Développement du numérique DEPLOIEMENT DES INFRASTRUCTURES A FIBRES OPTIQUES ET DES SERVICES TRES HAUT DEBIT UNE REPONSE DE L INDUSTRIE AUX ENJEUX SOCIETAUX, DE CROISSANCE ET D EMPLOI SUR LE TERRITOIRE Décembre 2012
SYNTHESE Déployer des infrastructures à fibres optiques et les services très haut débit qu elles supporteront est un enjeu équivalent à celui de l électrification de notre pays au 20 ème siècle qui a permis une révolution industrielle, accélérateur de croissance, moteur d emploi et source de développement social. L Europe de l ouest, et notamment la France, prennent actuellement du retard par rapport à nos principaux partenaires internationaux. Pourtant, grâce à un déploiement soutenu des infrastructures THD, la France serait en mesure de : permettre à l industrie des équipements de maintenir et de développer son avance technologique ainsi que l emploi en s appuyant sur un marché dynamique, fort, durable et de taille suffisante ; répondre à la demande exponentielle et symétrique en débits, sur les réseaux fixes et mobiles (il n y aura pas de mobilité sans infrastructures THD fixes) ; développer des PME sur les territoires au profit de la croissance et de l emploi ; répondre aux besoins sociétaux rendus possibles par le numérique : confiance et sécurité, l internet des objets, télésanté, éducation, mobilité, transition énergétique... La FIEEC propose que la France se fixe un Cap collectif de développement du THD pour la compétitivité, la croissance et l emploi autour des axes suivants : 1) Privilégier le déploiement d une seule infrastructure passive mutualisée, notamment hors des zones «d appel à manifestation d intention d investissement». Il faut ainsi rationaliser l investissement sur la première couche passive et donc ne pas la dupliquer si le libre accès est garanti. 2) Privilégier les solutions de co investissement public privées le plus vite possible et sur les territoires les plus vastes possibles afin de maximiser l attractivité des fonds privés, mais aussi de minimiser les fonds publics. o L implication des fonds de long terme est cruciale pour la réussite de cette démarche. o La mise en place des structures régionales mutualisées, associées à un horizon prévisible de basculement du cuivre vers la fibre permettrait de les attirer. o Le co investissement public privé dans des structures régionales portant une infrastructure passive unique et l implication des fonds d investissement long terme auront pour effet d accélérer le déploiement des réseaux THD sur le territoire, tout en minimisant l investissement privé et les subventions publiques nécessaires. o Cette logique préserve la concurrence entre les opérateurs et peut être mise en œuvre à droit constant. 3) Valoriser et encourager les partenariats opérationnels entre acteurs du numérique à l instar de la plate forme «Objectif Fibre» initiée par la Fédération Française des Télécoms (FFT), la FIEEC et ses syndicats adhérents, pour lever les freins opérationnels à un déploiement massif de la fibre. 2
1. Le déploiement des infrastructures très haut débit est indispensable pour notre pays Les infrastructures de réseaux très haut débit (THD) constituent un socle indispensable au développement à venir des usages, services et applications numériques, qu ils soient fixes, nomades ou mobiles. Elles seules pourront répondre à l explosion à venir du trafic internet et des nouveaux usages numériques : confiance et sécurité, l internet des objets, éducation, santé, cloud computing, télétravail, transition énergétique... En effet, cette explosion du trafic de l internet mobile s est produite avec une magnitude et une rapidité que nous n avions jamais expérimentées pour aucune innovation technologique. Nous ne sommes encore qu à l aube de ce phénomène : diffusion rapide des smartphones et des tablettes multimédia qui représenteront d ici 5 ans la grande majorité des terminaux ; croissance exponentielle des applications vidéo qui à cette échéance compteront pour 90% de la bande passante mobile ; développement du cloud. Le trafic mobile sera ainsi multiplié par un facteur 25 entre 2012 et 2017. Il nécessitera une infrastructure fixe pour le collecter. Cette infrastructure fixe devra également apporter le très haut débit aux logements et locaux industriels. Le trafic fixe croîtra donc dans les mêmes proportions que le trafic mobile, sous l effet notamment de l utilisation simultanée de multiples terminaux au sein des logements et bureaux. Nous assistons également au développement