Centre franco-ontarien de ressources pédagogiques
Table des matières Chapitre1 Des Pays-d en-haut à nos jours : un survol... 9 Chapitre 2 Les «Français» au cœur de l Amérique... 16 I LES PREMIERS FRANÇAIS EN ONTARIO (1610-1663)... 23 Au temps de Samuel de Champlain... 23 L œuvre de Champlain... 23 Les premiers Français dans les Pays-d en-haut... 23 Les Français en Huronie... 26 La mission de Sainte-Marie-aux-Hurons... 28 La destruction de Sainte-Marie... 30 Les martyrs canadiens... 31 Commerce ou colonisation?... 32 Les compagnies privées et la colonisation : les compagnies à charte (1604-1663)... 32 La reprise du commerce et des explorations : Radisson et des Groseilliers... 33 La bataille de Long-Sault (1660)... 33 Un bilan modeste... 34 II LA GRANDE EXPANSION FRANÇAISE EN AMÉRIQUE (1663-1713)... 35 Une colonie royale... 35 La reprise des contacts avec les Pays-d en-haut... 36 Le retour des missionnaires...36 Les émissaires de l intendant... 37 La construction de forts à des endroits stratégiques... 38 Guerre et commerce dans les Pays-d en-haut... 40 Les commerçants... 41 Les rivalités avec la Compagnie de la Baie d Hudson (1669-1713)... 41 Une capitale pour les Pays-d en-haut... 42 Le bilan des efforts de colonisation... 43 III LE CONFLIT ANGLOFRANÇAIS (1713-1763)... 44 Les Pays-d en-haut et la fourrure (1713-1760)... 45 La défense du commerce des fourrures... 45 L expansion vers l ouest... 46 Détroit et la mission huronne de l Assomption... 49 Le premier foyer de peuplement français en Ontario... 49
La fin d un empire... 50 La campagne militaire (1756-1760)... 50 La fin de l Amérique française : bilan... 51 Questions... 52 Pour en savoir plus...... 52 Chapitre 3 Les «Canadiens» sous le régime britannique... 54 DE LA DÉPENDANCE À L AUTONOMIE... 59 Le Haut-Canada : une colonie loyaliste sur fond révolutionnaire... 59 L arrière-fond révolutionnaire... 59 La révolution américaine et l arrivée des Loyalistes... 61 La fondation d une colonie... 61 Des royalistes français dans le Haut-Canada... 63 Les relations avec les Américains... 64 Les mouvements réformistes... 65 Une main-d œuvre canadienne : voyageurs et forestiers (1760-1840)... 66 Le commerce des fourrures et son déclin... 66 Les fourrures et le peuplement... 70 L Assomption et les environs... 70 Les voyageurs à Penetanguishene et à La Passe... 72 L industrie forestière... 73 Le fonctionnement du commerce du bois... 73 L industrie forestière et le peuplement... 74 Le peuplement canadien... 76 La colonisation et le peuplement... 76 Les missions, les paroisses et les organisations religieuses... 81 Le rôle de l Église... 81 Les communautés religieuses... 82 Les paroisses... 84 La fondation de certaines paroisses entre 1767 et 1867... 85 Le diocèse d Ottawa et les autres évêchés... 86 L éducation... 87 Le chemin de la Confédération... 88 Les causes politiques... 89 Les causes économiques... 90 Les causes militaires... 91 Le régime britannique : bilan... 91 Questions... 92 Pour en savoir plus...... 92
Chapitre 4 Les «Canadiens français» au début de la Confédération... 94 DE L AUTONOMIE À L AFFIRMATION... 97 Le programme confédéral... 98 Le Canada français... 99 Les principales institutions... 101 Les luttes et les revendications... 102 La colonisation et le peuplement... 104 Les nombreux appuis à la colonisation... 104 Le château fort de l Est ontarien... 105 Le sud de l Ontario... 108 Le nord-est de l Ontario... 110 Le portrait de l Ontario français en chiffres (1867-1910)... 113 La question scolaire... 114 Au temps des droits égaux (1849-1883)... 114 De l égalité à l exclusion (1883-1893)... 115 Les tentatives de réformes (1893-1910)... 117 La société canadienne-française de l Ontario... 120 Les institutions... 120 La paroisse... 122 La vie économique... 123 L inégalité des sexes en Ontario français... 125 La place du clergé... 126 L élite laïque... 128 La vie politique... 130 Le congrès de 1910... 131 La société canadienne-française de l Ontario (1867-1910) : bilan... 133 Questions... 134 Pour en savoir plus...... 134 Chapitre 5 Les «Canadiens français de l Ontario»... 136 BOULEVERSEMENTS EN ONTARIO FRANÇAIS... 139 Le Règlement 17... 139 Les antécédents... 140 Le grand congrès de 1910... 142 L affrontement (1912-1915)... 145 Le combat s enlise (1915-1919)... 147 La lutte continue (1920-1927)... 149 L Ontario français : l économie, la démographie et les efforts de regroupement... 151
