Cancers urologiques, Rein, vessie, prostate, organes génitaux externes

Documents pareils
Le dépistage du cancer de la prostate. une décision qui VOUS appartient!

GUIDE PATIENT - AFFECTION DE LONGUE DURÉE. La prise en charge du cancer du rein

LIGNES DIRECTRICES CLINIQUES TOUT AU LONG DU CONTINUUM DE SOINS : Objectif de ce chapitre. 6.1 Introduction 86

G U I D E P A T I E N T - A F F E C T I O N D E L O N G U E D U R É E. La prise en charge du cancer du foie

Assurance maladie grave

Sujets présentés par le Professeur Olivier CUSSENOT

Leucémies de l enfant et de l adolescent

COMMISSION DE LA TRANSPARENCE. Avis. 23 mai 2007

Dépistage du cancer de la prostate : vers un outil d aide à la décision pour le citoyen et le médecin

Les grands syndromes. Endoscopie trachéo-bronchique. Professeur D. ANTHOINE CHU de NANCY

G U I D E - A F F E C T I O N D E L O N G U E D U R É E. La prise en charge de votre mélanome cutané

Charte régionale des Réunions de Concertation Pluridisciplinaire de PACA, Corse et Monaco

Qu est-ce qu un sarcome?

Statistiques Canadiennes sur le Cancer, et HMR sur le poumon

Suivi ADOM. Claude Boiron Oncologie Médicale

GUIDE PATIENT - AFFECTION DE LONGUE DURÉE. La prise en charge des leucémies aiguës de l adulte

TUMEURS DU BAS APPAREIL URINAIRE

Les renseignements suivants sont destinés uniquement aux personnes qui ont reçu un diagnostic de cancer

Découvrez L INSTITUT UNIVERSITAIRE DU CANCER DE TOULOUSE

Prostate Une petite glande de grande importance

L arthrose, ses maux si on en parlait!

Les soins infirmiers en oncologie : une carrière faite pour vous! Nom de la Présentatrice et section de l'acio

LA PROPOSITION DE LA VACCINATION ANTI-PAPILLOMAVIRUS: INFORMATIONS TRANSMISES ET VECU DE LA PROPOSITION

Votre guide des définitions des maladies graves de l Assurance maladies graves express

Caisse Nationale de l'assurance Maladie des Travailleurs Salariés Sécurité Sociale

GUIDE D INFORMATIONS A LA PREVENTION DE L INSUFFISANCE RENALE

Recommandations régionales Prise en charge des carcinomes cutanés

Les traitements du cancer du rein

2È JOURNÉE NATIONALE DE FORMATION DES PHARMACIENS CANCER ET ACCOMPAGNEMENT DU PHARMACIEN : UN PREMIER PAS VERS LA RÉSILIENCE.

Transgene accorde une option de licence exclusive pour le développement et la commercialisation de son produit d immunothérapie TG4010

L'œsophage L'œsophage est un tube musculaire qui traverse de la bouche à l'estomac. Causes

L approche populationnelle : une nouvelle façon de voir et d agir en santé

Le dépistage des cancers

On a souvent entendu que l information c est le pouvoir. En fait, c est le pouvoir d agir.

Aujourd hui, pas un seul manager ne peut se dire à l abri des conflits que ce soit avec ses supérieurs, ses collègues ou ses collaborateurs.

Programme «maladie» - Partie II «Objectifs / Résultats» Objectif n 2 : développer la prévention

EVALUATION DES TECHNOLOGIES DE SANTÉ ANALYSE MÉDICO-ÉCONOMIQUE. Efficacité et efficience des hypolipémiants Une analyse centrée sur les statines

Les cancers de la prostate

TEST DE DÉTECTION DE LA PRODUCTION D INTERFÉRON γ POUR LE DIAGNOSTIC DES INFECTIONS TUBERCULEUSES

chronique La maladie rénale Un risque pour bon nombre de vos patients Document destiné aux professionnels de santé

RAPPORT D ORIENTATION. Dépistage du cancer de la prostate. Analyse critique des articles issus des études ERSPC et PLCO publiés en mars 2009

Lymphome non hodgkinien

Montréal, 24 mars David Levine Président et chef de la direction DL Strategic Consulting. DL Consulting Strategies in Healthcare

L axe 5 du Cancéropole Nord Ouest

La formation comme levier de changement des pratiques

ANEMIE ET THROMBOPENIE CHEZ LES PATIENTS ATTEINTS D UN CANCER

Bouger, c est bon pour la santé!

