Colloque de restitution des travaux du 1 er plan d action ORP (Observatoire des Résidus de Pesticides) 2006-2008 Paris, Maison de la Chimie, 11 & 12 mars 2009 Pesticides et lutte antivectorielle vecteurs du paludisme et des arboviroses Vincent ROBERT & Fabrice CHANDRE Vincent.Robert@ird.fr Fabrice.Chandre@ird.fr UR Caractérisation et contrôle des populations de vecteurs IRD Montpellier
Quel lien existe-t-il entre pesticides et lutte antivectorielle? Pesticides Herbicides Fongicides Insecticides Régulateurs de croissance Répulsifs Parasiticides Lutte contre l agent infectieux Lutte contre le vecteur Contrôle des maladies infectieuses à transmission vectorielle
Insecticides > 95% Usage pour l agriculture Entomologiste agricole ==> productivité < 5% Usage pour la santé humaine animale Entomologiste médical ==> santé publique
Insecticides agricoles ==> impact sur la faune non cible A l origine des résistances aux insecticides Pour la plupart des groupes d insectes d intérêt médical Culture du coton en Afrique ==> résistance des anophèles
Qu est-ce qu un vecteur? définition 1 tout organisme qui intervient dans la transmission d un agent infectieux (1) vecteur passif, (2) vecteur actif mécanique, (3) vecteur actif biologique définition 2 Un organisme hématophage assurant la transmission biologique active d'un agent infectieux d'un vertébré à un autre vertébré un insecte une tique une sangsue une chauve-souris
Arthropode vecteur : Insecte 16 / 24 Diptère Culicidae = moustiques Simulidae = simulies Phlebotominae = phlébotomes Glossinidae = mouches tsé-tsé Tabanidae = taons ex: Chysops Ceratopogonidae ex: Culicoïdes Siphonaptère = puces Hémiptères Hétéroptère = punaises Anoploure = poux ex: réduves, triatomes
Arthropode vecteur : Acarien : tiques (Ixodidae et Argasidae) Ixodidae Amblyomidae = tiques dures Argasidae = tiques molles
Quelles maladies à transmission vectorielle? Europe occidentale Reste du monde Virus (arbovirus) Bactérie Protozoaire Métazoaire Chikungunya (Togaviridae, Alphavirus) Encéphalite équine West Nile (Flaviviridae, Flavivirus) Fièvre jaune Fièvre catarrhale ovine (Reoviridae, Orbivirus) Dengue Encéphalite européenne à tiques (Flaviviridae, Flavivirus) Fièvre hémorragique de Crimée-Congo (Bunyaviridae, Nairovirus) Maladie de Lyme (Borrelia burgdorferi ) Borréliose à tique Fièvre récurrente à tiques (Borrelia hispanica) Peste (Yersinia pestis) Fièvre Q (Coxiella burneti) Fièvre boutonneuse méditerranéene (Rickettsia conorii) Leishmanioses Paludisme humain (Plasmodium sp.) Trypanosomoses Maladie de Chagas (T. cruzi) Paludisme aviaire Maladie du sommeil (T. gambiense) Babésioses (B. divergens ) piroplasmose de la fièvre hémoglobinurique des bovins Filaires (Dirofilaria repens et D. immitis) Filaires (Wuchereria bancrofti, Loa loa)
un constat : NOUS NE SOMMES PAS SUFFISAMENT EFFICACE dans la lutte contre le maladies à transmission vectorielle Paludisme Eradication annoncée dans les années 1950 2 millions de morts en 2006 La France reste une zone d endémie en Guyane et à Mayotte Dengue En expansion Forme hémorragique mortelle de plus en plus fréquente y compris dans Dom Tom Chikungunya 270 000 cas à La Réunion en 2006 2 millions de cas en Inde 250 cas en Italie en 2007
