UNIVERSITE PIERRE et MARIE CURIE. Diplôme InterUniversitaire. Spécialité PÉDAGOGIE MÉDICALE. Présentée par Alexandre Lautrette



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Transcription:

UNIVERSITE PIERRE et MARIE CURIE Diplôme InterUniversitaire Spécialité PÉDAGOGIE MÉDICALE Présentée par Alexandre Lautrette Sujet: TRANSMISSION DES MESSAGES PÉDAGOGIQUES LORS DES CONFERENCES DU DESC DE REANIMATION MEDICALE. Soutenue le 16 Octobre 2008 Directeur de mémoire Monsieur le Professeur Bertrand Souweine

Table des matières RESUME 2 I. INTRODUCTION 3 II. MATÉRIELS ET MÉTHODES 4 II. 1. Schéma de l étude et lieu de déroulement 4 II. 2. Population de l étude 4 II. 3. Protocole de l étude 5 II. 4. Données recueillies 5 II. 5. Définitions 5 II. 6. Analyse statistique 6 III. RÉSULTATS 7 III.1. Transmission des messages pédagogiques 7 III. 2. Facteurs associés à la transmission des messages pédagogiques chez les étudiants 8 IV. DISCUSSION 9 V. CONCLUSIONS ET PERSPECTIVES 13 VI. RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES 14 Tableaux 15 Annexes 17 1

RESUME Introduction La transmission des messages pédagogiques (TMP) est un objectif majeur de l enseignement. Notre étude a pour but d évaluer la TMP dans le modèle de pédagogie frontale lors de conférences effectuées dans le troisième cycle d étude médicale. Matériels et Méthodes Etude prospective observationnelle en simple aveugle réalisée lors de 2 modules d enseignement du DESC de réanimation médicale des Interrégions Rhônes-Alpes-Auvergne, Sud-est et Sud-Ouest. A l issue de chaque conférence, conférencier, étudiants et auditeurs (enseignants non conférenciers) remplissaient un questionnaire ouvert pour recenser les 3 principaux messages émis lors de la conférence. Etudiants mesuraient 12 facteurs associés à la TMP sur une échelle de 1 (très faible ou très mauvais) à 8 (beaucoup ou très bien). L adéquation est définie par le nombre de messages communs entre les 3 messages du conférencier et les 3 de l étudiant ou de l auditeur. Résultats Sur les 13 conférences réalisées, 367 questionnaires d étudiants et 44 d auditeurs ont été analysés. Une adéquation égale à 3, 2, 1, 0 est respectivement observée chez 5,8 ± 8,9%, 28,0 ± 17,1%, 46,5 ± 16,5%, et 19,7 ± 12,0% des étudiants. Une adéquation >0 est plus fréquemment enregistrée chez les auditeurs que chez les étudiants : 95% (42/44) vs 75% (275/367), p<0,01), mais aucun auditeur n a d adéquation à 3. La satisfaction globale des étudiants est de 6,5+/-1.3. Quatre facteurs sont associés (P <0.05) à une adéquation >1 : une bonne présentation de la conférence, une forte motivation du conférencier, une importante théâtralisation et une grande compréhensibilité de la conférence. Conclusion Au cours des conférences du DESC de réanimation médicale, une TMP est présente chez plus de 80% des étudiants. Certains facteurs propres aux techniques de communication frontale sont associés à une meilleure TMP aux étudiants. 2

