LES JEUNES ET L INTENTION ENTREPRENEURIALE



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LES JEUNES ET L INTENTION ENTREPRENEURIALE Ce document a été réalisé à partir d un sondage mené par Opinion-Way pour l APCE, CER France et le CODICE à l occasion du 17 e Salon des entrepreneurs de Paris (2010). Ce sondage porte sur un échantillon représentatif de 1 024 personnes âgées de 18 à 29 ans. Les interviews ont été réalisées du 8 au 17 décembre 2009 par l intermédiaire d un questionnaire en ligne sur système CAWI. Les jeunes et l intention entrepreneuriale - 1 - Janvier 2010

Les jeunes Français ont souvent une première approche de l entrepreneuriat Nombre de jeunes Français ont déjà été en contact avec l entrepreneuriat ou la création d entreprise, que ce soit par l intermédiaire d une sensibilisation via leur formation initiale, de leur expérience personnelle ou encore de l expérience de proches. Une formation initiale dans l entrepreneuriat ou la création d entreprise Au rang des types de programme les plus fréquemment citées en matière de création d entreprise et d entrepreneuriat figure les cours ou modules de création d entreprise (30 %) et les conférences, séminaires, colloque sur la création d entreprise (19 %). Ces actions ne sont pas exclusives et un même jeune peut avoir participé à chacune des sensibilisations proposées. Graphique nº 1 : 35% 25% 20% 15% 10% 5% 0% Cours ou module portant sur la création d'entreprise Enseignement sur la création suivi par les jeunes durant leurs études 19% Conférence, séminaire, colloque sur la création d'entreprise 13% Formation aboutissant à un diplôme en entrepreneuriat ou en création d'entreprise 9% Concour de création d'entreprise Depuis quelques années maintenant se multiplient les programmes de sensibilisation à l entrepreneuriat ou à la création d entreprise dans les établissements d enseignement supérieur (école et université), mais aussi dans les établissements du secondaire. Il est même reconnu qu une large majorité des formations recensées aujourd hui n existaient pas il y a dix ans. Cependant, les chiffres issus et relatifs aux formations (cf. graphique1) de ce sondage semblent quelque peu surestimés. Il est probable que les questions n étaient pas assez précises pour un certain nombre de jeunes. Suivre de telles formations peut inciter des étudiants à penser à des projets de créations d entreprises qui se concrétiseront à plus ou moins long terme. Toutefois, tous les jeunes formés n iront pas vers la création d entreprises. Certains, qui ont suivi une sensibilisation durant leur scolarité, déclarent ne pas envisager de créer une entreprise, voire même ne pas du tout en avoir envie (par exemple : 37 % de ceux qui ont suivi un module ou un cours portant sur la création d entreprise ou encore 28 % de ceux qui déclarent avoir suivi une formation aboutissant à un diplôme en création d entreprise). Un manque d intérêt pour la profession après la sensibilisation ou une formation suivie avec d autres objectifs (par exemple accompagner des porteurs de projets) permettent d expliquer ces constatations. Les jeunes et l intention entrepreneuriale - 2 - Janvier 2010

