Route du Stade 03 360 URCAY Tél : 04 70 06 97 87 Télécopieur : 04 70 06 92 81 Site : restauration-tableaux.com Courriel : auvity.atelier@akeonet.com SIRET 338 715 873 00034 338 715 873 RM 03 APE 9003A Agrément Monuments Historiques Habilitation Musées de France Grand Prix Départemental et Régional des Métiers d Art Prix V.M.F. Restauration du Patrimoine Prix ALLEN 2003 Label Entreprise du Patrimoine Vivant RAPPORT DE CONSERVATION-RESTAURATION ASSOMPTION DE LA VIERGE HUILE SUR TOILE COMMUNE DE LARCHE CORREZE 19 600 Mai 2012
1. Fiche d'identité Identification du sujet Assomption de la Vierge Technique Huile sur toile Auteur Anonyme Datation Seconde moitié du XIXe siècle Dimensions Hauteur : 201 cm ; Largeur : 130,5 cm. Propriétaire Commune de Larche (19 600). Situation Eglise paroissiale de Larche. L'œuvre a été retrouvée dans l'ancien presbytère de l'église paroissiale avant d'être entreposée dans la salle des archives de l'hôtel de Ville de Larche. Maître d'ouvrage Municipalité de Larche. Vérification Madame la Conservateur des Objets et Antiquités d'art, de la Corrèze, Catherine Combrouze- Lafaye.
2. Etude technique et état de conservation de l'œuvre peinte et de son cadre 2.1. L'œuvre peinte 2.1.1. Le support Le support est constitué d'une toile de lin à armure unie droite, à fil très fin et à tissage plutôt lâche. En dépit d'un très fort encrassement et de déjections aviaires en nombre sur toute la surface du revers du support, il est à signaler que l'état général de ce dernier est plutôt satisfaisant puisqu'il ne présente pas d'affaissement ou de déformations importantes. En effet, il n'est par ailleurs observé ni déchirure ni lacune de toile, à l'exception d'une petite rupture de fils au niveau de l'angle inférieur dextre d'environ 4 cm de longueur, à laquelle s'ajoutent quelques lacunes liées à des trous de semence en partie basse de l'oeuvre. Toutefois, il est à noter que le support en partie supérieure est partiellement maintenu au châssis par un enclouage en façade. Ce mode de fixation très intrusif trouve son origine dans la volonté d'adapter le tableau au cadre, c'est-à-dire que le support fut fixé sur un châssis trop grand pour lui, empêchant de fait le rabat des bords de tension sur les chants du châssis au profit d'une fixation par la face. Il a été mesuré une différence de 6 cm entre la dimension de la toile et celle du châssis. Egalement, il est à mentionné la présence en partie basse de l'œuvre, entre le châssis et la toile, de nombreux scrupules de dimensions variables. Cette accumulations de gravats a entraîné des déformations assez conséquentes de la toile, avec un déclouage partiel de cette dernière de son châssis. Des scrupules sont également observables sur le montant latéral dextre de l'œuvre : ceci est expliqué par le fait que durant une longue période, l'œuvre fut suspendue non pas dans la sens de la hauteur, sens normal pour la vision de la représentation, mais dans le sens latéral. Un crochet de suspension est d'ailleurs visible sur le montant opposé du cadre. Il est également à noter que les déjections aviaires se sont accumulées pendant le positionnement latéral de l'œuvre, comme on peut s'en rendre compte par le sens d'écoulement de celles-ci. De fait, il résulte de ces dégradations un défaut de tension de la toile qui, à terme, sera préjudiciable à la bonne conservation de l'œuvre. Par ailleurs, il est observé au revers de l'œuvre des taches d'humidité créant des zones comportant des auréoles de taille diverse. Enfin, aucune inscription n'a été observé au revers de la toile.
