COLLOQUE «PARCOURS DE JEUNES EN PACA : Entre fragilité et autonomie» Marseille le 15 juin 2010 Troisième table ronde : L Entrée dans la vie Active Débats avec la salle troisième table ronde «On se réserve cette fois-ci un peu de temps pour poser des questions, débattre, échanger, discuter. J imagine qu il y a forcément des questions dans la salle. Peutêtre qu il y avait une ou deux questions là-bas, sur la santé. Je crois que Mme Guagliardo qui intervenait ce matin est partie, mais peut-être que M. Sinoussi des Missions Locales, pourrait apporter une réponse.» Germaine Watine Administratrice à la Caisse d Allocations Familiales et militante dans le secteur associatif féministe : «Je voulais parler de la santé, ce matin, j ai été surprise quand on parle de parcours à risque que la question de la contraception, de l avortement, des violences n ait pas du tout été abordée en terme de santé, quand on sait la place que cela prend et son ampleur, je pense que ça pose un problème de visibilité et ça me semble intéressant qu on puisse en parler. Je voulais savoir à qui peut s adresser un jeune confronté à ce type de problèmes dans un parcours d insertion, au sein des partenaires vu depuis de matin.» «Je vais essayer de vous répondre. D abord, à qui un jeune peut s adresser? Je dirais peu importe la porte d entrée. Je pense que je peux parler pour la majorité des territoires en PACA, le réseau est assez bien maillé autour de ces questions là et des questions de santé. Donc un jeune ou une jeune pousse une porte de Mission Locale, on a des liens avec le planning familial, avec les espaces santé, avec les organismes qui peuvent s occuper de ces problèmes. C est vrai que ça n apparaît pas dans les actes de services des Missions Locales. Germaine Watine «Oui, c est ce qui m a étonnée, ce n est même pas cité» 1
«Donc on va le citer cet après-midi, c est vrai que dans les actes de services dont on parlait tout à l heure, (ce qui sert à suivre l activité dans les Missions Locales) ça n apparaît pas parce qu il n y a pas d acte de service précis, mais il suffit d entrer dans les halls d accueil pour se rendre compte qu il y a tout un tas d informations sur ces champs là. Dans toute Mission Locale vous avez le petit kiosque à préservatifs, le contact avec les assistantes sociales, le lien avec les associations. Comme le disait Emmanuel Guichard, ce n est pas les Missions Locales qui traitent directement. Certaines Missions Locales ont des médecins assez peu, d autres ont des assistantes sociales, assez peu aussi, mais nous avons des liens et nous renvoyons vers les partenaires.» Germaine Watine «Je vous remercie, cela me rassure en terme de visibilité.» «Allez tester, vous entrez dans une Mission Locale à côté de chez vous et s il n y a rien, vous demandez à parler à la direction et vous leur dites : et alors?» «Y a t-il des questions? J imagine que oui sur ces questions d insertion dans la vie actives.» Françoise Rastit Déléguée Régionale au droit des femmes et à l égalité : «Je voulais souligner le lien qui serait à faire entre les témoignages de ce matin, notamment sur la pauvreté, la situation des jeunes face à la pauvreté, les enfants dans les situations de pauvreté et cet après-midi le travail qui a été fait sur l insertion où on a parlé temps plein temps partiel. Par contre au niveau des temps partiels, il serait peut-être utile de distinguer les temps partiels longs des temps partiels courts. Car on ne se retrouve pas dans la même situation économique si on a un 90 % ou si on est à 25 %. Donc je pense que si l on veut vraiment travailler sur la thématique pauvreté et insertion, il serait bon de travailler aussi sur la qualité des temps partiels.» «Est-ce que quelqu un veut répondre? Ce n est pas vraiment une question, c est plutôt une remarque. Peut-être que Nadine Jourdan ou Rémi Belle veulent réagir?» Nadine Jourdan INSEE : «Effectivement, sur la pauvreté des femmes il faut approfondir, et nous sommes en train de travailler à une étude spécifique sur les facteurs de pauvreté des femmes. Quels sont les facteurs? Sont-ils différents de ce des hommes? Et en particulier les temps partiels avec différentes gradations dans ces temps partiels et donc nous publierons pour la fin de l année une étude sur la pauvreté des femmes en partenariat INSEE et DRDFE.» 2
