5. LA LOMBALGIE CHRONIQUE



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Transcription:

5. LA LOMBALGIE CHRONIQUE Introduction générale 5 1 Aspects socio-professionnels 5 2 Facteurs psychologiques 5 3 Le point de vue du clinicien LA LOMBALGIE CHRONIQUE 65

Introduction générale LA LOMBALGIE CHRONIQUE La lombalgie chronique ne doit plus être considérée comme la simple résultante de phénomènes dégénératifs et/ou de leurs conséquences lésionnelles, mais bien comme une pathologie d origine multifactorielle, faisant intervenir à des degrés divers des éléments physiques et fonctionnels, socioprofessionnels et psychologiques. Penser que l on peut s affranchir d un interrogatoire et d un examen chez un patient souffrant de lombalgie chronique est un leurre. L interrogatoire pour apprécier la composante organique, psychologique, le retentissement socioprofessionnel est d une importance capitale. L interrogatoire est le premier pas, l examen, la deuxième étape, mesurer la mobilité rachidienne, l extension du rachis lombaire, l inégalité de longueur des membres inférieurs, la recherche des points douleurs, continuer par l examen des hanches et des sacro-iliaques est l ultime démarche à effectuer avant la demande des examens complémentaires ; ce qui n empêche jamais de procéder au remplissage de différents auto-questionnaires d évaluation qui peuvent être complétés par le patient afin d aboutir à une évaluation convenable et utile pour la démarche thérapeutique. Ainsi, nous aborderons successivement les aspects socioprofessionnels, les facteurs psychologiques et le point de vue du clinicien. 66

5.1 LA LOMBALGIE CHRONIQUE : ASPECTS SOCIO-PROFESSIONNELS Jean-Baptiste Fassier Le rôle de certaines expositions professionnelles dans la survenue des lombalgies est bien documenté dans la littérature : le port de charges lourdes au travail est un facteur de risque de lombalgie et de lombo-radiculalgie. La quantification de la relation dose-effet nécessite encore d'être précisée. La durée d'exposition aux manutentions manuelles est liée à la dégénérescence discale. Les manutentions de charge sont la première cause d accident de travail en France en 2011 et entraînent surtout des lésions lombaires. Les facteurs de risque d incapacité liés au milieu du travail recouvrent plusieurs domaines dans le champ psychologique, social et professionnel. Ils peuvent être évalués et intégrés dans une évaluation structurée, au moyen de questionnaires ou pendant l'entretien. Étant donné leur impact considérable sur le pronostic, l évaluation des dimensions sociales et professionnelles des lombalgies doit devenir beaucoup plus familière aux professionnels de santé. RÔLE DU TRAVAIL DANS LA SURVENUE DES LOMBALGIES Données de la littérature scientifique Une revue de la littérature scientifique a été effectuée par la Société française de médecine du travail pour fonder les recommandations de bonne pratique s agissant de la «Surveillance médico-professionnelle du risque lombaire pour les travailleurs exposés à des manipulations de charges» (25). Les principaux risques pour la santé des travailleurs 67

