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Transcription:

Les jours comptés I Giorni contati UN FILM D ELIO PETRI La presse unanime! Un superbe conte philosophique. Télérama Une page oubliée du meilleur cinéma italien. Une révélation majeure. Le Nouvel Obs Chef-d œuvre du néoréalisme italien, inexplicablement resté inédit. Le canard enchaîné Un portrait vitriolé de l'italie laborieuse et productiviste, trait d'union imaginaire entre le néoréalisme et le cinéma militant. Le Monde Un conte saisissant sur la mort et le travail. L Humanité Une balade quasi picaresque. Les Inrockuptibles Cette découverte constitue une pépite. Le Figaro Un intense moment avec un être qui veut devancer son destin. Pariscope Un pur chef-d œuvre existentialiste. AVoiraLire.com Résolument moderne. Critikat Une petite merveille à découvrir. Divergences

"Les Jours comptés" : l'horizon plombé d'un plombier usé I Giorni Contati, d'elio Petri Tamasa Distribution Film italien d'elio Petri avec Salvo Randone, Franco Sportelli, Regina Bianchi, Vittorio Caprioli (1 h 39). De l'âge d'or du cinéma italien, extraordinaire vivier de génies, reste-t-il quelques pépites enfouies? Rappeler que le nom d'elio Petri sommeille encore dans les limbes de la mémoire collective, c'est déjà répondre à cette question. Les cinéphiles se souviendront sans doute de la Palme d'or obtenue à Cannes, en 1972, par La classe ouvrière va au paradis, chronique acerbe et dissonante du monde de l'entreprise et de l'aliénation ouvrière, menée tambour battant par l'immense Gian Maria Volonte. Ils auront aussi revu, grâce à une récente édition DVD (Carlotta Films, 2010), l'étrange et malaisant Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon (1970), où le même Volonte incarne, en guise d'annonce des "années de plomb", la redoutable perversion d'un policier assassin. Mais après? Pas grand-chose. Petri a pourtant réalisé treize longs-métrages entre 1961 (L'Assassin) et 1979 (Bonnes nouvelles), et son œuvre n'est pas moins abrasive que celle des grands dynamiteurs de la société italienne, Pasolini, Bellocchio, ou Ferreri. De ce fils d'ouvriers, né à Rome en 1929 et formé auprès de Giuseppe De Santis, la société de distribution Tamasa (qui réédite aussi en DVD La classe ouvrière va au paradis) a l'heureuse idée de faire découvrir aujourd'hui I Giorni contati, son deuxième longmétrage, inédit en France. Coécrit avec Tonino Guerra, disparu le 21 mars dernier, ce film met en scène un plombier quinquagénaire et veuf, Cesare Conversi (interprété par le méconnu mais excellent Salvo Randone), qui décide subitement de s'arrêter de travailler après avoir vu un homme de son âge et de sa condition mourir d'épuisement dans un tramway romain. LA VIE QUI RESTE Décision baroque, scandaleuse à tout point de vue. Scénaristique, social, politique et moral. Tout Elio Petri tient, d'une certaine façon, dans ce scandale. Comme dans sa manière de l'assumer, par la trivialité plutôt que par l'allégorie. Cesare, promu philosophe stoïcien sur ce coup de baguette magique, se met donc à compter les jours qui le séparent de sa mort, et à voir comment il pourrait le plus aimablement les occuper. Le voici donc parti, tout endimanché, à la rencontre de la vie qui lui reste, avec, à ses basques, la pesante casserole de la vie qu'il a perdue. L'expérience, amère, se déroule comme autant d'étapes d'une Passion solitaire dont Rome, entre monumentalisation frelatée et taudis croupissants, serait le chemin de croix. Reconquête avortée d'une romance de jeunesse tournée ménagère. Rencontre avec un marchand d'art contemporain qui l'enjôle pour mieux lui