«Pas d autre question?» Bénédicte Dasnevez Directrice du pôle entreprise PACT 13 : «Bonjour, PACT 13 c est Prestataire du contrat d Autonomie pour les Bouches-du- Rhône. Contrat d Autonomie c est la mesure emploi d espoir banlieue. Je voulais simplement revenir sur l insertion des jeunes et notamment dans le cadre de la mobilité. La mobilité c est aussi une question de moyens et de moyens financiers pour le jeune par rapport à certains corps de métier, notamment à cause du permis de conduire. Je sais que j ai beaucoup de jeunes qui sortent de l école, qui ont ou pas leur diplôme mais pour beaucoup de métiers s ils n ont pas de permis de conduire, ils n auront pas de travail. Il y a aussi la problématique des transports en commun qui ne sont pas toujours simples par rapport au lieu de vie. Je tenais à le souligner parce que je pense que c est une démarche importante dans la recherche d emploi et dans l insertion.» «Peut-être M. Sinoussi» «C est clair que la mobilité, on entend la mobilité physique, est vraiment identifiée comme un grand frein. Donc depuis pas mal d années, il y a un certain nombre de dispositifs mis en place pour améliorer la chose. Notamment le crédit mobilité du Conseil Régional. Il s agit d un fond géré par les Missions Locales, ce fond est particulièrement souple et permet très rapidement, de donner «un coup de pouce» à un jeune sur les déplacements par exemple sur les premiers mois en attendant son salaire, ça peut être de la réparation de sa mobylette C est vraiment tout ce qui est lié à la mobilité. Ca peut aussi être le co-financement d une part de permis. Un permis aujourd hui c est, pour les jeunes dont on s occupe, entre 1200 et 1500 euros. Donc il y a des projets qui ont été déposé dans le cadre des projets du Haut Commissariat à la Jeunesse dans le plan de relance, d autres projets ont été déposés sur le territoire de la Région. On attend les réponses. Il y a eu aussi les permis de Pôle Emploi, donc aujourd hui, il y a un certain nombre d initiatives qui sortent pour justement permettre à ces jeunes d obtenir leur permis de conduire. Une chose toute nouvelle est en expérimentation : le Conseil Régional a ouvert la carte solidarité pour les jeunes suivis par les Missions Locales et qui auraient besoin de prendre les TER. Vous savez aussi qu il y a des communes dont les déplacements sont gratuits ou très peu chers. Il y a donc un certain nombre de dispositifs mis en place. Effectivement, dans les territoires ruraux, même si on a l argent pour payer le ticket de bus, il n y a pas de bus alors c est un peu plus compliqué. Il y a des développements de plate-forme de mobilité avec des associations qui font du prêt de mobylette, qui font du prêt voiture. c est une problématique qui a émergée il n y a pas très longtemps donc c est long à se mettre en place, à se développer et à se stabiliser 3
mais on commence à avoir des résultats significatifs sur un certain nombre de territoires.» «J ajoute qu il y a aussi la réforme du permis de conduire qui permet de, notamment pour les jeunes adultes, faire la conduite supervisée ce qui permet de réduire significativement le nombre d heures de conduite à payer c est ce qui coûte très cher. La conduite supervisée, c est comme la conduite accompagnée sauf qu il suffit de conduire pendant trois mois avec un accompagnateur désigné. Laure Légier, vous vouliez intervenir» Laure Légier : «Oui, je voulais ajouter, pour faire le lien avec l intervention d EUROCIRCLE tout à l heure qu il y a plein d initiatives sur les territoires et on recense aussi dans le Réseau Information Jeunesse ces difficultés de frein à la mobilité pour accéder à la formation et même du coup à envisager une orientation ambitieuse. Il y aussi, Erik Sinoussi l a rappelé, les freins à la mobilité dans la tête. C est