LES TEXTURES MODIFIEES EN EHPAD EHPAD Papillon d Or à MAURON (56) Vanessa COBIGO, diététicienne Nadine LE CARS, médecin coordonnateur
CAS CLINIQUE Mme B Anne, 98 ans, veuve, deux enfants dont un décédé, ancienne employée de maison Entrée en déc 2010 pour difficultés de maintien à domicile dans les suites d'une hospitalisation pour syndrome confusionnel ATCD : HTA, IC, hypota orthostatique, AOMI, maladie d'alzheimer, syndrome dépressif et délire de persécution /CMP, vertiges, IRC, goitre, TV étagés ostéoporotiques, cholécystectomie, angioplastie des MI, ablation d'un épithélioma de la lèvre inférieure en 2010
Mme B Personne solitaire, peu communicante, qui aime décider, alternant participation aux animations et apathie, Canne, lunettes, bas de compression Pas d appareil dentaire mais notion de régime haché peu salé à l'entrée car Mme B mange vite : risque de fausses routes A l'entrée : GIR 4, BRADEN 21/23, MMS 15/30, MNA 20,5 poids 60 kg, IMC 22, albuminémie 41 g/l
Mme B juin 2011: -5 kg, alb 32 g/l : alimentation hachée peu salée et enrichie maison juillet 2011: pneumopathie d'inhalation: retour d hospitalisation en mixé peu salé et enrichi ; + 2 kg mais à nouveau pneumopathies d inhalation en oct 2011 et janvier 2012 ; poursuite du mixé peu salé et enrichi; retour au poids initial en sept 2012
Mme B Reprise chir en sept 2012 de la lésion cancéreuse lèvre inf : sortie avec alimentation liquide à la petite cuillère (dif. masticatoires et risque de rupture des sutures); - lâchage des sutures à J 3 : reprise des sutures et alimentation liquide à la paille ; - infection de la plaie avec reprise de la cicatrice fin oct 2012 ; - reprise progressive des textures mixées peu salées et enrichies dès qu'elle a pu rouvrir la bouche en déc 2012 : alb 35 g/l et P 65 kg
Mme B Mme B a bénéficié de différentes textures modifiées : haché, mixé, liquide L adaptation des textures, la surveillance du poids et de l albuminémie ont permis de conserver un état nutritionnel satisfaisant malgré ses problèmes de santé
QUELQUES RAPPELS INDICATIONS DES TEXTURES MODIFIEES traumatismes faciaux troubles de la déglutition : AVC (central, tronc), Parkinson, démences, SLA... diverticule de Zenker et achalasie du SSO mucites : post chimiothérapie, post radiothérapie, mycoses altération de la dentition fatigabilité à la mastication : presbyphagie, asthénie hyposialie polypnée troubles de la vigilance
QUELQUES RAPPELS Besoins nutritionnels de la PA: mêmes besoins énergétiques que l adulte: 1600 à 2200 calories journalières ou + selon l activité physique ; il est important de mesurer les apports énergétiques et protéiques des personnes âgées recevant une alimentation à texture modifiée perte des sens (vue, odorat, goût), le goût sucré persistant le plus longtemps troubles salivaires fréquents iatrogénie ET NOURRIR FAIT PARTIE DU SOIN
EN PRATIQUE EN EHPAD : «Pour que manger redevienne ou reste un plaisir» - dépister - prendre en charge
EN PRATIQUE EN EHPAD Le nouveau résident entre avec: - une fiche de liaison : hospitalisation, SSIAD - ou des habitudes: résident lui-même, famille - précisant le régime et la texture : haché, mixé, mixé lisse, liquide
EN PRATIQUE EN EHPAD les troubles de la déglutition sont repérés par les équipes lors des repas : - signes évocateurs d'emblée : difficultés masticatoires, bavage, résidus buccaux, sensation de blocage, toux, raclement de gorge, sensation d'étouffement, reflux nasal, régurgitation, changement de la voix, gargouillis, rictus, grimaces, mouvements parasites, agitation
EN PRATIQUE EN EHPAD - signes moins évidents : diminution des ingestats, augmentation de la durée des repas, pneumopathies récidivantes, vomissements, encombrement bronchique, fièvre, refus de manger, perte de poids, déshydratation
