Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement



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Transcription:

NATIONS UNIES TD Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement Distr. GÉNÉRALE TD/404 4 juin 2004 FRANÇAIS Original: ANGLAIS Onzième session São Paulo, 13-18 juin 2004 La nouvelle géographie du commerce international: la coopération Sud-Sud dans un monde de plus en plus interdépendant Débat de haut niveau INTRODUCTION 1. Une transformation silencieuse est en train de refaçonner le paysage économique et commercial mondial. La géographie du commerce international, dans laquelle depuis des siècles le Sud servait de réserve de ressources et de marché captif pour les produits finis du Nord, est en train d évoluer. La part du Sud dans le commerce et les flux financiers mondiaux augmente de manière spectaculaire depuis 20 ans. Les pays du Sud n ont pas tous pu en profiter mais il semblerait que même parmi certains des plus pauvres, les résultats se soient améliorés, ce qui est encourageant. 2. L ancienne géographie du commerce international a été en grande partie définie par le colonialisme. La révolution industrielle a aidé les puissances coloniales à atteindre une supériorité technologique décisive dans les domaines tant civil que militaire, et leur a permis d occuper une position centrale dans les relations économiques internationales par rapport aux pays en développement - situation déséquilibrée qui a persisté pendant l ère postcoloniale. 3. M. Raúl Prebisch, qui a joué un rôle prédominant dans la création de la CNUCED, a donné une expression à la problématique du développement des pays en développement par son analyse des relations centre-périphérie, de la situation des produits de base et des problèmes liés aux termes de l échange des pays en développement, qui mettait en lumière les défauts inhérents à l économie mondiale et au système commercial international. La solution qu il préconisait, GE.04-51541 (F) 100604 110604

page 2 à savoir une convergence des actions des pays aussi bien développés qu en développement pour réduire l écart entre les deux, demeure un objectif central de la CNUCED. L acte final de la toute première session de la Conférence en 1964 était ainsi libellé: «Il est essentiel que, grâce à cette action, la politique internationale en matière de commerce et de développement aboutisse à une nouvelle division internationale du travail qui soit plus rationnelle et plus équitable et qui s accompagne des ajustements nécessaires dans la production et le commerce internationaux. L augmentation de la productivité et l accroissement du pouvoir d achat qui en résulteront dans les pays en voie de développement contribueront à la croissance économique des pays industrialisés eux-mêmes et deviendront ainsi un instrument de la prospérité mondiale.». Importance croissante du Sud dans le commerce international 4. Aujourd hui, 40 ans après la création de la CNUCED, il est facile de constater l émergence d une nouvelle géographie commerciale, dans laquelle le Sud s éloigne progressivement de la périphérie de l économie et du commerce mondiaux, ce qui traduit une évolution du schéma traditionnel de la division internationale du travail. Cela permet d espérer que le commerce sera en mesure de jouer le rôle d une véritable locomotive au service d une croissance économique soutenue, de la diversification, de la création d emplois et de la réduction de la pauvreté dans les pays en développement. 5. La première session de la Conférence avait sans doute aussi raison de souligner que ce qui était bon pour le Sud l était également pour le Nord. C est d autant plus vrai que le potentiel de croissance future de la demande intérieure dans certains pays développés est appelé à plafonner, au vu des tendances démographiques à long terme et de la forte saturation de la consommation. Les pays en développement, qui constituent une vaste réserve de demande inexploitée, pourraient régulièrement alimenter la croissance du commerce international et l expansion de l économie mondiale, ce qui aurait des retombées bénéfiques pour les économies, les consommateurs, les actionnaires et les entreprises des pays développés. 6. Une manifestation importante de la nouvelle géographie qui est en train de se dessiner est la croissance de la part du Sud dans le commerce mondial, qui est désormais de 30 %, contre 20 % au milieu des années 80. La part des produits manufacturés dans les exportations des pays en développement est passée de 20 % (115 milliards de dollars) en 1980 à près de 70 % (1 300 milliards de dollars) en 2000. En 2003, pour la première fois, les importations des États-Unis en provenance des pays en développement ont dépassé celles en provenance des pays développés, et la part de leurs exportations vers les pays en développement a été supérieure à 40 %. Le Sud est la destination de près de la moitié des exportations du Japon et d un tiers de celles de l UE (non compris le commerce intracommunautaire). 7. Le Sud représente donc une part croissante de la demande mondiale. Certains pays en développement sont apparus comme des nœuds de croissance pour le commerce aussi bien international que régional. D aucuns ont le potentiel nécessaire pour devenir de grandes puissances économiques comme l Europe, les États-Unis et plus tard le Japon au XX e siècle. La Chine est l exemple qui s impose, mais elle n est en aucun cas le seul pays en développement qui joue un rôle de plus en plus important dans le commerce régional et international. D autres pays, tels que la République de Corée et Singapour, ont considérablement réduit l écart de

