Bourse Explora Sup Antoine Monserand Rapport de fin de séjour a) Introduction Mon séjour à l étranger était un stage de fin d études d ingénieur d une durée de 6 mois (Avril à Septembre 2012). Il s est déroulé au Bénin, un petit pays d Afrique de l Ouest frontalier du Togo, du Burkina Faso, du Niger et du Nigéria. J ai habité pendant les 6 mois dans la ville de Bohicon (environ 100 000 habitants) située à 120 km au Nord de Cotonou, la plus grande ville du Bénin. L organisme d accueil était le GERES (Groupe Energies Renouvelables, Environnement et Solidarité), une association française ayant une antenne permanente au Bénin. La monnaie au Bénin est le Franc CFA (FCFA) et la conversion est la suivante : 1 vaut 655 FCFA, 1000 FCFA valent 1,5. b) Vie pratique - Logement Il est préférable de prévoir le logement avant l arrivée, à moins d avoir le budget pour rester à l hôtel quelques temps. Les hôtels sont rarement complets sauf en saison touristique, et les prix à Bohicon sont autour de 8 000 à 15 000 FCFA la nuit (12 à 23 ). Le type de logement le plus commun est appelé «concession», ce sont des maisons de plein pied divisées en petits appartements d une ou deux chambres, ayant chacun cuisine et salle de bain. Un appartement de ce type coûte environ 30 000 FCFA par mois (45 ). On peut également louer une maison entière, différente des concessions, pour un prix de l ordre de 80 000 à 150 000 FCFA par mois (120 à 230 /mois). Pour des maisons personnelles, à la différence des concessions, il faut embaucher un gardien au moins pour la nuit, pour un salaire de 40 000 ou 50 000 FCFA (60 à 75 ). L accès au logement se fait uniquement par le bouche à oreille et les connaissances, il n y a pas d agence immobilière à Bohicon ni de site internet de particuliers à particuliers. Il faut donc parler aux gens autour de soi : employeur, collègues, amis, connaissances pour savoir quels logements sont vacants. Il existe également des personnes «ressources» dans chaque quartier, qui pourront vous aider (chef de quartier, certains commerçants etc.). - Argent Le moyen de paiement quasi exclusif est le paiement en espèces. Seuls quelques hôtels luxueux ou grands magasins en capitale offrent la possibilité de payer par carte bancaire. Beaucoup de gens n ont pas de compte en banque, les chèques sont donc très peu utilisés également.
Pour retirer du liquide il existe plusieurs distributeurs de billets dans Bohicon. Attention, dans des villes plus petites on peut avoir des difficultés à trouver un distributeur, il faut donc prévoir de disposer de suffisamment de liquide avant de voyager dans le pays par exemple. Etant donné que le Bénin est situé hors Union Européenne, il est préférable de souscrire à une option internationale auprès de votre banque afin de pouvoir retirer du liquide sans frais. Les commerçants ont rarement beaucoup de petite monnaie, il faut donc s arranger pour «casser» les gros billets de 10 000 FCFA sortis du distributeur en achetant des produits dans des petites superettes, ou de l essence par exemple car ces vendeurs là ont de la monnaie. - Santé Pour un stage, l employeur peut fournir une couverture maladie. Si ce n est pas le cas, il vaut mieux souscrire à une option auprès de votre sécurité sociale pour être couvert à l étranger. Le pack Monde de la SMERRA par exemple coûte environ 40 par mois et rembourse aux frais réels. Les infrastructures de santé (hôpitaux, cliniques) ne sont pas toujours de grande qualité et fiabilité, et les diagnostics des médecins ne sont pas toujours fiables. Notons par exemple que le test de la goutte épaisse pour diagnostiquer le paludisme peut être positif alors que le malade ne souffre pas en réalité du paludisme. La clinique la plus fiable est celle de l ambassade de France à Cotonou. En ce qui concerne le paludisme, il ne faut pas en avoir trop peur car tant qu il est traité à temps il y a très peu de risque de décès. Simplement, il ne faut pas attendre avant de consulter dès qu une fièvre apparaît. Avant de repartir pour la France, pensez à acheter 2 boîtes de Coartem, le médicament à prendre en cas de crise de paludisme. En effet, vous pouvez déclarer une crise de paludisme plusieurs semaines après votre retour, mais beaucoup de médecins français vous prescriront des médicaments pour traiter autre chose car ils connaissent mal le paludisme et préfèreront attendre avant de vous prescrire un antipaludéen alors que c est justement lorsqu on laisse la maladie s installer qu elle peut devenir très dangereuse. - Télécommunications La téléphonie mobile est très développée au Bénin, bien plus que la téléphonie fixe. Il existe plus de 5 opérateurs qui proposent leurs services quasiment tous au