Course à Pieds sur longue distance Le Cardiofréquencemètre : Intérêts et Limites

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Transcription:

Course à Pieds sur longue distance Le Cardiofréquencemètre : Intérêts et Limites Dr Thierry Laporte Mise à jour novembre 2011 - Bordeaux Les méthodes d entraînement dans les disciplines sportives «d endurance» ont considérablement progressé ces trois dernières décennies, principalement par la possibilité de contrôler a tout moment l intensité de l effort réalisé grâce à l utilisation d un cardiofréquencemètre (CFM). Ce progrès dans la maitrise de la pratique régulière d une activité physique et/ou sportive a certainement contribué au réel engouement actuel pour ces disciplines sportive populaires comme la course à pied.. En effet ce coach individuel présente de multiples atouts : «outil logique, pratique et efficace» à condition bien sur d en connaitre les pièges et les limites d utilisation. > Le CFM : Outil logique : la fréquence cardiaque (fc) fidèle reflet de la consommation d oxygène 1.Outil logique :les preuves scientifiques Le contrôle de l intensité d une activité sportive par la fc ne se conçoit donc que pour les activités tirant leurs énergies de la consommation de l oxygène de l air ambiant et ainsi dénommées «activités aérobies» c est à dire pour les sports dits d «endurance» dans lesquels l effort est soutenue pendant plus de 5 minutes. Cette définition écarte ainsi toutes les disciplines essentiellement statiques ou isométriques (haltérophilie, lancers etc..) ou l énergie utilisée n est que très partiellement dépendante de l oxygène. Ainsi pour toute activité aérobie d intensité constante maintenue sur une durée comprise entre 5 minutes et environ 15heures il existe une relation directe entre la quantité d oxygène consommée et utilisée en tant que comburant et la quantité d énergie mécanique produite ici représenté par la vitesse de course. Chacun de nous possède une limite supérieure individuelle dénommée «capacité aérobie maximale» ou encore VO2max, c est la quantité d oxygène maximale que peuvent utiliser les muscles. A cette valeur correspond une vitesse sur terrain plat qui est communément appelée Vitesse Maximale Aérobie (VMA).Toute vitesse de course inférieure à la VMA sera estimée en terme de pourcentage de cette VMA et elle sollicitera un même pourcentage de la VO2max car chez tout être humain il existe une relation linéaire directe entre l énergie métabolique dépensée et dont la consommation d oxygène (VO2) est le reflet très précis et l énergie mécanique développée ç est à dire la vitesse de course. De même depuis les travaux d ASTRAND il est scientifiquement établi que pour tout effort sollicitant plus de 50% de notre VO2max la fréquence cardiaque évoluait de façon directement proportionnelle à la VO2 et qu il existait pour chaque individu une étroite relation entre le % de sa VO2max individuelle et le % de sa Fréquence cardiaque maximale et ceci est vérifiable aussi bien chez le sédentaire que chez le coureur de haut niveau, il est donc possible par le contrôle de la fc d avoir une idée précise et trés reproductible du degré de sollicitation de la «capacité aérobie» de l organisme, un peu comme la position de l aiguille sur le compte tour reflète le degré de sollicitation du moteur de notre voiture!. Il existe chez l homme une relation dite universelle entre le % de VO2max et le % de fcmax. Ainsi prenons 2 individus de niveaux différents qui courent ensemble à 12km/h en vitesse constante on sait que chacun consommera la même quantité d oxygène à savoir 36ml/kg/min d O2 (à quelques ml prés), mais à l échelon individuel ce chiffre peut représenter pour chacun des pourcentages différents de leur VO2max ainsi le coureur A sera peut-être à 80% de sa VO2max alors que son compagnon plus performant ne sera lui qu à 60%.Si ils ont la même Fcmax alors A à 12 km/h affichera une valeur de fc plus élevée que B sur son «cardio» parfois de prés de 20 battements/mn.mais ce n est pas toujours celui qui pour une même vitesse a la valeur de fc la plus élevée qui est le plus proche de son maximum, ainsi dans notre exemple précedent si la fcmax de B est beaucoup plus élevée que celle de A (et il peut y avoir dans une population du même âge des différences de fcmax de près plus de 30 battements /mn!) alors bien qu étant qu 60% de son maximum, B peut afficher sur son cardio un chiffre de fc supérieur a celui de A qui sollicite pourtant plus son moteur!.