L accroissement de la participation franco-ontarienne... 162 La vie politique... 162 L éducation... 163 L Église catholique et la vie religieuse... 166 La vie culturelle... 168 La presse écrite... 170 La radio et la télévision... 172 Les «Canadiens français de l Ontario» : bilan... 174 Questions... 175 Pour en savoir plus...... 176 Chapitre 6 Les «Franco-Ontariens» depuis 1960... 178 VERS UNE NOUVELLE IDENTITÉ... 180 Le Canada en 1960... 180 Une décennie de transition (1960-1969)... 181 Au rendez-vous du changement... 181 Le sort des minorités canadiennes-françaises... 183 Les premières réformes scolaires (1960-1969)... 183 Le grand virage de 1969... 186 La politique des petits pas (1969-1982)... 187 L ACFO monte aux créneaux... 188 Le service d animation... 188 Le ton de l impatience... 189 Les procès en français... 189 L Ontario français et la Constitution canadienne... 191 Que veut l Ontario français?... 191 L immigration... 194 L urbanisation... 195 Les paroisses et l urbanisation... 195 Les centres culturels... 196 La culture... 197 L explosion culturelle des années 1970... 197 Les mouvements de jeunes... 200 La FESFO... 200 L éducation... 203 La vie politique... 207 La vie économique... 208 Le gouvernement accélère le pas (1982-2001)... 210 L école et la cour... 211 La gestion scolaire... 211 Le parachèvement... 214
Le postsecondaire... 215 L illettrisme... 216 Les services et l épanouissement de la communauté... 216 Les violons de l ACFO... 216 La Loi sur les services en français de 1986... 217 Notre place aujourd hui pour demain (plan de 1991)... 219 Toujours la Constitution canadienne (1984-1995)... 219 La population franco-ontarienne... 221 La vie économique... 224 La vie politique... 224 La santé et les services communautaires... 225 L affirmation culturelle au service d une identité en évolution... 228 La littérature... 229 La chanson... 230 Le théâtre, les arts visuels et l animation culturelle... 232 La radio, la télévision et la presse... 233 Le patrimoine... 235 Les études franco-ontariennes... 235 Les «Franco-Ontariens» depuis 1960 : bilan... 236 Questions... 237 Pour en savoir plus...... 238 Chapitre 7 Défis, atouts et perspectives d avenir... 241 Assimilation et dispersion... 243 Mondialisation, américanisation et médias... 244 Économie... 246 Politique, culture et bilinguisme... 249 L Ontario français, le Canada français et la francophonie mondiale... 250 Identité et diversité... 253 Questions... 255 Pour en savoir plus...... 256 Index... 259 Références... 265 Provenance des visuels... 269
CHAPITRE 5 1910-1960 Comme l ensemble des sociétés occidentales, le Canada et l Ontario français évoluent, de 1910 à 1960, dans un contexte lourd de bouleversements politiques, économiques, sociaux et culturels. Sur le plan militaire, le xx e siècle a été le théâtre de deux guerres mondiales dévastatrices (celles de 1914-1918 et de 1939-1945) qui ont eu des conséquences importantes sur le plan géopolitique, en accélérant le déclin des puissances européennes et l éclatement des grands empires coloniaux. Après 1945, la «guerre froide» divise le monde en deux camps idéologiques que dominent les États portés au rang des superpuissances par la Seconde Guerre mondiale. À la tête des pays de l Ouest, favorables au libéralisme politique et économique, on trouve les États-Unis. Le «bloc de l Est», acquis au communisme, tombe sous l égide de l Union soviétique. Dans ce nouvel ordre mondial, le Canada connaît sa place : faisant clairement partie du camp occidental, il multiplie les liens militaires, politiques, voire culturels et économiques, avec son puissant voisin.
