FORUM NATIONAL DE CONSULTATION DES ACTEURS DU SECTEUR FORESTIER DE LA REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO INITIATIVE CONJOINTE OAB/OIBT/WWF-CARPO ET LE MINISTERE CONGOLAIS DE L ENVIRONNEMENT, DES EAUX ET FORETS ET DE LA CONSERVATION DE LA NATURE (Kinshasa, le 8-9 avril 2005) THEME CENTRAL : LES ENJEUX DE LA GESTION FORESTIERE EN REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO DIAGNOSTIC DU SECTEUR FORESTIER EN RDC ET PROBLEMATIQUE DE LA GESTION INTRODUCTION Au cours de cet atelier, il nous a été demandé de vous présenter le diagnostic du secteur forestier en RDC et la problématique de la gestion. Pour la rédaction de ce document, nous avons recouru naturellement aux principales études réalisées dans le secteur et aux nombreux rapports existants au sein du Ministère de l Environnement, Conservation de la Nature, Eaux et Forêts et singulièrement à celui de l Agriculture. L étude vise essentiellement à procéder à l état des lieux et à identifier les principaux intervenants dans la gestion forestière en République Démocratique du Congo. L exposé se présente ainsi de la manière suivante : I. PRESENTATION DU DOMAINE FORESTIER La RDC avec ses 2,345 millions de km² est parmi les plus vastes Etat d Afrique. En superficie, elle atteint approximativement le quart des Etats-Unis d Amérique et la moitié de l Europe des 25 soit 71 fois l ancienne puissance coloniale. Elle possède un huitième des forêts denses humides tropicales du monde. Les formations forestières de la RDC sont d inégales potentialités en fonction de leur proximité à l équateur. La cuvette centrale constitue le massif le plus riche et d un seul tenant 1
couvrant environ 100 millions d ha. La forêt du Mayombe, située au sud ouest du pays s étend sur plus ou moins 800.000 ha. A cause de sa proximité aux ports maritimes de Matadi, Boma et de la présence d un peuplement pur de Limba essence de prédilection à l époque, elle a ainsi connu une surexploitation. Elles subissent toutes des pressions de l agriculture itinérante sur brûlis, au prélèvement des combustibles ligneux, de la carbonisation, de l exploitation de bois d œuvre et d industrie, de l urbanisation, de la récolte des menus produits forestiers, de l installation des infrastructures de développement et de la pratique de feu de brousse et enfin de l exploitation minière pratiquée de manière peu recommandable en zones forestières. La disponibilité forestière en bois d œuvre exploitable, toutes les forêts confondues a été estimée à plus d un milliard de m3 (SPIAF 2000). Les possibilités d exploitation forestière restent donc énorme face au niveau d exploitation actuelle. La RDC compterait actuellement environ 51,600 millions d habitants et aurait un taux de croissance de l ordre de3,2 %. Cette population modeste par rapport à l étendue du pays pourrait doubler d ici les deux prochaines décennies. Et l indice de développement des Nations-Unies range la RDC au 168 ème sur 174. D après la classification (Lebrun Gilbert,1954) on regroupe les forêts denses humides de la RDC en trois grandes catégories : les forêts denses humides guinéo-congolaises de basse et moyenne altitude dans la Cuvette, les forêts marécageuses ou ripicoles et les forêts submontagnardes et montagnardes. Se basant sur les études du couvert forestier faites par le Service Permanent d Inventaire et d Aménagement Forestier (SPIAF) à partir d images Landsat, Ipalaka (1990) estimait que les forêts denses feuillues couvraient 105.315.000 ha dont 90.000.000 ha de forêts de basse et de moyenne altitude, 10.000.000 ha de forêts marécageuses ou périodiquement inondées et de 5.315.000 ha de forêts submontangnardes ou montagnardes. Il évaluait aussi à 129.185.300 ha l étendue de la mosaïque forêts claires-savanes. Tableau n 1: Superficie des principales formations végétales en RDC Formation végétale Superficie (km²) % superficie forestière total Forêt dense humide (sempervirente & semi décidue) Forêt de Montagne - Forêt dense de montagne - Forêt de Bambou Forêt dense claire % Territoire national 872.251,16 68,14 37,20 38.612,39 1.666,72 3,01 0,13 1,65 0 ;07 - Forêt dense trophile 51.946,17 4,06 2,22 2