exposés à des manipulations de charges sont synthétisés de la façon suivante : Le port de charges au travail est un facteur de risque de lombalgie et de lombo-radiculalgie, sans qu il soit possible de faire la part des différentes sous-tâches de manutention (se pencher, pivoter, soulever, pousser, ou tirer fréquemment), avec le travail répétitif, le maintien de postures, le travail physique lourd et les facteurs de risque psychosociaux (GRADE A). La quantification de la relation dose-effet entre l intensité et la fréquence de la manutention de charges et le risque de lombalgie reste imprécise (GRADE B). Il existe une relation entre l exposition professionnelle aux manutentions manuelles de charges et la dégénérescence discale visualisée par l imagerie (GRADE B). La majorité des hernies discales apparaît sans événement déclenchant spécifique (par exemple un accident de travail). Un antécédent d événement déclenchant n est pas associé à une présentation plus sévère (GRADE C). Données de sinistralité (accidents du travail et maladies professionnelles) Les manutentions de charges étaient la première cause d accident du travail (AT) en France en 2011 entraînant des lésions essentiellement au niveau du rachis lombaire (2). Les affections chroniques du rachis lombaire associées à une irradiation vers les membres inférieurs (lombo-sciatiques et lombo-cruralgies) provoquées par la manutention manuelle de charges lourdes peuvent être reconnues au titre de maladie professionnelle depuis février 1999 : tableau 98 du régime général de la Sécurité sociale (ou tableau 57 bis du régime agricole). La durée moyenne des arrêts de travail pour lombalgie après un accident du travail est passée de 25 jours en 1970 à 55 jours en 2005. En maladie professionnelle, cette durée est de 340 jours. Près de 9 millions de journées d arrêt de travail par an sont prises en charge par la branche AT-MP : 8 millions en accidents du travail et un million en maladies professionnelles. On estime approximativement que 30 millions de journées de travail seraient perdues chaque année par arrêt maladie pour lombalgie. Les dépenses imputables au titre 68

du tableau 98 s élevaient en 2011 à 130 millions d euros (7,8 % du montant total) (2). FACTEURS DE RISQUE D INCAPACITÉ LIÉS AU MILIEU DE TRAVAIL Catégories de facteurs de risques Les facteurs de risques dits «psychosociaux» de passage à chronicité et de risque d incapacité ont été initialement décrits sous le terme de «yellow flags» (drapeaux jaunes) pour attirer l attention sur les éléments autres que biomédicaux dans l évolution des lombalgies (8). Malgré son apport dans l évaluation des lombalgies, cette catégorie de facteurs de risque a été critiquée par son caractère trop large qui couvrait huit grands domaines : attitudes et croyances envers le mal de dos, comportements, problèmes d indemnisation, problèmes de diagnostic et de traitement, émotions, enjeux familiaux et enjeux professionnels (21). Les facteurs de risque de chronicité liés au travail ont fait depuis l objet d une attention spécifique : il a été proposé de les catégoriser sous le vocable de «blue flags» (drapeaux bleus) et de «black flags» (drapeaux noirs) (26). Les drapeaux bleus sont définis comme les perceptions d un individu sur son travail qui peuvent entraîner une incapacité, que ces perceptions soient justes ou inappropriées. Ce sont les perceptions d un travailleur que son environnement de travail soit stressant, fortement exigeant, peu soutenant et peu épanouissant. Les drapeaux noirs incluent à la fois des caractéristiques de l employeur et du système d assurance (catégorie I) ainsi que les mesures objectives des exigences physiques et des caractéristiques du travail (catégorie II) (26). Le tableau 1 ci-après récapitule les différents facteurs de risque d incapacité liés au travail et catégorisés selon la méthode des drapeaux. Questionnaire Orebro Musculoskeletal Pain Questionnaire (12) (OMPQ) : Le groupe de travail sur les facteurs professionnels de risques d incapacité après une lombalgie (26) a recensé l ensemble de ces facteurs à partir de cinq revues systématiques de la littérature (13,29). Les conclusions de ces revues varient selon la méthodologie adoptée, mais il 69

Tableau 1 : Résumé des facteurs professionnels dans la méthode d identification des drapeaux pour identifier les patients lombalgiques à risque d évoluer vers l incapacité au travail (traduit de [5]) Item Modalité d évaluation Type de drapeaux Description 1 Entretien Blue flag Histoire professionnelle, incluant des changements fréquents de travail, l expérience de stress au travail, d insatisfaction au travail, de mauvaises relations avec les collègues ou un superviseur, l absence de consigne de réadaptation 2 Entretien Blue flag Croyance que le travail est nocif ; qu il peut provoquer une blessure ou peut être dangereux 3 Questionnaire OMPQ 4 Questionnaire OMPQ 5 Questionnaire OMPQ 6 Questionnaire OMPQ 7 Entretien Blue flag Blue flag Blue flag Blue flag Blue flag Peur de se blesser à nouveau («je ne devrais pas faire mon travail habituel avec la douleur actuelle») Prévisions et attentes de retour au travail («selon vous, quelles sont les chances que vous ayez repris le travail dans six mois?») Satisfaction au travail («si vous prenez en considération vos tâches habituelles de travail, votre encadrement, votre salaire, les possibilités de promotion et vos collègues de travail, quel est votre satisfaction envers votre travail?») Exigences physiques de travail («votre travail est-il lourd ou monotone?») Environnement actuel de travail peu aidant 70

