Les ajustements de prix à la consommation en France en période d inflation basse

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Transcription:

Les ajustements de prix à la consommation en France en période d inflation basse Si, entre 2002 et 2008, l inflation (calculée comme le glissement annuel de l indice des prix à la consommation) est restée stable en France à un niveau proche de 2 %, depuis, elle apparaît plus volatile. Sous l effet de la crise économique et de la baisse du prix du pétrole, l inflation connaît en particulier un fort ralentissement depuis fin 2012 avec des niveaux proches de 1 % en 2013 puis de 0,5 % en 2014, avant d être légèrement négatifs au début de l année 2015. Plusieurs enseignements sur le mode d ajustement des prix se dégagent de l analyse des relevés individuels de prix de la période 1994-2014. Un prix reste fixe en moyenne pendant une année, ce qui est plus long qu aux États Unis par exemple. Les baisses de prix sont fréquentes et la taille moyenne des changements (hausses et baisses) est relativement importante (près de 10 %). Enfin, les variations temporelles de l inflation proviennent davantage des variations de la fréquence de changement de prix que de variations de la taille des changements de prix. Par rapport aux épisodes antérieurs d inflation inférieure à 1 %, la période récente d inflation basse se caractérise par des baisses de prix individuels nettement plus fréquentes. Dans le même temps, l effet sur les prix des hausses de TVA a été amorti par les détaillants, ce qui suggère que ceux-ci ont pu comprimer leurs marges. Ces résultats recoupent les analyses qui ont conduit l Eurosystème en 2013 et en 2014 à déployer de nouvelles mesures non conventionnelles de politique monétaire face à une situation d inflation s inscrivant durablement en dessous de son objectif de stabilité des prix. Chiffres clés 9,2 % pourcentage des prix modifiés chaque mois (hors énergie et soldes exclus) 33,6 % pourcentage des baisses de prix parmi les changements (hors énergie et soldes exclus) 6,4 % la taille moyenne des changements de prix (hors énergie et soldes exclus) Fréquence des changements de prix selon le niveau de l inflation (hors énergie) 7 6 5 4 Nicoletta BERARDI Direction des Études microéconomiques et structurelles Erwan GAUTIER Direction des Études microéconomiques et structurelles et Université de Nantes Mots clés : inflation, ajustement des prix. Code JEL : E31. NB Les auteurs remercient Sylvie Tarrieu pour son aide précieuse sur les données. 3 2 1 0 Fréquence mensuelle des hausses de prix Fréquence mensuelle des baisses de prix > à 2 % Comprise entre 1 % et 2 % < à 1% (avant 2012) < à 1% (janv. 2013 mai 2014) Banque de France Bulletin N 202 - Novembre-décembre 2015 5

À la fin de l année 2012, l inflation a ralenti en France, sous l effet de la crise économique et de la baisse du prix du pétrole, pour se situer à des niveaux proches de 1 % en 2013 puis de 0,5 % en 2014, voire négatifs au début de l année 2015. Des évolutions similaires ont pu être observées dans le reste de la zone euro. Il est important de comprendre les mécanismes qui ont conduit, à la fin de l année 2012 à cette baisse de l inflation. L inflation est le résultat de l agrégation de millions de comportements individuels de fixation de prix dans les points de vente. À une date donnée, les détaillants décident de changer ou non leurs prix, de les ajuster à la hausse ou à la baisse en fonction des chocs économiques auxquels ils font face. Cet article propose d analyser le comportement microéconomique d ajustement des prix à la consommation en utilisant les relevés de prix individuels sur la période 1994-2014 et d étudier, en particulier, la période récente d inflation basse. Les travaux récents sur la fixation des prix des biens et services au niveau microéconomique 1 montrent que les prix ne s ajustent pas immédiatement aux différents chocs économiques (variations de la demande, des coûts de production, etc.). Parmi les causes identifiées de cette rigidité des prix, on peut citer l existence de coûts spécifiques (par exemple, coûts de réimpression d un catalogue de magasin ou d un menu de restaurant) ou de contrats implicites ou explicites entre le vendeur et l acheteur 2. La nature et le degré de rigidité des prix sont des facteurs importants au niveau macroéconomique car ils déterminent notamment la réaction des économies aux chocs de politique monétaire. Si les prix sont très rigides, l inflation ne réagira que lentement à un choc de politique monétaire. Ainsi, une hausse du taux d intérêt nominal à court terme décidée par la banque centrale se transmettra largement aux taux d intérêts réels (c est-à-dire corrigés de l inflation) qui déterminent les plans de dépenses des ménages et des entreprises. L inflation est restée proche de 2 % entre 2000 et 2007 mais depuis 2008, elle connaît des variations plus marquées (cf. graphique 1). En particulier, au cours de la crise économique de 2008-2009, l inflation a augmenté puis diminué assez fortement ; depuis 2013, elle est inférieure à 1 %. Si une 1 Cf. Baudry et al. (2005) pour la France, Dhyne et al. (2006) pour la zone euro ou encore Nakamura et Steinsson (2008) pour les États Unis. 2 Cf. Gautier (2009) pour une synthèse des modèles théoriques. G1 Inflation et récession en France (1994 2014) 4,0 3,5 3,0 2,5 2,0 1,5 1,0 0,5 0,0-0,5-1,0 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 Récession (CEPR) Inflation (hors énergie) Inflation Source : Indices des prix à la consommation en France, ensemble (bleu) et hors énergie (rouge) (Insee), datations de récession de la zone euro CEPR (Centre for Economic Policy Research), zone grisée = récession. Le comité de datation du cycle économique de la zone euro est composé de neuf chercheurs du CEPR ; il se réunit périodiquement et établit une chronologie des périodes de récessions et expansions observées dans la zone euro depuis 1970 (http://www.cepr.org/content/euro-area-business-cycle-dating-committee). 6 Banque de France Bulletin N 202 - Novembre-décembre 2015

