Conférence de presse conjointe du Premier ministre François FILLON et du Premier ministre du Québec Jean CHAREST et Questions - Réponses



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Transcription:

PREMIER MINISTRE SERVICE DE PRESSE Conférence de presse conjointe du Premier ministre François FILLON et du Premier ministre du Québec Jean CHAREST et Questions - Réponses Hôtel de Matignon, mercredi 5 octobre 2011 Hôtel de Matignon 57, rue de Varenne 75007 PARIS

Mesdames et Messieurs, Nous venons d avoir avec mon collègue et mon ami Jean CHAREST, un entretien dont vous pouvez imaginer qu il a été cordial mais qu il a été aussi très productif, comme d ailleurs à chacune de nos rencontres régulières. Et nous poursuivrons nos discussions tout à l heure dans un format plus large à l occasion du grand dîner franco-québécois que j offrirai en l honneur de Jean CHAREST et de la délégation québécoise au Palais des Affaires étrangères. Nous célébrons en effet cette année les cinquante ans de la délégation générale du Québec à Paris. C est un anniversaire qui compte dans la vie et dans les relations de la France et du Québec. Par cet acte fondateur le 5 octobre 1961 est née la relation directe et la relation privilégiée qui unie la France et le Québec. Une relation unique, une relation qui est fondée sur des siècles d Histoire commune, sur une complicité fraternelle et sur une coopération étroite et innovante que nous avons su sans cesse renouveler. Pour dire les choses simplement, une relation exemplaire. Elle est exemplaire cette relation par le dynamisme des relations économiques qu entretiennent le Québec et la France, qui reposent sur les échanges commerciaux bien sûr mais plus encore sur les investissements et précisément sur les implantations et les partenariats d entreprises. Je veux rappeler ici que la France est le deuxième investisseur étranger au Québec ; que les trois quarts des filiales françaises implantées au Canada sont recensées au Québec. Près de quatre cents entreprises françaises génèrent trente mille emplois au Québec et cent cinquante entreprises québécoises en France créent dix mille emplois. C est donc au-delà de l amitié, au-delà de la proximité culturelle une vraie relation économique que nous avons su construire. Beaucoup plus qu un simple marché, nos entreprises voient dans le Québec une source de partenariats, partenariats industriels pour tirer partie de nombreux pôles d excellence dans le domaine de l aéronautique, dans le domaine des équipements de transport ; mais aussi de partenariats commerciaux pour prospecter le reste de l Amérique du Nord à partir de la base québécoise. Relations exemplaires également par la vivacité et le foisonnement de cette langue française et de cette culture que nous avons en partage. Un exemple parmi beaucoup d autres : dans le domaine de la littérature le Québec est le premier marché d exportation hors Union des livres français. Relations exemplaires également parce qu à chacune de nos rencontres nous cherchons et nous parvenons à établir des partenariats d avant-garde. C est le cas et c est, j allais dire, le bébé de Jean CHAREST sur la question de la mobilité de la main d œuvre. Nous sommes en train de créer année après année un espace de mobilité transatlantique pour permettre aux Français et aux Québécois de travailler dans les conditions les plus faciles sur le territoire de l autre. Notre entente sur la reconnaissance mutuelle des qualifications professionnelles ouvre désormais près de soixante-dix professions : les avocats, les architectes, les boulangers, pour 2

ne prendre que quelques exemples, donc cinquante ont déjà été mis en œuvre et de nouveaux accords entre ordres professionnels doivent d ailleurs être signés demain. C est le cas également pour la négociation en vue d un nouvel accord entre l Union européenne et le Canada. La France et le Québec ont été à l initiative de cette discussion et partagent aujourd hui exactement les mêmes points de vue. C est le cas enfin sur les grands enjeux globaux d aujourd hui : le climat, l environnement, la diversité culturelle sur lesquels nous savons pouvoir nous appuyer sur le Québec en Amérique du Nord, parce que le Québec partage avec nous la volonté de défendre un agenda international ambitieux. Et enfin c est le cas et j en terminerai par-là, sur le grand projet, projet qui mobilisera toute une génération, qu a lancé au printemps le gouvernement québécois, c'est-à-dire le plan Nord. Je suis heureux d annoncer que nous avons aujourd hui avec Jean CHAREST, signé une déclaration conjointe qui établit un nouveau partenariat franco-québécois spécialement dédié au plan Nord. Et cette déclaration conjointe va constituer la feuille de route qui permettra de mettre en œuvre notre coopération dans les mois qui viennent. Nous avons souhaité en particulier affirmer notre volonté d œuvrer ensemble au développement durable des territoires du Grand Nord Québécois. Grâce à cette déclaration commune des groupes de travail entre acteurs publics, entreprises et centres de recherche vont se réunir dans les mois qui viennent, avec comme objectif de proposer des actions concrètes dans un certain nombre de domaines prioritaires. Je veux citer la promotion des énergies renouvelables, la gestion durable des mines et des forêts ou encore le développement du numérique dans les territoires du Nord. Je veux dire que la France a tout de suite cru au plan Nord. Jean m avait invité à me rendre le mois dernier au Nord du Québec, malheureusement la crise financière, l agenda chargé sur le plan intérieur ne m a pas permis de me rendre à cette invitation ; ce que j ai beaucoup regretté. Mais Eric BESSON s est rendu dans le Nord du Québec avec une quinzaine de sociétés françaises et je veux dire que cette visite a été un véritable succès parce qu elle a permis de confirmer l intérêt des entreprises françaises pour les opportunités du plan Nord et de jeter de nouveaux ponts avec les entreprises québécoises. Il s agissait aussi me semble-til, de la première visite sur place d un ministre étranger depuis le lancement du plan et je suis vraiment heureux que celui-ci ait été un Français. C est bien le signe de la haute importance que nous accordons au plan Nord. Vous voyez qu une nouvelle fois, cette rencontre franco-québécoise a été extrêmement riche et confirme l excellence de nos relations. 3

