Programme d'un jardin botanique idéal



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Transcription:

MÉMOIRES D U JARDIN BOTANIQU E DE MONTRÉAL MEMOIRS O F TH E MONTREAL BOTANICAL GARDEN No. 1 (Édition française ) ^ Programme d'un jardin botanique idéal par Henry TEUSCHE R Directeur des Services techniques du Jardin botanique de Montréal. NOV 4 1957 JAROÎK BCn**»<i ^ DEMONT6EAL JARDIN BOTANIQU E D E MONTREA L 4101 EST, RUE SHERBROOK E MONTRÉAL, CANAD A MONTREAL BOTASICA L GARDE X 4101 bliekbkook E ËTIÎBE T EAS T MONTREAL, CANAD A 1940

Programme d'u n jardi n botaniqu e idéa l par H. TETJSCHE E Directeur des Services techniques du Jardin Botanique de Montréal L'esquisse qu i sui t a ét é publié e e n 193 3 dan s l a revu e Parks an d Récréation et sou s le titre : «Th e Botanica l Garde n of thé Future». Ell e fut écrite, tou t d'abord, pou r l e seu l bénéfic e d e l'auteur, afi n d e mettr e au ne t dan s so n espri t c e qu e devraien t o u pourraien t êtr e le s objectif s d'un jardin botanique moderne. I l avait été appelé à composer et à réalise r le Jardin Botaniqu e d e Montréal. I l lui semblai t don c que, avan t d'aborde r une entreprise d'un e auss i grande envergure, i l étai t indiqu é d e prévoi r tout c e qu'u n jardi n botaniqu e idéa l pouvai t mettr e à so n programme, car o n n e peu t guèr e choisi r judicieusement qu e s i l'o n possèd e tou s le s éléments d'une question. Or, i l se trouva plu s tard qu e l e programme élabor é alor s fut accept é presque entièremen t e t n e subit qu e des modifications véritablement insi - gnifiantes. Le Jardin Botanique de Montréa l pourr a donc, quan d il ser a terminé, servir d e démonstratio n à l'application pratiqu e de s principe s énoncés ici. A la lumière de l'expérience acquise au cours de l'élaboration d u Jardi n Botanique d e Montréal, il est deven u possible d e traiter avec une précision plus grand e plusieur s partie s importante s d e cett e esquisse. D'ailleurs, puisque l'articl e origina l es t depui s longtemps épuisé, i l sembl e opportun d'en fair e un e révisio n e t un e réimpression, non pas pou r servir d e livret - guide, mais afin d e fournir de s points d e repère à ceu x qui viendront aprè s nous e t qu i devraient pouvoi r faire mieu x encore. Naturellement, u n jardi n botaniqu e es t avan t tou t un e institutio n d'éducation. Depui s que les jardin s botanique s existent et ce n'es t pas d'hie r ils on t toujour s d e quelqu e faço n servi l'éducation. Mai s il n'es t pa s douteu x que, pou r justifie r so n existenc e dan s notr e sociét é contemporaine, le jardin botanique moderne doit élargi r considérablemen t le cham p d e se s activité s éducatives.

Autrefois, l e bu t primordia l d'u n jardi n botaniqu e étai t d e servi r aux hommes de science et aux étudiants plutôt qu'a u grand public. L'admission d e celui-c i outre qu'ell e étai t payant e dan s le s jardins botanique s européens - était tou t a u plu s toléré e e t considéré e plutô t comm e un e nuisance. Cec i fut mêm e poussé si loin qu e l e nom mêm e de «jardi n bota - nique» es t asse z ma l v u d u public. I l peu t mêm e quelquefoi s êtr e plu s opportun d'engage r l'intérê t d u publi c e n créan t d'abor d u n «Garden - center» qu i pourra se transformer plus tard e n jardin botanique. II va d e soi qu'un jardi n botanique doit êtr e l e centre de la recherche botanique pou r l a régio n où il se trouve e t êtr e dot é d'un personnel scientifique compétent ; i l es t clair, aussi, qu'i l doi t coopérer étroitemen t ave c les université s locale s e t le s autre s institution s d'enseignement, e t offri r des cour s d'instructio n scientifique. Or, j e croi s qu'u n jardi n botanique moderne doi t tou t particulièremen t adopte r l a tactiqu e d e s e servi r l e plus possibl e d e se s moyens, pour l'éducatio n d u gran d public. C e n'es t pas qu e j e suggèr e d e transforme r tous le s commi s e t le s mécaniciens e n botanistes, n i d e nourrir les enfants de noms latins d e plantes. Mais, ave c la concentratio n grandissant e d e l a populatio n dan s le s grande s ville s et l'éloignemen t d e la nature qu e cel a entraîne, i l me sembl e que l e jardin botanique d e l'avenir a une grav e tâch e à accompli r en aidant l e citadi n déraciné à retrouve r o ù à conserve r l e lie n salutair e ave c l a natur e dont, après tout, i l fai t partie. L'homm e moderne, vivan t dan s c e déser t arti - ficiel de pierre qu'on appell e une ville, en est venu d e plus en plus à consi - dérer le s plantes, le s arbres, le s arbuste s e t le s fleur s qu'i l voi t dan s le s parcs publics et l e long de s avenue s comme d e purs ornements. I l se plaît à les voi r mai s ne leu r donn e guèr e qu'un e attentio n distrait e et il est loin d'éprouve r u n sentimen t quelconqu e d'affinit é vis-à-vi s d'eux. I l brise et détrui t les arbres de la rout e au capric e du momen t san s songe r à c e qu'il fait. Il n'a pa s de jardin à lui, et souvent i l n'en désir e mêm e pas, car i l l e considèr e seulemen t comm e un e corvé e d e plu s à laquell e i l n e découvre aucu n sens, o u comm e u n ornemen t coûteu x qu'i l n e peu t s e payer. Il en est beaucou p parm i les chefs d'actio n social e qui attribuen t à sa vrai e caus e l a part d'instabilité, d e mécontentement e t d e tristesse qu i est du e à c e divorce d e plu s e n plus grav e d e l'homme d'ave c l a nature. Ils admetten t généralemen t qu e le s parcs publics, le s terrains d e jeu x e t de récréatio n son t u n articl e essentie l à tou t programm e d'urbanisme. Et cependant, y a-t-i l u n par c publi c qu i influenc e l'attitud e d u citadi n vis-à-vis d e la nature? Non, parce qu e ces parcs ne contribuen t pa s à son éducation. Qu'i l me suffis e d e citer le Central Par k à New York, qu i subi t à ce point chaqu e anné e le s ravage s de la destructio n irréfléchi e qu'i l ne peut êtr e maintenu qu'a u pri x de grandes dépenses.

