Les infections à Clostridium difficile en EHPAD

Documents pareils
Jean-Christophe Richard Véronique Merle CHU de Rouen

Mise en place du contrôle du bon usage des carbapénèmes: expérience d une équipe pluridisciplinaire

C. difficile. Réponses aux questions les plus fréquemment posées sur le. à l Hôpital général juif HÔPITAL GÉNÉRAL JUIF SIR MORTIMER B.

Leucémies de l enfant et de l adolescent

Don de moelle osseuse. pour. la vie. Agence relevant du ministère de la santé. Agence relevant du ministère de la santé

I. Qu est ce qu un SSIAD?

Vaccinations pour les professionnels : actualités

Signalement et gestion des infections respiratoires aiguës (IRA) et des gastroentérites aiguës (GEA) 19 juin 2014

Rhume ou grippe? Pas d antibiotiques!

BMR/ BHR en EHPAD Prise en charge des résidents

La communication engageante dans la campagne de vaccination contre la grippe

Définition de l Infectiologie

Télé-expertise et surveillance médicale à domicile au service de la médecine générale :

Chapitre VI : Gestion des risques épidémiques

"Formation et évaluation de la compétence du pharmacien clinicien expérience suisse"

Les différentes structures d accueil des secteurs médicaux sociaux, sanitaires, et résidences services / Glossaire

Céphalées de tension. Hélène Massiou Hôpital Lariboisière, Paris

Indemniser équitablement les autrices et auteurs

ASPECT ECHOGRAPHIQUE NORMAL DE LA CAVITE UTERINE APRES IVG. Dr D. Tasias Département de gynécologie, d'obstétrique et de stérilité

Classifier le handicap épileptique avec ou sans autres déficiences associées. Réponses médico-sociales.

Pour JANVIER 2010 : EPREUVE ECRITE du DF1 :

Le traitement du paludisme d importation de l enfant est une urgence

Assurance invalidité de courte durée. Guide du salarié

Session Diagnostic. organisme gestionnaire du développement professionnel continu.

PRISE EN CHARGE D'UN PATIENT ATTEINT OU SUSPECT DE CLOSTRIDIUM DIFFICILE

GUIDE D INFORMATIONS A LA PREVENTION DE L INSUFFISANCE RENALE

L agénésie isolée du corps calleux

UNIVERSITÉ 66,8 C.P.G.E. 74,8 % D.U.T. B.T.S. 13,4 % 2,3 11,1 Autres formations 9,7. Total : 97,5 % 7,8 0,2. Lettres Economiques

Information au patient

Comment se déroule le prélèvement? Il existe 2 modes de prélèvements des cellules souches de la moelle osseuse:

INAUGURATION Du service de Pédiatrie Dossier de presse JEUDI 14 NOVEMBRE 2013

MINISTERE DE LA SANTE ET DES SOLIDARITES DIRECTION GENERALE DE LA SANTE- DDASS DE SEINE MARITIME

INDICE DE FRÉQUENCE DES ACCIDENTS DE SERVICE

BILLON, C. BURNAT, S.DELLION C. FORTAT, M. PALOMINO O. PATEY

Mise en place de référents grippe au sein d un centre hospitalier

LA VIE APRES VOTRE INFARCTUS

I - CLASSIFICATION DU DIABETE SUCRE

Dr Laurence FAYARD- JACQUIN Cœurs du Forez Mise à jour

L ÉDUCATION THÉRAPEUTIQUE DU PATIENT EN 15 QUESTIONS - RÉPONSES

Une protection d assurance de premier choix et de qualité suisse. Notre offre pour les expatriés

Profil médico-économique de plerixafor en remobilisation dans le myélome multiple

CONVENTION de COLLABORATION. La Mutuelle de Santé de Bignamou et. Le Centre de Santé de Bignamou

ARRÊTÉ du. Projet d arrêté fixant le programme d'enseignement de santé et social en classe de seconde générale et technologique

Les Infections Associées aux Soins

Calendrier des formations INTER en 2011


Urgent- information de sécurité

Equipe mobile SMES CH Sainte-Anne (Paris)

