«Droit commun et évaluation, deux enjeux majeurs de lʼaprès 2009»



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Transcription:

Assemblée Générale du vendredi 13 mars 2009 - Paris Echanges autour de lʼenquête ingénierie DIV/IRDSU 2008 «Droit commun et évaluation, deux enjeux majeurs de lʼaprès 2009» INTRODUCTION de Sylvie REBIERE-POUYADE, Présidente de lʼirdsu «Bonjour à tous, Nous vous proposons de prolonger notre Assemblée Générale pas un temps dʼéchange et de réflexion sur deux enjeux majeurs de la politique de la ville : le rapport au droit commun et la mise en œuvre de lʼévaluation. Ce débat prend sa place tout naturellement dans la suite de notre réflexion de fond sur les projets de territoire, que nous voulons «durables, participatifs et solidaires» et dans nos contributions aux dossiers dʼactualité de la politique de la ville : évaluation et renouvellement des CUCS, réforme de la géographie prioritaire, réforme de la DSU, etc. Pour cela, nous partirons dʼune enquête que nous venons de mener à lʼinitiative de la DIV, avec la coopérative-conseil AURES. Elle fait suite à une première enquête, menée auprès de plus de 200 professionnels en 2007 sur la nature et lʼorganisation des projets politique de la ville. Cʼest suite à cette première enquête que nous avons souhaité prolonger par un volet qualitatif auprès dʼune vingtaine de professionnels, en se concentrant sur ces deux enjeux. Elle nous permettra dʼabord de faire un point sur lʼévolution du rapport entre les politiques dites exceptionnelles - pour lesquels la plupart du temps nos postes ont été créés - et ce fameux «droit commun» dont il est parfois difficile aujourdʼhui de poser les limites. Elle nous permettra ensuite dʼévoquer la question de lʼévaluation, qui est au cœur de nos préoccupations aujourdʼhui. Dʼautant plus en cette année de transition pour les CUCS. Ce que nous vous proposons cet après-midi, à partir de lʼenquête que nous présentera Hervé Léon, cʼest de nous placer dans une réflexion prospective pour, demain sur nos territoires, mieux aborder ces deux

questions. Mais aussi pour alimenter les échanges que nous continuerons à avoir dans les réseaux de professionnels, au sein de nos chantiers thématiques, avec lʼetat, avec les associations dʼélus locaux ou avec les centres de ressources. Nous demanderons également à trois invitées de nous amener à prolonger cette réflexion : - Anne Killi, consultante, spécialiste des questions dʼorganisation et de management - Arinna Latz, consultante elle aussi, qui accompagne des équipes sur ces deux questions du droit commun et de lʼévaluation - et Bénedicte Madelin, directrice du centre de ressources politique de la ville en Saine-Saint-Denis qui pourra notamment nous parler de la manière dont les centres de ressources peuvent accompagner les professionnels et les territoires. Exposé de Hervé LEON, Cabinet AURES de Nantes Cf. La présentation des résultats de lʼenquête DIV/IRDSU sur «La mobilisation du droit commun et la mise en œuvre de lʼévaluation» (restitution de 70 pages et synthèse de 15 pages) : http://www.irdsu.net/enquete-ingenierie-div-irdsu-2008 REACTIONS / DISCUSSION > Anne KILLI, société Ingeniors de Villeurbanne Consultante spécialisée dans les questions dʼingénierie et de management Deux remarques essentielles : - Face à de grandes variétés de territoires et de cultures professionnelles, il semble difficile de lisser cette hétérogénéité en demandant la même chose à tous. Cependant, où que vous vous situiez, il est important dʼapprofondir une pratique professionnelle sur lʼévaluation et le droit commun. - Lʼinjonction de lʼetat sur lʼévaluation incite à penser à la notion de «reporting». Cʼest-à-dire quʼil sʼagit dʼafficher des résultats correspondant à des financements et des engagements de départ. Cependant, de nouvelles façons de penser lʼévaluation émergent : plus globales, elles impliquent les habitants et articulent mieux indicateurs quantitatifs et qualitatifs. Par ailleurs, vous êtes confrontés à des mécanismes en dehors des territoires sur lesquels vous travaillez, qui influent en permanence sur les situations à gérer dans les quartiers. De nouvelles façons de penser lʼévaluation dénoncent le fait que les institutions ne sʼintéressent prioritairement quʼà ce qui est mesurable. On peut se référer à Amartya Sen (prix Nobel dʼeconomie) qui a mis au point «lʼindice de développement humain» et qui écrit sur le rapport entre éthique et économie. A partir de ce type de réflexion, il y a de la matière pour donner un autre sens à lʼévaluation. > Arinna LATZ, de lʼesc/cap de Marseille Arinna Latz a mené une étude-action sur lʼidentification des droits communs et a mis en évidence, les relations étroites en démarche évaluative et identification des droits commun avec le soutien du SGAR dans le cadre dʼune mission du centre de ressources PACA en Languedoc-Roussillon. 2