Quel est l objectif de la L.A.V.? Exceptionnellement : éradiquer localement la maladie en éliminant le vecteur Le plus souvent : interrompre durablement la transmission ou réduire la population de vecteurs dans des proportions telles que la maladie n est plus un problème de santé publique, ni un obstacle au développement socio-économique
Quels outils pour la L.A.V.? Les outils physiques : destruction (ou protection) des gîtes larvaires ou des gîtes de repos des adultes Les outils chimiques : insecticides chimiques et d origine biologique contre les larves ou les adultes Les outils biologiques : prédateurs, parasites Les outils génétiques : modification du patrimoine génétique
Les outils chimiques Principales familles d insecticides Organochlorés Organophosphorés Carbamates Pyréthrinoïdes Régulateurs de croissance Les toxines bactériennes
Les stratégies contre les moustiques
Quelles stratégies de lutte? La lutte anti-larvaire La lutte anti-adultes Réduction du contact hommes-moustiques
Quelles stratégies de lutte? La lutte anti-larvaire Souvent difficile, parfois efficace : - accessibilité et multiplicité des gîtes
La lutte anti-larvaire Traitement insecticide pour tuer les larves et nymphes
La lutte anti-larvaire - Détruire ou protéger les gîtes larvaire Nécessité d une participation communautaire Billes de polystyrène
La lutte anti-larvaire Aménagement de l environnement: assèchement de marais
Quelles stratégies de lutte? (2) La lutte anti-adultes - Réduire les densités de moustiques agressifs et la longévité des femelles Sa mise en œuvre dépend de l écologie de l insecte et des modalités de transmission (saisonnalité)
La lutte anti-adultes Les pulvérisations intra-domicilaires d insecticide à persistance d effet
La lutte anti-adultes Pulvérisations spatiales ULV en cas d épidémie
La lutte anti-adultes Les moustiquaires imprégnées d insecticides à longue durée d action
La lutte anti-adultes Photo Matthew Burns Prévention du paludisme dans un camp de réfugiés à Tobanda, Sierra Leone Les bâches plastiques imprégnées d insecticides à longue durée de vie
Quelles stratégies de lutte? (3) Réduction du contact! moustiquaires, vêtements, grillages (éventuellement imprégnées d insecticides)! répulsifs (protection individuelle et effet de masse possible)
Réduction du contact Les principes actifs des répulsifs! naturels citriodiol (extrait d eucalyptus) Répulsifs disponibles sur le marché (en 2008)!de synthèse nombreuses huiles essentielles, à efficacité faible ou très faible - Application cutanée DEET (diéthyltotuamide) IR35/35 (EBAAP) KBR 3023 (picaridine ou icaridine) - Application vestimentaire Idem application cutanée Perméthrine (qui est un insecticide à propriété répulsive) ==> Peu de molécules à propriétés répulsives
Toutefois le HCSP juge qu il est difficile d interdire tout répulsif aux enfants de moins de 30 mois lorsqu un risque majeur de contracter une maladie grave existe, que ce soit dans un contexte épidémique ou surtout pour un séjour de durée courte. Il convient alors d évaluer les risques et les bénéfices attendus et de distinguer l utilisation temporaire, brève de répulsifs lors d un court séjour, de celle prolongée, répétée, par les résidents en zone d endémie/épidémie.