Se libérer de la drogue

Faut-il encore traiter les cancers prostatiques?

1 of 5 02/11/ :03

23. Interprétation clinique des mesures de l effet traitement

Lettre circulaire aux Gastro-Entérologues

Maladie de Hodgkin ou lymphome de Hodgkin

1- Parmi les affirmations suivantes, quelles sont les réponses vraies :

Innovations thérapeutiques en transplantation

Epilepsies : Parents, enseignants, comment accompagner l enfant pour éviter l échec scolaire?

Adapter et apprivoiser sa chimiothérapie Une application smartphone au service des patients

A l Assistance Publique - Hôpitaux de Marseille, Octobre Rose est l occasion de mettre en valeur la filière de soins dédiée au cancer du sein.

La polyarthrite rhumatoïde est-elle une maladie courante parmi la patientèle d'un rhumatologue?

Plan. Introduction. Les Nouveaux Anticoagulants Oraux et le sujet âgé. Audit de prescription au Centre Hospitalier Geriatrique du Mont d Or

Historique du coaching en entreprise

La recherche en urologie à l hôpital Foch... p.2-4 ACTUALITÉ

RAPPORT D ACTIVITE AIDEA Sommaire

Complément à la circulaire DH/EO 2 n du 30 mai 2000 relative à l'hospitalisation à domicile

Anémie et maladie rénale chronique. Phases 1-4

Test de reconnaissance des faux pas (version adulte)

Point sur la stratégie

Traitements néoadjuvants des cancers du rectum. Pr. G. Portier CHU Purpan - Toulouse

{ Introduction. Proposition GIHP 05/12/2014

IRM du Cancer du Rectum

Formation certifiante au métier de coach scolaire

DOSSIER DE PRÉSENTATION

La prise en charge de votre polyarthrite rhumatoïde

QU EST-CE QUE LA PROPHYLAXIE?

Cancer du sein in situ

DOULEUR et SOINS INFIRMIERS


Les usagers de drogues âgés de 40 ans et plus pris en charge dans les structures de soins pour leurs problèmes d addiction

DIAGNOSTIC SOLAIRE ÉVALUEZ VOTRE SENSIBILITÉ ET VOTRE RISQUE AU SOLEIL! INSTITUT FRANÇAIS SOLEIL & SANTÉ.

Hémostase et Endocardite Surveillance des anticoagulants. Docteur Christine BOITEUX

Compte rendu du séminaire sur les RPS qui a eu lieu mardi 4 février à la MMSH

L EMEA accepte d évaluer la demande d autorisation de mise sur le marché de la LENALIDOMIDE

Information à un nouveau donneur de cellules souches du sang

Compte-rendu d examen anatomo-pathologique - hépatite chronique

2.4. Les médicaments de la «liste en sus»

Unité d enseignement 4 : Perception/système nerveux/revêtement cutané

Nouveaux rôles infirmiers : une nécessité pour la santé publique et la sécurité des soins, un avenir pour la profession

Compte rendu d hospitalisation hépatite C. À partir de la IIème année MG, IIIème années MD et Pharmacie

Cancers de l hypopharynx

Comprendre les phénomènes biologiques et psychologiques du stress

Programme. Programme Activ. Dossier de presse Juin Dossier de presse Programme Activ 1

Coaching et Team Building

ENFANT ASTHMATIQUE? PAS DE PANIQUE Contrôlez et équilibrez l asthme de votre enfant

Vaccinations pour les professionnels : actualités

Principes généraux de gestion d un cabinet libéral. Dr J.Ph. Masson 8 avril

Communiqué. Abbott présente à Santé Canada une demande d homologation d HUMIRA pour le traitement du psoriasis POUR PUBLICATION IMMÉDIATE

Apport de l IRM dans la

et l utilisation des traitements biologiques

Peut-on réduire l incidence de la gastroentérite et ses conséquences dans les écoles primaires à l aide de solution hydro-alcoolique?

