Violence conjugale: vaste tableau d effets traumatiques Dr Nicolas PASTOUR C.H. Jean Martin Charcot Plaisir CPAV - Octobre 2010
1. Nécessité de faire le lien entre la violence conjugale et tout signe physique et/ou état de souffrance psychologique 2. Passer du symptôme à un tableau complexe
Tableau traumatique lié à la violence conjugale Lésions «évidentes» Effets «moins évidents»: plus fréquents Effets collatéraux Effets sur les enfants
Lésions «évidentes» Difficultés pour en parler, pour entendre Saint Denis 2007 ( 51 med 2 Sages F et 557 patientes) 77,5 % pas de difficultés à posées les questions 81% pas de difficultés à répondre 96 % intérêts 70 % besoins d informations Discours concordant ou non de la victime
Lésions «évidentes» Dénouements fatals: TS 5 fois plus fréquent, meurtre, HIV, pathologies en lien avec la violence (foie, rate) Dénouements non fatals: - les lésions traumatiques - les pathologies chroniques - le domaine psychologique - le plan gynéco-obstétrique
Les lésions traumatiques «évidentes» Multiples, d âge et de nature variés, souvent dissimulées Siège (tête, face,cou, extrémités) Souvent contusions, plaies,strangulation, fractures, brûlures etc Avec injures, menaces, les violences physiques précèdent souvent des rapports sexuels forcés Séquelles directes et indirectes (fatigue, douleur, limite fonctionnelle etc)
Les pathologies chroniques Aggravation par les violences de la pathologie (CV,pulmonaire,métabolique) Risque accru de violence si femme handicapée, enceinte Difficultés de la femme pour consulter, suivre le traitement
Le domaine psychologique «évident» Isolée,longtemps méconnue! Souvent préalable à la violence physique Propos humiliants, dénigrants, méprisants, menaces, chantages Dépression: 50% cas Abus de substances psycho-actives (médicaments, drogues,alcool,etc) Troubles du sommeil Troubles cognitifs (attention, mémoire, concentration etc)
Le domaine psychologique «évident» Troubles émotionnels normaux dans à une situation permanente de terreur Stress, colère, «marcher sur des œufs» anxiété,panique, phobies Sentiment d impuissance, d auto-dévalorisation Confusion Surtout un isolement social+++
Le domaine gynécologique Par violence physique ou sexuelle Lésions traumatiques périnéales ou mammaires Infections génitales/urinaires à répétition, MST, HIV, chlamydia, papillomavirus Douleurs pelviennes chroniques («lombaires!») Troubles de la sexualité: dyspareunie, vaginisme Troubles des règles: dysménorrhés etc Conduite sexuelle modifiée (svt ATCD d abus sexuel)
Le domaine obstétrical Grossesse= période à risque de violence 1-20% pendant, 4% après la grossesse 40% femmes battues déclarent avoir eu des violences pendant la grossesse 3 fois plus de risque si grossesse non désirée Souvent dépression, TS, alcool etc
Le domaine obstétrical Complications générales:1/4 décès maternelle par violence liée au père biologique Complications obstétricales (retard de consultation, avortements, fausses couches++, DPP, hémorragies etc) Impacts des ATCD de violence, surtout sexuelle: nouvelle recherche Complications fœtales (IVG, mort fœtale, RCIU, SFA, SAF, etc)
Effets moins évidents Tenir compte de son propre «feeling,intuition» Tenir compte du contexte Oser en parler, c est agir!