Le paludisme en France métropolitaine Malaria endemic region in 19 th century Malaria region before 2 nd world war Last malaria outbreaks in France Aujourd hui: 8000 à 5300 cas importés annuels (années 2000 à 2006)
Le paludisme en France métropolitaine Rizière en Camargue
Economic context Marshall Plan Price guarantee Marshall Plan 1947 1948 European European agricultural single market market Agricultural equipment cooperative support plan GATT French support 1947 1963 1971 1981 2000 1963 1971 1981 1988 1990 1994 Modif. Financial support Financial support modalities modification 2000 2004 2005 Agronomic events Stripe rice borer apparition Rice stripe borer Introduction of ariete rice variety Ariete predominance Stripe rice borer sensitive Environ. law Alphamethrine Treatments Fenithrotion, trichlorfon, chlorphenamidin B. thuringiensis kurstaki 40 000 35 000 30 000 25 000 20 000 15 000 10 000 5 000 0 1942 1944 1946 1948 1950 1952 1954 1956 1958 1960 1962 1964 1966 1968 1970 1972 1974 1976 1978 1980 1982 1984 1986 1988 1990 1992 1994 1996 1998 2000 2002 2004 2006 Surface surface (ha) Treated surface Human bait catch Non specific insecticides Tebufenozide specific insecticides 14 12 10 8 6 4 Number of An. hyrcanus 2 0 An. hyrcanus qualitative data Reported in Crau plain pools Massive attacks in reed marshes Huge abundance Insignificant Anopheles hyrcanus 1943 1949 1952 1952 1957 1972 1972 1974 Ponçon N et al. Emerging Infectious Diseases 2007,13: 1810-1815
Contexte historique, international Politique européenne et nationale Contrainte de salinité Variété de riz Surface en rizières Traitement insecticide Populations d An. hyrcanus Risque de paludisme
Risque entomologique: P. falciparum Juin Août Ponçon N et al. Malaria J. 2008, 7:147.
LA LUTTE ANTI-VECTORIELLE: vers un nouveau paradigme? Objectifs : Plus efficace Plus ciblé Mieux accepté Moins polluant Moins cher Moins contraignant
Pistes de recherche pour faire mieux en LAV 1) améliorer les outils et l utilisation des outils actuels Mais problèmes socio-économique + résistances aux insecticides Besoin de nouvelles molécules en Santé Publique 2) nouvelles méthodes faisant moins intervenir les facteurs logistiques et socioéconomiques humains, plus ciblées, et plus respectueuses de l environnement Moustiques transgéniques Mâles stériles (SIT) Pièges attractifs
Les essais en Martinique Larvicides : Spinosad, Pyriproxyphène Adulticides : Pyrèthre, Naled
Moustiques vecteurs d arbovirus : dengue, fièvre jaune, chikungunya, etc. Photo : M. Dukhan, IRD Photo: J.P. Hervy, IRD
Aedes albopictus Récipients artificiels péri-domestiques (vieux pneus, bidons, boites de conserve, carcasses de voitures, bouteille cassées, ) ou domestiques (cuvettes, fûts de stockage d eau, gouttières, vases de fleurs, soucoupes de pot de fleurs, ) Aedes albopictus à Rome Italie photo R. Romi Aedes albopictus à Nice France photo P. Delaunay
Distribution actuelle connue d d Aedes albopictus par pays Avant 1980 Expansion 1981-2005 m à j: F Schaffner
Sholte & Schaffner 2007 Distribution d Aedes albopictus en janvier 2007
Vazeille et al Acta Trop. 2008, 105(2): 200-202.
Areas for possible establishment of Aedes albopictus in Europe based on 5 climate scenarios. The image shows likelihood for establishment. Scenario 1 (light yellow) = 450mm annual rainfall, -1 C January isotherm, scenario 2 (yellow) = 500mm rainfall, 0 C scenario 3 (orange) = 600mm, 1 C scenario 4 (red) = 700mm, 2 C scenario 5 (brown) = 800mm rainfall, 3 C Source: Unpublished map made by Medlock J. & Schaf fner F., based upon Medlock et al. 2006 Analysis of potential for survival and seasonal activity of Aedes albopictus in the UK. J Vector Ecol. 31 (2): 292-304
Remarques finales Usage agricole versus médical des insecticides Problème de la résistance aux insecticides Vecteur versus Nuisance (EID) La LAV se résume souvent à 3 possibles : Aspersions domiciliaires Moustiquaires imprégnées Répulsifs La LAV reste irremplaçable exemples : paludisme à Mayotte, chikungunya à La Réunion