partie de ces variations peut s expliquer par la volatilité du prix du pétrole depuis 2008, le faible niveau d activité économique est un autre facteur important 3. La courbe de Philips, l une des relations fondamentales en macroéconomie, prévoit en effet que lorsque le niveau d activité est bas, l inflation ralentit 4. Depuis 2008, un débat important est apparu dans les économies avancées sur le lien entre inflation et activité : compte tenu de la gravité et de la longueur de la récession de 2008-2009, l inflation a ralenti plus faiblement qu attendu 5 alors qu elle a reculé plus fortement qu attendu depuis 2013 suite à la crise dite des dettes souveraines. L une des hypothèses pour expliquer ce phénomène est que les points de vente auraient modifié leur comportement d ajustement des prix. En particulier, depuis la fin de 2012, les prix seraient modifiés plus fréquemment 6, et l inflation réagirait alors plus vite et plus fortement à la baisse de l activité 7. Cet article étudie le degré de rigidité des prix en France sur les vingt dernières années. Nous évaluons en particulier si la récente période d inflation basse présente des caractéristiques d ajustement des prix différentes de celles observées dans le passé. L analyse sur données individuelles de prix permet notamment de comprendre si la période d inflation basse a pu conduire les détaillants à retarder leurs changements de prix ou au contraire à baisser leurs prix davantage et plus fréquemment. L article analyse les principales caractéristiques de l ajustement des prix en France et leur évolution sur la période août 1994 mai 2014 8. Pour cela, nous utilisons la base des relevés mensuels de prix collectés par l Insee pour construire l indice de prix à la consommation. Cette base contient plus de 25 millions de relevés individuels de prix soit en moyenne chaque mois, entre 120 000 et 130 000 prix individuels relevés auprès de plus de 20 000 détaillants pour plusieurs milliers de produits et services différents (cf. encadré 1 pour une présentation plus détaillée de la méthodologie des relevés). Certains produits de l indice sont toutefois exclus de notre analyse, en particulier les produits pour lesquels les prix sont collectés de façon centralisée (loyers, transport, automobiles par exemple), les prix administrés (tabac, électricité ou gaz), et les prix des produits frais. Au total, la base de données utilisée pour cette étude couvre près des deux tiers de l indice des prix à la consommation. Une première partie de l article présente les principales caractéristiques de l ajustement des prix sur la période 1994-2014 : durée moyenne entre deux changements de prix, taille moyenne des changements ou encore effet des soldes et promotions sur l ajustement des prix. Elle présente aussi une comparaison avec la rigidité des prix aux États Unis. La deuxième partie de l article analyse les évolutions temporelles des caractéristiques de l ajustement des prix et montre que l inflation varie principalement en fonction de la fréquence des changements de prix. Enfin, la dernière partie étudie dans quelle mesure l ajustement des prix est différent pendant les périodes d inflation basse et comment l ajustement des prix a pu évoluer lors de la période récente. Comment les prix à la consommation sont-ils modifiés en France? Les ajustements de prix ne se font pas, en général, de façon continue. Il n est pas rare d observer que le prix dans un point de vente soit maintenu constant pendant plusieurs mois bien que divers chocs économiques (une variation de coût à produire par exemple 9 ) affectent ce point de vente pendant cette période. On dit alors que son prix est rigide. Un moyen de mesurer le degré de rigidité des prix est de calculer la fréquence des changements de prix (c est-à-dire le nombre de changements de prix parmi l ensemble des prix relevés) ou la durée entre deux changements de prix (c'est-à-dire le nombre de mois pendant lesquels un prix reste fixe). On considère que plus la durée entre deux changements de prix est longue, plus les prix sont rigides. C est un 3 Cf. Chatelais et al. (2015) ou Conti et al. (2015). 4 Cf. Le Bihan (2009). 5 Cf. Insee (2013). 6 Fabiani et Proqueddu (2015), à partir de l étude de relevés de prix à la consommation, obtiennent ainsi que les changements de prix sont plus fréquents en Italie depuis 2011. 7 Les autres hypothèses sont un changement dans les anticipations de long terme d inflation et un recul du coût marginal à produire (pour une entreprise, la variation de coût engendrée par une unité de production supplémentaire). Cf. Riggi et Venditti (2014) 8 Cet article prolonge les travaux obtenus en particulier par Baudry et al. (2005), dans le cadre d un réseau de recherche du SEBC sur la période 1994 2003, et par Berardi et al. (2015) sur la période 2003 2011. 9 Dans le cadre standard de la concurrence monopolistique, le prix d une entreprise dépend de son coût marginal (i.e. la variation de coût générée par la production d une unité supplémentaire) et de sa marge. Banque de France Bulletin N 202 - Novembre-décembre 2015 7

Encadré 1 Méthodologie des relevés de prix à la consommation L inflation est calculée comme la variation annuelle de l indice de prix à la consommation et mesure l évolution des prix d un panier de biens représentatif de la consommation des ménages français. Cet indice est construit par l Insee à partir de relevés mensuels de prix effectués auprès des détaillants. Cet encadré donne un bref aperçu de la méthodologie des relevés de prix effectués par l Insee ; pour davantage de précisions, Lequiller (1998) propose un panorama complet de la méthode de construction de l indice de prix de l Insee (voir aussi la note méthodologique simplifiée de l Insee www.insee.fr/fr/indicateurs/ind29/ipc_m.pdf). L indice couvre l ensemble des biens et services consommés par les ménages ; ces biens et services sont regroupés en 161 classes de produits (par exemple, «Pain») eux-mêmes regroupés en douze fonctions de consommation (par exemple «Produits alimentaires et boissons non alcoolisées»). Les enquêteurs de l Insee relèvent chaque mois près de 160 000 relevés de prix dans les points de vente pour les produits et services de la distribution traditionnelle (supermarchés, hypermarchés, magasins «hard discount», supérettes, magasins spécialisés, marchés, services ). Environ 40 000 prix sont relevés de façon centralisée pour les données de tarifs comme par exemple certains services de transports (avion, train ), ou l électricité L échantillon des produits et des points de vente est mis à jour de façon annuelle pour tenir compte des évolutions de la consommation comme l apparition d un nouveau produit ou service par exemple ; cet échantillon est constitué à partir d une stratification à trois niveaux : i) au niveau géographique, un échantillon d une centaine d agglomérations de différente taille et réparties sur tout le territoire français est constitué ; ii) au niveau le plus fin des produits, environ 1 000 produits ou services homogènes (appelés variétés) sont choisis afin de prendre en compte l hétérogénéité des produits au sein des 161 classes de produits ; iii) au niveau des points de vente, un échantillon de plus de 25 000 points de vente représentatifs des formes de vente, des enseignes et des modes d achat est constitué. Pour obtenir l indice de prix à la consommation agrégé, des indices de prix au niveau du produit élémentaire (agglomération x variété) sont calculés puis agrégés selon une procédure d agrégation utilisant les poids de chaque produit dans la consommation totale (Lequiller, 1998). paramètre macroéconomique important car une durée longue entre deux changements de prix implique une réaction lente de l inflation agrégée aux chocs économiques. Une durée relativement longue en France entre deux changements de prix En France, en moyenne sur la période 1994 2014, 17 % seulement des prix sont modifiés chaque mois (cf. tableau 1). La durée moyenne entre deux changements de prix est proche de douze mois 10, 9 mois pour la médiane. Si l on exclut le secteur de l énergie pour lequel les changements de prix sont beaucoup plus fréquents, 12 % des prix sont modifiés chaque mois en moyenne et la durée moyenne entre deux changements de prix reste proche d un an. Parmi les changements de prix, certains sont par nature temporaires et d autres plus durables. En particulier, les soldes et promotions génèrent de façon régulière dans l année une hausse du nombre de baisses suivies de hausses de prix et donc des durées de prix très courtes. Un peu moins de 2,5 % de l ensemble des relevés de prix sont des prix de produits soldés ou en promotion. Si l on ne considère que les changements de prix «permanents» (hors soldes et promotions), la fréquence moyenne des changements de prix est 10 La durée est obtenue en calculant pour chaque produit l inverse de la fréquence. La moyenne (ou la médiane) est ensuite calculée en faisant la moyenne (ou la médiane) de ces durées. En présence d hétérogénéité, l inverse de la fréquence moyenne n est pas égale à la moyenne des durées calculées comme l inverse de fréquences. 8 Banque de France Bulletin N 202 - Novembre-décembre 2015

