Sommaire RESUME...3 1. LE MONITORING DES MEDIAS PAR L ONUCI...4 1.1. DISPOSITIF MONITORING DES MEDIAS ET DEVELOPPEMENT DES MEDIAS...



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2 Sommaire RESUME...3 ETAT DES LIEUX...4 1. LE MONITORING DES MEDIAS PAR L ONUCI...4 1.1. DISPOSITIF MONITORING DES MEDIAS ET DEVELOPPEMENT DES MEDIAS...4 1.1.1. LE MONITORING DES MEDIAS...5 1.1.2. LE DEVELOPPEMENT DES MEDIAS...6 1.2. LE SUIVI DU MONITORING DE L ONUCI PAR LE SECRETARIAT DE L ONU ET LE CONSEIL DE SECURITE/COMITE DES SANCTIONS:...6 2. AVANTAGES ET DEFIS DE LA METHODOLOGIE APPLIQUEE :...7 2.1. LES DEFIS...8 3. CONTRIBUTION DU MANDAT RELATIF AUX MEDIAS DANS LE PROCESSUS DE PAIX...8 4. LES PARTENARIATS...9 4.1. LES PARTENAIRES NATIONAUX...9 4.2. LES COMPOSANTES DE L ONUCI :...9 5. LEÇONS APPRISES...10 6. RECOMMANDATIONS...11 ANNEXE...12 7. RECOMMANDATIONS POUR L ETABLISSEMENT DE L UNITE DE MONITORING DANS LES MISSIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX (SOP):...12

3 Résumé L objectif de ce document est de partager avec les professionnels des médias et des Divisions de l Information Publique des Missions de Maintien de la Paix des Nations Unies, l expérience de l Opération des Nations Unies en Côte d Ivoire (ONUCI) dans le domaine spécifique du Média Monitoring en réponse au mandat confié par le Conseil sécurité des Nations Unies dans sa résolution 1572 (2004). Il indique comment ce mandat a contribué au processus de paix en Côte d Ivoire, présente les avantages et les défis de la méthode développée par l ONUCI, des recommandations pour un Monitoring efficace des médias en période électorale et des recommandations pour l établissement de l unité de Monitoring dans les Missions de maintien de la paix (SOP). Depuis la grave crise survenue en 2004 qui a enregistré une forte implication des médias publics (radio et télévision ivoirienne) et privés dans l exacerbation des tensions, la résolution 1572 (2004) a donné mandat à l Opération des Nations Unies en Côte d Ivoire de surveiller le comportement des médias publics et de faire rapport au Conseil de sécurité et au Comité des sanctions. L unité Monitoring des Médias de l ONUCI a mis en place une méthodologie en vue de noter les dérives et d alerter en temps réel l ONUCI, le Département des opérations de Maintien de la paix, le Conseil de sécurité et le Comité des sanctions. Cette méthodologie se fonde sur le relevé des incitations à la violence et à la haine et des propos dans la presse écrite et les médias audiovisuels qui pourraient entraver le processus de paix. Ce relevé inclut les différentes critiques et attaques contre les groupes ethniques et raciaux (tribalisme, racisme), les étrangers (xénophobie), le système des Nations Unies, les Forces françaises de l Opération Licorne et l ONUCI. L on peut légitimement penser que l extension éventuelle de la résolution 1572 (2004) qui ne vise que le comportement des médias publics Radio et Télévision ivoirienne, RTI et le quotidien national Fraternité Matin élargirait le champ d action du Comité des sanctions, et l efficacité du monitoring car, depuis l adoption de la résolution en 2004, les manquements les plus graves en matière d éthique et de déontologie sont observés dans la presse écrite privée et sur les stations FM. Aussi, l organe de régulation de la presse ivoirienne, le Conseil National de la Presse (CNP) après une longue période de sensibilisation et d alerte des acteurs du secteur, a-t-il décidé d appliquer dorénavant des sanctions du second degré (blâme, sanctions pécuniaires, suspension d activité) conformément aux prescriptions légales. Les entretiens avec les professionnels des médias ont permis de dégager un consensus sur la nécessité, à l occasion de l élection présidentielle, de collaborer et de mutualiser les efforts en vue d une plus grande efficacité dans les phases d alerte et de sanctions. Les recommandations proposées pour atteindre ces objectifs incluent notamment : L accroissement de la vigilance, à l approche des élections, par une collaboration entre les différentes composantes de la mission. Le développement d une synergie d actions entre la mission et les Régulateurs. La mise en place d un mécanisme de suivi qui permet d alerter les journalistes et les médias quant à leurs responsabilités historiques. La conduite d activités de renforcement des capacités pour les journalistes, particulièrement ceux des médias de proximité. La poursuite des activités de prévention et de sensibilisation du rôle des médias dans la cohésion sociale. L application des sanctions prévues notamment à l approche de la période électorale où la tension risque d atteindre son paroxysme.