Certes, no s pères devaien t dispute r un e existenc e précaire à la nature et pourtan t il s y connaissaien t bie n leu r place ; tandis qu e nou s n'avon s su transpose r dan s notr e vi e modern e e t mécanisé e rie n d e plu s qu e l a notion ma l compris e d e l a dominatio n d e l a natur e pa r l'homme. Cett e notion a été graduellemen t encor e plus déformé e quand ell e a donné nais - sance à l a doctrin e puéril e qu e l'homme, VHomo sapiens, n e faisai t pa s partie d e la nature mais, était seulemen t son maître suprême. Cette fauss e orientation d e l'homm e dan s l a natur e es t à l'origin e d e plu s d e mau x sociaux qu e je n'e n pui s défini r ici. U n changement, un e réorientatio n n e peuvent surveni r qu e par un e éducation systématique ; e t cett e éducatio n doit êtr e s i simple e t se s moyens s i attrayants e t agréable s qu e l e public puisse apprendr e san s s e rendr e compt e qu'o n lu i enseigne. Voil à o ù l e jardin botanique d e l'avenir trouver a u n cham p de travail vaste e t fertile. En fait, ce t aspec t d e la vi e social e est d'un e tell e importanc e qu e j e m e figure san s pein e un e époqu e o ù aucun e vill e d e quelqu e importanc e n e voudra se trouver san s jardin botanique. Après tout, tout e vi e humaine ou animale sur le globe terrestre dépend directement o u indirectement d e la vie végétale. Pénétre r plu s avant dan s les pourquo i et le s commen t d e l a vi e végétal e nou s amèn e à découvri r les source s de notr e propr e subsistance. Cel a nou s perme t de sonde r la mystérieuse unit é d e l a nature, o ù rie n n e s e perd, e t o ù nou s trouvon s nous-mêmes notr e place. Cel a nou s perme t d'apprendr e qu e le s plante s et le s animau x n e son t n i de s adversaire s à mater, n i de s instrument s créés pou r notr e seu l usage, mai s qu'il s fon t partie, comm e nous, d e l a nature, qu'il s sont, e n somme, nos frère s et - nos sœurs sous le soleil. Cett e connaissance nou s enseigner a l a toléranc e e t l'amou r de s autre s êtres, quels qu'ils soient. Et l a tolérance et l'amour, enfants de la sagesse, engendrent l e bonheu r e t l e contentement. Maintenant, voyon s d e quell e faço n u n jardi n botaniqu e peu t aide r l'homme moderne à devenir un meilleu r citoye n d u royaume d e la nature, et par suit e d e la société dont i l fait partie. Si l'o n adme t qu e l a politiqu e d'u n jardi n botaniqu e es t avant tou t de stimule r ou d'éveille r la curiosit é du publi c à la vie des plantes, il me semble qu e l a tâch e n e s e résum e pa s à enseigne r au x gens, mai s qu'ell e consiste plutôt à susciter par une heureuse présentation le désir d'apprendre. Il fau t nou s rendr e compt e qu e nou s avon s affair e no n seulemen t à de s commençants qui, bien qu e n e connaissant rien, son t avide s d'apprendre, mais à un e majorit é d'indifférents. Pour attire r ce s gens-là e t le s retenir, il nou s fau t considére r tou t particulièremen t deu x point s qu i son t ordi - nairement à la bas e de l'intérê t que peu t crée r la vie végétale. Ce sont : premièrement l a flor e indigèn e de s environ s e t deuxièmement, l e jardi n floral.