Effets moins évidents Signes psycho-somatiques Le syndrome de Stockholm Etat de stress post-traumatique, lié surtout aux abus sexuels Etats de dissociation
Signes psycho-somatiques Troubles digestifs Troubles C.V.: palpitations, tachycardie Dorsalgies, lombalgies chroniques «cycliques» Céphalées, asthénie Oppression, difficultés à respirer Insécurité, attitude fuyante, honte++,etc
Syndrome de Stockholm 1978: réaction paradoxale des otages Idem lors des violences conjugales Empathie paradoxale et contagion émotionnelle (mécanisme de survie++) Les facteurs intriqués: - état de terreur avec remaniement psychique de survie chez la victime, lien très fort - «faveur, gentillesse» accordée par l abuseur - impression de ne pas pouvoir s échapper - dissonance cognitive Nouvelles perspectives de prise en charge
Etat de stress post-traumatique ESPT(PTSD) avant «névrose traumatique» = réaction d anxiété après le traumatisme Traumatisme soudain, brutal d un événement vu/vécu Etat de stress de survie (avant réactions émotionnelles) Réactions neuro-endocriniennes d alarme, de défense avec Mémorisation Stress dépassé, inadaptatif: - par stress trop intense/répété à courts intervalles ou prolongé - Avec sidération cognitive, émotionnelle et motrice
Effets du ESPT(PTSD) Effets cognitifs: surprise, irréalité, doute+++ Effets affectifs: frayeur+++, envahissement émotionnel, effondrement du moi, sentiment de manque de secours Effets neurovégétatifs: pâleur, sueurs,fc, spasmes,etc Effets volitionnels: sentiment d impuissance++, manque de confiance en soi Effets comportementaux: lent à agir, diff. Élocution, diff. contrôler ses gestes, réaction automatique
ESPT(PTSD) effets à long terme L. Najavits Problème d identité: honte, culpabilité, «étranger» Vision déformée de l abuseur: le voir tout puissant, accepter ses idées, cf S. Stochkolm Sens de la vie: désespoir, pas d avenir Relations: revictimisation, isolement, méfiance, répéter des relations problématiques Bien-être physique: sommeil, TCA, Alcool, VIH Maîtrise des émotions/comportements: TS, anxiété, colère explosive, affects modifiés Mémoire et perception+++: amnésie, ne pas être là, hors du corps, flash-backs Autres troubles émotionnels: dépression, panique, DID
ESPT 90% de la population générale vit au moins un événement traumatisant dans sa vie Femmes plus à risque que les hommes, car 9 fois plus de risques par violences sexuelles 7-10% de la population souffre de PTSD (Kessler 1995) ETAT DE STRESS POST-TRAUMATIQUES= réactions immédiates, différées, et troubles séquellaires
Agression sexuelle imposer à quelqu un des attitudes, paroles ou gestes à caractère sexuel contre sa volonté ou sans son consentement Recours de l agresseur à différents moyens(manipulation affective, matérielle, Intimidation, Chantage,Violence Pas forcément des lésions visibles Atteinte de l identité, de l autonomie,de la confiance en soi,de l estime de soi Compréhension lucide de l environnement diminué
Processus dissociatifs DID Mécanismes cérébraux automatiques de SURVIE pour gérer le traumatisme Rupture des fonctions de la conscience, mémoire, perception de l environnement Différents niveaux de dissociation: pensées, émotions, corps, volonté «Quelque chose de cassé dans le cœur» «Comme si j étais quelqu un d autre par moment» Par mémorisation des infos dans différentes parties du cerveau et action principale de l amygdale
Processus dissociatifs DID Différentes personnalités: «s adapte» selon le contexte Conscient ou non par la personne Importance de baisser le stress, l insécurité lors de la consultation!!!
Effets collatéraux Effets relationnels, professionnels
Effets collatéraux Relationnels: relations instables,isolement, peu d activités récréatives, etc Professionnels: fréquents arrêts de travail, changements de travail
Effets sur les enfants Souvent 1 ère «porte d entrée» dans le système familial
Effets sur les enfants Effets prouvés sur les enfants: rôles de survie (adaptatif, rebelle, effacé, clown) Etat d anxiété, signes divers Enfant trop mature: CAT : Evaluer la capacité de la mère à protéger malgré ses dires Oser signaler même si absences de coups directs: ne mentionner que les faits en rapports avec les enfants
Tableau d évaluation VPI USA cf feuille annexe Historique - Douleur chronique inexpliquée, y compris maux de tête, douleur abdominale, pelvienne, thoracique, - Etat de santé chronique tels que plaintes gastro-intestinales chroniques, syndrome de colon irritable, douleurs chroniques lombaires etc Symptômes psychologiques Lésions physiques et caractéristiques communes de VPI Indicateurs comportementaux Grossesse et naissance - Insomnie, sommeil perturbé - Dépression et idées suicidaires - Symptômes d anxiété et des signes de panique etc - Toutes blessures surtout face, tête, cou, larynx, poitrine, abdomen et les organes génitaux - Hygiène dentaire faible - Traumatisme de l articulation temporo-maxillaire ou dentaire - Brûlures etc - Retard pour chercher un traitement - Utilisation répétée des services d urgence ou de soins primaires - Attitudes évasive lors de l interrogatoire ou de l examen - Références à la colère etc - Fréquent non respect des consultations prénatales, peu ou pas de soins prénataux - Moindre prise de poids maternel etc
Conclusion La violence physique est plus souvent détectée car visible mais la violence psychologique chronique est sous estimée et sous-évaluée!