2.1.2. Préparation et couche picturale La préparation est de couleur blanche ; elle fut appliquée de manière très lisse et en une couche très fine. Il en est de même pour la couche picturale qui s'assied sur la préparation ; par le fait, la trame de la toile transparaît à travers l'ensemble préparation / couche colorée. Des lacunes de préparation et de couche colorée sont visibles, les plus importantes étant les suivantes : en partie médiane de l'œuvre au niveau des vêtements des anges entourant la Vierge. Ces lacunes ont une direction horizontale et elles peuvent être mise en relation avec la concentration de déjections aviaires visibles au revers de l'œuvre -rappelons que les déjections présentent une forte acidité qui peut avoir altéré l'encollage de la préparation. La surface endommagée est d'environ 12 cm 2 ; au niveau de l'angle inférieur dextre, conséquence de l'accumulation de scrupules et de la déformation du subjectile. au niveau de l'angle inférieur senestre, de nombreuses lacunes horizontales sont observées sur une longueur d'environ 12 cm sur 1 cm de largeur. Il est également à signaler de très nombreuses lacunes ponctuelles de matières colorées, de très petites dimensions, qui sont réparties sur l'ensemble de la surface de l'œuvre. Par ailleurs, des déjections, coulures et projection de nature diverses maculent la surface de la couche colorée. Egalement, une bande de peinture de couleur noire, appliquée à même la toile, sur toute la longueur du bord de tension inférieur, a permis de dissimuler le changement de format du châssis. Cet ajout coloré ne recouvre bien sûr que partiellement le bord de tension, sur la surface nécessaire pour que l'oeil ne puisse identifier l'agrandissement de l'œuvre. Précisons que l'examen sous lumière infrarouge n'a pas révélé la présence d'un dessin préparatoire, ce qui est assez étonnant pour un travail de copie. 2.1.3. Les vernis Le film de vernis est très fortement oxydé, ce qui a entraîné un jaunissement prononcé des couleurs. Toutefois, l'examen sous lumière ultraviolette révèle une faible densité (ou épaisseur) du filmogène. Il est à noter également l'installation d'un chanci au niveau du vernis, avec un début de
clivage entre le filmogène et la couche colorée. Rappelons que le chancis du vernis est habituellement causé par l'action de l'humidité sur la résine, engendrant au niveau microscopique une fissuration du filmogène et donc une opalescence de ce dernier. 2.1.4. Le châssis Le châssis est constitué de quatre montants et de deux traverses en croisillon, avec renfort par des écharpes dans les angles. Ces éléments sont en bois blanc et ils sont assemblés par clouage. Enfin, le châssis est à chanfrein mais sans clefs dans les angles - en raison même du renforcement par écharpes. La largeur des montants est de 7 cm. L'état général du châssis est n'est pas satisfaisant en raison d'une infestation par insectes xylophages, de type petites vrillettes d'après le diamètre des trous d'envol, laquelle a fragilisé les montants et les traverses ; par ailleurs, les assemblages de ceux-ci est défectueux. Par conséquent, ce châssis ne répond plus à sa fonction première, qui consiste à assurer la tension la plus optimale possible du support toile. Il présente en outre un fort encrassement et il est maculé de déjections aviaires. Il est à noter qu'aucune inscription n'a été observée au revers du châssis. 2.2. Le cadre 2.2.1. Dimensions Hauteur : 226 cm ; Largeur : 156 cm ; Largeur de baguette : 13 cm Epaisseur de baguette : 9 cm aux angles et 8 cm sur le reste de la longueur des
baguettes ; Largeur de feuillure : environ 2 cm. 2.2.2. Description Le cadre est constitué de quatre baguettes en bois blanc aux décors et à la mouluration relativement simples, à savoir de l'extérieur vers l'intérieur : un cavet ; un décor de feuilles de lauriers et d'écoinçon en forme de ruban en stuc moulé, collé à l'âme en bois de la baguette ; un plat à pan coupé. Précisons également que le cadre est à caisson, comme on peut s'en rendre compte au revers ; rappelons que les caissons sont destinés à alléger le poids du cadre et que ce type de fabrication est souvent l'indice d'une confection soignée de l'encadrement. Le revers présente un encrassement très important et identique à celui visible au dos de la toile. Les déjections aviaires ont ainsi recouverts une grande partie des montants latéraux, tandis que le fond des caissons est tapi d'agglomérats de poussières et de toiles d'araignée. 2.2.3. Enduits et polychromie La polychromie du cadre est constitué d'une peinture rouge sur laquelle a été appliquée une peinture d'or destiné à imiter une dorure à la feuille. Cette polychromie s'assied sur un enduit blanc, probablement à base de carbonate de calcium. Précisons également que nos investigations n'ont pas montré la présence d'une dorure à la feuille, tant sous la peinture or que sous la peinture rouge. Outre cette peinture d'or, une observation attentive des lacunes sur la plat intérieur, confirmée par un sondage, a montré que sur celui-ci fut appliqué une dorure à la feuille métallique qui, elle-même, fut couverte d'un vernis coloré. Cette mise en oeuvre est très typique du XIXe siècle et elle n'est visible que sur cet élément. Les décors présentent une encrassement important qui a complètement ternis l'éclat de la polychromie. Par ailleurs, deux écoinçons d'angle sont manquants tandis que les deux autres sont lacunaires. Il est également observé des pertes d'enduit en divers du cadre, pertes qui sont dans l'ensemble de faibles dimensions.