BOULEVERSEMENTS EN ONTARIO FRANÇAIS Dates repères 1910 Création de l Association canadienne-française d éducation d Ontario (ACFEO) 1912 Fondation de la Caisse populaire Sainte-Anne d Ottawa 1912 Adoption du Règlement 17 1912 Refus de la Commission des écoles séparées d Ottawa d appliquer le Règlement 17 1913 Fondation du journal Le Droit 1913 Ouverture du Collège du Sacré-Cœur de Sudbury 1913 Injonction Mackell : interdiction à la Commission des écoles séparées d Ottawa de payer le salaire du personnel enseignant qui refuse d appliquer le Règlement 17 1914 Création de la Fédération nationale des femmes canadiennes-françaises (FNFCF) 1915 Loi provinciale validant le Règlement 17 1915 Établissement de la «Petite Commission» par le gouvernement 1916 Début de la lutte populaire à Ottawa, occupation de l école Guigues et incident des épingles à chapeau 1916 Sénateur Landry qui quitte la présidence du Sénat pour se consacrer à la lutte 1916 Validité du Règlement 17 reconnue par le Comité judiciaire du Conseil privé de Londres 1917 Crise de la conscription 1921 Nomination de Napoléon Belcourt à la tête de l Association canadienne-française d éducation d Ontario (ACFEO) 1922 Création de la «Unity League» 1922 Publication de L Appel de la race de l abbé Lionel Groulx 1923 Création de l école libre de Pembroke par Jeanne Lajoie qui y enseigne 1926 Création de l Ordre de Jacques-Cartier 1927 Rapport Scott-Merchant-Côté favorable au rétablissement des écoles bilingues 1927 Modification du Règlement 17 1929 Création de l Union des cultivateurs francoontariens (UCFO) 1937 Création de l Union catholique des fermières de la province de l Ontario 1938 Premier concours de français qu organise Robert Gauthier 1939 Fondation de l Association de l enseignement français de l Ontario (AEFO) 1944 Fondation de l Association des commissaires d écoles bilingues de l Ontario (ACEBO) 1944 Abolition du Règlement 17 1949 Création de l Association de la jeunesse francoontarienne (AJFO)
Dates repères 1910 Création de l Association canadiennefrançaise d éducation d Ontario (ACFEO) 1912 Fondation de la Caisse populaire Sainte-Anne d Ottawa 1912 Adoption du Règlement 17 1913 Refus de la Commission des écoles séparées d Ottawa d appliquer le Règlement 17 1913 Fondation du journal Le Droit 1913 Ouverture du Collège du Sacré- Cœur de Sudbury 1913 Injonction Mackell : interdiction à la Commission des écoles séparées d Ottawa de payer le salaire du personnel enseignant qui refuse d appliquer le Règlement 17 1914 Création de la Fédération nationale des femmes canadiennesfrançaises (FNFCF) 1915 Loi provinciale validant le Règlement 17 1915 Établissement de la «Petite Commission» par le gouvernement BOULEVERSEMENTS EN ONTARIO FRANÇAIS Les Canadiennes françaises et les Canadiens français, pour leur part, n évoluent pas en marge de ces phénomènes. Après avoir efficacement contribué à la colonisation du nord de l Ontario au début du siècle, ils jouent un rôle de premier plan dans le secteur des richesses naturelles et, notamment, dans les industries forestière et minière. À partir des années 1940 et 1950, ils seront toutefois de plus en plus nombreux à délaisser la campagne pour s installer dans les plus grands centres urbains, suivant ainsi les tendances ontarienne et canadienne. Durant toute cette période, leurs élites multiplient les organismes et les associations à caractère politique, économique et culturel pour tenter de mieux assurer leur avenir dans la province, menacé dès le début du siècle. En 1912, le gouvernement ontarien adopte le célèbre Règlement 17, qui limite sévèrement l usage du français dans les écoles de l Ontario. Cette crise «nationale» contribue à diviser encore plus les deux «peuples fondateurs» du pays et s inscrit dans une longue série de luttes visant à faire reconnaître les droits des Canadiennes françaises et des Canadiens