On sʼest vite rendu compte que lʼévaluation qui ne portait que sur la réalité des CUCS était tout à fait insuffisante et limitée. Par ailleurs, comment ne pas sʼenfermer sur la question des indicateurs de contexte mesurés aux actions du CUCS : cela est dangereux à plus dʼun titre. La question du droit commun est apparue comme une façon de mobiliser les professionnels et de qualifier le travail dʼévaluation. Lʼexpérimentation (sur une durée de 8 mois) a été menée sur deux territoires. Lʼidée de départ était la suivante : on ne peut plus mener une évaluation sur des champs thématiques sans regarder lʼenvironnement et a contrario on ne peut pas lancer une évaluation globale sans cadre méthodologique précis avec un référentiel commun. On a défini les politiques de droit commun comme celles nʼétant pas contractuelles. Par ailleurs, il était important dʼengager lʼensemble des services de lʼétat du département dans cette démarche dʼévaluation. La première mobilisation sʼest faite à travers une analyse financière : cʼest-à-dire un bilan-évaluation. Celle-ci a rencontré de multiples problèmes techniques, donc on a créé des règles méthodologiques pour permettre à chacun de retrouver ses lignes de droit commun. Lʼévaluation chiffrée donnerait des masses mais rien en termes de sens. Ensuite il sʼagissait de définir des modalités dʼanalyse : pourquoi on met de lʼargent là et à qui ça sert? A partir de là on a commencé à se poser la question de connaissance des publics et des enjeux des territoires. Chemin faisant on a fait de la méthodologie de projet à lʼenvers : de lʼentrée financière, du quoi, du comment, du pour qui, on est arrivé au croisement des différentes politiques publiques, ainsi quʼaux enjeux du territoire et à la capacité des acteurs à sʼy retrouver. Cette démarche a permis de déconstruire cette question du droit commun tout en la reconstruisant, ainsi que dʼinterroger le positionnement des services publics sur le territoire. On a formulé un cadre de référence qui prenait en compte des indicateurs de contexte et des enjeux des politiques publiques La place des CUCS dans les financements publics permet dʼavoir un vrai débat. Par exemple, dans la communauté dʼagglomération de Béziers, 100% des actions du CUCS complètent les actions de droit commun. Lʼintérêt de ce type de constat est dʼavoir un débat collectif entre acteurs permettant de partager une vision collective. Ce mode de raisonnement permet de déconstruire le rapport au droit commun, puis de le reconstruire en intégrant les politiques dans une dynamique plus large. > Bénédicte MADELIN, Directrice de Profession Banlieue Centre de ressources politique de la ville en Seine-Saint-Denis Les centres de ressources sont inscrits dans un territoire. Cette inscription a permis de capitaliser de la connaissance professionnelle, ceci, même si les professionnels changent. On a beaucoup évolué dans notre manière dʼappréhender lʼévaluation : on est passé de principes généraux à des travaux méthodologiques. Entre parenthèses, le quantitatif dit aussi des choses ; si, bien entendu, il ne sʼagit pas de sʼarrêter au stade dʼune analyse quantitative, on ne peut pas sans arrêt opposer le quantitatif et le qualitatif. Car on peut aussi faire dire ce que lʼon veut au qualitatif, si cela ne sʼappuie pas sur des données mesurables. On nʼa pas été vraiment confronté à lʼévaluation à mi-parcours des contrats de ville en Seine-Saint-Denis. Mais on a toujours travaillé sur lʼévaluation comme un outil de pilotage du contrat. On avancera sur lʼévaluation lorsque les professionnels prendront conscience que cʼest un véritable outil dʼaide à la décision ainsi que de connaissance du territoire. Pour lʼévaluation des CUCS, ce dont ont besoin les chefs de projet, ce nʼest plus de méthode, mais plutôt de construire des argumentaires pour convaincre les élus de lʼintérêt de lʼévaluation. Et voir comment, à partir de lʼévaluation, il est possible de construire des projets de territoire. Il sʼagit de sortir de la logique des dispositifs de la politique de la ville, pour que ces dispositifs deviennent des outils de construction des projets de territoire. Reconstruisons des projets de territoire à partir des évaluations! Cʼest dans ce sens que se positionnent les centres de ressources. 3

