Expériences avec les contrats de la communauté dans les travaux d infrastructure urbaine



Documents pareils
Le financement de l apprentissage informel

GUIDE D ASSISTANCE CONSEIL AUX COMMUNES

Elaboration participative des programmes communaux

MAQUETTE GENERALE MASTER DIDL.

ATELIER DE FORMATION: «ÉLABORATION DES DOCUMENTS DE PROJETS ET PROGRAMMES» CENTRE JEUNE AYITI 75, angle rues Faubert et Pinchinat, Pétion-Ville, Haïti

F RSE Plan d action A04 Bruxelles, le MH/JC/LC A V I S. sur

Note sur l extension de la couverture d assurance maladie au Rwanda

Réforme de la formation professionnelle

Plan de l exposé L assurance maladie obligatoire pour tous: Cas particulier de la république du Rwanda

POLITIQUE DE COHÉSION

L externalisation des activités bancaires en France et en Europe

Conseil d administration Genève, novembre 2008 PFA/BS POUR DISCUSSION ET ORIENTATION

CADRER SA RESPONSABILITE PAR LE CONTRAT

Investissements d avenir. Action : «Projets agricoles et agroalimentaires d avenir (P3A)»

ACCOMPAGNEMENT A LA CERTIFICATION ISO 9001 DE L AGENCE POUR LA RECHERCHE ET L INNOVATION EN CHAMPAGNE-ARDENNE - CARINNA

Présentation à l Association des Cadres Scolaires du Québec Par Daniel Rondeau 6 novembre Assurance pour les projets de construction

Les missions de l expert-comptable

Séminaire du 17 octobre 2014 «La gestion des milieux aquatiques dans la loi MAPTAM et le SAGE : quels enjeux pour la Baie de Saint Brieuc?

Fiche conseil n 16 Audit

Séminaire régional FBP-Bujumbura- Burundi-février 2011-RM.

L organisation interne et la gestion des ressources humaines. Un outil d aide à la structuration

Traduction de la lettre d introduction. 23 janvier Chères Mme. Peters et Mme. Moreno Fernandez,

Chapitre 1 : Introduction au contrôle de gestion. Marie Gies - Contrôle de gestion et gestion prévisionnelle - Chapitre 1

STATUTS DE L ASSOCIATION

ANNEXE A LA CIRCULAIRE SUR LE CONTROLE INTERNE ET L AUDIT INTERNE TABLE DES MATIERES

SYSTÈME DE MANAGEMENT ENVIRONNEMENTAL

Dispositif de vérification du niveau de connaissances minimales des acteurs des marchés financiers

3 Guide pour développer un plan national de gestion des déchets de soins médicaux

GUIDE POUR LE SUIVI DES PROJETS, L ÉTABLISSEMENT DE RAPPORTS, LA RÉVISION ET LA PROLONGATION DE PROJETS

Mise en Ouvre Nationale par les Gouvernements des Projets Appuyés par le PNUD: Manuel des Normes et Procédures

WP SGP 17/07. 5 janvier 2007 Original : anglais. Groupe directeur de la promotion 25 janvier 2007 Londres, Angleterre

Décrets, arrêtés, circulaires

Programme d Activités pour l Emploi des Jeunes dans la Province du Katanga (PAEJK)

Compétences essentielles numériques dans les petites entreprises rurales QUESTIONNAIRE DU SONDAGE PRÉ- FORMATION DES EMPLOYEURS

FORMATION PROFESSIONNELLE GUIDE PRATIQUE DE LA RÉFORME

Mastère spécialisé. «Ingénierie de l innovation et du produit nouveau De l idée à la mise en marché»

Réduire la pauvreté : comment les collectivités territoriales peuvent-elles être des catalyseurs du développement économique pro-pauvre?

