Bienvenue dans ce module de formation destiné aux personnes qui œuvrent en milieu hospitalier, que ce soit à des fonctions cliniques, techniques, administratives, de gestion ou de soutien. Ce module de deux leçons vous présente un aperçu des problématiques actuelles qui incitent le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) à instaurer de nouvelles pratiques pour répondre aux besoins des personnes âgées hospitalisées. Profitez des prochaines minutes pour vous familiariser avec «l approche adaptée à la personne âgée en milieu hospitalier». Retournez sur l onglet «Table des matières». 2
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L automne passé, quand ça commencé, c est que, j avais de la misère à respirer. Ça m était jamais arrivé avant, donc ça m inquiétait un peu. Et ensuite, j ai vu que j étais très fatiguée même si je ne faisais à peu près rien, puis j ai commencé à faire de la température. Là je me suis inquiétée. Quand ça a faitquelques jours, après 3 ou 4 jours, j ai pensé d appeler ma nièce pour lui conter ça puis voir c est tu rien que moi qui s énerve pour rien, mais j arrivais pas à la rejoindre, et là j ai commencé à avoir toutes sortes d idées. À mon âge on pense toujours que c est peut-être la dernière fois, c est peut-être le départ, tout ça. Alors là j ai décidé, j ai appelé l ambulance, puis je suis partie pour l hôpital. C est de même que ça c est passé. À l urgence, bon, ça s est passé comme ça se passe tout le temps, on attend. Mais, finalement, quand le médecin est arrivé, après avoir eu, lui, ses résultats, en premier, il m a dit «Là, faut qu on vérifie si c est contagieux. Ça se peut que vous fassiez de l influenza, puis ça c est très contagieux. Alors, en attendant, il va falloir vous isoler, de vous mettre à part.» Moi, j étais pas mal sûre que ce n était pas une grippe. Je me sentais bien plus malade que ça, mais ils ne m ont pas demandé mon avis. Je me suis retrouvée entre quatre rideaux, toute seule, puis je ne pouvais pas marcher, je ne pouvais pas voir d autres personnes, j étais toute seule à l intérieur. Je n avais pas de fenêtre, donc, pour respirer, c était pas fameux. Puis, je n avais pas ma montre, donc, avec les lumières qui étaient toujours allumées, je ne pouvais même pas savoir, on est-tu le jour, la nuit. Ce n était pas drôle; c est ça que j ai trouvé difficile. Mais moi quand ils m ont dit que c était probablement une grippe, en tout cas, ils avaient l air pas mal certains que c étaitune grippe, je souhaitais que ce ne soit pas ça, parce que s ils étaient pour me retourner chez nous, j étais pas capable, j étais trop malade, je me voyais vraiment pas retourner à lamaison. Donc, qu ils appellent ça une grippe ou autre chose, moi je tenais à rester à l hôpital pour qu ils prennent soin de moi. J étais malade là, vraiment pas bien. Mais les soins, les infirmières sont toujours très pressées; elles semblent bien occupées, mais, même si elles sont pressées,quand elles venaient me voir, moi, en tout cas, je ne suis pas capable de comprendre que l on se comporte comme ça avec quelqu un. Elles se parlaient entre elles d une autre patiente, d une autre malade, qui criait tout le temps, puis ça avait l air à les tanner. Mais moi j étais là. On aurait dit qu elles ne me voyaient même pas. Ça faisait pareil comme si je n avais pas été là. C est sûr que là, comme je suis aujourd hui, je suis mieux, c est certain que là je dirais : «Eh! You hou! Il y a quelqu un ici!» Mais, j étais tellement malade; je voyaisce qui se passait, mais je n étais pas capable d intervenir donc je laissais aller. C est sûr qu elles ont fait ce qu il fallait; elles entraient avec des gants, puis avec leurs masques, puis elles faisaient leur «job», moi c est de même que je voyais ça; ça semblait pas des personnes qui viennent prendre soin de moi, c était pas ça. Se laver, là je peux vous dire qu on ne prend pas de douche, on ne prend pas de bain; je ne savais pas, mais ça existe des débarbouillettes jetables, alors pour l hygiène, je vais vous dire, ce n est pas beaucoup. Moi il me semble que ça aurait fait tellement de bien, quand ça fait 4 jours, ou presque, que jesuis restée là, dans mon lit, parce que marcher autour, ça marche pas longtemps, et je ne pouvais pas aller ailleurs, alors pour l hygiène, c est vraiment un minimum, minimum. Pour la nourriture, premièrement je n avais pas