3. Traitement de conservation et de restauration de l œuvre peinte 3.1. Prise en charge 3.1.1. Traitement préalable de la couche picturale Compte tenu de la fragilité de la préparation et de la matière picturale dans certaines zones de la peinture, une protection (facing) est réalisée ponctuellement. Celle-ci est réalisée avec du papier japon déposé sur la peinture puis recouvert au pinceau doux de colle de peau de lapin aseptisé (moins de 2 % de phénol) afin d imbiber le papier et de créer un bon maintien de celui-ci. Cette opération est indispensable en vue d'assurer un transport dans des conditions optimum et d éviter ainsi toute perte de matière picturale. Signalons qu il est préalablement procédé à un dépoussiérage des zones traités au moyen d'un spalter à poil doux. 3.1.2. Dépose du cadre Le châssis de l œuvre étant maintenu dans le cadre au moyen de pointes métalliques, celles-ci sont retirées en prenant soin de ne pas endommager le support toile. 3.1.3. Transport en atelier L œuvre peinte est enveloppée dans du plastique bulle puis transportée à la verticale, la base étant posée sur un lit de mousse. Le cadre est de même placée durant le transport sur un lit de mousse ; il est également est protégé par du plastique bulle. 3.2. Traitement de conservation du support
3.2.1. Dépose du châssis Le tableau est positionné couche picturale vers le bas sur un plan de travail qui a été préalablement recouvert d un non-tissé épais (70 gr.m -2 ). Il est ainsi possible d'avoir accès au revers de la toile tout en protégeant la couche picturale. L oxydation prononcée des semences métalliques qui maintiennent en tension le support toile sur le châssis a facilité la dépose de ce dernier, les têtes de clou tendant à se rompre. 3.2.2. Nettoyage du revers de la toile La toile comportant un encrassement très important auquel s ajoute de nombreuses déjections aviaires, le nettoyage se pratique en différentes étapes. Tout d'abord, afin d éviter toute perte de matière coloré lors des opérations qui vont suivre, un facing est réalisé dans les zones lacunaires et à risque (léger soulèvement) de la couche picturale. Précisons que ce facing vient en complément de celui mis en place lors de la prise en charge de l'œuvre. Il consiste à appliquer un papier de soie avec un adhésif, ici dans le cas présent de la Tylose à un pourcentage de 0,7 % dans de l eau déminéralisé. Une fois cette opération de protection faite, une aspiration indirect contrôlée combiné à un brossage au spalter permet d enlever une première couche de salissure et d envisager la suite des opérations. Les excréments étant incrustés dans la toile, ils sont enlevés de manière mécanique au scalpel puis les particules sont aspirées. Un gommage est réalisé alors sur tout la surface du revers avec un mélange de poudre de latex tendre et dur permettant d'obtenir un résultat satisfaisant. Puis une aspiration indirecte combinée avec un brossage permet de clôturer cette opération. 3.2.3. Dépliage des guirlandes de tensions Les guirlandes de tensions, à savoir les bords de la toile qui recouvrent les chants du châssis, possèdent la caractéristique d'une mémoire de forme : après enlèvement du châssis, il s'avère en effet que la pliure demeure. Pour retrouver une planéité du support, un plastifiant (trialcool) en solution à 10 % dans un alcool léger (éthanol), servant de véhicule au plastifiant, est appliqué au pinceau sur les pliures suivi d un massage à la main. Une fois que le plastifiant a migré