4 1. Etat des lieux Les observations, avis et recommandations sont fondés d une part sur les textes - Résolutions du Conseil de sécurité 1 établissant le mandat de l ONUCI concernant ses activités d Information, notamment de monitoring des médias, les recommandations de l Accord Politique de Ouagadougou (APO), le Code de bonne conduite des partis politiques, des groupements, forces politiques et des candidats aux élections en Côte d Ivoire et les moyens et capacités d observation et de sanctions des organes de régulation 2 et d autorégulation de la presse ivoirienne. Les lois relatives au régime juridique de la presse et de la communication audiovisuelle promulguées en 2004 consécutivement à l Accord de Lina-Marcoussis, se veulent beaucoup plus libérales, particulièrement en ce qui concerne la presse écrite. Toutefois, il y a lieu de relever que les médias ivoiriens, du fait de leur positionnement, ne facilitent pas toujours le processus de sortie de crise. A l instar des acteurs politiques dont ils sont proches. Sur le plan national, il existe un arsenal juridique exhaustif permettant à la fois d observer le comportement des médias, d alerter les institutions concernées sur les infractions commises et si nécessaire, de sanctionner. Chaque Régulateur, Conseil National de la presse (CNP), Conseil National de la Communication Audiovisuelle (CNCA), ainsi que l Observatoire de la Liberté de la Presse de l Ethique et de la Déontologie (OLPED), dispose d outils identiques d observation des médias lois, code de déontologie. On note que chacun travaille dans sa sphère de compétence. La volonté du Conseil National de la presse de prendre des sanctions du second degré depuis avril 2009 a entraîné au sein de la corporation une certaine prise de conscience sur la capacité de la structure de régulation de faire la police. Il reste au Conseil à agir avec célérité pour affirmer son rôle et partant, inciter les médias à respecter les règles d éthique et de déontologie. 1. Le Monitoring des Médias par l ONUCI 1.1. Dispositif Monitoring des Médias et Développement des Médias A la suite d incitations verbales appels répétés - à la haine et à la violence sur les ondes de la radio télévision nationale, RTI, en 2004, le Conseil de sécurité a, dans sa résolution 1572, explicitement demandé à la Division de l information Publique de l ONUCI de surveiller le comportement des médias / Monitoring des Médias. Les termes de référence de l unité de suivi des médias -Média Monitoring- sous la supervision du Chef de la Division de l Information Publique établissent les critères de cette surveillance et 1 Résolutions 1572 (2004), 1633 (2005), 1842 (2008), 1865 (2009) 2 Lois 2004-643 et 2004-644 relatives au régime juridique de la presse et de la communication audiovisuelle

5 d alerte qui se conjuguent avec des activités de développement des médias - Développement des Médias -ou assistance aux médias dans leur contribution au processus de paix. 1.1.1. Le Monitoring des Médias Le Monitoring des Médias a établi une «Fiche d évaluation contenu média» qui prend en compte : Les incitations à la violence, à la xénophobie et à l intolérance inter ethnique Les incitations à la reprise du conflit Le suivi des activités Organes de régulation et associations professionnelles des médias Le suivi des médias d Etat Les critiques contre l ONUCI, la force Licorne, le système des Nations Unies, Cette fiche indique la durée, la fréquence et la langue utilisée, ainsi que la nature du message (intolérance, haine, exclusion). L unité Monitoring des Médias, composée de personnel national et international, relève les informations dangereuses pour le processus de paix dans une revue de presse quotidienne spéciale. Les Bureaux de terrain de l Information Publique disséminés dans les secteurs/régions participent à l exercice, en écoutant les radios de privées non commerciales et en suivant les déclarations publiques et / ou médiatisées d hommes politiques ou de leaders d opinion dangereuses pour le processus de paix. Toutes les unités de la Division de l Information Publique Porte-parole, ONUCI-FM, Vidéo, Publications, Plaidoyer jouent leur rôle dans l accompagnement du processus de paix. Concernant les élections, elles sont en train d adapter leur stratégie. Cette stratégie devra prendre en compte le monitoring des médias, les rumeurs, les fausses nouvelles, la désinformation, les menaces verbales et attaques contre des personnes et des groupes pour la diffusion de campagnes d information appropriées et ciblées. D autres composantes de l ONUCI directement intéressées par ce monitoring des médias y contribuent par leur rôle et fonction dans le cadre du processus de paix : Droits de l Homme, Assistance Electorale, Service Juridique, Police onusienne, Observateurs Militaires, etc. Observations : L unité Monitoring des Médias a ainsi fourni à l ONUCI, au Secrétariat de l ONU à New York, Département de l Information Publique (DPI), Département des Opérations de Maintien de Paix (DPKO), aux Etats membres, au Conseil de sécurité et au Comité des sanctions, un suivi exhaustif extrêmement rigoureux du contenu et de l analyse du comportement de l ensemble des médias ivoiriens depuis 2004. Les câbles, rapports du Secrétaire général transmis au Conseil de sécurité, et tous les autres rapports spéciaux, ad hoc, hebdomadaires, mensuels, trimestriels, annuels soulignent les dérapages quotidiens dans les journaux notamment, mais également ceux relevés sur les