QUESTIONS REPONSES Messieurs les Premiers ministres, Monsieur BESSON a parlé de coopération globale pour le plan Nord et vous mettez en place trois groupes de travail. Quels sont les rôles des gouvernements dans la mise en place de ces groupes. Ce n est pas les entreprises qui doivent développer le plan Nord, le Grand Nord? Oh! Je n ai rien à ajouter à ce que vient de dire Jean CHAREST. Les groupes de travail seront des groupes qui réuniront, je l ai dit, des acteurs publics, les entreprises et les organismes de recherche. Et je crois que c est cette synergie qui permettra de déterminer les champs de coopération en respectant un certain nombre de règles sur des territoires qui sont des territoires sensibles. Il y a une dimension développement durable, il y a une dimension protection de l environnement qui me semble très importante. Monsieur le Premier ministre, il y a trois ans, l État empruntait beaucoup beaucoup d argent pour renflouer les banques. Aujourd'hui, DEXIA étant touchée de plein fouet par la crise, Laurent FABIUS disait tout à l'heure que vous aviez trompé les Français. Qu est-ce que vous pourriez lui répondre aujourd'hui? Je pense que Monsieur FABIUS, avec l expérience qui est la sienne, devrait tourner plusieurs fois sa langue dans sa bouche avant d utiliser des expressions qui ne sont pas exactes et qui peuvent mettre en cause des intérêts français importants. D abord, je voudrais rappeler que si nous avons recapitalisé ou nous avons aidé un certain nombre d établissements bancaires en 2008 ce qui d ailleurs a permis d éviter la crise systémique qui menaçait, cela s est fait dans l intérêt du contribuable puisque les banques nous ont, dans leur grande majorité, remboursé ces avances avec les intérêts. S agissant de DEXIA, lors de la crise de 2008, nous avons recapitalisé avec l État belge puisque je rappelle que c est un établissement franco-belge cette banque un peu particulière qui est spécialisée dans le financement des collectivités locales en France, qui est une banque de dépôt en Belgique. Et nous l avons fait pour préserver les intérêts de ses clients. Et la nouvelle direction de DEXIA, qui a été mise en place à l époque avec Jean-Luc DEHAENE et Pierre MARIANI, a engagé un travail d assainissement qui a été conduit et qui a permis notamment de réduire les risques, en particulier en se défaisant d une filiale américaine qui était très exposée lors de la crise de 2008. Malheureusement, la crise financière que nous connaissons aujourd'hui est venue télescoper le calendrier d assainissement de la banque DEXIA qui rencontre de nouveau des difficultés de financement. Nous avons donc décidé, avec le gouvernement belge, de mettre en place une nouvelle garantie. Je veux indiquer que ce sera une garantie qui portera sur le financement et qui sera rémunérée. Et donc personne ne peut dire aujourd'hui à l avance que cette garantie coûtera aux contribuables français même si, naturellement, dans chaque opération de garantie, il y a un risque. Cette garantie va permettre d assurer la viabilité de DEXIA pour lui permettre de poursuivre le programme de cessions d actifs qui a été engagé en 2008 et qui n est pas achevé. 4

