- REUNION DISQUAIRES PARISIENS JEUDI 8 OCTOBRE 2009 1. Contexte A la suite de la visite du président de la Région Ile de France Mr Huchon, et du diner organisé par ses services Technopol a souhaité mettre en place une table ronde afin de pointer et faire remonter les difficultés des disquaires en 2009. La région Ile de France s engage à lancer au plus vite une politique ambitieuse et innovante de soutien aux acteurs des musiques actuelles dans leur diversité En 2008 nous avions élaboré une enquête sur la situation économique et sociale de ces distributeurs qui faisait apparaître une détérioration importante de cette profession et des acteurs de la scène électronique. De nombreuses pistes sont envisageables : aides au fonctionnement, aides à la constitution de fonds, aides à la diffusion, à la communication, voire à la production, aides à l'embauche ou soutien pour l'accueil de jeunes en apprentissage, etc... Cette enquête s inscrit dans le travail de veille de Technopol. Force est de constater que, depuis une dizaine d années, la scène électronique française a subi de nombreuses et profondes mutations liées aux évolutions sociales, économiques et politiques. Les pratiques culturelles et, en parallèle, l industrie du disque, ont évolué. Les chiffres de vente de musique sur supports physiques ont diminué sans être compensé par les ventes digitales, cependant la musique est partout. Dans ce paysage «sinistré», les disquaires peinent à trouver une situation stable et pérenne. Notre objectif est de mieux connaître le paysage électronique afin d informer les professionnels, les sociétés civiles et les pouvoirs publics de la résistance d un acteur culturel au modèle économique plus tenace que prévu Dans le contexte actuel, il devient urgent de s interroger sur l avenir de ces structures, qui survivent dans l indifférence de leurs pairs. 2. Les raisons du déclin des disquaires en FRANCE L émergence d Internet, de la vente et du téléchargement en ligne, Le déclin de l industrie du disque, L évolution des pratiques culturelles, Le manque de moyens financiers, Des charges de plus en plus lourdes,
Le manque de soutiens et de reconnaissance des pouvoirs publics Les loyers trop élevés 3. Présents Eric Labbé (MyElectrokitchen), http://www.myelectrokitchen.com Franck (Ground Zero) http://www.groundzero.fr/ Betino Errera (Betinos) http://www.betinos.com/ Mazene + 1 personne (Techno Import) http://www.techno-import.fr/catafrance.php Xavier (Personne voulant créer un disquaire à Paris), Matthieu JAUSSAUD et Rémi BONIN (Technopol) http://www.technopol.net 4. Compte Rendu de la réunion > Eric Labbé propose en préambule 3 pistes à explorer : - la région donne des aides aux libraires pourquoi ne pas demander un dispositif similaire pour les revendeurs de disques - une réduction du taux TVA à 5,5% - Aide à la création de disquaires et/ou une aide à l agrandissement La problématique à l heure actuelle n est pas tant de créer de nouveaux points de vente mais plutôt de maintenir ceux déjà existants, 9 disquaires en 2009 en Ile de France contre une vingtaine en 2004. Citée en exemple la région Rhônes Alpes pour son investissement dans les nouveaux projets musiques actuelles par le biais de subventions. > Pour Mazene du magasin Techno Import, dans le métier du disque les marges de bénéfices sont très faibles, les loyers sont très élevés (3000 euros de loyers à Paris pour son magasin). Par ailleurs ce dernier souligne une grosse problématique au niveau de l emploi, lui qui disposait de 3 salariés il y a 5 ans doit assurer seul, la gestion de son magasin depuis 3 ans. > L ensemble du groupe revient sur un point intéressant à savoir le loyer à Paris qui est l un des causes principales de la fermeture des revendeurs de disque en Ile de France. L aide au loyer est la première chose à demander : Eric Labbé en a bénéficié sur les 3 premières années grâce au CALIF (Club Actions des labels indépendants français). http://www.calif.fr Cette aide prend en compte la location des murs des magasins. Cette subvention se fait à hauteur de 50% du montant du loyer la première année, puis 33% la deuxième et 25% la troisième. L aide de la première année est limitée à 900 par mois. 3 disquaires électro franciliens ont pu en bénéficier de ce dispositif à savoir Ground Zero, MyElectrokitchen et 12 Inch Records. Bonne initiative mais que faire à la suite
des trois ans car c est au terme de cette aide qu apparaissent les difficultés car les structures n arrivent pas à subvenir à cette dépense. La situation des logements commerciaux à Paris est une réelle problématique à laquelle il faut remédier, possibilité de mise à disposition de locaux, prise en charges des loyers, pépinière d associations (cf MILA 18 pour les labels) http://www.milaparis.com/ Il a été aussi évoquer l éventualité de mise à disposition de locaux par des sociétés d économies mixtes comme la SEMAEST. La TVA 19,6% : la cause d une marge trop faible Le taux de TVA reste une piste évoquée lors de cette réunion, toute en ayant conscience que ce point semble épineux. En effet l idéal serait une réduction de la TVA à 5,5 comme sur le livre ou dans la restauration, mais