6 radios de proximité et lors de meeting de mobilisation des partisans. Ils portent ainsi à l attention de l ONU et de la Communauté internationale les incitations à la haine, à l intolérance et à la violence. 1.1.2. Le Développement des Médias Le Développement des Médias dont les activités sont associées à celles du Monitoring des Médias, au sein de la même unité, a organisé depuis 2005, trente séminaires de formation ou ateliers de travail traitant des thèmes liés au processus de paix et à la sortie de crise. Ces activités se sont déroulées à travers le pays (Abidjan, Yamoussoukro, Bouaké, Korhogo, Grand-Bassam, de la société Bouna, Daloa, Abengourou ) avec la participation de journalistes, des animateurs de radio, et des représentants civile. Les thèmes abordés visent à intégrer les médias dans le processus de paix et de la réconciliation nationale, en traitant de la couverture du processus électoral, du rôle des médias, des radios de proximité, du journalisme d investigation au service de la paix, etc. jusqu à l organisation, en appui au Ministère de la Communication, d un Forum national sur la mission des médias en période électorale. Il est à souligner que ce Forum organisé en mai 2008 a permis aux participants (Partis et groupements politiques, journalistes, organisations de la société civile) d adopter un document consensuel relatif à la couverture médiatique des élections. Observations : Il ressort que l unité Monitoring des Médias a établi et développé d excellentes relations avec les organisations professionnelles ivoiriennes dont les Régulateurs des médias, les radios de proximité, les associations de journalistes, presse écrite et médias audiovisuels. O bservations : Les différents séminaires ont permis à nombre de journalistes professionnels et d animateurs, particulièrement ceux des radios de proximité, d acquérir les rudiments du métier. Même si certains titres de la presse écrite continuent d enfreindre les règles d éthique et de déontologie, il n en demeure pas moins que les organisations professionnelles ont pris conscience de la nécessité de s impliquer dans le processus de paix et d encourager le professionnalisme. Aussi ces séminaires doivent-ils se poursuivre dans une dynamique de prévention, de gestion et de sensibilisation du rôle des médias dans la cohésion sociale. 1.2. Le suivi du Monitoring des Médias de l ONUCI par le Secrétariat de l ONU et le Conseil de sécurité/comité des sanctions: Tous les comptes-rendus relatifs au comportement des médias ivoiriens - suite à l adoption de la Résolution 1572 - sont transmis mensuellement au Comité des sanctions par le Département des Opérations de Maintien de la Paix (DPKO). Conformément aux dispositions de la Résolution 1572, une observation du Monitoring des Médias du 24 Mars 2005 remis par ONU /DPKO au Comité des sanctions à New York, indique au paragraphe 6 : «Au lendemain de l adoption de la résolution 1572 du Conseil de sécurité on peut dire que les médias ivoiriens ont mis un bémol à leur tendance notée il y a quinze mois et