d applications et services nouveaux (cloud, e éducation, e santé, gaming ) qui nécessitent un accès internet avec une qualité de service élevée, incluant notamment une bande passante symétrique (débit équivalent vers le réseau et depuis le réseau) et un temps de latence faible, indispensables pour une expérience utilisateur acceptable. Au cœur de tous ces réseaux il y a un dénominateur commun : la fibre optique. Seule la fibre optique permet d envisager les évolutions décrites précédemment avec sérénité. En amont de cette filière, l industrie française dispose aussi d atouts forts (composants, sous systèmes et systèmes électroniques) liée au déploiement du THD sur le territoire. Déployer des infrastructures à fibres optiques et les services très haut débit qu elles supporteront est un enjeu équivalent à celui de l électrification de notre pays au 20 ème siècle qui a permis une révolution industrielle, accélérateur de croissance, moteur d emploi et source de développement social. 3
LE ROLE STRUCTURANT DE L INDUSTRIE NUMERIQUE 4
2. L Europe de l ouest est en retard L Europe de l ouest, et notamment la France, prennent actuellement du retard par rapport à nos principaux partenaires internationaux. Les raisons principales de ce retard sont d une part la bonne qualité des réseaux haut débit déployés (ADSL et 3G) qui, à l inverse de la situation aux Etats Unis ou en Russie, n incite pas les opérateurs à passer au très haut débit, d autre part la difficulté des opérateurs de télécoms à financer seuls ces investissements dans l état actuel de leurs capacités financières. Le retard est désormais en Europe de l Ouest flagrant par rapport aux objectifs du Digital Agenda Européen déclinés dans chacun des pays. Ainsi, pour atteindre ceux fixés en France, il faudrait multiplier le rythme actuel de déploiement de la fibre optique par cinq (Cf. indicateur industriel SYCABEL ci après 1 ). SYCABEL La France compte environ 35 millions de lignes cuivre et construit à peine 400 000 prises en fibre optique par an. A ce rythme, il faudrait plusieurs dizaines d années pour remplacer complètement le cuivre par la fibre. 1 L indicateur industriel Sycabel prend en compte l ensemble des équipements optiques passifs câbles à fibres optiques, accessoires télécoms déployés en France dans les réseaux optiques longue distance, métropolitains, FTTX, points hauts 4G/LTE. 5
La FIEEC tient à souligner l impact négatif sur l industrie : La France expérimente le THD par la fibre depuis 20 ans et l industrie française y a largement contribué. A présent, cette dernière est pénalisée à double titre par le retard du marché domestique : elle ne bénéficie ni d effets d échelle ni de vitrine qui lui permettraient de mettre en valeur ses avantages concurrentiels. En amont de cette filière, l industrie électronique française, qui dispose aussi d atouts forts (composants, sous systèmes et systèmes électroniques), est aussi liée au déploiement du THD sur le territoire. Le rythme actuel de déploiement lent, imprévisible et erratique, complique le maintien durable de l emploi, des centres de production mais aussi de R&D. La dernière annonce du plan national très haut débit vise à atteindre les objectifs de 3 à 5 Mb/s, pour tous les français, en 2017 et repousse le très haut débit pour tous à 2022. A ce rythme et avec ces objectifs de débits, la France ne rattrapera pas son retard, elle perdra de son attractivité par rapport à d autres pays. De plus si rien n est fait, il est de surcroît fort peu probable que la cible de 2022 soit atteinte dans les temps. 3. Le très haut débit est une formidable opportunité pour la France Grâce à un déploiement soutenu des infrastructures THD, la France serait en mesure de : permettre à l industrie des équipements (passifs et actifs) de maintenir et de développer son avance technologique (composants, sous systèmes et systèmes électroniques) ainsi que l emploi en s appuyant sur un marché dynamique, fort, durable et de taille suffisante ; répondre à la demande exponentielle et symétrique en débits, sur les réseaux fixes et mobiles (il n y aura pas de mobilité sans infrastructures THD fixes) ; développer des PME sur les territoires (ex. : logiciels en mode SaaS, grâce au cloud) au profit de la croissance et de l emploi ; répondre aux besoins sociétaux rendus possibles par le numérique : confiance et sécurité, l internet des objets, télésanté, éducation, mobilité, transition énergétique... La FIEEC propose que la France se fixe un Cap collectif de développement du THD pour la Compétitivité, la croissance et l emploi. 4. La «couche passive» du réseau THD : un investissement primordial, qu il serait inutile de dupliquer Un réseau THD comporte 3 couches : une couche d infrastructures passives, une couche d équipements actifs et une couche de services. La couche d infrastructures passives est indispensable sur l ensemble du territoire. Contrairement aux autres couches, elle est très locale. C est certainement la plus coûteuse, présentant certes une rentabilité à long terme, mais c est un investissement structurant pour des décennies (a minima 50 ans). A contrario les équipements actifs 6