T1 Fréquence de changement de prix et durée entre deux changements de prix (fréquences en % ; durée en mois) Ensemble Ensemble hors énergie Moyenne Médiane Moyenne Médiane Y compris soldes et promotions Fréquence de changements de prix 16,7 11,5 11,9 11,4 Durée entre deux changements 11,6 8,7 12,4 8,8 Hors soldes et promotions Fréquence de changements de prix 14,2 8,8 9,2 7,7 Durée entre deux changements 16,4 11,4 17,5 13,0 Source : Relevés de prix à la consommation utilisés pour la construction de l indice de prix à la consommation (énergie exclue) (Insee) sur la période 1994-2014 (passage à l euro exclu). La fréquence de changement est le rapport entre le nombre de changements de prix non nuls sur le nombre de relevés. La durée est obtenue en calculant pour chaque produit l inverse de la fréquence puis la moyenne pondérée (ou la médiane) de ces durées. de 14,2 % pour l ensemble des secteurs, 9,2 % en excluant l énergie. Les durées moyennes entre deux changements de prix deviennent alors supérieures à un an. Les durées entre deux ajustements de prix peuvent être très différentes selon le type de biens ou services consommés. Les prix des biens alimentaires ont des durées courtes comprises entre quatre et six mois alors que dans les services la durée moyenne est supérieure à dix-huit mois. Pour les biens manufacturés, les durées incluant les soldes et promotions (particulièrement concentrés dans ces secteurs) se situent entre sept et onze mois alors que les durées de prix hors soldes et promotions sont supérieures à une année. Une ampleur moyenne des changements de prix élevée Parmi les changements de prix, près de 40 % des changements de prix sont des baisses de prix (un peu plus d un tiers si on exclut les soldes et les promotions). Des différences sectorielles apparaissent, en particulier dans les services où 20 % des changements de prix sont des baisses alors que pour les produits manufacturés ou alimentaires, cette part est plus proche de 50 % (soldes inclus). La taille moyenne des changements de prix se situe autour de 9 % en France, ce qui est relativement élevé et ne correspond pas à une indexation mécanique des prix sur l inflation courante (cf. tableau 2). Si on exclut les changements de prix liés aux soldes et T2 Tailles des hausses et baisses de prix (1994-2014) Ensemble Ensemble hors énergie Moyenne Médiane Moyenne Médiane Y compris soldes et promotions Hausses 8,4 3,4 11,1 4,3 Baisses - 9,9-4,5-13,7-8,8 Hors soldes et promotions Hausses 5,0 3,0 6,0 3,4 Baisses - 5,2-2,9-7,1-4,4 Source : Relevés de prix à la consommation utilisés pour la construction de l indice de prix à la consommation (énergie exclue) (Insee) sur la période 1994-2014 (passage à l euro exclu). Les changements de prix sont calculés en pourcentage pour l ensemble des prix ayant été modifiés ; la moyenne et la médiane sont des statistiques pondérées par le poids moyen de chaque produit dans l indice de prix. Banque de France Bulletin N 202 - Novembre-décembre 2015 9