GROUPEMENTS GÉOGRAPHIQUE S E T ÉCOLOGIQUE S Les professeur s moderne s d e langue s s'entenden t généralemen t pou r admettre qu e débuter dans l'enseignement d'un e langu e par l a grammaire, c'est rendre le sujet indûmen t arid e et difficile. L a grammaire sera maîtrisée sans grand effort dè s qu'on aura appris à entendre une langue et qu'on aura saisi so n esprit. La même chose s'applique à la botanique, o ù l a taxonomie, qui constitu e l e squelett e d e cett e science, n e saurai t être enseigné e a u début, sou s peine de dégoûter à jamais la plupart de s étudiants. L a partie la plu s vivant e d e l a botaniqu e n'est-ell e pa s plutôt l'écologie, qu i nou s porte au cœur même de la nature e n nous parlant de s associations végétale s et de s facteurs qui les déterminent? Nous sommes assurés de susciter un vi f intérêt, s i nous arrivons, dan s un jardin botanique, à recréer sous leur aspect nature l e t sur des parcelles assez grande s quelques-un s de s type s d e végétatio n le s plu s caractéris - tiques de la région. Nous ne pouvons manquer de fixer la curiosité du public si nous savons expliquer ensuite de façon à la fois claire et concise comment ces diverse s plante s son t adaptée s au x condition s dan s lesquelle s elle s croissent e t e n quo i elle s dépenden t de s facteurs ambiants. U n ruisseau, une mare, u n marais, un e prairie e n fleurs, et diver s type s d'association s forestières, peuplé s d e plante s qu e l'o n rencontr e dan s le s champ s e t le s bois des alentours, attireront forcément l'attention et les explications qu'on donnera seron t accueillie s avec joie. L'étiquetage, dan s ces groupes, doi t être, naturellement, trè s soign é et complet, et comporte r non seulemen t le no m botaniqu e mai s encor e l e no m vulgaire d e chaqu e variété. Nou s n'avons pa s à discute r ici de s autre s information s qu'o n pourrai t encor e donner, par exemple: la traduction du nom latin, l'origine du nom vulgaire, etc. Pour élargi r l a porté e d e ce s groupe s écologiques, on peu t ajoute r quelques type s d e végétatio n exotiqu e mai s vivan t dan s de s condition s analogues à celle s d u pays. Ainsi, des parcelle s d e forê t e t d e prairi e d e l'europe Centrale, d e la Sibéri e ou d e l a Mandchouri e présenteraien t u n parallélisme intéressant, tou t e n s e distinguan t pa r leu r compositio n visiblement différente. O n pourrait, e n outre, présente r dan s leu r habitat naturel u n gran d nombr e d e plante s américaines, asiatique s o u europé - ennes don t le s forme s horticole s son t aujourd'hu i répandues dan s tou s les jardins. Puisque l a connaissanc e de s condition s sou s lesquelle s viven t le s plantes dan s leur s habitats naturel s nou s donn e toujour s le s meilleure s indications pou r leu r culture, o n peu t facilemen t voi r jusqu'à que l point le jardinage consiste essentiellement dans l'écologie appliquée, et jusqu'où l'étude d e cett e scienc e peut nou s conduir e dans l'ar t d e jardiner. Nous