eux ont une durée de vie de 5 à 7 ans, cette seconde couche est celle de l intelligence, de la valeur ajoutée où des acteurs européens ont un rôle clef, enfin la troisième couche, celle des services internet, est mondiale et les business modèles y sont encore plus volatiles. Il est important de rationaliser l investissement sur la première couche passive et donc inutile de la dupliquer si l on en garantit le libre accès. Il faut ainsi privilégier le déploiement d une seule infrastructure passive mutualisée, notamment hors des zones «d appel à manifestation d intention d investissement». Notre pays doit avoir pour objectif de déployer une infrastructure optique sur l ensemble de son territoire. La fracture numérique peut, certes, être évitée temporairement grâce à la 4G, mais la 4G nécessite, elle aussi, la fibre optique en back haul. L un ne va pas sans l autre et tout repose sur cette nouvelle technologie qu est l IP (Internet Protocol). Enfin l Etat devra s assurer que la qualité et la performance des réseaux THD ainsi établis soit assurée sur le long terme 2. 5. La solution : la mutualisation pour réduire les besoins de financement L investissement nécessaire pour raccorder chaque logement ou entreprise à la fibre optique est aujourd hui estimé entre 25 et 35 milliards d euros. Il est certain que la seule initiative privée, et c est encore plus vrai dans le contexte de crise économique actuelle, ne suffira pas à couvrir les territoires en réseaux très haut débit dans des délais nécessaires, économiquement raisonnables et socialement acceptables. A contrario, l initiative publique ne sera pas, à elle seule, suffisante, les collectivités territoriales étant déjà très endettées. Il ne faut donc pas opposer initiatives publiques et privées. La FIEEC considère qu il faut au contraire privilégier les solutions de co investissement public privé le plus vite possible et sur les territoires les plus vastes possibles afin de maximiser l attractivité des fonds privés, mais aussi de minimiser les fonds publics. En effet les initiatives dites publiques ne sont la plupart du temps que des projets privés sous contrainte publique en contrepartie de financement et d ouverture. Des structures régionales pourraient être créées pour porter l investissement dans un réseau THD fixe unique, ou quasi unique, en fibre optique (couche passive), avec tous les acteurs et futurs utilisateurs du réseau (opérateurs, collectivités locales...), ainsi que les financeurs publics ou privés (Etat, fonds européens, fonds d infrastructures...). Les avantages sont multiples : 2 A titre indicatif la tendance de plus en plus fréquente à demander des câbles allégés ne répondant pas aux règles de l art ne laisse pas forcément présager d une pérennité sur plusieurs décennies dans des infrastructures dynamiques où cohabitent les réseaux cuivre et FTTH. 7
un unique gestionnaire du réseau s appuyant sur les compétences des acteurs majeurs du domaine et prenant en compte les aspects fiabilité et exploitation à long terme du réseau ; une harmonisation naturelle et quasi automatique des solutions techniques, standardisation, interopérabilité des réseaux ; un basculement prévisible et organisé du cuivre vers la fibre dès que l infrastructure passive mutualisée est en place ; une éligibilité aux financements de la Caisse des Dépôts et aux financements européens ; une contribution significative des fonds d infrastructure privés de long terme. 