1. Les professionnels "qualifiés" (chartered profesionals)

Conseil économique et social

Cahier des charges du secrétaire municipal et administrateur des finances municipales (les définitions personnelles se rapportent aux deux sexes)

Séance du Conseil Municipal du 27/06/2013

Vue d ensemble. Initiatives des données. Gestion de la trésorerie. Gestion du risque. Gestion des fournisseurs 2 >>

Procès-verbal de l'assemblée générale ordinaire de l'association du Corps Intermédiaire de l'université de Neuchâtel (ACINE) 13 mars 2014

Présenté par OUEDRAOGO Adolphe Chef de Brigade de la CIMA. DAKAR, les 3-4 et 5 novembre 2009

MISE EN OEUVRE DU BUDGET PARTICIPATIF DANS LES COLLECTIVITES LOCALES DE KAOLACK ET KEUR BAKA

Codes des banques 9 septembre 2009

Les nouvelles obligations en matière de transparence financière des Comités d Entreprise Loi du 5 mars 2014 :

PROJET DE TRAIN LÉGER SUR RAIL D OTTAWA ACCORD DE CONTRIBUTION AVEC LE MINISTÈRE DES TRANSPORTS DE L ONTARIO APERÇU DE LA STRUCTURE ET DU CONTENU

Document de synthèse

Contrôle de gestion des participations de la ville de Lucerne

Principes anti-blanchiment de Wolfsberg pour les banques correspondantes

C ) Détail volets A, B, C, D et E. Hypothèses (facteurs externes au projet) Sources de vérification. Actions Objectifs Méthode, résultats

Ministère des Mines, de l Industrie et des PME PROGRAMME NATIONAL «PLATE-FORME MULTIFONCTIONNELLE POUR LA LUTTE CONTRE LA PAUVRETE (PN-PTFM)

PROFILS METIERS (Semestre 9)

Présentation générale du Manuel De Procédures de l Agence de Développement Social

Entente administrative sur la certification de produits conclue entre. la Direction générale de Transports Canada, Aviation civile (TCAC)

COMPTE ÉPARGNE TEMPS Parce que le temps est une vraie valeur

Ministère des Transports. Lignes directrices pour l aménagement routier lié à l aménagement foncier

UDSG CLASSIFICATION DOSSIER DOCUMENTAIRE

NORME INTERNATIONAL D AUDIT 550 PARTIES LIEES

Elaboration et Suivi des Budgets

Résumé du projet de loi n 43 visant à modifier la Loi sur les mines

Table des matières Page

Système de management H.A.C.C.P.

APPEL A PROJETS Axe d intervention 4. Version corrigée Mars PO FSE «Compétitivité régionale et emploi» Ile-de-France

INFOGERANCE. 1. Présentation de l infogérance Définition Pourquoi l infogérance?... 2

«Identifier et définir le besoin en recrutement»

Lettre de mission. Services de consultant pour une évaluation à mi-parcours de la Stratégie de l UIP

RECOMMANDATION DU CONSEIL SUR LES BONNES PRATIQUES POUR AMELIORER LA SENSIBILISATION AUX RISQUES ET L'EDUCATION SUR LES QUESTIONS D'ASSURANCE

Gestion de Projet pour Microsoft Dynamics AX Solution pour les Sociétés de Services et d Ingénierie

FONDS DE SOUTIEN À L INNOVATION. Règlement du Programme d Appui à l Innovation et au Développement Technologique PTR - Appel à projet ouvert -

PROJET DE LOI. NOR : MAEJ L/Bleue ÉTUDE D IMPACT

Conseil d administration Genève, mars 2000 ESP. Relations de l OIT avec les institutions de Bretton Woods BUREAU INTERNATIONAL DU TRAVAIL

YouthStart ÉTUDE DE CAS PEACE

Comptabilité Services-Conseils Ressources humaines

Qu est-ce que la Gestion des Ressources Humaines?