G2 6 5 4 3 2 1 Distribution des changements de prix (non nuls) 0-41 -39-37 -35-33 -31-29 -27-25 -23-21 -19-17 -15-13 -11-9 -7-5 -3-1 0 1 3 5 7 9 11 13 15 17 19 21 23 25 27 29 31 33 35 37 39 41 43 45 47 49 Ensemble des changements de prix Changements de prix hors soldes et promotions Source : Relevés de prix à la consommation utilisés pour la construction de l indice de prix à la consommation (énergie exclue) (Insee) sur la période 1994-2014 (passage à l euro exclu) ; le graphique représente la distribution de l ensemble des changements de prix (quand il y a un changement non nul), ces changements sont calculés au niveau de chaque produit et chaque point de vente. Les changements de prix sont calculés pour les prix incluant les soldes et promotions et pour les prix excluant ces soldes et promotions. promotions qui sont par définition des changements de taille importante (environ 25 % en moyenne), la taille moyenne des changements est plus faible (proche de 5 % en valeur absolue) même si cela reste supérieur au niveau d inflation moyen sur la période. Quand on exclut les promotions et les soldes, les ajustements à la hausse ou à la baisse sont de taille relativement similaire (5 % pour les hausses, 5,2 % pour les baisses), suggérant une absence d asymétrie de l ajustement des prix à la hausse ou à la baisse. Le graphique 2 présente la distribution de l ensemble des changements de prix quand il y a eu un changement de prix. Sur la période, près de 20 % des changements (hors soldes et promotions) ont été compris entre 1 et 3 % et le mode 11 de la distribution se situe à 2 %, c'est-à-dire proche du niveau moyen d inflation annuelle. Les soldes et promotions conduisent à des pics dans la distribution à 20, 25, et 30 % mais, une fois les soldes et promotions exclus, la distribution des changements de prix est peu modifiée. Cette distribution est en outre symétrique autour du mode et il n apparaît pas d asymétrie significative à la baisse. Les petits changements de prix, notamment ceux compris entre 0 et 1 % en valeur absolue, sont fréquents (près de 15 % des changements de prix). De même, les changements de prix de grande taille sont aussi fréquents même en excluant les prix en soldes ou en promotions (6 % des changements sont supérieurs à 20 % en valeur absolue). Une flexibilité apparente des prix plus forte aux États-Unis qu en France Depuis 2005, de nombreuses études sur les modes d ajustements de prix ont pu être menées dans plusieurs pays du monde en utilisant des données de relevés individuels de prix à la consommation 12. Dhyne et al. (2006) montrent ainsi qu il existe une certaine hétérogénéité de la fréquence des changements de prix entre les pays de la zone euro mais qu elle est faible si on la compare aux différences de rigidité des prix entre produits, observées de façon similaire dans tous les pays de la zone euro. Nous comparons ici en détail le degré de rigidité des prix en France et aux États Unis sur la période 1998-2005 (cf. tableau 3). 11 Valeur la plus fréquente dans la population. 12 Cf. Klenow et Malin (2010) pour une synthèse. 10 Banque de France Bulletin N 202 - Novembre-décembre 2015

T3 Comparaison de la rigidité des prix en France et aux États-Unis (1998-2005) Ensemble Ensemble hors soldes et promotions France États Unis France États Unis Fréquence des changements de prix 16,8 22,7 14,0 15,1 Taille moyenne des hausses de prix 9,0 14,9 5,2 9,2 Taille moyenne des baisses de prix -12,3-18,5-7,6-12,0 Note : Les statistiques sont obtenues comme la moyenne pondérée des fréquences (ou tailles) par produit calculées pour chaque pays. Les poids utilisés sont ceux de l IPC français et sont communs aux deux pays pour contrôler d éventuelles différences dans la structure de consommation entre France et États-Unis. Nous considérons ici l ensemble des produits communs aux deux études Berardi et al. (2015) et Nakamura et Steinsson (2008) et les calculs de fréquence et de taille des changements de prix ont été réalisés sur la même période (les données relatives à la période autour du passage à l euro ont toutefois été exclues pour la France). Source : Berardi et al. (2015) et Nakamura et Steinsson (2008). Les prix aux États Unis semblent plus flexibles qu en France : chaque mois, 23 % des prix sont modifiés en moyenne aux États Unis contre seulement 17 % en France. Toutefois, une des différences importantes entre les deux pays tient à l importance plus grande des soldes et promotions aux États Unis : 10 % des relevés de prix concernent des soldes et des promotions aux États Unis contre un peu plus de 2 % en France. Si l on exclut ces changements temporaires liés aux soldes et promotions, la différence de rigidité des prix apparente entre la France et les États Unis est nettement plus faible : 15 % des prix sont modifiés chaque mois aux États Unis contre 14 % en France. Les changements de prix sont en moyenne de taille plus importante aux États Unis qu en France : la moyenne des changements de prix aux États Unis est supérieure à 15 % en valeur absolue alors qu en France elle est plus proche de 10 %. Cette différence est plus faible mais reste marquée si on exclut les changements de prix temporaires (par exemple, la moyenne des hausses est de 5 % en France contre 9 % aux États Unis). Une hypothèse pour expliquer cette différence serait liée à la taille des chocs économiques aux États Unis qui serait en moyenne plus importante et plus variable qu en France. Ajustement individuel des prix à la consommation et inflation L inflation est le résultat de l agrégation des comportements individuels de prix. L inflation varie parce que, à chaque date, les détaillants décident de changer ou non leurs prix et, quand ils les changent, de les ajuster à la hausse ou à la baisse. L inflation peut augmenter soit parce qu une proportion plus importante de détaillants augmente leurs prix ou parce que les hausses de prix sont de taille plus importante. Nous analysons dans cette partie l évolution au cours de la période 1994-2014 de la fréquence et de la taille des prix afin de mesurer si l inflation varie parce que plus de détaillants changent leur prix ou si c est la taille des changements de prix qui évolue au cours du temps en réponse aux chocs économiques. Évolution de la fréquence des changements de prix sur la période 1994-2014 Le graphique 3 présente les fréquences mensuelles de changements, des hausses et des baisses de prix entre août 1994 et mai 2014. Les prix des produits de l énergie sont exclus pour limiter l effet de leurs variations rapides et nombreuses sur la fréquence des changements de l ensemble des produits. Tout d abord, la fréquence des changements de prix présente des variations saisonnières très marquées même après avoir exclu les changements de prix liés aux soldes et promotions (par définition saisonniers). En moyenne, 15 % des prix sont modifiés en janvier alors que les autres mois de l année, cette proportion se situe entre 7 et 9 %. Un autre pic saisonnier est observé en septembre où entre 10 et 12 % des prix sont modifiés en moyenne. Banque de France Bulletin N 202 - Novembre-décembre 2015 11