Item Modalité d évaluation Type de drapeaux Description 8 Entretien Drapeau noir cat. I Faible niveau de qualification, faible statut socio-économique 9 Entretien Drapeau noir cat. I Faibles possibilités de tâches allégées et de retour au travail graduel, avec une implantation insatisfaisante de ces mesures 10 Entretien Drapeau noir cat. I Expériences négatives de la gestion des lombalgies au travail (par exemple, absence de système d information, entraves à la déclaration, réponses punitives de l encadrement) 11 Entretien Drapeau noir cat. I Absence d intérêt de l employeur 12 Entretien 13 Entretien 14 Entretien Drapeau noir cat. II Drapeau noir cat. II Drapeau noir cat. II Notion de travail manuel, particulièrement dans les groupes professionnels suivants : pêcheurs, bûcherons, agriculteurs ; secteur du bâtiment ; infirmières ; chauffeurs de camion Travail comportant des exigences biomécaniques significatives, tels que des efforts de manutention, la manutention manuelle de charges lourdes, la position assise prolongée, la position debout prolongée, la conduite, les vibrations, le maintien de posture contrainte, des horaires de travail rigides empêchant d effectuer des pauses nécessaires Travail comportant des horaires postés ou des horaires de travail asociaux 71

est possible de catégoriser les facteurs dans quatre grands domaines : les exigences physiques du travail ; les exigences psychologiques du travail ; les facteurs sociaux/managériaux ; les perceptions envers le travail. Ces catégories comprennent différents items qui sont étayés (ou non) selon les différentes études considérées. Méthodes d évaluation des facteurs de risque Il existe sept grandes méthodes d évaluation des facteurs professionnels de risque d incapacité : les questionnaires, l entrevue semistructurée, une réunion sur le lieu de travail, les impressions du clinicien, les méthodes de mesure objective et les données administratives. Chacune de ces méthodes présente des avantages et des inconvénients s agissant des critères de fiabilité, de validité prédictive et de faisabilité (26). Les questionnaires visant à identifier les facteurs professionnels de risque d incapacité ont des propriétés métrologiques globalement peu documentées, à l exception du questionnaire OMPQ (12) qui a été traduit et validé en français (22). Ces questionnaires sont les suivants : Orebro Musculoskeletal Pain Questionnaire (OMPQ) (12) ; Psychosocial Risk for Occupational Disability Instrument (PRODI) (24) ; Back Disability Risk Questionnaire (BDRQ) (27) ; Guide to assessing psychosocial yellow flags (8) ; Obstacles to RTW Questionnaire (ORQ) (20) ; Work Disability Diagnosis Interview (4). Au-delà du choix de la méthode et de l instrument, la question du moment opportun de l identification des facteurs professionnels de risque d incapacité reste débattue. Un groupe de travail a proposé une approche graduelle en trois étapes (26). La première étape comporterait la passation d un bref questionnaire d identification, à l ensemble des patients lombalgiques au stade aigu qui se sentent incapables d effectuer ou de reprendre leur travail habituel. L étape suivante serait une entrevue pour tous les patients ayant une douleur persistante au-delà de deux semaines et exprimant des préoccupations significatives envers leur travail. La troisième et dernière étape serait une visite sur le lieu de travail pour les patients lombalgiques ayant une douleur persistante et une incapacité à reprendre le travail après 3 ou 4 semaines. À chacune de ces étapes, des interventions visant le travail pourraient être définies également de façon graduelle (26). 72

