CO-377 VERS UNE BASE DE DONNéES DES NOMS GéOGRAPHIQUES EN TUNISIE "CAS DE LA FEUILLE TOPOGRAPHIQUE DE SFAX NO N 107 NASR M., DHIEB M., MASMOUDI Y.

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CO-377 VERS UNE BASE DE DONNéES DES NOMS GéOGRAPHIQUES EN TUNISIE "CAS DE LA FEUILLE TOPOGRAPHIQUE DE SFAX NO N 107 NASR M., DHIEB M., MASMOUDI Y., CHOUARI W. Faculté des Lettres et Sciences Humaines de Sfax, SFAX, TUNISIA INTRODUCTION L idée de publication périodique des documents cartographiques (cartes thématiques, plans ) diffusés auprès du public réclame, en grande partie, la fiabilité, la transparence et la lisibilité de l information toponymique. La demande de cette information par le grand public, scientifiques et académiques, implique que les organismes surveillent la qualité de la transcription toponymique soient en mesure de produire rapidement aussi des cartes précises reflétant la réalité du terrain. Sur ces bases un protocole toponymique présente l avantage de rendre, que ce soit au niveau national ou international, accessible la compréhension d une carte. Nous allons présentés dans ce travail les étapes essentielles sur une démarche méthodologique suivie pour l instauration d une base de données toponymique en Tunisie à travers l exemple de la feuille topographique n 107 de Sfax NO au 1/25 000 éditée par l Office de la Topographie et de la Cartographie tunisien. Les données issues de cette carte seront confrontées à des cartes topographiques établies selon d autres échelles notamment celles de 1/50 000 et 1/200 000 et à des plans à une échelle plus grande de 1/10 000, réalisés pour des objectifs essentiellement touristiques. La conception d une Base de Données a nécessité dans un premier temps un inventaire et une analyse de l information toponymique, puis la modélisation conceptuelle de ces données selon la méthode HBDS. 1. INVENTAIRE ET ANALYSE DE L'INFORMATIQUE TOPONYMIQUE Notre travail est passé par trois étapes. Dans la première nous avons commencé par une analyse des sources de la complexité de la situation toponymique en Tunisie. La deuxième étape consistait dans un inventaire de l information toponymique par une identification des sources d information toponymique (Cartes topographiques, plans touristiques). Les données issues de ces sources ont été analysées puis classées et regroupées par type. La troisième étape consistée dans une étude critique des sources de l information toponymique en Tunisie. 1.1. Une longue histoire civilisationnelle, un riche héritage toponymique "Il est difficile de retracer ici toutes les facettes de la situation linguistique de la Tunisie comme il est difficile de démêler l imbroglio caractérisant le legs historique et émotionnel de chaque nom de lieu, tellement son histoire est complexe et riche. D ailleurs, tous les manuels d histoire dédiés à l histoire de la Tunisie s accordent à mettre en exergue la multitude et la variété de

civilisations et de cultures extrêmement variées et extrêmement riches qui ont marqué l histoire de la Tunisie sur quelques millénaires" (DHIEB, M., 2008) Les Phéniciens avaient édifié la fameuse Carthage et avaient installé un certain nombre de comptoirs de commerce sur la côte. Des ports actuels de renommée internationale leur doivent encore leur nom actuel. Mais ce sont indéniablement les Romains qui y installèrent quantitativement le plus de localités en édifiant tout un réseau de municipes et de ports extrêmement dense, notamment dans les régions fertiles du nord du pays. Beaucoup de nos villes, de nos villages et d autres lieux géographiques d aujourd hui leur doivent leur nom, quand bien même certains noms originels ont été remplacés par d autres comme les cas de Hammamet (ex-pupput) et Sousse (ex-hadrumète). Il suffit par exemple de passer en revue les sites archéologiques inscrits au Patrimoine Mondial de l Unesco pour s en rendre compte : Dougga, Thuburbo Majus, Sufetula, Bulla Regia, Gightis, sont authentiquement des