I. INTRODUCTION Le processus pédagogique des études médicales françaises repose encore sur le classique schéma d une pédagogie frontale entre un enseignant et les étudiants. La transmission des messages pédagogiques (TMP) est la première et indispensable étape de cette méthode pédagogique. Elle nécessite la mise en place d un système de communication. Cette communication implique un échange entre un émetteur (enseignant) et un récepteur (enseigné) [1]. L enseignant a plusieurs impératifs : (i) identifier le message à transmettre, (ii) l adapter à son public (étudiant), (iii) l adapter au support par lequel il véhicule le message et enfin (iv) contrôler la transmission du message pour apporter des corrections si cela est nécessaire. L étudiant doit : (i) être en situation de réception d un message c est-à-dire être attentif, (ii) identifier le message, (iii) le comprendre, (iv) le mémoriser et (v) l intégrer correctement au sein de ses connaissances. Actuellement l enseignement dans le 3éme cycle des études médicales est propre à chaque spécialité. La réanimation médicale est une spécialité dont l exercice est conditionnée par l obtention d un diplôme d étude spécialisée complémentaire (DESC) de type II. L enseignement de la réanimation médicale est organisé au sein de chaque interrégion en 13 modules (respiratoire, cardio-vasculaire, infectieux, traumatologie, pédiatrie, métabolique, nutrition, neurologie, digestif, hémato-oncologie, toxicologie, urgences, méthodologie) dont le programme pédagogique est déterminé par le Conseil National des Enseignants de Réanimation Médicale (CNERM) [2]. Lors de chaque module, l étudiant commente un article scientifique ou effectue un exposé et assiste à des conférences magistrales le plus souvent effectuées par des enseignant chercheurs. Mesurer la TMP au cours des conférences magistrales est une des étapes de l évaluation de ce type d enseignement [3]. Notre étude a pour but d évaluer la TMP dans le modèle de pédagogie frontale lors des conférences magistrales effectuées au cours des modules d enseignement du DESC de réanimation médicale. 3

II. MATÉRIELS ET MÉTHODES II. 1. Schéma de l étude et lieu de déroulement Il s agit d une étude prospective observationnelle en simple aveugle réalisée au cours du DESC de réanimation médicale lors des modules «Cardiologie, Neurologie» des interrégions Sud-Est et Rhône-Alpes-Auvergne du 2 au 6 juin 2008 à Clermont-Ferrand et du module «Neurologie» de l interrégion Sud-Ouest du 11 au 12 juin 2008 à Bordeaux. Dix conférences ont eu lieu à Clermont-Ferrand («Retour veineux et débit cardiaque» ; «Assistance circulatoire extracorporelle techniques et indications en réanimation» ; «Cardiopathie ischémique du malade ventilé» ; «Prise en charge des troubles du rythme en réanimation» ; «Prise en charge du choc septique» ; «Examen neurologique en réanimation» ; «Ischémiereperfusion et protection cellulaire» «Dysfonction myocardique post-réanimation» ; «Prise en charge de l hémorragie méningée» ; «Physiopathologie de l œdème pulmonaire») et 3 conférences à Bordeaux («IRM cérébral» ; «Prise en charge de l œdème cérébral» ; «Prise en charge de l AVC ischémique grave»), au rythme d une conférence par demi-journée. Les conférenciers à Clermont-Ferrand et à Bordeaux disposaient respectivement de 50 min et de 30 min pour leur conférence, avec 10 min supplémentaires pour les questions. Toutes les conférences étaient réalisées à l aide d un diaporama informatique. II. 2. Population de l étude Chaque conférence était réalisée par un conférencier différent. Les conférenciers étaient 11 fois des professeurs de médecine praticiens hospitaliers (PUPH) et 2 fois des praticiens hospitaliers (PH). Ils avaient plusieurs années d expérience de l enseignement de la médecine dans leur spécialité. Les étudiants étaient soit des chefs de clinique (7%) soit en grande majorité des internes (93%). Leur spécialité d origine était médicale dans 44% des cas et l anesthésie réanimation dans 56% des cas. 4