Tableau : Réponse aux besoins en matière de santé sexuelle et reproductive des adolescents

Charte d audit du groupe Dexia

RECOMMANDATIONS COMMISSION

Annexe - document CA 118/9. Termes de référence. Audit fonctionnel et organisationnel de l OTIF

N 1619 ASSEMBLÉE NATIONALE PROJET DE LOI

PASSEPORT POUR LA MISE EN SITUATION PROFESSIONNELLE -MSP- HABILITATION DE L ARCHITECTE DIPLÔMÉ D ÉTAT À EXERCER LA MAITRISE D ŒUVRE EN SON NOM PROPRE

MODULE 1 : INTRODUCTION A LA GESTION D UNE MUTUELLE DE SANTE

Associations Dossiers pratiques

CHARTE DU COMITÉ DES RESSOURCES HUMAINES ET DE RÉMUNÉRATION DU CONSEIL D ADMINISTRATION DE TIM HORTONS INC.

ASSOCIATION DES TRAVAILLEURS SOCIAUX DU NOUVEAU-BRUNSWICK. Politique sur l éducation professionnelle continue

Accord entre la Suisse et les Etats-Unis d Amérique concernant le déblocage des avoirs suisses en Amérique

Chantier-Formation PARTENARIAT ENTRE UNE ENTREPRISE PRIVÉE ET 2 STRUCTURES D INSERTION POUR LA RÉPONSE À UNE CLAUSE ART.14 DANS UN MARCHÉ PUBLIC

Le Parlement jeunesse du Québec PARLEMENT JEUNESSE DU QUÉBEC 64 E LÉGISLATURE. Projet de loi n 1

Adaptation de l organigramme à des clubs de diverses importances. Avantages de l organigramme modèle. Clubs à effectif limité

Nomination des membres du Comité consultatif indépendant d experts de la Surveillance

Ministère de la Fonction publique, du Travail, du Dialogue social et des Organisations professionnelles

Plan d Action de Ouagadougou contre la traite des êtres humains, en particulier des femmes et des enfants, tel qu adopté par la Conférence

DEVENIR UNE ONG PARTENAIRE OFFICIEL DE L UNESCO

La FAFEC «Gnèna-Yèter», la «Banque» des Femmes rurales du Nord de la Côte d Ivoire

Les rendez-vous Risk Advisory La lettre des professionnels du risque et de la finance

Recommandations pour les entreprises qui envisagent de souscrire à des services de Cloud computing

CENTRES D APPUI À LA TECHNOLOGIE ET À L INNOVATION (CATI) GUIDE DE MISE EN ŒUVRE

FICHE PRATIQUE Les obligations liées à l emploi de travailleurs handicapés

Transcription:

v Renforcement des compétences opérationnelles dans le développement mené par la communauté 15 au 19 avril 2002 Washington, D.C. Expériences avec les contrats de la communauté dans les travaux d infrastructure urbaine Wilma van Esch Organisation Internationale du Travail (OIT) Cette présentation traite du développement et de l utilisation des contrats de communauté pour la fourniture d infrastructure et l amélioration des installations urbaines non planifiées dans les pays en développement. 1. La présentation est basée essentiellement sur les expériences acquises et enseignements tirés de la mise en oeuvre de contrats de communauté dans deux projets pilotes : le projet du Hanna Nassif à Dar-es-Salaam, en Tanzanie, et le projet de Kalerwe à Kampala, en Ouganda. Ces deux zones urbaines à faibles revenus ont subi des inondations sévères pendant la saison des pluies, et la première priorité des habitants était un meilleur drainage. Les deux projets ont été impulsés et contrôlés par l OIT. Ces expériences ont été étudiées de façon approfondie par rapport à un historique de travaux menés par diverses organisations et individus dans de nombreuses parties différentes du monde. La présentation va aborder une étude de cas urbain et souhaite traiter les questions suivantes : Les rôles et responsabilités des divers partenaires. Les types de contrats Les forces et les faiblesses d une approche de contrat de communauté. 1. Approche de contrat L approche de contrat peut être mieux décrite comme un processus participatif par lequel un groupe de la communauté négocie avec le gouvernement local ou un programme de développement et entre dans un accord contractuel afin d entreprendre une activité qui mène à une amélioration des modes de vie. Ce processus global comprend les étapes suivantes : 1 Cette présentation est un résumé de la publication Community Contracts in Urban Infrastructure Works, Tournee, van Esch, OIT 2001. Cette publication est disponible en anglais pendant le séminaire. Pour plus d information vanesch@ilo.org, OIT Emp/Invest Branch, CH1211 Genève 22. Site Web : http://www.ilo.org/employment/eiip.