à dire que parfois on a accès à tous ces moyens de transport mais on n y va pas, on n ose pas et il y a plein de freins psychologiques, sociaux, etc» «Educatifs aussi, puisque Cécile Réveille Dongradi rappelait bien tout à l heure que quand on a eu des parents très mobiles effectivement, les jeunes étaient plus mobiles et dans le cas contraire c était plus compliqué.» Laure Légier : «D où l intérêt de la mobilité internationale, parce que les jeunes peu mobiles, il faut les amener particulièrement loin. Parce qu une fois qu ils sont partis très loin, qu ils ont fait ce grand pas lorsqu ils reviennent dans leur quartier ou dans leur village, ils ont plus de facilités pour aller vers l ensemble des dispositifs qui leurs sont proposés.» Marie Wittamer : «Juste pour rajouter là dessus, hier j étais en Langedoc-Roussillon donc sur une autre région. Je ne peux pas vous donner les références, parce que je ne les ai pas, parce qu il s agissait d une réunion tout à fait informelle, mais l organisme régional des Missions Locales ARDML au niveau du Langedoc-Roussillon en partenariat avec le Conseil Régional Langedoc-Roussillon a fait une étude sur les jeunes partis en mobilité internationale. Quel que soit leur niveau de qualification on observe à leur retour un niveau de mobilité plus élevé que la moyenne des jeunes en général. Je tenais à le mentionner parce que c est la première fois qu une étude faite de façon plus scientifique valide cette donnée.» 4
«On va prendre les autres questions ensemble pour accélérer le mouvement. Ici, Madame devant» Isabelle Farge Responsable de service à l AMPIL : «l AMPIL est une association qui intervient sur l insertion par le logement pour les personnes défavorisées et je voudrais juste aborder le problème de l impact du mal logement ou de l absence de logement aujourd hui sur les enfants. Quand des enfants vivent dans des logements insalubres, en hôtels meublés ou dans des caravanes où il y a une sur-occupation, se pose la question des pathologies, des problèmes de santé. Que ce soit la santé physique, le saturnisme, la souffrance psychique, la précarité ou l expulsion Les enfants qui se retrouvent en situation où va avoir lieu une expulsion domiciliaire, n ont plus vraiment une place d enfant. Cela a un impact sur la santé, sur la scolarisation, ce matin on parlait de la question de l absentéisme à l école, comment être régulier dans la scolarité quand on n a pas forcément accès à l eau, quand on est plusieurs dans une même pièce, la question de faire les devoirs (parce qu il y a le fait d aller à l école, mais il y a aussi tout ce qui suit). Et du coup, se pose la question de l insertion professionnelle de ces futurs adultes, ne pas avoir de scolarité correcte pour un certain nombre d entre eux, aura forcément un impact sur l insertion professionnelle. Voilà, c était juste ce point que je voulais aborder.» «L autre question ou remarque» Cécile Castelli Conseil Régional service Habitat et politique de la ville : «Bonjour, je voulais intervenir sur la question de la mobilité et faire le lien d ailleurs avec l intervention d Isabelle Farge de l AMPIL sur les questions de la mobilité qui se lient à la question de l emploi et de l insertion professionnelle. Ca se lie également à la question d habitat. La question de la mobilité c est d aller d un point A à un point B. Si on arrive à accompagner les jeunes, à trouver des solutions de logement au plus près de leur lieu de formation, ou de leur lieu d emploi on résout une partie de la question de la mobilité. D où l importance de développer une offre pour l habitat des jeunes qui soit équitablement répartie sur l ensemble du territoire régional et qui permettent de trouver des solutions d hébergement ou de logement qui vont réduire ces problèmes de mobilité. Il y a bien dans le parcours d insertion professionnelle aussi la question du parcours résidentiel. Formation Emploi Mobilité Logement, c est absolument indissociable. Il faut développer cette conscience de la nécessité de loger nos jeunes auprès des pouvoirs publics et notamment des agglomérations. Ce qui a été insuffisamment fait parce qu on considérait qu un jeune ça se débrouille, mais non, un jeune quand ça dort dans sa voiture, ça ne réussit pas sa formation, et ça ne peut pas rester longtemps dans son emploi, quand on n a pas de possibilité de se laver et quand on n a pas passé une bonne nuit, c est pas tolérable.» 5