6. L implication indispensable des fonds d infrastructures de long terme L implication des fonds de long terme est cruciale pour l accélération du déploiement des réseaux THD. Ces fonds d infrastructure ont levé pour l Europe plusieurs dizaines de milliards d Euros qui pourraient très bien être employés au financement de ces infrastructures THD. Pour le moment ils investissent plutôt dans les secteurs de l énergie et des infrastructures de transport au détriment du nôtre. La mise en place des structures régionales mutualisées évoquées précédemment, associées à un horizon prévisible de basculement du cuivre vers la fibre permettrait d inverser cette tendance et de les attirer. Les solutions préconisées (co investissement public privé dans des structures régionales portant une infrastructure passive unique ; implication des fonds d investissement long terme) auront pour effet d accélérer le déploiement des réseaux THD sur le territoire, tout en minimisant l investissement privé et les subventions publiques nécessaires. Elles préservent la concurrence entre les opérateurs et peuvent être mises en œuvre à droit constant. 7. Développer des démarches partenariales opérationnelles Afin de dynamiser un déploiement efficace des infrastructures à fibres optiques, relancer l industrie française grâce à une coopération entre opérateurs et industriels, accélérer le développement des services très haut débit, des partenariats opérationnels entre acteurs du numérique doivent être valorisés et encouragés. Ainsi la plate forme «Objectif Fibre» est une initiative interprofessionnelle initiée par la Fédération Française des Télécoms (FFT), la FIEEC et ses syndicats adhérents, qui réunit également la FFIE et le SERCE. Elle permet de réunir l ensemble des acteurs impliqués dans le déploiement de la fibre optique (opérateurs de communications électroniques, équipementiers, installateurs, centres de formation ) et volontaires pour lever les freins opérationnels à un déploiement massif. Depuis plus de trois ans, Objectif Fibre est à l œuvre autour d objectifs concrets tels que la normalisation, la formation, l information ou encore le développement d outils pratiques d intérêt multisectoriel. 8
Les travaux d Objectif Fibre démontrent la maturité de toute une filière industrielle et surtout sa capacité à se mobiliser collectivement pour répondre à un véritable enjeu national : le Très Haut Débit pour tous. Les acteurs d Objectif Fibre se sont fixés une feuille de route à la hauteur des enjeux. OBJECTIF FIBRE : UNE FEUILLE DE ROUTE A LA HAUTEUR DES ENJEUX 9
Les chiffres clés de la profession 3000 entreprises 98 MILLIARDS de CA dont 40 % à l export 87% de PME et d ETI 420 000 emplois 8% du CA du secteur affecté à la R&D (contre 2% en moyenne dans toute l industrie) La FIEEC est une Fédération de l industrie qui rassemble 29 syndicats professionnels dans les secteurs de l électricité, de l électronique et du numérique (biens d équipement, biens intermédiaires et biens de consommation). Les secteurs qu elle représente regroupent près de 3 000 entreprises (dont 87% de PME et d ETI), emploient 420 000 salariés et réalisent plus de 98 milliards d euros de chiffre d affaires dont 40% à l export. La FIEEC est membre du GFI, du MEDEF, de l UIMM, de la CGPME et de l ORGALIME. Nos marchés Agir efficacement pour le Développement Durable Relever les défis du vieillissement de la population Protéger nos concitoyens et renforcer la confiance Bâtir les infrastructures et les réseaux de demain Capitaliser sur les technologies de transformation et de compétitivité Les entreprises du secteur des technologies de l énergie et du numérique apportent de nombreuses solutions pour répondre aux grands enjeux sociétaux qui sont autant de marchés du futur : développement durable, santé, sécurité/confiance Villes intelligentes, véhicules électriques, fibre optique, dépendance/télésanté ou encore réseaux électriques intelligents sont autant de vecteurs de croissance pour lesquels la France dispose de nombreux atouts et d un réel savoir-faire.
Nos documents de référence à télécharger sur www.fieec.fr 2012-2017 : Le temps de l action Juillet 2012 The SMART W RLD ELECTRA II - The smart world Avril 2012 2012-2017 : Le temps de l ambition Décembre 2011 for growth and investment to 2020 and beyond ELECTRA I - Twenty solutions Juin 2008 Making Europe smarter and more competitive Solutions proposed by Europe s electrical engineering & electronics industries we can do it Etat Généraux de I Industrie Paroles de dirigeants d entreprises Février 2010 Contribution des filières stratégiques pour la croissance et l'emploi Octobre 2009 Plan de conquête pour les industries à valeur ajoutée technologique Mars 2009 Stratégie industrielle pour les marchés du futur Juin 2008 (Tome 1 et 2) Fédération des Industries Electriques, Electroniques et de Communication 11,17 rue de l Amiral Hamelin - 75783 Paris Cedex 16 www.fieec.fr