Ces sensibilisations ont plus souvent été suivies par des jeunes qui ont déjà été en contact avec la création et / ou la gestion de structure qu elle soit économique ou associative. A titre d exemple, les jeunes qui ont activement aidé un de leurs proches entrepreneurs ou qui ont monté et dirigé une structure associative sont plus nombreux à avoir suivi une formation aboutissant à un diplôme en création d entreprise (respectivement 49 et 23 %). Concernant les données sociodémographiques, les hommes déclarent plus fréquemment avoir suivi de telles formations : 37 % des hommes déclarent avoir suivi un cours ou un module de création d entreprise (contre 23 % des femmes) et 13 % déclarent avoir participé à un concours de création d entreprise (contre 4 % des femmes). L origine sociale des jeunes est également porteuse de différences. Les jeunes issus des origines les plus modestes (employés et ouvriers) se sont moins souvent tournés vers ces sensibilisations à l entrepreneuriat, à la différence des jeunes dont les parents sont artisans, commerçants, chefs d entreprise, cadres supérieurs ou professions intellectuelles supérieures. La majorité des jeunes ont un entourage entrepreneurial Beaucoup de jeunes sont entourés de chefs d entreprise (y compris les artisans, les commerçants et les professions libérales) : 72 % dont 34 % ont un parent proche (parents, fratrie et grands-parents). Graphique nº 2 : Les jeunes sont-ils entourés de chefs d entreprises? Aucune connaissance 28% Un ou plusieurs parents proches 34% Un ou plusieurs parents éloignés, amis ou collègues 38% Parmi les 18-29 ans qui ont un parent proche chef d entreprise, la moitié a participé à la création ou à la direction de l entreprise, dont 17 % ont eu une participation active dans cette entreprise. Le plus souvent, chacune de ces approches de l entrepreneuriat en appelle une autre. Autrement formulé, ceux qui ont activement aidé un parent proche entrepreneur déclarent plus souvent avoir suivi une formation de sensibilisation à l entrepreneuriat ou avoir créé et géré une association. Les jeunes et l intention entrepreneuriale - 3 - Janvier 2010

De telles expériences ne sont pas forcément synonymes d envie de création d entreprise, mais elles donnent aux jeunes une perception plus claire du métier de chef d entreprise et leur permettent probablement de se positionner plus clairement dans une volonté de se lancer à leur tour ou, au contraire, de s orienter professionnellement dans une autre direction. Des idées précises sur le profil, les qualités et les compétences des chefs d entreprise Les principales qualités et compétences nécessaires aux chefs d entreprise Selon les jeunes Français, les qualités et compétences les plus indispensables aux chefs d entreprise sont essentiellement des qualités professionnelles (savoir commander et diriger une équipe ou être organisé, ne jamais être débordé) ou encore des qualités plus personnelles (avoir de l audace, oser des choses). Graphique nº 3 : Savoir commander et diriger une équipe Les compétences et qualités les plus indispensables à un chef d entreprise Etre organisé, n'être jamais débordé Avoir de l'audace, oser des choses Savoir gérer les ressources humaines Etre créatif, innovant Travailler beaucoup Etre un expert dans son métier, sa technologie Savoir gérer les aspects financiers Savoir gérer le travail administratif Etre autonome, savoir décider seul Aimer prendre des risques Faire beaucoup de démarches commerciales Avoir un diplôme reconnu 4% 12% 10% 19% 17% 16% 2 25% 28% 32% 35% 39% 0% 5% 10% 15% 20% 25% 35% 40% Les compétences comptant parmi les plus citées sont la direction d une équipe et la gestion des ressources humaines. Ces informations donnent une description éloignée du quotidien d une majorité de chefs d entreprise qui sont représentés comme des meneurs et des gestionnaires d équipe. Dans la réalité des faits, un grand nombre d entreprises se créent sans salarié (87 % en 2008) et dans le parc des entreprises existantes (au 1 er janvier 2008), seules 40 % des entreprises emploient des salariés, dont 18 % en emploient 1 à 2. Les jeunes Français qui ont une connaissance du monde de l entrepreneuriat, par leur formation ou leur expérience professionnelle, citent moins souvent ces deux caractéristiques comme étant essentielles pour un chef d entreprise. C est le cas notamment de ceux qui ont déjà suivi une formation de sensibilisation à l entrepreneuriat ou encore ceux qui ont activement aidé un parent proche dans son entreprise. Le fait d être confronté à la création d entreprises change la vision des jeunes sur les principales qualités et compétences d un chef d entreprise. Ainsi, ceux qui sont en phase de Les jeunes et l intention entrepreneuriale - 4 - Janvier 2010