Contact initial et identification du groupe cible Mobilisation: l organisation du groupe cible. Négociation et discussion : étapes décisives où le groupe de la communauté/l organisation entre en contact direct avec l autorité contractante. Préparation d un contrat formel : qui comporte des questions relatives à la forme du contrat, au statut juridique, au partage des coûts et des responsabilités, les risques impliqués, les pénalités de non-exécution et le contrôle de la performance du contrat. Mise en oeuvre du contrat. Contrôle du contrat. La principale différence avec les activités conventionnelles de projet au niveau de la communauté est que l approche de contrat est basée davantage sur des relations de partenariat que sur des relations fournisseur-bénéficiaire. Un processus de négociation et de discussion est essentiel pour arriver à un accord, ou contrat, qui soit satisfaisant et réalisable pour toutes les parties. Si elle est bien conçue, l approche de contrat est susceptible de renforcer les capacités collectives des pauvres à agir comme partenaires du développement, et d accroître la responsabilité des administrations publiques. L approche est donc particulièrement pertinente dans le contexte des efforts de décentralisation qui se déroulent dans de nombreux pays en développement. Les négociations abordent aussi la question du partage des coûts ; dans un tel partage des coûts, les inputs de main d œuvre devraient être valorisés à leur taux salarial en vigueur dans la zone du projet, que la communauté décide de payer réellement la main d œuvre ou pas. Ainsi, l approche lutte contre l abus du self-help comme on le voit parfois dans les travaux publics et travaux de la communauté initiés par l état, et elle a plus de chance de créer de l emploi rémunérateur pour la main d œuvre qualifiée comme non qualifiée. 2. L expérience de Hanna Nassif L urbanisation sauvage de Hanna Nassif est située dans le district de Kinondoni District à 4 km environ du centre de Dar es Salaam. En 1994 l urbanisation avait une population d environ 20.000 personnes. La communauté de Hanna Nassif a essayé pendant plusieurs années d intéresser le gouvernement à l amélioration des installations. La première priorité était de réduire l inondation de la zone en construisant un drainage des eaux pluviales. Plusieurs plans ont été établis mais tous ont échoué à cause du manque de fonds et de la nécessité de démolir de nombreuses maisons. Au début des années 90, un projet pilote fut formulé par l OIT sur la base d une forte implication de la communauté à tous les stades du processus de construction et de l utilisation de méthodes basées sur la main d œuvre 2. En 1993 un Comité de Développement de la Communauté (CDC) a été formé. Le Projet d amélioration de Hanna Nassif basé sur la communauté commença les travaux en mars 1994 et acheva les travaux de drainage de la première phase en août 1996. Tous les travaux étaient mis en oeuvre par le biais de contrats de communauté. 2 La technologie basée sur la main-d oeuvre est une méthode structurée pour fournir une infrastructure par rapport à une norme déterminée, tout en optimisant le mélange de main d oeuvre et d équipement pour obtenir un résultat rentable. 2

