Service Départemental RTM de l Isère Commune de Pont-en-Royans Chutes de blocs issues du Mont Barret Compte-rendu de la mission de reconnaissance par hélicoptère Date : 24 avril 2018 Version de document : 2 Liste de diffusion : Auteur : Préfecture Jean-Baptiste NICAISE / Olivier NEWINGER Relecture Yannick ROBERT Contexte Cette note synthétise les observations réalisées au cours de la mission de reconnaissance héliportée, réalisée le 23 avril 2018. Ce document vient en complément de la note du 22 avril 2018. Cette deuxième version complète la partie historique. Historique 1 er décembre 1912, un éboulement rocheux provenant du Mont Barret sur la rue de Villeneuve détruit une toiture. 23 novembre 1960, un éboulement sur la Grande Rue face au garage Faure obstrue la RD531. Mars 1985, écroulement rocheux (blocs inférieurs à 0,3 m³) au chemin EDF en rive droite de la Vernaison. Mars 1993, un bloc de 0,5 m³ atteint la terrasse du bar le Picard sous le couloir E et termine sa course contre le parapet de la RD531. Novembre 1993, étude de diagnostic des risques de chutes de blocs par le bureau d étude Mécanroc. Juin 1996, une étude trajectographique Mécanroc vient préciser les travaux préconisés en 1993. 1996, travaux de purge et de vidange pour la commune par l entreprise Royans Travaux sous maîtrise d œuvre RTM au Merle. Ces travaux sont financés par l état à 50 %. Juin 1997, réalisation des travaux préconisés en 1993 et 1996 par l entreprise Tetra (grillages sur poteaux bois, grillages plaqués ancrés, filets métalliques, écrans de 12,5 kj, 1000 kj, 2000 kj et écrans de filets ASM) et travaux de purge pour la commune, financés par l Etat (50 %) et la région (50 %) sous maîtrise d œuvre RTM. 18 novembre 1999, un éboulement dans le couloir E endommage deux écrans. Une maison est évacuée. L entreprise Tetra intervient pour réparer l ouvrage après un diagnostic réalisé par Mécanroc. Août 2003, un incendie détruit toute végétation sur le versant nord-ouest du Mont Barret en amont des quartiers de Villeneuve et du Merle et de la route départementale RD531. Page 1 sur 8
13 et 14 août 2003, des chutes de blocs se produisent après l incendie., Un bloc de 300 dm³ perfore un écran avec double nappe de grillage. Un écran de filet voit ses deux poteaux endommagés. 15 maisons sont évacuées et la RD531 est coupée. 18 août 2003, suite à l incendie, un diagnostic Mécanroc préconisant une série de travaux. Septembre 2003, les travaux préconisés par Mécanroc sont réalisés par GTS (vidange et réparation des deux écrans de la zone E, l écran aval est doublé de grillage). Décembre 2003, étude des risques de chutes de blocs par le bureau d études Mécanroc sur les versant nord-ouest du Mont Barret déboisé par l incendie d août 2003. L étude est commandée par la préfecture pour profiter de l absence de végétation pour actualiser l étude de 1993. De nouveaux ouvrages sont proposés. 5 août 2004, des chutes de pierres et de blocs atteignent la toiture d une habitation (10 dm³), la RD531 (8 dm³) et un cabanon (12 dm³). 3 janvier 2005, chute d un bloc de 15 dm³ dans une habitation (propriété Rouchon) provenant du couloir E. Impacts sur des toitures. 13 personnes sont évacuées. 2005, suite à l étude de 2003, les nouveaux travaux (grillages pendus sur poteaux bois, grillages plaqués, filets métalliques, ancrages, écrans de 12,5 kj, 200 kj, 500 kj, 1000 kj et 2000 kj, modifications sur l écran inférieur du couloir E et sur plusieurs autres ouvrages) sont réalisés par l entreprise EI Montagne pour la commune avec financements de la Région (35 %) et du STM (15 %). A noter que durant ces travaux un poteau de l écran supérieur du couloir E est remplacé. 27 novembre 2008, expertise visuelle de l état des ouvrages par le service RTM. Seuls 4 ouvrages ont piégé quelques éléments rocheux (0 à 1 m³) dont l écran E2. Aucun entretien particulier n est prévu à l issu de la visite. Une visite complète des ouvrages en technique alpine est conseillée dans les 5 ans. 12 août 2010, compte-rendu de visite à caractère d urgence du service RTM suite à un événement survenu quelques jours auparavant. 4 habitations sont évacuées et la RD531 est coupée. Un rocher est conforté par câbles. Ce confortement est signalé comme provisoire dans l attente de l élimination du bloc ou de son emmaillotement par filet de câbles. 15 janvier 2016, fiche diagnostic réalisée par le RTM sur demande de la commune suite au remplissage de l écran de filet E6. Il a été conseillé de faire vidanger l ouvrage par l entreprise. Le RTM propose à la commune son concours pour une visite technique du dispositif, proposition qui n a pas été retenue. La vidange de l ouvrage (partielle ou totale) a été réalisé par l entreprise CAN en 2016. Les photographies du site par le service RTM en 2017 montre un remplissage de l écran E6 équivalent à ce qu il était en 2016. Des photographies de l ouvrage E6 transmises en mars 2018 à la commune montre un remplissage proche de celui de 2016 et de 2017. Objectifs Une mission héliportée a été réalisée en fin de journée le 23 avril. L'objectif de cette mission était de définir l'aléa résiduel dans le versant affecté par l'éboulement. Le recours à une reconnaissance héliportée a été justifié par les nombreux départs de blocs constatés durant la journée du 22 avril, notamment en partie basse et médiane du couloir. On notera que si les conditions d observation sont nettement plus sécuritaires qu une intervention sur corde, les observations sont néanmoins faites à une certaine distance qui ne permet pas d appréhender certains détails fins. Principales observations Cette visite a permis d'établir que l'éboulement s'est déclenché vers 480 m d'altitude, c'est-à-dire en partie haute du versant. Il est survenu au niveau d'un banc calcaire à la base de la falaise en rive gauche d'un couloir. Ce couloir a été baptisé couloir «E» lors des études précédentes. La cicatrice (photos 1 et 2) témoigne d'un glissement banc sur banc. Le volume éboulé est difficile à estimer depuis l'hélicoptère, et les comparaisons par rapport à d anciennes photographies aériennes ou issues de rapports ne permettent pas de définir clairement la configuration initiale du site. On peut Page 2 sur 8