page 3 revenus avec les pays développés. Les pays en développement sont de plus en plus nombreux à pénétrer des secteurs dynamiques très divers du commerce mondial ou à consolider leur position dans ces secteurs. 8. Les facteurs qui contribuent aux bons résultats du Sud sont notamment les suivants: adoption de politiques et mesures stratégiques par des pays en développement plus performants et leurs entreprises, stratégies des sociétés transnationales et mondialisation des systèmes de production, mobilité des facteurs de production et des entreprises, évolution de la structure de la demande et des conditions d accès aux marchés, changements dans l intensité factorielle des biens pouvant faire l objet d échanges, compétitivité des coûts et progrès technologique (y compris les TIC). 9. Aujourd hui, les pays en développement sont mieux à même de tirer parti de ces changements et de l évolution de la division internationale du travail qui en découle. L externalisation de la fabrication depuis les années 80 et, plus récemment, celle des services (en particulier les services liés aux technologies de l information) illustre cette tendance. La modification de l équilibre démographique mondial et l augmentation des revenus dans les pays en développement permettent de penser que l importance du Sud en tant que source de demande mondiale ne fera que s accroître. Par exemple, alors que la population des pays en développement passera d ici à 2010 de 4,8 milliards à 5,6 milliards d habitants, celle des pays développés restera stationnaire à 1,2 milliard pendant cette période. Prééminence continue du Nord 10. Mais la primauté du Nord dans les relations économiques internationales se maintiendra. Le Nord continuera d avoir une influence décisive sur l évolution de l économie et du commerce mondiaux. Les asymétries entre les économies des pays en développement et développés sont simplement trop importantes, et il faudra longtemps pour parvenir à une convergence réelle. Ces divergences s expriment de diverses manières: niveaux de revenu, part dans le commerce mondial, y compris dans la valeur ajoutée commerciale, taille des opérateurs économiques, types de spécialisation et autres facteurs structurels et institutionnels. 11. Ces différences doivent être gardées à l esprit lors de toute discussion concernant les perspectives commerciales du Sud. Par exemple, le PIB moyen par habitant des pays développés est de près de 27 000 dollars, soit 20 fois celui des pays en développement. Moins de cinq membres de l OMC ayant le statut de pays en développement n ont que 10 000 dollars d écart avec le revenu par habitant des pays développés. 12. En termes de taille, de portée et de rayon d action, un abîme sépare les opérateurs économiques des pays développés et des pays en développement. En valeur ajoutée, les grandes sociétés transnationales des pays développés dépassent la taille des économies de la plupart des pays en développement: par exemple, la valeur ajouté d Exxon Mobil est plus importante que la taille des économies du Pakistan ou du Chili et le total de ses actifs étrangers atteint presque le total des actifs étrangers des 50 premières sociétés transnationales des pays en développement. Les ventes à l étranger de Daimler-Chrysler AG dépassent de 40 % le total des exportations de l ensemble de l Afrique, tandis que celles de Honda Motor Corporation sont supérieures à la valeur totale des exportations de l Inde.

