LA CHIMIE DE LA PERCEPTIO



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Transcription:

LA CHIMIE DE LA PERCEPTIO I. Introduction Dans notre quotidien, nous percevons des informations issues de notre environnement grâce à des capteurs, que l on appelle récepteurs sensoriels. Ces récepteurs sensoriels sont en fait des cellules nerveuses qui vont recevoir une information donnée, pouvant être sous forme lumineuse ou tactile par exemple, avant de la transformer en messages nerveux. Le processus consiste alors à transmettre un message ainsi créé aux autres neurones tout d abord, puis au centre nerveux qui y est associé (spécialisé) ensuite. Bien entendu, il faut que ce message arrive sans perte, c est-à-dire qu il ne subisse aucun dommage pour assurer une certaine fiabilité. De plus, celui-ci étant unique, il ne doit arriver qu une seule fois aux centres nerveux, sinon il risque d y avoir mauvaise interprétation des messages. L usage de substances diverses peut altérer la transmission des messages nerveux d un neurone à un autre. Nous allons expliquer plus en détails comment la transmission des messages fonctionne et comment les drogues agissent et perturbent cette transmission. II. La transmission des messages 1. Fonctionnement Tout d abord, définissons ce qu est un message nerveux : il s agit d un simple courant électrique qui se propage de façon rapide et sans perte d intensité le long de ce que l on appelle l axone des fibres nerveuses myélinisées. On désigne par myéline

une sorte d isolant naturel formé par des lipides qui va contraindre l influx nerveux à se propager sous forme de bonds. Ainsi, cela va avoir pour effet de limiter les contacts avec la membrane de l axone, et par conséquent les pertes de vitesse et d intensité. Au niveau du bouton synaptique, situé à l extrémité de l axone, le message nerveux va être stoppé et bloqué, avant d être transmis au neurone postsynaptique grâce à un messager chimique : le neurotransmetteur. Certaines molécules du neurotransmetteur n ont pu être captées par les récepteurs postsynaptiques et causeraient un risque : la production d un message nerveux supplémentaire. Ainsi, afin d éliminer ce risque, elles vont être captées par un neurone présynaptique ou alors dégradées par des enzymes spécifiques. 2. Perturbations Un signal nerveux peut ne pas arriver correctement à destination, c est-à-dire aux synapses, à cause d une perturbation lors de sa transmission. En effet, certaines substances toxiques peuvent être à l origine de ces perturbations. Expliquons plus en détails trois de ces substances. Tout d abord, la toxine botulinique, aussi appelée botox, va empêcher le largage du neurotransmetteur. Ainsi, la stimulation de la fibre musculaire postsynaptique ne peut s effectuer, causant un relâchement musculaire. Son utilisation en médecine pour retendre la peau en est l illustration. Ensuite, on peut citer la nicotine, présente dans les cigarettes notamment, qui va alors se fixer sur les récepteurs postsynaptiques des neurotransmetteurs spécifiques de la synapse nerf-muscle. L effet de cette substance est de générer des contractions musculaires.

Enfin, dernière substance à évoquer, le curare. Il s agit d un poison d origine végétale qui va également se fixer sur les récepteurs postsynaptiques, sans pour autant stimuler la fibre musculaire. Celui-ci va alors provoquer ce que l on appelle une «paralysie flasque». Ses conséquences sont extrêmement graves : la mort peut être causée. Cependant, on peut également l'utiliser à très faible dose en chirurgie dans le but de détendre le cœur. III.Substances hallucinogènes 1. Mode d action Ce que l on appelle substances hallucinogènes désigne une substance psychotrope, c est-à-dire qui provoque des hallucinations (visions déconnectées de la réalité) en perturbant notre esprit. Plus précisément, elles agissent sur le système nerveux en limitant la transmission des messages nerveux au niveau des synapses. Leur origine est souvent végétale. Elles sont de plus utilisées depuis très longtemps, par exemple par les chamans des tribus dans le but d améliorer leurs facultés de perception. Il est possible d en consommer involontairement par intoxication comme ce fut le cas au Moyen-Age avec des champignons parasites présents dans la farine de seigle. Les conséquences sont les suivantes : convulsions, douleurs, hallucinations. Ce que l on appelle LSD est issu de ce champignon et désigne l acide lysergique diéthylamide. Cette substance est assez proche de la sérotonine qui est un neurotransmetteur situé au niveau des synapses des réseaux de neurones qui ont pour mission de relayer l'information visuelle entre la rétine et le cortex visuel. Après son ingestion, cette substance va alors inonder de façon très rapide les synapses à sérotonine. Cela va alors expliquer l'apparition de perceptions visuelles sans lien avec la réalité.

2. Conséquences Il ne faut pas croire que le LSD n a un effet que temporaire : ses conséquences peuvent être ressenties jusqu à plusieurs semaines après une ingestion. En effet, on peut observer ce que l on appelle des retours hallucinatoires, c est-à-dire des flashback, et ainsi engendrer un glissement vers des délires psychotiques. De plus, les pupilles vont être très sensibles à la lumière car elles vont se dilater à cause de cette substance. Cela peut expliquer ce que les consommateurs désignent comme des flashes ou des blancs. D autre part, des troubles digestifs, cardiovasculaires et musculaires peuvent être à craindre. Lors d une consommation de substance hallucinogène, il se peut que l expérience soit plutôt mauvaise. On appelle cela un bad trip. Cela peut s avérer très dangereux pour le consommateur qui peut alors avoir des envies suicidaires suite à des crises de panique. On peut également citer d autres substances souvent évoquées aujourd hui qui modifient les perceptions sensorielles de leurs consommateurs : l ecstasy, l alcool et le cannabis. La première substance va causer des nausées, des sueurs, de la fièvre, des maux de tête voire une dépression lors de la diminution de ses effets. Quant aux deux autres substances, elles vont réduire le champ de vision, diminuer la concentration et allonger le temps de réaction. Les conséquences sont désastreuses et expliquent une bonne partie des accidents de la route.

Consommer de la drogue est dangereux, encore plus si la prise est régulière. Cela entraîne notamment plusieurs conséquences. La première est une dépendance psychologique, ce qui signifie que le consommateur va vouloir consommer encore et toujours pour retrouver des sensations agréables. La deuxième est l accoutumance, car l organisme va s habituer à cette substance et en réclamer de plus en plus du fait de l effet de moins en moins intense de la drogue. Enfin, une troisième conséquence, la dépendance physique, est à noter. Un sentiment de manque va alors s observer chez la personne qui va devoir consommer pour le combler. Au départ, il s agit de consommer pour se sentir bien, alors que petit à petit il va s agir de consommer pour ne plus se sentir mal. Dans notre société actuelle, il est interdit par la loi de consommer ce type de substance devant tout le monde. Risquant des sanctions, les gens vont alors se cacher et s isoler : délaisser leurs amis pour s en faire de nouveaux, accros. Un risque supplémentaire d isolement est donc à craindre. De plus, ces substances sont de plus en plus accessibles aux abords des collèges et lycées, et les jeunes se laissent facilement séduire. Les conséquences sont très graves et entraînent des échecs scolaires par exemple, perturbant quasiment de façon irréversible leur avenir. En clair, il est très dangereux pour notre santé, à la fois mentale et physique, de consommer de la drogue, même si cela fait «cool», ou «à la mode». Cela vaut-il vraiment le coup de gâcher notre vie, voire celle d autrui, pour, à la base, un simple petit moment de détente?