dans les fibres du support, la volatilité du véhicule est accrue au moyen d'une soufflerie d air chaud. Puis le support est mis en charge durant 24 heures afin de parfaire le traitement de planéité, la pression exercée étant d environ 17g.cm -2. 3.2.4. Elimination du facing et fixation Dans un premier temps, le facing ponctuel est retiré avec une éponge naturelle humidifié à l eau chaude déminéralisée. Les zones présentant des soulèvements sont refixées avec de la colle de peau de lapin aseptisé et une spatule chauffante afin de faire pénétrer la colle dans les interstices des craquelures d'âge. 3.2.5. Reprise des accrocs, lacunes et déchirures du support Les lacunes qui affectent le support sont comblées par l incrustation de pièces de toile de lin de la même armure et contexture que le support d origine, en prenant soin de faire coïncider leur sens de trame avec celui de la toile d'origine. Après les avoir découpé suivant les formes des lacunes, ces pièces de petites dimensions sont positionnées dans leur emplacement puis elles sont collées à l aide d une dispersion d acétate de polyvinyle. Des pièces de non tissé (35 g.m -2 ) en fibres de polyester thermo-soudés viennent consolider ses incrustations. Elles sont découpées aux ciseaux crantés afin d éviter à terme tout marquage sur la couche picturale puis elles sont collées au Plextol B500 (épaissi avec 0,7 % de Thylose MH 300P). Quant aux déchirures, leurs lèvres sont remises bord à bord avant d'appliquer le même adhésif sur leurs jonctions et le même type de renfort que mentionné ci-dessus. 3.2.6. Bandes de tensions provisoires et montage sur bâti de travail Ces deux opérations ont pour objectif de maintenir en tension le subjectile durant le temps des interventions, de manière à éviter toute déformation préjudiciable tant au support qu à la couche colorée et sa préparation.
La première opération consiste à mettre en place des bandes de tensions provisoires sur toute la périphérie de la toile ; elles sont réalisées dans un non-tissé de polyester thermo-soudé (grammage 35 g.m -2 ). Elles sont préalablement découpées aux ciseaux crantés, toujours dans un souci d éviter tout marquage sur le tableau, puis elles sont collées sur environ 10 cm des bords de la toile d origine par enduction de Plextol B500 épaissi avec 0,7% de Thylose MH 300P. Le séchage court pendant 24 heures, temps durant lequel l ensemble est mis sous charge à une pression d environ 20 g.cm -2. Une gaze de coton est préalablement positionnée entre les planches contenant les charges et les bandes afin d absorber l humidité de l adhésif et d éviter tout marquage de la mise sous poids. La toile est disposée au centre du bâti de travail extensible en aluminium. Les bandes de tensions viennent s y insérer et y sont maintenues. La structure métallique est ensuite agrandi progressivement afin d obtenir une tension satisfaisante de la toile, sans aucune déformation. 3.2.7. Doublage La solution d'un doublage du support d'origine s'est imposé en raison de la fragilité de la toile, fragilité qui est liée tant à la nature du textile qu'aux condition de conservation de l'œuvre au cours du temps. Il s'agit en effet d'une toile typique de la seconde moitié du XIXe siècle, à fil fin et à tissage plutôt lâche, et par là même moins résistante comparativement à des trames à tissage plus dense. En outre et il s'agit peut-être du facteur premier dans la prise de décision, les fibres de la toile ont eu à subir une dégradation liée à l'acidité des déjections aviaires qui, rappelons-le, étaient en très grand nombre et maculaient des zones entières du support. Le doublage est réalisé avec une toile de polyester, type de textile conférant une certaines souplesse à l ensemble. L adhésif sélectionné consiste en du Plextol B500 épaissi avec 0,7 % de Thylose MH 300P. Il est appliqué, sur le revers de la toile d origine à la spatule métallique crantée, ce qui permet un film homogène et fin. Une fois que la toile de doublage est enduite d adhésif sur une face, celle-ci est positionnée au revers du support d'origine et elle est massée de façon rayonnante à partir du centre de la toile au moyen d un rouleau de faible poids. Cette opération facilité la migration de l adhésif et l élimination des plis inévitables lors de la pose de la toile de doublage.. Puis il est procédé à un séchage durant 24 heures, temps durant lequel l ensemble support d origine et toile de doublage sont mis en charge à une pression d environ 20 g.cm -2. Une gaze de coton est préalablement positionnée au revers de la toile de polyester ; son rôle est d absorber le surplus d adhésif qui migre à travers la toile de renfort. La gaze est changée à mi-
