aptitudes fondamentales, lesquelles traversent à la fois les domaines d apprentissage et l ensemble de la scolarité» (p. 6). Catégoriser permet de



Documents pareils
LIVRET DE SUIVI DE SCOLARITE EN SEGPA RELEVE DE COMPETENCES

Cahier des charges pour le tutorat d un professeur du second degré

Organisation des enseignements au semestre 7

Disparités entre les cantons dans tous les domaines examinés

SOCLE COMMUN: LA CULTURE SCIENTIFIQUE ET TECHNOLOGIQUE. alain salvadori IA IPR Sciences de la vie et de la Terre ALAIN SALVADORI IA-IPR SVT

Rapport annuel sur «l école bouge» année scolaire 2012/13

Normes de référence. Comparaison. Commande cognitive Sentiments épistémiques Incarnés dépendants de l activité

FORMATIONS D'INITIATIVE DEPARTEMENTALE. hors R3

L ACCOMPAGNEMENT PERSONNALISE AU LYCEE PICASSO DE PERPIGNAN (Document de travail)

Entraînement, consolidation, structuration... Que mettre derrière ces expressions?

UE5 Mise en situation professionnelle M1 et M2. Note de cadrage Master MEEF enseignement Mention second degré

DécliCC. savoir. cahier des charges

Aider les élèves qui en ont le plus besoin. Animation pédagogique 17 septembre 2008

Loi sur l enseignement privé (version en vigueur jusqu'au 31 décembre 2014)

I. LE CAS CHOISI PROBLEMATIQUE

GDR des CPE sous la direction de Nathalie Szoc LIVRET DE FORMATION ET DE COMPETENCE CPE

Les «devoirs à la maison», une question au cœur des pratiques pédagogiques

exigences des standards ISO 9001: 2008 OHSAS 18001:2007 et sa mise en place dans une entreprise de la catégorie des petites et moyennes entreprises.

Les agences de publicité et de communication et agences média leaders en Suisse font preuve d optimisme dans un avenir exigeant.

Présentation du programme Éthique et culture religieuse. Par Diane Leblanc et Estelle Mercier Conseillères pédagogiques

Exemples d objectifs à atteindre pour un PPRE

SCIENCES ET TECHNOLOGIES DE LA GESTION S.T.G.

2'223 4'257 (2'734 Équivalent temps plein ETP) 1'935 4'514 (3'210 ETP) 37' Compris dans l'enseignement obligatoire Enseignement spécialisé

Chapitre 3 Le modèle genevois d organisation du travail de maturité

Guide du/de la candidat/e pour l élaboration du dossier ciblé

CHARTE DES PROGRAMMES

UN EXEMPLE D EVALUATION DISCIPLINAIRE : EN ECONOMIE-GESTION (Droit)

Domaine Santé. Plan d études cadre Modules complémentaires santé. HES-SO, les 5 et 6 mai PEC Modules complémentaires santé

L Assemblée fédérale de la Confédération suisse, vu le message du Conseil fédéral du 15 avril arrête:

REGLEMENT DES ETUDES

Public cible Professionnel-le-s des domaines du social, de la santé, des sciences humaines.

ELABORER UN PROJET D ACCOMPAGNEMENT EDUCATIF

ACTIVITES PROFESSIONNELLES DE FORMATION : BACHELIER EN MARKETING

LE PLAISIR D APPRENDRE POUR APPRENDRE

VI- Exemples de fiches pédagogiques en 3 ème année primaires

REFERENTIEL PROFESSIONNEL DU DIPLÔME D ETAT D INGENIERIE SOCIALE (DEIS) Contexte de l intervention

Directive 05_04 Prise en compte des études déjà effectuées

UNE EXPERIENCE, EN COURS PREPARATOIRE, POUR FAIRE ORGANISER DE L INFORMATION EN TABLEAU

Les métiers de l enseignement

Sur la méthodologique et l organisation du travail. Difficultés d ordre méthodologique et d organisation

LA LICENCE D ENSEIGNEMENT (LE)

L école, tout un programme Énoncé de politique éducative

Les relations réciproques Ecole Familles en grandes difficultés

ELEMENTS DE BUREAUTIQUE

ACCRÉDITATION DES CENTRES PRIVÉS ET DES PROGRAMMES DE FORMATION PROFESSIONNELLE EN HAÏTI. Formulaire de demande d une autorisation de fonctionnement