noms romains. D ailleurs certains de ces noms de lieux ont pu être conservés dans l usage quotidien des habitants avec quelquefois quelques transformations dans la prononciation : Dougga (la nouvelle) (Dougga) ; Sufetula (Sbeïtla) ; Bulla Reggia (Boulla rejjia) ; Gightis (Jigtis) Les Arabes venus au septième siècle ont apporté la langue, la culture et la civilisation arabo-musulmanes. Ils ont laissé un immense impact en termes de toponymie : plusieurs noms de lieux (villes, villages, zaouïas, régions, cours d eau ) ont été arabisés, de nouveaux centres prestigieux ont été édifiés : Kairouan, Mahdia, Raqqada. Mais plusieurs lieux existants ont vu leur nom se transformer pour subir les contraintes de la langue arabe : Capsa devint Gafsa (Gafsa) ; Neapolis devint Nabeul (Nèbel) ; Clupea devint Kelibia (Qlibya). Les périodes tumultueuses du Moyen Age n ont pas laissé de traces profondes dans la dénomination des lieux puisque la plupart des peuples ont utilisé les toponymes existants. Les Andalous de retour en Afrique du Nord y installèrent toute une série de villes et de villages pittoresques et célèbres : Testour, Teboursouk, El Alia, Soliman, Mejez El Bab, Nianou, Belli, Tourki, El Alia, Aousja, Zouaouine, Kalâat Landlos doivent leur nom à des origines andalouses.les Turcs et les Espagnols y apportèrent aussi du leur : certains forts, et certains lieux portent encore leur obédience. La colonisation française qui se disputait la Tunisie à l Italie a quelquefois carrément créé de nouvelles localités aux noms bien français et quelquefois a changé certains noms existants notamment en milieu urbain en noms à obédience bien française : C est ainsi qu apparaîtraient Mathildeville, Jacquevilles, Moulainville, Dubosville. L histoire de Ferryville (la ville de Jules Ferry), disputé au Porto-Farina italien et à Ghar El Milh local. Plusieurs villes et localités ont été créées de toute pièce épousant parfaitement une conception coloniale de la toponymie : l orthographe et la transcription furent adaptés à la langue française et la transcription le fut

aussi : le «gh» arabe devint «rh» ; le «j» devint «dj» ; certaines lettres ont disparu d un certain nombre de noms de lieux : Benzart devint Bizerte, alors que d autres ont été tout simplement transposés : dans Sousse (Soussa ou Souça), le «e» remplaça bel et bien le «a» originel, pour on se sait trop quel type de raison! D autres noms ont été tout simplement transformés à tel point qu ils se sont sensiblement écartés de leur transcription originelle : El Quirwène devint Kairouan ; Halq El Wed devint La Goulette ; El Gasrine devint Kasserine ; Gbilli devint Kebili. 1.2. Des tentatives de normalisation inachevées et controversées A notre connaissance, en dehors des quelques tentatives sporadiques par ci par là, et suite à la prise de conscience relativement récente de l intérêt, voire de la gravité du problème toponymique, les trois travaux majeurs dans ce domaine ont été le fait de l Office de la Topographie et de la Cartographie, devenu récemment l Office de la Topographie et du Cadastre, du Centre d Etudes et de Recherches Economiques et Sociales et de quelques productions cartographiques et travaux de recherches isolés dont ceux de Mohsen DHIEB. Le travail de l OTC : Lors de la mise en place de la couverture cartographique à 1/200 000 accomplie en collaboration avec le Japon dans les années quatrevingts, l OTC, en tant qu organisme national chargé de la rédaction des cartes de bases en Tunisie, a entrepris la rédaction des cartes à 1/200 000, en tenant compte des recommandations internationales en vigueur en adoptant le fameux système de transcription de Beyrouth. Les feuilles topographiques produites en langue française essaient de transcrire plutôt les endonymes que les exonymes pour tous les noms géographiques (hydronymes, régionymes, choronymes, hagionymes, ). Mais le travail étant accompli dans un environnement plus «technique» que dans un cadre scientifique ou