Fiche Prévention - E2 F 05 15 Le maçon à son poste de travail Partie 4 : les produits de maçonnerie Fabrication des liants, approvisionnement, mise en œuvre La réalisation de murs en maçonnerie est une opération courante sur les chantiers du bâtiment (maison individuelle, logements collectifs, ouvrages fonctionnels, bâtiments industriels). Au cours de son activité, le maçon est fréquemment exposé aux risques de troubles musculo-squelettiques du fait de la masse importante des matériaux mis en œuvre, des postures de travail contraintes et de la répétitivité de ses gestes (risques à effets différés). Fig. 1 Malaxage manuel de mortier Cette fiche prévention décrit des règles permettant d améliorer les conditions de travail du maçon. Fabrication des liants Le mortier traditionnel Il est constitué d un mélange de sable, ciment et eau. L épaisseur des joints horizontaux à réaliser est comprise entre 1 et 2 cm. Par conséquent, les quantités de mortier à fabriquer sur un chantier de maçonnerie sont parfois très importantes (de l ordre de 20 litres de mortier frais pour monter environ 1 m² de parpaings creux classiques de 20 cm d épaisseur). Le mélange peut être réalisé de trois façons : Manuellement, pour les petites quantités, à partir d un tas ou de big-bags de sable, de sacs de ciment de 35 ou 25 kg et d eau, le tout malaxé manuellement à la pelle à main (Fig. 1). Il est nécessaire de prévoir une zone de stockage du sable et du ciment, de même qu une alimentation en eau au plus près des postes de travail. La zone de stockage doit être en permanence en ordre, débarrassée des emballages de matériaux et des morceaux de blocs à maçonner. Les déchets sont triés et évacués au fur et à mesure. Semi-mécaniquement, à l aide d une bétonnière à moteur thermique ou électrique, chargée manuellement en sable, ciment et eau ; le malaxage est réalisé par la rotation du tambour de la bétonnière (Fig. 2). Mécaniquement, pour les quantités importantes, à l aide d un silo à mortier à moteur électrique raccordé à une alimentation en eau. À l intérieur du silo se trouve un mélange sec de sable et Fig. 2 Bétonnière à moteur thermique Fig. 3 Silo à mortier Fig. 4 Buse de sortie du mortier Photo Frederic Vielcanet
Fig. 5 Sac de mortier-colle Fig. 6 Malaxeur Fig. 7 Rouleau pour mortier-colle Fig. 8 Étiquetage de danger d un sac de mortier-colle de ciment, auquel on rajoute le volume d eau nécessaire. Ce dispositif permet d éviter les manipulations de sacs, supprime les déchets de chantier ainsi que les poussières de mortier tout en réduisant le bruit (Fig. 3). La quantité de mortier désirée s écoule par une buse de sortie dans un récipient adapté au volume demandé (Fig. 4). Le mortier-colle L épaisseur des joints horizontaux réalisés avec ce type de liant est comprise entre 1 et 3 mm selon les types de blocs. Par conséquent, le mortier-colle est utilisé exclusivement pour coller des blocs rectifiés, dont les tolérances dimensionnelles en hauteur sont très faibles. Le mortier-colle est conditionné en sacs généralement de 25 kg prêts à l emploi (Fig. 5). La préparation de la colle est réalisée dans un récipient à l aide d un malaxeur électrique (Fig. 6). La colle est ensuite étalée en épaisseur mince au moyen d un rouleau spécifique (Fig. 7), d un peigne ou d une truelle crantée pour les blocs de béton cellulaire. Pour monter 1 m 2 de maçonnerie, la consommation de la colle est d environ : 2 kg pour un mur en parpaings rectifiés de 20 cm d épaisseur (épaisseur de joint 1 mm) ; 3 kg pour un mur en briques de terre cuite de 30 cm d épaisseur (épaisseur de joint 1 mm) ; 12 kg pour un mur en béton cellulaire de 20 cm d épaisseur (épaisseur de joint 3 mm). Compte tenu de la faible épaisseur des joints réalisés avec du mortier-colle, il n est pas possible de rattraper les différences de planéité du plancher béton au cours de l élévation de la maçonnerie. La pose du premier rang doit s effectuer sur un lit de mortier traditionnel présentant une arase rigoureusement horizontale. Le ciment contenu dans les différents types de liants rend les matériaux irritants (Fig. 8). La mousse de polyuréthane Actuellement, cette technique est utilisée exclusivement pour le collage horizontal de briques de mur creuses rectifiées à alvéoles verticales. La cartouche de mousse