faire déboucher ses toilettes. Retour au village natal transformé en mouroir par l'urbanisation. Ce portrait vitriolé de l'italie laborieuse et productiviste atteint l'abîme lorsque Cesare, à court d'argent et d'espérance, est tenté de participer, à l'initiative d'un ex-assistant plombier et d'un avocat véreux, à une escroquerie à l'assurance pour les besoins de laquelle une brute maffieuse est censée lui fracasser le bras à coups de masse. On ne dira pas le fin mot de l'histoire, qui fait de Petri, cinéaste aussi insolite que cruel, l'un des grands contempteurs de l'abjection d'un système dont on mesure mieux aujourd'hui la pernicieuse logique. Remis dans son époque, Les Jours comptés peut d'ailleurs être considéré comme le trait d'union imaginaire entre le néoréalisme qui le précède et le cinéma militant qui le suit. Le film évoque d'un côté Umberto D. (1 951) de Vittorio De Sica, titre phare du néoréalisme dont il contextualise et radicalise le propos (un vieil homme démuni confronté à l'indifférence du monde qui l'entoure). Il annonce de l'autre La Reprise du travail aux usines Wonder, fleuron du cinéma militant tourné par des étudiants de l'idhec à Saint-Ouen, où une jeune femme refuse de réintégrer son lieu de travail après trois semaines de grève, laissant exploser la plus magnifique colère de l'histoire du cinéma. Jacques Mandelbaum

Les Jours Comptés I Giorni Contati Un homme fatigué ressent l urgence de vivre. En 1962, avec Les Jours comptés, Elio Petri filmait Rome en liberté et signait un superbe conte philosophique. SYNOPSIS À cinquante ans, Cesare Conversi a travaillé toute sa vie avec abnégation. Un jour, il voit mourir dans le tram un homme de son âge. Obsédé par l'approche inexorable de la mort, il s'arrête de travailler afin de profiter de la vie avant qu'il ne soit trop tard. Du cinéaste Elio Petri, on connaissait Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon, ou encore La classe ouvrière va au paradis (1), qui lui valut, en 1972, la Palme d'or à Cannes. Les Jours comptés, son deuxième long métrage, réalisé au début des années 1960, est une superbe découverte. L'histoire de Cesare, petit homme fatigué, un de ces attachants sans-grade qui peuplaient alors le cinéma italien, vaut bien celle, plus célèbre, de l'umberto D., de Vittorio De Sica. Le thème est proche : un homme seul, vieillissant, face au reste du monde. Interprété tout en retenue par Salvo Randone, ce plombier romain quinquagénaire assiste, un jour, dans un tram, à la mort inopinée d'un inconnu. Choc existentiel : va-t-il, lui aussi, s'effacer sans laisser aucune trace? Combien de temps lui reste-t-il? Cesare ressent tout à coup l'urgence de changer de destin. Il arrête de travailler, vagabonde au hasard, engoncé dans son costume du dimanche, de terrains vagues en musées, d'anciennes amours fanées en vieux copains aussi usés que lui. Rien n'y fait, il est seul, et perdu, et vain. Fourmi parmi les fourmis, dans une ville immense et fiévreuse qu'elio Petri filme en toute liberté. Rome est présente à chaque plan, dans sa misère et son arrogance, son appétit féroce de modernité. Cinéaste très engagé (à gauche), Petri fait du petit plombier le guide tragi-comique d'une Italie dure et éprouvée, en pleine mutation. Même si l'influence néoréaliste est présente dans chaque dialogue, dans chaque étape de cette quête sociale et humaine, le film se déploie, rencontre après rencontre, comme un conte philosophique, sur des questions vertigineuses : la valeur de l'existence, le rapport au temps et à la mort. Dans le film, Cesare a 53 ans quand il découvre avec angoisse qu'il n'est pas éternel. L'âge d'elio Petri lorsqu'il disparut, le 10 novembre 1982. Cécile Mury (1) Le film vient de sortir en DVD chez Tamasa Films. ON AIME BEAUCOUP Les Jours comptés (I Giorni contati), d'elio Petri, Italie, 1962 (1h39) Scénario : E. Petri, Carlo Romano, Tonino Guerra Avec Salvo Randone, Franco Sportelli, Regina Bianchi. Cécile Mury