- Forêt claire (Miombo) 102.225,61 7,99 4,36 Forêt sur sol hydro morphe 88.614,08 6,92 3,78 Galeries forestières 2.500,05 0,19 0,11 Forêt de Mangrove 555,07 0,04 0,02 Forêt secondaire 121.670,70 9,54 5,19 Total forêt 1.280.042,46 100,00 54,59 Mosaïque forêt savane Plantation Savane herbeuse & arbustives Eaux Non interprété (Nuages) 165.838,83 555,57 768.358,82 62.502,24 67.502,24 7,07 0,02 32,77 2,67 2,88 Total pays 2.344.800,00 100,00 Source : SPIAF, 1995, carte forestière synthèse du Zaïre Tableau n 2: Importance relative de principaux types d écosystèmes naturels Type de forêt Superficie % (x 100 ha) - Forêts denses humides 100.025 78,4 - Forêts mésophiles semi-caducifoliées 26.400 20,5 - Galeries forestières 430 0,6 - Forêts du Mayombe 240 0,2 - Forêts marécageuses 280 0,2 - Savanes guinéennes et soudanozambéziennes 112 0,1 Total 128,787 100,00 Tableau n 3 : Stratification forestière des concessions forestières N Type d occupation du sol Surface (ha) % 01 Forêts denses humides (forêts sempervirente et semi-décidue) 16.461.595 74,6% 02 Forêts denses de montagne (incluses les forêts de Bambou) 0 0 03 Forêts claires sèches (miombo) 0 0 04 Forêts inondables (temporairement) 1.578.561 7,2 05 Forêts marécageuses 4.875 0 06 Forêts ouvertes 71.813 0,3 S/Total 18.116.844 82,1 07 Mosaïques forêts-savanes 1.185.673 5,4 08 Zones anthropisées 2.185.160 9,9 09 Savanes/Savanes inondables 319.990 1,5 10 Eau 79.961 0,4 11 Urbain 3.011 0,0 12 Non forestier 0 0 13 Non interprété (nuages) 173.227 0,8 Total 22.063.866 100 Sur l ensemble de la surface forestière concédée, 74,6% de l occupation du sol est constituée par de la forêt dense humide, 9,9% par des zones anthropisées et 7,2% par des formations marécageuses. 3
II. LEGISLATION ET REGLEMENTATION FORESTIERE Contrairement à ce que l Etat Congolais espérait de la mise en valeur de son secteur forestier, il ressort fort malheureusement que ce dernier contribue de façon très peu significative au développement du pays. Dans le soucie de rationaliser l exploitation forestière et d en tirer des ressources financières conséquentes, l Etat a entrepris de vastes réformes dans ce domaine. En effet, le régime forestier qui date du 11 avril 1949 vient d être remplace par la publication de la loi n 011/2002 du 29 août portant code forestier. Il introduit quelques innovations et distingue les catégories des forets suivantes : - forêts classées, forêts protégées et forêts de production permanente soustraites des forêts protégées à la suite d une enquête publique en vue de leur concession ; - l exploitation d une forêt domaniale est assujettie à l élaboration préalable d un plan d aménagement comprenant un inventaire préalable des ressources forestières présentes ; - les forêts à concéder doit faire l objet d une enquête préalable pour précisément les rendre libre - l attribution des concessions forestières doit normalement se faire par voie d adjudication et à titre exceptionnel de gré à gré - les détenteurs des unités de transformations opérationnelles et les exploitants nationaux autorisés pendant une période de 10 ans au maximum peuvent exporter des bois sous forme des grumes moyennant un quota ne dépassant pas 30% de leur production annuelle La loi ainsi évoquée ci-dessus intègre les nouveaux concepts d aménagement forestier de concession forestière et d unité forestière d aménagement. Un arrêté ministériel spécifique fixe la procédure d établissement d un plan d aménagement (arrêté n CAB/MIN/AF- FET/262/2002) du 3 octobre 2002. Et des précisions sur les mesures se rapportant à l exploitation sont données dans l arrêté portant mesures relatives à l exploitation. Elle fixe les modalités de mise en exploitation forestière de toute forêt domaniale. Il distingue le domaine permanent de l Etat non attribué sous forme des concessions. Le contrat de concession forestière ressortira désormais d un cahier de charge fixant les obligations spécifiques incombant aux concessionnaires du contrat concerné. Les clauses particulières dudit contrat sont notamment : - les charges financières ; - les installations ; 4