création d entreprise estiment que les principales compétences et qualités nécessaires à un dirigeant sont : être autonome, savoir décider (39 %), travailler beaucoup (31 %) et savoir gérer le travail administratif (29 %). Ces personnes ont rencontré des problèmes qu elles n imaginaient peut-être pas et placent donc les qualités ailleurs que les jeunes qui ne se sont pas encore clairement posés la question de la création ou qui sont peu avancés dans leurs démarches. Une très large majorité des jeunes estiment posséder tout ou partie des qualités qu ils considèrent être indispensables à un chef d entreprise (90 % dont 25 % pensent en avoir la plupart). Ce sentiment de posséder la plupart des qualités et compétences requises pour un chef d entreprise est nettement plus fréquent chez les jeunes qui ont eu une approche de l entrepreneuriat et de la création d entreprise : 59 % de ceux qui ont activement aidé un parent proche entrepreneur, 52 à 36 % de ceux qui ont suivi une formation de sensibilisation à l entrepreneuriat et 41 % de ceux qui ont créé et géré une association. Toutefois, penser avoir ces qualités n est pas obligatoirement synonyme de création d entreprise : 34 % des jeunes concernés déclarent ne pas vouloir créer dont 16 % déclarent même n en avoir aucune envie. Le profil type du chef d entreprise Les jeunes interrogés sont quasi unanimes sur la plupart des représentations traditionnelles d un chef d entreprise : savoir diriger une équipe (95 % des jeunes sont d accord avec cette affirmation), avoir une idée originale, être créatif (90 %) et faire beaucoup de démarches commerciales, chercher sans cesse des clients (89 %). Graphique nº 4 : Vouloir gagner beaucoup d'argent, vouloir très bien gagner sa vie Les idées reçues concernant les chefs d entreprise 12% 33% 46% 9% Avoir un diplôme reconnu 17% 33% 38% 1 Avoir déjà beaucoup d'argent à investir dans le projet 16% 47% 6% Consacrer beaucoup de temps à la gestion financière et aux tâches administratives 32% 53% 14% Etre prêt à accepter l'échec, ne pas en avoir peur Faire beaucoup de démarches commerciales, chercher sans cesse des clients 40% 33% 47% 56% 10% 2% 10% Avoir une idée originale, être créatif 44% 46% 9% Savoir diriger une équipe 59% 36% 4% Tout à fait d'accord plutôt d'accord Pas vraiment d'accord Pas du tout d'accord NSP En revanche, pour d autres caractéristiques du profil, les avis sont nettement moins tranchés. Ainsi, la moitié des jeunes pensent qu avoir un diplôme reconnu est indispensable et 45 % Les jeunes et l intention entrepreneuriale - 5 - Janvier 2010

pensent que vouloir gagner beaucoup d argent ou vouloir très bien gagner sa vie est une caractéristique du profil des chefs d entreprise. La moitié des jeunes Français envisage de créer une entreprise Les jeunes de moins de 30 ans ont de l intérêt pour l entrepreneuriat. En effet, près d un jeune sur deux envisage de créer un jour une entreprise, dont 13 % déclarent vouloir passer à l acte dans les deux années à venir. Autrement dit, on estime que 1,2 million de jeunes souhaitent créer leur entreprise dans les deux années qui vont suivre. Graphique nº 5 : L intention entrepreneuriale des jeunes Français N'a aucune envie de créer 19% NSP/NR Projet de création en cours 3% Aimerait travailler à son compte d'ici à moins de 2 ans 10% N'y a pas encore pensé 33% Aimerait travailler à son compte dans plus de deux ans 34% Ces indicateurs donnent une idée de l intérêt des jeunes envers la création d entreprise et montrent que la moitié n est pas réfractaire à cette idée. Toutefois, il convient de relativiser les choses. En effet, si l on peut avancer que les jeunes déclarant vouloir créer dans les deux prochaines années passeront sans doute à l action, il est difficile d en être certain pour ceux qui pensent créer dans plus de deux ans. Un travail mené par Régis MOREAU et Benoït RAVELEAU montre que l intention entrepreneuriale des jeunes étudiants peut survenir à tout moment (très tôt, dès l adolescence pour certains) et qu elle n est pas stable dans le temps. Certains connaissent un désir croissant, alors que d'autres voient leur désir stagner, fluctuer et même décroître. Selon ces mêmes auteurs, «L intention n est pas un long fleuve tranquille : elle peut naître, se développer et mourir. Elle n est ni figée, ni constante». Les trajectoires de l intention se déroulent sur des périodes et des durées variables. D autres études ont montré que plus on s éloigne de la période de sensibilisation plus l enthousiasme, pour la création d entreprise, s estompe. Voir la bibliographie en fin de document. Les jeunes et l intention entrepreneuriale - 6 - Janvier 2010