Les Jours comptés (I Giorni contati) d'elio Pétri avec Salvo Randone (It., 1962, 1 h 39) La crise existentielle d'un plombier italien dans les 60's, Un conte social attachant. Le deuxième film, inédit, d'elio Pétri (1929-1982), cinéaste italien assez oublié qui n'eut de cesse de questionner la politique et la société. Un questionnement qu'il adapta aux courants successifs du cinéma transalpin auxquels il se consacra. Si son grand succès, La classe ouvrière va au paradis (Wll), Palme d'or 72, est proche de la comédie à l'italienne par son côté bouffon, Les Jours comptés (1962) se situe plus dans la mouvance moderniste d'antonioni - avec tout de même un zeste satirique à la Dino Risi. Réflexion sur la mort, le travail, le travail de la mort et la mort au travail, Les Jours comptés est un conte philosophique aux intonations parfois nietzschéennes : Cesare Conversi, plombier quinquagénaire sans histoire, est choqué par la mort d'un inconnu de son âge dans un tramway; il décide aussitôt d'arrêter de travailler et de prendre le temps de vivre. Fable cruelle par sa conclusion, qui renvoie le héros à sa condition humaine, le film annonce la contestation de la fin des années 60 qui envoya valser les certitudes du monde occidental. L'originalité du film réside dans sa forme anti-classique, aux antipodes du théâtre. Les espaces urbains ont un rôle essentiel dans cette série de séquences sans lien réel. Au cours d'une déambulation à la Zarathoustra où il regarde, perplexe, l'activité frénétique de la Ville Eternelle, Cesare côtoie les extrêmes de la société (ouvriers, artistes, bourgeois, gangsters, prostituées), tout en restant conscient de la fragilité de sa nature (il se traite même de mort-vivant). On ne parlera pas de cynisme mais de profonde désillusion (comme chez Antonioni) ; elle nimbe d'un voile tragique cette balade quasi picaresque. D'autant plus tragique que ce deuxième film, inspiré au cinéaste par la souffrance de son père ouvrier, fut prémonitoire (il préfigurait la mort de Pétri à 53 ans, en 1982). Vincent Ostria

LES JOURS COMPTES - LA CRITIQUE La mort dans l âme Ce second film méconnu d Elio Petri sort pour la première fois en France dans une version superbement restaurée. L occasion de découvrir en salles un pur chef d œuvre existentialiste. L argument : A cinquante ans, Cesare Conversi a travaillé toute sa vie avec abnégation. Un jour, il voit mourir dans le tram un homme de son âge. Obsédé par l approche inexorable de la mort, il s arrête de travailler afin de profiter de la vie avant qu il ne soit trop tard Notre avis : Avant de se rendre célèbre à la fin des années 60 par une série de films engagés (Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon en 1970 et La classe ouvrière va au paradis en 1971 sont ses plus grands succès), le réalisateur Elio Petri fut à l origine de quelques très belles œuvres que nous redécouvrons petit à petit de nos jours. Parmi ces pépites oubliées, car non distribuées en France, se trouve ce second long-métrage d une incroyable maturité intitulé Les jours comptés (1962). Inspiré par l expérience de son père qui a passé sa vie à travailler et par son obsession personnelle de la mort, Elio Petri rédige un scénario passionnant (avec l aide de Tonino Guerra) mettant en scène la prise de