II. 3. Protocole de l étude Au moment de sa conférence, le conférencier n avait pas connaissance de l étude. A l issue de sa conférence, il remplissait un questionnaire (Annexe 1). Les autres enseignants ou PH non conférenciers, présents en tant qu auditeur et les étudiants complétaient anonymement un autre questionnaire (Annexe 2). Le recueil des messages s effectuait à l aide d une question ouverte. La TMP était évaluée par l adéquation entre les messages émis par le conférencier et ceux rendus par l étudiant ou l auditeur. Des facteurs pouvant être associés à cette TMP étaient également analysés. II. 4. Données recueillies Conférencier, auditeurs et étudiants rédigeaient individuellement et sans communication entre eux les 3 principaux messages de la conférence. Les étudiants évaluaient aussi 12 facteurs qui peuvent avoir un impact sur la TMP. Ces 12 facteurs, notés sur une échelle de 1 (très faible ou très mauvais) à 8 (beaucoup ou très bien), étaient: la qualité de la conférence, la motivation du conférencier, la présentation de l intérêt du sujet, l existence de rappels, l expérience personnelle rapportée, la théâtralisation, la compréhensibilité, le pragmatisme des connaissances enseignées, la qualité des schémas de raisonnement, la présence de connaissances brutes, la bibliographie, et la satisfaction globale de la conférence (Annexe 2). II. 5. Définitions L adéquation est exprimée par une valeur de 0 à 3, égale au nombre de messages communs entre les 3 messages du conférencier et les 3 de l étudiants ou de l auditeur. Un seul observateur, enseignant déterminait de manière binaire, l adéquation entre les messages. 5

II. 6. Analyse statistique Les résultats sont exprimés en moyenne ± écart-type. Le taux d adéquation des messages pédagogiques est exprimé en pourcentage ± écart-type. Les données catégorielles sont comparées par le test de Chi-2. Pour l analyse des facteurs associés à la transmission de message, 3 groupes d adéquation sont déterminés : 0, 1, et >1. La relation entre la transmission et les 12 facteurs est analysée entre les trois groupes d adéquation par un test non paramétrique de Kruskal Wallis et en cas de relation avec un p <0,05, par un test secondaire de Dunn. Une valeur de p <0,05 est considérée significative. Les tests statistiques sont effectués sur «http://www.u707.jussieu.fr/biostatgv/». 6

III. RÉSULTATS A Clermont-Ferrand et à Bordeaux, le nombre moyen d étudiants lors de chaque conférence est respectivement de 35,4 ± 4,7 et de 11,7 ± 4,9. Le taux de recueil de fiches étudiantes est de 99 %. Au total 389 fiches étudiantes sont recueillies dont 22 sont incomplètes et donc non analysées. Aucune des fiches ne contient plus de 3 messages. A Clermont-Ferrand et à Bordeaux, le nombre moyen d auditeurs lors de chaque conférence est respectivement de 2,2 ± 1,2 et de 7,3 ± 2,5. Le taux de recueil de fiches auditeur est de 100% (N=44). Toutes les fiches sont complètes et analysables, aucune d elles ne contient plus de 3 messages. III.1. Transmission des messages pédagogiques Sur les 367 fiches étudiantes analysées, 14 (3,8%) ont une adéquation égale à 3 (identité entre les 3 principaux messages du conférencier et les 3 principaux messages de l étudiant) ; 98 (26,7%) ont une adéquation égale à 2 ; 177 (48,2%) ont une adéquation égale à 1 et 78 (21,2%) ont une adéquation égale à 0 (aucun message commun entre ceux du conférencier et ceux de l étudiant). En moyenne, à la fin de chaque conférence, l adéquation égale à 3, 2, 1, 0 est respectivement observée chez 5,8 ± 8,9%, 28,0 ± 17,1%, 46,5 ± 16,5%, et 19,7 ± 12,0%. Il existe une différence de répartition des groupes d adéquation entre les 13 conférences (p<0,001). Dans 9 conférences, plus de 10% des étudiants appartiennent au groupe d adéquation 0 ; ils sont plus de 35% dans 3 de ces conférences. Dans 2 conférences seulement, plus de 10% des étudiants appartiennent au groupe d adéquation 3 (Tableau 1). Sur les 44 fiches des auditeurs, il n y a jamais eu d adéquation égale à 3. Dans la grande majorité des cas, l adéquation est égale à 2 ou 1, respectivement 52% (23/44) et 43% (19/44). Une adéquation égale à 0 est enregistrée 2 fois. (Tableau 1). Les auditeurs ont significativement plus d adéquation égales à 2 ou 1 que les étudiants (42/44 (95%) vs 275/367 (75%), p<0,01). 7

