Le développement à long terme de l athlète Afin de rehausser les performances de ses athlètes et de maximiser son rayonnement sur la scène internationale, chaque pays tente de développer une structure sportive qui correspond à son contexte particulier. Le développement des jeunes athlètes et leur progression vers l atteinte des plus hauts sommets représentent des enjeux importants dans cette recherche d excellence. Plusieurs études et réflexions ont été faites sur la réalité des jeunes sportifs au Canada, et différents constats ont été établis. Les éléments clés ressortis lors de ces réflexions sont que les programmes de compétitions canadiens ne sont pas adaptés aux athlètes en développement. Les épreuves et les championnats des jeunes sont calqués sur ceux des adultes, mais l enfant ne peut pas être considéré comme un adulte. C est ce qui fait que les athlètes débutants ne passent pas assez de temps à l entraînement et n ont pas le temps de développer adéquatement leurs habiletés techniques et leurs tactiques de base, car le volume consacré à la compétition est proportionnellement trop élevé par rapport au volume d entraînement. De plus, les compétitions sont trop orientées sur la victoire. Malheureusement, à cause de cela, de nombreux intervenants sont plus préoccupés par leur fiche de victoires et de défaites que par le développement de l athlète au sein de l activité sportive. La préparation des jeunes est alors axée sur le résultat à court terme et non sur le processus de développement à long terme. Il faut donc éviter que la démonstration de la compétence de l entraîneur soit reliée exclusivement au nombre de médailles et de championnats remportés et valoriser davantage ce que l intervenant peut enseigner aux jeunes à l entraînement et en compétition afin de renverser cette tendance (Robertson & Way, 2005). Il a également été mis en lumière que beaucoup de sports préconisent une spécialisation hâtive dans le but d attirer et de retenir les participants. On peut penser, par exemple, au hockey au Québec. Toutefois, cela peut engendrer soit a)un surentraînement causant potentiellement des blessures, b) l abandon de la pratique sportive ou des enfants qui ne s amusent plus dans leur activité, c) un sous-entraînement de certains facteurs de performance à leur moment de développement privilégié, et d) un manque de versatilité (par
exemple, un joueur de hockey qui ne sait pas bien courir, lancer, attraper, etc.). C est, entre autres, afin d apporter des solutions à ces problèmes que le modèle de développement à long terme de l athlète (DLTA) a été rédigé. Qu est-ce que le DLTA? Le modèle de développement à long terme de l athlète est un programme qui établit les lignes directrices à l intention des entraîneurs, des athlètes, des administrateurs et des parents en ce qui concerne la planification, l entraînement, la compétition et la récupération (Robertson & Way, 2005). L objectif du modèle de développement à long terme de l athlète est d identifier les facteurs de performance à privilégier dans l entraînement, du moment où l athlète amorce la pratique de l activité sportive jusqu au moment où il vise le niveau de performance le plus élevé. À cette fin, le cheminement de l athlète est divisé en sept stades nommés et décrits sur le site Au Canada, le sport c est pour la vie (http://canadiansportforlife.ca/fr) : Stades du DLTA Phase 1 Enfant actif (0-6 ans) Phase 2 S amuser grâce au sport (filles 6-8 ans, garçons 6-9 ans) Phase 3 Apprendre à s entraîner (filles 8-11 ans, garçons 9-12 ans) Phase 4 S entraîner à s entraîner (filles 11-15 ans, garçons 12-16 ans) Phase 5 S entraîner à la compétition (filles 15-21 ans, garçons 16-23 ans) Phase 6 S entraîner à gagner (filles 18+, garçons 19+) Phase 7 Vie active (participants de tous âges) Les trois premiers stades permettent de développer le savoir-faire physique dans un environnement amusant et stimulant. Les stades 4, 5 et 6 fournissent l entraînement spécialisé nécessaire pour participer à des compétitions de niveau supérieur et permettent d optimiser le développement physique, cognitif et émotionnel de chaque athlète. Enfin, le dernier stade est celui de la vie active par la participation à des activités physiques récréatives. Il incite aussi à s engager auprès de la communauté sportive en tant qu entraîneur, officiel, administrateur ou