Prise en charge et modification des facteurs professionnels de risque d incapacité Les cliniciens se sentent souvent dépourvus quand ils peuvent identifier des facteurs de risque d incapacité spécifiquement liés au milieu de travail, et sur lesquels ils ont peu de possibilités d agir. Il existe pourtant différentes possibilités d action, dans lesquelles le rôle du médecin du travail en France est déterminant (voir la section suivante). Le groupe de travail sur les facteurs professionnels de risques d incapacité a proposé de façon pragmatique d identifier ces facteurs dans sept grands domaines avec une question par domaine, pouvant être intégrée dans un entretien. Une liste des actions possibles en regard de chaque domaine identifié est destinée aux cliniciens afin d intervenir sur ces facteurs de risque modifiables. Ces notions sont récapitulées dans le tableau 2 ci-dessous. Tableau 2 : Identifier et intervenir sur les facteurs professionnels d incapacité au travail (traduit de (26) ) Catégorie de facteurs de risques professionnels Question à poser pendant l entretien Liste des actions possibles Exigences physiques fortes Êtes-vous préoccupé par le fait que les exigences physiques de votre travail puissent retarder votre retour au travail? Dresser une liste des tâches de travail problématiques Faire une évaluation des tâches de travail dans l entreprise Identifier les sources de soutien temporaire Impossibilité de modifier le travail Pensez-vous que votre travail puisse être modifié temporairement pour que vous puissiez reprendre le travail plus tôt? Travail modifié ou tâches alternatives Brainstormings avec le travailleur blessé Évaluer la flexibilité du travail 73

Exigences stressantes du travail Y a-t-il des sources de stress dans votre travail qui pourraient être difficiles à l occasion de votre premier retour au travail? Modifier la vitesse ou la pression temporelle du travail Reconnaître les éléments sources de stress Évaluer les stratégies habituelles d ajustement (coping) Manque de soutien social au travail Quels types de réponses attendez-vous de la part de vos collègues et de votre encadrement à votre retour? Établir plus de contacts avec les collègues Encourager la communication avec l employeur Impliquer des collègues de confiance Insatisfaction au travail Est-ce que c est un travail que vous recommanderiez à un ami? Évaluer si les objectifs de carrière ont changé Clarifier les options du travailleur et ses responsabilités Entretien motivationnel Faibles attentes / perspectives de guérison et de reprise du travail Êtes-vous préoccupé par le fait que reprendre le travail peut être difficile dans les circonstances actuelles? Clarifier la nature des préoccupations Les messages adressés par les différents médecins sont-ils réalistes? Réassurance et encouragements de la part de l employeur Peur de se blesser à nouveau Craignez-vous de nouveaux épisodes de douleurs une fois que vous aurez repris le travail? Développer un plan d action en cas de récurrence des symptômes Planifier un retour au travail plus progressif Modifier la croyance que l activité est dangereuse 74

LE RÔLE DU MÉDECIN DU TRAVAIL L évaluation et la prise en charge des dimensions socioprofessionnelles de la lombalgie nécessitent régulièrement d établir une collaboration avec le médecin du travail de la personne concernée. Conformément à la déontologie et à la législation, le partage du secret médical entre les différents médecins doit respecter les conditions suivantes : être nécessaire à la qualité de la prise en charge dans l intérêt du patient ; être limité aux seules informations nécessaires à la prise en charge ; être consenti explicitement par le patient après information des bénéfices et des risques éventuellement encourus. Les visites médicales Le médecin du travail peut être informé de la situation de la personne lombalgique durant les différentes visites médicales : visite d embauche, visites périodiques, visite de reprise après un arrêt de travail, visite à la demande (du salarié, de l employeur ou du médecin du travail). Chaque visite peut être l occasion de faire le point sur l histoire de la lombalgie et le retentissement sur la situation de travail. Le partage d informations entre le médecin du travail et le médecin traitant (ou un autre spécialiste) permet souvent d ajuster les situations de travail et/ou la prise en charge en médecine de soins. Lorsque la personne lombalgique est encore au travail, elle peut à tout moment demander à voir son médecin du travail (visite à la demande du salarié, prévue par le code du travail). Cette possibilité existe aussi quand la personne est en arrêt de travail. Il s agit alors de la visite de pré-reprise, qui a été modifiée par le décret 2012-135 du 30 janvier 2012 (applicable au 1 er juillet 2012) : elle devient obligatoire après un arrêt de travail de plus de trois mois mais reste à l initiative du médecin traitant, du médecin-conseil ou du salarié. Elle n est pas à l initiative de l employeur ni du médecin du travail, qui doit cependant organiser cette visite lorsqu on la lui demande (il n a pas l obligation ni la possibilité d aller chercher l information de la durée des arrêts des salariés pour les convoquer). L action en milieu de travail La notion de poste de travail est plus complexe qu il n y paraît. L expérience montre qu il existe toujours un décalage entre les 75

