier 2009, modifié et complété, fixant la réglementation relative à l'exercice de la profession d'agent

Règlement intérieur. de la Commission de surveillance

Compte-rendu REUNION DU CONSEIL DES ELUS. Mardi 8 juillet 2014

I. - LES FAITS NÉCESSITANT LA MISE EN ŒUVRE DE LA PROCÉDURE SPÉCIFIQUE D URGENCE A.

Visée par le SGMCAS le 25 juillet 2015 Inscrite pour information à l ordre du jour du CNP du 31 juillet 2015 N 51

N 728 SESSION EXTRAORDINAIRE DE Enregistré à la Présidence du Sénat le 31 juillet 2012 PROPOSITION DE LOI

Actualité Juridique & Fiscale

Réunions patrimoniales Janvier Février 2013

DOSSIER DE PRESSE. A l occasion de la remise du rapport de Cécile Gallez, députée du Nord,

BULLETIN OFFICIEL DU MINISTÈRE DE LA JUSTICE

Abroger le bouclier fiscal

LOI ALUR ET GESTION LOCATIVE. 28 mars 2014 commission gestion locative Emmanuelle Benhamou

ACTUALITES FISCALES. Loi de finances 2014 : les censures du Conseil Constitutionnel

Projet de loi modifiant la loi d'application de la loi fédérale sur l'aménagement du territoire (L 1 30)

Projet de Loi de Finances Les principales réformes

Accessibilité des locaux professionnels aux personnes handicapées

Fiche conseil LE BAIL COMMERCIAL. Explications et conseils. Nos fiches conseils ont pour objectif de vous aider à mieux appréhender les notions :

BELGIQUE. Septième session de la Conférence des Etats Parties à la Convention relative aux Droits des Personnes handicapées

LOI DE SÉCURISATION DE L EMPLOI N du 14 juin 2013

Le fonds d amorçage et

Intervention de Marisol Touraine. Ministre des affaires sociales, de la santé et des droits des femmes

CONTRAT DE VILLE DE NOUVELLE GENERATION

Secrétariat du Grand Conseil PL A

I - OUVERTURE DU COMPTE ÉPARGNE TEMPS :

REVENDICATIONS PARTICULIÈRES : NÉGOCIER L ACQUITTEMENT DE LA DETTE NATIONALE DU CANADA

Propositions en faveur des copropriétés en difficulté. Plate-forme finale

Forum Paris Europlace. Intervention de Michel SAPIN, ministre des Finances et des Comptes publics. Pavillon d Armenonville. Mercredi 9 juillet 2014

L organisation du programme «Jeunes pousses» Rapport

PROJET DE LOI DE SEPARATION ET DE REGULATION DES ACTIVITES BANCAIRES DEUXIEME LECTURE APRES L ADOPTION DU TEXTE DE LA COMMISSION

Protocole n 15 portant amendement à la Convention de sauvegarde des Droits de l'homme et des Libertés fondamentales (STCE n 213) Rapport explicatif

Mission Provisions Note d analyse de l exécution budgétaire 2014

Les réformes se poursuivent en faveur d une économie française plus compétitive et d un appui renforcé aux entreprises à l export

4. Déduction des intérêts d emprunt pour l acquisition de la résidence principale

Transcription:

Cabinet de la Ministre de l Égalité des territoires et du Logement Paris, le 20 novembre 2012 Discours de Cécile Duflot Examen du projet de loi relatif à la mobilisation du foncier public en faveur du logement et au renforcement des obligations de production de logement social Monsieur le Président, Madame la Rapporteure, Mesdames et Messieurs les députés, C est avec un plaisir renouvelé que je viens aujourd hui devant vous présenter le projet de loi relatif à la mobilisation du foncier public en faveur du logement et au renforcement des obligations de production de logement social. Ce projet de loi répond à l urgence de tous ceux qui attendent d accéder au logement social, faute de pouvoir se loger dignement dans le parc privé. Les Français exigent de nous d aller vite. La situation des plus fragiles est d autant plus grave en temps de crise, et chaque jour je mesure davantage l urgence dans laquelle nous sommes. C est pour cette raison que les objectifs de construction sont si ambitieux. C est pour cette raison qu il faut construire davantage de logements sociaux et en particulier en zone tendue. C est pour cette raison qu il nous faut renforcer les obligations en termes de mixité sociale et cela en dépit de l opposition de certains qui voudraient continuer à conforter les logiques de séparatisme social à l œuvre dans notre société. L annulation par le Conseil constitutionnel, le 24 octobre dernier, du texte que vous aviez adopté, pour une pure question de procédure, n a en rien entamé la volonté du gouvernement de mettre en œuvre une réforme qui traduit dans les faits deux engagements de campagne du Président de la République : - la cession du foncier public avec une forte décote pouvant aller jusqu à la gratuité pour la construction de logements sociaux ; 72 rue de Varenne 75007 PARIS