Secrétariat général de la cshep, Thunstr. 43a, 3005 Berne, tél.: , fax:

Syllabus du cours de musique. Maternelle. enseigné par Joël Chiasson

Nations Unies. Compétences. pour. l avenir

Session d accompagnement de la rénovation du BTSA GEMEAU Bordeaux, mai Atelier n 4. Formation en milieu professionnel EPREUVE E7- SPV/SPS

L'EPS à l'école primaire aucune modification des programmes

FORMATION CONTINUE SUR L UTILISATION D EXCEL DANS L ENSEIGNEMENT Expérience de l E.N.S de Tétouan (Maroc)

Expert-e en finance et controlling Diplôme fédéral

10 REPÈRES «PLUS DE MAÎTRES QUE DE CLASSES» JUIN 2013 POUR LA MISE EN ŒUVRE DU DISPOSITIF

Savoirs professionnels en classe de lecture littéraire à l école

l ensemble des ayants droit en situation monoparentale avec enfant(s) de moins de 6 ans.

Une discipline scolaire

LA GESTION DES RESSOURCES HUMAINES Anne DIETRICH Frédérique PIGEYRE 2005, repères, La découverte

NOM : Prénom : Date de naissance : Ecole : CM2 Palier 2

Devenez expert en éducation. Une formation d excellence avec le master Métiers de l Enseignement, de l Education et de la Formation

Vu les décisions HES-SO (COSTRA, Protocole du 3 février 2011) Les Hautes Ecoles ci-après : Haute Ecole Vaudoise de la Santé

Nettoyeur en bâtiment/nettoyeuse en bâtiment. Règlement d apprentissage et d examen de fin d apprentissage

S entraîner au calcul mental

INDUSTRIE ELECTRICIEN INSTALLATEUR MONTEUR ELECTRICIENNE INSTALLATRICE MONTEUSE SECTEUR : 2. Projet : Ecole Compétences -Entreprise

INITIATIVE FRANCOPHONE POUR LA FORMATION A DISTANCE DES MAÎTRES (IFADEM) APPELS À PROJETS DE RECHERCHE 2014

ECRITECH 3 NICE / AVRIL 2012 ARTS PLASTIQUES & HISTOIRE DES ARTS TABLETTES NUMÉRIQUES & PÉDAGOGIE(S)

Cohésion d Equipe - Team Building

ACCÈS AUX RESSOURCES NUMÉRIQUES

DISTINGUER LE TRAVAIL RÉMUNÉRÉ DU TRAVAIL NON RÉMUNÉRÉ

Normes de mise en œuvre des programmes et applications concrètes. En vigueur à compter du 1 er janvier 2014

RÉSULTAT DISCIPLINAIRE RÈGLE DE RÉUSSITE DISCIPLINAIRE Programme de formation de l école québécoise Secondaire - 1 er cycle

LE RENOUVEAU PÉDAGOGIQUE

Culture scientifique et technologique

Plan d études romand (PER) Aperçu des contenus

INTRANET: Pédagogie générale

Plan de formation 2nd degré CREER, INNOVER

Décret définissant la formation initiale des instituteurs et des régents D M.B

PATISSERIE : NIVEAU DE MAITRISE

Des compétences numériques à la littératie numérique

AVANT-PROJET DE LOI SUR L ENSEIGNEMENT OBLIGATOIRE

Complémentaire Santé. Assurance Santé, Prévoyance, Retraite : risques perçus, risques assurés

PROGRAMME DE CRÉATION ET INNOVATION TECHNOLOGIQUES EN CLASSE DE SECONDE GÉNÉRALE ET TECHNOLOGIQUE Enseignement d exploration

Table des matières. Monde contemporain

MINISTERE DE LA COMMUNAUTE FRANCAISE ADMINISTRATION GENERALE DE L ENSEIGNEMENT ET DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE

Les assurances et les congés

Master Former aux métiers de l enseignement et de la formation

Programme de la formation. Écrit : 72hdepréparation aux épreuves d admissibilité au CRPE

INFORMATIQUE : LOGICIELS TABLEUR ET GESTIONNAIRE DE BASES DE DONNEES

Formulaire de candidature Bachelor Soins Infirmiers Sion

ENSEIGNEMENT DES SCIENCES ET DE LA TECHNOLOGIE A L ECOLE PRIMAIRE : QUELLE DEMARCHE?