académique, nombre de reproches peuvent être adressés aux documents produits, dont notamment le fait d avoir pris appui plutôt sur une version plus proche de l arabe littéral que de l arabe parlé correspondant à la version appropriée par les habitants, comme le fait d avoir pris le Al (comme dans le cas de Quirwène) comme article défini au lieu du l prononcé quasiment dans tous les coins de Tunisie (l Quirwène) et le fait d y avoir inclus les accents et les intonations. Tout ceci a fait qu il y a un décalage entre l orthographe, et donc la prononciation des noms transcrits et leur prononciation réelle. Le second travail a été accompli au Centre d Etudes et de Recherches Economiques et Sociales (CERES) dans le cadre de l Atlas National de Tunisie. Des efforts ont été fournis pour transcrire les noms apposés sur les différentes cartes thématiques, suite à un travail systématique entrepris et ponctué par un ouvrage (BEN JAAFAR, E., 1979). Mais là encore, le fait d avoir épousé les règles strictes de la transcription linguistique a beaucoup nui au final sans omettre le fait que le travail reste encore inachevé. Travaux cartographiques universitaires : Enfin il y a lieu de signaler quelques travaux universitaires ou d études scientifiques qui se sont penchés sur la

question ou qui ont produit une lecture plutôt personnelle : ils sont certes rares mais procèdent d une certaine cohérence interne en général. Il faut dire que le monde académique s est peu préoccupé de cette question, préférant l éluder ou ne pas lui accorder l importance qu il faut. Dans ces cas, c est une version courante qui est avancée la plupart du temps dans les productions géographiques par exemple, qu elles soient de type textuel ou cartographique. Seuls quelques travaux par ci par là se sont posé la question de la transcription toponymique. On peut noter par exemple dans un article publié dans la Revue Tunisienne de Géographie un article dans lequel figure une carte de la densité de population en Tunisie et faisant figurer les noms des délégations (niveau intermédiaire du découpage administratif tunisien) transcrits de façon peu courante mais simple et relativement proche de la transcription phonétique (DHIEB, M., 1995). Toutes ces tentatives de transcription toponymique, pour intéressantes qu elles sont, ne constituent point des solutions systématiques et ne tiennent pas compte des standards internationaux préconisés par les instances internationales spécialisées, outre le fait qu elles ne couvrent pas l ensemble du territoire tunisien ou/et l ensemble des variétés de toponymes et surtout ne préconisent pas une stratégie de transcription sur le moyen ou le long terme. De plus il semble que ce n est que récemment que l Etat tunisien semble s intéresser à la question de la toponymie en provoquant notamment une réunion du GENUNG en 2007 puisque, dans de nombreux cas, et rien que pour les nouveaux toponymes, les collectivités publiques chargées par exemple de l administration du territoire ne les créent pas avec une stratégie et des normes arrêtées comme les numérotations successives pour les noms de rue. 1.3. La situation de la toponymie en Tunisie Ainsi, le diagnostic de la situation de la toponymie en Tunisie se décline à plusieurs niveaux : Lourd héritage historique de la plupart des toponymes tunisiens qui disposent d une charge culturelle et civilisationnelle que l on ne pourrait comprendre sans connaître l histoire du pays ; Niveau de la langue arabe caractérisée par la diglossie entre arabe littéral et arabe parlé ; Niveau des différents parlers locaux : le même nom de lieu n a pas la même prononciation selon l origine géographique, l interlocuteur, voire même le contexte pour le même interlocuteur (!) Niveau provenant de la langue française ou plutôt de la transcription des toponymes dans la langue française ; Règles changeant jusqu à même le fondement et le sens originel des toponymes. Quand on sait que la cartographie de base en Tunisie est née avec la colonisation, on peut comprendre que la prise de conscience de transcription