- la réalisation d infrastructures à vocation socio-économique pour les populations locales. Les contrats sont signés par le Ministre en charge des forêts si la superficie concédée ne dépasse pas 300.000 ha, dans le cas entraîne il est approuvé par un décret du Président de la République (500.000 ha) ou par une loi (400.000 ha). Une mesure supplémentaire en vue de décourager les spéculations de conserver des concessions inactives ou d en acquérir de nouvelles a été l augmentation de la taxe de superficie qui est passée de 1,4$us/1000 ha a 0,5$us/ha; devant des protestations de la profession bois une augmentation progresse de cette taxe a été proposé : 0,25$us/ha en 2003 ; 0,50 $us/ha en 2004. Enfin, à la suite d autres discussions, le Gouvernement opta pour une autre augmentation progresse de la taxe soit 0,0625 $us/ha 2003 à 0,10$us/ha en 2004, et 0,20$us/ha en 2005 puis 0,30$us/ha en 2006 et 0,50$us/ha 2007 (arrêté de mars 2004). III. ACTEURS FORESTIERS IMPLIQUES ET PARTIES INTERESSEES A LA GESTION Les acteurs se recrutent principalement dans les catégories suivantes : 3.1 L État En tant que propriétaire de la ressource, il décide de son sort à travers son administration forestière. Il détermine le mode d attribution et les modalités d exploitation pour garantir une exploitation durable et soutenue de la ressource et s assure de l application stricte des règles de gestion établies, généralement consignées dans un plan d aménagement. 3.2 Sociétés d exploitation forestière Une soixantaine de Sociétés forestières est recensée en RDC. En raison des problèmes de conflit à l intérieur du pays et aussi du fait que la plupart sont arrêtées depuis le pillage de 1990, il ne reste finalement qu une trentaine d entreprises en activité. A propos de conflits, la République Démocratique du Congo possède 9.375 km de frontière avec 9 pays : au Nord : la République Centrafricaine et le Soudan ; à l Est : l Ouganda, le Rwanda, le Burundi et la Tanzanie ; au Sud : la Zambie et l Angola ; à l Ouest : la République du Congo et l enclave du Cabinda. A cause de ce voisinage, les conflits internes dans chacun de ces pays ont eu des répercussions sur le pays. Ainsi, la guerre civile et les troubles inter-éthniques au Rwanda et 5
au Burundi en 1994 ont provoqué le déplacement de plusieurs milliers de personnes à l Est qui ont exercé une forte pression sur les ressources forestières. En 1998, une guerre a éclaté à partir de l Est et avait occupé presque la moitié du territoire national. Aujourd hui, la paix semble revenir suite aux efforts de réunification des toutes les provinces. Cette situation a occasionné le pillage des ressources forestières. 3.3 Exploitants forestiers artisanaux Du point de vue nombre, il est difficile de citer un chiffre exact. Cependant on distingue habituellement des exploitants artisanaux professionnels et des exploitants artisanaux occasionnels. 6
Ce sont des exploitants en dehors des règles et procédures établies par l Etat en la matière. Il s agit des acteurs ayant différentes appellations et dont on s accorde de dire que s ils travaillent avec des moyens artisanaux, ils n en demeurent pas moins que le volume de bois qu ils exploitent dans l année est considérable sans en contrepartie de s acquitter des taxes et redevances dues à l Etat pour l exercice de cette activité en vertu des dispositions législatives et réglementaires en vigueur dans le pays. IV. PRATIQUE DE LA GESTION FORESTIERE 4.1 Inventaires forestiers Les pratiques forestières actuelles se limitent aux inventaires d allocation forestière préalables à l attribution d une concession et aux inventaires d exploitation précédant la mise en œuvre de l exploitation sur les permis de coupe de bois. Par le passé des inventaires suivants ont été réalisés : - Inventaire national d aménagement du Bas-Fleuve 1978 : 1.454.628 ha ; - Inventaire Bolobo/Mushie 1985 : 1.250.000 ha ; - Inventaire National Forêts de Montagnes, 1990 : 364.311 ha ; - Inventaire Nationa de Lubulu : 473.067 ha - Inventaire National FAO/Wanié-Rukulu, 1987 : 384.000 ha - Inventaire National de Kisangani, 1982 : 1.609.188 ha ; - Inventaire National de Yahuma/Isangi : 190.000 ha ; - Inventaire