REDACTION DES RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES EN LICENCE ET MASTER INFORMATION-COMMUNICATION

Fondation JAE Une expertise reconnue

3 Les premiers résultats des plans d'actions

LES CARTES À POINTS : POUR UNE MEILLEURE PERCEPTION

MASTER MEEF ECONOMIE GESTION. Présentation

ECOLE SAINTE ANNE PROJET PEDAGOGIQUE ECOLE PRIMAIRE CATHOLIQUE HORS CONTRAT

Article II. ORGANISATION DES INSCRIPTIONS

REFERENTIEL PROFESSIONNEL DES ASSISTANTS DE SERVICE SOCIAL

Comment planifier mon enseignement?

ANNEXE I RÉFÉRENTIELS DU DIPLÔME. Mention complémentaire Maintenance des systèmes embarqués de l automobile 5

Sciences de Gestion Spécialité : SYSTÈMES D INFORMATION DE GESTION

Transcription:

Introduction Enseigner c est «faire apprendre une science, un art, une discipline à quelqu un, à un groupe, le lui expliquer en lui donnant des cours, des leçons» ( Enseigner, s.d.). Apprendre, toujours selon la définition du Larousse, c est «acquérir par l étude, par la pratique, par l expérience une connaissance, un savoir-faire, quelque chose d utile» ( Apprendre, s.d.). Ces deux actions, au cœur du travail de l enseignant, sont à l origine de cette étude. Comment enseigner pour que les élèves apprennnent, sachant que dès les premières années de la scolarité obligatoire, certains enfants rencontrent des difficultés d apprentissage? Ces inégalités face aux acquisitions scolaires sont souvent liées aux différentes manières de faire et d apprendre de chacun (Caffieaux, 2011). Le rapport à l école, au savoir, aux apprentissages diffère d un enfant à l autre, d une famille à l autre. On sait que les pratiques enseignantes peuvent influencer le fonctionnement des élèves dans leurs apprentissages et favoriser ou pas leur développement : l inégalité scolaire n est pas une fatalité socioculturelle (Bautier, 2006 ; Caffieaux,

2011 ; Cèbe, 2001). Ainsi, les pratiques enseignantes devraient être en mesure d aider les élèves dans leurs apprentissages et non de rendre ces apprentissages plus difficiles. Enseigner demande donc de faire des choix pédagogiques et didactiques ainsi que d interroger ses pratiques en regard des progressions des élèves. Dans cette recherche, c est à travers la catégorisation que les pratiques enseignantes et les apprentissages des élèves seront interrogés. Catégoriser et conceptualiser les objets du monde est un processus universel qui permet de s adapter à notre environnement. Dans un souci de développer des compétences catégorielles et des procédures efficaces chez les élèves, je me suis intéressée à l enseignement de la catégorisation dans une classe de deuxième année primaire Harmos (2P) en Suisse. Le Plan d études romand (ci-après PER ; CIIP, 2010), document de référence commun à l ensemble des cantons de Suisse romande, ne traite pas explicitement de la catégorisation. En revanche, dans la plupart des domaines disciplinaires, des tâches de catégorisation sont requises : par exemple en langues (comparaison des informations données par l image et par le texte, construction de l ordre chronologique d une histoire, trier des ouvrages, identifier des livres ), en mathématiques (classement d objets, identifier, trier et organiser des informations, comparer des collections ) ainsi qu en sciences humaines (catégorisation des éléments, classement, distinction d étapes de la vie ). Dans le domaine disciplinaire «Mathématiques et Sciences de la nature», sous commentaires généraux, il est indiqué : Face aux évolutions toujours plus rapides du monde, il est nécessaire de développer chez tous les élèves une pensée conceptuelle, cohérente, logique et structurée, d acquérir souplesse d esprit et capacité de concevoir permettant d agir selon des choix réfléchis. Dans le même ordre d idées, il est également important de permettre aux élèves de contextualiser l utilisation des nombres, élé- 20