apprenons à apprécie r l'effor t nécessair e à l a production d e beaux plant s et désiron s connaîtr e par leur s noms les variétés qu i nous intéressent et le s distinguer le s unes de s autres. I l sembler a tout nature l ensuit e d'étudie r leurs relations et d'accéder ainsi à la taxonomie. Il arrive aussi que le citadin s'intéress e à la flore adventive de s terrains vagues. Il serait alors très instructif d e consacrer une parcelle aux mauvaise s herbes cosmopolite s les plus communes. O n tiendrait artificiellemen t cette parcelle à l'éta t rudéral ; l'étiquette de chaque plant e porterai t non seulement so n no m mai s encor e son origin e o u s a distributio n géographique, et peut-êtr e l'histoir e d e so n introductio n a u pays. Cec i constituerai t probablement l a seul e faço n u n pe u pittoresqu e d e présente r de s plantes en elles-mêmes peu attrayantes. Dans le livret-guide d u jardin, on inclurait un chapitre sur les moyens les plus simples et les plus efficaces d e combattre les mauvaise s herbe s dan s le s jardins. E t ic i l a référenc e à de s plante s affines qu i ne sont pas, elles, de s mauvaises herbes mai s de s plantes géné - ralement cultivée s à caus e d e leu r valeu r économiqu e o u ornemental e conduirait imperceptiblement à la taxonomie. LE JARDI N FLORAL II m e sembl e qu'o n devrai t tire r u n meilleu r part i d e l a beaut é d u jardin flora l qu'o n n e fait généralemen t dan s les jardins botaniques. De s collections considérables et même complètes d'iris, d e pivoines, de chrysanthèmes, d e glaïeuls, etc., son t naturellemen t d e la plus grande importance horticole e t botanique, mai s l e gran d publi c n e saurai t considére r ce s déploiements qu'ave c u n étonnemen t mêl é d'appréhension. J e m e sui s souvent mêl é à de s foule s qu i contemplaien t de s expositions de c e genre. La réaction l a plu s fréquent e étai t l'étonnement, e t no n pa s ce t enchan - tement qu e produi t l e spectacl e d e l a beaut é e t qu i condui t a u dési r d e connaître davantag e e t d e posséde r soi-mêm e d e belle s fleurs. C'étai t l a stupéfaction e n somme, de gens peu instruits qui se rendent compte qu'ils ne comprennent rien et ne comprendront jamais rien à un tel spectacle. Quelques visiteurs, venu s dan s l'intentio n d e choisi r quelque s bonne s variétés pour leurs propres jardins, prenaient des notes. Ou bien ils remplissaient de s pages e t de s pages, incapable s qu'il s étaien t d e décider quelles variétés ils préféraient, ou encore ils notaient les noms des variétés à grandes fleurs o u à brillan t colori s niais qu i pouvaien t auss i bien êtr e d e culture difficile o u d e floraison incertaine. Il m' a par u bie n éviden t qu e l a présentatio n d'un e grande collection de variétés d'un e seule fleur fait plu s de mai qu e d e bien. Si l'on n e considère que l'intérêt du public, on ne devra exhiber qu'un choix des meilleures

8 variétés e t de s plu s recommandables, e n ayan t soi n d e juxtapose r le s couleurs ave c goût. Naturellement, pou r choisir, i l faudr a constitue r des collections. Celles-c i seron t cultivée s dan s le s pépinière s o u dan s de s champs d'essa i auxquel s pourron t avoi r accè s le s étudiant s avancés. A mesure qu e ce s collection s auront ét é utilisées, o n pourra e n dispose r o u les diminue r par éliminatio n graduelle. Par la suite, seule s le s nouvelle s variétés qu i voient le jour chaque année seront cultivée s jusqu'à ce qu'elles aient prouv é leur valeur. Que l a beaut é serv e d'appâ t à l a science, voil à quell e devrai t êtr e la devis e de tou t jardi n botaniqu e et voic i quelque s application s de ce principe. Le jardin de s plante s vivaces. Ici, To n réaliser a de s combinaisons attrayantes d e variétés bie n sélectionnée s de plante s vivaces. O n présen - tera auss i de s exemple s d e diver s type s d e bordures, tel s qu e l a bordure de printemps, d'été, d'automn e o u encore la bordure à floraiso n continue. On illustrera, pa r u n choi x de s plus belles plantes ornementales, les points suivants: A, fleur s pou r le s endroits ombragés : a, résistante s à l a sécheresse, b, exigeant de l'humidité ; B, plante s vivaces, résistan t à la séche - resse en plei n soleil; C, plantes de couverture, soi t à l'ombre, soit sur un talus se c o ù le gazon ne réussi t pas, etc. U n coi n à part peu t êtr e réserv é aux variétés nouvellemen t introduites. Pour obtenir les meilleurs effets, comm e aussi pour faciliter le s recherches, o n songera à crée r une séri e d e jardins individuels contenan t chacu n un ou deux types d e fleurs. En relian t ce s jardins entre eux par de s bordures mixtes, o n pourr a réalise r u n ensembl e harmonieux. O n plantera, pa r exemple: u n jardi n d'iris, u n jardi n d e phlox, u n jardi n d e pivoine s e t de pavots, u n jardi n d e dahlias, u n jardi n d e canna s e t d e glaïeuls, u n jardin d'astilbés et de fougères, un jardin de primevères et de violettes, etc. Voilà l e pla n qu i a ét é réalis é a u Jardi n Botaniqu e d e Montréa l e t avec de s résultats satisfaisants. O n a mêm e préparé de s couches spéciales pour certain s groupe s comm e le s orchidée s rustiques, le s gentiane s e t les graminée s ornementales. Cett e dispositio n a l'avantag e d e permettr e au visiteu r d e trouve r facilemen t l e typ e d e fleu r qu i l'intéress e parti - culièrement e t d e comparer le s variétés qu i s e ressemblent. D'autr e part, elle constitue une splendide exposition dans chacun des jardins à un moment donné. Aucun d e ces choix, cependant, n e doi t êtr e considér é comm e perma - nent o u définitif. E n effet, le s variétés doiven t êtr e remplacée s dè s qu'o n en trouv e d e plu s belles. I l n e faudr a pa s perdr e d e vu e qu e seule s de s observations d e plusieurs années permettront d e connaître la valeur d'un e