La prise en charge de votre maladie de Parkinson

Transcription:

Le 05/07/2013 Cancers urologiques, Rein, vessie, prostate, organes génitaux externes Retour des Journées d Onco-Urologie Médicale de l Association Française d Urologie Les Journées d Onco-Urologie Médicale de l Association Française d Urologie se sont tenues les 28 et 29 juin. Les JOUM sont organisées, chaque année, depuis 5 ans afin de proposer aux urologues et aux oncologues qui travaillent en urologie, une mise à jour des recommandations de pratique clinique ainsi que des dernières perspectives ouvertes par la recherche fondamentale ou clinique. Ces journées scientifiques sont d autant plus importantes que les cancers urologiques représentent près de 1 million de patients au total en France, soit 40 % de l ensemble des tumeurs solides, avec environ 95 000 nouveaux cas, chaque année. Cette année, les JOUM ont accueilli 400 médecins, urologues et oncologues, mais aussi, parmi les orateurs, des radiologues et radiothérapeutes. Elles se sont déroulées dans le contexte de la préparation du plan cancer auquel l AFU a contribué à travers 70 propositions (en annexes de ce communiqué), qui ont aussi nourri les échanges lors des JOUM. Parmi les sessions proposées aux inscrits, la sélection suivante illustre la richesse et la diversité du programme des JOUM : Recherche fondamentale, avec la présentation par le professeur Arnaud Méjean (Paris), du nouveau concept de «self-seeding» ; Evaluations cliniques, avec le point sur la prescription de la surveillance active dans le cancer de la prostate de la surveillance idéale à la surveillance dans la vraie vie - introduit lors du bilan des congrès de l année, par le professeur Laurent Salomon (Créteil) ; Cas pratique avec le docteur Pierre Gimel (Perpignan) qui a souligné l importance d associer à l éducation thérapeutique du patient une démarche de coaching, pour l aider à faire face aux effets indésirables des thérapies anti-cancéreuses. En sus de ces sujets, présentés ci-après, l AFU est à votre disposition si vous souhaitez obtenir des informations sur d autres thèmes, abordés lors des JOUM, ou bien sur les propositions de la société savante pour le plan cancer III. 1

Self-seeding : un nouveau paradigme pour comprendre le développement des cancers. Derrière la métaphore jardinière du self-seeding (ou auto-ensemencement), se trouve un nouveau concept développé à partir de 2006 1, afin de mieux comprendre les différences observées entre les tumeurs, que ce soit en termes de croissance des tumeurs ou en termes de capacité à produire des métastases. Le professeur Arnaud Méjean, chef de service à l hôpital européen Georges Pompidou, à Paris, explicite les points essentiels de sa présentation aux JOUM. «On est parti de l observation suivante : certaines tumeurs, petites, métastasent très vite alors que d autres peuvent grossir, sans pour autant produire de métastases. A quoi s ajoute une autre énigme : l apparition de métastases, parfois jusqu à 10 ans voire 15 ans après que la tumeur primaire a été retirée. La notion de self-seeding est un nouveau concept qui permet de rendre compte de ces phénomènes. Il s'est substitué à une conception unidirectionnelle du développement du cancer, de la tumeur primaire, vers les sites métastatiques. En effet, dans la réalité, les mouvements sont beaucoup plus complexes : La tumeur primaire peut s auto-ensemencer, se nourrir elle-même, comme elle peut contribuer à nourrir des métastases ; De la même façon, les métastases s auto-ensemencent, comme elles peuvent contribuer à nourrir la tumeur primaire, mais aussi d autres métastases, qui pourront, à leur tour, s autoensemencer et ainsi de suite. L ensemble crée un réseau complexe, que certaines équipes de recherche ont tenté de cartographier. Par ailleurs, le développement des tumeurs primaires ou des métastases dépend du terrain dans lequel elles se situent : micro-environnement inflammatoire, immunité locale, etc. Pour poursuivre la métaphore agricole du self-seeding, en fonction du sol, elles grossiront plus ou moins vite, produiront ou ne produiront pas de métastases, métastases qui se développeront elles-mêmes, dans les organes leur offrant un sol favorable (comme les os pour le cancer de la prostate). Cependant, difficulté supplémentaire, des facteurs similaires ne produisent pas toujours les mêmes effets, en fonction de la tumeur et de son environnement. Prenons l exemple de l inflammation : elle peut être favorable au développement de la tumeur - c est le cas dans le cancer de l estomac, favorisé par l inflammation provoquée par l hélicobacter ; ou défavorable à la tumeur c est le cas de l inflammation induite par les instillations intravésicales de BCG, utilisées pour traiter le cancer de la vessie. 1 http://www.cancer.gov/ncicancerbulletin/020811/page4 2