G3 Fréquence de changements de prix (total, hausses, baisses) (hors énergie) 20 18 16 14 12 10 8 6 4 2 0 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 Fréquence des baisses Fréquence des hausses Fréquence totale Source : Relevés de prix à la consommation utilisés pour la construction de l indice de prix à la consommation (hors énergie) (Insee) sur la période 1994 2014 (hors période du passage à l euro) ; le graphique représente le pourcentage de prix modifiés chaque mois à la hausse et à la baisse (pondéré par le poids du produit dans l indice de prix à la consommation). Les changements de prix sont calculés pour les prix excluant les soldes et promotions. Parmi les changements, ce sont les hausses de prix qui contribuent majoritairement à cette saisonnalité. En janvier, les prix sont régulièrement révisés à la hausse. Cette saisonnalité des changements est observée pour la plupart des produits mais elle est surtout marquée dans les services où près de 15 % des entreprises augmentent leur prix en janvier et un peu moins de 10 % en septembre, contre moins de 5 % les autres mois de l année. Au-delà de ces mouvements saisonniers de très court terme la fréquence de changements de prix présente des fluctuations à moyen terme. En particulier, hors énergie, il existe une corrélation entre la fréquence des changements et l inflation agrégée : quand l inflation est plus élevée, la fréquence des hausses semble augmenter légèrement, en particulier en 2000-2001 ou encore en 2008-2009. Au contraire, quand l inflation est plus faible, la fréquence de hausses est plus faible que la moyenne et la fréquence des baisses augmente (en 2009 2010 par exemple). En outre, des changements de TVA sur la période ont provoqué une hausse de la fréquence des changements de prix, en particulier en août 1995, avril 2000, et janvier 2014 (cf. annexe 2 pour une estimation de ces effets). Toutefois, en moyenne sur l ensemble de la période 1994-2014, la fréquence des changements de prix ne présente pas de tendance particulière à la hausse ou à la baisse, ni de rupture structurelle apparente. Les fréquences de hausses et de baisses de prix connaissent des fluctuations de court et moyen terme sans qu on n observe un changement permanent de la moyenne de ces fréquences. Évolution de la taille des changements de prix sur la période 1994-2014 La taille moyenne des changements de prix est beaucoup plus stable au cours du temps que la fréquence des changements (cf. graphique 4). Les fluctuations de court terme sont les plus remarquables ; elles ont lieu au moment des périodes de soldes 13. Une fois les soldes et promotions exclus, la taille moyenne des changements est stable autour de la moyenne de longue période à la fois pour les hausses et pour les baisses. La variabilité des hausses de prix augmente légèrement depuis 2011, ce qui pourrait s expliquer par l incertitude plus grande sur la nature et la taille des chocs pendant les récessions. 13 La base de données utilisée ne contient pas d information sur les remplacements de produit sur toute la période ; c est pourquoi les changements de prix au moment des remplacements ont été exclus et les baisses de prix en période de soldes qui seraient suivies par un remplacement de produit (et donc par une hausse de prix à peu près équivalente) ne conduisent pas dans notre cas à une hausse de prix symétrique. 12 Banque de France Bulletin N 202 - Novembre-décembre 2015

G4 30 20 10 0-10 - 20 Taille moyenne des changements de prix (hausses et baisses, hors énergie) - 30 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 Baisse de prix moyenne (hors soldes et promotions) Hausse de prix moyenne (hors soldes et promotions) Baisse de prix moyenne (total) Hausse de prix moyenne (total) Source : Relevés de prix à la consommation utilisés pour la construction de l indice de prix à la consommation (énergie exclue) (Insee) sur la période 1994-2014 (passage à l euro exclu) ; le graphique représente la hausse ou la baisse moyenne pondérée des changements de prix (pour les changements non nuls). Les changements de prix sont calculés pour les prix excluant ou non les soldes et promotions. Décomposer les variations de l inflation Dans quelle mesure les variations temporelles de la fréquence et de la taille des changements de prix contribuent-elles aux variations de l inflation agrégée? Il s agit de comprendre si l inflation varie parce que les prix sont modifiés plus ou moins souvent ou parce que les changements de prix sont de plus ou moins grande ampleur. Pour répondre à cette question, nous décomposons l inflation (cf. annexe 1) entre une marge extensive d ajustement des prix davantage de détaillants changent leurs prix et une marge intensive - les changements de prix sont de plus grande ampleur. Pour étudier si les variations temporelles de l inflation sont dues aux variations de la fréquence ou de la taille des changements de prix, nous reconstruisons deux mesures d inflation contrefactuelles : une mesure d inflation où les détaillants n utilisent que la marge extensive d ajustement des prix (seule la fréquence de changements varie et les tailles moyennes de hausses et de baisses de prix sont constantes, égales à leur moyenne sur la période) et une mesure d inflation où les détaillants n utilisent que la marge intensive (seule la taille des changements varie et les fréquences de hausses et de baisses de prix sont constantes, égales à leur moyenne sur la période). Le graphique 5 représente l approximation d inflation (ligne bleue) obtenue à partir des données individuelles (cf. annexe 1), et les deux mesures d inflation contrefactuelle (lignes bronze et orange). En faisant l hypothèse que les entreprises n utilisent que la marge extensive d ajustement des prix, la mesure d inflation contrefactuelle obtenue (ligne rouge) est proche de l inflation observée. Autrement dit, la marge extensive d ajustement des prix est essentielle pour expliquer les variations temporelles de l inflation. Au contraire, l inflation contrefactuelle obtenue en faisant l hypothèse que les entreprises n utilisent pas la marge extensive d ajustement des prix (tirets bleus) est peu corrélée aux variations de l inflation observée et reproduit mal ses variations. Au total, les variations temporelles d inflation sont surtout le résultat de variations de la fréquence des changements de prix : l inflation augmente parce que les changements de prix sont plus nombreux. Les variations de taille des changements de prix ne contribuent que marginalement aux variations Banque de France Bulletin N 202 - Novembre-décembre 2015 13