même prix, à savoir 1 FCFA par seconde envers tous les opérateurs au Bénin et également vers les fixes et mobiles de plusieurs pays comme la France, la Chine, les Etats-Unis, le Liban et quelques autres. C est donc très bon marché : environ 5 de l heure même vers la France. Les cartes SIM sont quasiment gratuites et il suffit ensuite de recharger votre compte en achetant des cartes à gratter sur lesquelles figure un code permettant la recharge instantanée. Dans les zones rurales la couverture réseau n est pas la même pour tous les opérateurs, renseignezvous donc avant d acheter une carte SIM chez un opérateur. Pour internet c est un peu plus difficile, votre employeur aura peut-être une connexion fixe et dans ce cas le débit est correct, ponctué de coupures occasionnelles. Si vous voulez installer une connexion à votre domicile cela peut être couteux si la ligne n a pas encore été installée : 150
environ. Une solution alternative est l internet mobile par clé 3G : même si le réseau 3G est encore peu développé cela fournit quand même une connexion «1G», au débit plus ou moins faible selon l opérateur et le moment de la journée. Les clés Kanakoo sont connues pour être les plus performantes, leur prix d achat est de 35 000 FCFA et l abonnement coûte entre 12 000 et 15 000 FCFA par mois. - Stage Beaucoup d ONG internationales sont présentes au Bénin, pour trouver un stage au sein d une d entre elles on peut soit la contacter directement soit consulter les offres relayées par des sites internet comme «coordinationsud» ou «resacoop». Ceci concerne le monde du développement et de l humanitaire et donc en majorité au sein d ONG, je n ai pas d informations à partager concernant les possibilités de stage en entreprise ou autre type de structure. La rémunération des stagiaires français au GERES est égale au minimum légale, à savoir 436,05 /mois en 2012. Les horaires de travail sont souples : on peut les aménager, dans la limite du raisonnable, tant que le travail demandé est fait correctement. Le choix est donc donné au stagiaire de se limiter aux 35h officielles ou de s investir davantage. En ce qui concerne les relations de travail, on est généralement bien accueillis par les équipes aussi bien par les expatriés que par les Béninois. Il est bien sûr très apprécié (comme partout!) de montrer que l on s intéresse à la culture du pays, qu on apprécie la cuisine et certaines habitudes locales. Cela facilite l intégration dans l équipe et augmente les chances d avoir de bonnes relations de travail. Enfin, il est relativement rare qu un employé béninois remette en question ce que pense ou demande de faire son supérieur hiérarchique. Il peut être bon de savoir cela si par exemple vous êtes le supérieur hiérarchique de quelqu un (plutôt rare si vous êtes stagiaire!) et que vous attendez des critiques de la part de votre équipe. Enfin, les grilles de salaires dans certaines organisations font que même un stagiaire, s il est indemnisé au minimum légal français par exemple, peut gagner bien plus qu un employé béninois ayant plus d expérience et/ou un poste plus élevé. Il vaut donc mieux ne pas mettre trop en avant cet écart de rémunération. - Vie quotidienne Il y a deux saisons au Bénin : la saison sèche (Novembre à Mai) pendant laquelle il fait très chaud, souvent plus de 30 C et quand même humide : les climatisations ou ventilateurs sont de mise ; et la saison des pluies (Juin à Octobre avec une pause en Août) pendant laquelle il fait mois chaud : entre 20 et 30 C. Pas vraiment nécessaire d emporter un manteau, mais plutôt un coupe-vent et un imperméable (y compris un sur-pantalon pratique notamment pour les déplacements à moto). Il est facile de garder le même rythme de vie qu en France, le soleil se couchant à 19h toute l année et les magasins fermant autour de 20h. En plus des magasins proprement dit il y a beaucoup de vendeuses, ambulantes ou non, qui proposent du pain, des fruits et légumes et même des plats cuisinés. De nombreux petits restaurants, appelés maquis, permettent de manger pour 1 ou 2 euros. Par conséquent, nous autres stagiaires faisions rarement à manger à la maison et choisissions la facilité : on prend rapidement l habitude de manger dehors presque tous les soirs. Cela dépend bien entendu des personnes et aussi du lieu car à Cotonou les maquis sont plus chers et l offre de produits