2 - le renforcement des dispositions de l'article 55 de la loi «SRU», en prévoyant un relèvement de l objectif de 20 à 25 % de logement social par commune et un quintuplement des pénalités pour les communes qui ne respectent pas leurs engagements. Nous avons eu l occasion, lors du premier examen de ce texte, d échanger de manière très riche et constructive ; je vous en remercie. Lors du débat parlementaire, le texte a été amélioré sur bien des points, et notamment de manière à ce que l effort demandé aux communes profite en particulier aux ménages les plus modestes, par le développement du logement locatif très social financé en PLAI. Un équilibre a été recherché pour tenir compte aussi des situations particulières de certaines communes concernées par des normes d inconstructibilité. J ai pu constater lors de ces débats, avec beaucoup de satisfaction, qu en une dizaine d années, la loi SRU était devenue une référence commune pour beaucoup d entre nous, alors même que, lors de son adoption, les obligations qu elle instaurait apparaissaient inadmissibles ou irréalistes à certains. Aujourd hui, il nous faut franchir une nouvelle étape et ma détermination à agir tout comme celle du Gouvernement sont entières. Je vous appelle à partager une même volonté et une même ambition, de manière à ce que ce texte puisse être adopté d ici la fin de l année. * Sur le fond, le texte que j ai l honneur de vous présenter aujourd hui, adopté mercredi dernier en Conseil des ministres et jeudi dernier par votre commission des affaires économiques, sous la conduite éclairée du Président Brottes, est, dans sa presque totalité, identique à celui qui a fait l objet d une adoption dans les mêmes termes par le Sénat et l Assemblée nationale les 9 et 10 octobre. Comme j ai pu le souligner lors des travaux menés par votre commission des affaires économiques, les principales modifications sont des précisions d ordre juridique apportées au texte à la suite de son nouvel examen par le Conseil d État 1. Les premières modifications ont pour objet de sécuriser les conditions dans lesquelles la décote accordée sur le foncier public sera assortie de contreparties et de garanties, sujet sur lequel, je le sais, vous êtes, à raison, particulièrement vigilants. Dans le projet de loi, il est ainsi notamment explicité : - que l avantage financier résultant du système de décote sera exclusivement répercuté sur le prix de revient des logements locatifs sociaux ou sur le prix de cession des logements en accession à la propriété ; - qu un logement social ayant bénéficié d une décote devra demeurer dans le secteur locatif social pendant une durée minimale de 20 ans ; - que seront encadrées les plus-values éventuellement réalisées par l acquéreuraccédant lors d une cession ultérieure du bien ou, pour une opération d accession sociale, lors d une mise en location ultérieure ; - que la décote octroyée pour les logements en PLS ou en accession sociale sera expressément limitée à 50 %, afin de privilégier la construction de logements sociaux réservés aux plus modestes. Ces dispositions permettent de renforcer la constitutionnalité du dispositif sans en atténuer la portée.