Première conclusion pratique :il ne faut jamais a l échelon individuel utiliser de valeurs statistiques (bannir a tout prix le calcul de sa fc max sur la formule 220- l age car il y a a un écart type d incertitude de + ou 15 battements beaucoup trop important ) et s efforcer a toujours utiliser sa propre valeur de Fcmax, cette dernière étant individualisable par différents tests dont nous reparlerons plus loin. 2.Outil efficace pour l entrainement Un programme bien conduit doit toujours provoquer une amélioration des chiffres de la VO2max et de la VMA. Une intensité sous maximale (par exemple courir à 12 km/h pour un coureur dont la VMA au départ est de 15km/h) deviendra alors d avantage sous maximale ( il sera plus facile de courir a 12 si la VMA passe a 18 Km/h grâce a l entrainement!).par contre il est bien prouvé que les valeurs du compte tour ( surtout la fc max mais aussi les zones intermédiaires ) ne se modifient pas au cours de l entrainement! et donc que la relation VO2/fc reste identique.pour reprendre notre exemple si le coureur A monte a 160 de Fc lorsqu il est à 80%de son maximum au début de son programme,ce chiffre reflétera toujours au fil du temps et de son entrainement 80% de son maximum. Deuxiéme enseignement pratique et toujours à l échelon individuel : l augmentation de la vitesse de course pour une même valeur de fc permet de signer une amélioration objective et quantifiable lié a l entrainement réalisé. De même et inversement après une période d arrêt prolongé le recueil de la nouvelle vitesse de course (bien sur plus basse qu avant ) pour la même valeur de fc permet de reprendre sur des bases bien précises et non pas empiriques comme cela est hélas trop souvent le cas! 3.Outil pratique pour déterminer les zones individuelles d entrainement. S agissant d un véritable coach personnel, une «calibration individuelle» du «cardio» est indispensable avant son utilisation.il faut donc passer au préalable un «test d évaluation» : soit en laboratoire idéalement pour le coureur sur un Tapis Roulant, au mieux si le centre en est équipé, couplé à une mesure des échanges gazeux (détermination précise de la VO2max! et des fameux seuils qui serviront pour déterminer très précisément les zones d entrainement ). soit à défaut sur un «test de terrain» pendant lequel le cardiofréquencemètre sera porté pour le recueil des données essentiellement la Fcmax personnelle. Pour un test en laboratoire avec détermination «directe»des seuils, 5 zones «métaboliques» seront individualisées, celles-ci seront détaillées dans un chapitre ultérieur. ) Fig 1 :Test en laboratoire sur tapis roulant d un coureur de 40ans,qui s entraine depuis 4 ans avec un cardiofréquencemètre.progression spectaculaire des performances sur 10kms de 34 min en 2006 a 31mn30 en 2010. Dans le cas d un test de laboratoire simple sans possibilité de mesure directe de la VO2 ou lors d un test «de terrain», les zones d entrainement citées plus haut seront extrapolés indirectement à partir d un certain pourcentage de la fcmax réellement atteinte par le coureur à l arret du test.