de polyuréthane se visse sur un pistolet à joint (Fig. 8 bis) qui permet de réaliser des cordons d environ 3 cm de diamètre. Les cordons doivent être parallèles et distants de 5 cm des faces extérieures et intérieures des briques, afin d éviter tout débordement de liant sur les faces des briques. Le nombre de cordons à réaliser dépend de l épaisseur des briques : 1 cordon pour les briques de 150 mm d épaisseur ; 2 cordons pour les briques d épaisseur comprise entre 200 mm et 425 mm ; 3 cordons pour les briques de 500 mm d épaisseur. La pose de la brique sur le cordon écrase celui-ci et la mousse de polyuréthane pénètre à l intérieur des alvéoles en laissant un joint d une épaisseur de l ordre de 1/10 e de millimètre entre les briques. La prise est réalisée en 3 minutes environ. La mousse de polyuréthane résiduelle dans le pistolet peut s éliminer en utilisant une cartouche de nettoyage fournie également par le fabricant des cartouches de mousse de polyuréthane. Ces produits étant considérés comme dangereux, il est nécessaire de consulter et de respecter les instructions contenues dans leur fiche de données de sécurité respective. Approvisionnement au poste de travail Fig. 8 bis Cartouche de mousse de polyuréthane montée sur pistolet Levage et déplacement des matériaux L utilisation d un appareil de levage est nécessaire pour approvisionner les palettes de blocs et les bacs de mortier à la bonne hauteur, au plus près des postes de travail, afin de diminuer les manutentions manuelles : la grue à tour (Fig. 9), qui permet de surplomber la totalité de la zone de travail, et le chariot élévateur de chantier (Fig. 10) sont les plus utilisés. Les accessoires de levage, placés entre le crochet de l appareil de levage et la charge, doivent être en bon état et comprendre une plaque d identification indiquant la CMU (charge maximale d utilisation). Ils doivent faire l objet d une vérification générale annuelle, réalisée par une personne qualifiée. L approvisionnement des palettes de blocs nécessite l utilisation d une fourche lève-palettes. L emploi de sangles, chaînes ou câbles passant à l intérieur de la palette en bois 2
Fig. 14 Servante pour échafaudage Fig. 15 Table élévatrice Manergo Fig. 9 Levage à la grue à tour Fig. 10 Levage au chariot élévateur de chantier Fig. 11 Fourche équipée d un protecteur de sécurité est interdit. En cas de levage d une palette déhoussée ou décerclée, l utilisation d une fourche équipée d un protecteur de sécurité périphérique est nécessaire pour supprimer le risque de chute de bloc dans le vide pendant la manutention (Fig. 11). Les bacs à mortier (Fig. 12) étant des contenants de charge en vrac, ils doivent résister aux efforts subis pendant le chargement, le transport, la manutention et le stockage de la charge et l empêcher de s écouler au cours de ces opérations. La vérification visuelle de leur bon état de conservation est à réaliser fréquemment. Fig. 13 Transpalette Fig. 12 Levage de bac à mortier Le transfert horizontal des palettes de blocs est assuré par un transpalette (Fig. 13) qui amène les matériaux jusqu au poste de travail. Les transpalettes lèvent la charge jusqu à la hauteur nécessaire au déplacement, en la décollant du sol, et ne sont pas considérés comme des appareils de levage. Stockage des matériaux au poste de travail Compte tenu du poids des matériaux à mettre en œuvre, il importe que les palettes de blocs et les bacs à liant soient disposés au plus près du poste de travail. Outre le gain évident de productivité, la suppression des manutentions inutiles réduit la pénibilité du travail. Sur les plates-formes de travail temporaires fixes, comme les échafaudages sur tréteaux ou les échafaudages de pied, la largeur du plancher de travail qui est voisine de 1 m et la résistance de la structure portante ne permettent pas, en général, le stockage direct d une palette entière de blocs à maçonner sur l échafaudage. Dans ce cas, pour éviter d encombrer et de surcharger la plate-forme de travail, les matériaux peuvent être approvisionnés au plus près sur un support auxiliaire appelé «servante» ou «recette», de résistance adaptée, et munie d une protection collective amovible contre les chutes (Fig. 14). L utilisation de tables élévatrices industrielles à niveau constant (Fig. 15) permet