spécifications théoriques (le travail «prescrit») et le travail «réel» qui est effectivement accompli. Ce dernier est beaucoup plus complexe et plus exigeant que ne le prévoit la simple «fiche de poste» établie dans une optique de gestion des ressources humaines (1). En pratique, l analyse du poste de travail et de l activité peut être effectuée par une personne spécifiquement formée telle qu un médecin de santé au travail, un ergonome ou un psychologue du travail. C est une erreur de limiter l analyse du poste de travail aux seules contraintes biomécaniques (quantification de la manutention manuelle, analyse des cycles de travail, mesures de posture, etc.). Il est nécessaire d intégrer dans l analyse de l activité les modalités de coordination avec les autres intervenants, la régulation des relations au sein du collectif de travail, les relations avec la hiérarchie, le public ou les «donneurs d ordres», etc. En d autres termes, il n existe pas de poste de travail qui puisse être analysé ni adapté indépendamment de l environnement dans lequel il se situe. On peut distinguer schématiquement trois niveaux de complexité croissante d adaptation du poste de travail. Un premier niveau porte sur l aménagement des horaires et des tâches de travail (reprise à temps partiel thérapeutique, par exemple). Cette possibilité permet d effectuer une reprise progressive dans une logique de réadaptation fonctionnelle, avec la possibilité d augmenter progressivement le temps passé au travail et réduire le temps passé en arrêt. Les aménagements des tâches de travail peuvent consister en une dispense temporaire des tâches les plus exigeantes physiquement. Cette possibilité est ouverte par les restrictions médicales qui peuvent être prononcées par le médecin de santé au travail quand il évalue l aptitude médicale au travail. Ces restrictions sont censées s imposer à l employeur mais l effectivité de cette obligation varie selon les possibilités d organisation du travail et la qualité des relations les collègues et l encadrement. Les moyens financiers nécessaires sont modérés dès lors qu un aménagement des horaires et des tâches de travail peut suffire à l adaptation du poste. Un second niveau d adaptation est illustré par les interventions d ergonomie participative développées notamment au Québec (23). Il s agit d une approche participative associant le travailleur lombalgique avec ses collègues autour d une personne compétente en ergonomie qui intervient en mode «facilitateur» plutôt qu en mode «expert». La démarche est circonscrite dans le temps (quelques heures à quelques jours), dans son périmètre et dans les solutions proposées (faisables 76

