Le travail rémunéré des étudiants à temps plein au Saguenay Lac-Saint-Jean Rapport synthèse de trois études de cas



Documents pareils
L endettement chez les jeunes Rapport final

La fumée de tabac secondaire (FTS) en Mauricie et au Centre-du- Québec, indicateurs du plan commun tirés de l ESCC de

Étude auprès de la génération X. Le paiement virtuel et la gestion des finances personnelles

LE TABLEAU SYNTHÈSE DES BOURSES UNIVERSITAIRES

SONDAGE SUR LA CULTURE FINANCIERE D UNE POPULATION D INTERNAUTES MAROCAINS

Brock. Rapport supérieur

REGARDS SUR L ÉDUCATION 2013 : POINTS SAILLANTS POUR LE CANADA

LES ÉLÈVES INSCRITS EN FORMATION PROFESSIONNELLE ET LEURS BESOINS SPÉCIFIQUES DE SOUTIEN À LA PERSÉVÉRANCE ET À LA RÉUSSITE. QUI SONT-ILS VRAIMENT?

CPA Canada Tendances conjoncturelles (T1 2015)

Demande de bourse de soutien

Saguenay - Lac-Saint-Jean ANNÉE SCOLAIRE

MISE EN PLACE D UN SYSTÈME DE SUIVI DES PROJETS D INTÉGRATION DES TIC FORMULAIRE DIRECTION RÉGIONALE DE COLLECTE DE DONNÉES

L Enseignement religieux au Luxembourg. Sondage TNS-ILRES Juillet 08 N 11

Les salariés de l économie sociale et solidaire

Dépouillement questionnaire satisfaction TAP

présente Métro, boulot, dodo enquête sur la vie de bureau

Nos clients une réussite!

Présentation de l association Les ados Suisses romands et les petits jobs. Sondage Ados Job

RAPPORT FINAL. Étude sur la littératie financière chez les jeunes POR #

POINTS DE VUE DES CANADIENS SUR LA COUVERTURE DES MÉDICAMENTS D ORDONNANCE

Sommaire.

FORMULAIRE DE DEMANDE DE BOURSE Bourse de besoin : Régie générale des services à l enfant et à la famille

Les étudiants dans le rouge : l impact de l endettement étudiant

ENQUÊTE SALARIÉS. VIAVOICE Mieux comprendre l opinion pour agir 178 rue de Courcelles Paris + 33 (0)

Fiscalité agricole. Informations de base utiles pour les petites entreprises agricoles. Véronique Bouchard, Ferme aux petits oignons

Accès à l éducation postsecondaire : Comparaison entre l Ontario et d autres régions

LES STAGIAIRES. 1. Qui sont les «stagiaires» au sens de la réglementation?

Évaluation d un projet pilote visant à promouvoir l utilisation correcte des sièges d auto pour enfants dans deux régions du Québec

En tout temps, vous pouvez accéder à votre dossier à la Régie grâce au service en ligne Mon dossier. Profitez aussi de nos autres services en ligne :

Analyse des questionnaires d évaluation parents et enfants Juin 2015

Fonds Raglan pour l éducation Guide de demande de bourse. Dernière mise à jour : juin 2014

Tableau de bord des communautés de l Estrie DEUXIÈME ÉDITION INDICATEURS DÉMOGRAPHIQUES ET SOCIOÉCONOMIQUES

Comment les entreprises anticipent-elles le vieillissement de l emploi?

Voici des réponses aux questions que vous vous posez:

Un régime d assurance? Si oui, lequel?

Polyvalente de la Forêt «À la Forêt, mes réussites sont ma fierté!»

PROPOSITION D ETUDE ETUDE DU MARCHE BELGE DES SEMINAIRES ET CONFERENCES

Temps et travail: la durée du travail

Gérer son crédit. Introduction. Clientèle cible : Élèves des niveaux postsecondaires. Objectifs :

Note de service. Destinataires : George Zegarac Sous-ministre. Expéditeur : Date : Le 30 octobre 2014

Sondage sur l endettement chez les jeunes

environics research group

Rapport de fin de séjour Mobilité en formation :

Étude sur les dépenses des étudiants universitaires

Questionnaire aux Associations Culturelles et Sportives

Fédération des Mouvements Personne D Abord du Québec

Questions et réponses sur la cote de rendement au collégial

Le rapport des femmes à la beauté

LES CONDITIONS D ACCÈS AUX SERVICES BANCAIRES DES MÉNAGES VIVANT SOUS LE SEUIL DE PAUVRETÉ

ET SI LA PARTICIPATION FAISAIT LA DIFFÉRENCE

Article. Bien-être économique. par Cara Williams. Décembre 2010

Sondage sur le travail de conseiller d arrondissement et de conseiller municipal

SOMMAIRE. AVRIL 2013 TECHNOLOGIE ÉTUDE POINTS DE VUE BDC Recherche et intelligence de marché de BDC TABLE DES MATIÈRES

Les conséquences du sous-financement des organismes communautaires montréalais

UNIVERSITE DE GENEVE CONFERENCE UNIVERSITAIRE DES ASSOCIATIONS ETUDIANT-E-S ETRE «PARENTS-ETUDIANTS» A L UNIVERSITE DE GENEVE

D égale à égal? UN PORTRAIT STATISTIQUE DES FEMMES ET DES HOMMES

Sondage auprès des employés du réseau de la santé et des services sociaux du Québec - Rapport sommaire -

1- LECTURE ET ACCEPTATION DE L'ORDRE DU JOUR

L aide financière aux études en bref. Un outil étudiant pour comprendre le régime d aide financière aux études

Objectif de progression Actions Indicateurs chiffrés. Diligenter une enquête auprès des salariés pour connaitre précisément leurs besoins

Le CRSNG: Un partenaire financier incontournable en matière de R&D et d innovation. Robert Déziel, Ph. D. MBA Gestionnaire, bureau régional du Québec

PRÊTS SUR SALAIRE : UN MOYEN TRÈS CHER D EMPRUNTER. Prêts et hypothèques

Sécurité et insécurité alimentaire chez les Québécois : une analyse de la situation en lien avec leurs habitudes alimentaires

Introduction à l enquête 2012 «Organisation fonctionnelle des équipes». ADBU

Guide d entretien concernant les secrétaires de l IUT Guide d entretien concernant l assistante de direction

Un Pass santé contraception. pour les jeunes francilien-ne-s

Connaître vos revenus et vos dépenses

Evaluation des besoins en places d accueil préscolaire: Outils pour mener une enquête auprès des familles

> Nouveaux services en ligne > avril 4 > Page #

Préparation d une maturité avec mention bilingue français-allemand ou français-anglais

Modèle de phases FlexWork: Sondage des entreprises et administrations suisses sur la flexibilité géographique et temporelle du travail

le système universitaire québécois : données et indicateurs

MODÈLE CROP DE CALIBRATION DES PANELS WEB

Étude 2013 sur la. reconnaissance des bénévoles. Contenu. Comment les bénévoles canadiens souhaitent-ils que leurs contributions soient reconnues?

information L autonomie résidentielle et financière augmente avec la durée des études, les difficultés financières aussi

Association des banquiers canadiens

Le portrait budgétaire

La question financière.

Fédération étudiante des Associations Angevines Fé2A - 2 boulevard Victor Beaussier Angers - contact@fe2a.fr

La migration des jeunes au Québec. Résultats d un sondage auprès des anglophones de ans. Marie-Odile MAGNAN, Madeleine GAUTHIER et Serge CÔTÉ

Simulation d une entrevue

L obtention d un diplôme au Canada : profil, situation sur le marché du travail et endettement des diplômés de la promotion de 2005

Quelle part de leur richesse nationale les pays consacrent-ils à l éducation?

