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Transcription:

LE POINT SUR LES MORSURES DE TIQUES I - LA VIE DES TIQUES : La tique appartient à la famille des acariens. Plus de 850 espèces ont été décrites à travers le monde. Les tiques sont caractérisées par un cycle de développement variant entre 6 mois et 8 ans selon l environnement. Avant d atteindre sa forme adulte, la tique passe par les stades de larve et de nymphe, un repas sanguin étant nécessaire entre chaque stade. Ces repas se font sur différents animaux et également sur l homme, et peuvent durer plusieurs jours. C est au cours de tels repas que la tique porteuse, soit du virus de la méningo-encéphalite à tique (MET), soit d une bactérie spirochète du groupe des Borrelia (maladie de Lyme), peut infecter l homme. Plus le repas est long, plus le risque de transmission est élevé. Leur morsure survient préférentiellement d avril à octobre, les tiques hibernant en dehors de cette période.

II - LES PRINCIPALES PATHOLOGIES TRANSMISES PAR LES TIQUES : Ce sont essentiellement la maladie de Lyme et la méningo-encéphalite à tiques (MET). La maladie de Lyme : C est la plus fréquente. La maladie de Lyme doit son nom à la commune de Old Lyme dans le Connecticut, aux Etats-Unis où elle a été individualisée pour la première fois dans les années 1970. L agent pathogène est une bactérie, spirochète du groupe des Borrelia. On estime qu entre 2 et 20% des tiques sont infectées. En France, l incidence de cette maladie est estimée à 9,4 cas pour 100 000 habitants, dans toutes les régions sauf au niveau de la frange méditerranéenne et en altitude (au-delà de 1000m) où elle est quasi-absente. Clinique : Les symptômes les plus habituels sont ceux évoquant un état grippal, avec frissons fièvre, maux de tête, arthralgies. Mais le signe pathognomonique est l érythème migrant. Papule érythémateuse centrée sur le point d inoculation, elle s étend de façon centrifuge tandis que son centre s éclaircit.

En l absence de traitement et après un certain temps de latence, des complications peuvent être observées : - atteintes cutanées : acrodermatite chronique - atteintes articulaires : arthrite aiguë des grosses articulations - atteintes neurologiques : encéphalite, méningite, atteintes des nerfs crâniens - atteintes cardiaques : troubles de la conduction avec BAV. La transmission foeto-maternelle est exceptionnelle mais potentiellement grave. Diagnostic biologique : Le diagnostic direct par culture est de faible rendement. Le diagnostic indirect repose sur la sérologie. La mise en évidence des anti-corps repose sur trois techniques : immunofluorescence indirecte, Elisa et Western Blot. Cette dernière technique est plus souvent utilisée en seconde intention. Les IgM spécifiques apparaissent entre 2 et 4 semaines après la morsure de tique. Après un pic entre les 6 ème et 8 ème semaines, le taux diminue en 4 à 6 mois. Les IgG spécifiques apparaissent entre 6 et 8 semaines puis leur taux diminue très lentement. Face à un tableau clinique évocateur, la sérologie prend toute sa valeur au bout de 6 semaines. Toutefois, une sérologie positive ne permet pas de différencier une infection active d une infection ancienne. Traitement : Le traitement antibiotique (amoxicilline ou cycline) est efficace si le diagnostic est fait suffisamment tôt. En cas de grossesse, un traitement prophylactique peut être discuté en fonction de l évaluation du risque. Il n existe pas de vaccin en France contre cette maladie et cette maladie n est pas immunisante.

La MET : Elle est également transmise par morsure de tique mais l agent responsable est un virus : TBEV, Tick Borne Encephalitis Virus. La MET sévit à l état endémique en Europe. Une trentaine de cas ont été publiés en France. Clinique : La morsure de tique est suivie d une période d incubation silencieuse de 7 jours puis la maladie évolue généralement en 2 phases : - première phase avec fièvre modérée, frissons, durant de 2 à 4 jours - seconde phase caractérisée par une méningite avec altération de la conscience, hallucinations, parésie des membres inférieurs Diagnostic biologique : Les anti-corps spécifiques (IgM et IgG) seront recherchés dans le sang et le liquide céphalorachidien. Traitement : Il n existe aucun traitement spécifique. Seul un traitement symptomatique est entrepris. Le vaccin à virus inactivé (schéma vaccinal à 3 injections avec rappel à 3 ans) est recommandé pour une population ciblée en zone d endémie.