National de Lisala/Bumba, 1987 : 1.324.625 ha. -------------------------- Total 7.049.819ha Il y a eu aussi des inventaires d allocation forestière réalisés dans le cadre des demandes de concessions forestières par le secteur privé ; ils ont été en fait exécutés par le SPIAF et portent sur une superficie d environ 6.800.000 ha. Actuellement, les inventaires déjà réalisés et disponibles proviennent des provinces forestières du pays. Tableau n 4 : Superficie inventoriée par province. Provinces Surface inventoriée % (ha) Bandundu 3.026.937 15 Bas-Congo 1.345.899 6 Equateur 10.227.543 49 Orientale 5.269.966 25 Kasaï-Occ. 177.404 1 7
Kivu 815.621 Total 20.963.370 100 4.2 Aménagement forestier Des dispositions d aménagement forestier existaient jusqu à l Indépendance du pays en RDC en 1960. Effectivement dans le plan décennal 1950-59 étaient prévus des enrichissements des forêts naturelles sur 5.000 ha/an pour la production de bois d œuvre en plus des plantations qui devraient intervenir dans les 1.334.000 ha des forêts aménagées. En 1960, la gestion des forêts s exerçait sur environ 1.250.000 ha comprenant environ 675.000 ha de forêts classées. On peut donc considérer qu en 1960, l aménagement forestier intensif impliquait des traitements sylvicoles et des plans d aménagement s exerçait sur 45.000 ha environ de forêts situées en majorité au Mayombe (Bas-Congo). Parallèlement, des recherches étaient menées par l Institut National pour Etudes Agronomiques au Congo (INEAC) à Yangambi. La méthode par layons purs et surtout la méthode sylvo-bananière ont abouti à l établissement des plusieurs milliers d hectares de plantations de Limba (Terminalia superba) au Mayombe. En 1957, les superficies plantées étaient les suivantes : Tableau n : superficies plantées en 1957 Type de boisement Etat Communautés Privés Total - Boisement de 27.852 3.052 7.053 37.957 production en forêt - En savane 8.061 14.548 13.928 36.537 Total 35.913 17.600 20.981 74.494 Actuellement, à part des travaux du SPIAF qui restent expérimentaux et la production par ce dernier de quelques plans d aménagement qui n ont jamais été mis en exécution, il n existe pas d aménagement intensif des forêts en République Démocratique du Congo. Cependant, compte tenu de nombreuses initiatives internationales et de la volonté du pays à exploiter durablement cette ressource, on devrait s attendre au cours de ces deux prochaines décennies, à un regain et une génération des actions d aménagement dans le pays. Des plans d aménagement déjà élaborés pour quelques formations forestières seront ainsi actualisés en vue de leur mise en œuvre effective. 8
4.3 Reboisement Le Limba semble se tailler la part du lion dans les boisements de production en forêt non seulement au Mayombe, mais aussi dans les autres provinces forestières. D autres essences telles que le Fromager ou Fuma (Ceiba pentandra etbombax flammeum, les Entandrophragma, le Dibetou ou Lifaki ont fait l objet de plantations. L y a eu aussi l introduction des Eucalyptus, le Filao etc..) De 1960 à 1962, les travaux de reboisement ont connu pratiquement un arrêt total. La reprise progressive n est intervenue qu entre 1963 à 19770. En 1969, démarrait un programme de plantation aux environs de Kinshasa avec l assistance de la FAO, du Programme Alimentaire Mondiale et de l assistance bilatérale américaine pour l alimentation en bois de feu de la capitale. Malheureusement les difficultés opérationnelles n ont pas permis l établissement de grandes surfaces. Néanmoins le projet a pu identifier des espèces prometteuses (Eucalyptus, Acacia) et mettre au point les techniques de pépinière et de plantation pour des réalisations à grande échelle. Les travaux de plantations espérés par le Service National de Reboisement sont limités par les ressources financières. La plantation en savane par semi direct permet de réduire le coût de très sensiblement. Il est prévu le développement de plusieurs zones de plantation à proximité de principales agglomérations où l approvisionnement énergétique est difficile. Concernant la Ville-province de Kinshasa un grand programme de 100.000 ha a été envisagé et à ce jour 7.000 