DOCUMENT L HISTOIRE DE L ÉDUCATION EN FRANCE

CONJONCT URE. +1 point. Intentions de recrutements de cadres : entre prudence et reprise de confiance

COMMISSARIAT À LA PROTECTION DE LA VIE PRIVÉE DU CANADA. Vérification de la gestion des ressources humaines

Résultats du Sondage sur la meilleure exécution. Avis sur les règles Avis technique RUIM et Règles des courtiers membres

Concept de salle de jeu à CESCOLE : 3.Sondage + analyses (%, bilan et explications) + graphes

DEVENIR TUTEUR DANS LE MEILLEUR INTÉRÊT DE L ENFANT

Comité national d évaluation du rsa Annexes

ACTIVITÉ DE PRODUCTION ORALE. Niveau B1. Le e-commerce

RÈGLEMENT FACULTAIRE SUR LA RECONNAISSANCE DES ACQUIS. Faculté des lettres et sciences humaines

Bienvenue. Critères d éligibilité. Contact Information

Comment vous cumulez des crédits

Le salaire des internes en DES de Médecine Générale

Coût des études en Kinésithérapie

Inscriptions au trimestre d automne 2012 : quelques observations

XXVI E ASSISES DE LA TRADUCTION LITTÉRAIRE

Est-ce que les parents ont toujours raison? Épisode 49

LIVRET DE STAGE. Etablissements Scolaires / Administrations SOMMAIRE

Transcription:

Le travail rémunéré des étudiants à temps plein au Saguenay Lac-Saint-Jean Rapport synthèse de trois études de cas Réalisé par le Conseil régional de prévention de l abandon scolaire

On peut obtenir des exemplaires du document au coût de 10,00 $ en s adressant au Conseil régional de prévention de l abandon scolaire. Téléphone : (418) 547-2191 poste 338 Télécopieur : (418) 542-6390. Courrier électronique : crepas@cjonquiere.qc.ca. Référence suggérée : CONSEIL RÉGIONAL DE PRÉVENTION DE L'ABANDON SCOLAIRE. 2002. Le travail rémunéré des étudiants à temps plein au Saguenay Lac-Saint-Jean. Rapport synthèse de trois études de cas. Jonquière, CRÉPAS, 27 pages et annexes. ISBN : 2-921250-46-2 Dépôt légal : Bibliothèque nationale du Québec, 4 e trimestre 2002 Bibliothèque nationale du Canada, 4 e trimestre 2002 Rédaction : Stéphane Dufour Révision : Louise Landry/Michel Perron Traitement de texte : Annie Lavoie/Marie-Ève Bouchard Analyse statistique : Julie Auclair Décembre 2002

Remerciements Ce rapport a pu être réalisé grâce à la collaboration de plusieurs personnes impliquées auprès des jeunes dans les institutions d enseignement visitées. Nous tenons donc à souligner l implication des directions, enseignants et intervenants de la Polyvalente Jean-Dolbeau, du Collège d Alma et de l Université du Québec à Chicoutimi (UQAC). Un merci particulier est adressé à mesdames Karine Tremblay, Sandra Tremblay et Stéphanie Vaillancourt qui ont réalisé l enquête à l UQAC. Évidemment, nous ne pouvons passer sous silence la participation des étudiants qui ont accepté de répondre au questionnaire ou de se joindre à l un des quatre groupes de discussion. Rapport synthèse iii

Table des matières TABLE DES MATIÈRES TABLE DES TABLEAUX ET DES FIGURES...vii 1. Contexte et objectifs...1 2. Approche...1 3. Méthodologie...2 4. Collecte de données...2 4.1 Polyvalente Jean-Dolbeau...2 4.2 Collège d Alma...4 4.3 Université du Québec à Chicoutimi...4 5. Présentation des résultats...4 5.1 Travail pendant l été...4 5.2 Travail pendant l année scolaire...6 5.2.1 Occupation d un emploi rémunéré pendant l année scolaire...6 5.2.2 Heures travaillées pendant l année scolaire...7 5.2.3 Journées travaillées...9 5.2.4 Périodes travaillées...9 5.2.5 Secteurs de travail rémunéré...10 5.3 Place du travail rémunéré pendant l année scolaire...11 5.3.1 Importance du travail rémunéré par rapport aux études...11 5.3.2 Raisons de travailler...12 5.4 Conciliation avec les études...15 5.4.1 Perceptions de la difficulté à concilier les études et le travail...16 5.4.2 Absence aux cours...19 5.5 Travail pendant l année scolaire et réussite...20 5.5.1 Perception de ses difficultés...21 5.5.2 Heures consacrées aux travaux scolaires...22 5.5.3 Travail rémunéré et réussite scolaire...23 6. Une réalité complexe, une approche préventive...25 Rapport synthèse v

Conseil régional de prévention de l abandon scolaire TABLE DES MATIÈRES (suite) BIBLIOGRAPHIE...27 ANNEXE 1 : Tableaux statistiques complémentaires...29 ANNEXE 2 : Synthèse des résultats...33 vi Trois études de cas

Table des tableaux et figure TABLE DES TABLEAUX ET FIGURE Tableau 1 : Proportion d étudiants occupant un emploi rémunéré pendant l été selon l ordre d enseignement...5 Tableau 2 : Tableau 3 : Proportion d étudiants occupant un emploi rémunéré pendant l année scolaire selon l ordre d enseignement...6 Prévalence de l emploi au moment de l enquête selon l ordre d enseignement...7 Tableau 4 : Nombre d heures travaillées par semaine selon l ordre d enseignement...8 Tableau 5 : Tableau 6 : Répartition des journées travaillées selon l ordre d enseignement...9 Répartition des périodes travaillées selon l ordre d enseignement...10 Tableau 7 : Secteurs de travail selon l ordre d enseignement...11 Tableau 8 : Tableau 9 : Répartition des étudiants en emploi selon l importance accordée au travail rémunéré...12 Principales raisons pour lesquelles les étudiants universitaires travaillent...14 Tableau 10 : Principales raisons pour lesquelles les étudiants du cégep travaillent...15 Tableau 11 : Degré de difficulté à concilier les études et le travail selon l ordre d enseignement...16 Tableau 12 : Répartition des étudiants universitaires selon le degré de difficulté à faire des travaux scolaires...17 Tableau 13 : Répartition des étudiants universitaires selon la perception de la capacité à trouver du temps pour étudier...17 Tableau 14 : Répartition des étudiants universitaires selon les inquiétudes au sujet de l interférence avec les études...18 Tableau 15 : Répartition des étudiants universitaires selon l énergie pour faire leurs travaux scolaires...18 Tableau 16 : Répartition des étudiants universitaires selon la perception que le travail nuit à leurs études...18 Tableau 17 : Répartition des étudiants selon le degré d absence aux cours et l ordre d enseignement...20 Le travail rémunéré des étudiants à temps plein au Saguenay Lac-Saint-Jean vii

Conseil régional de prévention de l abandon scolaire TABLE DES TABLEAUX ET FIGURE (suite) Tableau 18 : Perception de ses difficultés scolaires selon l ordre d enseignement et le fait d occuper un emploi ou non...21 Tableau 19 : Heures consacrées aux travaux scolaires selon l ordre d enseignement et le fait d occuper un emploi ou non...22 Figure 1 : Taux de décrochage selon le nombre d heures de travail rémunéré au cours de chaque semaine de la dernière année du secondaire...24 viii Trois études de cas