7 qui consistait à la diabolisation de l opposition et à l incitation de sentiments négatifs vis-à-vis des étrangers.» S il est vérifié que les médias publics, principalement visés par la résolution 1572, ont été les seuls médias à observer les recommanda tions du Conseil de sécurité, à l évidence la presse écrite et audiovisuelle privée ne s est pas sentie concernée, car elle n est pas explicitement nommée. Observations : Depuis 2004, et en raison des termes spécifiques (médias publics) inscrits dans la résolution 1572, le Conseil de sécurité et le Comité des sanctions n ont encore pris aucune sanction contre un ou des journaux ivoiriens et des radios privées responsables de fautes graves, «d incitation à la haine, à l intolérance et à la violence». 2. Avantages et défis de la Méthodologie appliquée : L analyse de la méthodologie appliquée a permis d identifier les meilleures pratiques (Best Practices) quant à l établissement, à la fonction et aux activités de l unité de Monitoring des Médias, mais également d en relever quelques aspects qui gagneraient à être renforcés ou améliorés. Les Avantages Les attributions dévolues au Monitoring des Médias sont contenues dans la Résolution 1572, ce qui lui donne un rôle défini et reconnu au sein de la Mission, auprès du Secrétariat de l ONU, du Conseil de sécurité, et du Comité des sanctions. Les rapports du Monitoring des Médias ont permis d informer et si nécessaire, d alerter en temps réel, le leadership de la Mission, le Secrétariat de l ONU (DPKO), le Conseil de sécurité et le Comité des Sanctions. Ces rapports ont permis un suivi rigoureux du contenu des médias et constitue une base de données précise et fiable sur le comportement des médias dans la crise ivoirienne. Il nous est apparu judicieux d avoir associé les activités de Monitoring des Médias et Développement des Médias au sein de la même Unité. Elles sont complémentaires dans l identification des problèmes (infractions) et la mise en œuvre des solutions (formation, prévention). Les deux aspects du mandat de l unité, Monitoring et Développement, ont permis d établir et d entretenir d excellentes relations avec les partenaires nationaux, à savoir le ministère de la Communication, les instances de régulation et d autorégulation des médias, les organisation et associations professionnelles des médias. Les activités de Développement des Médias auprès des radios de proximité la centaine de radios locales diffusant dans le pays ont permis à la Division de l Information de l ONUCI d établir d excellentes relations et de renforcer l implication de ces radios dans le processus de sortie de crise (soutien d ONG

8 2.1. Les défis internationales, Union Européenne) et d apporter sa contribution à des programmes d éducation civique (comme proposé par la CEI et le CNCA). Les principaux destinataires n ont réagi qu à la faveur d une nette amélioration du climat dans la presse (en fonction du climat politique). Le Monitoring des Médias gagnerait également à obtenir leurs réactions lors des périodes de tension extrême. L absence de sanctions du Conseil de sécurité conforte les médias dans leur dynamique «incendiaire» et leur sentiment d impunité. La presse écrite privée et celle en ligne ne se sentent pas concernée par la résolution. En même temps on note que les textes nationaux sont violés. Observations : L efficacité du Monitoring des Médias de l ONUCI pourrait être accrue grâce à des dispositions onusiennes d une part et nationales de l autre en vue de l établissement d un mécanisme de suivi qui permettrait d alerter les journalistes et les médias ivoiriens quant à leurs responsabilités historiques. A cet effet, le rappel de la responsabilité sociale des animateurs de la radiotélévision mille collines (Rwanda), devant les juridictions internationales est suffisamment révélateur. 3. Contribution du mandat relatif aux médias dans le processus de paix Le mandat du Monitoring des Médias établi par la résolution 1572 est tout à fait pertinent. Il s avère que la mise en œuvre du mandat limitée à la collecte des infractions au niveau des médias publics - reste sans effet sur la presse écrite privée non concernée, ce qui ne permet pas d obtenir les résultats escomptés. Les infractions relevées dans la presse écrite privée se perpétuent et les responsables continuent leur «guerre verbale» en toute impunité. Aussi pourrait-on voir son efficacité multiplié s il était étendu à l ensemble du paysage médiatique ivoirien. Le Monitoring des Médias a progressivement mis en place de bonnes relations professionnelles et régulières avec les organisations professionnelles ivoiriennes dont les Régulateurs des médias, les radios de proximité, les associations de journalistes, presse écrite et médias audiovisuels. Le suivi et la collaboration avec la centaine de radios locales diffusant dans le pays ont permis à la Division de l information de l ONUCI d établir et de maintenir un cadre de collaboration axé sur le renforcement des capacités. Cette collaboration renforce l implication des radios dans le process us de sortie de crise. La plupart d entre elles participent à la promotion des points clés du processus de sortie de crise, notamment du processus électoral et de la réunification du pays.