9 plante, puisqu e les conditions du clima t loca l déterminen t u n choi x parti - culier de s meilleures variétés. L'étiquetage d'u n jardi n d'exposition, qu i doi t êtr e soigneusemen t étudié s i l'o n espèr e atteindr e l e bu t visé, n'es t pa s u n minc e problème. Les étiquette s doiven t êtr e facile s à lir e e t pourtan t pa s asse z voyante s pour nuire à la beauté des fleurs. O n pourra peut-être étudie r la possibilité de supprime r entièremen t le s étiquette s e t d e le s remplacer par u n pla n des divers groupes où chaque nom figurera à sa place. Le jardin de s plante s annuelles. C e jardin no n plus, n e doi t pa s consister e n de s collection s considérables, e t san s dout e confuses, d'u n grand nombre de variétés. I l y aura avantage à présenter plutô t de s assemblages d e couleur s agréable s de quelque s espèces parmi le s plu s belle s et les plus recommandables. L e choix de s variétés, dan s c e jardin, e t l e je u des couleurs varieront d'anné e e n année et o n prendra not e de s combinaisons les mieux réussies et les plus admirées. Le jardi n de s plante s annuelle s s e prêt e admirablemen t a u rôle d e vitrine d'étalage pour attirer les \isiteurs. Au Jardin Botanique de Montréal, par exemple, i l es t plac é devan t l e pavillon d e l'administration e t orient é de telle sort e qu'o n peu t l e voi r d e l a rue. Troi s plantation s successives printemps, débu t d'ét é e t fin d'été-automne offrent u n rich e déploiement d e couleur s qu e mêm e le s automobiliste s n e peuven t s'empêche r de remarquer de la rue. Les jardins aquatique et palustre. Les bassins de pierre contenant des lis-d'eau e t autre s plante s aquatique s o u palustres peuvent êtr e élevé s d'environ deu x pied s ou, mieu x encore, le s allée s peuven t êtr e abaissées. De la sort e o n peut toujour s voir les plantes san s avoi r à s e pencher. Les jardina e n contre-ba s (sunken gardens) présentent, sou s c e rapport, de s conditions trè s favorables : o n pourra y pratique r de s sentiers don t l'u n sera a u nivea u supérieu r de s bassins, tandi s qu e l'autre, u n pe u plu s bas, portera le s plante s à l a hauteu r de s yeux. S i l'on donn e à c e jardin un e disposition régulière, qu'on l'encadre de grands conifères e t qu'o n s e serve judicieusement d'iri s japonais o u de Sibérie, o u d'autre s plante s d e tour - bière ornementale s e n masse s bie n équilibrées, i l ser a auss i attrayan t qu'instructif. Le drainag e et l a provisio n d'ea u son t naturellemen t le s facteurs les plus importants quan d o n dispose des bassins dan s u n ordr e linéaire. Le s drains doiven t être accessibles, puisque l a terre de s bassins peu t quelque - fois le s obstruer e n dépit d e toutes le s précautions. I l n'est pa s nécessaire, cependant, d e pourvoi r chaqu e bassi n d'u n robinet ; i l es t mêm e préfé - rable d e n'e n place r qu'u n seu l a u bou t d e l a rangé e e t d'alimente r le s

10 bassins a u moyen d'un petit cana l ou d'une gouttière. Ainsi, l'eau pénètre, sans pression, dan s le s bassins, pa r de s ouvertures individuelles, chacun e étant pourvue d'un e valve pour régle r l e débit. Il faut qu e l'échappement d'eau soi t ajustabl e dan s chaqu e bassin, d e sort e qu'o n puiss e contrôle r ou changer à volonté le niveau. On préfèr e souven t l a dispositio n naturell e de s plante s d'habitat s humide e t aquatiqu e dan s u n étang. Mai s cec i présente le s désavantage s pratiques suivants. Premièrement, le s plantes d e tourbièr e rare s o u fra - giles surtout exotique s ne peuven t y êtr e l'obje t de s même s soin s que dans des bassins. Deuxièmement, le niveau de l'eau n'y es t pas contrô - lable, c e qui es t assurément de nature à nuire à certaines plantes. Troisiè - mement, i l devient difficil e d e cultive r dans de s baquets le s li s d'eau pe u rustiques qu'il faut hiverner à l'intérieur. Quatrièmement, les rats musqués et les tortues manifestent un e préférence désastreus e pour les plantes rares qu'ils rongent à la base des tiges. Ils peuvent facilement être éliminé s de s bassins mais difficilement de s étangs. La rocaille. La plupart des jardins botaniques disposen t leu r rocaille en formations naturelle s et atteignent souven t de s effets agréables. Cepen - dant, cett e dispositio n a l e désavantage d e mêler aux variété s réellemen t ornementales quantit é d'espèce s qui n'on t qu'u n intérê t botanique. Il devient alor s difficil e a u profan e d e choisi r pour son jardin les formes qu i créeront l'effe t voulu. Ceux parmi les visiteurs qu i on t observ é le s plantes alpine s dan s leur habitat nature l e t qu i le s recherchent dan s l e jardin son t stupéfié s pa r ce mélange hétérogène où l'on ne peut trouver un e espèce que par hasard. Il sembl e qu e la meilleur e solutio n es t encor e d'établi r un e cloiso n étanche entre les espèces alpines spontanées qu'on disposer a pa r groupements naturel s et le s véritables plante s d e rocaill e (incluant, e n particulier, le s plus nouvelles forme s améliorées et les hybrides) qui sont à leur mieux dan s une rocaill e régulière. Le plu s intéressant ser a d e disposer le s groupe s naturel s auxquels le nom de «jardin alpin» convient mieux que celui de «rocaille» par ordre géographique: Amérique, Europe, Asie. I l ser a plu s instructi f encore d e disposer su r des mamelons séparé s les flores des diverses chaîne s de montagnes d u monde. Les Alpes, le s Pyrénées, le s Balkans, l'altaï, l'himalaya, les montagnes du Japon, celles de l'amérique du nord-est, les Rocheuses, etc., se distinguent asse z nettement pa r leu r flore pour qu'i l vaille la pein e d e les représenter séparément. I l n'es t pa s nécessaire, d'autre part, d e tente r une reconstitutio n exact e de s association s végétale s typique s d e chaqu e système orographique.