il semble qu un tel dossier puisse demander plusieurs années et d ici là les disquaires auront disparu de la surface de la planète. Néanmoins, une compensation financière de la part des pouvoirs publics et des collectivités territoriales semble envisageable, en effet pourquoi les régions ne prendraient pas en charge une partie de cette TVA sur le chiffre d affaire en fin d exercice? La France est l un des pays où les taxes sont les plus importantes et le disque est l un des produits culturels les plus taxés pourquoi une TVA à 19,6% alors que le livre lui est à 5,5%? Imaginons donc une compensation sur la baisse de la TVA par une enveloppe budgétaire sous forme de répartition. Aide à l emploi La question de l emploi est l un des sujets qui est fortement revenu lors de cet entretien avec les disquaires. Pour ceux qui ont déjà eu la chance d avoir des employés comme Techno Import ont du licencier depuis 5 ans devant faire face à la crise du disque et plus largement de l industrie de la musique au sens large. Quant à ceux qui aujourd hui mènent leur projet seul, il y a un une urgence en terme de structuration et au niveau de la création de poste. En effet la gestion d un magasin de disque nécessite la création de postes supplémentaires sur des tâches comme la communication, la promotion, la vente, le réseau. Volonté de la part de ces acteurs de la scène de pouvoir créer de l embauche pour renforcer les équipes et éviter de travailler en flux tendus et la surcharge de travail. Ces emplois serviraient donc de modernisation (informatisation de la base de donnée, communication web...) à leurs structures. Existe-t-il aujourd hui des dispositifs d emplois type contrats de qualification, emplois-tremplin, contrats d apprentissage ou autres pouvant répondre à cette demande sur des secteurs d activités culturelles.
Fiscalité et subvention Par ailleurs, dans certains domaines d activités il est parfois question de bénéficier d une exonération des charges sociales pendant un certains nombres d années est il possible de transposer cette formule aux disquaires électroniques indépendants. Il existe dans le secteur des libraires une subvention octroyée par l ALDEC a pour objet l'allègement des frais financiers occasionnés pour tout ou partie des emprunts que la librairie a contractés pour réaliser son projet (déménagement, agrandissement, restructuration, développement de fonds particuliers...), ainsi que pour la création ou la reprise de librairies. Une fois de plus peut on attendre de la Région Ile de France et des collectivités territoriales ce type d aides ou similaires pour aider le secteur de la distribution de disque en France? Aides techniques (intervention de la région et des collectivités territoriales afin de les conseiller, aider dans les démarches administratives), aides à la rénovation de magasins (travaux, modernisation), aide à l investissement de matériel (informatique, hifi...), Idées et prérogatives de l assemblée Aujourd hui il semble primordiale de mutualiser des compétences au niveau des disquaires que ce soit au niveau de : - la communication : trouver un prestataire d impression des supports (flyers, stickers) et les réaliser sur des planches communes pour réduire les coûts. Possibilités aussi de développer de la vente en ligne sur des serveurs/ réseaux communs et d établir des bases de données - le merchandising : possibilité de trouver des prestataires sur la vente de produits dérivés comme le prêt à porter - la diffusion : en effet la vie et la survie d un disquaire passe aussi par de la diffusion afin de faire connaître son magasin, les artistes qui viennent se fournir en disque, pourquoi ne pas imaginer de mutualiser un lieu pour proposer des show case des dernières découvertes, sorties de disques. Soutenir l évènementiel dans le magasin au travers de show case. - Moyens humains : il serait possible éventuellement de mutualiser certaines charges administratives (tva, charges, salaires...) au travers d une tierce personne et d en partager les coûts La France est par essence l exception culturelle, mais sur le plan des cultures et musiques électroniques l hexagone est relativement en retard sur ces voisins européens, beaucoup d artistes et labels ont fuit Paris pour s installer chez les voisins plus en clin à une culture alternative Berlin par exemple reste sans conteste la place pour la musique électronique avec son nombre considérable de revendeurs de vinyles, son nombre de club, labels et artistes et festivals. D autres pays comme l Angleterre, l Espagne ou la Hollande
gardent encore une place prédominante pour le vinyle et la musique électronique de manière générale. Par ailleurs la problématique des nuisances sonores ces dernières années génère un réel soucis car si les lieux sont obligés de fermer à cause procédures administratives, les artistes ne pourront plus s exprimer à Paris, en Ile de France et sur l ensemble du pays, n iront donc plus acheter de disques, les gens ne sortiront plus d où la fin de l ensemble d une filière. Et inversement si les disquaires ne peuvent plus faire de show case il subsiste une grosse incertitude sur leur survie.