ha d un seul tenant ont déjà été reboisés 4.4 Conservation En République Démocratique du Congo, la conservation de la nature se conçoit en termes des aires protégées et des espèces à préserver. Elle se fait soit in-situ, soit ex-situ. Actuellement les aires protégées couvrent une superficie estimée à quelques 22.653.178 ha représentant 9,6% du territoire national. L objectif poursuivi est de porter cette couverture à 12 à 15% et d y inclure différents écosystèmes naturels. V. INDUSTRIES FORESTIERES 5.1 Types de sociétés forestières. Selon leur capacité de production actuelle, les industries forestières en République Démocratique du Congo se divisent en quatre catégories. 9
- une seule grande société exploite transforme et commercialise annuellement plus de 40% de bois. - des entreprises de capacité moyenne - toutes les autres petites entreprises qui transforment au nom notamment les petites scieries, les exploitants grumiers, les ONG, les associations religieuses, etc - afin, les scieurs de long. Il résulte que les deux premières catégories produisent 90% de volume total commercialisé et appartiennent toutes a des intérêts étrangers. Elles fournissent plus de 75% de tous les sciages produits, 100% des placages et contreplaqués. D une manière générale, l industrie de la République Démocratique du Congo ne contribue que très faiblement à la constitution du PIB par rapport à d autres secteurs productifs du pays (mines, agriculture et élevage, etc). L industrie du bois est vétuste moins compétitive et n attire presque pas d investisseurs privés suite surtout à l éloignement des massifs forestiers exploitables économiquement, aux difficultés de transport, à la carence d énergie ne permettant pas d implanter des usines dans les lieux d exploitation pour augmenter la valeur ajoutée des produits forestiers. Le bois représente plus de 85% de la consommation énergétique du pays, l analyse de la situation dénote un déséquilibre entre l offre et la demande dans les principales zones. 5.2 Filière bois La République Démocratique du Congo est confrontée aux effets conjugués de la dispersion des populations, des ressources naturelles et de l éloignement des zones de production souvent reculées des centres de consommation et des ports d exportation. Tout ceci nécessite le développement d un réseau de transport et de communication dense pour décentraliser les régions et assurer le contact entre peuples. Le système actuel de transport comprend quatre réseaux distincts interconnectés et complétés à des points stratégiques par un réseau urbain. Il s agit des réseaux routier, ferroviaire, des voies navigables et aériennes. Les trois premiers intéressent directement le secteur forestier. Le service de transport est l œuvre des quatre principaux intervenants : l Etat, les Offices, les Sociétés et les Régies chargées de l exploitation et de la gestion proprement dite et les opérateurs économiques privés. Le réseau routier assure environ 50% du trafic intérieur soit plus 30 millions de tonnes dans des conditions normales. Il est composé de 152.400 km se répartissant de la manière suivante : 10
- 58.000 km des routes d intérêt général dont 95% environ sont dans un état de délabrement avancé ; - 87.000 km des routes d intérêt local dont 70% sont dégradés ; - 74.000 km de voiries urbaines détruites à 90% environ Les voies ferrées principales non interconnectées représentent une longueur de 5.032 km. Ce réseau se caractérise par un état de destruction de l ordre de 80%, le vieillissement du matériel roulant dont l âge moyen est de 40 ans. 11