bénévole. Certaines personnes l atteindront dès l adolescence alors que d autres poursuivront dans le sport compétitif pendant plusieurs années avant d effectuer la transition vers ce stade. Facteurs déterminants Au total, dix facteurs sont identifiés dans le modèle de développement à long terme de l athlète, dont deux sont particulièrement significatifs pour toute personne intervenant auprès de jeunes athlètes : les fondements et la spécialisation. Les fondements de la pratique sportive sont les aptitudes perceptivo-motrices (agilité, coordination, vitesse, équilibre, orientation spatio-temporelle, etc.) et les habiletés motrices fondamentales (courir, sauter, lancer, frapper, nager, dribler, etc.). Elles doivent être entraînées en bas âge, car il est difficile de récupérer le retard par la suite et que cela peut compromettre le succès sportif de l athlète. En effet, il existe des moments optimaux pour le développement de la force, de la vitesse et de la flexibilité, entre autres, dans le développement et la croissance de l athlète. Il est donc important que les enfants pratiquent une variété d activités qui leur permettront de développer des habiletés et des aptitudes complémentaires. Par exemple, la natation, la gymnastique et le soccer représentent une belle combinaison. Le développement de bases solides permettra aux athlètes de mieux maîtriser les gestes techniques de leur sport plus tard dans leur cheminement (Roy, 2014). Quant à la spécialisation, elle peut être hâtive ou progressive. Dans la spécialisation hâtive, le jeune entame sa carrière en se spécialisant dans une activité (Bompa, 2000). Les sports à spécialisation hâtive nécessitent la maîtrise d habiletés complexes avant l atteinte de la maturité et exigent également de la flexibilité (Balyi et coll., 2005; cité par Roy, 2014). Les activités technico-artistiques et acrobatiques telles que la gymnastique, le patinage artistique et le plongeonsont de ce type. La spécialisation hâtive permet des adaptations rapides, une amélioration de la performance immédiate et une augmentation des chances d être intégré dans le parcours du sport de haut niveau. Cependant, la spécialisation hâtive peut créer des déséquilibres du développement musculaire. Certains muscles et certaines aptitudes physiques sont surentraînés à cause de la répétition des gestes techniques, alors que d autres sont sous-
entraînés. L athlète développe un bagage d aptitudes motrices et d habiletés sportives limitées et il peut être incapable de maîtriser les autres. Ce déséquilibre peut également être à l origine de blessures. De plus, l entraînement intensif dans un seul sport et en bas âge peut être démotivant, car l entraînement est peu diversifié et rapidement orienté vers la performance. Cela peut mener à un épuisement physique et psychologique et entraîner un abandon précoce de la pratique sportive. Dans la spécialisation progressive, le jeune sportif développe une variété d habiletés motrices fondamentales et sportives (techniques et tactiques) afin de devenir un athlète complet avant de se spécialiser. Une fois les habiletés acquises et l intérêt manifesté, le sportif peut amorcer la spécialisation, soit entre 12 et 15 ans. (Balyi et coll., 2005; cité par Roy, 2014). Les activités technico-tactiques (soccer, basketball, hockey, etc.), de force-vitesse et d endurance sont de ce type. Cette approche a l avantage de diminuer les risques de blessures causées par le surentraînement. De plus, les jeunes ont l opportunité d expérimenter plusieurs activités et plusieurs cultures sportives et de faire des choix plus judicieuxselon leurs préférences. Il a également été démontré que la diversité de la pratique sportive en bas âge est liée à une carrière sportive plus longue et à des performances supérieures à long terme (Wall et Côté, 2007; cité par Roy, 2014). Il est donc très important, pour leur plaisir et leur réussite, que les jeunes soient bien guidés dans leur pratique sportive en bas âge. Les personnes intéressées à en apprendre plus sur le modèle de développement à long terme de l athlète peuvent consulter le guide général ou le guide spécifique à un sport (par exemple, le développement à long terme de l athlète en patinage artistique) sur le site Au Canada, le sport c est pour la vie. Références Binder, M. (2001). L enfant et le sport. Journal de pédiatrie et de puériculture, 14, 82-88. Bompa, T. O. (2000). Total Training for Young Champions: Proven Conditioning Programs for Athletes Ages 6 to 18. Champaign, IL: Human Kinetics. Duclos, M., Burat, P., &Lebouc, Y. (2003). Sport de haut niveau chez l enfant et croissance. Archives de
pédiatrie, 10, 206s-212s. Robertson, S., & Way, R. (2005). Développement à long terme de l athlète : Un modèle élaboré au Canada. Entraîninfo, 11(3), 6-12. Roy, M. (2012). Initiation à la planification de l entraînement Notes du cours KIN 243. Université de Sherbrooke, Département de kinanthropologie, Sherbrooke, Québec, Canada. Roy, M. (2014). Planification et méthodes d entraînement Notes du cours KIN 353. Université de Sherbrooke, Département de kinanthropologie, Sherbrooke, Québec, Canada. Images L'image est tirée du site d'images libres de droits: http://www.photo-libre.fr/sport/60.jpg Correction effectuée par : François Bouchard