page 4 13. Ces faits illustrent l ampleur de la tâche à accomplir par les pays en développement pour rattraper leur retard. Des facteurs structurels et institutionnels renforcent la crainte qu il ne soit pas facile de combler véritablement les écarts existants entre pays développés et pays en développement. 14. Ainsi, le commerce Sud-Sud ne doit pas être considéré comme un substitut du commerce Nord-Sud. Le Nord restera une destination importante pour les exportations du Sud et une source majeure d importations. L accès aux marchés du Nord demeurera la clef de la réussite commerciale des pays en développement. Cela étant, la création et le renforcement de complémentarités entre le commerce Sud-Sud et le commerce Nord-Sud peuvent promouvoir la croissance et la prospérité des pays aussi bien en développement que développés. Commerce Sud-Sud 15. Les échanges entre pays du Sud, en offrant aux pays en développement de multiples possibilités de renforcer leur position dans le commerce international, peuvent avoir une influence décisive sur la forme que prendra la nouvelle géographie commerciale. Aujourd hui, le commerce Sud-Sud représente à peine plus du dixième du total des échanges mondiaux, mais il est en pleine expansion. Il convient de noter que plus de 40 % des exportations des pays en développement sont destinées à d autres pays en développement et que le commerce entre ces pays augmente au rythme de 11 % par an. Le commerce Sud-Sud des services est aussi en progression et offre un potentiel important. Cette transformation silencieuse est renforcée par l investissement, le transfert de technologie et les relations interentreprises au niveau intrarégional, mais aussi au niveau interrégional. 16. Les obstacles qui entravent l accès aux marchés du Nord, conjugués aux difficultés et au coût élevé de l entrée sur le marché et à des structures et pratiques commerciales anticoncurrentielles, augmentent l attrait du Sud en tant que destination des exportations des pays en développement. Plusieurs de ces pays ont utilisé avec succès d autres pays du Sud pour lancer un produit et créer un capital marques. Les investissements et la coopération entre entreprises Sud-Sud deviennent aussi courants. Cela modifie la taille, la portée et l échelle des entreprises du Sud, autre caractéristique de la nouvelle géographie commerciale. Les grandes entreprises des pays en développement servent souvent de têtes de pont pour les entreprises plus petites. 17. La coopération économique et commerciale régionale, notamment par le biais des accords commerciaux bilatéraux et régionaux, est un mécanisme central qu utilise un nombre croissant de pays en développement pour promouvoir le commerce et l investissement réciproques. Les arrangements régionaux offrent d importantes possibilités pour élargir l espace économique, attirer l IED vers la région à de meilleures conditions et mettre en commun les ressources économiques, humaines, institutionnelles, technologiques et infrastructurelles et les réseaux des pays participants. Les arrangements régionaux ont mis du temps à démarrer, et c est toujours le cas de nombre d entre eux. Toutefois, l apparition de complémentarités entre les économies a incité les pays à s ouvrir les uns aux autres. Récemment, des pays en développement se sont associés à leurs partenaires développés dans le cadre de nouveaux types d arrangements régionaux, tels que des accords commerciaux régionaux Nord-Sud et Nord-Sud-Sud, ce qui témoigne d une interdépendance Nord-Sud croissante.

page 5 18. Certains de ces arrangements, comme le MERCOSUR, ont eu un impact notable sur l expansion du commerce dans certains secteurs entre les pays participants, ainsi qu entre ces pays et le reste du monde. La coopération régionale dans le domaine du commerce a permis à plusieurs pays de tirer parti de l évolution dynamique de la division régionale du travail, connue sous le nom du modèle en «vol d oies», qui veut que les pays les moins développés s insèrent aux stades les plus simples de la production manufacturière tandis que les économies plus avancées se décalent vers des activités de fabrication et de services de plus en plus sophistiquées. 19. Le commerce interrégional, autre voie d expansion du commerce Sud-Sud, s est aussi développé, mais son potentiel reste sous-exploité. Par exemple, 27 % et 12 %, respectivement, du commerce Sud-Sud des produits agricoles et des biens manufacturés sont assurés sur une base interrégionale. C est en particulier le cas lorsque les accords régionaux sont trop étroits pour offrir des complémentarités importantes. L accroissement des exportations agricoles de l Argentine et du Brésil vers la Chine et des exportations de produits manufacturés chinois vers ces pays, ainsi que le lancement par l Inde, le Brésil et l Afrique du Sud d un processus de coopération interrégionale, figurent parmi les indications récentes de changements importants dans le commerce interrégional au cours des années à venir. 20. Le commerce Sud-Sud, dans le cadre du Système global de préférences commerciales entre pays en développement (SGPC) peut également aider à accroître et élargir les possibilités d accès aux marchés interrégionaux des pays en développement. Il faut trouver des moyens de relancer le SGPC. Si le Comité des participants décide de lancer une troisième série de négociations, à l occasion de la onzième session de la Conférence, cela aidera à exploiter pleinement le potentiel du SGPC et du commerce interrégional. 21. Un important domaine dans lequel une plus grande interdépendance Sud-Sud est probable est celui des produits de base, combustibles et autres que les combustibles, qui représentent 46 % du commerce entre pays en développement. Le Sud aura de plus en plus besoin des ressources du Sud. Il aura aussi besoin des marchés du Sud. La difficulté consistera à parvenir à un équilibre entre les intérêts des exportateurs et des importateurs de produits de base du Sud afin de promouvoir une croissance et un développement harmonieux, soutenu et durable des économies du Sud. 22. Une autre difficulté consistera à faire en sorte que les PMA, les pays d Afrique et les petites économies ne soient pas laissés en marge de la nouvelle géographie commerciale. Ces pays sont handicapés par de graves problèmes structurels, économiques et sociaux, et sont les moins biens équipés pour tirer parti des possibilités existantes et naissantes. Il faut donner aux démunis et aux femmes du Sud les moyens de revendiquer une place dans le nouveau paysage commercial, ce qui contribuera grandement à la réalisation des objectifs de la Déclaration du Millénaire. Nouvelles formes de consultation et de coopération Sud-Sud 23. Depuis la création du Groupe des 77, l un des objectifs communs importants des pays du Sud est de faire entendre leurs voix lors de la prise de décisions économiques mondiales. Un fait nouveau à cet égard est l apparition de coalitions sur tel ou tel sujet dans le contexte des négociations commerciales multilatérales en cours concernant le programme de travail de Doha, telles que le Groupe des 20 et le Groupe des 90. Certains pays du Sud ont aussi établi des