Les voies d eau navigable comprenant 16.000 km subdivisées en trois biefs : - le bief maritime long de 150 km et allant de Matadi à Banana ; - le bief moyen comprenant le fleuve (Kinshasa-Kisangani, la rivière Kasaï et leurs affluents totalisant 13.458 km ; - le bief supérieur comprend le Luapula et les Lacs totalise 2.630 km Enfin, 50% du commerce extérieur du pays passe par le bief maritime du Fleuve Congo constituant le maillon aval de la voie nationale. IV. IMPORTENCE DE LA RECHERCHE les archives de l institut national pour études agronomiques au Congo (INEAC) actuellement INERA renseignent quelques études entreprises à l époque notamment : Les inventaires de reconnaissance et la description des peuplements lors des missions pedo-botaniques. Les données ont abouti à la classification des sols et de la végétation. - les inventaires totaux de certains blocs de forets (Donis 1954) - les études diverses regroupées sous les thèmes suivants : Identification des essences avec collection des fleurs fruits. Etudes biologiques des 1937 sur 892 espèces et réalisation des essais de germination Etudes technologiques (tests mécaniques et physiques Etudes sylvicoles - régénération naturelle - enrichissement Méthode par layons purs et surtout la méthode sylvo-bananiere Toutefois, en 1969, la FAO avait fourni des indications sur l évolution de la consommation de principaux produits forestiers en Afrique tropicale a travers son Plan Indicatif Mondial (PIM). Il en ressortait que l insuffisance du personnel forestier qualifie comptait parmi les facteurs de production. Pour éviter un déséquilibre entre les différents niveaux de formation (universitaire, technique et professionnel) l enseignement devait insister : - la formation forestière (niveau universitaire et post-universitaire avec des programmes de recherche et recyclage) - formation de niveau technique - formation des gardes forestières - programmes d éducation du public faisant appel a tous les moyens d actions Etant donne que les milieux forestiers constituent une plate-forme ou se côtoient divers utilisateurs, l enseignement devrait privilégier une approche globale et intégrée. 12
D une manière générale, la recherche est totalement sinistrée et entièrement oubliée dans les débats nationaux de plan directeur. Des institutions dépourvues des moyens et les capacités humaines absentes en foresteries, faibles en sciences connexes. (écologie-économie) Instituts chargés de la recherche - INERA : plus de programme forêt et pas d activités de recherches forestières - CRSN : (écologie, biologie au ralenti car isolé depuis plusieurs années - CREF : pas ou peu d activités de recherches dans les domaines classiques de la foresterie quelques recherches en sciences naturelles en liaison avec des financements extérieurs. - Université de Kinshasa ; Option Eaux et Forêts pas ouverte, faute d enseignants - Université de Kisangani - ISEA de Bengamisa - ERAIFT : formation post universitaire régionale Utilisateurs de la recherche - Ministère de l Environnement, Conservation de la Nature, Eaux et Forêts (SPIAF, DGF, CATEB, CPB, ICCN, IJZBC - ONG Internationales (WCS, WWF) - Secteurs privés (FEC Bois) - Communautés locales VII. IMPACT D AUTRES ACTIVITES SUR LA GESTION DES ECOSYSTEMES FORESTIERS L agriculture constitue un secteur clé de l économie nationale et la vie de toute la population en dépend sur le plan de la sécurité alimentaire. Elle est pratiquée sur les terres forestières considérées comme fertiles. Sa contribution au PIB est en moyenne de 38,33 et ce secteur vient au second rang après le secteur minier. En République Démocratique du Congo, malgré les efforts fournis dans ce domaine, on a jamais atteint l autosuffisance alimentaire et le pays est oblige de recourir aux importations pour combler le déficit. La production vivrière occupe plus de 80% de la population rurale, elle est l œuvre de 3 a 4 millions des petits exploitants repartis sur 4,5 a 6 millions d ha. Le système d exploitation est peu productif et la production est obtenue par la consommation des espaces plutôt qu a l accroissement de rendement a l unité de surface. Les superficies 13