de rehausser le niveau de la palette de blocs, au fur et à mesure que celle-ci se vide de ses matériaux. Ce matériel permet d améliorer la performance des opérateurs tout en réduisant leur charge physique ; mais cet équipement de travail est encore trop peu utilisé sur les chantiers du BTP. Sur les tables à maçonner fixes, le stockage direct des matériaux sur le plancher de travail est en général possible (Fig. 16), du fait des dimensions (voisines de 1,50 m 2,50 m) et de la résistance importante de celui-ci (voisine de 1 600 kg/m 2 ). Certaines plates-formes de travail motorisées, comme les plates-formes élévatrices à ciseaux ou sur mât(s) vertical(aux) (Fig. 17 et 18) permettent de lever le compagnon et ses matériaux (bacs de mortier, palettes de blocs) à la hauteur de travail désirée. L installation de cet équipement exige un sol plan, propre et résistant. Le chargement et l accès des matériaux et du personnel se font au sol. La charge est répartie selon les indications fournies sur la notice d instructions. Fig. 16 Table de maçon fixe Fig. 17 Plate-forme élévatrice à ciseaux Fig. 18 Plate-forme élévatrice sur mât vertical 3
Découpe des matériaux Le sciage permet de découper un matériau par détachement de copeaux. Il se fait grâce à une lame ou à un disque approprié. Pour un travail de qualité et des finitions soignées, il est important d adapter la scie à l usage que l on en fait. Les scies peuvent être manuelles ou mécaniques. Il existe plusieurs modèles de scies selon les différents types de blocs à découper. La scie égoïne au carbure Le bloc de béton cellulaire est plus tendre que la brique ou le parpaing : il se scie donc plus facilement et cette opération peut être réalisée manuellement. La lame de scie égoïne au carbure est quasi inaltérable La scie manuelle à béton cellulaire, comme tout outil, doit être régulièrement entretenue (Fig. 19). Néanmoins, le sciage manuel de blocs de béton cellulaire engendre des postures contraintes des articulations et des gestes répétés qu il convient d éviter si le nombre de blocs à découper est important. La scie électroportative alligator Elle est équipée d une lame en carbure fonctionnant dans le sens inverse de la normale, ce qui permet de stabiliser le matériau durant toute la durée de la coupe et d éviter au bloc de se casser, surtout au niveau des alvéoles plus fragiles. La lame est utilisée pour découper des briques en terre cuite, quelle que soit leur densité, ainsi que les blocs de béton cellulaire. L adaptation de la lame au matériau découpé est impérative pour une qualité de coupe optimale (Fig. 20). sur les plates-formes de travail élévatrices des maçons ou dans des espaces réduits (Fig. 23). Une pompe à eau électrique permet l arrosage du trait de coupe et la diminution des poussières. Cependant, le niveau de bruit engendré par ce type de matériel reste important et le port de protections auditives est nécessaire. La scie circulaire sur table étant une machine dangereuse, son utilisation nécessite une formation préalable des opérateurs, la mise à disposition de la notice d utilisation sur le chantier et le respect des consignes de sécurité. La scie à ruban Le ruban en acier tourne sur lui-même et la modularité du cache-ruban permet d ajuster la partie apparente de la lame au plus près de la hauteur de la brique ou du bloc de béton cellulaire. L opérateur pousse le plateau mobile vers la lame qui est montée sur un bâti fixe. Le niveau de poussières et de bruit engendrés par la lame de la scie à ruban est assez faible (Fig. 24). La scie à ruban étant une machine dangereuse, son utilisation nécessite une formation préalable des opérateurs, la mise à disposition de la notice d utilisation sur le chantier et le respect des consignes de sécurité. La meuleuse d angle électroportative Elle est équipée soit d un disque à tronçonner en abrasifs agglomérés, soit d un disque diamanté. La meuleuse d angle est utilisée principalement pour découper des parpaings et sa forte capacité d attaque des matériaux engendre un empoussièrement et des nuisances sonores importants nécessitant d utiliser un appareil doté d un système d aspiration des poussières à la source. À défaut, le port d un masque anti-poussière FFP3 est indispensable. Dans tous les cas, le port de lunettes de