Le travail rémunéré des étudiants à temps plein au Saguenay Lac-Saint-Jean 1. Contexte et objectifs Le travail rémunéré des étudiants à temps plein est devenu une réalité incontournable. Prenant acte de cette situation, différents intervenants du milieu de l éducation et du monde socioéconomique ont voulu en savoir plus sur ce phénomène afin de mieux soutenir les étudiants dans leur réussite scolaire. Dans le cadre du Chantier régional écoles-entreprises-milieu pour la persévérance scolaire, la question du travail rémunéré des étudiants à temps plein a été retenue comme une des trois grandes cibles d intervention pour un partenariat entre le milieu de l éducation et le monde socioéconomique. À la faveur d un tel contexte, le Conseil régional de prévention de l abandon scolaire (CRÉPAS) a donc réalisé une recherche documentaire sur le sujet, ainsi que trois études de cas auprès d étudiants du secondaire, du cégep et de l université. Ces démarches avaient comme but principal de mieux documenter le phénomène et d appuyer les actions de trois comités locaux dans les secteurs de Chicoutimi, Alma et Dolbeau-Mistassini. Le présent rapport est donc une synthèse de ces trois études de cas. Il vise les objectifs suivants : dresser un portrait de la situation du travail rémunéré chez les étudiants du secondaire, du cégep et de l université; mesurer l importance du travail rémunéré dans le système de valeurs et les représentations des étudiants; approfondir le lien entre le travail rémunéré et la réussite scolaire; proposer des pistes d intervention. 2. Approche Lorsqu il est question du travail rémunéré des étudiants à temps plein, d entrée de jeu, le sujet doit bien être circonscrit. Un bref regard sur la littérature existante nous apprend très rapidement que les auteurs traitent habituellement le sujet selon un seul ordre d enseignement (Bisson, 1998; Sales, Simard et Maheu, 1996; Audet, 1995; Cloutier et Legault, 1991). D ailleurs, l observation du quotidien des étudiants, ne serait-ce que du point de vue de l horaire de cours, permet d avancer que le rapport des étudiants à temps plein au travail rémunéré renvoie à des réalités différentes selon l ordre d enseignement (secondaire, cégep, université). Rapport synthèse 1

Conseil régional de prévention de l abandon scolaire Ainsi, l approche choisie a été de réaliser trois études de cas, à savoir, à la Polyvalente Jean-Dolbeau pour les élèves de 4 e et 5 e secondaire, au Collège d Alma pour les étudiants du cégep et à l Université du Québec à Chicoutimi (UQAC) pour les étudiants universitaires. Tout en distinguant les résultats entre les différents ordres d enseignement, cette approche permet de mieux saisir les différents processus sociaux en jeu selon l ordre d enseignement. Cette façon de faire permet ainsi d apprécier dans leur juste mesure les différences (ou les ressemblances) entre les ordres d enseignement et s il y a lieu, de proposer des pistes d intervention adaptées à chacun des contextes. 3. Méthodologie La méthodologie utilisée afin de construire les études de cas a été la même pour les trois ordres d enseignement. D abord, la création et l animation d un comité local formé de professeurs, d intervenants ou d acteurs du milieu dans le but de dégager une réflexion commune. Ensuite, une recherche associative utilisant des outils standards et ponctuels. Ainsi, afin de soutenir les comparaisons, un même questionnaire avec un bloc commun de questions a été utilisé pour les trois enquêtes. La durée de passation de ce questionnaire était d environ 15 minutes. Il était composé d une vingtaine de questions à choix multiples et était divisé en cinq grandes sections : 1) Travail pendant l été 2) Travail pendant l année scolaire 3) Conciliation des études et du travail 4) Relation avec la réussite 5) Variables sociodémographiques 4. Collecte de données Toutefois, selon les besoins des comités locaux et les particularités de chacun des ordres d enseignement, des stratégies et des outils différents ont été utilisés. Vous trouverez cidessous une brève description des particularités des trois enquêtes. 4.1 Polyvalente Jean-Dolbeau Pour cette polyvalente, une stratégie de collecte de données en deux volets a été déployée. Premièrement, nous avons sondé, au début du mois de mai 2001, 2 Trois études de cas

Le travail rémunéré des étudiants à temps plein au Saguenay Lac-Saint-Jean l ensemble de la population de 4 e et 5 e secondaire de la Polyvalente Jean-Dolbeau (méthode du recensement). Ensuite, nous avons réalisé quatre groupes de discussion avec des élèves qui travaillaient pendant l année scolaire et d autres qui ne travaillaient pas. L avantage d une telle stratégie était de pouvoir croiser dans l analyse les données de type qualitative avec celles de type quantitative. Au grand total, 439 étudiants ont répondu au questionnaire, pour un taux de collaboration de 92 %. En ce qui concerne les groupes de discussion, dans la page de présentation du questionnaire, nous demandions aux répondants s ils voulaient participer à un groupe de discussion sur une base volontaire. Cette façon de faire nous a permis de recruter 70 élèves intéressés à participer. À partir du questionnaire complété par ces candidats, nous avons constitué les quatre groupes de discussion suivants : Groupes Critères 1- Type étude : Ne travaillent pas pendant l année scolaire, inscrits en 5 e secondaire, répartition proportionnelle selon le sexe 1, le lieu de résidence (urbain/rural) et la perception de leur réussite. 2- Type travail : Travaillent pendant l année scolaire, inscrits en 4 e secondaire, répartition proportionnelle selon le sexe, le lieu de résidence (urbain/rural) et la perception de leur réussite. 3- Type travail : Travaillent pendant l année scolaire, inscrits en 5 e secondaire, répartition proportionnelle selon le sexe, le lieu de résidence (urbain/rural) et la perception de leur réussite. 4- Type mixte 2 : Travaillent ou non, inscrits en 4 e et en 5 e secondaire, répartition non-proportionnelle selon le sexe et la perception de leur réussite. Au total, 32 élèves ont participé aux groupes de discussion, pour une moyenne de 8 par groupe. 1 2 Il s agissait d un objectif. Selon les disponibilités des élèves contactés, la répartition proportionnelle pouvait donc être plus ou moins respectée. Il est important de noter que le groupe n 4 nous a servi à valider des hypothèses et des perceptions que nous avions dégagées dans les trois premiers groupes. Rapport synthèse 3

Conseil régional de prévention de l abandon scolaire 4.2 Collège d Alma Considérant la petite taille de notre population à l étude, là aussi nous avons utilisé la méthode du recensement, c est-à-dire, considéré l ensemble de la population. Ainsi, tous les élèves de deuxième année du cégep ont été sollicités pour répondre à un questionnaire lors de la rentrée 2001. Au grand total, 444 étudiants ont répondu au questionnaire pour un taux de collaboration de 76 %. 4.3 Université du Québec à Chicoutimi Pour cette collecte de données, le questionnaire a été retravaillé en profondeur avec le comité local. Un groupe principal de questions a été retenu afin de soutenir les comparaisons. D autres ont été ajoutées, notamment sur le thème de la «perception des difficultés à concilier travail et étude». Au début du mois de novembre 2001, 432 étudiants ont répondu au questionnaire. L échantillon a été sélectionné en fonction des programmes d études. Chaque programme était représenté proportionnellement selon le nombre d étudiants y étant inscrits. Par exemple, si la population des étudiants en administration représentait 23 % des étudiants inscrits à l UQAC, l échantillon était constitué selon cet ordre. 3 5. Présentation des résultats Dans cette section, nous présentons les résultats en comparant chacun des ordres d enseignement. De plus, certains croisements de données ont été faits afin de mesurer les différences significatives selon, entre autres, le sexe des répondants, le fait de travailler ou non pendant l année scolaire et le nombre d heures par semaine consacrées à un travail rémunéré. Seulement les différences significatives sont présentées dans ce rapport. Enfin, au besoin, les conclusions des autres recherches sur le sujet, les observations des comités locaux et les constats des groupes de discussion viendront compléter l analyse. 5.1 Travail pendant l été Les étudiants du cégep et de l université se distinguent des étudiants du secondaire concernant l occupation d un emploi rémunéré pendant l été. Ces derniers sont moins 3 Il s agit en fait d un échantillonnage non probabiliste par quota. 4 Trois études de cas