9 Observations : A l approche de la période électorale où la tension risque d atteindre son paroxysme, l application des mesures prévues, notamment de sanctions, devrait s étendre à l ensemble de la presse ivoirienne. 4. Les Partenariats Pour obtenir de l ensemble de la presse ivoirienne le respect des obligations éthiques et déontologiques en vue d une plus grande implication dans le processus de paix, le Monitoring des Média s estime indispensable de renforcer les synergies entre les différents acteurs que sont la classe politique, les Régulateurs et Autorégulateurs à travers un mécanisme intégré de veille et d alerte. 4.1. Les partenaires nationaux Les premiers responsables des différentes structures de régulation des médias (CNP et CNCA) ainsi que l Union Nationale des Journalistes de Côte d Ivoire (UNJCI) ont indiqué leur disposition à intégrer ce système de veille et d alerte. 4.2. Les composantes de l ONUCI : La Division de l Information Publique plaide pour le renforcement de l efficacité du monitoring des médias notamment : L élargissement de son domaine d activités relatif au suivi des médias à l ensemble de la presse ivoirienne. La poursuite et la multiplication des programmes de prévention (Développement des Média) : ateliers de formation des journalistes, sensibilisation au code de conduite en période électorale, sensibilisation du public sur le rôle et les dérives de la presse. A cet égard, le rôle d appui d ONUCI-FM et de la cellule Vidéo est essentiel au soutien à la cohésion sociale, à la réconciliation et à la sortie de crise. La diffusion des programmes spécifiques incluant les professionnels des médias ivoiriens et les messages des Nations Unies relatifs au processus électoral. Le renforcement de la phase «alerte» aux infractions, ce qui inclut la participation des autres composantes de l ONUCI selon leurs rôles et attributions, et la contribution des Régulateurs nationaux. La distribution des Kits de monitoring composés de fiches techniques pratiques mentionnant les données de l infraction, d enregistreurs MP3, et de postes de Télévision à cet égard. La sanction immédiate des contrevenants, par la prise concrète et rapide de sanctions au niveau des Régulateurs nationaux (exemples : suspension de journalistes, de médias), et en cas de faute(s) grave(s) par la saisine du Conseil de sécurité qui pourra intervenir au niveau du Comité des sanctions et exiger des mesures internationales plus radicales comme l interdiction de sortie du territoire, le gel des avoirs, l arrestation, la comparution devant un Tribunal international.

10 La collaboration accrue entre les composantes la Police des Nations Unies (UNPOL) la Division des Droits de l Homme, la Division de l Assistance Electorale, les porte-paroles militaires, l Unité Genre, l Unité Etat de Droit et l Unité Protection de l Enfance permet de renforcer le dispositif de Monitoring des Médias de l ONUCI. Le Bureau des Affaires Juridiques prévoit d attirer l attention sur l examen de textes relatifs aux sanctions (résolutions) lors d une prochaine réunion des juristes de l ONU. Observations : Selon leur rôle et responsabilité, les sections de l ONUCI impliquées directement dans le processus de monitoring continu des médias et des élections ont exprimé la nécessité d une vigilance accrue à l approche des élections ainsi que leur disponibilité à participer à cette vigilance. 5. Leçons apprises Le paysage médiatique ne fait que refléter les réalités politiques, sociales, culturelles et économiques d un pays. A cet égard, l exemple ivoirien n est pas atypique. Dans leur grande majorité, les médias ivoiriens restent solidement ancrés à des chapelles politiques. De ce fait, ils reflètent davantage des points de vue, parfois partisans. Néanmoins, l on observe ici et là, des tentatives de professionnalisation qui vont, sans nul doute, s amplifier avec le renforcement de la confian ce dans l exercice démocratique dans le pays. Pour renforcer l efficacité du Monitoring des Médias en période de crise ou en période électorale, il est utile de mettre en place une procédure d action concertée intégrant une approche en 5 phases incluant: La sensibilisation des médias, de la société civile, du public, Le monitoring par la mission et les régulateurs, La stigmatisation des contrevenants, La sanction par les Régulateurs et éventuellement le Conseil de sécurité. Cette synergie d actions entre la mission et les Régulateurs se concrétise par l intégration d un système d alerte souple, reposant sur l échange immédiat et en temps réel (grâce aux moyens de communication moderne) des infractions graves commises par un ou des médias. Ce système d alerte regroupe l unité Monitoring des Médias de la mission et les instances nationales de régulation des médias. L échange d information prend en compte les organisations professionnelles des médias. Les résultats escomptés sont : Au minimum, l isolement et la sanction contre les médias fauteurs de trouble, responsables de manquements graves, Au maximum, une diminution sensible des appels à la violence et des discours haineux dans les médias.