Par ailleurs, les jeunes du sondage d Opinion-Way, qui déclarent ne jamais avoir pensé à créer une entreprise, seront peut-être un jour amenés à s interroger et, pourquoi pas, créer leur entreprise. Comme le montre un sondage annuel réalisé par l IFOP pour CCI entreprendre en France, l intention d entreprendre des jeunes a beaucoup augmenté ces dernières années (41 % des jeunes déclaraient avoir envie de créer une entreprise en 2005 contre 57 % en 2008). Par ailleurs, selon ce même sondage, les jeunes sont plus nombreux, que les autres générations de Français, à se déclarer intéressés par la création d entreprise : 57 % en 2008 contre 31 % pour l ensemble des Français (tout âge confondu). Deux modèles psychosociaux d intentions d entreprendre sont fréquemment utilisés comme référence dans les études et travaux de recherche sur l intention entrepreneuriale. Ce sont les modèles de la théorie du comportement planifié d Ajzen et de l évènement entrepreneurial de Shapero et Sokol. Selon ces modèles, l intention d entreprendre tourne principalement autour de deux axes - La désirabilité ou l attrait d un individu pour la création d entreprise. Cette désirabilité se définit d une part par l attitude favorable d une personne envers la création d entreprise et, d autre part, le sentiment de l environnement social (famille, entourage, médias ) de l individu envers ce même sujet. - La faisabilité ou la perception de l individu de sa capacité à mener à bien le projet de création d entreprise. Cela dépend de la confiance de la personne en lui-même. Selon Ajzen, les caractéristiques sociodémographiques d une personne influencent l intention entrepreneuriale en agissant sur leurs croyances sur le monde qui les entoure et donc sur les deux axes cités plus haut. Selon le sondage d Opinion-Way sur les moins de 30 ans, l intention entrepreneuriale est fortement impactée par des caractéristiques liées à la connaissance et l expérience de la création d entreprise et de l entrepreneuriat. Ainsi, parmi les jeunes qui sont les plus nombreux à déclarer vouloir créer dans les deux années à venir, on retrouve ceux qui ont aidé activement un parent proche entrepreneur (33 %), ont eu une expérience associative significative (22 %) et ont suivi durant leurs études des séminaires ou colloques sur la création d entreprise (21 %) ou qui ont participé à un concours de création d entreprise durant leur formation supérieure (32 %). Par ailleurs, rien d étrange à constater que les jeunes qui déclarent avoir la plupart des caractéristiques indispensables à un chef d entreprise soient également plus nombreux à vouloir créer dans les deux années à venir (18 %). Cependant, une question demeure : ont-ils acquis une intention entrepreneuriale suite à la sensibilisation en milieu scolaire et à leur expérience ou bien sont-ils allés vers ces expériences et formations parce qu ils s intéressaient à l entrepreneuriat, parce qu ils sont entreprenants? Suivre un enseignement en entrepreneuriat ou création d entreprise (qu il soit diplômant ou non) ne garantit pas qu il soit rapidement suivi d une création. En effet, ces jeunes déclarent majoritairement vouloir créer une entreprise (62 % de ceux qui ont suivi des cours ou des modules et 67 % de ceux qui ont suivi une formation aboutissant sur un diplôme). Toutefois, leur intention de créer se porte davantage sur le long terme, respectivement 46 et 53 % d entre eux déclarent vouloir créer dans plus de deux ans (contre 34 % pour l ensemble des jeunes). Les chiffres issus du baromètre de l IFOP ne sont pas comparables à ceux du sondage qu a réalisé Opinion- Way. Le but des sondages et les questions posées sont différents. Les statistiques du sondage IFOP ne sont données qu à titre indicatif pour montrer l intérêt croissant des jeunes pour la création d entreprise (voir les références de ce sondage en fin de document). Les jeunes et l intention entrepreneuriale - 7 - Janvier 2010