rapidement, et à moindre coût). Cette approche est peu développée en France, bien qu elle ait démontré son efficacité pour faciliter le retour au travail des lombalgiques en arrêt au-delà de six semaines (14), et plus récemment chez les lombalgiques en arrêt de travail de longue durée (10). Cette modalité mérite d être adaptée et testée dans le contexte français compte tenu de son caractère efficace et coût-efficace (9, 15). Les ressources nécessaires concernent la personne compétente en ergonomie, la libération du temps de travail pour l encadrement participant au groupe de travail, et la mise en œuvre des modifications ergonomiques suggérées par le groupe. Les évaluations médico-économiques de ces interventions d ergonomie participative ont mis en évidence un rapport coûts/bénéfices favorable, dans la perspective de l assurancemaladie (15) ou dans une perspective sociétale (9). Un troisième niveau comprend l adaptation du poste de travail avec des équipements ergonomiques visant à diminuer les contraintes physiologiques. Ces équipements peuvent prendre la forme d aides techniques à la manutention (par exemple des lève-malades dans les hôpitaux). Il peut s agir de la mécanisation partielle de certaines tâches (par exemple le lavage des sols au moyen d auto laveuses). Le troisième niveau d adaptation impliquant l acquisition et la mise en œuvre d aides techniques est celui qui nécessite le plus d investissements financiers. Les coûts pour l employeur peuvent être diminués en mobilisant les prestations prévues par les dispositifs de maintien dans l emploi des travailleurs handicapés, que ce soit dans le secteur privé (AGEFIPH : association de gestion du fonds pour l insertion des personnes handicapées) ou la fonction publique (FIPHFP : fonds pour l insertion des personnes handicapées dans la fonction publique). En outre, la RQTH peut être un argument convainquant un employeur de conserver dans ses effectifs un salarié en difficultés de santé afin de satisfaire à l obligation d emploi de 6 % de salariés handicapés s imposant aux entreprises de plus de vingt salariés. Bien que l adaptation du poste de travail du lombalgique soit souhaitable de principe, il existe des situations où cet objectif n'est pas réaliste : un reclassement professionnel doit alors être privilégié. Il ne s agit plus d aménager le poste de travail mais d accompagner la personne lombalgique vers une mobilité professionnelle, à l intérieur de son entreprise ou bien à l extérieur. L objectif est ici de faire évoluer la personne lombalgique pour sa seconde partie de carrière vers des postes de travail moins exigeants physiquement. L étude des possibilités de reclassement profes- 77

sionnel nécessite l accompagnement par une personne spécifiquement formée (chargé de maintien en emploi). CONDITIONS NÉCESSAIRES AU SUCCÈS DE LA PRISE EN CHARGE Impliquer la personne lombalgique La motivation de la personne lombalgique est un élément essentiel à considérer. L adaptation du poste de travail nécessite souvent des qualités de persévérance (16,17). Étant donné l influence pronostique sur l évolution de la lombalgie de la faible satisfaction au travail ou de la faible attente de retourner au travail (5,11), la question de la motivation pour continuer son travail (ou le reprendre) sur un poste adapté nécessite d être abordée explicitement. En l absence d adhésion personnelle du lombalgique au projet d adaptation de son poste de travail, la faisabilité de cette adaptation est sujette à caution. Il est généralement contre-productif d adopter un jugement moral sur la faible motivation d une personne lombalgique à reprendre et/ou continuer son travail. Il est en revanche très efficient d en explorer avec elle les raisons et les enjeux dans une discussion aussi ouverte que possible. Cette approche est en effet de nature à identifier des barrières psychologiques (dépression, perte d estime de soi, sentiment d injustice) ou dans le milieu de travail (conflits interpersonnels, problème au poste de travail) susceptibles de conduire à des solutions plus appropriées qu une médicalisation du problème. Impliquer l entreprise La qualité des relations sociales dans l entreprise et dans le collectif de travail est un élément important dans l adaptation du poste (17, 30,31) qui est un processus social autant que technique. L adaptation du poste induit souvent une remise en question de l organisation collective du travail ; elle génère parfois des sentiments d injustice voire des réactions d animosité chez des collègues ou l encadrement de proximité qui peuvent subir une augmentation de leur charge de travail (18,31). Enfin, l attitude de l employeur est déterminante s agissant de sa motivation à conserver dans ses effectifs une personne qui n est pas à 100 % de ses capacités et nécessitant d investir du temps et 78