A partir de ces données on tiendra compte du niveau de condition physique et de préparation du sportif (fig15) : Pour un sujet déconditionné ou «débutant» le premier seuil sera «estimé» à 70-75% de la fcmax, et le second à 80%. Pour un sujet déjà bien préparé il est possible de lui faire travailler son premier seuil entre 80 et 85% de sa fcmax et le second entre 90 et 95 %! > Les Précautions à prendre avant de se servir d un CFM 1.L inertie de la filière aérobie Au début d un effort la mise en route du système de transport de l oxygène,de l air ambiant ou il est prélevé puis véhiculé par le débit sanguin jusqu aux muscles ou il est consommé, nécessite un certain délai de quelques minutes, l apport énergétique étant pendant ce laps de temps assuré par les autres filières énergétiques dites anaérobies et pour lesquelles on sait que la fc n est pas un bon reflet, ce n est donc que lorsque la filière aérobie est opérationnelle que la fc reflètera alors l intensité réelle de sa sollicitation. Ce délai d activation est d autant plus long que l effort réalisé sera intense, il est compris entre 2 et 4min ; ceci élimine l intérêt de l utilisation d un cardiofréquencemètre pour les séances a haute intensité et de durée bréve (inférieures à 3 min),ce qui est par exemple le cas de toutes les séances réalisées à 100% de VO2max qui seront réalisées en utilisant la valeur de la VMA déterminée lors du test initial. 2.La dérive cardiaque à l effort prolongé Il s agit là d une adaptation physiologique inéluctable lorsque un effort d intensité stable et de durée supérieure à 30min environ. La principale cause en est la diminution du volume sanguin circulant, phénomène engendré d une part par la mise en route de la thermorégulation (permettant de diminuer la chaleur interne dégagée par

l effort) et d autre part par l apparition d une déshydratation (d autant plus précoce et importante qu il fait chaud et humide,et que le sujet ne se réhydrate pas suffisamment). L augmentation de la fc pour une même vitesse de course («dérive vers le haut») va alors et logiquement compenser cette baisse du volume sanguin (la cylindrée de notre moteur humain diminue!) ce qui permet de maintenir le même débit sanguin assuré par la pompe cardiauque et donc un même apport constant d oxygène vers les muscles sollicités par cette course de longue durée. Une tolérance d une dizaine de battements /min peut donc être tolérée et utilisée comparativement aux valeurs préétablies dans les conditions standards du test initial (car le pourcentage de fcmax restera le même en effet la fcmax si elle était réévaluée dans ces conditions «particulières de déshydratation et de chaleur, serait certainement supérieure d au moins 10 battements à celle retrouvée lors du test en laboratoire ou sur le terrain! contrairement aux idée reçues la Fc max est une valeur fluctuante qui dépend étroitement des conditions environnementales ) Cependant si l effort est de durée prolongée (généralement a partir de 90 min), il peut aussi se produire aussi une réelle fatigue musculo-tendineuse ( et parfois aussi une diminution de la force de contraction du muscle cardiaque),cette fatigue pouvant nécéssiter une augmentation d apport d oxygène (et donc du pourcentage de VO2max ) pour maintenir une vitesse identique ( on dit que la foulée devient plus couteuse en énergie! ) et donc fort logiquement une majoration concomitante de la fc qui s affichera alors sur le cardio!. Cette constatation devra alors inciter le coureur à ralentir un peu pour éviter de «travailler en sur-régime» au-dessus de la zone déterminée pour la distance a parcourir.. Lors d un entrainement ou en compétition,à l échelon individuel,la part respective de l une ou l autre des deux causes décrites est difficile à vraiment évaluer! En pratique on peut donc «tolérer» une dérive mais à condition qu elle reste raisonnable.. une valeur de 10 battements semble pour tous correcte. Quel Modèle choisir? Le cardiofréquencemètre est un simple système électronique, composé de 2 éléments : une ceinture émettrice pectorale capte l activité électrique du cœur et l envoie vers une montre réceptrice qui convertit en numérique, affiche et mémorise les valeurs. Depuis peu, sur certains modèles s est rajouté un 3 e élément, qui permet de connaître la vitesse de course et la distance parcourue. Au fil du temps, les modèles se sont sophistiqués, en offrant une multitude de fonctions et d options dont l intérêt d utilisation varie bien sûr en fonction des objectifs de chacun. 