3 D ores et déjà, forts de ce nouvel examen, les services de mon ministère ont pu s atteler à la préparation des décrets d application du dispositif afin qu ils puissent être transmis au Conseil d Etat dès la promulgation de la loi. D ores et déjà, j ai, mardi 13 novembre dernier mobilisé, en les rencontrant, les Préfets de Région en leur indiquant que la loi que vous avez l occasion de voter leur donnait une responsabilité majeure, en leur confiant le soin d'établir la liste des terrains qui devront être cédés avec décote pour permettre d'équilibrer les opérations de construction comportant des logements sociaux, après avis du comité régional de l'habitat et des communes et EPCI concernés. Les préfets seront, ils en sont bien conscients, évalués sur leur engagement dans la bonne application de la loi. Je leur ai donc demandé de mettre en ordre de bataille les services en charge de l'évaluation domaniale, de l'aménagement opérationnel et du logement pour travailler avec les collectivités bénéficiaires et s'assurer de la qualité de la programmation urbaine bénéficiant de l'effort consenti par l'etat ou les établissements publics propriétaires. Je leur ai enfin rappelé le rôle déterminant de suivi qu ils devront réaliser pour satisfaire aux exigences légitimes que vous avez exprimées en exigeant un compte-rendu fiable et exhaustif de l application du dispositif en passe d être adopté. 2. Le projet de loi qui vous est aujourd hui soumis comporte aussi une modification des dispositions applicables en matière de réquisition de logements vacants, que vous aviez souhaité renforcer, à l initiative du Président Chassaigne, à l initiative de deux amendements sur ce noble sujet. Le premier de ces amendements, qui visait à accélérer la procédure de réquisition en abaissant à douze mois le délai pendant lequel un bien devait avoir été laissé vacant pour être réquisitionné, a été conservé tel quel. Le second amendement visait à faire obstacle à ce qu un propriétaire indélicat puisse échapper au régime de réquisition en présentant un échéancier de travaux purement dilatoire. Je partage complètement, aujourd hui comme hier, cet objectif fondamental. Simplement, tel qu il était rédigé, l amendement supprimant purement et simplement cette possibilité pour tous les propriétaires, même ceux s engageant de bonne foi à faire des travaux pour mettre leur bien en location après avoir été menacés par le préfet de réquisition, était contraire à la Constitution. C est ce qu a jugé le Conseil constitutionnel dans sa décision de 1998 sur la loi d orientation relative à la lutte contre les exclusions. Une autre rédaction a donc dû être trouvée. Au-delà des formulations juridiques, permettez-moi de vous indiquer que mon ambition, partagée par le Premier ministre, ne fléchira pas. Permettre au plus grand nombre de nos concitoyens, et notamment les plus démunis, d accéder à un logement passe aussi par la réquisition. Et, faites-moi confiance, nous réquisitionnerons, dès cet hiver.

4 Les démarches de repérage des bâtiments vacants sont en cours de finalisation. Dès la fin de cette semaine, je mandaterai le Préfet de la région Ile-de-France pour que ses services s organisent pour mettre en œuvre les modalités pratiques. Et j élargirai le dispositif à d autres régions lorsque le besoin s en fera sentir. Le nouveau régime des réquisitions nous fournira toutes les armes nécessaires. L objectif, que le Gouvernement partage pleinement avec le Président Chassaigne et la majorité qui a adopté le texte il y a maintenant quelques semaines, est de poser un verrou sur le dispositif de réquisition pour empêcher les manœuvres dilatoires qui permettaient jusqu alors à certains bailleurs de se prévaloir d un engagement de travaux dont l unique finalité était d échapper à la procédure de réquisition. Nous sommes obligés de maintenir, dans son principe, cette possibilité de s engager à effectuer des travaux car elle constitue une composante de la protection du droit de propriété protégée par le Conseil constitutionnel. Mais elle est désormais encadrée. Les travaux devront être prévus pour une mise en location. Le délai consenti pour faire les travaux de remise en location, qui ne connaissait alors pas de limite dans la loi, ne pourra désormais plus excéder une durée de 24 mois. Je sais que certains, dans cet hémicycle, mais aussi en dehors, à quelques encablures d ici, parmi mes amis même, mes compagnons de route, se sont émus de voir inscrit dans la loi ce délai de réalisation des travaux. Je tiens ici à rappeler qu il s agit d un délai maximum, dont la pertinence sera examinée par le préfet, qui en contrôlera précisément les composantes. Pourquoi 24 mois, et pas 6 ou 12, me direz-vous? Tout simplement parce que ce délai sera parfois nécessaire pour intervenir sur des bâtiments lourdement dégradés et qui nécessitent des travaux de rénovation particulièrement importants. A l heure actuelle, une rénovation de logements avec une remise en conformité complète, comportant l électricité, le gaz, la lutte contre l incendie, la peinture, les travaux sanitaires avec l'intervention d'un maître d'œuvre et différents contrôles techniques nécessite un délai de 15 mois en moyenne. Ce délai peut parfois se trouver allongé si le diagnostic amiante est positif : dans ce cas, vous le savez, les travaux préparatoires de désamiantage représentent au minimum 6 mois de plus. Au total, pour les remises aux normes les plus exigeantes, un délai maximal, je le répète, de 24 mois peut ainsi s avérer nécessaire. Il demeurera toutefois l exception. Je donnerai en effet des instructions de grande vigilance aux préfets pour que les échéanciers qu ils examineront s inscrivent dans des délais raisonnables, responsables et volontaristes. Je souhaite par ailleurs vous apporter d ores et déjà certaines précisions sur le décret d application de cette mesure, qui sera strictement encadrée. Le propriétaire devra tout d'abord soumettre au préfet l échéancier de réalisation des travaux dans un délai d un mois à compter de l'engagement initial de la procédure de réquisition. Dès ce stade, il lui appartiendra de fournir tous les devis d'ores et déjà à sa disposition pour justifier son plan de travaux. Le reliquat des devis exigés par l'échéancier, notamment pour les travaux plus complexes, devra pour sa part parvenir au préfet, revêtu de l'accord formel du propriétaire, dans un délai maximum de deux mois, que le préfet pourra abaisser à 15 jours s'il l'estime justifié au regard des circonstances de l'espèce. Le suivi de la réalisation des travaux, et donc du respect scrupuleux de son engagement par le propriétaire, sera en outre précisé et encadré. Le propriétaire devra rendre compte tous les trois mois de l'état d'avancement des travaux, ce qui permettra au préfet de contrôler avec précision l échéancier, la réalité et le suivi des