Créer une entreprise un jour Le désir d être indépendant, la volonté de s épanouir, de réaliser un rêve et de se lancer un défi sont les motivations les plus fréquemment citées par les jeunes qui aspirent à créer une entreprise un jour. Gagner de l argent (28 %) vient derrière des motivations qui tiennent davantage à une réalisation personnelle. Graphique nº 6 : Les principales motivations qui poussent les jeunes vers la création Etre indépendant 54% S'épanouir Réaliser un rêve Se lancer un défi Gagner plus d'argent Mettre en œuvre une idée nouvelle de produit ou de service Changer d'horizon, faire autre chose Faire un métier qui implique d'être à son compte Ne pas être salarié Participer à un projet d'équipe Refaire quelque chose qui a plu Sans emploi, en profite Suivre l'exemple d'un proche Sans emploi, se sent contraint Autre 38% 28% 22% 20% 17% 16% 9% 4% 3% 3% 2% 0% 10% 20% 40% 50% 60% Pour les jeunes qui n ont pas été en contact avec l entrepreneuriat ou la création d entreprise (formation, proches parents ), des notions relatives à leur emploi sont plus fréquemment citées (le changement d horizon ou le refus du salariat). L entreprise qui sera créée aura avant tout un esprit d innovation, de créativité, d originalité (42 % des jeunes concernés). Les autres caractéristiques citées sont la performance, la rentabilité, la productivité (18 %) et la bonne ambiance, la convivialité, le côté chaleureux ou le côté agréable (18 %). Les jeunes qui ne veulent pas créer d entreprise L argent et le risque sont les principaux freins cités par les jeunes pour justifier leur manque d intérêt pour la création entreprise. Certaines idées reçues sont donc des freins. Les Les jeunes et l intention entrepreneuriale - 8 - Janvier 2010

besoins financiers nécessaires au démarrage d une activité ne sont pas forcément importants. Ils dépendent, essentiellement, de l activité de l entreprise et de l ambition du projet. En France en 2006, 57 % des créateurs de moins de 30 ans ont créé une entreprise avec moins de 8 000. Graphique nº 7 : Les principaux freins à la création d entreprise Demande beaucoup d'argent Est trop risqué 35% 35% Comporte trop de responsabilités Est une chose dont ils ne se sentent pas capables Demande beaucoup de trav ail Intéresse moins que le salariat Ne garantit pas de gagner suffisamment d'argent Oblige à des démarches administratives complexes 29% 28% 27% 27% 22% 2 A déj à un emploi salarié 13% Oblige à travailler seul De mauvais exemples en tête 6% 5% 0% 5% 10% 15% 20% 25% 35% 40% Les principaux freins sont différents pour les jeunes qui n ont jamais pensé à créer et ceux qui déclarent n en avoir aucune envie. Ces derniers déclarent comme principaux freins que créer une entreprise comporte trop de risques (44 %) et que le salariat les intéresse davantage (33 %). Plus généralement, pour ces jeunes, le salariat leur convient mieux, soit qu ils soient plus intéressés (33 % contre 27 % pour les jeunes qui n y ont jamais pensé), soit que la création ne leur apporte rien de plus que le salariat (17 % contre 11 %). Les femmes déclarent plus fréquemment que les hommes ne pas vouloir créer leur entreprise (59 % dont 22% déclarent n en avoir aucune envie). Ce manque d intérêt pour la création trouve principalement son origine dans le fait qu elles ne s en sentent pas capable (34 %), que la création d entreprise est trop risquée (34 %) ou encore que cela comporte trop de responsabilités (32 %). Ces jeunes femmes sont moins nombreuses à avoir approché l entrepreneuriat via les programmes d enseignements ou en apportant une aide active à un proche parent entrepreneur (bien qu elle soit aussi nombreuses que les hommes à déclarer avoir un entourage entrepreneuriale). Enfin, elles sont moins nombreuses à déclarer avoir la plus part des compétences qu elles estiment indispensables à un chef d entreprise (19 %). Ce regard des jeunes femmes sur l entrepreneuriat et leurs capacités dans ce domaine explique peut-être quelle sont également moins nombreuses que les hommes à créer une entreprise : 32 % des créateurs de moins de 30 ans sont des femmes. Pour finir, ceux qui ont déjà une connaissance de l entrepreneuriat (par expérience ou par formation) déclarent plus fréquemment comme frein que la création d une entreprise demande beaucoup trop de travail. Les jeunes et l intention entrepreneuriale - 9 - Janvier 2010