G5 3,0 2,5 2,0 1,5 1,0 0,5 0,0 Approximation de l inflation à partir des relevés individuels (ensemble hors énergie, promotions et soldes exclus) - 0,5 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 Approximation de l'inflation (données individuelles) Approximation de l'inflation (taille invariante dans le temps) Approximation de l'inflation (fréquence invariante dans le temps) Calculs : L approximation de l inflation à partir des relevés individuels est calculée à partir de la formule de l encadré 1 produit par produit puis en agrégeant les inflations mensuelles obtenues et enfin, une inflation annuelle. L approximation de l inflation (taille invariante) est obtenue de la même manière mais en remplaçant pour chaque produit dans la formule de l encadré la taille moyenne des changements au cours du temps par sa moyenne sur l ensemble de la période. L approximation de l inflation (fréquence invariante) est obtenue en remplaçant pour chaque produit dans la formule de l encadré la fréquence des changements au cours du temps par sa moyenne sur l ensemble de la période. Source : Relevés de prix à la consommation utilisés pour la construction de l indice de prix à la consommation (énergie exclue) (Insee) sur la période 1994-2014 (passage à l euro exclu et soldes exclus). de l inflation. Des résultats complémentaires (Berardi et al. 2015) montrent que les variations d inflation sont essentiellement dues aux variations temporelles de la fréquence des hausses de prix : plus celles-ci sont fréquentes, notamment en janvier, plus l inflation est élevée. La récente période d inflation basse a-t-elle modifié le comportement individuel d ajustement des prix? Depuis fin 2012, le niveau de l inflation est passé de plus de 2 % en 2011 à moins de 1 % en 2013 et 2014 alors que l objectif de la BCE est de maintenir l inflation en dessous mais proche de 2 %. Une partie de cette baisse est expliquée par une diminution du prix du pétrole qui a des effets directs et à court terme sur l inflation en France via son effet sur les prix de l énergie. Toutefois, si on considère l inflation hors énergie, elle se situe elle aussi à un niveau historiquement faible et de façon durable en dessous de 1 % depuis début 2013. La période d inflation basse a-t-elle marqué un changement de comportement de fixation des prix dans les points de vente? Le tableau 4 présente la comparaison des fréquences de changements en fonction du niveau d inflation, en distinguant quatre périodes : i) lorsque l inflation T4 Fréquence des changements de prix selon le niveau d inflation Période où l inflation (hors énergie) est : Fréquence de changements Fréquence de hausses Fréquence de baisses supérieure à 2 % 9,3 6,6 2,8 comprise entre 1 et 2 % 8,9 5,9 3,0 inférieure à 1 % (avant 2012) 8,6 5,6 3,0 inférieure à 1 % (2013-2014) 9,5 5,7 3,8 Source : Relevés de prix à la consommation utilisés pour la construction de l indice de prix à la consommation (énergie exclue) (Insee) sur la période 1994-2014 (passage à l euro exclu). La fréquence de changements est le rapport entre le nombre de changements de prix non nuls et le nombre de relevés. Nous avons exclu les dates où ont eu lieu des changements de TVA (août-septembre 1995, septembre-octobre 1999, avril 2000, juillet août 2009, janvier 2012 et janvier 2014). Nous excluons la période autour du passage à l euro, c'est-à-dire entre juillet 2001 et juin 2002. 14 Banque de France Bulletin N 202 - Novembre-décembre 2015

(hors énergie) est supérieure à 2 % ; ii) lorsque l inflation (hors énergie) est comprise entre 1 et 2 % ; iii) lorsque l inflation (hors énergie) est inférieure à 1 % avant 2012; iv) la période d inflation basse, entre janvier 2013 et mai 2014 (dernières données de notre échantillon). La fréquence des changements diminue avec le niveau d inflation passant de 9,3 % quand l inflation est supérieure à 2 %, à 8,9 % quand l inflation est comprise entre 1 % et 2 %, puis à 8,6 % quand l inflation est inférieure à 1 % avant 2012. Cette baisse est principalement due à une diminution de la fréquence des hausses (de 6,6 % à 5,9 %, puis 5,6 %), à peine compensée par une faible augmentation de la fréquence des baisses. Lors de la récente période d inflation basse (entre 2013 et 2014), la fréquence des changements augmente pour atteindre 9,5 %. La fréquence des hausses est quasi identique à celle observée lors d autres épisodes d inflation basse avant 2012 (5,7 % contre 5,6 %) mais, de façon plus remarquable, la fréquence des baisses augmente par rapport aux épisodes passés d inflation basse, de 3 % à 3,8 %. Concernant la taille des changements, la distribution des changements (non nuls) de prix (cf. graphique 6) se déplace légèrement au moment des périodes d inflation inférieure à 1 % : les changements de prix sont plus petits et les baisses plus nombreuses. Toutefois, les mouvements de la distribution des changements de prix sont relativement limités, ce qui est cohérent avec un ajustement faible de la taille des changements de prix aux variations de l environnement économique 14. Enfin, la période récente a aussi été marquée par des hausses de TVA en janvier 2012 et janvier 2014 qui ont pu soutenir l inflation sur la période 2012 2014. En janvier 2012, un taux intermédiaire de 7 % a été instauré et a concerné un peu moins de 15 % des produits de l indice des prix (surtout des services comme la restauration, les transports ). En janvier 2014, ce taux intermédiaire (7 %) a été augmenté de 3 pp et le taux normal (qui concerne plus de la 14 Les résultats de l estimation d un modèle statistique reliant fréquence et taille des changements de prix au niveau d inflation, en tenant compte des variations de TVA confirment ces observations (cf. annexe 2). G6 12 Distribution de la taille des changements (non nuls) de prix selon le niveau d inflation 10 8 6 4 2 0-18-17-16-15-14-13-12-11-10 -9-8 -7-6 -5-4 -3-2 -1 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 Inflation (hors énergie) supérieure à 2 % Inflation (hors énergie) inférieure à 1 % (avant 2012) Inflation (hors énergie) inférieure à 1 % (2013-2014) Source : Relevés de prix à la consommation utilisés pour la construction de l indice de prix à la consommation (énergie exclue) (Insee) sur la période 1994-2014 (passage à l euro exclu) ; le graphique représente la distribution de l ensemble des changements de prix (quand il y a un changement non nul), ces changements sont calculés au niveau de chaque produit et chaque point de vente. Les changements de prix sont calculés pour les prix excluant ces soldes et promotions. Banque de France Bulletin N 202 - Novembre-décembre 2015 15

moitié des produits de l indice des prix) est passé de 19,6 % à 20 %. Ces chocs de TVA ont eu pour effet d augmenter temporairement la fréquence des hausses de prix (+ 2 points de pourcentage (pp) en janvier 2012 et + 5,2 pp en janvier 2014) sans modifier la fréquence des baisses (cf. annexe 2). Par ailleurs, en janvier 2014, l effet sur la fréquence des hausses a été relativement faible comparé aux effets des changements de taux normal de TVA passés (en 1995 ou 2000). Si l ajustement des prix avait été total et immédiat, l effet attendu sur l inflation était de + 0,2 pp en janvier 2012 et + 0,6 pp en janvier 2014 15. L effet observé de la hausse de TVA sur l inflation est estimé à environ 0,1 pp en janvier 2012 et un peu moins de 0,2 pp en janvier 2014 16. Dans un contexte d inflation basse, l effet sur les prix du choc de TVA a donc été amorti par une baisse des marges. Ceci suggère que le phénomène d inflation basse pourrait être persistant. 15 Cf. Gautier et Lalliard (2013). 16 Pour obtenir cet effet, on calcule une inflation mensuelle moyenne comme le produit des fréquences par les tailles moyennes (annexe 2) et une inflation mensuelle où les fréquences et les tailles moyennes sont modifiées des effets des chocs de TVA estimés. L effet de la TVA sur l inflation est la différence entre ces deux inflations. 16 Banque de France Bulletin N 202 - Novembre-décembre 2015