forestières annuellement exploitées par l agriculture itinérante ne sont pas exactement connue faute de statistiques fiables. Industrie de peuplement et les centres urbains qui sont paradoxalement implantes dans les milieux moins nantis en forêts. Il s ensuit une régression rapide des forets périphériques aux bénéfices des savanes. L agriculture itinérante sur brûlis ne devrait pas constituer en soi une cause de la destruction de la foret si la durée de la mise en jachère des terrains cultivés étant respectée. L explosion démographique, la concentration de la population sur une petite portion de terre et l augmentation croissante des besoins de cette population ont eu pour conséquence que la dure de la jachère soit ecourtee de 15 à 7 ans. Par ailleurs, la banque mondiale rapportait en 1997 que la république démocratique du Congo était un des pays de l Afrique centrale qui avait un fort taux d urbanisation estimé à 3,8% par an. Les espaces peri-urbains subissaient de ce fait des dégradations considérables de différentes natures. Toutefois, en partant d une superficie totale moyenne occupée par l agriculture traditionnelle de l ordre de 4,5 millions d hectares, en adoptant une durée moyenne de mise en culture de 3 ans et en estimant que 30% de ménages agricoles seraient touchés par des projets d intensification agricole, on peut valablement admettre que les superficies annuellement emblavées au détriment des superficies forestières (lambeaux forestiers, savanes boisées, forets secondaires, etc.) représenteraient quelque 900.000 ha. Quant a l exploitation agricole moderne, elle se rapporte aux cultures de rente (café, thé, palmiers à huile, cacaoyers, havée, quinquina, canne à sucre etc. La production et l exportation de ces cultures connaissent une baisse constante depuis 1990 suite à la conjugaison de plusieurs facteurs : faible compétitivité sur le plan international (qualité), l outil de production vétusté, délabrement des infrastructure, insuffisance de la recherche. VIII. PARTICIPATION DE POPULATIONS LOCALES ET RIVERAINES A LA GESTION FORESTIERE. La population locale est un des acteurs principaux impliqués dans la gestion forestière. Si hier elle était absente dans la gestion, il n en est plus de même suite à la promulgation du nouveau code forestier. En ce qui concerne les aires protégées, elle doit se faire suivant une approche participative avec les populations riveraines et de manière à encourager la redistribution juste et équitable des bénéfices pouvant découler des activités lucratives qui pourront y être mener : tourisme, safari de chasse. 14
Des mesures incitatives sont envisagées pour amener de façon libre et consciente la population locale à adopter des situations positives à la préservation de ces aires notamment en les faisant participer à leur gestion. 15
8.1 Occupation des terres D une manière générale, le pays est sous peuplé avec une densité moyenne de l ordre de 22 habitants au km². Par contre, il existe des zones et foyers de forte densité où le potentiel en main d œuvre est important et la demande potentielle des biens de consommation et de services est élevée. Environ 47% de la population nationale est concentrée sur 10% de la superficie du pays. La carte d occupation humaine du territoire établie à partir des données du recensement scientifique de la population de 1984, on distingue trois axes de concentration de la population. - Au Nord-Ouest se structurant autour de la Ville de Gemena entre 3 et 5 latitude nord ; - La frontière Est du pays jusqu à la frontière Sud de la province du Maniema avec le Katanga où la densité atteint 139 habitants au km² ; - De l Océan Atlantique (Bas-Congo) aux régions centrales du Kwilu-Kasaï. Cet axe passe par Kinshasa et inclut quelques villes de forte densité humaine (Boma, Matadi, Kikwit, Kananga et Mbuji-Mayi), cette situation se traduit par des fortes pressions de la population sur les ressources naturelles en quête de la satisfaction de leurs besoins de survie (bois de feu, terres agricoles, urbanisation) les milieux écologiques touchés comprennent : les forêts de montagne de l Est, les Mangroves, les forêts du Mayombe, les savanes boisées du nord et du sud ainsi que les forêts claires du sud du pays. Quant aux aires protégées se localisent à l intérieur de ces axes, elles seront particulièrement en proie à l intrusion et au braconnage par des populations riveraines. 8.2 Forces et faiblesses Depuis le début de la démocratisation du pays en 1990, la République Démocratique du Congo traverse une situation économique particulièrement difficile provoquée par la baisse de la production minière par les pillages successifs de masse détruisant le tissu industriel et économique. Le pays connaît un ralentissement de son activité économique, le PIB par habitant baisse continuellement, l infrastructure de détruit et la dette extérieure grimpe De l ordre de 220$US par habitant en 1990, le PIB par habitant se chiffre actuellement à moins de 110$US. Depuis 1960, la balance des paiements extérieurs exception faite de l année 1969 a présenté un solde négatif financé durant les années 1980 par le recours aux réserves de change et à l endettement extérieur. A partir de 1990, l accumulation des arriérés de la dette extérieure a servi de principal mode de financement du déficit de la banque des paiements 16