11 II en coûte très che r de construire un gran d jardin alpin, et cel a n'es t pas possibl e partout, mai s chaqu e jardi n botaniqu e devrai t a u moin s faire u n effor t pou r donner une imag e aussi exacte que possible de la flore alpine d e s a propr e région. Un e telle collectio n de plante s alpine s locales qui serait, dan s chaqu e cas, uniqu e suffirait à justifie r l'existenc e d'un gran d nombr e d e petits jardin s botaniques. Je propos e qu e To n adopt e un e dispositio n ornemental e pou r le s plantes de rocaill e proprement dites. Cel a contrastera ave c le jardin alpi n et puisque, de toutes façons, les plantes exhibée s ici sont destinées à l'usage de l'homme, i l es t indiqu é d e le s présente r sou s un e form e qu i port e s a marque. Le s contour s irrégulier s e t pittoresques d e la plupar t de s touffe s de plantes alpine s contrasten t agréablemen t ave c la ligne droite des lisières de pierre de s plates-bandes. D'ailleurs, i l est à l a fois plu s facile d'admire r ou d'étudie r ce s plantes e t d'e n prendre soi n dan s de s plates-bandes régu - lières que sur des monticules irréguliers. Les plantations massive s d e certaines plantes alpine s particulièremen t ornementales dan s de s ensembles soigneusemen t étudié s doiven t natu - rellement êtr e e n vedette. Mai s o n songer a auss i à donne r de s exemples de plantations pou r les murs secs, les sentiers dallés, l a moraine bien construite, e t l'éboulis superficiel. L'arboretum présent e le s possibilité s suivante s pou r de s jardin s séparés. 1. L a roseraie, comme il a été dit plu s haut, n e devrait conteni r qu'u n choix de s meilleure s variété s rustique s forman t u n ensembl e d e couleurs agréables, et non pas une vaste collection. Si le s rosé s sauvage s doiven t êtr e incluse s dan s l a roseraie, i l vau t mieux ne choisi r que les espèces les plus ornementales et reléguer la mass e à une pente rocheuse et chaude de l'arboretum. L a plupart de s rosés sauva - ges demandent u n espac e considérabl e pou r atteindr e leu r plei n dévelop - pement e t plusieur s son t à leu r mieux s i on le s plante pa r massif s de plu - sieurs plants. S i ce s espèce s son t tassée s su r de s plates-bande s étroites, elles assument u n aspec t néglig é qu i ne rend justice ni a u jardin ni à leur beauté. 2. L e jardin printanier offrir a un e collectio n d'arbre s e t arbustes, et qui peut-être agrémenté e de bulbes, fleurissan t a u printemps, 3. L e jardin d'automne consister a e n un e collectio n d'arbre s e t d'ar - bustes à fruits décoratifs ou à feuillag e coloré, l'automne. O n pourra peutêtre y dispose r aussi des plantes vivace s à floraison tardive e t de s arbustes dont le s baies, l'hiver, serven t d e nourritur e au x oiseaux. O n donnerait, sur le s étiquettes, les noms des oiseaux en question.