français à l extérieur du Québec. D ailleurs, ce dernier viendra souvent à leur secours durant la crise, vu sa conception culturelle de la nation «canadienne-française», qui ignore les frontières provinciales. À la fin des années 1960, cependant, le sentiment de solidarité qui unissait les Canadiennes françaises et les Canadiens français du Québec et de l Ontario tend à disparaître. De même que les changements socioculturels et économiques des années 1940 et 1950, ce phénomène plongera les Franco-Ontariennes et les Franco-Ontariens dans un processus de redéfinition identitaire qui est toujours en cours. Le Règlement 17 La crise du Règlement 17 est souvent considérée comme un point tournant dans l évolution de l identité franco-ontarienne. Toutefois, elle ne concerne pas que les Canadiennes françaises et les Canadiens français de l Ontario, elle appartient aussi à la grande histoire du Canada français. En réalité, il s agit de la dernière des grandes crises scolaires qui ont secoué la Confédération depuis son entrée en vigueur en 1867. Déjà, en 1871, le gouvernement du Nouveau-Brunswick interdisait l enseignement religieux dans les écoles publiques de la province. En 1890, le gouvernement du Manitoba en faisait autant, en même temps qu il abolissait le statut de la langue française dans son Assemblée législative. En 1901, les Territoires du Nord-Ouest limitaient, à leur tour, la place de la langue française et de l enseignement religieux dans leurs écoles, initiative qui sera maintenue au moment de la création des provinces de l Alberta et de la Saskatchewan en 1905. Ces mesures législatives provoquent des crises mémorables qui s ajoutent aux rébellions métisses de Rivière-Rouge et de Batoche ainsi qu à la pendaison de Louis Riel en 1885, et enveniment les relations entre les deux peuples fondateurs du pays. Au début du XX e siècle, les conflits Les «Canadiens français de l Ontario» 139
massivement à la fabrication du papier journal durant les années 1920. À cette époque, l accélération du processus d urbanisation s accompagne de la généralisation de la presse quotidienne à grand tirage. L industrie forestière du nord de l Ontario en est une d exportation, en ce sens qu elle alimente de plus en plus le marché américain et, en particulier, de grands journaux comme le New York Times. Hearst Hearst est une ville née au point de raccordement du chemin de fer transcontinental et de l Algoma Central. Les principales activités économiques sont l agriculture et l industrie forestière. Hearst est aussi le siège épiscopal du diocèse créé en 1938. En 1953, le diocèse fonde le Séminaire de Hearst, qui deviendra le Collège universitaire de Hearst maintenant affilié à l Université Laurentienne. La communauté soutient de nombreuses activités culturelles grâce à son Conseil des arts. Les industries minière et forestière dominent donc le paysage économique nord-ontarien, si bien que certaines communautés dépendent presque entièrement de l une ou de l autre. La santé économique de ces villes «monoindustrielles» est souvent, par le fait même, à la remorque des marchés internationaux. Par ailleurs, la croissance de ces industries nécessite une infrastructure très étendue, d où le développement relativement rapide du réseau ferroviaire dans le nord de l Ontario. Si le Canadien Pacifique atteint la région dès les années 1880, un autre chemin de fer assure la liaison entre North Bay et Toronto dès 1890. On met peu de temps à construire de nombreuses lignes ferroviaires régionales, comme le Témiscamingue Nord-Ontario (TNO) qui relie North Bay à Cochrane en 1908, et à étendre des lignes de raccordement à Elk Lake, à Iroquois Falls et à Timmins. De son côté, l entrepreneur Francis Clergue met sur pied un réseau de lignes ferroviaires régionales pour alimenter en fer et en soufre ses usines de Sault-Sainte-Marie. Enfin, à la veille de la Première Guerre mondiale, un deuxième chemin de fer transcontinental traverse le nord de l Ontario, en passant cette fois par Hearst et Kapuskasing. Maisons de compagnie, Kapuskasing. Les «Canadiens français de l Ontario» 155