Le travail rémunéré des étudiants à temps plein au Saguenay Lac-Saint-Jean nombreux (69 %) à occuper un tel emploi que ceux du cégep (89 %) et de l université (90 %). Tableau 1 : Proportion d étudiants occupant un emploi rémunéré pendant l été selon l ordre d enseignement Secondaire Cégep Université Emploi (n = 437) 4 (n = 444) (n = 428) (%) (%) (%) Oui 69 89 90 Non 31 11 10 Total 100 100 100 Q. Au cours de l été (précédant le sondage), as-tu occupé un ou des emploi(s) rémunéré(s), c est-à-dire, un ou des emploi(s) pour le(s)quel(s) tu recevais un salaire? Au chapitre des moyennes d heures travaillées par semaine pendant l été, les étudiants du secondaire travaillent 29 heures, ceux du cégep 34 heures et ceux de l université 36 heures. Le travail pendant l été n était pas précisément l objet du présent rapport. D ailleurs, il n y a pas à notre connaissance beaucoup de recherches portant spécifiquement sur le sujet. Ce qu il importe de retenir ici, c est le fait que les jeunes sont très nombreux à acquérir une expérience de travail pendant l été. Au secondaire, à la lumière des groupes de discussion que nous avons tenus, le travail d été peut avoir (indirectement ou directement) un effet sur le travail pendant l année scolaire de la manière suivante : il favorise la tendance chez les jeunes du secondaire à demeurer au travail pendant l année scolaire. dans certains secteurs (agricole notamment), le travail d été peut déborder sur le début de l année scolaire. 4 Important : le nombre total des répondants varie d une question à l autre puisque certains ont omis de répondre à une ou à plusieurs questions. Rapport synthèse 5

Conseil régional de prévention de l abandon scolaire 5.2 Travail pendant l année scolaire Dans cette partie, nous nous intéressons au nombre de jeunes qui travaillent pendant l année scolaire, au nombre d heures travaillées, aux périodes de travail privilégiées ainsi qu au secteur d emploi. 5.2.1 Occupation d un emploi rémunéré pendant l année scolaire Il appert que les étudiants universitaires sont plus nombreux à occuper un emploi pendant l année scolaire. En effet, 66 % d entre eux occupent un tel emploi, tandis que chez les étudiants du secondaire et du cégep ce pourcentage est de 55 %. Chez les étudiants universitaires, ceux qui résidaient chez leurs parents étaient plus souvent actifs sur le marché du travail (74 %) que les autres qui n y demeuraient pas (55 %). Une analyse effectuée en tenant compte du programme d études révèle qu il y a significativement plus d étudiants en ingénierie et en biologie qui n occupaient pas d emploi. À l opposé, il y a significativement plus d étudiants en administration et en enseignement qui détenaient un emploi (voir annexe 1, tableaux 1 et 2). Tableau 2 : Proportion d étudiants occupant un emploi rémunéré pendant l année scolaire selon l ordre d enseignement Emploi Secondaire Cégep Université (n = 439) (n = 439) (n = 428) (%) (%) (%) Oui 55 55 66 Non 45 45 34 Total 100 100 100 Q. Pendant la dernière année scolaire (2000-2001), as-tu occupé un ou des emploi(s) rémunéré(s), c est-à-dire un ou des emploi(s) pour le(s)quel(s) tu recevais un salaire? Les proportions observées au Saguenay Lac-Saint-Jean correspondent aux constats dégagés par d autres études. En effet, selon les auteurs Bisson (1998), Dumas (1993), Cloutier et Legault (1991), plus de la moitié des 6 Trois études de cas

Le travail rémunéré des étudiants à temps plein au Saguenay Lac-Saint-Jean élèves du secondaire occupent généralement un emploi rémunéré pendant l année scolaire. 5 De même, au cégep, l étude de Ricard (1998) évalue que c est environ 50 % de la population étudiante qui concilie études et travail pendant l année scolaire. Alors qu à l université, selon les études de Sales, Simard et Maheu (1996) et Audet (1995), c est tout près de 60 % des étudiants qui travaillent pendant l année scolaire. 6 Enfin, il est intéressant de constater que peu importe l ordre d enseignement, au moment de l enquête, 44 % des étudiants qui disaient avoir travaillé pendant l année scolaire, occupaient effectivement toujours un emploi. Tableau 3 : Prévalence de l emploi au moment de l enquête selon l ordre d enseignement Actuellement en emploi Secondaire Cégep Université (n = 439) (n = 439) (n = 428) (%) (%) (%) Oui 44 44 44 Non 56 56 56 Total 100 100 100 Q. Actuellement, occupes-tu un emploi rémunéré? Les groupes de discussion tenus avec les étudiants du secondaire nous ont permis de constater que lorsque ces derniers arrêtent de travailler pendant l année scolaire, ils sont à la recherche d un emploi. 5.2.2 Heures travaillées pendant l année scolaire En comparant la moyenne des heures travaillées par semaine, on observe un clivage important entre les étudiants des cycles supérieurs (cégep et université) et ceux du secondaire. En effet, les étudiants du cégep et de l université travaillent respectivement entre 16 et 17 heures par semaine, alors que ceux du secondaire travaillent en moyenne 11 heures par semaine. 5 6 Notre étude de cas au secondaire portait sur les élèves de 4 e et 5 e secondaire ; notons que les élèves du 2 e cycle travaillent davantage que ceux du premier cycle du secondaire. À l université, il faut tenir compte du régime d études. Selon Sales, Simard et Maheu (1996), les étudiants à temps plein se rapprochent davantage de la proportion de 55 % alors que les étudiants à temps partiel se rapprochent davantage de 70 %. Rapport synthèse 7

Conseil régional de prévention de l abandon scolaire Au secondaire, on constate que les filles travaillent moins d heures par semaine que les garçons, soit entre 10 et 12 heures en moyenne par semaine respectivement (voir annexe 1, tableau 3). Tableau 4 : Nombre d heures travaillées par semaine selon l ordre d enseignement Heures de travail Secondaire Cégep Université (n = 231) (n = 240) (n = 277) (%) (%) (%) 1 à 10 heures 61 30 26 11 à 20 heures 32 48 55 21 à 30 heures 5 16 16 31 heures et plus 2 6 3 Total 100 100 100 Moyenne d heures/semaine 11 16 17 Q. En moyenne, combien d heures par semaine as-tu travaillé pendant la présente année scolaire? Encore là, les différentes études ou avis sur le sujet en arrivent aux mêmes observations. En 1998, le Conseil supérieur de l éducation avait relevé que la moyenne des heures travaillées pour les étudiants du collégial se situait autour de 15 heures par semaine (Carpentier, 1995). De même, le Conseil permanent de la jeunesse dans un avis concernant le travail des élèves du secondaire écrivait : «Selon les quelques enquêtes consultées, la majorité des élèves travaillent moins de 20 heures par semaine et moins de quatre jours par semaine. Par exemple, à la Commission scolaire de Chambly, on constate que 79,1 % des jeunes du deuxième cycle travaillent moins de 20 heures par semaine.» (Bisson, 1992 : 13) Quant aux étudiants universitaires à temps plein, les études de Sales, Simard et Maheu (1996) et Audet (1995) avaient identifié pour la première, une moyenne d heures travaillées par semaine de 15 heures et pour la seconde, une moyenne de 16 heures. 8 Trois études de cas