temps du séchage, permettant également de vérifier le bon déroulement de l opération. 3.3. Traitement de conservation de la couche picturale 3.3.1. Nettoyage de la couche picturale Le nettoyage de la couche picturale est réalisé à l'eau déminéralisé et à la poupée de coton suivi immédiatement d'un séchage afin de ne pas laisser un apport d humidité trop longtemps. Précisons que des tests ont été au préalable réalisés de tensio-actifs en émulsion dans l'eau : les produits testés sont l'agepon, le Contrad 2000 et Tryton. Or, aucun d'eux n'a apporté de résultat plus probant que par la simple méthode aqueuse. En conséquence de quoi, nous avons décidons d'employer cette dernière sans l'apport de tensio-actifs afin de minimiser les interactions possibles avec le support et/ou la couche colorée. 3.3.2. Allégement des vernis Les vernis qui sont oxydés et chancis, sont allégés sous lumière ultraviolette ; en effet sous cette longueur d onde, les vernis anciens réfléchissent la lumière suivant une couleur fluorescente verte, ce qui autorise une bonne visibilité de ceux-ci. Les tests d allégement sont réalisés en commençant par les couleurs les plus claires (blanc, jaune, etc), moins sensibles aux solvants que les couleurs plus sombres telles que le brun ou le rouge. Voici les différents tests réalisés avec les résultats obtenus les proportions sont exprimées en volume : - Isopropanol : très faible dissolution du film de vernis ; - Isopropanol / toluène (75/25) : très faible dissolution du film de vernis ; - Isopropanol / cyclohexane (50/50) : très faible dissolution du film de vernis ; - Isopropanol / toluène (50/50) : dissolution très partielle et lente du film de vernis ; - Ethanol : dissolution très partielle et lente du film de vernis ; - Ethanol / toluène (50/50) : dissolution correcte du film de vernis. Le mélange d éthanol / toluène (50/50) a donc été retenu pour réaliser l allégement des vernis, celui-ci est réalisé au moyen d une poupée de coton. Un papier absorbant imbibé d essence
de pétrole (white spirit désaromatisé), permettant le «rinçage» de la couche colorée et l élimination du vernis dissous. Les caractéristiques physico-chimiques de ces deux composés sont les suivants : éthanol : viscosité : 1,20 centipoises à 20 C ; tension superficielle : 22,9 Dynes / cm à 20 C ; tension de vapeur : 43 mmhg. toluène : viscosité : 0,54 centipoises à 20 C ; tension superficielle : 29,1 Dynes / cm à 20 C ; tension de vapeur : 37 mmhg. Pour mémoire, les caractéristiques de l'eau sont les suivantes : eau : viscosité : 1,00 centipoise à 20 C ; tension superficielle : 72,8 Dynes / cm à 20 C ; tension de vapeur : 17 mmhg. Comme on s'en rend compte à la lecture de ces données, la solution employée est composée de deux solvants à faible tension superficielle, de deux à trois fois inférieure à celle de l'eau. Cela implique donc un fort pouvoir mouillant, c'est-à-dire que les composés tendent à se répandre à la surface au contact du film de vernis, et non à pénétrer dans les pores de la couche colorée. La viscosité est moyenne, légèrement inférieure à celle de l'eau. Elle aurait pu être améliorée par l'addition d'un gélifiant, telle une cellulose, mais la forte tension de vapeur, qui quantifie le pouvoir évaporatoire du solvant, nous a paru pouvoir contrebalancer cette performance moyenne. Si le pouvoir évaporatoire d'un solvant ne doit pas être trop important pour éviter un refroidissement brutal de la couche colorée qui pourrait générer une condensation de l'humidité, il doit néanmoins être relativement élevé pour là aussi éviter une pénétration de la solution dans les pores de la couche colorée. Il est ici plus de deux fois supérieur à celui de l'eau.