La question de lʼévaluation intègre le droit commun : où commence le droit commun des villes et où est-ce quʼil sʼarrête? Cette question repose la place de la politique de la ville comme «poil à gratter» (levier) sur les choix politiques communaux. Le CUCS est un outil pour interroger la ville sur ses choix. Dernier point : lʼévaluation ne peut se faire uniquement à lʼéchelle dʼune ville. Des questions évaluatives devraient être posées sur des objets communs à plusieurs villes ; ce qui reste très compliqué à mettre en place. ECHANGES avec la salle > La question du sens est dʼemblée posée par un chef de projet. Sʼil nʼy a pas un sens local donné à lʼévaluation, on ne peut pas la mener correctement. Il est indispensable de poser en préalable les questions évaluatives et de les partager entre acteurs. Qui donne le sens du projet? La question du projet est politique. Lʼintégration du politique comme élément premier du projet local est essentielle. > Lʼévaluation nʼest pas uniquement lʼapanage de lʼetat : tous les acteurs peuvent être en demande de visibilité. Or la question est très technocratisée : Nʼest-ce pas lʼespace dans lequel les collectivités et les partenaires peuvent se mettre en situation de partager un point de vue et de faire avancer le projet? Lʼévaluation nʼest pas forcément exogène. Cʼest surtout un outil à disposition dʼune équipe. Lʼacculturation à lʼévaluation est un enjeu endogène. > Anne Killi insiste sur la notion de gratuité associée au mot dʼévaluation. Lʼévaluation peut être un espace pouvant être investi surtout parce quʼil nʼest pas obligatoire. On peut en faire une aventure qui peut faire progresser tous les acteurs Cʼest un espace motivant, où lʼon peut construire une autorisation à penser autrement. > Arinna Latz insiste sur un problème de vocabulaire : «lʼévaluation» reste une exception, cʼest lʼanalyse de lʼimpact, or «lʼobservation» est une obligation. Il faut être clair sur les attendus dʼune évaluation : on nʼest pas obligé de tout évaluer, mais on peut mettre la priorité sur des enjeux ou des objets jugés stratégiques. > Le plus difficile est de communiquer les résultats dʼune évaluation aux élus, car cela touche à leur politique. Comment la rendre visible pour que les élus lʼappréhendent au mieux? > Marie Rey (DIV) souligne lʼimportance de préciser le vocabulaire. La précision du vocabulaire permet de distinguer les dispositifs, les moyens, les crédits etc. Des quartiers sont essentiellement gérés à travers du droit commun. Est-ce que les ZEP sont du droit commun? Du droit commun adapté? La mobilisation du droit commun doit être précisée. Au début de la politique de la ville, il nʼy avait pas de crédit spécifique, cʼétait les moyens de chacun des ministères qu étaient fléchés. Il y avait à lʼépoque un tableau avec 12 lignes, et il y avait un CIV qui fléchait les financements de droit commun sur des actions adaptées sur les quartiers. Les crédits spécifiques sont arrivés après. Il y a toujours eu une césure entre les deux types de financements. > Un chef de projet rebondit en affirmant que ce quʼil a observé depuis 20 ans, cʼest que lʼexpert cʼétait lʼélu. Lʼexpert cʼest la commande politique et les professionnels peuvent agir sur cette commande par la construction du projet. Le moment de la construction du projet permet dʼenclencher une démarche pédagogique en direction des partenaires. Sur les contrats de ville, on observait un fort turn-over : en 6 ans 4