Le travail rémunéré des étudiants à temps plein au Saguenay Lac-Saint-Jean 5.2.3 Journées travaillées Pour les trois ordres d enseignement, la journée privilégiée pour travailler pendant l année scolaire est le samedi (au total des mentions). Toutefois, les étudiants universitaires travaillent presque autant le vendredi (75 % contre 78 % pour le samedi). Tableau 5 : Répartition des journées travaillées selon l ordre d enseignement (au total des mentions) Secondaire Cégep Université Journées (n = 242) (n = 239) (n = 278) (%) (%) (%) Lundi 24 23 30 Mardi 26 25 27 Mercredi 30 29 27 Jeudi 42 43 51 Vendredi 54 61 75 Samedi 74 79 78 Dimanche 57 67 68 Q. Pendant l année scolaire, quelle(s) journée(s) travailles-tu généralement? (plusieurs choix possibles) Compte tenu que les étudiants des cycles supérieurs (cégep et université) travaillent plus d heures par semaine que ceux du secondaire, il n est donc pas étonnant d observer que les journées du vendredi, samedi et dimanche sont mentionnées plus souvent par les étudiants des cycles postsecondaires. 5.2.4 Périodes travaillées Pour l ensemble des trois ordres d enseignement, la période privilégiée de travail est en soirée (entre 16 et 23 heures). Toutefois, les étudiants universitaires (et dans une moindre mesure ceux du cégep) travaillent plus souvent en après-midi (entre 13 et 16 heures) et en avant-midi (entre 9 et 12 heures). Rapport synthèse 9

Conseil régional de prévention de l abandon scolaire Tableau 6 : Répartition des périodes travaillées selon l ordre d enseignement (au total des mentions) Secondaire Cégep Université Périodes (n = 242) (n = 238) (n = 278) (%) (%) (%) Matin (6 à 9 heures) 18 21 13 Avant-midi (9 à 12 heures) 26 38 42 Midi (12 à 13 heures) 15 22 31 Après-midi (13 à 16 heures) 22 44 52 Soirée (16 à 23 heures) 74 75 76 Nuit (23 à 6 heures) 13 15 12 Q. Travailles-tu surtout entre? (plusieurs choix possibles) Au secondaire, le travail de nuit (23 à 6 heures) est significativement plus élevé chez les filles. Des 32 mentions, près de 60 % proviennent des filles (voir annexe 1, tableau 4). De plus, autant pour les étudiants du cégep que de l université, la période la plus intense de travail est à la fin de la session d automne. Cette période est identifiée comme la plus intensive par 53 % des étudiants universitaires de même que par 54 % des étudiants du cégep. 5.2.5 Secteurs de travail rémunéré Pour les trois ordres d enseignement, le secteur «hôtellerie/restauration» fournit le plus grand nombre d emplois (environ le quart des emplois pour chacun des trois ordres d enseignement). Ensuite, chez les cycles supérieurs, vient le secteur «épicerie/dépanneur» et au secondaire le secteur «gardiennage». Par ailleurs, on peut observer que selon les municipalités, certains secteurs de travail se démarquent. Par exemple, à Dolbeau-Mistassini, le secteur «entreprise/usine» a légèrement plus d importance (9 %) que dans les secteurs Alma (6 %) et Saguenay (4 %) tandis que dans cette dernière municipalité, le secteur «vente au détail» a plus d importance (18 %) que dans les municipalités de Dolbeau-Mistassini (10 %) et Alma (11 %). 10 Trois études de cas

Le travail rémunéré des étudiants à temps plein au Saguenay Lac-Saint-Jean Tableau 7 : Secteurs de travail selon l ordre d enseignement Secondaire Cégep Université Niveau d importance (n = 238) (n = 240) (n = 280) (%) (%) (%) Restauration/hôtellerie/bar 24 25 25 Épiceries/dépanneurs 12 24 20 Vente au détail 10 11 18 Loisirs/sports 6 5 6 Emplois sur campus 9 Entreprise/usine 9 6 4 Gardiennage 17 1 Camelot 6 Autres 16 28 18 Total 100 100 100 Q. Parmi les secteurs de travail suivants, dans lequel travailles-tu principalement? Au secondaire, les filles travaillent plus fréquemment dans les boutiques de vêtements et les restaurants. De même, elles sont plus nombreuses à faire du gardiennage et des travaux d entretien. Les garçons se concentrent davantage dans des secteurs d emploi comme l agriculture, les postes d essence et la distribution de journaux. Aux cycles supérieurs, la division sexuelle des tâches semble s estomper, du moins, n est pas apparente dans le cadre de notre étude. 7 5.3 Place du travail rémunéré pendant l année scolaire Dans cette section, deux thèmes nous intéressent. D abord, l importance accordée au travail pendant l année scolaire et les raisons de travailler. 5.3.1 Importance du travail rémunéré par rapport aux études Le travail occupé pendant l année scolaire est généralement jugé moins important que les études. Cependant, les étudiants du secondaire sont beaucoup plus nombreux (43 %) à considérer ce travail «aussi important» que 7 Comme d ailleurs dans l étude de GIRARD, 2002. Rapport synthèse 11

Conseil régional de prévention de l abandon scolaire leurs études, comparativement aux étudiants du cégep (31 %) et de l université (28 %). Tableau 8 : Répartition des étudiants en emploi selon l importance accordée au travail rémunéré Niveau d importance Secondaire Cégep Université (n = 242) (n = 237) (n = 277) (%) (%) (%) Plus important 4 3 2 Aussi important 43 31 28 Moins important 53 66 70 Total 100 100 100 Q. Pour toi, le travail occupé pendant l année scolaire est-il plus important, aussi important ou moins important que tes études? Chez les étudiants du secondaire, la seule différence significative est en lien avec le sexe des répondants. Les garçons davantage que les filles considèrent leur emploi comme «plus important» ou «aussi important» que les études (voir annexe 1, tableau 5). Au cégep, les étudiants qui travaillent plus de 15 heures par semaine ont plus souvent tendance à juger leur emploi «aussi important» que leurs études (40 % contre 25 % pour ceux qui travaillent moins de 15 heures, voir annexe 1, tableau 6). Les raisons de travailler, que nous retrouvons dans la section ci-dessous, expliquent en partie cette différence entre les ordres d enseignement concernant l importance accordée au travail rémunéré pendant les études. 5.3.2 Raisons de travailler On observe des différences quant aux raisons de travailler selon les ordres d enseignement, notamment entre les niveaux secondaire et universitaire. Au secondaire, le travail pendant l année scolaire est perçu comme un moyen de prendre ses responsabilités, d acquérir une certaine autonomie financière par rapport aux parents et de gagner en maturité. En général, les étudiants du secondaire dépensent leur salaire au fur et à mesure, surtout en biens de consommation et en sorties. Une minorité arrive à épargner en prévision des 12 Trois études de cas