Manifestation «Justice pour les Franco-Ontariens» sur la Colline du Parlement. Jean-Robert Gauthier, député fédéral d Ottawa-Vanier, et Albert Roy, député provincial d Ottawa-Est, prennent la parole. L immigration L effet de l immigration sur la vie sociale des Canadiennes et des Canadiens est ancien. Depuis deux siècles, elle modifie, à l avantage du Canada anglais, le rapport des forces numériques entre les deux peuples fondateurs. L immigration francophone est un phénomène récent. Dans le passé, les personnes immigrantes s intégraient à la majorité anglophone, servant d exemples aux adversaires du Canada français qui veulent réduire les francophones du Canada au rang d une «minorité comme les autres». N arrivant pas à défendre leur propre culture, beaucoup de Franco- Ontariennes et de Franco-Ontariens ont considéré avec méfiance les politiques multiculturelles du gouvernement fédéral en 1971. On prétendait défendre les cultures des immigrantes et des immigrants, alors qu on ne protégeait même pas la culture séculaire des Franco- Ontariennes et des Franco-Ontariens. Qu en penses-tu? Aujourd hui, quel est l effet le plus positif de l immigration sur la communauté francoontarienne? Mais les idées ont évolué. En 1975, le Conseil consultatif des affaires franco-ontariennes (CCAFO) affirmait déjà que les francophones de l Ontario accueillent d égal à égal, au sein de leurs institutions et de leurs organismes, les francophones venant d autres provinces et d autres pays. Dans son document, le CCAFO reconnaît que la présence d un grand nombre de groupes culturels en Ontario est un enrichissement et donne à cette province un visage multiculturel. Le CCAFO considère que le multiculturalisme a sa place en Ontario, même si les cultures des deux peuples fondateurs et des groupes autochtones y occupent une place spéciale. 194 Chapitre 6
Penetang : l heure de la solidarité Un grand battage publicitaire est renforcé par des prises de position très médiatisées de personnalités telles que Pierre Elliott Trudeau et Michael Cassidy, qui en font une question nationale. La présidente de l ACFO, Jeannine Séguin, devient la directrice de l école. La ministre doit intervenir pour forcer le conseil scolaire à ouvrir une école de langue française. La municipalité tente de bloquer la construction de l école au moyen d un règlement de zonage. En 1981, il y a appel au Parlement fédéral. Finalement, Jacques Marchand, du village de Lafontaine, fait appel aux tribunaux. La Cour suprême de l Ontario décide que le gouvernement doit fournir les fonds nécessaires en vue de garantir une éducation égale pour tous. Micheline Marchand, ancienne élève en 12 e année à l École secondaire de la Huronie et aujourd hui enseignante à l école secondaire Le Caron de Penetanguishene L École secondaire de la Huronie a été beaucoup plus qu une école. En fait, nous y avons vécu en groupe une expérience de prise de pouvoir qui a profité à tous les francophones de l Ontario. Si nous n avions pas obtenu l école, je ne serais peut-être pas enseignante dans ma communauté d origine aujourd hui. Pendant la crise scolaire, nous avons dû prendre position et affirmer notre identité en tant que francophones de l Ontario. En se tenant debout, on a obligé le gouvernement de l Ontario et le conseil scolaire à nous accorder l école qu ils s entêtaient à nous refuser. Notre geste leur a fait comprendre que c était nous, les jeunes francophones, qui savions ce qu il nous fallait et pas eux, les anglophones. Ce que je retiens de cette expérience, c est que l individu qui s engage peut faire une différence, peut changer les choses. Il ne