III. 2. Facteurs associés à la transmission des messages pédagogiques chez les étudiants Le tableau 2 montre les notes étudiantes des 12 facteurs selon les groupes d adéquation. La satisfaction globale des étudiants est élevée 6,5 ± 1,3. La compréhensibilité de la conférence est le facteur le mieux noté (6,8 ± 1,1) même dans le groupe d adéquation égale à 0. La théatralisation est le facteur le moins bien noté (5,4 ± 1,5) y compris dans le groupe d adéquation égale à 3. Quatre facteurs sont associés significativement à une adéquation égale à 2 ou 3 : une bonne présentation de la conférence, une forte motivation du conférencier, une importante théâtralisation et une grande compréhensibilité de la conférence (Tableau 2). 8

IV. DISCUSSION Notre étude montre clairement qu au décours immédiat de conférences magistrales dans le cadre d un enseignement de 3 ème cycle des études médicales, si on demande aux étudiants d identifier arbitrairement les 3 messages principaux que l enseignant a souhaité délivrer au cours de sa conférence, 2 des 3 messages principaux ne sont pas identifiés par 66% des étudiants. L absence de référence dans littérature nous empêche d apprécier objectivement la signification de cette valeur. Nous n avons pas trouvé d étude validant notre approche méthodologique consistant à évaluer la TMP par la mesure de l adéquation entre les messages principaux émis et reçus entre enseignant et étudiant. Toutefois il paraît réaliste de supposer qu un des objectifs majeurs d un enseignement magistral en pédagogie frontale soit la transmission d une information, en l occurrence la transmission d un message. Il paraît logique de privilégier certains messages : la hiérarchisation et l utilisation d algorithmes est une stratégie classique dans la prise en charge des patients. En revanche, la décision arbitraire de limiter à 3 ces messages principaux, sans les classer entre eux et de les recueillir à l issue immédiate de la conférence est probablement critiquable. A notre connaissance, la littérature scientifique ne permet pas de déterminer avec précision le nombre de messages principaux à délivrer au cours d une conférence magistrale. Cependant ce nombre est probablement influencé par la thématique et la durée de la conférence, cette dernière variable devant prendre en compte le temps d attention de l auditoire [4]. Pour maintenir «l aveugle» les conférenciers n étaient pas été informés de l étude et n avaient donc pas préparer à l avance leur conférence en la ciblant sur 3 messages principaux. Aussi, le nombre de 3 messages principaux peut ne pas correspondre au nombre de messages principaux qu ils voulaient transmettre lors de leur conférence. Les conférenciers ont donc pu avoir des difficultés à choisir leurs 3 messages principaux. Il faut rappeler que la 9

durée des conférences entre les deux modules interrégionaux différait (50 vs 30 min), mais que le nombre de messages principaux était fixé à 3. Notre étude ne permet pas d affirmer que l étudiant n a pas perçu les messages déclarés «messages principaux» par le conférencier. Elle montre simplement que l étudiant ne les a pas identifié parmi les 3 messages principaux à l issue immédiate de la conférence. De même nous ne pouvons pas exclure que ces messages principaux aient été finalement identifiés comme tels à distance de la conférence par les étudiants. Enfin, la réalisation par un seul observateur de l adéquation entre les messages du conférencier et ceux des étudiants est également un point à soulever. Si cette méthode a probablement favorisé l homogénéité dans l interprétation et la qualification des messages, elle expose cependant à un biais d interprétation (effet observateur extérieur) [5]. Notre étude n aborde que l aspect portant sur la communication du modèle de pédagogie frontale. Le rendement de cette communication dépend de 3 paramètres : l émetteur (le conférencier), le récepteur (l étudiant) et le contexte de la conférence [1]. Dans notre étude les conférenciers étaient tous des enseignants habitués à l enseignement sous forme de conférences magistrales. Toutefois, nous n avons pas recensé la formation spécifique en pédagogie ou en communication orale des conférenciers. Il est possible que lors de leur conférence, les conférenciers ont insuffisamment mis en exergue les messages principaux qu ils souhaitaient réellement privilégier. En faveur de cette hypothèse nous montrons qu aucun auditeur n a donné les 3 messages principaux et ce malgré une probable surestimation de l identification des messages principaux par les auditeurs qui, de part leur expérience en réanimation, peuvent anticiper ou identifier plus aisément les messages principaux d une conférence de réanimation. La meilleure perception des messages principaux par les auditeurs plaide aussi pour cette hypothèse et suggère que la conférence était peut-être plus adaptée à l expérience des auditeurs qu à celle des étudiants. 10

