LA LECTURE A VOIX HAUTE COMME ACTIVITE METALANGAGIERE



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Transcription:

LA LECTURE A VOIX HAUTE COMME ACTIVITE METALANGAGIERE INTRODUCTION ET OBJECTIFS GENERAUX La lecture à voix haute n est pas la simple oralisation ou le déchiffrage d un texte, mais plutôt une «lecture de la lecture», une mise à distance des significations construites par le lecteur. Il s agit d une activité de communication orale nécessitant un travail d exploitation de la lecture et de production sur le texte où le lecteur élabore et transmet un message sur la lecture effectuée. La lecture à voix haute est une activité développant la maîtrise de l expression orale, en y associant le plaisir de lire, le plaisir d entendre lire et de découvrir un texte lu. Car il s agit bien d une lecture à d autres dont l enjeu essentiel est de : communiquer une forme ou un contenu textuels intelligibles à des auditeurs qui ne disposent pas du texte sous les yeux. Le plus important est sans doute le changement de posture du lecteur : en lisant un texte à haute voix, il va peu à peu réaliser qu il doit s impliquer autrement : - la transmission besogneuse et monocorde du texte (posture d extériorité) a peu de chance de séduire ; - des effets de voix exagérés (posture d identification psycho-affective) nuisent à l intelligibilité du texte ; - il faut donc que la voix serve le texte (posture d implication distanciée). Comme une image, la lecture à voix haute illustre le texte, c est-à-dire le met en lumière pour lui donner une plus grande intelligibilité. Comme l illustration, la lecture à voix haute est d abord le produit d une lecture silencieuse, donc d une interprétation que la voix va concrétiser (le parti pris sonore d une lecture à voix haute doit rester pluriel). L activité consiste donc à montrer aux élèves que les problèmes que le texte pose peuvent être traités de trois façons : - la redondance : la voix se contente d oraliser le texte sans chercher à résoudre les difficultés de compréhension, - la complémentarité : la diction apporte des informations supplémentaires qui orientent la signification donnée au texte, - les écarts : la lecture orale opte pour une interprétation explicite du texte. Ce qui suppose, de la part du lecteur : la prise en compte de la situation de communication et de ses paramètres ; J-L Dinant CPAIEN Marvejols 1

l intelligence du texte lu (celui-ci doit être parfaitement compris au préalable par le lecteur : bonne construction des inférences et valorisation des passages importants du texte) ; l emploi d une forme appropriée d expression vocale (de manière à en assurer la compréhension). Il s agit donc bien, pour le lecteur, selon le cas : d informer du contenu d un texte (mais aussi de la manière dont ce texte a été reçu par lui-même : la lecture à haute voix sera différente si le texte a été apprécié ou non par le lecteur) ; de procurer des réactions d enthousiasme ou de refus ; de susciter des émotions, du plaisir ; de convaincre ; d instruire. Au plan méthodologique, il est bien question d une activité métalangagière. Ainsi, sera engagée avec les élèves une réflexion sur le fonctionnement de la lecture à voix haute, comme moyen essentiel de développement des capacités langagières s y rapportant. La lecture à haute voix est donc considérée à la fois : comme situation de communication, et comme objet d apprentissage. La maîtrise de la langue orale se construisant de la même manière que les autres savoirs, c est-à-dire en : résolvant des problèmes, modifiant ses représentations, mettant à distance les objets langagiers, les élèves seront amenés à analyser : des énoncés entendus, produits par des experts : professionnel de la lecture, mais aussi l enseignant : entendre son maître lire, c est entendre son maître autrement, l entendre comme lecteur - qui lit, qui aime lire et non comme professionnel de l apprentissage de la lecture (donner à écouter un texte, c est donner à l enfant un accès différent au texte, aux composantes du texte que la lecture silencieuse ne permet pas toujours d appréhender : musicalité, rythme, influence de la ponctuation) ; et les énoncés qu ils produisent eux-mêmes. J-L Dinant CPAIEN Marvejols 2