les partenaires qui avaient contribué à construire le projet de départ nʼétaient plus les mêmes au moment de lʼévaluation. Avec les CUCS sur 3 ans, on retrouve les mêmes partenaires. On a de plus en plus de contractualisation entre lʼetat, le Conseil Général et les communes ces contractualisations amènent à faire de lʼévaluation car on se pose alors la question de la collecte des données. Chaque service a une expertise qui est complémentaire dans lʼanalyse globale du territoire. Quand on a la chance dʼavoir un observatoire, cela permet dʼavoir un socle dʼinformations commun. > Sylvie Rebière-Pouyade insiste pour relativiser à la fois lʼévaluation et à la fois le droit commun. Relativiser lʼévaluation : certes, cʼest un excellent outil de pilotage, mais il faut savoir lʼutiliser. Ce nʼest pas toujours la méthode qui permet de lʼutiliser, mais un savoir être et un savoir-faire ainsi que la compréhension globale des politiques publiques. Relativiser le droit commun : il y a le «document de politiques transversales». La LOLF a refusé de reconnaître que la politique de la ville était une politique interministérielle. Dans la RGPP, la politique de la ville va dépendre de Directions Départementales et non plus des préfets. Peu à peu on vide la politique de la ville au niveau national de son sens. Si le document de politiques transversales était mieux investi par les professionnels, ils seraient plus en capacité dʼinterpeller les politiques publiques. Utiliser les documents qui sont à leur disposition permet dʼêtre plus efficace sur le terrain. Au-delà de lʼévaluation, il faut avoir un minimum de capacité à faire évoluer le territoire. Cʼest ainsi que lʼon redonnera du sens à lʼévaluation. Pour cela il est nécessaire dʼavoir un cadre de référence, mais il faut également savoir en sortir pour conduire le changement. > Bénédicte Madelin ré-insiste : effectivement relativisons lʼévaluation! Cʼest important de comprendre que la plupart du temps lʼon fait du suivi de ce qui se passe sur le territoire. Et ce suivi est un outil essentiel pour accompagner le projet. Le centre de ressources permet de comprendre les évolutions globales du territoire en fonction de ce qui se joue au niveau des politiques publiques (RGPP ). > Sylvie Rebière-Pouyade observe que les fonds de péréquation fiscale sont un enjeu fort dont on ne parle pas dans les évaluations. Il y a là un véritable enjeu de redistribution et dʼéquité territoriale. La DSU cʼest un milliard dʼeuros, ce qui nʼest rien du tout! Tant que lʼon nʼaura pas de péréquation fiscale, il y aura toujours des villes en difficulté et des écarts qui se creusent. > Un chef de projet dans la salle met en avant les autres dispositifs exceptionnels (PRE, PRU.) qui représentent environ 70% des crédits ; le CUCS représente à peine 30% (voire 15-20%) des crédits globaux de la politique de la ville. Arrêtons de dire quʼon va évaluer lʼensemble de la politique de la ville. Il ne faut pas tout évaluer. Il est indispensable de définir ce quʼon est capable dʼévaluer, ce que veulent porter les élus. Lʼexhaustivité ne peut être une contrainte méthodologique, il faut afficher les limites en tant que telles, pour ne pas se mettre dans une situation dʼéchec. Soyons précis et modeste au lieu de vouloir être générique! CONCLUSION > Bénédicte Madelin réaffirme que lʼévaluation est dʼabord politique. La politique de la ville, au sens générique du terme, a la responsabilité dʼinterpeller sur les inégalités sociales et territoriales du droit commun. Tant que lʼon ne montre pas que sur certaines villes de la Seine-Saint-Denis, il nʼy a pas dʼassistante sociale scolaire depuis 25 ans, quʼil nʼy a aucun service médicosocial dans telle autre ville depuis 10 voire 15 ans, ou encore quʼil y a 9 à 10 mois dʼattente pour une mesure CMPP. On ne pourra pas revenir à des politiques sociales ordinaires. Il faut des financements de rééquilibrage des territoires entre eux et là, la politique de la ville a un rôle primordial. Lʼévaluation peut aussi être un outil pour faire voir ou faire entendre. 5

> Hervé Léon pose la question de comment articuler les trois pôles dʼacteurs (élus, techniciens, usagers) sur la mise en débat : lʼévaluation est un élément très fort de mise en débat des politiques publiques. Lʼenjeu de lʼévaluation est éminemment démocratique. Par ailleurs, faire de lʼévaluation dispositif par dispositif nʼa pas de sens, il est indispensable quʼil y ait une articulation entre droit commun et droit exceptionnel. > Anne Killi ré-affirme que lʼévaluation est un exercice dʼouverture et dʼapprentissage en commun. > Arinna Latz met en avant que, face à des contextes de plus en plus difficiles, il est important que les professionnels de la politique de la ville revendiquent leur expertise et définissent une stratégie. «Tant que vous nʼaurez pas une stratégie vote boîte à outils sera impuissante!». 6