Equilibre entre vie professionnelle et vie personnelle est la principale condition de travail idéale Pour beaucoup de jeunes, les aspects les plus importants leur permettant de définir des conditions de travail comme idéales sont le respect de l équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle (38 %), la sécurité de l emploi (35 %) et une rémunération supérieure à celle proposée par les concurrents (33 %). Ces atouts concernent l ensemble des jeunes, qu ils souhaitent ou non créer une entreprise. Seuls les moins de 30 ans qui travaillent sur un projet de création d entreprise placent les conditions de travail idéales vers d autres caractéristiques : avoir des objectifs atteignables sans stress excessif (36 %) et travailler dans une équipe solidaire (32 %). Les trois caractéristiques communes à tous les autres jeunes sont nettement moins citées (respectivement 27, 26 et 22 %). Les jeunes, qui ont déjà approché l entrepreneuriat et la création d entreprise, donnent également d autres caractéristiques indispensables à de bonnes conditions de travail : une rémunération supérieure à celle proposée par les concurrents, de la reconnaissance dans l entreprise et en dehors, de l autonomie et une liberté dans leur emploi du temps ; autant de caractéristiques souvent citées par des chefs d entreprise (à l exception du salaire) pour expliquer leur choix de l entrepreneuriat par rapport au salariat. Ces différences prouvent que la définition des conditions de travail idéales pour les jeunes ne sont pas les mêmes en fonction de leurs projets de travail et de leur expérience. Si ces conditions de travail n étaient pas réunies dans l entreprise qui les emploie, la plupart des jeunes opteraient pour un changement d entreprise (52 %). Près d un quart envisagerait un changement radical dans leur profession si ces conditions n étaient pas possibles dans leur entreprise : 9 % déclarent qu ils changeraient de métier et 14 % affirment qu ils seraient prêts à créer leur entreprise. Beaucoup de travaux menés par ailleurs montrent que, bien souvent, la création d entreprise fait suite à une cassure professionnelle. Dans cette notion se trouvent également les ruptures qui font suite à une insatisfaction de son emploi ou de son entreprise. Les jeunes et l intention entrepreneuriale - 10 - Janvier 2010

ANNEXE : bibliographie Opinion-Way pour l APCE, CER France, le CODICE et le Salon des entrepreneurs (janvier 2010), Les moins de 30 ans et l esprit d entreprise. MOREAU Régis, RAVELEAU Benoît (2006), «Les trajectoires de l intention entrepreneuriale» dans Revue internationale PME, Vol. 19, Nº 2, pp. 101-131. IFOP pour CCI entreprendre en France (janvier 2009), Baromètre Les Français et la création d entreprise. Les jeunes et l intention entrepreneuriale - 11 - Janvier 2010