frais est plus conséquente, on cuisine donc plus chez soi. En revanche, on a beaucoup plus de possibilités pour sortir prendre un verre dans un bar dans Cotonou que dans des villes secondaires où l offre est plus limitée. On se déplace beaucoup à moto, car celles-ci sont beaucoup plus répandues que les voitures. Les transports en commun urbains sont inexistants. Si vous ne savez pas conduire une moto mais que vous en avez une à disposition, il est facile d apprendre sur le tas. Attention tout de même à la conduite dans Cotonou, qui est plutôt risquée surtout pour les 2 roues. Si vous n avez pas de moyen de transport personnel, ne vous faites pas de souci : de nombreux taxis-motos vous proposent leurs services pour des prix très abordables : entre 100 et 500 FCFA (0,15 à 0,75 ) la course en ville, et vous pouvez également aller d une ville à une autre mais dans ce cas il vaut mieux prendre des taxis collectifs (voitures). Veillez à vérifier l état du véhicule (pneus, portes qui s ouvrent bien de l intérieur) avant de monter même si on ne peut pas savoir seulement en regardant si le véhicule est fiable ou non c) Bilan et suggestions Je dresse un bilan très positif de ce séjour à l étranger. J y ai rencontré des personnes formidables comme par exemple Théo, un guide touristique exceptionnel et très ouvert aux autres cultures que la sienne ; et Julien, un professeur d anglais et artiste, en avance sur son temps en matière de préservation de l environnement. J ai pu également découvrir ce qu est vraiment le vaudou, qui est originaire du Bénin et non d Haïti, et qui n a à l origine rien à voir avec la sorcellerie, les envoûtements et les poupées dont on a tous une image en tête. C est simplement une religion, avec ses divinités et ses cultes, qui ressemble étrangement dans ses pratiques à la religion chrétienne avec laquelle elle cohabite depuis plusieurs siècles. Je sors de cette expérience avec l idée, qui peut paraître un peu cliché, que les hommes quelle que soit leur nationalité et leur culture, ont souvent entre eux beaucoup plus de points communs que de différences, mais que naturellement on a tendance à remarquer beaucoup plus les différences que les points communs, et que lorsque l on raconte son voyage on s attarde bien plus sur les petites différences et anecdotes surprenantes que sur ce qui est comme chez soi, ce qui donne en fait une image biaisée de la réalité à nos interlocuteurs. D un point de vue personnel, ce séjour à l étranger a modifié mes projets puisque je pensais éventuellement repartir dans un autre pays ensuite mais j ai rencontré une personne qui poursuit ses études en France et auprès de qui je souhaite rester. D un point de vue professionnel, j ai également évolué en me disant que les ONG financées par de gros bailleurs de fonds tels que l Union Européenne, l AFD ou la Banque Mondiale ne me correspondent peut-être pas. En effet ces bailleurs imposent beaucoup de conditions et contraintes quant à l utilisation des budgets et en termes de procédures (appels d offre par exemple), ce qui mène parfois à des absurdités ou des décisions prises à la va-vite. Je ne sais pas trop vers quoi m orienter actuellement. Je ne me suis pas spécialement préparé pour ce séjour à l étranger, car je savais que mon logement était assuré par l ONG qui m employait, que je vivrais avec d autres expatriés qui connaissaient déjà
le milieu et pouvaient m aider à m intégrer. J ai simplement fait les vaccins obligatoires et conseillés, et emporté beaucoup de produits anti-moustiques. Les «erreurs» que j éviterais si je repartais à l étranger sont par exemple d emporter trop de produits anti-moustiques et de médicaments. Je me renseignerais davantage sur la concentration en moustique dans mon lieu de destination : Bohicon est bien moins infestée que Cotonou par exemple! Et je me renseignerais aussi sur la disponibilité en médicaments sur place. Il existe en fait plusieurs pharmacies de très bonne qualité y compris à Bohicon. Aussi, je ne prendrais pas de traitement antipaludéen à la doxycycline car il est peu efficace tout en étant mauvais pour le foie. Il rend également photosensible, ce qui oblige à éviter vraiment au maximum le soleil. Je conseille à ceux qui ont pour projet de partir en séjour au Bénin de simplement bien s informer auprès de leur employeur et/ou personnes qui les accueillent, mais de ne pas s inquiéter à propos de tout ce que l on peut entendre ici et là sur les maladies tropicales, la sécurité etc. Gardez votre bon sens, une bonne hygiène de vie (notamment, une alimentation variée est très importante) et faites attention sur les routes car c est bien là que vous aurez le plus de risques d avoir des soucis. Emporter un casque de moto à votre taille et aux normes françaises est à mon avis une bonne idée, car il est difficile de trouver un casque à sa taille et de bonne qualité sur place. Enfin, si vos proches ont la possibilité de venir vous rendre visite, incitez-les à le faire : ce sont des moments inoubliables et enrichissants pour tous!