page 6 mécanismes consultatifs interrégionaux comme le Forum pour le dialogue IBSA (Inde, Brésil et Afrique du Sud). Ces coalitions peuvent aider le Sud à agir de manière solidaire pour faire efficacement avancer ses intérêts collectifs dans les instances multilatérales, et beaucoup contribuer à l élaboration d un programme mondial pour le commerce et le développement qui soit véritablement équilibré et favorable au développement. Le chemin à parcourir et le rôle de la CNUCED 24. L émergence d une nouvelle géographique commerciale, dans laquelle le Sud se rapproche toujours plus du centre des relations économiques internationales, est de plus en plus apparente. Elle s accompagne d une interdépendance Sud-Sud et Nord-Sud qui s étend et s intensifie encore. Tandis que le Nord continuera de maintenir sa prééminence, le commerce Sud-Sud aura un rôle de plus en plus important à jouer dans cette transformation. Il est important que tous les pays - du Nord et du Sud - œuvrent ensemble pour faire en sorte que ce processus soit harmonieux, rapide et bénéfique pour tous les pays et tous les peuples. Une vision globale, fondée sur la solidarité en matière de commerce et de développement, est nécessaire pour assurer: Un processus coopératif, Nord et Sud travaillant à un programme convergent qui repose sur le partage des responsabilités et un véritable partenariat; Un processus non exclusif garantissant que des pays tels que les PMA et les petites économies ne soient pas laissés pour compte; Un processus à visage humain assurant la pleine participation des populations, communautés et régions défavorisées, en particulier les pauvres et les femmes; Un processus durable qui tienne dûment compte des besoins des générations futures; Un processus favorable au commerce, auquel contribuent de manière cohérente le financement du développement, l IED, l allégement de la dette, l aide à l ajustement, le transfert de technologie et le renforcement des capacités. Les systèmes commerciaux, financiers et monétaires internationaux devront assumer pleinement leur rôle. 25. En tant que principal organisme des Nations Unies chargé du traitement intégré du commerce et du développement, la CNUCED peut beaucoup contribuer à la réalisation de la nouvelle vision de la politique commerciale au service du développement grâce à ses trois grands domaines d action: délibérations intergouvernementales et recherche d un consensus; études et analyse des politiques; assistance technique et renforcement des capacités. 26. La CNUCED peut aider les pays en développement à élaborer des politiques et stratégies commerciales dans les domaines interdépendants que sont les politiques nationales de développement et l intégration intrarégionale et interrégionale. Elle peut les aider à renforcer la coopération et l intégration commerciales Sud-Sud et à accroître l efficacité de ces arrangements et les gains qui en découlent. Elle peut préciser les règles commerciales qui sont nécessaires aux niveaux multilatéral et régional ainsi que les politiques et mesures internationales

page 7 complémentaires requises pour tenir compte de la spécificité des besoins des pays du tiers monde à différents stades de développement. 27. Alors que la physionomie du commerce international évolue rapidement, la CNUCED peut suivre l évolution et les résultats des arrangements de coopération et d intégration Sud-Sud et l incidence qu ont sur eux les politiques du Nord, et présenter divers scénarios afin que leurs conséquences pour le développement soint comprises dans une perspective holistique et abordées dans le contexte d une gouvernance économique mondiale. Elle peut également contribuer à instaurer, à maintenir et à promouvoir le dialogue et la confiance entre les différentes parties prenantes sur des questions et des processus clefs, ce qui est tout aussi important. -----