Vendée Civisme - Commémorations JOURNÉE DE COMMÉMORATION DES MORTS EN AFN * 5 DÉCEMBRE Ressources encadrant 1/ Contexte La sécession d un département français En 1954, la France est au cœur d un vaste mouvement de décolonisation. L Indochine est perdue, l Algérie négocie une indépendance ainsi que la Tunisie et le Maroc. L Algérie rassemble trois départements français (Oran, Alger et Constantine) et une administration implantée depuis plus d un siècle. Dès le début de l insurrection, des algériens fidèles à la France créent des harkas. Ce sont des petits groupes paramilitaires d autodéfense. Ses membres s appellent des harkis. Timbre émis pour commémorer le 20 e anniversaire de la Révolution 1954-1974. Source : Algérie philatélie. Des disparités qui divisent En 1954, l Algérie compte dix millions d habitants, neuf millions d origine nord-africaine et un million d origine européenne. Il existe de grosses disparités entre eux comme l existence de deux collèges électoraux n ayant pas le même poids. De même, les meilleures terres appartiennent souvent aux Européens. Pour Albert Camus né à Alger : l Algérie n est pas «peuplée d un million de colons à cravache et à cigare, montés sur Cadillac». Les Français d Algérie sont à 80% des salariés et commerçants. 2% d entre eux cultivent 25% de la surface agricole, en particulier les vignes de l appelation Sidi- Brahim. L Algérie 1830-1930 Dormoy Henry 1930 (?), Paris Musée national de la Marine/A.Fux/ DR Un parti indépendantiste : le Front de Libération Nationale Sur cette photo, les 6 personnes à l origine du mouvement indépendantiste posent avant l insurrection du 1 er novembre 1954. L Armée de Libération Nationale sera son bras armé. Des Français de métropole soutiendront ce mouvement. 121 personnalités françaises écrivent le «manifeste des 121» demandant l autogestion de l Algérie. Jean-Paul Sartre, Françoise Sagan ou Simone Signoret en seront signataires. Six chefs du FLN avant le déclenchement de la «Revolution du 1er novembre 1954». Source : Ministère Algérien des Moudjahidine *AFN : Afrique Française du Nord
2/ Les faits 1954-1957 Contenir l insurrection Après la «Toussaint Rouge», trois années de guérillas vont se mettre en place. L ALN (Armée de Libération Nationale) a l initiative. En face, l Armée française n a que 50 000 hommes à opposer à des unités locales qui atteignent 90 000 hommes à leur apogée. Deux solutions sont alors mises en place : le recrutement d auxiliaires locaux, dont les harkis et le rappel du contingent. Les évènements d Algérie, à la différence de la guerre d Indochine, emploieront des combattants appelés. Avec les rotations, près de 1 300 000 jeunes effectueront leur service militaire en Algérie. Ces trois années sont marquées par l expédition de Suez en 1956 afin de contrer le Colonel Nasser soupçonné d aider le FLN, puis par le détournement d un avion transportant cinq hauts-dirigeants du FLN par l Armée de l Air. Soldats de la guerre d Algérie en 1958 source :Wikimedia 1957-1958 Verrouiller l Algérie et Alger La régularité des attentats contre les Européens ou pro-européens, la structuration des réseaux terroristes, les connivences de ceux-ci avec l étranger poussent le gouvernement français à employer la manière forte. Les soldats de la 10ème division parachutiste envahissent la Kasbah dès janvier 1957. Cette citadelle est un véritable maquis urbain. Les méthodes policières utilisées par les militaires lors de cette opération ouvrent le champ aux accusations de tortures. Celles-ci sont justifiées par leurs auteurs par la course aux arrestations des membres du FLN commettant des attentats de riposte. Les attentats feront 314 victimes civiles et un millier de membres du FLN sont arrêtés ou tués. Le réseau FLN d Alger n existera plus avant 1962. De plus, l Algérie est complètement ceinturée, la plupart du temps par des réseaux de clôtures électrifiées ou des champs de mines. Le but est de rendre étanches les frontières à toutes intelligences avec le FLN. Les armes, munitions, hommes et fonds financiers passeront plus difficilement. Surveillance de la ligne Morice par des soldats français à Souk Ahras Source : Wikipedia 1959-1961 Le plan Challe La IV e République s effondre en grande partie à cause des évènements d Algérie. Le Général de Gaulle arrive au pouvoir avec deux plans : le plan de Constantine, plan d investissement économique et le plan Challe, plan militaire de reprise en main du territoire. Le Général Challe, qui donne son nom au plan, dispose de 475 000 hommes et adopte de nouvelles techniques assez proches de celles de l Armée de Libération Nationale (ALN). Les soldats sont regroupés en petites unités. Dès que des unités ALN sont détectées, les commandos sont alors héliportés sur la zone. Si jusqu ici, l Armée française travaillait sur un maillage du territoire, désormais l effort se porte zone par zone. En 1961, les effectifs de l ALN ont été divisés par deux par rapport à 1959. Il ne reste que 25 000 combattants désorganisés, sans ravitaillement, dispersés et contraints de se cacher. Février 1959 : le Plan Challe. Héliportage de la 5e Compagnie de la DBFM. Yves-Guy BERGES 18 mars 1962 Les accords d Évian Les violences se multiplient : attentats de l OAS (Organisation de l Armée Secrète) qui défend la présence française en Algérie, putsh échoué de certains généraux français... Les représentants français et algériens se rencontrent pour négocier un apaisement. Ils conviennent d un cessez-le-feu. Ces accords mettent fin officiellement à la guerre et permettent à l Algérie d organiser un referendum d autodétermination.