Figure 1 The Hanna Nassif case: Institutional set-up Funder(s) Agreement Agreement Contracting Authority (City Council and CDC) Technical assistance (ILO, UNCHS, UNV, City Council, Ardhi institute, private sector consultants) General Community Contract Agreement Community Development Committee (CDC) NB: Municipal Council and Hanna Nassif CDC jointly act as contracting authority (joint bank account, approval of sub-contracts, inspection and approval of works) elections sub-contracts Community Construction Committee (CCC) labour relation Beneficiaries (residents in the community) Une deuxième phase a commencé en 1997 et a comporté une extension du drainage et des routes, l alimentation en eau potable, la gestion des déchets et la gestion d une caisse d épargne et de crédit. 3 Cette combinaison de méthodes basées sur la main d œuvre et de participation de la communauté a non seulement eu pour résultat le bon fonctionnement du drainage des eaux pluviales, des routes d accès et des kiosques d eau, elle a eu aussi de nombreux autres avantages en termes de renforcement de pouvoir de la communauté, de création d emploi et génération de revenus, ainsi que de construction de capacité et de développement de partenariat. Les acteurs suivants étaient impliqués dans la phase I: Organismes de financement : PNUD/Fondation Ford/EDF Autorité contractante : Conseil Municipal et Comité de Développement de la Communauté (CDC) Contractant : Comité de Construction de la Communauté (sous-comité de CDC) Bénéficiaires : Communauté de Hanna Nassif, représentée par le CDC Fournisseurs de service technique : Conseil Municipal, OIT, UNCHS, UCLAS et des consultants indépendants sur des questions juridiques et comptables. La Fondation Ford a préparé un accord séparé avec le CDC et le Conseil Municipal pour la mise en oeuvre du projet. Sur la base de cet accord, des fonds ont été transférés à un compte bancaire joint du 3 La seconde phase a été soutenue nationalement par l Université des Etudes d Architecture et de terrains (UCLAS) et par le Programme National de Génération de Revenus. Le PNUD, la Fondation Ford et l OIT ont apporté un soutien supplémentaire. 3

CDC et du Conseil Municipal. Le CDC, avec une assistance technique, a identifié les sous-projets, les priorités et les conceptions approuvées d ingénierie, et a attribué des contrats au Comité de Construction de la Communauté pour exécution (voir fig. 1). Le Comité de Construction de la Communauté a participé à la préparation du contrat par l ingénieur du Conseil Municipal, de sorte qu une totale compréhension du contrat par la communauté soit acquise avant la négociation du montant du contrat. Le CDC et le Conseil Municipal ont ensuite signé le contrat, puis les fonds ont été transférés sur le compte bancaire du CDC. Ce Comité de Construction de la Communauté, avec une assistance technique, a pris la responsabilité de la mise en oeuvre des contrats : supervision des modalités d attribution, organisation de la main d œuvre salariée et non salariée, construction d activités et contrôle de la qualité. Une assistance technique fut aussi fournie au CDC pour la conception, la gestion et le contrôle des contrats, sur des questions juridiques et comptables et pour la participation de la communauté, dans le cadre d accords séparés par le PNUD et le Conseil Municipal. En outre, le CDC recruta un consultant d audit indépendant et un conseiller juridique. Rôle et Responsabilités Dans la situation de contrat de communauté à Hanna Nassif, le contractant est un groupe issu de la communauté et il est donc en même temps bénéficiaire des actifs créés. Les représentants élus de la communauté agissent en tant qu autorité contractante conjointement au Conseil Municipal. Il n y a pas de directives clairement définies sur la façon dont les contrats de communauté devraient être établis. La réponse se trouve généralement en considérant la capacité de la communauté, les niveaux de soutien disponible pour la communauté, les sources alternatives de prestation de service, la complexité technique de l infrastructure à fournir, et la responsabilité de l autorité municipale. Dans les contrats avec la communauté, les fonds peuvent être canalisés par un organisme de soutien, ou les fonds peuvent être donnés directement à la communauté. Le mécanisme de financement influencera les rôles et les responsabilités de chaque partie contractante. Le tableau 1 indique qu il y a cinq fonctions principales dans une situation de contrat, chacune avec des responsabilités spécifiques. Les groupes de la communauté peuvent remplir plusieurs fonctions dans les contrats de communauté, comme la représentation des bénéficiaires, comme autorité contractante, comme contractant de la communauté et même comme (co)financeur. Comme ce chevauchement de rôles et de responsabilités peut mener à des conflits d intérêts, un contrat de communauté est un instrument important pour définir les relations entre les différents partenaires impliqués dans les travaux d amélioration urbaine et pour clarifier leurs rôles, droits et obligations respectifs. Pour que la communauté puisse entrer dans un contrat de communauté, elle doit être organisée et des représentants doivent être élus. De plus, dans une situation de contrat, il vaut mieux que les deux parties soient des entités reconnues légalement, c est-à-dire que l organisation de la communauté devrait acquérir une forme de reconnaissance légale. L organisation de la communauté doit aussi avoir un statut légal afin de pouvoir ouvrir un compte bancaire, de recevoir et de distribuer des fonds, de mobiliser les ressources de la communauté de façon systématique et d assumer les responsabilités associées au contrat. 4