protection et d un protecteur contre le bruit doit être respecté (Fig. 21). La meuleuse d angle étant une machine dangereuse, son utilisation nécessite une formation préalable des opérateurs, la mise à disposition de la notice d utilisation sur le chantier et le respect des consignes de sécurité. La scie circulaire sur table avec disque diamanté Le disque diamanté est protégé sur une partie de sa hauteur par une cape de sécurité qui doit être ajustée au plus près de la hauteur à scier. Les briques ou les parpaings sont positionnés sur un plateau comportant une butée arrière. L opérateur fait mouvoir horizontalement le disque en rotation vers le plateau fixe (Fig. 22). Il existe également des modèles de scies circulaires verticales compactes permettant d être installées directement Fig. 19 Scie égoïne au carbure Fig. 20 Scie alligator Fig. 21 Meuleuse d angle électroportative Fig. 22 Scie circulaire sur table horizontale Fig. 23 Scie circulaire sur table verticale Fig. 24 Scie à ruban 4
Documents à consulter Le maçon à son poste de travail Partie 1 : les plates-formes de travail. Fiche prévention E2 F 02 14. Édition OPPBTP. Le maçon à son poste de travail Partie 2 : la protection face au vide. Fiche prévention E2 F 03 14. Édition OPPBTP. Le maçon à son poste de travail Partie 3 : les produits de maçonnerie. Caractéristiques, manutention manuelle, livraison. Fiche prévention E2 F 04 15. Édition OPPBTP. Le maçon à son poste de travail Partie 5 : stabilisation des murs maçonnés en phase de construction. Fiche prévention E2 F 01 13. Édition OPPBTP. Les échafaudages de pied métalliques fixes. Fiche prévention B2 F 06 09. Édition OPPBTP. Choix d un équipement de travail en hauteur - Échafaudage de pied. Fiche prévention J1 F 03 14. Édition OPPBTP. Choix d un équipement de travail en hauteur Échafaudage sur tréteaux. Fiche prévention J1 F 05 14. Édition OPPBTP. Choix d un équipement de travail en hauteur Plate-forme de travail se déplaçant le long de mât(s). Fiche prévention J1 F 08 14. Édition OPPBTP. Norme française NF DTU 20.1 : Ouvrages en maçonnerie de petits éléments Parois et murs Norme française NF EN 771-1 : Briques de terre cuite Norme française NF EN 771-1/CN : Briques de terre cuite - Complément national à la NF EN 771-1 Norme française NF EN 771-2 : Éléments de maçonnerie en silico-calcaire Norme française NF EN 771-3 : Éléments de maçonnerie en béton de granulats (granulats courants et légers) Norme française NF EN 771-3/CN : Éléments de maçonnerie en béton de granulats (granulats courants et légers) - Complément national à la NF EN 771-3 Norme française NF EN 771-4 : Éléments de maçonnerie en béton cellulaire autoclavé Norme française NF EN 771-4/CN : Éléments de maçonnerie en béton cellulaire autoclavé - Complément national à la NF EN 771-4 Norme française NF EN 771-5 : Éléments de maçonnerie en pierre reconstituée Norme française NF EN 771-5/CN : Éléments de maçonnerie en pierre reconstituée - Complément national à la NF EN 771-5 Norme française NF EN 771-6 : Éléments de maçonnerie en pierre naturelle Norme française NF B 10-601 : Produits de carrière - Pierres naturelles - Prescriptions générales d emploi des pierres naturelles Norme française NF X35-109 : Ergonomie - Manutention manuelle de charge pour soulever, déplacer et pousser/tirer - Méthodologie d analyse et valeurs seuils Norme française NF EN 13374 : Garde-corps périphériques temporaires Norme française NF EN 12811 : Échafaudages - Exigences de performance et étude, en général Norme française NF EN 1495 : Plates-formes de travail se déplaçant le long de mât(s) Articles D.4153-39 à D.4153-40, Code du travail Articles R.4541-1 à R.4541-9, Code du travail Recommandation R. 367 de la CNAMTS des 27 mai et 21 octobre 1993 : recommandation visant à prévenir les risques dus aux moyens de manutention à poussée et/ou à traction manuelle Recommandation R. 386 de la CNAMTS du 29 novembre 2000 : Utilisation des plates-formes élévatrices mobiles de personnes (PEMP) Recommandation R. 408 de la CNAMTS du 10 juin 2004 : Montage, utilisation et démontage des échafaudages de pied OPPBTP 25, avenue du Général Leclerc - 92660 Boulogne-Billancourt Cedex - 01 46 09 27 00 - www.preventionbtp.fr - Edition : mai 2015 Conforme à la réglementation en vigueur à la date de parution. 5