Le récepteur (l étudiant) est le second élément essentiel d un système de communication. Ce récepteur doit être actif, c'est-à-dire attentif dans le cadre d un étudiant. Or l attention est directement dépendante de la motivation. Dans le DESC de réanimation, il n existe pas d évaluation «sanctionnante» qui chez les étudiants, est classiquement reconnue comme l une des meilleures motivations [5-6]. Il n est pas exclu que la mauvaise transmission rapportée dans notre étude soit en relation avec une attention insuffisante due à une faible motivation. De plus, il est reconnu que l exposé magistral est celui qui engendre le moins d intérêt chez les adultes ainsi que le moins de motivations [4]. Néanmoins, la connaissance de l étude par les étudiants au moment de la conférence a pu avoir un effet stimulateur de l écoute et donc provoquer une surestimation de l écoute habituelle lors des conférences. Enfin le contexte de la conférence est un élément déterminant dans la transmission des messages. Il existe une relation inversement proportionnelle entre la durée d un exposé et les performances d écoute de l étudiant et de rhétorique du conférencier [4]. Un travail a montré que le taux de bonnes réponses sur les 15 premières minutes d une conférence diminuait de 40 à 20% lorsque la durée totale de la conférence passait de 15 à 45 min [4]. De même, le taux de bonnes réponses concernant les 15 dernières minutes d une conférence de 45 min est inférieur à celui des 15 premières minutes (20 vs 15%). La chronologie des conférences par rapport aux temps de pause peut aussi avoir un impact sur le rendement de la transmission des messages. Après une première conférence de 20 min, une pause de 5 min permet d améliorer le rendement de transmission de la seconde conférence [4]. Cet aspect n a pas été évalué dans notre travail. Notre travail montre aussi que lors des conférences du DESC de Réanimation Médicale, une plus grande transmission des messages est associée à une grande clarté du diaporama et des explications lors de la conférence et à une forte motivation du conférencier qui peut se traduire par une théâtralisation de la conférence. Ces quatre facteurs sont des éléments 11

essentiels des techniques de communication du monde de l entreprise [7]. Il en découle que la formation des conférenciers à ces techniques (présentation orale sur support informatique) pourrait améliorer l outil de transmission dans le modèle pédagogique du cours magistral. Actuellement cette formation n existe pas pour les enseignants du 3éme cycle des études médicales. Notre travail a plusieurs limites concernant l étude des facteurs associés à la transmission. De part l absence de données validés dans la littérature sur ce sujet, les facteurs évalués ont été choisis en s inspirant de l enseignement du Diplôme Interuniversitaire de pédagogie médicale et de documents relatifs aux techniques de formation qu ils soient académiques [8-10] ou provenant du secteur de l entreprise [7,11]. La fiche d évaluation de ces facteurs (Annexe 2) a fait l objet d une relecture indépendante de 3 PUPH de réanimation médicale (Prs. Gruson, Souweine, Timsit) et d un docimologue (Pr Talbot de l Université de Montréal) afin de l optimiser. Par ailleurs, l outil d évaluation de notre étude: l échelle type Likert bien que classiquement utilisée en pédagogie [5,12], expose à une série de biais. L effet centripète, l évaluateur centre son appréciation dans une zone médiane et évite les notations extrêmes. L effet halo, une première impression ou notation positive entraîne une notation globale très positive. Le phénomène est similaire pour une impression négative. L effet contraste, une bonne conférence sera jugée excellente après une mauvaise. A ces biais, s ajoutent aussi l instabilité d un même évaluateur dans la notation et les différences dans les références entre les évaluateurs [5]. 12