Le tableau 1 indique les cinq principales fonctions pour les contrats passés par la communauté et les entités suggérées pour mener à bien les responsabilités liées. Fonctions Responsabilités Entités possibles Groupe représentatif des bénéficiaires Choisir et développer des activités Alimenter la planification et la conception Collecter la contribution de la communauté Vérifier que les travaux sont exécutés comme prévu Organisation basée sur la communauté, comme : Comité de développement de la communauté Comité de développement des habitants Veiller aux normes de travail Garantir les arrangements corrects d opération et de maintenance Autorité contractante Préparer la documentation des contrats Etablir les contrats Contrôler la performance des entrepreneurs Approuver les travaux et autoriser le paiement Contractant Exécuter les travaux en accord avec le contrat Financeur Fournir les fonds à l autorité contractante ou payer directement les entrepreneurs Fournir éventuellement des fonds pour un prestataire de service technique Municipalité Autorités locales Société de conseil ONG Représentants de la communauté (par exemple Comité de Développement de la Communauté ) Equipe technique de projet (à la rigueur) Comité de Développement de la Communauté Comité de Construction de la Communauté Groupes d intérêt économique au sein de la communauté Membres individuels de la communauté Entrepreneur du secteur privé comme sous-traitant Autorité municipale Gouvernement central ou local Organisme de développement ONG Bénéficiaires Fournisseur de services techniques Assister la communauté pour établir des choix et pour son organisation Planification et conception en coopération avec la communauté Aide à la préparation et à la Ministères concernés, services techniques (gouvernement central et local) Municipalité ONG 5

gestion de contrat Formation Procédures d opération et de maintenance Organisme de développement Consultants et sociétés de conseil Documentation de contrat Bien que les différents contrats exigent chacun des documents de contrat spécifiques, il y a certaines considérations qui sont toutes des plus valables pour les contrats de communauté. Dans tous les cas, les contrats de communauté devraient : être bien discutés entre les parties contractantes avec un accord total sur les inputs et les outputs finaux ; être simples et transparents ; comporter une description très spécifique et mesurable de l output final ; comporter des encouragements et des sanctions clairement définis ; comporter des responsabilités clairement définies pour le contrôle de la qualité et l approbation de l actif terminé ; avoir un calendrier raisonnable pour permettre la formation, la mobilisation de la communauté et sa participation. En fonction des compétences et des capacités organisationnelles de la communauté, de la disponibilité d une assistance extérieure, et du type de travaux de construction envisagés, la communauté peut être responsable des inputs suivants dans le contrat : 1. Main d œuvre seulement. La communauté est responsable seulement de la fourniture et de l organisation de l input de main d œuvre. L autorité contractante est responsable de la fourniture en temps opportun des matériaux et de l équipement en quantité et qualité suffisantes. 4 2. Main d œuvre et matériaux. La communauté est responsable de l input de main d œuvre et aussi de matériaux pour une activité de construction donnée. Pour que les contrats restent simples, il est important de répartir le travail en tâches bien définies et aspects contractuels pour chaque tâche. 3. Contrat complet. Dans un contrat complet, la communauté fournit la main d œuvre, les matériaux et équipement nécessaires, et est également responsable de la gestion générale, de la soustraitance, etc. Bien que l utilisation d équipement soit limitée dans le cadre de travaux basés sur la main d œuvre, l équipement peut être un goulet d étranglement important pour la mise en oeuvre correcte des travaux. Dans le projet de Hanna Nassif, des contrats complets furent établis et la communauté acheta l équipement grâce à une subvention séparée et engagea (et paya) un membre de la communauté comme magasinier. A Hanna Nassif, la procédure était simplifiée et on n a pas appliqué de procédure conventionnelle d appel d offres caractéristiques : (1) les groupes de la communauté n avaient pas la capacité de préparer des appels d offres de contrats et (2) le contrat devait revenir à un groupe de la communauté, 4 Les contrats de main d oeuvre seule ont été utilisés dans le projet de Kalerwe pour le drainage des eaux pluviales au Kampala. 6

