Groupe de travail Energie et Matières Premières. Présentation de Benjamin Frémaux, Directeur de la Stratégie et des Fusions-Acquisitions d Areva, accompagné de Raphaël Berger, Vice President Economic Studies, et de Mlle Esther de Moustier, stagiaire ENA le mercredi 18 mai 2011 Etaient présents : Edouard Alby Natanaël Bloch Martin Bohmert Chantal Goulon-Willet Pierre- Antoine Grislain Dominique de Guerre Sébastien Jolie Raphaël Lipp Philippe Muller-Feuga Dominique Paret Loïc de Poix Isabelle de Polo Roland Portella Jean Staune Christian Stoffaës Pierre Talbi Jacques-André Troesch Le département Stratégie et Fusions/Acquisitions chez Areva est une petite équipe, au service du Directoire. Le but de la présentation sera de présenter le rôle du nucléaire dans le thème du groupe du travail. Le nucléaire en France représente 76% de l électricité et 41% de l énergie consommée en France. Le rôle du nucléaire n a pas toujours été le même mais il est désormais un atout majeur de la France. La part du nucléaire est devenue de plus en plus importante jusqu à totaliser 76% de la production d électricité française qui s élève à 440 TWH. Le programme français a démarré en 1974 et s est poursuivi de façon intense jusque dans les années 2000. Actuellement seulement un réacteur est en construction (Flamanville) et un en projet (Penly). Dans une perspective plus globale, il faut bien se rendre compte que la majorité de l électricité est produite dans le monde à partir de matières fossiles : 41% à partir de Charbon, 21% à partir de gaz, 18% d hydraulique, 13% de nucléaire et 5% de pétrole. L électricité est donc majoritairement produite de façon non-renouvelable. L exposé de M. Frémaux se déroule selon les 3 piliers d une politique énergétique et économique. La compétitivité de la production, la lutte contre le réchauffement climatique et l indépendance énergétique. Le nucléaire a de nombreux avantages dans ces 3 piliers. 1) Compétitivité production a. Tout d abord le coût complet du nucléaire est beaucoup plus bas que pour les centrales à gaz ou à charbon. Les estimations des coûts se situent autour de 40 pour le gouvernement et sera plus proche de 50 /MWH pour les centrales de génération III. b. Un autre avantage fort de l énergie nucléaire est que le cout du MWh est très peu dépendant de la volatilité des prix des matières fossiles (cf. Slide 9). Ainsi les coûts d exploitation sont moins volatile mais le coût complet aussi, vu que l uranium n en représente que 8%..
c. Une autre comparaison peut être faite, c est la mise en relation du prix du baril de pétrole avec l évolution du prix de l électricité en France. Cependant il faut bien garder à l esprit que les prix sont régulés par le gouvernement et qu il existe une médiation politique. d. Enfin, le coût complet du nucléaire reste en dessous, même de celui des énergies renouvelables. 2) Lutte contre réchauffement climatique a. Les émissions de CO2liées au nucléaire se limitent à 15g/kWh, soit beaucoup moins que pour les autres sources d énergie, notamment fossiles. 3) Indépendance énergétique. a. La sécurité de l approvisionnement est assurée à travers la diversification des sources et des pays d approvisionnement. De plus, la France maitrise l ensemble des technologies sur la chaine de valeur du nucléaire («from craddle to crave»). Ces propos sont corrélés par les indicateurs de dépendance énergétique»simplified Supply & Demand Index (SSID). b. La question des réserves mondiales pour faire face à la demande doit être posée. Actuellement, les réserves actuelles sont de 100 ans, avec le niveau de production de 2009. Si l on rajoute les réserves supposées nous arrivons à 170 ans au niveau de production de 2009. Cependant ces chiffres doivent être complétés avec les estimations dues aux centrales de génération IV. Cela augmentera les réserves au-delà de 5000 ans. Au-delà de la simple question de l abondance des ressources, il y a la question du positionnement des ressources dans le monde. L avantage d Areva est d avoir diversifié son risque afin de faire face à de nombreux imprévus. c. A nouveau sur la maitrise technologique, Areva offre l ensemble des ressources pour chaque étape du cycle. De plus Areva a su implanter ses sites sur l ensemble du territoire français participant ainsi au développement économique du pays.. d. Dernier point important pour mesurer le rôle de la France et d Areva est de regarder. La capacité industrielle. Sur le slide présenté, il est clair qu Areva a les capacités industrielles de faire face à la demande française en termes de combustible et de recyclage. De plus, les capacités de recyclages renforcent l indépendance de la France. Séance de questions-réponses. Q1. Avons-nous fait une erreur stratégique en choisissant la technologie actuelle pour faire de l électricité d origine nucléaire? A l instar du choix de la technologie des dirigeables jusqu à l explosion complète de la technologie, ne sommes nous pas en train de refaire la même erreur? R1 : Areva, possède un très beau dirigeable à 5 milliards d Euros. De plus, l EPR a été conçu en poussant les conditions de sécurité à l extrême, notamment en prévoyant une attaque extérieure et la fonte du cœur (corium).