1.Les fonctions basiques : Des ceintures en textile souples sont actuellement proposées sur les modèles récents. Les capteurs analysés sont très précis, plusieurs études ont retrouvé une corrélation de 0,97 avec les valeurs enregistrées comparées à celles de référence sur un test d effort.. L émission des signaux se fait en utilisant une longueur d onde précise. La plupart des modèles sont proposés "codés", ce qui permet d éviter les interférences bien que la gamme des fréquences disponibles soit assez étroite.sur le récepteur les valeurs de FC sont affichées par "pas" de 5 s au minimum, certains modèles "haut de gamme" arrivent à proposer un recueil instantané de la Fc Les zones d entrainement sont mémorisables, sauf sur les modèles d entrée de gamme. Une alarme sonore peut être programmée pour signaler une "sortie de zone". Ainsi, le "cardio minimum" doit être petit, doté d un écran clair et d un affichage net des données. Il doit aussi permettre de lire le temps d exercice écoulé et de programmer au moins une zone de travail, avec une alarme sonore et une fonction d éclairage du moniteur. Un modèle de ce type peut déjà satisfaire la plupart des utilisateurs. 2.Les fonctions avancées : Certaines présentent à nos yeux un intérêt réel comme l affichage de la dépense énergétique en calories utilisable soit pour les programmes de reconditionnement physique puisque l objectif, 2000 à 2500 Kcal par semaine, est dans ce cas l objectif à atteindre. Dans le cadre de l entraînement d autres fonctions peuvent être utiles : comme la possibilité d afficher la fréquence cardiaque en valeur instantanée bien sûr, mais aussi en pourcentage de la fréquence cardiaque maximale voire de la fréquence cardiaque de réserve. Des temps intermédiaires basés sur une distance peuvent être enregistrés par simple pression d un bouton. Le système de compte à rebours d événements est intéressant pour programmer une séance de fractionné court et analyser la période de récupération entre les séances. D autres fonctions on un intérêt plus secondaire comme le calcul de «l indice de forme» qui est sensé permettre le suivi régulier de la condition physique et

de sa progression lors de la période d entraînement. Cet indice peut être intéressant pour le suivi d un programme de réadaptation ou de reconditionnement physique. Il ne doit pas a notre avis se soustraire à un contrôle par un test de laboratoire ou de terrain. Une détermination du premier «seuil» est proposée sur certains appareils. Elle semble basée sur l analyse de la variabilité spontanée de la fréquence cardiaque. Une autre technique de mesure basée sur l analyse du débit ventilatoire est parfois proposée. Malgré les bonnes corrélations présentées par les marques concernées sur des populations générales, nous sommes plus prudents sur les réelles validités actuelles de ces méthodes au niveau individuel. Une estimation du VO 2 max et de la fréquence cardiaque maximale est aussi proposée, tout en conseillant dans le mode d emploi de passer quand même un test d évaluation! Le logiciel intégré prend en considération pour les calculs l âge, le sexe, le poids, la taille et la variabilité spontanée de la fréquence cardiaque de repos. Une validation scientifique récente a montré que l erreur absolue observée avec cette méthode ne dépassait pas 7 battements par minute et que ces résultats étaient bien meilleurs que ceux obtenus a partir de la formule classique FMT = 220 âge. 3.Les fonctions supérieures L indicateur de surentraînement, est aussi basé sur l analyse de la variabilité spontanée de la fréquence cardiaque. La réelle valeur de l indice proposé est encore très controversée. Les indicateurs de travail mécanique représentent un réel progrés, ils sont de différents types : Les capteurs de vitesse instantanée pour la course à pied utilisent soit un système GPS, soit un accéléromètre ou un capteur de foulées. Ils permettent au sportif de s affranchir de la contrainte d utiliser un parcours précisément étalonné. Ils devraient permettre de simplifier la réalisation des tests d évaluation sur le terrain. Chaque système a ses avantages et ses inconvénients : Le GPS a l avantage de pouvoir être utilisé dans d autres disciplines sportives que la course à pied. Un des inconvénients principaux reste les problèmes de réception dans certaines zones urbaines et dans les parcours arborés réalisés en forêt, cette limite semble s estomper au fur et à mesure que des nouveaux gps apparaissent sur le marché de plus en plus fiable dans ces types de parcours. L accéléromètre est présenté comme «mesurant l accélération plus de 1000 fois par seconde à chaque foulée!!» selon son