conscience par un plombier de 53 ans de sa propre finitude. Un matin comme tous les autres, Cesare se rend à son travail par le tram et assiste à la mort d un passager exactement du même âge que lui. A partir de cet évènement qui sert de révélateur, l ouvrier se rend compte qu il est passé à côté de sa vie et décide de changer radicalement d existence. Il est toutefois difficile de s extraire d une aliénation d autant plus confortable que le monde entier vous force à rester dans ce que l on appelle «le droit chemin». Si le long-métrage de Petri s apparente au néo-réalisme par sa volonté de décrire avec le plus de rigueur possible le quotidien des gens du peuple, il s en détache également par sa portée philosophique et plus précisément son existentialisme. Marqué par le sceau inéluctable de la mort, Les jours comptés force le spectateur à épouser le point de vue morbide de son personnage principal et le confronte ainsi à sa propre disparition. Vanité que de se croire intouchable! Même le travail n est qu un simple divertissement (au sens pascalien du terme) pour éviter de réfléchir à sa propre mortalité. Même si le propos s affranchit de toute politisation excessive, il n en constitue pas moins une attaque directe contre le culte du productivisme alors très en vogue dans la société des Trente Glorieuses et du «miracle» économique italien. Clamant haut et fort un carpe diem qui annonce en filigrane les futures contestations de la fin des années 60, le réalisateur cherche avant tout à ausculter le malaise d un homme qui pressent sa mort prochaine et qui opère un retour sur lui-même finalement plus destructeur que salvateur. Avec un talent d observation incomparable et un sens du cadrage qui annoncent déjà ses œuvres majeures des années 70, Elio Petri signe une série de tableaux qui lui permettent de dresser un constat assez accablant d une société italienne rongée par les clivages sociaux. Lorsque Cesare déclare qu il souhaite enfin s ouvrir aux autres, toutes ses tentatives sont vouées à l échec et à l incompréhension. Même son retour sur les traces de son passé ne lui apporte aucun réconfort puisqu il poursuit des fantômes le renvoyant encore une fois à son éphémère passage sur terre. Ces sentiments contradictoires sont portés à leur point d incandescence par la prestation de Salvo Randone, magnifique monsieur-tout-le-monde qui devient le temps d un film un spectre errant à la rencontre de sa propre mort. Les derniers plans qui ferment cette marche funèbre vers une destination finale inéluctable bouclent le film de manière exemplaire. Petri nous rappelle ainsi que toutes nos tentatives de fuite en avant (en choisissant notamment d emprunter des chemins de traverse comme Cesare) n aboutissent qu au même résultat final. La mort.

Les jours comptés I Giorni contati A Rome, un plombier de 53 ans voit mourir un homme dans le tram. Réalisant que ses propres jours sont comptés, il décide d'arrêter de travailler. Pour vivre, enfin. Datant de 1962, ce chef-d'œuvre du néoréalisme italien est inexplicablement resté inédit en France. Le cinéaste Elio Pétri, futur auteur d'«enquête sur un citoyen audessus de tout soupçon» (1970) et de «La classe ouvrière va au paradis» (1971), s'inspire ici de la vie de son père, ouvrier chaudronnier brisé par son boulot. La réussite du film tient à la censure qui l'a obligé à déguiser ses thèses communistes sous un style existentiel en demiteinte. Du coup, l'errance du héros du Colisée aux plages d'ostie, hanté par sa mort et toujours hésitant devant les femmes, n'en est que plus mystérieuse, traitée dans un noir et blanc sensuel. - D. F.