Q2 : Le peu de visibilité sur la filière nucléaire est souvent traité dans la presse. Qu en pensez-vous? Que pensez-vous de la position d EDF dans le nucléaire? Enfin, selon votre titre vous vous occupez de la fonction de M&A, quelle est l activité d Areva dans ce domaine? R2: D abord à propos des M&A, chaque grand groupe possède une telle fonction ne serait ce que pour traiter les affaires de cession (AREVA T&D par exemple) ou bien de rachat (Multibrid, acteur de l éolien offshore). Ces départements est une nécessité pour un groupe comme Areva Sur la filière, c est une excellente question. La filière industrielle nucléaire n est pas assez structurée, mais cette question est en cours de résolution afin s assurer une plus grande lisibilité. Q3 : A propos de votre position sur les énergies renouvelables, quelle est la stratégie d Areva au regard des acquisitions? R3 : Areva a eu une politique d acquisition importante (Multibrid pour les activités d éoliens offshore et Ausra (?) pour le solaire à concentration). Désormais, Areva effectue la montée en puissance de ces activités et est dans une politique d exécution. Q4 : A propos de la filière nucléaire, vous parlez d un faible cout d exploitation mais ne faut il pas le mettre en perspective avec les couts d investissements? Pourriez-vous nous donner un ordre de grandeur de l investissement pour une centrale nucléaire et la durée de vie? R4 : Tout d abord le nucléaire en est déjà à la 3 ème génération de centrales (Flamanville, les 2 EPR à Taishan en Chine et le premier exemplaire en Finlande). Cette génération existe et se construit, les couts d investissement ayant bien évidemment été intégrés aux calculs d investissements. Quant au investissement nécessaires, il faut compter 5 milliards d euros pour une centrale nucléaire et environ 800 k / MW pour une usine ç charbon. De plus, les comparaisons que nous faisons sur les slides sont faites à cout complet et donc en intégrant les investissements. Q5 : L indépendance énergétique est relative. Nous donnons l impression d être indépendants pour produire notre électricité mais l indépendance se réfère à la capacité à produire de façon isolée. Combien d années de consommation d uranium avons-nous en stock? R5 : Tout d abord nous assurons notre approvisionnement en uranium à travers une diversité de sources d approvisionnement. Notre présence dans différents endroits du monde réduit notre risque pays et il serait tout à fait improbable de subir simultanément une rupture d approvisionnement en provenance de toutes ces sources. Q6 : Dans le cadre de l appel d offre français pour l éolien offshore, allez vous installer une usine en France? R6 : La réponse à cette question dépend de plusieurs choses, notamment des capacités des ports français à accueillir de telles structures mais aussi du cahier des charges définitif qui devrait être publié à la fin du mois de mai. Dans ce cahier des charges seront notamment définies les modalités de sélection des candidats.
Q7 : L accident ukrainien a eu plusieurs sources notamment une source logicielle. Votre technologie permet- elle de surmonter les aléas vus à Tchernobyl, comme les contrôles d erreurs? R7 : Ce que je peux vous assurer, c est que notre technologie est fiable. Elle est d origine allemande et nous maitrisons bien évidemment l ensemble de notre contrôle et commande dans une centrale. Le directeur de Control&Command serait plus à même de vous répondre! Q8 : A propos de votre activité minière, est ce qu Areva est obligée de conserver ses mines? Ou bien doit elle les vendre pour se refinancer? R8 : Areva est une entreprise, qui est là pour créer de la valeur et des richesses. Concernant l implantation en aval et l éventuelle arrivée d autres acteurs comme EDF, nous pensons qu il est réaliste d avoir Areva seul, qui créer de la valeur sur tout le cycle du nucléaire, sans l aide d un autre acteur européen. A la question faut il vendre les Mines ou pas, il faut bien comprendre que la ressource est cruciale? La discussion de la séparation des mines a été abordée au moment des questionnements sur l approvisionnement en terres rares etc. Mais la question ne s est jamais posée pour l uranium. Quant à l argument de la vente pour refinancer Areva, je peux vous affirmer que la situation financière d Areva, n exige pas du tout une vente d une partie aussi importante de notre business model. Q9 : Le problème du nucléaire serait il son manque de souplesse? A l image des projets retardés et des dépassements de budget, pouvons-nous dire que l énergie nucléaire est difficile à mettre en œuvre? R9 : Les investissements importants ont été faits, nous