fabriquant. Simple à fixer sur le dessus de la chaussure, nos constatations personnelles font état d une bonne reproductibilité des mesures et d une marge d erreur voisine de 5 % soit au maximum 50 m par kilomètre ce qui est tout a fait recevable et semble t il plus précis que les données des gps incorporés même avec les toutes dernières générations qui viennent d équiper les derniers modèles sortis. Le capteur de foulées a lui l avantage d intégrer en plus du calcul de la vitesse et de la distance parcourue, l analyse de la longueur de la foulée moyenne et de la cadence de course. Ce paramètre est précieux pour analyser l efficacité de la foulée et l économie de course. Des capteurs sont utilisables pour le cyclisme. Les capteurs de vitesse et de cadence de pédalage disponibles sont fiables.les capteurs de puissance proposés actuellement ne sont pas très précis, 20 % de marge d erreur, et délicats à installer. Il faut encore, à notre avis, leur préférer des capteurs (type SRM ) indépendants du CFM. Le cardiofréquencemètre en pratique A partir des tests réalisés en laboratoire ou sur le terrain il est possible pour chaque coureur de définir des zones d entraînement individuelles, celles-ci sont schématiquement au nombre de 5. A partir de celles-ci un programme personnalisé peut être mis en place.nous allons détailler ces différentes zones et situer l intérêt de chacune dans un programme d entrainement. Figure : Représentation des zones d entraînement à partir de la relation entre la consommation d oxygène (VO 2 ) et son corollaire la fréquence cardiaque (FC) et la vitesse de course

VO2 FC FC 100 % SEUIL 1 SEUIL 2 ZONE 4 ZONE 5 ZONE 3 ZONE 2 GLUCIDES ZONE 1 50 % L IPIDES Vitesse De course La zone 1 est généralement située une vingtaine de battements en dessous du premier seuil. Elle est utilisée lors des séances de récupération après une séance qualitative de forte intensité ou simplement lors de l échauffement préalable à toute séance d entraînement. La zone 2 est souvent appelée zone d endurance fondamentale ; le métabolisme aérobie assure alors 100 % de la fourniture énergétique et le taux d acide lactique dans le sang est faible et reste stable. L utilisation des réserves lipidiques est prépondérante.en pratique il faut prendre une marge d utilisation de 10 voire 15 battements en dessous du premier seuil.il s agit de l allure à laquelle se pratique une course de longue distance. Le marathon se pratiquant a la limite supérieure de cette zone.

La zone 3 encore appelée zone d endurance active ou de résistance douce. La marge raisonnable d utilisation de de cette zone est de 5 à 10 battements/mn.ici aussi le métabolisme aérobie reste prédominant mais non exclusif. Le mélange de carburants est fait d environ 60% de glucides et de 40% de lipides. La concentration sanguine en acide lactique augmente un peu par rapport aux valeurs de repos en restant stable si la consommation d oxygène est maintenue constante. La limite supérieure de cette zone correspond a l intensité réalisable sur un semi marathon La zone 4 correspond au second seuil. Elle est encore souvent dénommée zone de «résistance dure». L intensité de l effort sollicite une large part du métabolisme anaérobie. A intensité constante, le taux de lactate sanguin va progressivement s accumuler pour aboutir à l épuisement du pratiquant au bout d une heure environ. L entraînement dans cette zone va permettre de reculer l apparition de ce seuil et d améliorer la puissance aérobie et les résultats sur moyenne distance. Ici encore, l intervalle de fréquence cardiaque de travail correspond aux valeurs inférieures et supérieures du palier ou est déterminé le second seuil. Il est classique de dire que le semi marathon peut se courir entre les deux seuils et qu une épreuve de 10 kilomètres peut se courir à la limite supérieure du second seuil. La zone 5 correspond au palier de vitesse où apparaît le plateau de VO 2 max.la valeur de vitesse atteinte correspond a la Vitesse aérobie maximale qui est un indice précieux pour la réalisation des séances dans cette zone car le délai d inertie de la filière aérobie décrit plus haut ne permet pas d utiliser comme repère la fréquence cardiaque pour l entrainement ciblé sur la vo2max. Les principes de tout programme d entrainement :Il est largement démontré que l entraînement pour être efficace doit faire alterner des séances quantitatives dites «en volume» et des séances qualitatives dites «en résistance». En effet pour améliorer les performances «aérobies» il faut «entraîner» les principaux acteurs du transport de l oxygène. L acteur «central» principal est le système cardio-vasculaire qui permet un apport sanguin adapté aux besoins. Les acteurs «périphériques» qui interviennent dans l extraction de l oxygène par les muscles actifs sont la densité des capillaires sanguins qui irriguent les muscles actifs, le nombre et le volume des mitochondries et l efficacité de leurs enzymes qui permettent l utilisation des glucides et des lipides en présence d oxygène. Il est bien prouvé que les séances continues à des intensités inférieures à 80 % du VO 2 max (en zone 2 et 3) améliorent la «cylindrée cardiaque». Les séances à des intensités supérieures à 80-90 % du VO 2 max (en zone 4 et zone 5) vont avoir une action préférentielle sur les facteurs périphériques et donc au niveau des muscles des membres inférieurs. Les programmes spécifiques pour le marathon : L objectif est d améliorer les 3 facteurs de la performance sur cette distance mythique :la puissance maximale du coureur (sa Vo2max et donc sa VMA),le niveau du premier seuil par rapport au niveau de puissance maximale plus celui-ci sera proche du maximum plus la performance sera élevée sur cette distance,enfin l efficacité de la foulée qui doit être la plus économique possible en terme de dépense énergétique : - Les séances dites «maximales» vont permettre d accroitre le niveau de la Vo2max et donc de la VMA du coureur ce qui permet de «tirer vers le haut» les valeurs intermédiaires et notamment la valeur du premier seuil a laquelle se court habituellement cette course.une séance par semaine en zone 5 est donc très utile,sous forme de 2 séries de 10 répétitions de 30 secondes réalisées légèrement au dessus de la VMA calculée lors du test initial. Le Cfm ne sert pas pour cette séance,il est inutile voire néfaste d essayer d atteindre la fcmax sur ces répétitions de si courte durée pour les raisons invoquées précédemment. - Les séances spécifiques dites en «allure marathon» qui seront ciblées sur la zone 3, sous forme d une séance hebdomadaire de 3 répétitions de 20 minutes chacunes, entrecoupées de 5 minutes de récupération en zone 2.Le CFM sera incontournable sur cette séance - L incontournable sortie longue qui sera une séance continue dont la distance évoluera au cours des semaines de préparation de 15 a 25 kms sur les semaines les plus chargées.le CFM est la aussi d une grande utilité en utilisant la zone 2. - Une séance plus spécifique de renforcement musculaire de gainage et de travail en cote ou le contrôle de la Fc n est pas nécessaire.

Conclusions La pratique assidue d une activité physique est un bienfait pour la santé publique, ce qui explique la forte augmentation en quelques années du nombre de randonneurs pédestres, de joggers, de cyclotouristes mais aussi des centres de remise en forme en milieu urbain avec leurs programmes de «cardio-fitness». De plus la frontière entre l activité physique de loisir et l activité sportive devient de plus en plus ténue, il n est pas rare de voir un jour un jogger se laisser tenter par l aventure d une participation à une course sur route quel qu en soit la longueur, le nombre sans cesse croissant des engagés aux marathons des grandes villes (40000 à Paris en 2008!!) prouve bien que la distance n effraie plus le coureur occasionnel! Les cyclo sportives remportent de plus en plus de succès elles aussi, quant aux épreuves communautaires ou humanitaires elles ne cessent de se multiplier (les femmes entres elles!, la course du cœur, épreuves sportives pour la lutte contre certaines maladies etc..). Quelque soit son objectif, le candidat (sportif de haut niveau ou patient cardiaque «à risque» potentiel) reste avant tout un être humain dont les adaptations physiologiques à l effort seront toujours les mêmes. Même si les capacités de ces adaptations peuvent varier en fonction de notre capital génétique et de santé, leurs bases sont immuables et reposent sur les mêmes outils. Un «moteur», le cœur, dont la cylindrée peut différer (athlète de haut niveau d un coté ou sédentaire a l autre extrême), un compte tour, la fréquence cardiaque, et un «équipement musculaire» plus ou moins riche en mitochondries ces fameuses «centrales énergétiques» qui grâce à l oxygène apporté par la circulation sanguine grâce au débit de la pompe cardiaque donnent aux fibres musculaires l énergie nécessaire à la contraction musculaire donc au mouvement et donc à la vie! Ainsi quelque soit l individu et le bénéfice attendu, l objectif sera toujours le même : trouver le niveau d entrainement «idéal» pour une optimisation des performances de l athlète d endurance ou l amélioration de