Alors s agissant de la partie de la banque qui est consacrée au financement des collectivités locales, il est très important, pour le gouvernement français et pour toutes les collectivités locales de notre pays, que l on sécurise bien ces financements. C est la raison pour laquelle nous travaillons en ce moment à la mise en place d un établissement financier public qui s appuiera sur LA BANQUE POSTALE et sur la CAISSE DES DÉPÔTS ET CONSIGNATIONS et dont le rôle sera de financer les collectivités locales. Vous l avez souligné, en fait, ce sont aujourd'hui même les cinquante ans de l ouverture de la Délégation général du Québec à Paris. Il y a cinquante ans, Jean LESAGE était arrivé avec la moitié de son Conseil des ministres ici, avait été reçu à l Élysée, ce qui ne sera pas le cas cette fois-ci dans le faste et tout ça. Avez-vous le sentiment que cette relation a toujours le même éclat aujourd'hui? Hier, dans un colloque, des artisans, d importants artisans de la relation France-Québec semblaient s inquiéter du fait qu il n y avait plus tout à fait la même passion, plus tout à fait le même éclat dans cette relation et qu il y avait même des signes inquiétants : progression de l anglais au Québec, la France qui ne défend pas toujours le français à l UNESCO par exemple, la semaine dernière, les experts français parlaient en anglais, semble-t-il, à l UNESCO, le fait que les jeunes Québécois ne lisent plus de livres français, ne voient plus de films français. Est-ce qu il n y a pas des choses qui vous inquiètent dans cette relation ou si tout est radieux? Oh! Il y a toujours des sujets de préoccupation. Ce que vous avez indiqué tout à l'heure sur la défense du français dans les organismes internationaux, c est un combat que le gouvernement conduit et, naturellement, ce combat, il doit toujours être renouvelé. Mais je ne partage pas votre pessimisme. Je suis frappé de voir le succès des artistes québécois en France et en particulier des humoristes québécois qui font un tabac en France, des chanteurs québécois qui font également un grand succès dans notre pays. J ai indiqué tout à l'heure que le Québec était, hors Union européenne, le premier acheteur de livres français. Quant au faste, à ma connaissance, enfin depuis cinq ans ou quatre ans et demi que je suis en charge du Gouvernement français, c est la première fois que je vais offrir un grand dîner de gala au Palais du ministère des Affaires étrangères. Je ne l ai jamais fait pour personne avant Jean CHAREST et la Délégation québécoise. Quant au Président de la République, il a reçu, je crois, huit fois Jean CHAREST depuis qu il est en charge du gouvernement québécois. Il se trouve que l emploi du temps du président de la République est assez chargé avec une visite au Caucase et avec une crise financière qui le mobilise complètement puisque nous allons, en particulier en fin de semaine, avec le gouvernement allemand, travailler à la solution de cette crise financière. Donc, vraiment, je crois que les relations franco-québécoises, elles ont atteint une maturité au bout de cinquante ans qui est naturelle. Elles ne sont plus caractérisées par les éclats du passé mais elles sont caractérisées par une grande solidité, par une grande amitié. Et je me faisais la réflexion tout à l'heure, lorsque nous nous sommes vus avec Jean. Nous avons beaucoup échangé sur les sujets que je viens d évoquer -le Plan Nord, l économie - mais on a beaucoup échangé aussi sur la politique française et sur la politique québécoise tellement, au fond, nous sommes liés à travers notre histoire commune. 5

Vous nous dites que vous avez discuté de politique française. Ça tombe très bien puisque j aurais une question de politique intérieure à sept mois de l élection présidentielle. Il y a, dimanche, une étape importante de cette campagne avec la primaire, le premier tour de la primaire socialiste. J aurais voulu savoir, Monsieur le Premier ministre, ce que vous pensiez de cette démarche. Est-ce que vous l avez suivie? Est-ce que vous pensez que c est une démarche intéressante? Est-ce que la droite a vocation à, elle aussi, organiser des primaires à l avenir? Alors pas pour 2012 parce que vous me dites que vous avez un candidat naturel mais pour la suite. Différentes échéances électorales : 2014, 2017. Merci. Bon, évidemment que j ai suivi les primaires parce que c est un événement politique majeur qui concerne l avenir de notre pays et j attendrai la fin du déroulement de ce processus pour porter un jugement sur la façon dont il a fonctionné et sur les projets des candidats. Je pense que c est un processus moderne qui convient à droite comme à gauche pour toutes les grandes élections. Et d ailleurs, je voudrais vous faire remarquer que c est un processus que nous avons adopté nous-même dans les statuts de l UMP pour la désignation de nos candidats aux futures grandes élections, à condition, naturellement, de ne pas avoir, comme c est le cas aujourd'hui, le Président de la République sortant. Il n y a pas de primaires aux États-Unis pour le Président des États-Unis lorsqu il est sortant. Il n y a pas de primaires en France pour le Président de la République lorsqu il se représente. Mais pour toutes les autres élections, il est naturel qu il y ait un processus démocratique de choix des candidats. Et ce ne sera pas une nouveauté puisqu à plusieurs reprises, on a déjà employé ce processus et notamment lors des dernières élections municipales à Paris où il y a eu des primaires pour désigner notre candidat. Même en version élargie? Ouverte? Alors on peut toujours discuter de la version élargie. On va voir comment ça fonctionne, combien il y a de candidats. Enfin tout ça mérite d être ajusté mais c est un processus auquel, pour ma part, j adhère et qui, encore une fois, est dans nos statuts, dans les statuts de l UMP. Voilà, ça nous a éloignés un tout petit peu du Grand Nord. 6