«Je vous remercie pour ces remarques, (qui ne sont pas vraiment des questions) tout à fait pertinentes. Est-ce qu il y a d autres remarques ou questions dans la salle» Johan Charvet Union Diaconale du Var «Bonjour, l Union diaconale du var est le regroupement de 30 associations. J interviens en tant que travailleur et aussi en tant que jeune parce que j ai 26 ans. Donc je fais parti des statistiques vues aujourd hui. Je n ai pas vraiment de question. Au niveau économique, j ai trouvé très intéressant l exemple que nous avons eu avec l entreprise «Sucrées-Salées». Je crois que ça a été non nommé, mais on l a vu ce sont tous ces dispositifs de développement par l économie sociale et solidaire. Je trouve cela très important et c est pour cela que je parle ici, ça montre aussi qu il y a une volonté de donner du sens. L économie sociale et solidaire permet de développer. Beaucoup de jeunes créent des projets, des dynamiques et permettent de donner envie par le sens. C est important. Merci.» «Merci Monsieur, Marjorie-Leïla est-ce que c était important pour vous d être sous forme associative, est-ce que ça a donné un sens particulier à votre initiative. Là encore, vous avez choisi le modèle de la SCOP, ce n est pas anodin. Est-ce pour des raisons pratiques ou est-ce que c est pour des raisons qui ont plus de sens?» Marjorie-Leïla Mohand : «Non c est pour des raisons idéologiques, c est pour des raisons économiques et sociales, de développement local, «de ras le bol» des grands patrons, des grandes chaînes, des conditions de vie La volonté d un monde meilleur. Nous partageons le même idéal et effectivement cela correspond à l économie sociale et solidaire. Et le seul moyen d avoir une entreprise qui correspondrait à ce critère là, c était une SCOP effectivement.» «Y a t-il d autres questions? Oui, Marie Wittamer» Marie Wittamer : «Si je peux rebondir sur cette question du sens, pour Eurocircle, c est quelque chose d important aussi parce qu en tant qu association, on nous met de plus en plus de pression pour amener des jeunes vers l emploi. Je voudrais dire que les valeurs, c est ce qu on peut véhiculer avec les jeunes, on arrive parfois à raccrocher dix fois plus de jeunes en leur offrant ces possibilités de mobilités, de réaliser leur propre initiative, leur projet en leur redonnant confiance, qu en leur disant : «si tu vient à Eurocircle, après t auras un job» et cela me semble vraiment important de valoriser les projets des jeunes, toute la dimension de l éducation non formelle et tout ce que ça peut offrir et tout le sens que ça peut 6
apporter de parler de l économie sociale et solidaire, du dialogue interculturel, dans le vécu. C est quelque chose dans lequel on est tout à fait, dans ce parallèle là, même si bien sûr, il y a la question de l emploi qui est inévitable après, mais parfois, il y a des jeunes qui en sont trop loin, et raccrocher au sens et au projet peut être vraiment une étape primordiale et si on la zappe, on perd le jeune.» «Laure Légier» Laure Légier : «Le CRIJ organise la troisième édition avec la CRES, le CJDES, et les acteurs du monde de l économie sociale et solidaire, chaque année, un événement pour trouver ou créer son emploi dans l économie sociale et solidaire. Parce qu il y a la possibilité évidemment de créer son emploi, mais il y a aussi tout un bassin d emploi en région PACA qui est énorme dans l économie sociale et solidaire : dans les mutuelles, les fondations, les coopératives, les associations, qui embauchent des jeunes. C est donc un moment où on met en lien ces entreprises sociales et solidaires et les jeunes. Ces journées ont beaucoup de succès.» «Merci. Nous allons passer à la dernière table ronde.» 7