sommes désormais dans la fin de la phase d amortissement et nous utilisons notre parc au maximum. Nous ne sommes plus dans une phase de progression, comme à l époque où nous construisions 20 centrales en même temps. A propos des retards en Finlande, nous essuyons les plâtres d une tête de série. Le savoir faire avait disparu car nous n avions plus construit depuis 2000 et nous sommes en train de réapprendre le métier. Il n y a pas de problème rédhibitoire, simplement du savoir faire à récupérer. En ce concerne Flamanville, l assemblier est EDF. Pour toute la partie concernée par Areva, je peux vous assurer que nous sommes à l heure sur notre domaine. Enfin sur les EPR chinois, nous envisageons de terminer la construction en 46 mois à comparer aux 86 attendus pour la Finlande et nous espérons même terminer la construction des réacteurs de Taishan avant la fin de Flamanville alors que les travaux ont démarré plus tard. Q10 : De nouveau à propos de la comparaison avec la technologie du dirigeable, nous continuons à sécuriser notre technologie actuelle mais des centaines de centrales vont être construites. Que se passera t il en cas d incident vraiment catastrophique comme à Fukushima mais à plus grande échelle? Êtes-vous en train d investir dans des nouvelles technologies de nucléaires? {Un débat s est installé sur la définition de la sécurité passive et active} R10 : Pour Areva, il y a un certain nombre de mesures pas si couteuses qui permettraient d éviter les accidents comme celui de Fukushima. Ces mesures vont aussi servir le business d Areva. Par exemple à propos des explosions d hydrogène qui ont eu lieu à Fukushima, Areva propose d ores et déjà une
solution. Demain ce seront l ensemble des autorités de sureté qui exigeront cela des exploitants et constructeurs. On est ici très loin des milliards d Euros dont nous parlons pour l investissement initial. Q11 : A propose de la filialisation des mines, devons nous lire ici la volonté politique de céder cette activité à un autre groupe français par exemple pour sécuriser l approvisionnement en uranium? R11 : Cette filialisation permet d ouvrir l ensemble des options stratégiques pour le groupe. Il n y a pas plus d informations à communiquer à l heure actuelle. Q12 : Areva en Afrique? Les mêmes procédures et exigences sont ils en place? R12 : Il est crucial de préciser que les mêmes procédures sont strictement appliquées dans nos mines en Afrique ou au Canada par exemple. Le process n est d ailleurs pas irradiant, en Afrique ou ailleurs. L irradiation vient à la suite de l enrichissement. De plus, Anne Lauvergeon en a fait une priorité, mais la Responsabilité Sociale de l Entreprise est au cœur de nos activités. Q13 : A propos de la relance du nucléaire, quelle sera l influence de Fukushima sur cette «renaissance» Quel impact de l audit en France et en Europe? Enfin, si Fukushima était arrivé avant l appel d offre à Abu Dhabi, Areva aurait elle gagné? R13 : D abord il faut rappeler que la renaissance du nucléaire était conduite par des critères économiques, qui n ont pas changés après Fukushima. La demande en énergie, la démographie et un certain nombre d indicateurs, restent les mêmes. Le seul impact potentiel de Fukushima sera un effet retard sur le développement de certains programmes. Mais l exemple du Royaume-Uni annonçant que les conditions après Fukushima sont encore meilleures, prédit de beaux jours pour le développement du nucléaire. (cf. http://www.lefigaro.fr/flash-eco/2011/05/18/97002-20110518filwww00467-gbbonnes-conditions-pour-le-nucleaire.php) L autre impact de Fukushima est que cela disqualifie désormais les réacteurs de 2 ème génération, c'est-àdire ceux qui reposent sur les technologies de réacteurs à eau bouillante. Les avantages de l EPR sont donc multiples et désormais essentiels. Cet incident rappelle aussi que l industrie nucléaire nécessite une maitrise totale de ses produits et que le nucléaire «low-cost» ne peut pas exister. A propos de l appel d offre dans la péninsule arabique, la liberté commerciale d Areva est limitée par les enjeux géo-stratégiques de son métier. Le rapport Roussely a bien précisé les deux types de pays clients d Areva : les pays matures (où Areva peut directement négocier avec l électricien) et les pays moins matures où Areva doit négocier avec le gouvernement. L Etat Français ne peut pas vendre sans Areva et la réciproque est vraie aussi. Cependant les intérêts d Areva sont alignés avec ceux de l Etat, mais Areva a achevé un long travail d éducation pour expliquer qu il est impossible de vendre les réacteurs nucléaires à n importe qui. Remerciements et fin d audition.