EN PRATIQUE EN EHPAD difficultés évoquées en équipes lors des transmissions l ergothérapeute va à son tour observer les repas : notion de «repas thérapeutique» des propositions sont faites en équipe avec adaptation de la prise en charge aux troubles repérés
EN PRATIQUE EN EHPAD adaptation texture des boissons et des repas, dans le respect des régimes : pastilles code couleur sur les tables - texture moulinée ou hachée : adaptée aux personnes qui ont des difficultés de mastication sans troubles de la motricité linguale ni troubles de la déglutition - texture mixée : adaptées aux personnes totalement édentées et/ou avec troubles de la déglutition
EN PRATIQUE EN EHPAD mais aussi adaptation du volume en bouche après avoir repéré le geste alimentaire : mange trop vite, trop lentement, en met trop en bouche, a du mal à saisir les aliments adaptation matériel ergonomique : sièges adaptés, couverts ergonomiques : verre évasé ou à découpe nasale, cuillère à café, tapis antidérapant, assiette à rebord incurvé, manchons de couverts
EN PRATIQUE EN EHPAD positionnement de la personne pour boire et manger : - au fauteuil : bien calé, buste bloqué, dos droit, tête fléchie en avant (cale) - au lit : buste bien droit, tête fléchie en avant (cale), jambes un peu surélevées ou coussin sous les genoux pour caler le bassin, noter si aide humaine nécessaire au repas, et le positionnement de l'accompagnant: sur le côté gauche (droitier) et plus bas que la personne âgée
EN PRATIQUE EN EHPAD prothèses dentaires adaptées et en place ou ôtées si nécessaire, soins buccodentaires réguliers, adaptation des conditions environnementales du repas : - horaires fixes : petit déjeuner «à la carte» entre 7h30-9H30, déjeuner à midi, gouter à 15h30 et diner à 18h15, - temps de repas suffisant +/- fractionné : une heure,
EN PRATIQUE EN EHPAD - environnement calme : pas de distracteurs (TV, discussion entre les soignants...), - voisins agréables : changement de place à la demande du résident ou du personnel (exemple : le voisin en face mange salement), - personnalisation des repas (goûts, dégoûts) : projet set de table
EN PRATIQUE EN EHPAD présentation soignée des textures modifiées proches de l alimentation normale : - plat du jour +++: cru ou cuit - goût relevé : épices (poivre, cumin, curry... ) pour la stimulation des sens (vue, odorat, goût), de la salivation et du goût (car le goût naît de la mastication par dispersion des molécules aromatiques) - températures variées des plats et boissons, - boissons variées : sirop, jus de fruits, vin, pétillant, eau gélifiée ou épaissie
EN PRATIQUE EN EHPAD si les troubles subsistent: information du médecin traitant +/- bilan Propositions : - rééducation : pluridisciplinaire : orthophoniste, ergothérapeute, IDE, AS... - gastrostomie
ET LE COÛT? COÛT SUPPLEMENTAIRE En euro : portions mixées «plus petites» besoin de liants (sauces), épaississants (flocons de pommes de terre, épaississants du commerce), clarifiants (jus de cuisson), gélifiants (œuf, gélatine, gélifiants du commerce) équipement adapté En temps : mixer viande et légumes séparément, superposer les couches/entrées et desserts, travailler avec des douilles, des siphons En formation : pour le personnel de cuisine
MAIS CELA EN VAUT LE COÛT! Maintien d'un état nutritionnel satisfaisant malgré les pathologies Quand les résidents réclament les textures modifiées!!! Quand les visiteurs sont ravis lors de la journée porte ouverte où ils ont se sont régalés des textures mixées
Carottes râpées chorizo
Céleri rémoulader
Salade de riz au thon et maïs
Sauté de veau à la provençale gratin de chou fleur
Clafouti aux poires crème anglaise
Fruits de saison
Poire belle Hélène
Tarte au citron coulis de kiwi