ments essentiels dans la communication d informations et de données, ainsi que de structurer l espace par l utilisation de repères universels. Par un questionnement sur le monde qui les entoure, on favorise chez eux une prise de conscience des conséquences de leurs actions sur leur environnement. L approche ludique dans la résolution de problèmes logiques et de stratégies leur offre une manière de s ouvrir à des situations avec confiance et réflexion. (CIIP, 2010, p. 7) Il est ainsi recommandé de permettre aux élèves de développer une pensée conceptuelle, une prise de conscience de leurs actes et d acquérir de la flexibilité. En d autres termes, il s agit de favoriser la métacognition, l autorégulation et l autonomie. Dans la brochure de présentation générale du PER «Organisation du Plan d études romand», sous le titre «compétences transversales», les auteurs relèvent l importance de ces dernières en tant qu elles participent aux apprentissages : En tant qu intentions de formation, les capacités transversales peuvent trouver différentes formes d expression dans la formulation du plan d études, sans être perçues comme des objets d apprentissage en soi. [...] Ce faisant, elles constituent un appui à l apprentissage de notions plus complexes. Intégrées à tous les domaines d enseignement, elles sont clairement reconnues comme relevant de la responsabilité de l ensemble du milieu scolaire. (CIIP, 2010, p. 35) Les instructions officielles demandent aux enseignants de travailler à la construction de ces compétences dites «transversales» dès le premier cycle de l école dans le cadre de situations contextualisées. Les élèves seront ainsi amenés à construire des concepts fondamentaux impliqués dans un grand nombre de tâches scolaires. Les compétences transversales sont définies dans le PER comme permettant à l élève d améliorer sa connaissance de lui-même ainsi que d optimiser et réguler ses apprentissages. Elles définissent «les contours des diverses 21

aptitudes fondamentales, lesquelles traversent à la fois les domaines d apprentissage et l ensemble de la scolarité» (p. 6). Catégoriser permet de faire face aux diverses situations de la vie quotidienne et favorise l apprentissage. C est une conduite adaptative fondamentale qui permet à l intelligence humaine de réduire la complexité du monde qui l entoure en l organisant, en mettant de l ordre dans ses connaissances et en les subdivisant en catégories. La catégorisation joue donc un rôle fondamental dans l apprentissage car elle est impliquée dans de nombreuses activités cognitives, des plus simples aux plus complexes : identifier, déduire, désigner, représenter, abstraire des relations, mémoriser, rappeler, apprendre. Savoir catégoriser permet alors de réussir un grand nombre de tâches scolaires et de situations de la vie quotidienne (Cèbe, Paour & Goigoux, 2004). Dans la brochure de présentation générale du PER, il est précisé : «les capacités transversales ne sont pas enseignées pour elles-mêmes, mais se mobilisent au travers de nombreuses situations contextualisées leur permettant de se développer et d étendre progressivement leur champ d application» (CIIP, 2010, p. 35). Il est bien demandé aux enseignants de favoriser le développement de ces compétences transversales mais, de même que le constatent Cèbe et al., (2004) pour la France, aucun texte officiel ne statue sur les pratiques d enseignement ou les méthodes pédagogiques capables de les faire apprendre. Le PER précise que l enseignant dispose d une certaine liberté quant aux moyens d enseignements qu il désire exploiter : «Le choix des moyens d enseignement et la responsabilité pédagogique des enseignants dans leur classe laissent toutefois une marge de manœuvre qui reste conforme à l harmonisation voulue par le peuple et les cantons suisses» (CIIP, 2010, p. 1). Compte tenu de la liberté laissée à l enseignant quant aux moyens utilisés et les directives concernant le développement de capacités transversales, j ai choisi de travailler la catégorisation dans une classe de deuxième enfantine à l aide de l outil Des procédures aux concepts, catégoriser des catégories (ciaprès Catégoriser des catégories). 22

La catégorisation est une compétence requise dès l entrée à l école et tout au long de la scolarité. Catégoriser est au cœur non seulement des processus d apprentissage mais aussi de nombreuses situations de la vie quotidienne. Bien que requise dans toutes les disciplines scolaires, la catégorisation fait partie, selon une formule de Bernardin (2001) des «impensés du quotidien scolaire» (p. 91), car cette compétence n est jamais enseignée en tant que telle. Omniprésente dans le prescrit, usitée mais jamais enseignée, c est le développement de la catégorisation en classe de deuxième enfantine qui fait l objet de cette étude. Tout d abord du point de vue de l enseignement, il s agira d identifier les gestes professionnels requis pour enseigner la catégorisation à l aide d un outil adapté. Puis, du point de vue des apprentissages, il s agira de mesurer l impact des activités proposées sur le développement de la catégorisation chez des enfants de 5-6 ans. 23