Les Jours comptés d Elio Petri (i giorni contati) Italie 1962 1h39 Une panne. Celle que connaît brutalement Cesare, modeste plombier solitaire, lorsque dans un tramway romain il est le témoin de la mort soudaine d'un homme de son âge. Mais la machine n'est pas de celles qui se peuvent réparer : Cesare ne veut plus travailler, il laisse tout tomber, en informe son pote occupé nuitamment à peindre des passages pour piétons devant le Colisée, revêt son costume jusqu'alors réservé aux seuls dimanches, déambule et prend son temps. Il tente de renouer avec un amour d'antan, clope comme un malade, prodigue ses conseils à une nymphette délurée, bref entend désormais profiter de la vie comme jamais par le passé. Salvo Randone est Cesare, Elio Pétri le filme dans Rome comme à la même époque Michelangelo Antonioni filmait Monica Vitti, Alain Delon, Marcello Mastroianni, Jeanne Moreau, et les images en noir et blanc du grand Ennio Guarneri sont sublimes. «Les Jours comptés» («I Giorni contati») date de 1962, il n'était jamais sorti en France, c'est une page jusqu'alors oubliée du meilleur cinéma italien, et en cela déjà une révélation majeure. Pascal Mérigeau

Les Jours comptés réalisé par Elio Petri Rare cinéaste issu de la condition ouvrière, Elio Petri a d abord été scénariste pour Vittorio De Santis, avant d écrire Les Jours comptés. Jusqu ici inédit en France, ce deuxième long-métrage de Petri fut écrit avant L Assassin sorti en 1961 en Italie. À partir de l épisode de doute radical vécu par un plombier, le film traverse les différentes couches de la société italienne en s interrogeant sur les façons de chacun d organiser son temps et de gagner sa vie. Film-discours fortement engagé à gauche, Les Jours comptés ouvre la voie à la filmographie politique que Petri va construire jusqu à la fin des années 1970. «Il avait à peu près mon âge» : lorsque Cesare, plombier quinquagénaire, voit mourir un homme de crise cardiaque dans le tramway qui le ramène chez lui, c est pour lui une épiphanie. Ses jours jusqu à la mort sont comptés, il lui faut profiter de la vie avant qu elle ne se termine. Profiter du temps qu il reste signifie d emblée pour lui arrêter de travailler. De cette conclusion limpide découle pourtant un problème : comment se procurer suffisamment d argent pour mener une vie agréable? Commence alors le parcours de Cesare à travers la société dans le but de répondre à cette interrogation. «Comment vis-tu?», demandaient Edgar Morin et Jean Rouch aux Parisiens dans la rue en 1960 lors du tournage de Chronique d un été. Le projet est ici similaire : interroger la société italienne à travers la façon dont quelques-uns de ses citoyens «se débrouillent avec la vie», s accommodent des contraintes du travail et organisent leurs loisirs. Là où Chronique d un été choisissait le documentaire pour plonger dans la société, Petri organise, lui, sa réflexion dans une fiction didactique et engagée dans laquelle les échantillons sociaux à la rencontre desquels part Cesare constituent un portrait collectif de l Italie. À cinquante ans passés, Cesare ne veut plus soumettre son corps à la rude épreuve de son métier de plombier. Il questionne un voleur, sermonne la fille de sa logeuse qui se vend à de riches hommes âgés, il envisage un retour à la terre et à la vie paysanne dans laquelle il a grandi. Puis il décide, enfin, de participer à une arnaque à l assurance. Dans tous les cas, même s il ne s agit plus de travail au sens strict, il faut bien, pourtant, payer de son corps pour vivre. Film didactique, comme en fera plus tard en Allemagne Rainer Werner Fassbinder, Les Jours comptés se veut avant tout argumentatif. Sa structure articulée par la juxtaposition d illustrations de vies non dévolues au travail va bien dans le sens d une démonstration. Film métaphysique qui s interroge sur la mort, il ne tend jamais vers le mélodrame, mais plutôt vers la distanciation qui met en balance le destin personnel et les valeurs de la société. Dans ses entretiens filmés avec Claire Parnet, L Abécédaire (édité en DVD par les éditions Montparnasse), Gilles Deleuze parle du désir que «la société le lâche». C est cette même ambition que l on trouve chez Cesare, personnage qui décide brutalement de s auto-marginaliser. Dans son souhait de ne plus faire partie de la société, il devient un personnage théorique, relais du personnage à l écran. Le récit s inscrit dans un dispositif de