Le Fort des Salles Situation des établissements médiévaux aux alentours du fort
À tout seigneur, tout honneur! Nous entamons le cycle des places fortes de Mayet par le Fort des Salles. Situé à l Est de la commune actuelle, il était à sa construction en 1162, au sud du village médiéval. Les terres régaliennes 1 s étendent alors sur les paroisses de Jupilles, Beaumont et Mayet. Le Ménoir 2 à Château du Loir, chemin noté sur le cadastre de 1812 sous cette appellation, le contourne constituant la limite Ouest des terres des comtes d Anjou devenus par le mariage de Geoffroy V le Bel avec Mathilde d Angleterre, rois d Angleterre. Sur la charte qui précède sa construction, il est dit «joignant le château royal» autrement dit Mayet, qui était à l époque qui nous concerne, cerné d une palissade et fortifié comme on peut encore le voir sur l une des maisons de Saint Nicolas. La prée du château, longeait les terres royales mais appartenaient au seigneur de Mayet, c était le bien des pauvres, géré par le conseil de fabrique, représenté par un marguillier et l assemblée des notables de la paroisse. Le curé devait veiller à ce que seuls, les pauvres de notre paroisse bénéficient de ce privilège : faire paître sa bête sur cette mauvaise prairie. On chassait les étrangers et les pauvres venus des autres paroisses le soir, à la tombée de la nuit. L insécurité qui règne dans le milieu du 12 ème siècle dans le Maine et sur la Marche d Anjou inquiète Henri II Plantagenêt qui fait construire sur ses terres les Salles, un fort où il installe une garnison commandée par un capitaine. La présence de gens d armes invitent les malfaiteurs à passer outre et s enquérir de lieux plus accessibles et moins surveillés. Pourtant la garnison n était pas affectée directement à la garde des terres royales mais à celle de l abbaye de Mélinais dans l'élection de Baugé, sur la rive gauche du Loir dont la chapelle abritait les reliques de Saint Regnault et qui avait été fondée à Sainte Colombe en 1170 par Henri II pour l'expiation du meurtre, dans la cathédrale de Canterbury, de l'archevêque Thomas Beckett. Mayet appartenait à la famille des seigneurs de Château du Loir depuis le mariage de Hélie de la Flèche et de Mathilde de Château du Loir, arrière grand-mère d Henri (voir tableau généalogique). De cette forteresse enserrée par des fossés, dont les murs d'enceinte couronnés de créneaux, étaient encore debout au début du 20ème siècle (voir plan cadastral), il ne reste plus que la petite poterne et les douves. Cette poterne, fermée d'une porte mobile dont on voit encore les entrais, permettait le passage des hommes à pied seulement. Une autre porte à pont-levis également, plus large, pour les hommes à cheval et les chariots, s'ouvrait alors entre deux tours qui flanquaient l entrée dont on peut voir encore les fondations quand on franchit le pont d accès actuel. Les murs d enceinte étaient très épais, construits d abord à la banche, ils étaient revêtus de parement de pierres de taille comme on peut le voir encore dans ce qui reste du mur dont on voit par l'arrachement, le mode de construction et l'épaisseur de la muraille. Les deux tours de l'entrée principale qui fermaient la place forte furent emportées par une explosion le 7 novembre 1918 alors que le fort, reprenant sa fonction militaire devient le quartier général des forces expéditionnaires de l'armée américaine et plus précisément du 51ème régiment d'infanterie, alors sur le chemin du retour vers leur Virginie natale3. 1 Terres qui se rapportent exclusivement au roi, l impôt est versé au trésor royal et non à la paroisse. 2 Ménoir ou chemin, intitulé sur le cadastre de 1812 et 1850 à Mayet, Lavernat, Luceau 3 Le Sud Sarthe dans la tourmente de la Grande Guerre N. Piétrin éd. Sutton
Figure 1 : plan cadastral du fort des Salles en 1812. La tour, appelée à tort "donjon" est en fait une des cinq tours de guet dont les ouvertures sur plusieurs angles permettaient une observation des terres alentour. Figure 2 : Archère commandant l'escalier de la poterne. La semaine qui précède sa mort, le roi d Angleterre, Richard Cœur de Lion, né à Oxford en 1157, qui aimait venir à Mayet qu il trouvait agréable, vient régler des différends et des tensions qui entraînent des disputes entre ses paysans et se baigner dans le Loir. Est-ce là qu il attrape le refroidissement qui l emporte à Chalus en 1199 une semaine plus tard?
Dates importantes et les noms des différents propriétaires du fort jusqu au 19 ème siècle. Le 8 avril 1417, c'est Adam de Glennes qui est seigneur des Salles et de la Roche Maillé. Son nom apparaît sur le chartrier de Château du Loir comme vassal. Le 3 juillet 1489, le fort devient l'habitation de Maistre Hodon de Maillé, écuyer, notaire et secrétaire du Roi Charles VIII. Le 21 décembre 1582, Honorat de Neuchèze seigneur de Beaudiment, fils héritier de Geoffroy de Neuchèze épouse Renée de Hodon, seigneur des Salles. Elle est la fille de François Hodon et de Jehanne de la Rouraye. Ils vont transformer la forteresse en maison d'habitation plus agréable à vivre et agrandir le logis en convertissant une tour de guet en tour ronde qui recevra par la suite, plusieurs pièces. Cette partie est embellie au 17ème siècle par Jean Baptiste de la Roche Tulon et de son épouse Marie de Neuchèze, comtesse de Beaumanoir4. La vassalité qui l'assujettit à la châtellenie de Château du Loir implique ses chevaliers dans leur établissement dans d'autres lieux sous le vocable de leurs terres d'origine Maillé. Le baronnage qui fera préférer les comtes d'anjou ou ceux du Maine au duc de Normandie essaimera la famille de "Mayet" ou Maillé aux quatre coins des provinces d'aquitaine et de Touraine. En 1536, la destiné de Mayet est celée quand la châtellenie de Château du Loir est vendue pour la somme de 45 000 livres et réunie définitivement au domaine royal. Le lignage de Maillé dont on trouve la trace dans les registres paroissiaux du 17ème siècle avec la citation de Françoise de Maillé comme marraine de nombreux enfants du village, laisse son empreinte sur une longue période. Figure 3 : Escalier à vis en pierre de tuffeau de la petite poterne. 4 Archives personnelles de Maître Graftieaux, descendant de la famille de Hodon de Maillé et de Neuchèze.
Jean de Beaugency + Paule du Maine Hélie de la Flèche + Mathilde de Château du Loir Aremburge + Foulque IV le jeune Geoffroy le Bel + Mathilde d'angleterre Henri II Plantagnêt Aliénor d'aquitaine Richard Cœur de Lion Figure 4 : Arbre généalogique des Plantagenêt à Mayet A venir : La ferme fortifiée de Coulaines, la ferme fortifiée de la Quarrelière.