Projet de Gestion des déchets solides ménagers au Bénin - GDSM Rapport d avancement des activités des femmes récupératrices Volet : Valorisation des matières non organiques par les femmes récupératrices Présenté à l AFEAS Août 2008
Contexte du projet La collecte et l élimination des déchets constituent un défi majeur dans les villes africaines. Dans le cadre de la décentralisation au Bénin, les mairies se sont vues attribuer la responsabilité de la gestion des déchets alors qu elles ne disposent ni de l expertise ni des moyens nécessaires pour s acquitter de ces nouvelles responsabilités. C est dans ce contexte que le projet GDSM vient en appui aux mairies de Cotonou et de Ouidah, afin de les aider à développer l expertise et le savoir-faire nécessaire. Grâce à l appui de la société civile, représentée par différentes ONG de pré-collecte, de récupération et de compostage, un système de gestion efficace des déchets solides ménagers est en train de se mettre en place. Dans ce paysage, les femmes jouent un rôle primordial et constituent un maillon fort du dispositif. Elles sont actives à deux niveaux, aussi important l un que l autre : aspect environnemental : en récupérant, les femmes sauvent quotidiennement environ 7 tonnes de déchets des chemins de l enfouissement. aspect économique : les femmes gagnent leur vie en gérant une micro-entreprise. À sa dernière année d exécution, le projet GDSM se consacre à la pérennisation dans le cadre d un projet de consolidation des acquis. Mission et viabilité du projet Oxfam-Québec est consciente de l importance et de la nécessité de consolider les acquis obtenus par les différents intervenants dans le cycle de gestion des DSM. Mais, au-delà du système opérationnel, le projet vise aussi le renforcement des capacités de l ensemble des intervenants. Dans cet esprit, bien que l assainissement soit un objectif essentiel, l éducation, la santé et le renforcement des capacités des femmes récupératrices sont aussi des volets clés du projet. Plus qu une simple activité, la récupération de bouteilles constitue un gagne-pain essentiel pour les femmes GOHOTO. En effet, depuis plus de 90 ans, elles luttent quotidiennement pour leur autonomisation et leur indépendance, tout en transmettant la tradition de mère en fille. À preuve, cette activité se perpétue depuis cinq générations. L essor de la récupération fait en sorte que les GOHOTO étendent désormais leur prospection pour l acquésition d objets de récupération dans d autres villes béninoises dont Porto-novo, Sèmè-kpoji, Abomey-calavi, Ouidah, etc. Leurs activités s étendent aussi à travers l Afrique, notamment au Niger (Niamey), au Togo, au Nigéria et au Burkina Faso. Objectif du volet 400 : valorisation des matières non organiques par les femmes récupératrices Afin de réduire la quantité de déchets qui sont envoyés à la décharge et de permettre aux femmes de gagner un revenu leur permettant d améliorer leurs conditions de vie ainsi que celles de leurs familles, le projet GDSM appuie les femmes récupératrices qui valorisent au quotidien des contenants réutilisables de plastique, de verre et de métal. Une première phase du projet a permis de mettre en place une structure organisationnelle nommée GOHOTO qui regroupe 440 femmes récupératrices et de renforcer les capacités de ces femmes afin d accroître l efficacité de leurs activités. L accès équitable aux bénéfices du projet entre les femmes et les hommes, constitue un principe d intervention pour Oxfam-Québec. C est dans cette optique que la phase II du projet GDSM a privilégié l amélioration des conditions de travail, l augmentation des revenus, la valorisation des activités et le renforcement des capacités des femmes GOHOTO. 2