visite guidée souvent prisé par les cinéastes italiens de l après-guerre. Comme Ingrid Bergman jouant une grande bourgeoise dans Europe 51 (Roberto Rossellini) qui décide, à la mort de son fils, de plonger dans le quotidien des petites gens, le trajet de Cesare est celui d un personnage qui, par la remise en question radicale des valeurs de la vie, bascule dans la folie. L histoire de Cesare, son angoisse de la mort, jouent en effet le rôle de prétexte pour effectuer une plongée anarchisante dans la société. S il est moins ouvertement engagé que les films suivants de son auteur, Les Jours comptés n en est pas moins un film politique. Elio Petri déplorait le fait que la censure empêchait le cinéma italien d après-guerre de parler de politique et le fait que les films d alors se déroulaient dans un contexte totalement vidé de ces considérations. Ainsi, parler de la répartition entre travail et temps libre, c est bien agiter la question politique sans en avoir l air. Cesare ne s intéresse pas seulement à la façon dont les Italiens gagnent leur vie, mais s interroge aussi sur les loisirs et aspirations de ses contemporains. Petri promène ainsi sa caméra dans les lieux de distraction, dans les dancings, à la plage ou à l aéroport. Si l on peut déplorer quelques symboles un peu appuyés, comme la signalisation urbaine qui indique à Cesare les choix qu il doit opérer dans son existence («Stop» lui intime un panneau, «Avanti», l enjoint un autre), les lieux ont bien sûr leur importance dans ce film. Questionner le sens de son existence à Rome, devant le Colisée ou le forum, confère immédiatement une dimension intemporelle et tragique aux événements. Si le film évite de susciter toute identification au personnage, et donc tout pathos, il est à prendre plutôt comme une tragédie. La volonté de distanciation du discours, chez Elio Petri, s accompagne d une certaine rudesse dans la forme. Notons que le scénario a été co-écrit par le cinéaste et par Tonino Guerra. Or, il semble que l esthétique d Antonioni pénètre le film à travers l influence de son scénariste. Le cadre, en particulier, très travaillé, vaut souvent pour métaphore (un peu appuyée parfois) des sentiments ou relations des personnages. Ainsi, les gros plans de Cesare et de son ancienne maîtresse, filmés bord-cadre au cinéma, ou encore les plans larges qui laissent une large part aux paysages désolés. Une trousse de plombier en fer blanc martelée sur le sol, un singe qui fonce vers la caméra en criant, un coup de canon : des bruits saturés interviennent brutalement dans une bande-son assez dépouillée, comme pour tirer le spectateur du déroulement tranquille de l histoire. Cet effet de distanciation s accompagne d un montage abrupt, qui interrompt les situations juste après leur commencement et saute sans crier gare d un lieu à un autre. L utilisation du jump-cut lors d une séquence d émeute s inscrit également dans une forme qui s énonce sans cesse pour mieux rappeler son ambition de confronter des éléments de réflexion sur son sujet. Résolument moderne, Les Jours comptés parvient à détourner la censure du cinéma italien et prend en charge un aspect de la société peu représenté à cette époque-là. Car si le travail est continuellement ausculté de nos jours, si bien sûr, il l avait également été auparavant, remettre en cause son fonctionnement et son pouvoir d aliénation avec un tel anarchisme au début des années 1960, quelques années après les efforts reconstruction d après-guerre, était plus que subversif. Raphaëlle Pireyre

Cesare Conversi, 50 ans, a travaillé toute sa vie comme plombier pour les riches des beaux quartiers aux pauvres de la banlieue romaine. Un jour, dans un tram, Cesare assiste à la mort d'un homme de son âge. Bouleversé, il décide de ne plus travailler et de vivre sa vie avant qu'il ne soit trop tard. Présenté dans une magnifique version restaurée par la cinémathèque de Bologne sous la supervision du chef opérateur Ennio Guarnieri et son beau noir et blanc de 1962, ce film d'elio Pétri (qui réalisera «Enquête sur un citoyen audessus de tout soupçon» en 1970 et en 1972 «La classe ouvrière va au paradis») n'était jamais sorti sur les écrans français. Superbement interprété par Salvo Randone en homme qui doute et affronte sa peur, «Les jours comptés» est un intense moment avec un être qui veut devancer son destin, monter sur la dernière marche de sa vie quand lui seul le décidera.