Le travail rémunéré des étudiants à temps plein au Saguenay Lac-Saint-Jean études ultérieures ou en vue d acquérir un bien coûteux (ex. : instrument de musique, voiture). Ces éléments observés à la faveur de groupes de discussion tenus au secondaire avec 32 jeunes trouvent écho dans l Avis du Conseil permanent de la jeunesse (Bisson, 1992) sur le travail des étudiants au secondaire. Le Conseil identifie dans cet avis les cinq premières raisons de détenir un emploi pendant l année scolaire, à savoir : 1) pouvoir me payer des vêtements ou des effets personnels; 2) pouvoir développer mon sens des responsabilités; 3) pouvoir développer une plus grande autonomie; 4) pouvoir me payer des sorties; 5) acquérir une expérience du marché du travail. De plus, à la lumière des propos tenus dans les groupes de discussion, on constate que les parents sont généralement d accord avec l idée que leurs enfants travaillent à temps partiel à condition que leurs études n en souffrent pas. Par contre, le seuil de tolérance des parents est apparu assez élevé. Une minorité de parents s informent des heures de travail de leurs enfants. Pour plusieurs parents, l argent gagné par les jeunes fait partie de la planification budgétaire de la famille. Les parents d élèves qui travaillent ont moins d «argent de poche» à fournir à leurs enfants. En ce qui concerne les étudiants universitaires qui travaillent, ceux-ci jugent que leur revenu d emploi est indispensable à la poursuite de leurs études dans 64 % des cas 8. Au total des mentions, les étudiants universitaires travaillent principalement pour payer leurs frais scolaires (64 %), leurs loisirs et sorties (50 %), une voiture (48 %) ainsi que des vêtements (44 %). 8 Par ordre d importance, les sources de revenu des étudiants universitaires sont : emploi d été, emploi pendant l année scolaire, contribution parents/conjoint de même que prêts et bourses du ministère de l'éducation. Rapport synthèse 13

Conseil régional de prévention de l abandon scolaire Tableau 9 : Principales raisons pour lesquelles les étudiants universitaires travaillent (n = 278) Raisons Total des mentions (%) Frais scolaires 64 Loisirs et sorties 50 Voiture 48 Vêtements 44 Acquérir de l expérience 28 Épicerie 23 Logement 21 Occuper les temps libres 4 Q. Dans la liste suivante, quelles sont les trois principales raisons pour lesquelles tu travailles pendant l année scolaire? Les raisons évoquées par les étudiants universitaires d occuper un emploi sont significativement différentes selon que ce revenu est considéré comme indispensable ou non à la poursuite de leurs études. Les frais scolaires, le logement et l épicerie sont plus souvent mentionnés par ceux qui considèrent leur revenu de travail pendant l année scolaire comme étant indispensable. Par contre, les loisirs et sorties, le fait de prendre de l expérience et d occuper leurs temps libres sont plus souvent mentionnés par les étudiants pour qui ce revenu n est pas indispensable. Enfin, il importe de mentionner que les étudiants qui demeurent chez leurs parents considèrent leur revenu comme étant moins indispensable que ceux qui ne demeurent pas chez leurs parents (voir annexe 1, tableaux 7 et 8). Les raisons de travailler des cégépiens pendant l année scolaire traduisent un plus grand éventail de réalités. Deux éléments, à notre avis, expliquent ce constat. D abord, les étudiants du cégep résident chez leurs parents plus souvent que les étudiants universitaires. 9 Ensuite, les frais scolaires au cégep sont moins élevés qu à l université. Si bien que les étudiants du cégep ont, d une part, un rapport au travail rémunéré pendant l année scolaire qui ressemble à celui des étudiants du secondaire (recherche d intégration, d autonomie et de responsabilités) et, d autre part, le début d un rapport au travail qui ressemble à celui des étudiants universitaires (expérience, frais de subsistance, indépendance financière). 9 Du moins dans notre cas étudié ici, le Collège d Alma offre moins de programmes qui attirent des étudiants de l extérieur. 14 Trois études de cas

Le travail rémunéré des étudiants à temps plein au Saguenay Lac-Saint-Jean Ainsi, en première mention, la principale raison de travailler pendant l année scolaire est de «payer des biens de consommation» (48 % en première mention et 85 % au total des mentions). Tandis que payer son «logement/repas» se classe deuxième en première mention (16 %), mais quatrième au total des mentions (25 %). Tableau 10 : Principales raisons pour lesquelles les étudiants du cégep travaillent (n = 239) Raisons 1 re mention Total de mentions (%) (%) Payer des biens de consommation 48 85 Payer mon logement/repas 16 25 Être indépendant financièrement 13 67 Acquérir une expérience de travail 10 55 Payer mes études universitaires 7 25 Payer mes études collégiales 3 6 Occuper mon temps libre 2 10 Faire vivre mon enfant 1 1 Total 100 Q. Dans la liste suivante, quelles sont les trois principales raisons pour lesquelles tu travailles pendant l année scolaire? Il est intéressant de noter qu au total des mentions, les deux raisons qui prennent le plus de poids en rapport avec la première mention sont «être indépendant financièrement» (de 13 % à 67 %) et «acquérir une expérience de travail» (de 10 % à 55 %). 5.4 Conciliation avec les études Dans cette section, sont présentés des éléments concernant la façon dont les étudiants parviennent à concilier les études et le travail. Rapport synthèse 15

Conseil régional de prévention de l abandon scolaire 5.4.1 Perceptions des difficultés à concilier les études et le travail Selon l ordre d enseignement, les perceptions du niveau de difficulté à concilier le travail et les études varient. Il semble bien que pour les étudiants universitaires, le travail rémunéré pendant l année scolaire est plus difficile à concilier avec les études. Près de 60 % de ceux-ci disent éprouver «souvent» ou «parfois» des difficultés à concilier études et travail alors que les étudiants du secondaire sont beaucoup moins nombreux (19 %) à avoir «souvent» et «parfois» de telles difficultés. Pour les étudiants du cégep, la proportion est de 42 %. Tableau 11 : Degré de difficulté à concilier les études et le travail selon l ordre d enseignement Secondaire Cégep Université Difficulté (n = 234) (n = 239) (n = 280) (%) (%) (%) Souvent 1 12 13 Parfois 18 31 46 Peu 35 31 23 Pas du tout 46 26 18 Total 100 100 100 Q. Pour toi, est-ce que concilier les études et le travail pose souvent, parfois, peu ou pas du tout de difficulté à réussir dans tes cours? Au cégep, il y a une différence significative quant au fait de travailler plus ou moins de 15 heures par semaine et le fait d avoir «souvent» ou «parfois» des difficultés à concilier le travail et les études. Ainsi, 18 % de ceux qui travaillent plus de 15 heures ont «souvent» des difficultés, comparativement à 6 % pour ceux qui travaillent 15 heures et moins (voir annexe 1, tableau 9). Pour les étudiants universitaires, dans l ensemble, il y a une corrélation positive entre le fait de travailler un nombre d heures important et la perception d avoir des difficultés à concilier les études et le travail. Une échelle composée de cinq affirmations a permis d évaluer comment les étudiants universitaires percevaient leur situation à l égard des études et du travail au cours de l année scolaire. Ces derniers devaient indiquer leur degré d accord ou de désaccord à certaines affirmations. 16 Trois études de cas

Le travail rémunéré des étudiants à temps plein au Saguenay Lac-Saint-Jean À la première question (tableau 12), 36 % des étudiants soutiennent qu avec leur emploi, ils éprouvent des difficultés à faire leurs travaux de session. La majorité des répondants (63 %) sont «en désaccord ou fortement en désaccord» avec le fait qu ils passent tellement de temps à travailler qu ils sont incapables d étudier (voir tableau 13). Certains étudiants (23 %) considèrent que leurs inquiétudes au sujet du travail interfèrent avec leurs études (voir tableau 14). De nombreux étudiants (60 %) qui travaillent pendant leurs études sont «en accord ou fortement en accord» avec le fait qu ils n ont pas d énergie pour faire leurs travaux de session (voir tableau 15). Finalement, le quart (26 %) des étudiants affirment que le travail nuit à leurs études (voir tableau 16). Tableau 12 : Répartition des étudiants universitaires selon le degré de difficulté à faire des travaux scolaires (n = 280) Pourcentage (%) En accord 36 Ni en accord, ni en désaccord 25 En désaccord 39 Total 100 Q. Avec mon travail, c est difficile de faire mes travaux de session. Tableau 13 : Répartition des étudiants universitaires selon la perception de la capacité à trouver du temps pour étudier (n = 280) Pourcentage (%) En accord 15 Ni en accord, ni en désaccord 22 En désaccord 63 Total 100 Q. Je passe tellement de temps à travailler que je suis incapable de trouver du temps pour étudier. Rapport synthèse 17