tellement faim, donc ce n était pas tellement grave, mais le plateau arrivait, là où j étais, et ça m est arrivé de dire «J ai pas faim». C est pas grave. Elles sont reparties avec leur cabaret. Ça n a pas été plus compliqué que ça. J ai essayé de rejoindre ma nièce parce qu elle ne savait pas que j étais rendue à l hôpital, puis j ai un petit oiseau, un serin, à la maison, puis je ne voulais pas qu il soit seul, mais je n arrivais pas à me rappeler de son numéro de téléphone; j étais tellement comme dans la brume avec le mal que j avais. Donc,ilaurait fallu que j aie mon carnet d adresses, puis il était avec le linge, dans un sac, en dessous de la civière. Alors, j pense que, même si j avais été en forme, ça n aurait pasété facile de rejoindre mon carnet. Donc, j ai pas pu l appeler et ça m inquiétait aussi. Alors quand je suis arrivée à ma chambre, finalement j ai été là presque 1 mois, presque 4 semaines, et, je ne sais pas si c estdû aux médicaments, en tout cas, je demande à l infirmière «J ai de la difficulté à aller à la toilette». Elle me dit «C est normal». Alors ça m a rassurée; c était normal, c était par rapport aux médicaments. Sauf que, j ai continué d être constipée. Ça je n ai pas trouvé cela facile. Dans l après-midi, ça fait presque un mois que je suis à l hôpital, puis là on vient me dire «Vous partez demain». Bon, alors pareil comme si là je suis vraiment guérie, je m en vais chez nous, tout est correct là. Alors moi je ne me sens pas du tout en mesure de m occuper de moi, quand ça fait un mois que tu n es pas à la maison, ça veut dire qu il n y a rien dans le frigidaire, ça veut dire qu il faudra avertir le CLSC par ce qu il y a une dame qui vient pour m aider pour le bain; écoutez il y a plein de choses; ça prend un mois, je pense à ça, je ne sais pas comment je vais faire; je ne me sens vraiment pas capable de m en retourner à la maison comme ça. L infirmière me dit ça comme si tout est beau, là je retourne, je suis correcte. C est sûr j ai été bien soignée, mais moi je trouve dont qu on nous traite plus comme une malade, mais j étais une personne malade, et ça, en tout cas, c est peut-être rien que moi là, mais ça, je trouve que ça manque énormément. Retournez sur l onglet «Table des matières». 5
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Alors, pour moi, l approche adaptée à la personne âgée, c est une approche basée sur les connaissances relatives au vieillissement normal et au vieillissement pathologique. Pour éviter deux erreurs, la première: traiter des manifestations normales ou ignorer les manifestations pathologiques. Ces connaissances nous donnent comme clinicien la possibilité de bien respecter les étapes de soin au niveau du dépistage, l évaluation, l intervention, le suivi. Ça permet de mieux orienter le gestionnaire dans l organisation des soins aux personnes âgées, et finalement d offrir des services de qualité à toutes les personnes âgées, sans toujours avoir recours à des services gériatriques. Ces services sont spécialisés et devant être réservés à des situations complexes de soin. Retournez sur l onglet «Table des matières». 8
Alors, premièrement, on a un devoir d adapter nos soins aux personnes qui se présentent à notre établissement. Le contexte démographique actuel fait qu il y a plus de 50 % de nos personnes hospitalisées qui sont âgées. Donc, on se doit d adapter nos soins à cette clientèle-là. Les données probantes aussi, qui existent, qui sont de plus en plus disponibles, nous indiquent qu il y a un lien très clair entre la perte d autonomie et l hospitalisation. Donc, on a un effet, comme intervenant, sur la perte ou non d autonomie. Donc, on doit adapter nos soins; on doit s assurer que l on adopte les meilleures pratiques parce qu on a un pouvoir d intervention. Et, si on ne le fait pas, il y a des conséquences beaucoup pour la personne, allant de certaines complications jusqu à un décès, et la personne âgée qui se présente autonome à l hôpital doit ressortir autant que possible autonome, et pas avec une demande d hébergement ou un décès. Alors, c est pour ça que ça nous motive, parce qu il y a des choses à faire, et on doit le faire. Retournez sur l onglet «Table des matières». 9