LE cinéma retrouvé I giorni contati Monsieur, on est arrivé Lorenzo Codelli Salvo Randone (à gauche) Sous le générique, au son des violons acérés d Ivan Vandor, les gravures de Lorenzo Vespignani 1, en négatif, passées aux rayons X, annoncent une capitale spectrale, post-atomique. Un tramway bondé, un squelette d homme débout qui ne pense à rien, ne ressent rien, avant que le contrôleur n insiste et demande le billet à un passager assoupi près de lui. Passé de l autre côté, cet homme assis n est plus avec les autres survivants. Le tram s arrête, tout le monde descend, notre héros ébahi se met lentement en marche. Un rayon de soleil fortissimo, banal et métaphysique à la fois, l entoure et l aveugle, le réveille de son somnambulisme habituel en le repoussant vers l arrière de la voiture. À l intérieur, pour cacher le cadavre, on pose un journal dont un article est cadré en gros plan : «Comment Pasolini concilie cinéma et littérature». Comment Elio Petri concilie «école du regard» et existentialisme : on vient de l admirer dans ce prologue saisissant où le crâne de Salvo Randone devient de plus en plus rugueux, ses orbites enfoncées, sa démarche grave. Un homme âgé quelconque, qui, se voyant arrivé à son terminus, décide de passer de sa fatigue ordinaire de plombier à la retraite anticipée, tentative naïve pour rallonger ses «jours comptés». «Le fait d exercer un métier en voie de disparition lui donne encore plus le sens de la mort», expliquait le réalisateur à Jean Gili (Elio Petri, Faculté des lettres et sciences humaines, Nice, 1974). Cesare/Randone va rencontrer son vieux copain Amilcare (le sublime Franco Sportelli, inoubliable pantin napolitain adoré par Eduardo De Filippo) qui chaque nuit, dans les rues, peint à la main d infinis passages cloutés, néants blancs sectionnant 80 Positif 615 Mai 2012

I giorni contati le noir néant. Il lui fait l éloge du ne rien faire, de l oisiveté, par rapport au travail imposé par l ordre social. C est depuis cette nuit passée à respirer l air pur que Cesare commence à retrouver son esprit ironique, sa culture autodidacte (au lit, il relit Les Misérables, édition d avant-guerre), son humanisme généreux, sa nostalgie du village natal, d une femme aimée autrefois. Ces vertus perdues le rendent si proche du réalisateur. «Vous ne devez pas comprendre, vous devez observer» : l ordre que donne le marchand d art (Vittorio Caprioli débordant de présomption maligne) à Cesare, en l amenant chez lui parmi ses tableaux «informels» (un loubard y bariole par terre des lignes blanches!), c est celui que Petri doit avoir donné à son extraordinaire double. Salvo Randone (choisi par le producteur Goffredo Lombardo pour ce rôle, puisque c était le moins cher du trio Totò-Randone-Gabin que lui avait proposé le réalisateur ; Paola Pegoraro Petri et Alberto Barbera (dir.), Lucidità inquieta. Il cinema di Elio Petri, Museo nazionale del cinema, Turin, 2007) est une icône très respectée du théâtre pirandellien et classique, également populaire à la télévision. Il est le lien entre les grands maîtres de la scène des années 30 et les plus jeunes, tel l ami mattatore Vittorio Gassman (qui joue Iago ou Othello en alternance avec Randone). Un an avant I giorni contati, Randone avait remporté le Masque d argent du meilleur second rôle pour son interprétation dans L Assassin de Petri. Il campe un enquêteur sournois et têtu qui accuse Marcello Mastroianni d un crime qu il n a pas commis ; en sous-maigret menaçant, il chasse sa proie tel un chat poilu. De là l osmose entre Randone et Petri qui va durer jusqu à La propriété c est plus le vol (1973). Dans I giorni contati, Randone est au centre du récit. Disons plutôt qu il s efface dans le coin gauche ou droit, en bas de l image, tant la caméra le cadre ou le poursuit, en plan