Enfin, en ce qui concerne les métastases tardives, qui apparaissent des années après la disparition de la tumeur primaire : elles se développent à partir de niches pré-métastatiques qui contribuent à transformer l environnement. Les transformations induites, associées à d autres facteurs, sont à l origine de l apparition «à retardement» de certaines métastases. La recherche fondamentale s applique aujourd hui à mieux comprendre les interactions entre les facteurs - nature de la tumeur, micro environnement inflammatoire, immunité locale - pour proposer de nouvelles réponses, mieux adaptées et plus efficaces. C est déjà le cas des traitements qui agissent sur l immunité. Grâce aux fruits de la recherche, les traitements agiront de plus en plus en tenant compte de la nature de la tumeur, de son environnement, et des caractéristiques du patient. L avenir est, résolument, à la médecine personnalisée.» La surveillance active : une solution thérapeutique à part entière encore trop peu utilisée Le professeur Laurent Salomon (Créteil), responsable du sous-comité prostate au sein du comité cancérologie de l AFU, a présenté les principales avancées des congrès 2012-2013 concernant le cancer de la prostate. Le premier point évoqué a été la baisse de l incidence du cancer de la prostate : la croissance régulière du nombre de nouveaux cas en France, comme aux Etats-Unis a fait place à une baisse de l incidence. En France, le pic de 71 500 nouveaux cas a été atteint en 2011, et le chiffre attendu pour 2012 s élèverait seulement à 42 000 nouveaux cas. La prescription du PSA a permis d identifier les cancers, avec un effet de rattrapage qui a disparu. L utilisation du PSA, marqueur imparfait parce que non spécifique (le PSA augmente pour d autres raisons que le cancer, mais aussi d un individu à l autre) demeure discutée, même si aujourd hui, il n existe pas vraiment de solution alternative pour détecter un cancer qui demeure silencieux, tant qu il est possible de le traiter. La problématique qui nourrit la réflexion des urologues est la suivante : que décider devant un cancer localisé, identifié comme étant de faible risque sachant qu il n existe, là encore, pas de marqueur vraiment fiable de l agressivité d une tumeur? Comment ne pas surtraiter (traiter un cancer qui n évoluerait pas suffisamment vite pour affecter l espérance de vie ou la qualité de vie du patient) sans courir le risque de sous-traiter (en passant à côté d un cancer agressif présentant des risques pour le patient, comme l évolution vers une maladie métastatique douloureuse, au traitement lourd)? Les dernières données sur la surveillance active, l une des options thérapeutiques proposées en cas de cancer localisé à bas risque ont été présentées aux JOUM. 3

La surveillance active est proposée aux patients avec un cancer de la prostate localisé de risque faible : stade < T2b (la tumeur occupe moins de la moitié d un lobe de la prostate) ; peu étendu (la biopsie ne révèlent pas de carottes envahies sur plus de 3 mm) ; moins de 3 biopsies positives (sur un total d au moins 10) ; avec un score Gleason 6 et pas de biopsie de grade 4 (le score de Gleason est établi à partir de l analyse des prélèvements réalisés, en additionnant les 2 grades les plus fréquemment représentés dans la tumeur) ; un PSA < 10 ng/ml. La surveillance active permet de suivre l évolution de la maladie et de ne la traiter que si la progression le nécessite. Pour ce faire, on réalise, de manière classique, une évaluation régulière de la maladie qui s appuie, selon les recommandations actuelles, sur : un dosage du PSA tous les 3 mois pendant 2 ans puis tous les 6 mois, un bilan par biopsies un an après le diagnostic, puis tous les 2 à 3 ans. La surveillance active fait l objet de discussions concernant les modalités de sa mise en œuvre : Comment éviter les écueils liés aux patients non compliants qui ne font pas réaliser leurs examens avec le risque que la maladie progresse silencieusement? Quels examens prescrire? Le PSA, le score de Gleason et la réitération des biopsies suffisent-ils pour suivre la progression du cancer? A quel rythme réaliser les examens? o Le dosage du PSA pour apprécier sa vélocité (un indicateur de l agressivité potentielle de la tumeur) ; o Les biopsies, sachant que les biopsies comportent un risque infectieux ; o L IRM? Deux études récentes soulignent en effet l intérêt de l IRM multimodale dans la surveillance active, en complément du PSA et du score de Gleason, celle-ci permettant de mieux établir la classification des lésions. Cependant, en France, l utilisation de l IRM pose les problèmes suivants : l accès aux machines, dont notre pays est sous-doté ; de la formation des radiologues, la lecture des IRM de la prostate étant très opérateurdépendante 2. 2 http://www.sfrnet.org/rc/org/sfrnet/htm/article/2012/20120718-082240- 859/src/htm_fullText/fr/Imagerie_CancerProstate_SFR_SIGU.pdf 4