3.3.3. Comblement des lacunes Le comblement des lacunes de préparation intervient après le doublage du support. Sur la couche colorée est préalablement appliqué au pinceau d un film de résine de méthacrylate d isobutyle (Paraloïd B67) en solution à 10% dans le white spirit désaromatisé, filmogène qui agit comme une vernis de travail et dont la fonction est de protéger la couche colorée. En outre, il facilite l élimination des poussières qui sont engendrées par les opérations sur les mastics de ragréage. Ces derniers sont constitués d un mélange de carbonate de calcium et de colle de peau de lapin aseptisée au phénol (moins de 2 %), l adhésif étant incorporé jusqu'à l obtention d un mastic qui soit souple à travailler. Les lacunes étant comblées, les ragréages sont mis au plan et les abords des lacunes sont soigneusement nettoyés au moyen de coton-tiges humidifiés. Puis intervient la création d empreintes sur chaque ragréages de manière à restituer le grain de la toile, tandis que les craquelures et coups de pinceau de l artiste sont restitués par la sculpture du mastic. Enfin, le film de résine de méthacrylate d isobutyle est éliminé au moyen d un papier absorbant imbibé d essence de pétrole. Le support toile est ensuite suspendu le temps de l évaporation complète du solvant. 3.3.4. Vernissage intermédiaire Après la mise en tension du support sur son châssis, la couche colorée est protégée au moyen d un film de résine de méthacrylate d isobutyle (Paraloïd B67 ) en solution à 10 % dans le white spirit désaromatisé. Sur ce film est appliquée au spalter, en couches croisées, un vernis intermédiaire, à base de larmes de résine mastic et d un vernis à retoucher composé de résine de cyclohexane et d'essence de pétrole (marque Talens). 3.4. Traitement du châssis et mise en tension Le châssis sur lequel était tendue l œuvre peinte présente une fragilisation importante et il ne répondait plus à sa fonction initiale, à savoir assurer la bonne tension de la toile. Par conséquent, il est remplacé par un châssis neuf de rentoilage en bois blanc à faible retrait, à
chanfrein, et à clefs. Il est tout d'abord traité contre les insectes xylophages au moyen de Per-Xil 10 appliqué au pinceau puis il est ensuite teinté au brou de noix en solution à 10 % dans le méthanol. Le support toile de doublage est tendu sur le châssis, lequel a été préalablement mis et maintenu à l orthogonalité. Le support est fixé sur le chant des montants au moyen de semences en cuivre, métal présentant l avantage d être peu sensible à l oxydation. Les rabats de la toile sont maintenus au revers du châssis grâce à des agrafes en inox. 3.5. Traitement de restauration de la couche colorée 3.5.1. Réintégrations colorées En accord avec le maître d ouvrage, les retouches sont de type illusionniste. Elles sont réalisées au moyen de couleurs au vernis Restauro, de la marque Maimeri. Le médium employé est composé d un mélange d essence de pétrole (essence F), de résine mastic et de vernis à retoucher constitué de résine de cyclohexane et d essence de pétrole (marque Talens) 3.5.2. Vernissage final Un vernis final appliqué en couche croisée sur la totalité de l œuvre peinte ; il est à base de larmes de résine mastic et d un mélange de vernis brillant et mat de la marque Rembrandt.