11 Cette approche qui se veut pragmatique se fonde sur l apport des parties et sur leur volonté commune exprimée lors des entretiens de «mutualiser» leurs actions. 6. Recommandations Mettre en place un cadre de travail avec les structures étatiques (Ministère de la communication), les organisations professionnelles des médias existantes et avec les Régulateurs des médias, les radios de proximité, les associations de journalistes, presse écrite et médias audiovisuels. Développer une synergie d actions entre la mission et les Régulateurs par l intégration d un système d alerte souple, reposant sur l échange immédiat, en temps réel (grâce aux moyens de communication moderne) des infractions graves commises par un ou des médias. Mettre en place un mécanisme de suivi qui permet d alerter les journalistes et les médias quant à leurs responsabilités historiques. A cet effet, le rappel de la responsabilité sociale des animateurs de la radiotélévision mille collines (Rwanda), devant les juridictions internationales est suffisamment révélateur. Conduire des activités de renforcement des capacités pour les journalistes, particulièrement ceux des radios de proximité. Renforcer l implication de ces radios dans le processus de sortie de crise. Poursuivre ces activités dans une dynamique de prévention et de sensibilisation du rôle des médias dans la cohésion sociale. Impliquer les organisations professionnelles dans le processus de paix. A l approche de la période électorale où la tension risque d atteindre son paroxysme, appliqu er les mesures prévues, notamment de sanctions, onusiennes et ou celles prévues par les lois. A l approche des élections, accroitre la vigilance au niveau du suivi des médias par une collaboration entre les différentes composantes de la mission impliquées dans le processus de monitoring des médias et des élections, selon leurs rôles et responsabilités. Encourager les relations de la presse ivoirienne avec les médias des pays en ou sortant de crise. *************************************

12 Annexe 7. Recommandations pour l établissement de l unité de Monitoring des Médias dans les Missions de maintien de la pa ix (SOP): DPI/DPKO : l Equipe d évaluation doit inclure dans son rapport un relevé du paysage médiatique dans le pays où la mission sera déployée : - Liste des médias (médias publics, privés, médias audiovisuels, journaux, sites Internet) - Lieux d émission et zones de diffusion - langues utilisées (officielle(s) et nationales - contenu (ligne éditoriale) - régulateurs (observation des médias) - Lois sur la presse, Textes et application - Prévoir le budget et les moyens pour que l unité soit fonctionnelle dès les premiers jours du déploiement de la nouvelle Mission. DPK O doit s assurer immédiatement : - De la mise en place de la structure : personnel international, local, et kits de relevé des infractions (Fichier de Monitoring Media, MP3, TV). - mise en place immédiate et effective de l observation des médias, avec l appui des PIO déployés dans les régions et du personnel local : revues de presse, compte-rendu, analyses, etc. - de la collaboration des autres composantes de la Mission (police, droits de l homme, assistance électorale, observateurs militaires, etc.) - de l établissement d un système d alerte interne à la Mission pour informer des infractions graves (appels à l intolérance, incitation à la haine, etc.) L unité de Monitoring des Médias doit : - établir des relations avec les professionnels de médias (régulateurs, médias) - étudier les perspectives de coopération avec les médias (Développement des Médias) - si nécessaire, convaincre les autorités et les médias de l établissement d organes de régulation et d autorégulation là où ils n existent pas et les informer des meilleures pratiques existantes. Dans ses recommandations au Conseil de sécurité pour établir le mandat de la Mission - surtout si les médias ont contribué à la crise ou au conflit et sont encore opérationnels - le rapport du Secrétaire général doit inclure explicitement le déploiement immédiat de l unité Monitoring des Médias au sein de la Division de l Information, soulignant son importance dans le dispositif de sensibilisation et de prévention auprès des populations.

13 En vue d accroitre l efficacité du Monitoring des Médias, le rapport du Secrétaire général pourrait interpeller la classe politique, les médias, les Régulateurs et en cas de besoin, les placer devant leurs responsabilités. Si le message n est pas entendu, la saisine du Conseil de sécurité puis du Comité des sanctions serait un recours efficace.