faudrait jamais oublier que les écoles secondaires de langue française, comme Le Caron, ont été obtenues en luttant. Un droit, comme celui à l éducation en français, peut se perdre si l on n est pas vigilant. Grâce aux écoles que nous avons obtenues, les jeunes d aujourd hui peuvent décider plus facilement de poursuivre leurs études postsecondaires en français. Cela leur donne de bien meilleures chances de rester francophones, de prendre part à notre culture. Dans le cas de Windsor, le gouvernement doit également forcer le conseil scolaire à ouvrir une école secondaire de langue française, d où la création de l école secondaire l Essor. Le Temps, vol. 1, n o 10, novembre 1979, p. 2. Les «Franco-Ontariens» depuis 1960 205
Gisèle Lalonde Gisèle Lalonde, née Gisèle Deschamps, est native de Vanier, aujourd hui Ottawa. Diplômée de l École normale de l Université d Ottawa en 1951, Gisèle Lalonde enseigne pendant une vingtaine d années et, parallèlement, durant 13 ans, elle est conseillère scolaire au Conseil des écoles séparées catholiques d Ottawa, où elle assume la présidence en 1974 et en 1976. En 1974, elle est directrice générale fondatrice du Centre franco-ontarien de ressources pédagogiques, poste qu elle occupe jusqu en 1985. De 1976 à 1977, elle est présidente de l Ontario School Trustees Council, puis présidente de l Association française des conseils scolaires de 1978 à 1979. La vie professionnelle de Gisèle Lalonde est loin d être terminée. De 1980 à 1981, elle est directrice générale de l Association française des conseils scolaires puis, de 1979 à 1985, membre du Conseil de l éducation franco-ontarienne, organisme consultatif auprès du ministre de l Éducation. De 1984 à 1985, elle occupe le poste de présidente du Conseil des affaires franco-ontariennes, organisme consultatif auprès du premier ministre en matière de francophonie, et celui de mairesse de Vanier en 1985. En 1988, elle fonde l Association française des municipalités de l Ontario, dont elle est la présidente, et devient membre du Conseil consultatif du ministre des Affaires municipales en matière de développement professionnel des élues et des élus, ainsi que des gestionnaires municipaux. De 1996 à 1997, elle est membre de la Commission «Qui fait quoi» du gouvernement provincial. En 1997, Gisèle Lalonde est nommée présidente de SOS Montfort. Madame Lalonde a reçu, et continue de recevoir, de nombreuses marques d estime. En 2003, le gouvernement français lui confère la Légion d honneur et, en 2004, l Ordre du Canada lui rend l hommage de la reconnaissance de la nation, la plus haute distinction canadienne relative aux réalisations de toute une vie. Le Conseil des écoles publiques de l Est de l Ontario a inauguré, en 2003, l école secondaire publique Gisèle- Lalonde en son honneur. atteinte aux droits constitutionnels de la minorité franco-ontarienne. Toutefois, le gouvernement de l Ontario fait appel. La Cour d appel rend sa décision le 7 décembre 2001 : le gouvernement n a pas respecté sa propre Loi sur les services en français de 1986 (brillante plaidoirie de Paul Rouleau), de sorte que la Cour ordonne que les autorités tiennent compte, dans la réforme des services de santé, des besoins particuliers de la minorité franco-ontarienne. Le jugement reconnaît donc à l Ontario français des droits communautaires. Le 31 janvier 2002, le gouvernement décide de ne pas interjeter appel, mettant fin ainsi à la crise amorcée en février 1997. Qu en penses-tu? Maintenant que Montfort est sauvé, les droits de la minorité franco-ontarienne sont-ils assurés? L affirmation culturelle au service d une identité en évolution La vie culturelle de l Ontario a été bien analysée dans les revues, les monographies et les cours universitaires. Après le rapport Saint-Denis en 1969 et le rapport Savard en 1977, le rapport Grisé prend le relais en 1991. 228 Chapitre 6