Les avantages d'une approche adaptée aux personnes âgées en milieu hospitalier découlent du fait que, au fil des années, on a vu le profil de la clientèle se modifier, de sorte qu'on récolte ce que j'appelle les dividendes de tous les soins : les soins ambulatoires, médecine de jour, chirurgie de jour. De sorte que, une des résultantes c'est que les patients âgés hospitalisés ont en général un profil de vulnérabilité beaucoup plus grande, de fragilité beaucoup plus grande et souvent avec une lourdeur associée à ces conditions là. Donc, dans l'optique d'offrir des soins de qualité, à mon avis le statu quo n'est pas envisageable pour le futur parce que, en raison des particularités de la personne âgée, il y a un risque de déclin fonctionnel beaucoup plus grand qui découle d'un séjour à l'hôpital, et donc il faut prendre action pour renverser la partie modifiable ou potentiellement modifiable due à un séjour en milieu hospitalier. Retournez sur l onglet «Table des matières». 10
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Un des avantages d'une approche adaptée pour les intervenants se situe également au niveau de l'acquis de nouvelles connaissances et l'acquis de nouvelles compétences, de sorte que ça peut se refléter avec un plaisir à soigner une personne âgée, contrairement à des fois, l'image un peu négative. Il reste que, avec des interventions ciblées, lorsqu'on comprend le pourquoi des gestes et des raisons qui sous-tendent d'aborder les choses d'une telle façon plutôt que d'une autre, il y a des gains pour le personnel, des gains pour les gens au chevet, pour la gratitude et la fierté de ton travail, qui a un impact aussi sur la qualité des soins. Un autre avantage pour les membres du personnel est l'aspect de la valorisation de tes interventions en cours de séjour. Je pense que s'est très gratifiant, peu importe ton allégeance professionnelle, que tu sois médecin, infirmière, personne de l'entretien ménager, que d'avoir eu le sentiment, en cours de séjour, d'avoir posé un geste, une action qui a eu un impact sur l'évolution de la personne durant son séjour en milieu hospitalier. C'est quelque chose qui pour tout le monde est extrêmement gratifiant. Retournez sur l onglet «Table des matières». 16
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Souvent, nous jugeons trop vite par manque de connaissance. L âgisme est un préjugé, tout comme le sexisme, le racisme ou l homophobie. Il est fondé sur des croyances erronées, des stéréotypes et des généralisations envers la personne âgée. Nos aînés en sont souvent la cible. Ce genre de préjugé peut être véhiculé non seulement par la personne âgée elle-même et par la population en général, mais aussi par le personnel hospitalier. Retournez sur l onglet «Table des matières». 20
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Dans les consultations avec maman et les experts dans le domaine, en préparation pour l'hospitalisation, je m'apercevais, mes sœurségalement, que l'intervenant, la personne qui parlait, nous parlait à nous, mais ne parlait pas à maman nécessairement. Au début, c'est certain qu'il y avait comme un contact qui se faisait entre l'expert et maman, mais rapidement il se tournait vers nous. Je peux comprendre que naturellement on veuille faire ça parce qu on veut que la personne nous comprenne et on veut que tout soit clair, donc on va se tourner vers la personne qui accompagne tout probablement la personne âgée. Mais moi ça me laissait sur un drôle de sentiment en me disant «Qu'est-ce qu'il va arriver lorsqu elle sera toute seule à l'hôpital?» Est-ce qu'on va avoir justement besoin de quelqu'un à côté d'elle pour comprendre, ou estce qu'elle va être ignorée? Retournez sur l onglet «Table des matières». 22
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Voir ci-joint pour ajuster les chiffres Occupation des civières à l urgence. En 2010, les personnes âgées occupent déjà près de 25% des civières des urgences. Durée moyenne de séjour (DMS). DMS à l urgence (2009-2010) pour les moins de 75 ans11.24 heuresalors que pour les plus de 75 ans à tout près de 24 heures. C est là un écart important qui s accentue avec l âge Occupation des lits de courte durée. En 2009-2010, les personnes âgées de 65 ans et plus occupent 58% des lits de courte durée alors qu elles représentent 15% de la population. Les personnes âgées de 75 ans et plus occupent 39% des lits de courte durée, alors qu elles représentent 7% de la population, soit environ 550 00 personnes. 32
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