3/ Des Vendéens en Algérie Michel Leboeuf TREIZE SEPTIERS Appelé pour son service militaire en Allemagne en 1957, Michel Leboeuf arrive en Algérie quatre mois plus tard avec le grade de Caporal dans la région d Oran. Il commande rapidement une section de 33 hommes. Son unité est héliportée régulièrement au contact de l ALN. Sa section de combat subit de nombreux accrochages mortels au cours d opérations de ratissage ou d observation. Ces opérations se font souvent de nuit avec pour seule nourriture les boites de rations de combat. Michel Leboeuf Source : Michel Leboeuf Après 24 mois en Algérie, Michel Leboeuf rentre en métropole fier d avoir accompli son devoir de Français dans le respect des populations locales. À la fin de ses obligations militaires, il deviendra entrepreneur dans le bâtiment et maire de sa commune pendant 25 ans. Armand FORT SIGOURNAIS Armand Fort fait partie de ces rappelés du contingent, ceux qui après 18 mois de service militaire sont de nouveau désignés. Revenu à la vie civile depuis plus de deux années, un certain nombre d entre eux étaient déjà mariés et pères de famille quand il a fallu reprendre l uniforme ce qui a parfois provoqué de douloureuses séparations familiales. Armand Fort est affecté le 27 mai 1956 au 2 e Régiment d Infanterie dans la région de Palestro. Son unité militaire a eu pour mission d assurer la sécurité de la centrale électrique d Illiten dans le djebel Djurtura, massif montagneux de Grande Kabylie, pendant plus de 6 mois. Plusieurs fois tombés en embuscade, lui et ses camarades ont eu la chance de retrouver leurs familles à la fin de l année 1956. Armand Fort Source : Armand Fort Dan CORDIER CHATEAU-D OLONNE Engagé volontaire pendant la guerre d Indochine, Dan Cordier arrive en Algérie en 1962. Il est alors sous-officier de l arme du TRAIN, l arme du transport. Une de ses premières responsabilités sera de tenir un point de contrôle routier à Sétif. Plusieurs fois attaqué lors de convois routiers ou lors d opérations de «ratissage» de l ALN, il a vécu la fin de cette guerre d Algérie. Dan Cordier vient de publier ses mémoires à propos de ses 30 ans passés sous l uniforme. Il a terminé sa carrière comme officier supérieur pendant la guerre du Golfe en 1990-91.
4/ Conséquences Le tampon du FLN Auteur : Inconnu Source : Wikipedia Des pertes humaines difficilement quantifiables L Armée française communique sur 25 000 militaires tués pendant les opérations dont quasiment 16 000 au combat. Pour les Indépendantistes, aucune source historique fiable n existe, les historiens s accordent sur 200 000 tués dont 50 000 entre différentes mouvances indépendantistes. Après 1962, entre 60 000 et 80 000 harkis seront massacrés. Enfin la population civile reste la cible des méthodes terroristes. 50 000 civils algériens et 2 800 civils européens ont été tués. Un bilan moral complexe Cette «guerre sans nom» appelée longtemps pudiquement «évènements d Algérie» a divisé le camp français comme le camp algérien. Les extrêmes tensions entre les belligérants ont apporté des actes cruels comme les très nombreux attentats, la torture et des actes de guerre non conventionnels. Plus de 50 ans après les accords d Evian, la France et l Algérie continuent leur travail de mémoire, lent et difficile. «La valise ou le cercueil» Les accords d Evian laissent la voie à une autodétermination de l Algérie. De fait, les européens et pro-européens ne sont plus les bienvenus. Certains vont rester par choix, par nécessité ou par obligation. Pour beaucoup de colons, plus rien ne les attendaient en France car ils étaient présents en Algérie depuis plusieurs générations. En 1963, ils seront encore 200 000, ils sont encore quelques milliers de nos jours. L autre problème est celui des harkis, la France s est engagée à ne pas intervenir dans les heurts intra-communautaires après l indépendance. La plupart d entre eux ne possède pas le statut de militaire, ni la nationalité française, ils seront donc rendus à la vie civile avec une prime de licenciement. Seuls 100 000 d entre eux rentreront en France. Bulletin «OUI» du référendum d autodétermination de l Algérie. 1 Juillet 1962 Source : Imprimé administratif Auteur : Imprimerie Nationale Pour les rapatriés qui ont choisi la valise, ils ont dû quitter leurs racines dans la précipitation, souvent en quelques heures. En quelques mois, plusieurs centaines de milliers de personnes sont évacuées. Pour les Européens, souvent appelés «pieds-noirs», une intégration difficile les attend, la population de l hexagone veut oublier cette guerre. Pour les harkis, les sinistres camps de transit et l incompréhension de la population française les hanteront. Synthèse Conflit de décolonisation d une colonie mais aussi de trois départements. L indépendance est menée par le Front de Libération Nationale (FLN) et son bras armé l Armée de Libération Nationale (ALN). Il s agit d un conflit mêlant guérilla et répression mais aussi de grandes opérations militaires comme le plan Challe. La communauté internationale (surtout les Américains et les Soviétiques) somme la France de mettre fin à ce conflit qui se solde par un referendum d auto-détermination menant à l indépendance de l Algérie. Ce sont essentiellement des appelés du contingent qui ont combattu en Algérie et, par conséquence, majoritairement des soldats non-professionnels.
Pour aller plus loin LOI no 2012-1361 du 6 décembre 2012 relative à la reconnaissance du 19 mars comme journée nationale du souvenir et de recueillement à la mémoire des victimes civiles et militaires de la guerre d Algérie et des combats en Tunisie et au Maroc (1) : http://www.legifrance.gouv.fr/jopdf/common/jo_pdf. jsp?numjo=0&datejo=20121207&numtexte=2&pagedebut=19161&pagefin=19161 La guerre d Algérie (1954-1962). Larousse : http://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/guerre_d_alg%c3%a9rie/104808