toponymique est née peu de temps après quand l Etat tunisien a voulu prendre en main sa propre production cartographique, soit après 1956. Au total, l état de la situation toponymique tunisienne se caractérise par sa très grande complexité, fait à la fois de son lourd héritage historique et de son histoire récente mais aussi de sa situation linguistique particulière de bilinguisme (arabe, français) complexifiée par une diglossie entre arabe littéral et arabe parlé et par des parlers locaux et régionaux donnant plusieurs options de transcription au même nom. Mettre en place des transcriptions standardisées d ensemble pour transcrire avec le moins d erreurs possibles les toponymes tunisiens s avère être une opération hasardeuse et risquée a priori bien qu ayant constitué le principal objectif des premières recherches toponymiques tunisiennes. 2. LA CONCEPTION DE LA BASE DE DONNÉES TOPONYMIQUE 2.1. Acquisition des données toponymiques Dans ce travail, nous avons procédé à définir les éléments pertinents susceptibles d être intégrés dans la base de données dédiée aux différentes transcriptions toponymiques. Ces éléments ne couvrent que la carte topographique n 107 de Sfax NO choisie comme un protoye. A ce niveau là de conception, nous abordons la méthodologie hypergraphique qui repose essentiellement sur le fait de décortiquer «le monde réel continu et discret» (Bouillé, 1977) en sous ensembles. On détermine alors les hyperclasses, les classes et les objets qui les composent. L élaboration du diagnostic et de l inventaire nécessite la collecte d un volume considérable de données, concernant le territoire couvert par la feuille choisie et des données extrêmement variées (lieux dits, routes, villes, oueds ). Pour comprendre les différentes phases de conception de la base de données, on a crée un dictionnaire de données correspondant aux Types Abstraits de Données TAD en HBDS (il s agit de la liste des entités qui devrait exister dans notre modèle de données). Ce dictionnaire donne la définition des entités ainsi que les champs contenus dans chacune des tables de la base de données attributaires. Après avoir cité l ensemble des informations liées à la toponymie dont nous aurons besoin pour la construction de notre modèle, nous avons procédé à représenter les différentes entités. Nous proposons alors de dégager une formule afin d aboutir à une architecture basée sur une modélisation hypergraphique. La méthode HBDS s appuie sur quatre principaux concepts : les objets, les classes, les attributs et les relations. Nous allons déterminer les hyperclasses, les classes et les objets et dégager les liens entre les différentes composantes. 2.2. La mise en place d un Modèle Conceptuel de Données La mise en place d un Modèle Conceptuel de Données (MCD). Ce modèle offre la possibilité de mieux identifier l ensemble des données thématiques qui seront organisées. Le MCD est utilisé pour définir aussi les caractéristiques des liens

qui existent entre les différentes tables. Cette optimisation est indispensable pour garantir le succès des requêtes. Maintenant que le MCD est établi, on peut le traduire en système logique. Ainsi, la deuxième étape consiste à l implémentation logicielle du modèle afin de créer la base de données géographique (Géodatabase). Figure 1 : Modèle conceptuel de la base de données toponymique. Figure 2 : relations entre les tables de la base de données : 2.3. La mise en place d un Modèle Physique de Données (MPD) Nous avons généré le MPD à partir du MCD précédent. C est le modèle qui sera directement exploitable. Nous avons crée la Geodatabase topologique sous l environnement Access. Ainsi chaque CASE (Computer Aided Sofware Engineering) de la Geodatabase correspond à une classe ou sous-classe du MCD (Pirot et Saint-Gérand, 2005). Un travail important a été consacré à la conception de l interface utilisateur sous