12 4. L e jardin de s couleurs hivernales compren d un e collectio n d'arbre s et d'arbustes dont les branches vivement colorées en hiver sont décoratives. Ceux-ci peuven t êtr e inclu s dan s l e jardin numér o 3 e t associé s avanta - geusement ave c les arbustes à baies persistantes. O u bien, ils peuvent êtr e disposés à part sur un fon d sombr e d e Taxus cuspidata. 5. L e jardin des feuillages colorés est une collection d'arbres et d'arbustes à feuillag e coloré. Certains architecte s paysagiste s on t beaucou p décri é c e genr e d e plantes, pa r exempl e l'érable d u Japo n rouge, qui es t peut-êtr e l e mieux connu. La défaveur qu'ont pa r suit e encourue ces variétés depui s quelque temps es t toutefoi s entièremen t imméritée, puisqu'elle s n e deviennen t indésirables que si on les emploie mal, et surtout s i on les mêle à des variétés vertes normales. Bie n assorties, elle s se prêten t à d e brillant s effet s dif - ficiles à réalise r ave c d'autres moyens, e t son t susceptible s d e satisfaire l e goût le plus pointilleux. Un jardin botanique, en tout cas, donnera droit d e cité à ces variétés puisqu'i l se doit d e montrer les diverses formes e t variations de s plantes. Puisqu e tout comm e les formes anormale s mention - nées a u numéro 6 les variétés à feuillage color é sont trop voyante s pour être disséminées au hasard à travers l'arboretum, elles devront être groupées dans un jardin à part où, sur un fond sombr e de conifères, elle s paraîtront aussi attrayante s qu'elle s son t intéressantes. 6. L e jardin de s variations o u de s anomalies réuni t un e collectio n de variété s pleureuses, fastigiée s e t globuleuses, d'arbre s e t d'arbustes. Ces forme s anormale s paraissen t mieu x s i elle s formen t u n ensembl e à part qu e s i o n le s distribu e dan s l a collectio n générale o ù elle s nuiron t à l'effe t d e parc nature l qu e l'on aur a cherch é à crée r avec le s types nor - maux. I l devien t plu s facile d e les étudier s i elles demeuren t ensembl e et, d'ailleurs, o n en obtiendra de s effets saisissant s et pittoresques. 7. L a collection de vignes, disposé e sur de s treillis et de s pergoles peut très joliment encadrer l'un de s jardins mentionnés plus haut. 8. L a collection générale d'arbres e t d'arbustes doi t êtr e disposé e d e telle sort e qu'il soit facile d e trouver toute variété à laquelle on s'intéresse. Toutefois, o n viser a à donne r à l'arboretu m un e apparenc e agréabl e d e parc et on évitera tout ce qui rappelle le verger ou la pépinière. Puisqu'il es t nécessaire, pou r l a clarté, e t pou r facilite r l'étude, d e grouper toutes les espèces d'un même genre, il est aussi indiqué d'améliorer l'aspect d e ces groupes en les séparant distinctement pa r de s plantations. Les essence s indigènes, lorsqu'elle s seron t présentes, fourniron t tou t naturellement l a meilleur e séparation, surtou t s i l'o n s e ser t d'un e de s espèces le s plu s rustique s et le s plu s décorative s d'u n genr e donn é pou r

MHV 13 encadrer le groupement génériqu e entier. L à o ù l'absence d'une formatio n arborescente naturell e empêcherai t u n te l découpage, o n devr a employe r la plantation de fond seulement, qu i remplira en même temp s l'importante fonction d e coupe-vent. Une plantation d e ce type aura en outre l'avantage d'ajoute r à l'homogénéité e t a u fini de chaque groupe. San s cela, l'arboretum, pendan t long - temps, paraîtr a à moitié vide, puisqu'o n prendr a fatalemen t plusieur s années à réunir toutes les espèces e t variété s qu e l'on cherche, e t puisque, d'autre part, i l faut laisse r asse z d'espac e pou r qu e la collectio n en s'augmentant n e soi t n i tassé e n i éparpillée, A mesure don c qu e le s collections s'enrichiront, o n remplacer a graduellemen t ce s plantation s d e fon d pa r des variété s e t de s espèce s nouvelles. Je suggère, pa r exemple, d'entoure r les chênes d'un ridea u e t d'u n fon d d e Quercus borealïs, le s érables, d'ace r rubrum o u d'a. saccharum, le s aulnes, d'alnus incana, le s bouleau x d e Betula papyrifera, le s épinettes de Picea glauca, les pins de Pinus resinosa, etc. Pour de grands genres, comme par exempl e ceux que je viens de citer, des subdivisions rendront la disposition plus claire. I l m'a toujour s semblé, à ce t égard, qu e des subdivisions géographique s (Europe, Asie, Amérique) étaient plu s instructive s qu e de s groupement s basé s su r le s affinités. I l y a quelque s genres, cependant, comm e le s Cotoneaster e t le s Berberis où le s espèce s d'origin e asiatiqu e son t e n grand e majorité. Dan s ce s cas exceptionnels, l a répartitio n selo n l'origin e n'es t plu s suffisant e e t l'o n doit suivre d'autres principes, par exemple l a répartition d'après les affinités. Hors le s groupe s d'u n mêm e genre, qu e j e considèr e nécessaires, j e ne voi s aucun e raiso n d'ordonne r le s arbre s e t arbuste s d'u n arboretu m selon l'ordr e taxonomique. I l import e d'abor d qu e chaqu e genr e soi t planté en un endroit o ù la plupart d e ses espèces trouveront de s condition s favorables. S i o n le s plant e dan s l'ordr e systématique, c'es t l e contrair e qui s e présentera. S i l'o n s e soucie, comm e j e croi s qu'o n doi t l e faire, de la disposition esthétique, la succession taxonomique paraîtra encore moins heureuse. Nombre d e petit s genres, n e comportan t qu'un e o u deu x espèce s rustiques, peuven t êtr e cultivé s ensembl e puisque, épar s dan s l'arboretum, ils seraient difficiles à repérer. On devrai t encor e constitue r un group e spécia l d'arbre s et d'arbuste s de rusticit é douteuse. S i o n le s conserv e ensemble, i l ser a plu s facil e d e leur donne r l a protectio n e t le s soin s particulier s qu'il s exigen t e t s i u n hiver exceptionnellemen t du r le s abîme, tou t l'arboretu m n'e n ser a pa s défiguré. 8L10THEQUE