Conseil régional de prévention de l abandon scolaire Tableau 14 : Répartition des étudiants universitaires selon les inquiétudes au sujet de l interférence avec les études (n = 280) Pourcentage (%) En accord 23 Ni en accord, ni en désaccord 20 En désaccord 57 Total 100 Q. Mes inquiétudes au sujet du travail interfèrent avec mes études. Tableau 15 : Répartition des étudiants universitaires selon l énergie pour faire leurs travaux scolaires (n = 280) Pourcentage (%) En accord 60 Ni en accord, ni en désaccord 15 En désaccord 25 Total 100 Q. Quand je rentre de mon travail, je n ai pas d énergie pour faire mes travaux de session. Tableau 16 : Répartition des étudiants universitaires selon la perception que le travail nuit à leurs études (n = 280) Pourcentage (%) En accord 26 Ni en accord, ni en désaccord 27 En désaccord 48 Total 100 Q. Avoir un travail nuit à mes études. Une corrélation effectuée pour les résultats obtenus à l UQAC à partir de l ensemble des données obtenues à l aide de cette échelle révèle que plus un étudiant consacre de temps à son travail rémunéré, plus il considère difficile de concilier les études et le travail. Les hommes n éprouvent pas plus de difficultés que les femmes à concilier les études et le travail. Par contre, les étudiants qui considèrent leur revenu comme étant indispensable à la poursuite de leurs études éprouvent significativement plus de difficultés que les autres. 18 Trois études de cas

Le travail rémunéré des étudiants à temps plein au Saguenay Lac-Saint-Jean Revenons maintenant aux élèves du secondaire. Considérant que dans notre étude la moyenne d heures travaillée est de 11 heures par semaine, il n a pas été possible de vérifier statistiquement la corrélation observée à l université. Les groupes de discussion avec les jeunes du secondaire nous ont permis de constater toutefois qu il ne s agissait pas uniquement d une question touchant le nombre d heures. En effet, pour la majorité de ceux qui travaillent plus de 20 heures par semaine, la perception qui se dégage est que le travail rémunéré pendant l année scolaire ne pose pas de difficultés particulières. L analyse tend à démontrer qu il s agit moins d une question d heures que de motivation scolaire, de gestion de son temps ainsi que de support de l école et des employeurs. En effet, pour une minorité d étudiants au secondaire, ceux qui travaillent plus de 20 heures par semaine, la conciliation du travail et des études, mais aussi du temps consacré aux loisirs et au repos, est difficile. Plus souvent qu autrement, les élèves en difficulté sont des garçons pour qui la motivation scolaire n est pas très élevée. Dès lors, le fait de travailler pendant l année scolaire un nombre d heures élevé est beaucoup plus un symptôme d un malêtre à l école; la source de motivation devient dans ce contexte leur travail. Ils sont souvent déchirés entre les différentes contraintes imposées par leurs diverses occupations. Ils ont été nombreux (et pas seulement ceux qui travaillent le plus) à identifier une incompréhension de la part des enseignants et des autorités de l école concernant leur occupation du temps. 10 Pour ce qui est des employeurs, de façon générale, ils discutent très peu de la réussite scolaire avec leurs employés qui sont aux études. De leur côté, les élèves du secondaire qui travaillent le plus intensément n informent pas beaucoup leur employeur de leur difficulté à concilier leur horaire de travail avec les exigences scolaires (travaux, examens, cours). 11 5.4.2 Absence aux cours En général, les étudiants ne manquent «jamais» ou «rarement» des cours à cause de leur travail pendant l année scolaire (tableau 17). Au cégep, 94 % des étudiants ne manquent «jamais» ou «rarement» de cours, tandis que chez les étudiants universitaires, la proportion est de 95 %. Chez les étudiants du 10 11 «Si ton travail nuit à tes études, lâche ton travail» est une expression typique qui caractérise le mieux le discours des autorités de l école selon la perception des étudiants. Le sondage auprès des étudiants du cégep et de l université a permis de constater que l horaire de cours et l horaire de travail faisaient l objet d intenses négociations des étudiants avec les employeurs et les autorités scolaires. Ce qui a été confirmé par une rapide consultation auprès des employeurs (n = 22) et des autorités scolaires. Il ne semble pas que les discussions se fassent à un autre niveau. Rapport synthèse 19

Conseil régional de prévention de l abandon scolaire secondaire, le total des deux catégories est semblable (95 %), toutefois, ils sont plus nombreux à n avoir «jamais» manqué de cours (81 %). Tableau 17 : Répartition des étudiants selon le degré d absence aux cours et l ordre d enseignement Secondaire Cégep Université Absence (n = 240) (n = 239) (n = 280) (%) (%) (%) Très souvent 1 1 1 Souvent 4 5 4 Rarement 14 27 29 Jamais 81 67 66 Total 100 100 100 Q. Au cours de la présente année scolaire, t est-il arrivé de manquer des cours à cause de ton emploi? Chez les élèves du secondaire, parmi ceux qui travaillent et qui ont déjà manqué «très souvent», «souvent» ou «rarement» des cours (19 % du total), les trois quarts sont des garçons. En ce qui concerne les cycles supérieurs d enseignement, il n y a aucune différence significative, notamment entre le fait de travailler un nombre important d heures par semaine (20 heures et plus) et le degré d absence aux cours. 12 5.5 Travail pendant l année scolaire et réussite Dans cette section, nous examinons le lien entre le fait d occuper un travail rémunéré pendant l année scolaire et la réussite. Deux variables sont à l étude, à savoir la perception de ses difficultés scolaires et les heures consacrées aux travaux scolaires. Pour chacun des ordres d enseignement, une comparaison est faite entre ceux qui ne travaillent pas et ceux qui travaillent pendant l année scolaire. 12 Le fait que les étudiants des cycles supérieurs négocient leur horaire de cours et de travail doit expliquer en partie pourquoi il n y a pas de différences significatives. Sales, Simard et Maheu (1996) ont bien montré que le fait d occuper un emploi plus de 20 heures a un effet sur le nombre de cours abandonnés et, par conséquent, l allongement des études. Autrement dit, les étudiants des cycles supérieurs s organisent avant ou au début de l année scolaire pour minimiser les impacts de leur travail. 20 Trois études de cas