Bibliographie Baudry (L.), Le Bihan (H.), Sevestre (P.), et Tarrieu (S.) (2005) «La rigidité des prix en France : quelques enseignements des relevés de prix à la consommation», Economie et Statistique, 386, p. 37-57. Berardi (N.), Gautier (E.) et Le Bihan (H.) (2015) «More facts about prices : France before and during the great recession», Journal of Money Credit and Banking, à paraître. Chatelais (N.), De Gaye (A.) et Kalantzis (Y.) (2015) «Inflation basse en zone euro : rôle des prix d imports et de l atonie économique», Rue de la Banque n 6. Conti (A.M.), Neri (S.) et Nobili (A.) (2015) «Why is inflation so low in the euro area?» Termi di Discussione n 1019, Banca d Italia. Dhyne (E.), Alvarez (L.J.), Le Bihan (H.), Veronese (G.), Dias (D.), Hoffmann (J.), Jonker (N.), Lunnemann (P.), Rumler (F.) et Vilmunen (J.) (2006) «Price changes in the Euro area and the United States: some facts from individual consumer price data», The Journal of Economic Perspectives, 20(2),171-192. Fabiani (S.) et Porqueddu (M.) (2015) «Changing prices... Changing times: evidence for Italy», Banca d Italia, Questioni di Economia e Finanza, 275, p. 1-30. Gautier (E.) (2009) «Les ajustements microéconomiques des prix : une synthèse des modèles théoriques et résultats empiriques», Revue d'économie Politique, 119(3), p. 323-372. Gautier (E.) et Lalliard (A.) (2013) «Quels sont les effets sur l inflation des changements de TVA en France?», Bulletin trimestriel de la Banque de France, n 194, 4 e trimestre. Insee (2013) «Pourquoi dans la zone euro, l inflation n est-elle pas plus faible dans les pays les plus affectés par la crise?», Note de conjoncture, mars. Klenow (J. P.) et Malin (B.) (2010) «Microeconomic evidence on price-setting» Handbook of Monetary Economics, 3, 231-284. Le Bihan (H.) (2009) «1958-2008 : avatars et enjeux de la courbe de Phillips», Revue de l OFCE, n 111, octobre. Lequiller (F.) (1998) «Pour comprendre l indice des prix», Insee Méthodes, n 81-82, 2-174. Nakamura (E.) et Steinsson (J.) (2008) «Five facts about prices: a reevaluation of menu cost models», Quarterly Journal of Economics, Vol. 123(4), p. 1415-1464. Riggi (M.) et Venditti (F.) (2014) «Surprise! Euro area inflation has fallen», Banca d Italia, Questioni di Economia e Finanza, 275, p. 1-30. Banque de France Bulletin N 202 - Novembre-décembre 2015 17

Annexe 1 Décomposition de l inflation entre marge intensive et marge extensive d ajustement L inflation est le résultat de l agrégation de comportements individuels d ajustement des prix : elle peut augmenter parce plus de détaillants augmentent leur prix ou parce que les détaillants qui changent leur prix le font par des augmentations plus importantes. La fréquence et la taille moyenne des changements de prix au cours du temps influe sur la dynamique agrégée de l inflation. Klenow et Kryvtsov (2008) ont proposé un exercice de décomposition de l inflation entre marge intensive la taille moyenne des changements de prix (parmi les changements de prix) et marge extensive la fréquence des changements de prix. Une approximation de l inflation mensuelle (i.e. la variation mensuelle de l indice des prix en %) à la date t, notée ~ π t, est la somme des variations de prix individuels P i observés entre deux dates t et t-1 (avec δ i est le poids du produit i dans l indice de prix à la consommation) : ~ p π = δ t p N i, t i, t 1 i i= 1 pi, t 1 En introduisant une indicatrice de changement de prix, l approximation de l inflation mensuelle se décompose en une marge extensive et une marge intensive : ~ π t = N i= 1 N pi t p, i, t 1 i δ i p = 1 i t i I, 1 δ i, t = f N t dpt i I i t δ, i= 1 avec I it = 1 si P it P it-1 et I it = 0 si P it = P it-1. L inflation est alors le produit de la fréquence de changements de prix (ƒ t ) et la taille moyenne des changements de prix (en excluant les variations de prix égales à 0) à la date t (dp t ). On peut ensuite étendre cette décomposition en considérant les hausses et les baisses de prix séparément : π ~ t + + = f t dpt + f t dpt où ƒ t + et ƒ t sont les fréquences de hausses et de baisses alors que dp t + que et dp t sont les tailles moyennes de hausses et de baisses. Nous calculons pour chaque classe de produit (niveau 4 de la nomenclature des produits COICOP, soit environ 124 classes différentes dans notre base), les fréquences et les tailles moyennes de hausses et de baisses de prix puis l approximation de l inflation mensuelle obtenue avec la formule ci-dessus. Nous agrégeons ensuite l ensemble de ces inflations mensuelles par une moyenne simple, en utilisant les poids de chaque produit et obtenons une inflation mensuelle moyenne agrégée puis une approximation de l inflation annuelle. Par ailleurs, nous calculons l inflation mensuelle de chacun des 124 classes de produits à partir des indices publiés par l Insee et nous calculons la moyenne pondérée de ces inflations mensuelles pour obtenir une mesure de l inflation agrégée comparable à notre approximation en termes de produits couverts et de méthode de calcul. Le graphique A présente ainsi l approximation de l inflation obtenue à partir des relevés individuels de prix en utilisant la décomposition entre marge intensive et marge extensive d ajustement. Un premier constat est que, même si les données dont nous disposons et la simplicité de la méthode utilisée ne permettent de reconstruire que très 18 Banque de France Bulletin N 202 - Novembre-décembre 2015

