La Chambre d Agriculture accompagne les exploitants dans la lutte contre les taupes et rats-taupiers. Les éleveurs des vallées pyrénéennes sont régulièrement confrontés à la présence de taupes, signe avant-courant de prolifération des ratstaupiers. Un des moyens de lutte est la destruction par fumigation. Un petit groupe d éleveurs vient de se former à cette pratique très réglementée. Les adhérents des GDON des cantons de Luz-Saint-Sauveur et Aucun viennent de participer à une formation qualifiante leur permettant de contrôler les populations de taupes. Cette formation, organisée sous la tutelle du Service régional de l Alimentation (SRAL) de la Direction Régionale de l Alimentation, de l Agriculture et de la Forêt d Aquitaine, s est tenue du 23 au 25 Février à l antenne de la Chambre d Agriculture d Ayzac-Ost. 15 éleveurs ont pu y participer grâce à l accompagnement financier de leurs GDON respectifs et de la Fédération départementale FDGDON 65. Le principe de cette lutte est la fumigation : opération consistant à introduire dans le sol une substance donnant naissance à un gaz, en vue d'y détruire des organismes vivants dits «nuisibles». Rappelons qu un organisme nuisible est un organisme dont l'activité est considérée comme négative pour l'homme ou ses activités. Il peut s'agir de plantes, d'animaux, de virus, de bactéries, de mycoplasmes ou d autres agents pathogènes. L organisme ciblé ici est la taupe (Talpa europaea L.) Ce procédé est ici mis en œuvre par l utilisation de pastilles de Phosphure d Aluminium, qui au contact de l humidité du sol, s hydrolysent lentement pour produire un gaz toxique, le PH3 (Phosphine).
Les pastilles sont positionnées dans les galeries des taupes (milieu clos), à l aide d une canne spécifique munie d un distributeur. L inhalation du PH3 provoque une intoxication cellulaire entraînant l asphyxie. Les dégâts collatéraux sont nuls. Les traces de gaz en surfaces sont peu importantes et nulles au bout de 48 h. Le PH3 se trouve communément dans la nature, résultant de la transformation anaérobie des phosphates (fréquent dans les décharges d ordures, les compost, les marécages, ) L utilisation du PH3 présente un double intérêt : pas de dégâts collatéraux et une efficacité voisine des 80%. Cependant, l utilisation de ce procédé n est pas sans risque pour l utilisateur. L emploi de spécialités génératrices de PH3 est réglementé par l Arrête ministériel du 10 octobre 1988. Seuls les applicateurs agréés peuvent utiliser ces spécialités. Les 15 stagiaires ont été formés à l utilisation de ce procédé, à toutes les règles de sécurité qui en découlent (port de masque obligatoire lors du remplissage et du vidage des cannes, détecteur de gaz, conditions atmosphériques adéquates, ) et aux démarches administratives associées.
A l issue de cette formation, et après un test de compétence, chaque participant s est vu remettre une «attestation d aptitude technique à la certification pour l emploi du phosphure d hydrogène pour la lutte contre les taupes». Actuellement, ce procédé n est homologué que pour les taupes, mais il est en cours d évaluation pour les campagnols terrestres. Les différents nuisibles La taupe, animal solitaire, a une reproduction annuelle qui a lieu au cours de l hiver, début du printemps. Elle créé un réseau de galeries d une longueur totale de 250 m en moyenne. Ce réseau est entièrement parcouru plusieurs fois par jour, à la recherche de nourriture, vers de terre essentiellement. Sa présence entraîne des bouleversements du sol et l apparition de grosses taupinières, qui provoquent l usure précoce du matériel agricole et entraînent la présence de terre dans les fourrages. La lutte s effectue essentiellement par piégeage et gazage. Les campagnols terrestres, ou rats-taupiers, ont une reproduction galopante : 1 couple au printemps génèrent 100 individus à l automne. Le réseau de galeries souterraines, souvent issu du délogement d une taupe, entraîne la formation d amas de terre appelés tumuli. Le régime alimentaire des rats-taupiers, essentiellement composé de bulbes et de racines, facilement accessibles depuis les galeries, provoque d importantes pertes fourragères, ainsi qu une modification de la composition floristique prairiale et le développement d espèces indésirables. A cela s ajoute un risque sanitaire car le rattaupier est le vecteur d une grave maladie transmissible à l homme : l echinococcose alvéolaire. Les rats-taupiers, dont la densité de population peut atteindre 1000 individus à l hectare, sont devenus un réel fléau dans de nombreuses prairies des vallées du département.
Les moyens de lutte sont divers : - piégeage, pour confirmer la nature du nuisible et apprécier le degré d infestation, - comptage, selon de principe de la diagonale, pour évaluer la densité de population, - lutte contre les taupes, favoriser la présence de prédateurs naturels (rapaces diurnes et nocturnes, ), alterner fauche et pâturage : le piétinement détruit les galeries, l herbe rase favorise la prédation, jouer sur les rotations, si possible, entre céréales et prairies temporaires et le travail du sol, lutte chimique, Quelques règles, issues d expérimentations et d années d observations dans départements les plus touchés, permettent d organiser la lutte contre ces nuisibles : les la lutte doit être précoce : mise en place dès l apparition des premières traces (inefficacité de toute sorte de lutte en période de pic d infestation), la lutte doit être raisonnée : combinaison de plusieurs systèmes de lutte, la lutte doit être collective : pour éviter la recolonisation à partir de parcelles «hors lutte» et bénéficier d accompagnements technique et réglementaire, la lutte doit être continue : l éradication étant impossible, c est donc le maintien des populations à un niveau peu préjudiciable qui est visé. La surveillance, les comptages et le piégeage, sont le ciment de toute intervention.
Organisation de la lutte collective La lutte collective passe par la création d un Groupement de Défense contre les Organismes Nuisibles (GDON), dont l objectif est la lutte contre les ennemis des végétaux et produits végétaux. Depuis 1984, plus d une vingtaine de GDON ont été créés sur le département. La plupart sont en dormance actuellement, mais réactivables à tout moment. En 2008, deux nouveaux GDON ont été créés, en vallée des Gaves, dans l objectif de fédérer la lutte contre les rats-taupiers. Les adhérents du GDON du canton de Luz Saint Sauveur, menés par leur président Denis Laporte de Viella, se sont organisés depuis les débuts du GDON dans la lutte contre les rats taupiers, en se mobilisant fortement autour du piégeage. Le GDON du canton d Aucun, réactivé en 2014 avec un nouveau président, Jean- Stéphane Cassou d Aucun, fédère ses adhérents pour structurer la lutte. La réforme récente des politiques de surveillance sanitaire a entraîné une réorganisation régionale et départementale. Les GDON sont affiliés à la Fédération départementale FDGDON 65, réactivée en 2014 avec un nouveau Président, Lilian Lasserre de Larreule. La FDGDON 65 est elle-même affiliée à la fédération régionale FREDON midi-pyrénées. Cette organisation permet de faire remonter, régionalement, la présence locale d organismes nuisibles et d interférer dans les orientations de politiques sanitaires. GDON 65 Organise la lutte localement FDGDON 65 Coordonne l action des GDON. Surveillance, prévention et lutte contre les organismes nuisibles. Conseil, sensibilisation. Déclinaison des politiques régionales. FREDON Midi-Pyrénées OVS : Organisme à Vocation Sanitaire. Coordonne les actions des départements. Assure les missions inter départementales. Béatrice Loncan Pôle Territoires Chambre d Agriculture