qui était aussi le bénéficiaire des actifs créés. Le contrat était basé sur des prix de revient de travaux similaires, qui étaient négociés et approuvés avec les représentants de la communauté (contrat direct). La documentation de contrat devrait spécifier clairement les droits et obligations de chacune des parties contractantes. Le contrat devrait comporter la construction de capacité, non seulement pour améliorer les compétences techniques et de gestion, mais aussi en termes d organisation et de capacité de négociation afin de renforcer la communauté comme interlocuteur organisé pour le développement. En outre, le contrat devrait inclure certaines des clauses élémentaires du travail telles que les provisions en cas d accidents du travail. 3. Enseignements tirés Points forts de l approche de contrat de communauté Certains des avantages techniques spécifiques du contrat de communauté dans les travaux d infrastructure urbaine sont : La génération d emplois locaux et d amélioration de compétences pendant la construction, l opération et la maintenance. Les contrats vont clarifier et formaliser les rôles, droits et responsabilités, inputs et outputs. Le tirage au flanc dans les accords de contrat peut rester limité car le contrôle social est élevé et la communauté bénéficiaire a un intérêt à atteindre ses objectifs en restant dans les limites du budget. Les négociations continues peuvent réduire les conflits et les plaintes pour obtenir des compensations Les fonds, les compétences, les outils et l équipement demeureront en grande partie dans la communauté et peuvent déclencher d autres initiatives de développement et être utilisés pour l opération et la maintenance des actifs améliorés. Les contrats de communauté peuvent réduire les coûts (à Hanna Nassif le coût de l infrastructure créée dans le cadre des contrats de communauté était plus bas que pour l infrastructure créée par des contrats privés) et fournir des opportunités de partage des coûts. Points faibles/défis de l approche de contrat passé par la communauté La participation prend du temps. Il y a une nécessité de conceptions techniques détaillées, de petits forfaits de travaux et d une assistance technique accrue. La gestion de petits contrats prend du temps. La formation de groupes et de représentants de la communauté est plus complexe que celle d un entrepreneur. La non-homogénéité des communautés pourrait conduire à des luttes de pouvoir et à des conflits mettant en danger le contrat et les travaux. 7

Intérêt de développement plus large de l approche de contrat En gardant à l esprit que l approche de contrat de communauté est une expérience relativement récente, les premières indications de plusieurs projets pilotes dans lesquels cette approche a été appliquée suggèrent qu une approche de contrat participative a le potentiel pour : accroître l accès des communautés aux bénéfices du projet ; bâtir la confiance locale vis-à-vis de la gestion des ressources et de la planification d initiatives de développement ; accroître la motivation et la solidarité des communautés ; renforcer un sentiment d appropriation de l activité de développement ; encourager la confiance en soi par le développement de compétences organisationnelles, techniques et de gestion de contrat; bâtir des capacités locales institutionnelles, d organisation et de négociation ; améliorer la position sociale (renforcement de pouvoir) des communautés désavantagées ; accroître la transparence et la responsabilité des administrations publiques ; stimuler de nouvelles relations de partenariat entre les administrations publiques et les organisations de la communauté. 8