très large, laissant à son profil griffu juste un bout de l espace. Même quand il grimace au beau milieu de la pérégrination (à la plage il contemple les mistons danser sur une chanson en vogue), il reste séparé par une ombre mentale de tout ce qui l entoure. À d autres moments, sa vision subjective gouverne la caméra que tient Ennio Guarnieri, en détournant l usage traditionnel des lumières ; ou dans un sous-bois, avec ses vieux copains, il s imagine en Lucifer de l au-delà, transportant dans un cercle dantesque des dizaines de touristes qui déjeunent sur l herbe. Revenu crevé à son boulot, tout seul dans un tramway, il crache les néons des vitrines, les titres de journaux, les échos de radio, les appels de prostituées, se croit astronaute et s endort, peut-être pour toujours. Petri sème ces trois moments «hors du temps compté» de doute ; il mesure ses effets sans jamais dérailler de la logique limitée de son Umberto D. Mortel, faible, peureux, antimatérialiste. L épisode horrifique du mazzolatore (le costaud qui casse les os pour exploiter l assurance) 2 inspiré par la férocité des croquis grotesques de Bruno Caruso autant que par la virulence de Vespignani souligne le refus de Cesare de désintégrer son identité, modeste mais juste. Voilà de la part de Petri une émouvante retenue expressive. C est son propre père que Randone personnifie, a avoué le réalisateur : il était chaudronnier. La plume fertile et encore verte de Tonino Guerra conçoit, ensemble avec Petri, les sujets intimistes, les atmosphères pulvérisées de ses deux premiers «romans ouverts». Tous les deux concernés par le sort du protagoniste, coupable ou innocent, Salvo Randone (à gauche) entre passé et présent, autant que par les surfaces extérieures de leur monde glissant vers le collapsus. Tonino Guerra, à la même époque, collabore à la célèbre trilogie de l aliénation dirigée par Michelangelo Antonioni : il serait intéressant de la revoir en y superposant le splendide diptyque petrien, presque oublié jusqu ici. Le musée du Cinéma de Turin, vingt-cinq ans après la disparition du cinéaste, a fiché ses archives personnelles (conservées par sa veuve Paola) et a commencé à restaurer ses films en collaboration avec le laboratoire Immagine Ritrovata de Bologne. Ceux qui ont redécouverts à Cannes Classics ou à Lyon Lumière les brillants chiaroscuro de L Assassin et des Giorni contati ne peuvent oublier, comme moi, les débats qu ils avaient déclenché dans certains ciné-clubs il y a mille ans. Prolo, le plombier pétrien ; ou intello refoulé «pas sympathique», selon Alberto Moravia? «Néoréaliste» ou «vériste», le style, avec un zeste de commedia all italiana? Sans espoir ni rédemption est l épilogue : ce tram qui s enfonce dans un trou si obscur! n 1. Peintre réaliste parmi les grands du siècle dernier, très lié à Petri. 2. Cesare Zavattini et Vittorio De Sica accouchent en 1963 de Boom, où Alberto Sordi vend un œil pour du pognon. Le thème pétrien de la révolte contre le travail sera repris par Tinto Brass, Marco Ferreri, Marco Bellocchio, Carlo Lizzani I giorni contati (Les Jours comptés) Italie (1962). 1 h 38. Réal. : Elio Petri. Scén. : Elio Petri, Carlo Romano, Tonino Guerra, d après un sujet d Elio Petri et Tonino Guerra. Dir. photo. : Ennio Guarnieri. Déc. : Giovanni Checchi. Cost. : Graziella Urbinati. Son : Enzo Silvestri. Mont. : Ruggero Mastroianni. Mus. : Ivan Vandor. Prod. : Goffredo Lombardo. Cie de prod. : Titanus, Metro. Dist. fr. : Tamasa Distribution. Int. : Salvo Randone (Cesare Conversi), Franco Sportelli (Amilcare), Regina Bianchi (Giulia), Vittorio Caprioli (le marchand d art), Paolo Ferrari (Vinicio), Angela Minervini (Graziella), Lando Buzzanca (le fils de Cesare), Marcella Valeri, Renato Maddalena. 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