Access permettant une simplicité d utilisation est une meilleure gestion de différentes informations. Ce travail préliminaire réduit le temps de mise en place et d accès ultérieur aux informations. Il assure aussi leur disponibilité permanente, leur exploitation, leur utilisation sous différents documents cartographiques et leur mise à jour. TOPONYME Requête EXONYME ENDONYME GENERIQUE SPECIFIQUE CD_SECTEUR NOM_SECTEUR NATURE_OBJ NOM_FEUIL ECH_FEUIL SIDI MANSOUR SIDI MANSOUR SIDI MANSOUR 16 SIDI MANSOUR LIEU HABITE SFAQIS N.O. 1/25000 MARKAZ MA'LOUL MARKAZ AL MAALOUL MERKEZ AL MAALOUL 16 SIDI MANSOUR LIEU HABITE SFAQIS N.O. 1/25000 HANSHIR AL HAJ SALIM HANSHIR EL HAJ SèLEM HANSHIR EL HAJ SèLEM 16 SIDI MANSOUR LIEU HABITE SFAQIS N.O. 1/25000 HANSHIR HBANA HANSHIR HABBANA HANSHIR HABBANA 16 SIDI MANSOUR LIEU HABITE SFAQIS N.O. 1/25000

HANSHIR AL AZOUZ HANSHIR L'AAZOUZ HANSHIR L'AAZOUZ 16 SIDI MANSOUR LIEU HABITE SFAQIS N.O. 1/25000 MARKAZ BAQLOUTI MARKEZ BAKLOUTI MERKEZ BAKLOUTI 16 SIDI MANSOUR LIEU HABITE SFAQIS N.O. 1/25000 MARKAZ AL LAJMI MERKEZ EL LAJMI MERKEZ AL LAJMI 16 SIDI MANSOUR LIEU HABITE SFAQIS N.O. 1/25000 MARKAZ HMOUDA MERKEZ HAMMOUDA MERKEZ HMOUDA 16 SIDI MANSOUR LIEU HABITE SFAQIS N.O. 1/25000 CITE AL HANA HAY EL HANA CITE CHAKIR 16 SIDI MANSOUR LIEU HABITE SFAQIS N.O. 1/25000 CITE AL JAWHRA HAY EL JAOUHARA CITE CHAKIR 16 SIDI MANSOUR LIEU HABITE SFAQIS N.O. 1/25000 CITE AL KHALIJ HAY EL KHALIJ CITE CHAKIR 16 SIDI MANSOUR LIEU HABITE SFAQIS N.O. 1/25000 Exemple de requête : extrait de la requête issue des tables Ce travail sert à faciliter la tâche aux institutions responsables de l édition cartographique en choisissant la liste des noms géographiques correspondant à chaque échelle cartographique. Cette base de données des noms géographiques constituerait donc la principale source d information nationale à consulter pour connaître les appellations officielles aux fins de l élaboration des cartes, de la production de répertoires toponymiques, de la navigation sur le Web et de l utilisation des autres systèmes numériques à référence spatiale. Elle est susceptible de contenir plus de 30 attributs pour un même nom et peut être mise à jour quotidiennement. Figure 2 : Schéma général de la base de données : Cette base de données des noms géographiques doit fournir une liste à jour des toponymes pour chacune des cartes à 1/25 000, 1/50 000 ou à 1/200 000 aussi que des plans touristiques au 1/10 000 que produit ou révise l Office de la topographie ou le Centre National de Cartographie et de Télédétection. De toute façon, il faut que ce type de recherches se poursuive en vue d établir un processus pour synchroniser la mise à jour de cette couche de données toponymiques avec celle de la Base de Données de chaque utilisateur. CONCLUSION A la lumière de cette étude, nous avons dressé un aperçu sur la nécessité de la mise en oeuvre d une base de données toponymique en Tunisie. L objectif est triple, il vise : - L intégration des écritures toponymiques dans la base de données cartographique générale du pays ; - La gestion de l information toponymique numérique à chaque échelle cartographique; - La normalisation des toponymes utilisés sur ces cartes (la création des répertoires toponymiques).

L approche méthodologique utilisée dans cette étude permettrait la création d une base de données numérique qui sera mise à jour. D un point de vue technique de recherche, elle a prouvé la précision, la souplesse, la rentabilité. Par contre, elle a démontré les lacunes posées par les tentatives de normalisation controversées et inachevées. Elle a reflété, au cours de l élaboration de cet exercice, beaucoup des carences dans le maintient de la transcription toponymique en Tunisie. Dans une étape ultérieure, il faut aller plus loin : profiter de l expérience et du savoir faire sur place et prendre appui sur les compétences locales tout en travaillant avec les officiels et les acteurs de la politique toponymique en Tunisie.