V. CONCLUSION et PERSPECTIVES La transmission de message pédagogique évaluée à partir de l adéquation des messages principaux entre conférenciers et étudiants est partiellement présente chez plus de 80% des étudiants. Elle n est cependant optimale que chez 6% des étudiants. Elle est notamment associée à des facteurs liés à la technique de communication orale. De manière à mieux interpréter ces résultats, nous allons étudier le contenu des conférences, qui ont été enregistrées en flash-conférence, par des réanimateurs, experts du domaine, et par des conseillers en communication de l ISCMM (Institut Supérieur de Communication et de Management Médical). Cette analyse par des experts indépendants permettra d extraire les principaux messages lors des conférences et de les comparer à ceux des étudiants et du conférencier. D autres parts lors des prochaines sessions du DESC, nous étudierons aussi la mémorisation de ces messages en réalisant une évaluation à distance de la conférence. Ces travaux ont pour but de développer des outils d évaluation afin d améliorer la qualité de la transmission des messages pédagogiques. 13

VI. REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES [1] Shannon C., W. Weaver, The mathematical theory of communication, University of Illinois Press, http://www.press.uillinois.edu/, consulté en août 2008 [2] CNERM, http://www.srlf.org/s/rubrique78d8.html?id_rubrique=68, consulté en août 2008 [3] Jouquan J., l évaluation des apprentissages des étudiants en formation médicale initiale, Pédagogie Médicale, 2002, 3 : 38-52. [4] Gagnon M., J. Roland, Le cours magistral, éd : Université de Montréal, Service Pédagogique, 1982 [5] Chabot J.M., Evaluation et formation, Ed. JB Baillière, 2005 [6] Morrisson J., ABC of learning and teaching in medicine. Evaluation, BMJ, 2003, 326: 385-7 [7] Talbot R.W, Communication Efficace Individuelle et en groupe, Ed. Le Griffon d Argile, Québec, 1999 [8] Bernard J.B., P. Reyes Apprendre, en médecine (1ére partie), Pédagogie Médicale, 2001, 2 : 163-69. [9] Bernard J.B., P. Reyes Apprendre, en médecine (2éme partie), Pédagogie Médicale, 2001, 2 : 235-41. [10] Borduas F., R. L. Thivierge, L expert-conférencier : au-delà du rôle traditionnel et implications nouvelles pour le formation des formateurs Pédagogie Médicale, 2001, 2 : 37-41 [11] Marchand L., N. Lauzon N, Formation avec TIC (Technologies de l Information et de la Communication, http://www.refad.ca/recherche/formation_tic/pdf/formation_tic.pdf, consulté en août 2008 [12] Archer J.C., J. Norcini, H.A. Davies, Use of SPRAT for peer review of paediatriciansin training, BMJ, 2005, 330: 1251-4 14

Tableau 1 : Répartition des groupes d adéquation par conférence Etudiants auditeurs Groupe d adéquation 0 1 2 3 total 0 1 2 3 total Conférence 1, n (%) 2 (18,2) 7 (63,6) 2 (18,2) 0 (0) 11 1 8 1 0 10 Conférence 2, n (%) 6 (35,3) 9 (52,9) 2 (11,8) 0 (0) 17 1 2 4 0 7 Conférence 3, n (%) 0 (0) 0 (0) 4 (66,7) 2 (33,3) 6 0 0 5 0 5 Conférence 4, n (%) 8 (26,7) 12 (40) 9 (30) 1 (3,3) 30 0 1 2 0 3 Conférence 5, n (%) 13 (36,1) 18 (50) 5 (13,9) 0 (0) 36 DA DA DA DA 0 Conférence 6, n (%) 2 (5,6) 10 (27,8) 19 (52,8) 5 (13,9) 36 0 1 0 0 1 Conférence 7, n (%) 2 (7,7) 13 (50) 10 (38,5) 1 (3,8) 26 0 0 2 0 2 Conférence 8, n (%) 13 (38,2) 18 (52,9) 1 (2,9) 2 (5,9) 34 0 1 2 0 3 Conférence 9, n (%) 7 (20,6) 20 (58,8) 7 (20,6) 0 (0) 34 0 1 1 0 2 Conférence 10, n (%) 6 (22,2) 16 (59,3) 4 (14,8) 1 (3,7) 27 0 0 1 0 1 Conférence 11, n (%) 5 (15,6) 19 (59,4) 8 (25) 0 (0) 32 0 1 2 0 3 Conférence 12, n (%) 11 (27,5) 15 (37,5) 12 (30) 2 (5) 40 0 2 1 0 3 Conférence 13, n (%) 3 (7,9) 20 (52,6) 15 (39,5) 0 (0) 38 0 2 2 0 4 DA : donnée absente 15