la qualité et l espérance de vie du patient ré-entrainé. Un programme trop intense expose l athlète au surentrainement et le patient réadapté aux complications (troubles du rythme, accidents coronariens). A l inverse, un programme d intensité trop faible s accompagne chez le sportif d une stagnation des performances et chez le patient réadapté d une non amélioration, donc une lassitude, une perte de crédibilité, de motivation et d adhésion au programme mal établi. Le moyen idéal de contrôler l intensité des séances d entrainement est l un des graals du sportif. A l empirisme des sensations, trop dépendantes de nombreux facteurs intercurrents, ont succédés (à l entrainement au moins) des marqueurs plus «physiologiques». Tout d abord le travail «mécanique» fourni, la «puissance» (ou vitesse pour la course à pied), qui a ses avantages mais aussi ses inconvénients et en premier lieu la difficulté du contrôle précis de sa progression avec l entrainement, pour un même pourcentage de VO 2 max. Ensuite, la fréquence cardiaque dont nous avons donc évoqué les avantages sous réserve de toujours avoir en mémoire les subtilités de son utilisation et ses «pièges». Le talon d Achille de l indice fréquence cardiaque reste la fiabilité de sa détermination lors d un test d évaluation (en laboratoire ou sur le terrain) avec un protocole

standardisé d effort progressivement croissant et son utilisation ultérieure dans un contexte environnemental variable avec des séances à «intensité constante» de durée supérieure à celle du «palier» du test pendant lequel les «seuils» ont été déterminés. Il faut tenir compte du délai de montée en régime du moteur qui risque lors du test initial de sous estimer la valeur de fréquence cardiaque d entrainement. Une meilleure connaissance des subtilités physiologiques de la fréquence cardiaque doit permettre de redonner toute son importance à cet indice pour les programmes d entrainement. Toutes les études réalisés chez les sportifs depuis longtemps ou depuis peu en réadaptation ont démontré l intérêt d un programme d entrainement panachant des séances d intensités différentes en utilisant différents repères ou «seuils» et le concept de «l interval training» surveillé par la fréquence cardiaque a récemment été proposé en réadaptation chez les cardiaques. Enfin, il semble que le futur s oriente vers l utilisation de nouveaux paramètres qui réclament cependant des validations complémentaires, comme la variabilité sinusale de la fréquence cardiaque, dans la personnalisation des programmes d entrainement. Pour se résumer et trouver un terrain consensuel avec les partisans de l entrainement traditionnel à la fois aux sensations et au pourcentage de VMA nous pourrions proposer : -Pour le sportif de haut niveau,professionnel ou très disponible et entouré d un staff avec un entraineur à sa disposition, qui par ailleurs se connait parfaitement et sait analyser ses sensations,la fréquence cardiaque ne sera vraiment utile que lors de la réalisation d un test périodique ( de 10 min à la meme Fc,cf plus haut ) pour juger facilement de la progression des performances. L utilisation en compétition est inutile car le plus souvent, visant la victoire,la course est plus stratégique ( classique «négative split» ) que véritablement logique et physiologique car dans ce cas il y a obligatoirement une fin de course moins rapide, «positive split» que seules quelques rares champions osent tenter (P Radcliffe pour son record du monde sur marathon ). -Pour le sportif amateur ou occasionnel (qui représente quand même 90% du peloton d une course hors stade ) l utilisation du cardiofréquencemètre permet de courir à la bonne intensité et de pratiquer un entrainement dont le rapport temps consacré /efficacité n est plus a démontrer.il permet par ailleurs un entrainement sécurisant pour certains «nouveaux sportifs» qui peuvent collectionner des facteurs de risque cardio-vasculaires.enfin lors d une première compétition (surtout sur un premier marathon ), il peut permettre aux novices d éviter le classique «dramatic split» du coureur qui part beaucoup trop vite et se retrouve sanctionné aux deux tiers de la course! Ainsi la fréquence cardiaque et son application pratique et adaptée, grâce au cardiofréquencemètre, garde beaucoup de potentialités pour permettre une approche encore plus efficace et sécurisante de l entrainement physique avec un rapport qualité des résultats sur temps consacré assurément imbattable.

Résumé de l ouvrage : «le Guide du Cardiofréquencemètre» Auteurs :T.Laporte.F Carré Editions Frison Roche. WWW.UMAPSANTE.FR