5 travaux. En cas de manquement, le préfet aura la possibilité de procéder directement à la réquisition du bien sans reprendre à zéro la procédure contradictoire. Aucune manœuvre dilatoire ne sera donc plus possible avec le nouveau régime de réquisition résultant de notre texte. Soit les logements vacants seront remis aux normes rapidement pour être reloués, soit ils seront réquisitionnés. Tel est l engagement que je prends devant vous. Vous en verrez les résultats rapidement, au service des plus démunis et dans le respect du droit. 3. Le troisième type de modifications, mineures, concerne les dispositions relatives à l article 55 de la loi SRU. Comme vous le savez, la disposition incluant, hors de l Ile-de-France, les communes de plus de 1500 habitants en zone tendue, avec un taux de 10%, a été retirée à la suite d un engagement politique pris par le Premier ministre. S agissant du quintuplement des pénalités applicables aux communes ne respectant pas leurs engagements, prévu à l article 16, le Conseil d Etat a proposé de fixer leur plafonnement à 7,5% des dépenses réelles de fonctionnement de la commune, pour sécuriser encore davantage cette disposition et la rendre compatible avec le principe de libre administration des collectivités locales. Je crois ce geste utile. Enfin, le régime transitoire prévu à l article 26, permettant d appliquer, dès l issue du triennal en cours (2011-2013), les nouvelles dispositions du projet de loi, a été retouché de manière à tenir compte de la date probable d entrée en vigueur du texte. Il instaure ainsi, pour l année 2013, une nouvelle période de référence, pendant laquelle les communes devront réaliser des objectifs spécifiques, dont le non-respect pourra être sanctionné selon les nouvelles modalités. 4. Quant aux dispositions relatives au Grand Paris, elles sont aujourd hui stabilisées de sorte que les CDT qui seront conclus le seront dans le cadre du SDRIF qui sera prochainement adopté. * C est donc un texte conforme à la volonté partagée du Gouvernement et du Parlement que j ai l honneur de vous présenter aujourd hui. L enjeu de cette loi, au-delà de l objectif quantitatif de construction, c est l engagement de l État et des collectivités locales, ensemble, au service de la cohésion nationale : pour répondre à l urgence, l État mobilise le foncier et les collectivités territoriales prennent, elles aussi, leurs responsabilités. C est une question d efficacité : en libérant du foncier, l État facilite l équilibre des opérations portées par les collectivités. C est aussi une question de justice : il n y aura pas d égalité territoriale sans mixité sociale. Il faut un cap, une volonté, et un outil. Le cap, c est l égalité territoriale. La volonté c est de mobiliser toutes les ressources disponibles en faveur de la construction de logements et en particulier de logement social. L outil, c est cette loi de mobilisation générale pour construire des logements que je vous présente avec conviction et détermination parce que c est une loi qui sera efficace et juste.