Le travail rémunéré des étudiants à temps plein au Saguenay Lac-Saint-Jean 5.5.1 Perception de ses difficultés Au global, les étudiants du secondaire ont la perception d avoir plus de difficultés que ceux des autres ordres d enseignement à réussir dans leurs cours. Si nous comptabilisons les catégories «beaucoup» et «assez» de difficultés, 29 % des étudiants du secondaire se retrouvent dans ces catégories alors que pour les étudiants du cégep et de l université, c est respectivement 12 % et 7 % qui s y retrouvent. Tableau 18 : Perception de ses difficultés scolaires selon l ordre d enseignement et le fait d occuper un emploi ou non Secondaire Cégep Université Perception Total (n = 440) En emploi (n = 242) Sans emploi (n = 198) Total (n = 434) En emploi (n = 239) Sans emploi (n = 195) Total (n = 427) En emploi (n = 282) Sans emploi (n = 145) (%) (%) (%) (%) (%) (%) (%) (%) (%) Beaucoup de difficultés Assez de difficultés Peu de difficultés Pas du tout de difficultés 3 3 3 26 21 31 12 14 9 7 7 8 57 60 54 64 69 60 52 52 52 14 16 12 24 17 31 41 41 40 Total 100 100 100 100 100 100 100 100 100 Q. En général, as-tu beaucoup de difficultés, assez de difficultés, peu de difficultés ou pas du tout de difficultés à réussir dans tes cours? Le fait de travailler ou pas semble avoir un impact significatif seulement au cégep. En effet, les étudiants qui ont un emploi rémunéré sont moins nombreux à percevoir qu ils n ont «pas du tout de difficultés» à réussir dans leurs cours. Le pourcentage est de 17 % comparativement à 31 % pour les étudiants qui ne travaillent pas pendant l année scolaire. Lorsque nous isolons la question du nombre d heures travaillées par semaine, il n y a pas de différence significative dans le cadre de la présente étude quant à la perception de ses difficultés scolaires, quel que soit l ordre d enseignement. Rapport synthèse 21

Conseil régional de prévention de l abandon scolaire 5.5.2 Heures consacrées aux travaux scolaires Comme on doit s y attendre, les étudiants des cycles supérieurs consacrent davantage d heures aux travaux scolaires que les étudiants du secondaire. À l université, 52 % des étudiants consacrent plus de 11 heures par semaine à leurs travaux scolaires, au cégep ce pourcentage est de 22 % et au secondaire de 4 %. Tableau 19 : Heures consacrées aux travaux scolaires selon l ordre d enseignement et le fait d occuper un emploi ou non Heures par semaine/ travaux scolaires 5 heures et moins De 6 à 10 heures De 11 à 20 heures Plus de 20 heures Total (n = 438) Secondaire Cégep Université En emploi (n = 242) Sans emploi (n= 196) Total (n = 432) En emploi (n 240) Sans emploi (n 192) Total (n = 428) En emploi (n = 282) Sans emploi (n = 146) (%) (%) (%) (%) (%) (%) (%) (%) (%) 73 73 70 42 47 36 19 20 18 23 20 27 36 36 37 29 29 28 4 7 3 17 14 20 32 36 25 5 3 7 20 15 29 Total 100 100 100 100 100 100 100 100 100 Q. En général, combien d heures par semaine consacres-tu à tes travaux scolaires à la maison? Contrairement au tableau précédent sur la perception de sa réussite, le fait de travailler ou pas a un impact plus significatif sur le nombre d heures consacrées à ses travaux scolaires. Dans le cadre de la présente étude, il n a pas été possible de mesurer un impact significatif au secondaire mais au cégep et à l université l impact est observable. Ainsi, au cégep, ceux qui n occupent pas un emploi sont moins nombreux à consacrer 5 heures et moins par semaine à leurs travaux scolaires (36 % contre 47 % pour ceux qui travaillent). Tandis qu à l université, ceux qui n ont pas d emploi sont plus nombreux à consacrer 20 heures et plus par semaine à leurs travaux scolaires (29 % contre 15 % pour ceux qui travaillent). Globalement, aux cycles supérieurs, on observe une interdépendance concernant le nombre d heures travaillées et les heures consacrées aux travaux 22 Trois études de cas

Le travail rémunéré des étudiants à temps plein au Saguenay Lac-Saint-Jean scolaires. Plus les étudiants allouent d heures au travail rémunéré, moins ils en consacrent à leurs travaux scolaires. 5.5.3 Travail rémunéré et réussite scolaire Les auteurs Sales, Simard et Maheu (1996) ont bien démontré, concernant le travail rémunéré pendant l année universitaire, que le nombre d heures a un impact significatif sur le temps que l étudiant consacre à son projet scolaire (cours et études). De même, ces auteurs ont observé que le nombre d heures allouées au travail rémunéré a également des effets sur l assiduité des étudiants et l allongement des études. Malgré tout, leur conclusion sur la réussite renvoie au fait que le travail rémunéré a très peu d impact sur les résultats scolaires. «Quant aux conséquences du travail rémunéré, on constate qu il a pour effet de réduire le temps investi dans les études. Par contre, et cela peut paraître à priori paradoxal, les résultats scolaires des étudiants qui détiennent un emploi ne sont pas nécessairement plus faibles que ceux qui sont sans-emploi. On peut poser l hypothèse que, même s ils trouvent difficile de concilier les études et le travail rémunéré, les étudiants détenant un emploi parviennent à optimiser l utilisation de leur temps de façon telle qu ils peuvent être aussi «productifs» au plan académique que les sans-emploi. En revanche, certains d entre eux ont plus de difficultés à respecter le rythme de leur programme d études, à être assidus à leurs cours ou à ne pas les abandonner. Néanmoins, ces étudiants travailleurs estiment accorder dans leur vie une importance aussi grande à leurs études que les sans-emploi.» (Sales, Simard et Maheu, 1996 : 183). De même, Vigneault (1993) observe que la réussite au collégial est davantage expliquée par des variables telles le sexe et la réussite au secondaire que le temps consacré au travail rémunéré pendant les études au collégial. Dans un avis sur les conditions de réussite au collégial, le Conseil supérieur de l éducation affiche d ailleurs une certaine prudence quant à l influence du travail rémunéré sur la réussite au collégial : «Si l ampleur du phénomène [le travail rémunéré] ne fait pas de doute, les liens qu il entretient avec la réussite scolaire sont cependant moins limpides. ( ) bien que certaines études donnent à penser qu il existe une relation presque directe entre le temps de travail rémunéré et l engagement dans les études, d autres incitent, par contre, à la prudence Rapport synthèse 23

Conseil régional de prévention de l abandon scolaire dans l interprétation et la généralisation des résultats.» (Carpentier, 1995 : 68). Au secondaire, les premiers résultats d une enquête auprès de 22 000 jeunes Canadiens réalisée par Développement des ressources humaines Canada donne lieu à des conclusions surprenantes concernant le lien entre le taux de décrochage et le nombre d heures consacrées au travail rémunéré. En effet, un pourcentage plus élevé de ceux qui ne travaillaient pas durant leur dernière année d études secondaires ont décroché, comparativement à ceux qui travaillaient. À la lecture de la figure 1, on observe que le taux de décrochage était plus faible chez les jeunes qui travaillaient modérément et plus élevé chez les élèves qui étaient «sans-emploi». Par ailleurs, selon cette figure, les effets du travail rémunéré commencent à se faire sentir à partir de 20 heures/semaine, avec un point critique à 30 heures/semaine, du moins en ce qui concerne le décrochage scolaire. Figure 1 : Taux de décrochage selon le nombre d heures de travail rémunéré au cours de chaque semaine de la dernière année du secondaire 25 21 % Taux de décrochage 20 15 10 5 14 % 11 % 7 % 7 % 0 Sans emploi 1 à 9 10 à 19 20 à 29 30 ou plus Heures de travail par semaine Source : Développement des ressources humaines Canada, 2002 : 40. Ainsi, le travail rémunéré pendant l année scolaire est assurément un facteur de risque. Comme on l observe dans la figure précédente, un nombre élevé d heures favorise le décrochage scolaire, du moins, au secondaire. Là où le bât blesse toutefois, c est lorsqu il s agit de déterminer, d une part, le nombre d heures par semaine que l on peut consacrer au travail sans impact sur sa réussite et, d autre part, les indicateurs de réussite sur lesquels on mesure l impact du nombre d heures du travail rémunéré (résultats scolaires, allongement des études, abandon, motivation, etc.). Selon la définition de la réussite, le nombre critique d heures par semaine est variable suivant les 24 Trois études de cas