Tableau n : Rôle attendu de différents secteurs dans la contribution au PIB. SECTEURS PIB en $US 1985 1987 PIB 2001 en milliards $ US % Augmentation de la production 1999 2001 en % par rapport en 1988 Agriculture 733,5 29,9 2,05 107,3 Mines 316,7 12,9 0,88 104,0 Manufacture 235,4 9,6 0,66 112,7 Electricité-Eaux 25,6 1,0 0,07 112,8 Bâtiments & Travaux 119,4 4,9 0,34 98,5 Publics Commerce 568,5 23,2 1,59 102,0 Télécommunication 95,9 3,9 0,27 100,5 Services marchands 209,5 8,5 0,58 123,4 Services 146,0 5,9 0,40 119,0 Administratifs Total 2.450,5 100 6,80 10 Source : Plan minimal actualisé 1999 2001. Il ressort de ce tableau que la croissance économique du pays se reposera sur les secteurs de l agriculture (y compris les forêts), du commerce et des mines durant les prochaines années et de la vulgarisation. Il est évidant qu à l avenir, la baisse continuelle des exportations a une incidence défavorable. IX. CONCLUSION La situation forestière actuelle en République Démocratique du Congo devrait connaître durant les deux prochaines décennies, une évolution modérée sans changement majeur de nature à l affecter profondément. Le développement de l agriculture et de la récolte de bois de feu continueront à entamer les superficies qui restent encore en majeur peu menacées. Le développement de l exploitation forestière et de la filière bois dépendra de l état économique général du pays. Afin d atténuer les pressions agricoles sur les terres forestières, le Ministère de l agriculture s attelle à promouvoir des stratégies basées sur une agriculture intensive par la diffusion des méthodes culturales durables, la promotion de technologie de production appropriée. La politique et les stratégies du Ministère de l agriculture préconisées visent : - La promotion de la recherche du développement (vulgarisation et encadrement des agriculteurs) 17
- L intensification des statistiques agricoles - Le désenclavement des régions agricoles (routes de desserte agricole) - La réhabilitation des industries et la promotion de la commercialisation - La remise en état des exploitations agricoles (plantations fermes) abandonnées - La relance du système de crédit au titre des campagnes agricoles et la création d une caisse de stabilisation des prix des produits agricoles. - La production et la diversification des échanges commerciaux avec les pays limitrophes - La reconversion des vielles plantations qui immobilisent inutilement les terres De nos jours la formulation d une politique de gestion forestière ou de mesures d application du nouveau code ne saurait occulter l existence d acteurs de plus en plus nombreux exploitants les ressources forestières en dehors du cadre formel, légal. En fait, leur nombre et le volume de leur prélèvement seraient tels que toutes dispositions ou stratégies conçues dans le secteur forestier sans les prendre en compte n auraient pas été réalistes. Toutefois, pour les prendre en compte dans la définition des mesures d accompagnement du code forestier et des stratégies de développement économique liées au secteur, il faut savoir combien sont-ils, quel volume de bois exploitent-ils, comment sont-ils structurés ou organisés et comment fonctionnent-ils, quelles mesures fiscales ou parafiscales peut-on leur appliquer. Enfin, compte tenu des capitaux importants qu exigent certain type de recherche, il ne semble pas opportun de les envisager. Les recherches à entreprendre devront se concentrer sur les travaux s adaptant mieux aux besoins et mentalités des populations locales concernées. 18