III PREVENTION : C est le maître-mot. Le risque de morsure de tiques doit figurer dans le document unique et également dans la fiche d entreprise. Lors d une activité en forêt ou zones à risque (broussailles, hautes herbes), que cette activité soit professionnelle ou de loisirs : - porter des vêtements longs et fermés (pantalons serrés à la cheville, chemises à manches longues), des chaussures montantes, - éventuellement utiliser un répulsif pour les parties découvertes (mais non utilisable chez la femme enceinte et le petit enfant) ainsi qu un répulsif pour les vêtements. Après une activité à risques, il est recommandé ; - de prendre une douche, - d examiner soigneusement son corps sans oublier le cuir chevelu pour repérer et retirer précocement toute tique. Une aide peut être utile, notamment pour le dos et le cuir chevelu. En effet, plus la tique est découverte précocement, plus le risque de transmission est faible. - de ne pas oublier de protéger son animal familier contre les tiques. Que faire en cas de morsure de tique : - oublier éther, pétrole ou toute application d un quelconque produit : en effet, ils risquent de provoquer la régurgitation de la tique et par conséquent, la libération de l agent contaminant ( Borrelia). - retirer la tique en entier en attrapant le corps de la tique au plus près possible de la peau avec un tire-tic (voir schéma ci-dessous) ou une pince à bords plats. Exercer 2 à 3 petites rotations de droite à gauche, donc dans le sens anti-horaire («dévisser»). Prendre soin de ne pas appuyer trop fort, au risque de sectionner le corps. En cas de blessures aux doigts, il est conseillé à l intervenant de mettre des gants fins. - laver soigneusement vos mains après. - désinfecter soigneusement la zone. - vérifier systématiquement la date du dernier vaccin anti-tétanique. - si cette morsure est apparue à l occasion du travail, noter ou faire noter ce soin sur le registre de déclaration des accidents du travail bénins.

Utilisation d un tire-tic Tire-tic : prochainement sous Dauphin : réf 2232 prix 4.95 la boîte de 2 soit un petit et un grand modèle Les jours suivants : Surveiller régulièrement la zone piquée pendant au moins 30 jours. Si une rougeur apparaît au point de morsure, consulter immédiatement son médecin traitant et ce d autant que cette rougeur s accompagne de maux de tête ou d une fatigue inhabituelle. IV DEMARCHE MEDICO-LEGALE: Inscription systématique sur le registre de déclaration des accidents du travail bénins. Déclaration au titre des maladies obligatoires: La maladie de Lyme et la MET ne sont pas des maladies à déclaration obligatoire. En revanche, il est mis en place des réseaux régionaux de surveillance de la maladie de Lyme (Institut de Veille Sanitaire). Déclaration au titre des maladies professionnelles : pour la maladie de Lyme : régime général : tableau N 19 B régime agricole : tableau N 5 bis pour la MET : déclaration conseillée au titre des maladies à caractère professionnel.

RÉFÉRENCES : Sites internet : www.inrs.fr www.invs.sante.fr www.legifrance.fr www.otom.com www.tiques.fr Références réglementaires Code du travail : articles R. 231-60 à R. 231-65-3. Arrêté du 4 novembre 2002 fixant les procédures de décontamination et de désinfection à mettre en œuvre pour la protection des travailleurs dans les lieux où ils sont susceptibles d'être en contact avec des agents biologiques pathogènes pouvant être présents chez des animaux vivants ou morts, notamment lors de l'élimination des déchets contaminés, ainsi que les mesures d'isolement applicables dans les locaux où se trouvent des animaux susceptibles d'être contaminés par des agents biologiques des groupes 3 ou 4 (J.O. 13 décembre 2002).