GA 3,0 2,5 2,0 1,5 1,0 0,5 Approximation de l inflation calculée à partir des données individuelles, moyenne simple des inflations par produit et inflation agrégée hors énergie 0,0 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 Approximation de l'inflation (données individuelles) Agrégation simple des inflations calculées par produit Inflation hors énergie (Insee) Calculs : Pour le calcul de l inflation agrégée à partir des relevés individuels, nous procédons de la façon suivante : pour chaque produit (au niveau COICOP 4), on calcule une approximation de l inflation mensuelle à partir des relevés individuels et en utilisant la formule ci-dessus. Puis, les inflations mensuelles obtenues sont agrégées par moyenne simple en utilisant les pondérations des produits pour obtenir une inflation mensuelle agrégée. Enfin, nous calculons une inflation annuelle comme la somme sur douze mois de l inflation mensuelle agrégée obtenue. Pour le calcul de l «agrégation simple des inflations calculées par produit», nous calculons des inflations mensuelles par produit à partir des indices par produit de l Insee, nous calculons une moyenne pondérée simple puis nous en dérivons une inflation annuelle. Enfin, l inflation hors énergie Insee est calculée comme la variation annuelle de l indice de prix hors énergie publié par l Insee. Source : Relevés de prix à la consommation utilisés pour la construction de l indice de prix à la consommation (énergie exclue) (Insee) sur la période 1994-2014 (passage à l euro exclu), inflation (i.e. le glissement annuel de l indice de prix) par produit pour les 124 produits contenus dans notre base de données de relevés de prix et inflation agrégée hors énergie (Insee) (glissement annuel de l indice des prix hors énergie). imparfaitement l inflation, nous obtenons une mesure corrélée à l inflation agrégée (hors énergie) publiée par l Insee (coefficient de corrélation égal à 0,84). En effet, au-delà des différences de couverture en termes de produits entre nos données et l inflation agrégée 17, on peut noter au moins deux différences méthodologiques importantes : Nous ne prenons pas en compte dans nos calculs les ajustements de prix liés aux changements de qualité ou aux remplacements de produits alors qu ils le sont dans l indice de prix à la consommation (Lequiller, 1998). Nous utilisons une méthode très simple d agrégation des inflations par produit qui correspond davantage à une inflation moyenne qu à la construction d une inflation agrégée conforme à la théorie de construction des indices de prix telle qu elle est mise en œuvre par l Insee pour calculer l inflation. 17 Les prix de postes importants dans l indice de prix comme les loyers, les produits frais, le tabac ou les automobiles sont exclus de nos données. Banque de France Bulletin N 202 - Novembre-décembre 2015 19

Annexe 2 Estimation de la relation entre le niveau d inflation et la fréquence et la taille des changements de prix Le tableau A présente les résultats de l estimation d un modèle statistique reliant la fréquence et la taille des changements de prix au niveau d inflation. Nous introduisons des variables indicatrices correspondant à trois périodes d inflation : les périodes où l inflation (hors énergie) est supérieure à 2 %, les périodes où l inflation (hors énergie) est inférieure à 1 %, la période récente d inflation basse (depuis janvier 2013). Les estimations associées à ces variables s interprètent en écart à une référence qui est ici la période où l inflation (hors énergie) est comprise entre 1 et 2 %. Enfin, nous incluons dans le modèle des variables indicatrices pour les différents changements de TVA intervenus sur la période étudiée. TA Impact du niveau d inflation et des variations de TVA sur la fréquence et la taille des changements de prix Fréquence Taille (en valeur absolue) Hausses Baisses Hausses Baisses Inflation supérieure à 2 % 0,49-0,26-0,14 0,00 Inflation inférieure à 1 % (avant 2012) - 0,42-0,05-0,10 0,09 Inflation inférieure à 1 % (2013-2014) - 0,36 0,80** 0,32** 0,46** Hausses de TVA TVA août - septembre 1995 7,87** - 0,40** - 1,97** - 1,83** TVA janvier 2012 2,03** 0,21 0,28** 0,55** TVA janvier 2014 5,18** 0,05-0,84** 0,24 Baisses de TVA TVA septembre - octobre 1999-0,91** 0,41* - 0,59** 0,57 TVA avril 2000 0,71** 9,16** - 0,43** 5,05** TVA juillet - août 2009 0,98** 1,66** 0,55** 0,92** Calculs : Le tableau présente les résultats de régressions MCO de la fréquence mensuelle des hausses et baisses et de la taille moyenne mensuelle des hausses et des baisses sur des variables macroéconomiques. Des variables indicatrices de mois captant la saisonnalité ont été incluses. Les estimations sont corrigées de l autocorrélation-hétéroscédasticité selon la méthode de Newey-West. Niveau de significativité : ** 5 %, * 10 %. Source : Relevés de prix à la consommation utilisés pour la construction de l indice de prix à la consommation (énergie exclue) (Insee) sur la période 1994-2014 (passage à l euro exclu entre juillet 2001 et juin 2002 et soldes exclus). «Inflation supérieure à 2 %» est une variable indicatrice valant 1 quand l inflation hors énergie est supérieure à 2 %, et 0 sinon. «Inflation inférieure à 1 % (avant 2012)» est une variable indicatrice valant 1 quand, avant 2012, l inflation hors énergie est inférieure à 1 % et 0 sinon. «Inflation inférieure à 1 % (2013-2014)» est une variable indicatrice valant 1 après janvier 2013, et 0 sinon. Des variables indicatrices TVA correspondent aux différents chocs de TVA : en août-septembre 1995, hausse de 2 points de pourcentage du taux normal, en janvier 2012 instauration d un taux intermédiaire à 7 %, en janvier 2014 hausse du taux intermédiaire de 7 à 10 % et passage du taux normal de 19,6 à 20 %, en octobre 1999, passage au taux réduit des travaux d amélioration du logement, en avril 2000 baisse de 1 point de pourcentage du taux normal, en juillet-août 2009 passage au taux réduit pour la restauration sur place. 20 Banque de France Bulletin N 202 - Novembre-décembre 2015