Le centre de récupération. Les GOHOTO, chacune à son kiosque mettant de l ordre dans les objets ramenés de la récupération en attendant les clients. Activités réalisées avec les femmes récupératrices 1-L exploitation du centre de récupération Le centre de récupération est constitué d un ensemble d espaces situés dans le marché de Dontokpa. Il sert de lieu de regroupement, de tri, de nettoyage et de sélection des produits récupérés par les femmes GOHOTO. L exploitation du centre a débuté en mai 2007. Son inauguration, initialement prévue pour novembre 2007, a été reportée suite au projet gouvernemental de reconstruction de la zone sinistrée du marché Dantokpa. Pour éviter les risques d accidents de travail, le gouvernement béninois a décidé de déplacer les femmes GOHOTO pour la période des travaux. La zone sinistrée en reconstruction doit permettre la relocalisation de celles et ceux dont l incendie a détruit les kiosques. Ainsi, 109 femmes réintégreront le centre de récupération tandis que 144 autres bénéficieront de nouveaux kiosques construits par l État. Suite à différentes rencontres d échange et de discussion avec la Société de gestion des marchés autonomes (SOGEMA), nous constatons que la réinstallation des 144 femmes dans les nouveaux kiosques de l État ne garantie pas l obtention d emplacements groupés. En effet, la taille des nouveaux kiosques étant plus grande, la redevance à payer est plus élevée et les femmes GOHOTO ne disposent pas de moyens financiers suffisants. 3
Afin de concentrer les activités des femmes GOHOTO, le directeur de la SOGEMA et le Ministère de tutelle sollicitent l appui d Oxfam-Québec pour construire cinq modules de hangar situés près du centre de récupération et ainsi garantir la réintégration des 144 femmes. Cinq modules de 30 places, un total de 150 places, sont prévus. L entente avec la SOGEMA prévoit que le financement de ces hangars est assuré à 80 % par Oxfam-Québec et à 20 % par la SOGEMA. Ce financement, qui permettra aux femmes GOHOTO de poursuivre leurs activités, n est possible que grâce à l appui financier des partenaires d Oxfam-Québec. 3-Valorisation de l activité des femmes GOHOTO Plan d un module de hangars 2-Amélioration du revenu des femmes GOHOTO L intégration des femmes GOHOTO au centre de récupération a contribué à l amélioration de leurs revenus. Leur joie est grande et ceci est visible à travers leurs témoignages. Depuis leur déplacement en raison de la reconstruction de la zone sinistrée, les femmes connaissent une chute des ventes de leurs produits ce qui entraîne une baisse de leurs revenus moyens journaliers. Leur retour dans le centre de récupération est donc crucial pour le développement de leur activité. Afin d améliorer leur connaissances et de mieux gérer leur activité, les femmes GOHOTO ont reçu des cours d alphabétisation. Pendant treize mois, 120 d entres elles ont bénéficié de cours d alphabétisation dans leur langue. (La langue nationale, le goun, est utilisée dans le département de l Ouémé, région où vivent les femmes GOHOTO). Cette formation leur a permis d apprendre à lire, écrire, compter et calculer. Dès leur retour au centre de récupération, les femmes GOHOTO pourront bénéficier d une formation en marketing afin de promouvoir leurs activités de récupération et ainsi les aider à retrouver leur clientèle. À cet effet, le catalogue des objets récupérés, réalisé antérieurement dans le cadre du projet GDSM et qui recense au total 269 objets codifiés et photographiés, sera distribué dans les entreprises qui s approvisionnent en produits de récupération. Pour l instant, la circulation des produits s effectue à l intérieur du pays. Un message publicitaire sera également réalisé et diffusé sur toutes les chaînes de la télévision béninoise afin de faire connaître le centre de récupération à tous les clients potentiels. 4