4. Traitement de conservation et de restauration du cadre Précisons en préambule que deux propositions concernant la restauration de la polychromie on été soumise au maître d ouvrage. Celle choisie comprend non pas une dorure à la feuille mais des rehauts de peinture dorée. 4.1. Conservation du support 4.1.2. Nettoyage et traitement insecticide Présentant un encrassement prononcé, le revers des baguettes est d abord nettoyé par aspiration contrôlée, de manière à enlever la plupart de l'encrassement qui a pu s accumuler au dos du cadre. Puis, le support est lavé au moyen d eau mêlée à des tensio-actifs détersifs à base de sels de potassium, permettant ainsi d'éliminer les nombreuses déjections aviaires qui maculaient le revers du cadre. Après séchage, le bois est traité préventivement contre les insectes xylophages par application au pinceau de Per-Xil 10.
4.2. Conservation des enduits et de la polychromie 4.2.1. Nettoyage Une fois les tests effectués, la couche colorée est nettoyée par rinçage à l eau tiède déminéralisée au moyen de poupées de coton humidifiées et papier/ tissus absorbant. Il a été retenu un simple nettoyage aqueux car les tests d'autres solvants n'ont pas fourni de résultats probants en terme de nettoyage ou suffisamment doux pour ne pas user la couche colorée. L'emploi de tensioactifs, tels que l'agepon, le Contrad 2000 ou le Tryton (entre 5 et 10 % dans l'eau déminéralisée), s'est également révélé infructueux. 4.2.2. Comblement des lacunes Les lacunes d enduit sont comblées au moyen d un mastic composé de carbonate de calcium et de colle de peau de lapin aseptisée au phénol (mois de 2 %). Celui-ci est ensuite, mis au plan, sculpté et poncé minutieusement afin de reconstituer une homogénéité des décors. Concernant les écoinçons d'angle, deux sont manquants et les deux derniers lacunaires. Par conséquent, il a été procédé à la restauration des deux écoinçons encore existants, les lacunes étant comblées par des enduits qui sont ensuite sculptés afin de retrouver la continuité de la pièce. Une fois cette opération effectuée, une empreinte réalisé à l aide de silicone ( SILICAL 110, élastomère de silicone modelable de la marque CTS à 3% en poids de catalyseur SILICAL 115), permet d obtenir un moule dans lequel est coulé du plâtre polyester (Gesso dentistico bianco, marque CTS) additionnée d eau jusqu'à obtention de la viscosité souhaitée. Le moulage ainsi obtenu est ébarbé et poncé afin de s ajuster à l angle du cadre. L opération est renouvelée pour le second écoinçon. Ceux-ci sont ensuite fixés sur le cadre via des plots constitués d un mélange d acétate de polyvinyle et de carbonate de calcium. La pression exercée permet au plot d épouser la forme de la pièce et du relief du cadre afin d assurer un bon maintient et collage.
4.3. Restauration de la couche colorée 4.3.1. Réintégrations colorées Un film de peinture acrylique, de tonalité identique à la couleur or et brune composant la polychromie est appliqué au pinceau à l endroit des ragréages. Puis une couche supplémentaire de couleur or bronze est appliquée sur tous les reliefs du cadre afin de rehausser l aspect de cette dernière. Sachant que les couleurs de la polychromie ne sont pas solubles à l eau, notre choix a donc porté sur une peinture avec un liant acrylique. De surcroit, ce type de liant présente de bonnes qualités face aux variations hygrométriques et de température, tandis que l inertie chimique est satisfaisante. En outre, les liants acrylique sont solubles dans de nombreux solvants organiques, ce qui garantie une réversibilité aisée du film de peinture. 4.4. Remontage du tableau dans son cadre Des pièces de carton désacidifié sont fixées aux angles et en partie médiane de la feuillure afin d isoler du cadre la couche picturale de l œuvre. Le tableau est ensuite monté dans le cadre et maintenu par pitons et vis.
5. Mesures de conservation préventive Au revers de la toile de doublage, l inscription suivante est marquée au noir de fumée : «ASSOMPTION - LARCHES 19600 RESTAURE 2012 ATELIER AUVITY». Une traçabilité est ainsi rendu possible car le noir de fumée offre une très grande résistance chimique, étant insoluble dans l eau et les solvants organiques tandis qu il est insensible aux alcalis et aux acides. D autre part, un voile anti-gravas en non-tissé de fibres de polyester est fixé au revers du châssis au moyen d agrafes en inox, métal qui ne subit par la corrosion. 18