LES DIFFERENTS PARAMETRES A PRENDRE EN COMPTE LORS DE L APPRENTISSAGE DE LA LECTURE A VOIX HAUTE 1. La situation de communication et la nécessité de prendre en compte l auditoire : capter son attention, l intéresser, le charmer Une certaine forme de mise en scène sera alors nécessaire ; le lecteur devra adapter sa performance en fonction de la situation : présence ou absence (lors d enregistrements pour d autres classes) d auditoire, c est-à-dire : adapter : - le volume et le timbre de sa voix selon le cadre de production, - le texte en fonction de l auditoire ; anticiper les effets produits. 2. Le sens et la structure du texte Le lecteur doit faire en sorte que l auditoire comprenne le texte, c est-à-dire identifie : la trame de l histoire, et les différents plans de séquences narratives. Il s agit donc de développer chez le lecteur des capacités de repérage et d analyse d organisation du texte (en tant que structure discursive : dialogues, narration, mais également syntaxique : construction des phrases ), ceci de manière à ce qu il sache prévoir une mise en voix qui soit cohérente avec la structure du texte. Le lecteur devra donc être capable de mettre en relief : les différents types de discours et les implications de premier plan par rapport aux épisodes narratifs d arrière plan. 3. La mise en voix du texte Etant entendu que les compétences de base de déchiffrage doivent être maîtrisées, le lecteur a pour tâche d assurer une bonne réception phonique du texte par : une articulation claire, un volume suffisant de la voix, le maintien du souffle jusqu à la fin de l énoncé, la maîtrise du débit, le respect de la ponctuation par des accents et des pauses appropriées. L intonation expressive (et ses variations volontaires) ainsi que l aménagement de pauses et de silences seront donc des habiletés nécessaires à développer chez le lecteur pour une bonne mise en valeur du texte. J-L Dinant CPAIEN Marvejols 3

EXEMPLE DE SEQUENCE DIDACTIQUE : Evaluation formative EVALUATION SOMMATIVE Mise en situation (définition du projet) Production initiale (situation fonctionnelle) Atelier 1 Atelier 2.. Production finale (situation fonctionnelle) situations d apprentissage de compétences PROJET DE CLASSE (et inter-classes) Mise en situation : - présentation du projet de lecture à haute voix pour d autres classes, ou à destination d un public plus large (parents, lecture publique pour un quartier, un village) ; - discussion sur la manière de lire à partir de l écoute d un texte lu par un expert (enregistrement). Production initiale : - Lire un fragment de texte face à la classe et enregistrer la lecture ; - dégager les aspects positifs et les problèmes rencontrés (= mise en évidence, avec les élèves, des compétences à maîtriser pour une bonne lecture à voix haute et des critères qui serviront à les évaluer). Atelier 1 : Travailler sur la trame générale du texte (parties narratives et parties dialoguées). Atelier 2 : Marquage oral des différentes parties du texte (quelle stratégie orale adopter pour marquer la distinction entre ces parties?). Atelier 3 : Mise en évidence des différents plans du texte. J-L Dinant CPAIEN Marvejols 4

Atelier 4 : Techniques vocales (rythme, respiration, pauses, débit, articulation, tenue de la voix, orientation du regard ), à partir : - d enregistrements de textes dont la lecture pose problème, - d enregistrements de lecteurs experts, - d enregistrements télévisuels. Atelier 5 : Intonation expressive des dialogues à partir de l enregistrement d un texte lu par un expert et d exercices d entraînement à la traduction d émotions. Production finale : - lire un texte aux classes des plus petits ; - l enregistrer pour d autres classes. Evaluation : - une évaluation formative basée sur les écarts constatés entre la production initiale et les productions intermédiaires (lors des ateliers) ; - une évaluation sommative basée sur les écarts constatés entre la production initiale et la production finale, selon les critères suivants : 4 la fluidité de la lecture, 4l articulation des mots (notamment de leurs finales), 4 le marquage des fins de phrase, 4 les pauses, 4 la variation du débit (selon les parties du texte), 4 l intonation expressive dans les dialogues, 4 la hauteur et l intensité de la voix, marquant l organisation sémantique du texte, 4 l orientation du regard. REINVESTISSEMENT DANS DIFFERENTS DOMAINES DE LECTURE Lecture d exposés. Lecture de poèmes. Lecture d un passage de roman. Lecture d un conte. MATERIEL NECESSAIRE - Magnétophone + micro. - CD accompagnés de livrets sur lesquels les histoires sont transcrites. EXEMPLE D OUVRAGE OU TROUVER DE NOMBREUSES SITUATIONS PEDAGOGIQUES «La lecture à haute voix, du CP au CM2», Bordas J-L Dinant CPAIEN Marvejols 5