Si les modalités de la surveillance active sont discutées et affinées dans la littérature internationale et les congrès, les médecins de tous les pays s accordent pour affirmer l intérêt de cette option thérapeutique. Convaincus à 100 %, en théorie, ils sont pourtant peu nombreux à la mettre en œuvre dans la vraie vie : 40 à 50 % en Suède selon une étude basée sur le suivi de 54 000 patients ; 20 % en France. Ce pourrait être lié à certaines idées reçues relatives à l anxiété des patients : les études récemment présentées montrent cependant que les malades non traités sont, dans l ensemble, moins anxieux que les malades traités ; la crainte d une démobilisation du patient : l encouragement de celui-ci à participer «activement» à la surveillance active, en adaptant son mode de vie (exercice physique, équilibre nutritionnel) permettrait de pallier cet écueil. C est aussi le rôle de l urologue, le spécialiste de référence, en relation avec le médecin traitant, relais de proximité au quotidien. Le «coaching» du patient serait l une des voies à explorer pour améliorer la mise en œuvre de la surveillance active dans la vraie vie. Le coaching du patient : essentiel pour mieux gérer les effets secondaires Que faire lorsqu un traitement anti-cancéreux fonctionne bien, au prix d effets secondaires mal tolérés par le patient? La question a été évoquée aux JOUM, à travers le cas pratique d un patient sous thérapie ciblée à visée anti-angiogénique, se plaignant, en consultation, d effets secondaires modérés (grade 2), l amenant à envisager un arrêt du traitement. L intervention du Dr Pierre Gimel (Perpignan) a souligné la nécessité pour l urologue, d accompagner le patient dans une démarche de coaching, complémentaire de l éducation thérapeutique. Le docteur Pierre Gimel résume l esprit de son intervention. «Les traitements anti-cancéreux présentent de nombreux effets secondaires. Dans tous les cas, il est essentiel de prévenir le patient afin qu il s y prépare. Lorsqu il s agit de chimiothérapies administrées à l hôpital, la gêne est ponctuelle. Elle peut être gérée par les équipes soignantes et le patient est entouré. Mais lorsqu il s agit de thérapies ciblées, prescrites sur le long cours, il en va tout autrement. Le traitement est pris à domicile, et le patient risque de se sentir seul pour gérer les effets secondaires. 5

Il est nécessaire de veiller à la mise en œuvre d un accompagnement de qualité qui intègre deux démarches distinctes : L éducation thérapeutique ; Le coaching. L éducation thérapeutique consiste à apprendre comment prendre son traitement (quand, comment?) ; prévenir les effets secondaires ; traiter les effets secondaires. Les effets secondaires classiques sont : la fatigue ; les problèmes digestifs, comme les nausées, les diarrhées ; les problèmes dermatologiques (rash, syndrome main pied) ; les mucites (inflammations des muqueuses, dont les aphtes). Le patient doit avoir été informé de la possibilité de leur survenue, mais il doit aussi savoir comment s en prémunir. Nous disposons d armes préventives et curatives pour les différents effets secondaires 3. Néanmoins, à moyen ou long terme, la survenue de ces effets secondaires, même d intensité modérée, peut décourager le patient et l amener à envisager d abandonner son traitement, ou de changer celui-ci. C est pour cela que la démarche de coaching est importante : à toutes les étapes de la prise en charge, il faut savoir dialoguer avec lui, engager le combat à deux, contre la maladie et contre les effets secondaires du traitement, à la manière d un coach sportif. Le parcours du patient, est un peu comme le tour de France : il y des étapes de col, des moments difficiles, durant lesquels il faut être avec lui pour lui remonter le moral. Mais ces étapes dures font parfois suite à des étapes de plaine. Il faut l expliquer, sans surpromesse et avec pragmatisme. L urologue doit écouter, comprendre, rassurer, et trouver des solutions concrètes pour soulager le patient et lui redonner du courage. Lorsque l on voit le patient et j essaie personnellement de le voir souvent il doit repartir de la consultation «remonté». C est d autant plus important si la thérapie entraîne une réponse : changer de stratégie pour passer à un traitement de seconde ligne représente toujours une perte de chance pour le patient.» Contact Presse : MHC Communication Véronique Simon 01 49 12 03 43 / 07 77 69 05 80 vsimon@mhccom.eu 3 Cf. Toxicités des thérapies ciblées et cancer du rein in Bulletin du Cancer, Vol. 98, supplément 3, octobre 2011. 6