UNIVERSITE DES ANTILLES ET DE LA GUYANE

La prévention : caractéristique du positionnement de la Mutualité Française sur l ensemble de son offre

LE FINANCEMENT DES HOPITAUX EN BELGIQUE. Prof. G. DURANT

Les animaux en EHPAD : règles d hygiène

SURVEILLANCE DES SALARIES MANIPULANT DES DENREES ALIMENTAIRES

Insuffisance cardiaque et télémédecine: Exemple du Projet E care : prise en charge à domicile des insuffisants cardiaques en stade III

GUIDE PATIENT - AFFECTION DE LONGUE DURÉE. La prise en charge des leucémies aiguës de l adulte

Il est bien établi que le réseau d eau hospitalier peut

Compte rendu d hospitalisation hépatite C. À partir de la IIème année MG, IIIème années MD et Pharmacie

JE NE SUIS PAS PSYCHOTIQUE!

FICHE D INFORMATION AVANT UNE TRANSFUSION

Diatélic DP : télémédecine pour la prévention des aggravations de santé des dialysés à domicile

eduscol Santé et social Enseignement d'exploration

Référentiel Officine

Le guide du bon usage des médicaments

Parcours du patient cardiaque

Précautions standard et complémentaires : quelles mesures pour quels patients?

Tests de détection de l interféron γ et dépistage des infections tuberculeuses chez les personnels de santé

BOITE A IMAGES PREVENTION DE LA MALADIE A VIRUS EBOLA

CH Marches de Bretagne/Mme ROUANET 05/06/2015 2

Centre Antipoison et de Toxicovigilance Strasbourg Tél:

Transports sanitaires

Comment devenir référent? Comment le rester?

EVALUER LA MAITRISE DU RISQUE INFECTIEUX EN EHPAD

Présentation: Aline Mendes

QUELLES SONT LES OPTIONS DU TRAITEMENT DE LA LMC?

SOMMAIRE I. INTRODUCTION 4 II. SOURCES D INFORMATION 5

DIAPOSITIVE 1 Cette présentation a trait à la réglementation sur les thérapies cellulaires.

Ce texte peut être retrouvé maquetté dans la Revue du Praticien, 20, 50, Décembre 2000,

admission aux urgences

Le parcours en greffe de cellules hématopoïétiques : greffe allogénique

LE GRAND LIVRE Du. Pr Jean-Jacques Altman Dr Roxane Ducloux Dr Laurence Lévy-Dutel. Prévenir les complications. et surveiller la maladie

Présentation des intervenants et modérateurs

Assurance Crédit-Invalidité Trousse «Demande De Règlement»

Le Psoriasis Qui est touché?

Z I G U I N C H O R SITUATION ECONOMIQUE ET SOCIALE REGIONALE Service Régional de la Statistique et de la Démographie de Ziguinchor

Séminaire du Pôle Santé

Hépatite C une maladie silencieuse..

SYSTEMES D INFORMATION EN SANTE Journée régionale du 12 janvier Blois

Dossier Patient Informatisé : L expérience Valaisanne

UEMS - OB/GYN SECTION LA FORMATION DU SPECIALISTE EN GYNECOLOGIE OBSTETRIQUE PROPOSITIONS DU GROUPE DE TRAVAIL DE L' EBCOG 1.

Conseils aux voyageurs

Coordination de la Gestion des risques. Bilan - Programme

FAIRE FAIRE DES ECONOMIES A VOTRE ETABLISSEMENT:

Etablissement Français du Sang

Troubles psychiques de la grossesse et du post-partum Q19. Psychiatrie adulte Module D Pr Jean Louis Senon Année universitaire

Domaine : Sciences, Technologies et Santé Mention : Nutrition, Sciences des aliments, Agroalimentaire

La planification familiale

ALTO : des outils d information sur les pathologies thromboemboliques veineuses ou artérielles et leur traitement

Stratégies de dépistage des bactéries multirésistantes. Qui? Pourquoi? Comment? Après? L exemple des MRSA

Tuméfaction douloureuse

Surveillance épidémiologique : application à la détection et la prédiction des épidémies

Transcription:

Université Paris V Descartes DIU Médecin coordonnateur en EHPAD Année Universitaire 2014-15 Les infections à Clostridium difficile en EHPAD Dr Marie-Cécile CAMUS-BOUEDJORO Dr Vyvier NGOYA Dr Emmanuelle SAGER Directeur de mémoire : Dr Aurélien DINH Infectiologue aux hôpitaux Ambroise Paré/Garches et St Perrine

CONTEXTE Clostridium difficile est un bacille gram + anaérobie strict, sporulé, retrouvé dans l environnement La transmission se fait de façon directe par voie oro-fecaleou de façon indirecte via l environnement pour les formes sporulées Les infections à Clostridium difficile (ICD) représentent la 1 ère cause de diarrhée associées aux soins chez l adulte L incidence augmente depuis 10 ans avec deux épidémies dans la région nord en 2008 et en PACA en 2014 (au départ des EHPAD) Une étude (EUCLID) a montré l existence d un sous-diagnostic en France à hauteur de 55%

DIAGNOSTIC et PRISE EN CHARGE Il est difficile car banal ; il faut y penser devant : une diarrhée survenant dans les 48 heures suivant une hospitalisation (ou un retour d hospitalisation) Avec ou sans fièvre Des épisodes à répétition (récidives) Le diagnostic est microbiologique à la recherche de toxines libres dans les selles ou d une souche toxinogène En pratique, il faut demander «recherche de C diff toxinogène ou de ses toxines dans les selles» La société européenne d infectiologie (ESCMID) a publié des recommandations de traitement en 2014, selon le niveau de sévérité de l infection et les facteurs de risque des patients La prévention de la transmission et l application de règles d hygiène strictes fait partie intégrante du traitement

OBJECTIFS Notre mémoire avait pour objectif de : estimer la prévalence des ICD en EHPAD décrire les caractéristiques des patients atteints, leur devenir Décrire les conséquences pour l EHPAD Pour cela nous avons réalisé une enquête rétrospective à visée nationale et multicentrique Nous avons recueilli les informations via un questionnaire distribué dans l amphi, mis en ligne et adressé à notre réseau Nous avons obtenu les réponses de 4 EHPAD qui nous ont déclaré 2 ICD

RESULTATS Description des EHPAD Femmes 68 résidents en moyenne [56-82] 73 % de femmes Moyenne des GMP à 729 [685-798] avec 52% de GIR 1-2 et 37% de GIR 3-4 Points communs Hospitalisées dans les 2/3mois précédents et traitée par antibiotiques Diarrhée sans fièvre Diagnostic à l hôpital Mesures de précautions-contact mise en place : isolement, désinfection à l eau de javel Différences 71 ans, GIR 4 91 ans, GIR 3 Symptômes Hyperleucocytose Récidive Absence d hyperleucocytose Guérison 30 jours 6 jours Retour à l EHPAD après 60 j d hospitalisation Après 34 jours d hospitalisation

DISCUSSION Les ICD font partie du risque infectieux à surveiller par le MedCo(mission 12) Deux cas de gravité modérée, montrent les conséquences des ICD : longue durée d hospitalisation, probable décompensation de pathologies sous jacentes Limites de notre enquête : Objectif d estimation de la prévalence non atteint car peu de données recueillies Questionnaire jugé trop complexe Période trop courte : année 2014 -> étendre à l année précédente? Sous diagnostic en France dans les hôpitaux Manque de motivation, thème est peu porteur car l incidence semble rare

CONCLUSION Les ICD sont sous-diagnostiquées dans les hôpitaux français Les symptômes de cette infection sont aspécifiques (diarrhée non fébrile) Les résidents en EHPAD sont tous à risque d ICD La pathologie semble peu fréquente au regard des autres pathologies (cardio-vasculaires, neuro-psychaitriques, métaboliques) en EHPAD A l issue de ce travail, il nous parait important de : sensibiliser les médecins traitants : au diagnostic de cette diarrhée infectieuse, à sa prévention par la prescription raisonnée d antiobiotiques former les équipes soignantes en cas d ICD avérée au sein d un EHPAD.