Tableau 2 : Evaluation étudiante des facteurs de la transmission des messages pédagogiques Chaque facteur est noté de 1 à 8 Groupe d adéquation 0 1 2 3 2 ou 3 note (nombre de réponses) (78) (177) (98) (14) (112) moyenne Présentation 6,4 6,5 6,9 7,2 6,9* 6,6 ± 1,1 Motivation 6,4 6,7 7,0 7,3 7,0* 6,7 ± 1,2 Intérêt 6,4 6,6 6,7 7,2 6,8 6,6 ± 1,2 Rappels 5,9 6,1 6,4 6,0 6,3 6,1 ± 1,4 Expérience 5,9 5,7 6,1 6,1 6,1 5,9 ± 1,7 Théatralisation 5,2 5,3 5,8 5,8 5,8* 5,4 ± 1,5 Compréhensibilité 6,6 6,7 7,0 7,4 7,1* 6,8 ± 1,1 Pragmatisme 5,6 5,9 6,2 6,2 6,2 6,0 ± 1,7 Raisonnement 6,0 6,4 6,6 7,1 6,7 6,4 ± 1,3 Connaissances 6,0 6,1 6,1 6,6 6,2 6,1 ± 1,3 bibliographie 5,3 5,4 5,8 6,4 5,9 5,5 ± 2,0 Satisfaction globale 6,2 6,5 6,8 6,5 6,7 6,5 ± 1,3 * : p< 0,05 entre le groupe 2 ou 3 et les groupe 1 et 0 16

Annexe 1 Evaluation Pédagogique Date de la Présentation : / juin 2008 heure : / 1) Quels sont les 3 messages clés (maxi 3 mots /message) de la présentation : - - - Pour les items suivants entourer la valeur sélectionnée 2) La qualité de la présentation (diapositive, orale) est : Très mauvaise 1 2 3 4 5 6 7 8 Très bonne 3) Le degré de motivation du conférencier est : Très faible 1 2 3 4 5 6 7 8 Très important 4) Le conférencier a exposé l intérêt du sujet présenté : Très mal 1 2 3 4 5 6 7 8 Très bien 5) Le conférencier a fait des rappels : Très peu 1 2 3 4 5 6 7 8 Beaucoup 6) Le conférencier a rapporté son expérience personnelle : Très peu 1 2 3 4 5 6 7 8 Beaucoup 7) Le degré de mise en scène (théâtralisation) de la présentation est : Très faible 1 2 3 4 5 6 7 8 Très fort 8) La présentation est compréhensible : Très peu 1 2 3 4 5 6 7 8 Beaucoup 9) Les connaissances enseignées lors de la présentation sont pragmatiques (prescription d une séance de dialyse ) : Très peu 1 2 3 4 5 6 7 8 Beaucoup 10) La qualité des schémas de raisonnement est : Très faible 1 2 3 4 5 6 7 8 Très forte 17

11) La part de connaissances brutes livrées pendant la présentation est : Très faible 1 2 3 4 5 6 7 8 Très importante 12) Le conférencier a proposé des sources bibliographiques facilement utilisables : Très peu 1 2 3 4 5 6 7 8 Beaucoup 11) Cette présentation vous a plu : Pas du tout 1 2 3 4 5 6 7 8 Beaucoup 12) Quel votre DES 13) Quelle est votre fonction? Interne CCA autre 18

Annexe 2 Evaluation Pédagogique conférencier Quels sont les 3 messages clés (maxi 3 mots /message) de la présentation : - - - 19