supposer un banc de 4 m de longueur, de 2 m de largeur et 1,5 m d'épaisseur, ces dimensions correspondant vraisemblablement plutôt à un encadrement supérieur du volume réel. Le bloc était préalablement «découpé», par le plan de stratification en partie inférieure et par les directions principales de fracturation du site. Les fissures latérales et inférieures étaient manifestement ouvertes au regard de la présence de remplissage terreux. Le bloc était donc retenu par le seul frottement avec le banc inférieur, avec très certainement un léger basculement préalable. Figure 1 : Zone de départ et extension de la zone de passage Page 3 sur 8
Figure 2 : Vue générale du couloir Figure 3 : Zone de départ Page 4 sur 8
Figure 4 : Cicatrice de l'éboulement Figure 5 : Cicatrice de l'éboulement On observe deux petits blocs en aval de la cicatrice posés dans la pente sur un matériau terreux qui pourraient être remis en mouvement sur le très court terme. En amont le banc rocheux est fracturé et deux ou trois blocs plus importants (de l'ordre du mètre-cube) pourraient également avoir été déstabilisés par l'éboulement. L observation des alentours amène néanmoins à fortement relativiser ce constat, dans la mesure où de très nombreux blocs en situation apparemment équivalente de stabilité sont visibles en partie supérieure du couloir. Les blocs se sont fracturés en se propageant dans le couloir. Ils ont probablement remobilisé d'autres éléments rocheux dans leur course si l'on en juge par la «propreté» du couloir et l'accumulation Page 5 sur 8
importante au niveau de l'écran E6 en aval. Aucune instabilité potentielle découlant de l'événement n'a été constatée sur la trajectoire de propagation des blocs entre la zone de départ et la ligne d'écran (photo 2). Une grande partie du volume rocheux a été arrêtée par l'écran E6 dont un poteau a flambé sous l'effet de la charge du filet (photo 6). Le volume piégé par le filet est estimé à 50 m³ sachant qu'un volume de matériau équivalent était déjà présent dans le filet. Figure 6 : Affaissement du filet E6 Figure 7 : Vue générale des filets E6 et E5 L'affaissement de l'écran a permis le transit de quelques pierres jusqu'à l''écran E5 immédiatement en aval (photo 7). Il a également été observé un impact sur l'extrémité amont d'un poteau de l'écran E5 qui Page 6 sur 8
confirme que quelques éléments rocheux ont pu lober les lignes d'écrans. Ceci explique que quelques blocs aient pu atteindre les habitations et la route départementale en aval. On notera l arrivée de blocs supplémentaires (de petite taille) au niveau du filet E5 entre dimanche et lundi. En effet, le filet E6 est fortement chargé il joue donc un rôle de stockage plus limité et des apports ponctuels ont encore lieu. Figure 8 : Filets E5 dimanche matin à 10h00 Page 7 sur 8
Conclusion En conclusion, il existe un aléa résiduel non négligeable à très court terme avec des éléments rocheux qui pourraient se propager dans le versant. Cet aléa résulte des points suivants : - de blocs potentiellement instables, au droit de la zone de départ. - D une diminution des capacités de l ouvrage E6. Ce dernier a une hauteur résiduelle réduite de plus de 50%. Il n'est plus en mesure d'assurer sa fonction. Un nouvel impact sur cet écran pourrait même causer le relargage en aval d'une partie des matériaux qu'il a bloqués. L'écran E5 immédiatement à l'aval est, dans un moindre niveau, partiellement rempli. En conséquence le dispositif de protection a perdu en efficacité. - du fait que les lignes d'écrans peuvent être lobées par des pierres en provenance de la cicatrice laissée par l'éboulement (partie supérieure du versant). Par ailleurs, on note la présence de nombreux blocs potentiellement instables qui pour certains ont été identifiés au sein d études antérieures (la première en 1993, soit il y a 30 ans). Dans un premier temps, il paraît urgent de traiter la cicatrice de départ. On pourrait envisager un emmaillotement de l'ensemble de la cicatrice au moyen d'un filet de câbles. Une fois ce point sécurisé, il sera alors possible d'entreprendre, dans un second temps des travaux de remise en état et de purge des lignes d'écrans E5 et E6. Dans un troisième temps, une analyse des trajectoires des blocs qui ont atteint la route et les habitations est à envisager. Elle permettrait d expertiser l'étanchéité du dispositif de protection. La mise en place d une ou plusieurs rangées de filets en partie haute du couloir serait peut-être nécessaire afin de retenir les blocs avant qu ils n aient trop d énergie (et qu ils ne risquent de lober les protections à l aval). Jean-Baptiste NICAISE Validé par Olivier NEWINGER Page 8 sur 8