parfois de l argent pour adapter son poste de travail. Concrètement, la façon dont la personne lombalgique est perçue par ses collègues, son encadrement et son employeur est un facteur qui détermine amplement la possibilité d aménagement durable de son poste de travail. Impliquer les professionnels de santé Il arrive régulièrement que l absence de collaboration entre les différents médecins (médecins cliniciens, médecins du travail, médecins-conseils) retarde ou entrave l élaboration d un projet cohérent pour la personne lombalgique. Les informations parcellaires ou contradictoires données par les professionnels de santé sont également de nature à augmenter l anxiété, la défiance et l attentisme des personnes lombalgiques. La mise en cohérence des discours et des professionnels de santé nécessite de partager les informations médicales dans l intérêt et avec l accord du patient, ce qui nécessite du temps et de la confiance qui font parfois défaut. Collaborer et (se) coordonner Enfin, la capacité de collaboration des différents acteurs concernés nécessite une attention particulière (19,28). Cela est particulièrement vrai pour les interventions d ergonomie participative, la mise en œuvre d aides techniques et la démarche de reclassement professionnel lorsqu un aménagement n est pas possible. L ampleur de cette collaboration et le nombre d intervenants dépendent du projet considéré. Une cohérence doit être obtenue autour du projet entre la personne lombalgique, son médecin traitant, son médecin du travail et son employeur (6). Lorsque des aides techniques ou un projet de reclassement sont nécessaires, la coordination implique également le médecin-conseil de la sécurité sociale (dans le secteur privé) ou le médecin agréé (dans la fonction publique) et les intervenants sociaux en charge du maintien en emploi. Faute d obtenir cette cohérence, il est fréquent de constater que les intervenants poursuivent des objectifs divergents compromettant ainsi le succès du projet (16, 18). CONCLUSION L évaluation des dimensions sociales et professionnelles des lombalgies est peu familière aux professionnels de santé. Elle est pourtant nécessaire à la qualité de la prise en charge au stade subaigu et chro- 79

nique de la lombalgie. Il existe des outils pouvant être intégrés dans une démarche structurée (questionnaire ; questions simples associées à l entretien ). La prise en charge des facteurs socioprofessionnels nécessite souvent la collaboration et de partage d informations entre les professionnels de santé, et avec les acteurs de l entreprise. Cette prise en charge nécessite du temps, des compétences techniques en dehors du champ médical (droit du travail, droit social) et des compétences relationnelles (coordination, négociation). Le maintien dans l emploi d une personne lombalgique devrait être un objectif à part entière de sa prise en charge, au même titre que le contrôle de la douleur et le maintien des capacités fonctionnelles. Les objectifs professionnels devraient être abordés explicitement avec la personne lombalgique dès le début de sa prise en charge. Bibliographie 1. Clot Y (2008) Travail et pouvoir d agir. Le travail humain. PUF. 2. CNAMTS (2012) Statistiques des accidents du travail et des maladies professionnelles. Caisse nationale d assurance maladie des travailleurs salariés (Direction des risques professionnels). 3. Crook J et al. (2002) Determinants of occupational disability following a low back injury: a critical review of the literature. Journal of Occupational Rehabilitation; 12(4): p. 277-95. 4. Durand M.J et al. (2002) Helping clinicians in work disability prevention: the work disability diagnosis interview. Journal of Occupational Rehabilitation; 12(3): p. 191-204. 5. Fayad F et al. (2004) Chronicité, récidive et reprise du travail dans la lombalgie : facteurs communs de pronostic. Annales de Réadaptation et de Médecine Physique ; 47(4): p. 179-189. 6. Franche R.L. et al. (2005) Workplace-Based Return-to-Work Interventions: Optimizing the Role of Stakeholders in Implementation and Research. Journal of Occupational Rehabilitation; 15(4): p. 525-542. 7. Hartvigsen J et al. (2004) Psychosocial factors at work in relation to low back pain and consequences of low back pain; a systematic, critical review of prospective cohort studies. Occup Environ Med.; 61(1): p. e2. 8. Kendall N.A.S, Linton S.J, Main C (Oct, 2004 edition) Guide to assessing psychosocial yellow flags in acute low-back pain: Risk factors for long-term disability and work loss. 1997, Accident Compensation Corporation and the New Zealand Guidelines Group: Wellington, New Zealand. 80

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