Par le fait même, les pays voisins ayant la possibilité de capter les chaînes béninoises seront aussi informés sur l activité de récupération. 4- Renforcer les capacités des femmes GOHOTO Volet éducation Les femmes GOHOTO ont bénéficié d une formation en gestion du matériel donnée par les animatrices du projet GDSM. En raison du déménagement, la formation sur la gestion des inventaires sera dispensée à leur retour au centre de récupération. Cette formation permettra de mettre sur pied une base de données qui renseignera sur : la position de chacune des femmes GOHOTO dans le bâtiment ; les produits dont chaque femme dispose dans son kiosque ; la quantité de chaque produit dans le centre de récupération ; la quantité totale de produits par groupement de femmes GOHOTO. Une femme GOHOTO transportant sa récolte se dirige vers son kiosque au marché. Dans le but de se perfectionner, les femmes GOHOTO ont exprimé le souhait d apprendre le français. Cette compétence fondamentale les aidera à mieux communiquer avec une partie non négligeable de leur clientèle, notamment des industriels qui utilisent les objets issus de la récupération dans leurs usines implantées au Bénin. Cette demande est présentement évaluée et une décision sera prise d ici la fin de l année en fonction des priorités et des moyens disponibles. Bien qu à travers la sensibilisation le projet GDSM mette l accent sur la scolarisation des enfants des femmes GOHOTO, un problème se pose : ces dernières habitent les quartiers périphériques de la ville de Cotonou tandis qu elles travaillent en plein coeur de la ville au marché Dantokpa. Elles doivent donc amener leurs jeunes enfants au travail avec elles, les exposant à des conditions hygéniques inacceptables, et laisser les autres à la maison avec les risques que cela comporte. Cette situation a un impact au niveau de la non scolarisation, mais aussi la déscolarisation. Aussi, les femmes GOHOTO aimeraient qu une garde communautaire soit installée près du centre de récupération. Malheureusement, le manque de ressources financières freine cette initiative. Au tableau, GASSOU Charlotte effectue un exercice donné par le maître alphabétiseur. Projet de Gestion des Déchets solides ménagers au Bénin - PGDSM 5
Volet santé Le renforcement des capacités des femmes récupératrices du marché Dantokpa passe également par la prise en charge de leur santé et de leur bien-être physique. Appui à la vaccination : Afin de promouvoir la santé des populations de Cotonou, le projet GDSM, en collaboration avec l Hôpital St-Luc de Cotonou, organise des journées de vaccination contre le tétanos, la méningite et la fièvre typhoïde pour les femmes GOHOTO et leurs enfants au centre de récupération. Vaccination pour les femmes récupératrices. 6
Sensibilisation IST, VIH-Sida : Activité de dépistage : Dépistage aux femmes GOHOTO. En collaboration avec le Programme national de lutte contre le Sida (PNLS), le projet GDSM a mené une vaste campagne de sensibilisation et de dépistage auprès des femmes GOHOTO et de leurs filles actives sexuellement. Un plan de communication pour un encourager un changement de comportement a été élaboré par le projet GDSM, conformément aux objectifs du PNLS. Communication pour un changement de comportement (CCC) en matière d IST/VIH-Sida La stratégie adoptée consiste à aller vers nos bénéficiaires, c est-à-dire les femmes récupératrices de Dantokpa et leurs filles. Plusieurs thèmes de sensibilisation ont été développés afin d amener les femmes à changer leur comportement. Ces thèmes figurent dans des modules de sensibilisation conformes aux objectifs du PNLS. Par exemple, le module Notion de Base sur les IST et le VIH-Sida renferme plusieurs thèmes dont : infection au VIH-Sida ; dépistage volontaire des femmes GOHOTO ; prise en charge des IST/VIH-Sida. Les personnes atteintes ont été orientées vers les structures de prise en charge des IST/VIH-Sida telle le Centre médical (CM), situé au quartier Tokpa-Hoho dans le 5e arrondissement de Cotonou. Mobilisation des femmes GOHOTO lors de différentes manifestations culturelles Le PGDSM accompagne les femmes GOHOTO afin de dynamiser la culture béninoise et de semer la joie dans les cœurs de tous et chacun. Cette mobilisation des femmes GOHOTO passe également par leur participation à différentes activités (réunions, forum, foires culturelles, etc.) organisées par la ville de Cotonou et d autres structures locales. La participation de l AFEAS au financement de ce projet est un atout précieux. Merci! 7