14 Le fruticetum. Réuni r tou s le s arbuste s dan s c e qu'on appell e u n fruticetum pou r n e laisse r dan s l'arboretu m qu e le s arbre s es t raremen t possible e t encor e plu s raremen t recommandable. De s groupes d'arbuste s créent un e heureus e diversio n dan s l'arboretu m qu i risque, san s eux, d'être monotone. D'ailleurs, comm e on l' a déj à fai t remarque r a u suje t des rosés, u n espac e considérabl e es t nécessair e a u développemen t norma l d'un gran d nombr e d'arbustes. Ains i plusieur s de s innombrable s espèce s de Crataegus qui, malgr é leur grand e taille, son t d'authentique s arbustes, de mêm e qu e le s lila s qu i doiven t êtr e abondammen t représenté s dan s un jardi n botanique, exigen t passablemen t d'espace. D'autr e part, i l y a beaucoup d'arbustes, tels que les genêts et la plupart de s Légumineuses, ainsi qu e le s Cotoneaster, le s Chaenomeles, le s Prunus arbustifs, certaine s formes naine s d e Betula e t d e Salix, le s Chenopodiacée s e t le s Rutacée s arbustives, l a plupart de s Hypericum, de s Tamarix, de s Daphne, quelque s Êléagnacées, le s Composée s arbustive s e t bie n d'autre s qu i son t parti - culièrement sensible s à un bo n drainage. Là où le drainage naturel n e sera pas adéqua t au x exigence s de ce s arbustes, o n les groupera à part su r des couches spécialemen t préparée s et drainée s e n profondeur. Ceci a ét é fait, pa r exemple, a u Jardi n Botaniqu e d e Montréa l o ù les couches du fruticetum ont ét é disposées en une série de terrasses s'adossant à u n rembla i artificiel destin é à cache r la rue. Pou r obteni r u n plu s joli effet, l a plupar t de s allées on t ét é gazonnée s et, afi n d e briser l a ligne monotone de s longues couches droites, le jardin-rocaille d'ornement, décrit plus haut, a ét é plac é au centr e mêm e de ce t ensemble. La rocaille, dan s cette position, attire très heureusement l'attention e t amèn e sans doute au fruticetum des visiteurs qui n'y seraien t pas venus autrement. Il y a encore, dan s u n jardi n botanique, cin q catégorie s de plante s susceptibles d'êtr e réunie s dan s de s jardin s séparé s e t qu i susciten t de s problèmes esthétique s asse z ardus. Ce s plante s doiven t nécessairemen t être disposée s su r de s plates-bande s régulières, e t l e besoi n d e clarté, ici, doi t l'emporte r su r l e point d e vue décoratif. Le jardin médicinal. S i l'on n'exposai t ic i que le s plantes médici - nales encor e employée s de no s jours, o n n e réussirai t guèr e à intéresse r le public. E t cec i d'autan t moin s qu'i l n'es t pa s recommandable, dan s un jardin public, de donner des instructions détaillée s sur le mode d'emploi de ces plantes et sur leurs effets. I l faut, e n effet, évite r d e mettre entre des mains inexpertes des médicaments qui ne sont pas sans danger pour ceux qui voudraient tenter de s cures sans avoir consulté le médecin. Le Jardi n Botaniqu e d e Montréa l a mi s a u poin t u n proje t destin é à rendr e cett e sectio n no n seulemen t instructiv e mai s attrayante. Ici, ce jardi n es t divis é e n quatr e parties. L a plu s considérabl e qui ser t

15 d'arrière-plan au x autre s est constitué e pa r le s plantes qu e le s Indien s d'amérique utilisaient pou r de s fins médicinales, avan t qu'il s n e vinssen t en contac t ave c le s Blancs. Puisqu e le s Indien s s e servaien t d e l'écorc e de certains arbres, ceux-c i ont ét é disposé s en une sort e de bosquet entou - rant une clairière, traversé e par u n ruissea u qu i aboutit à un peti t étang. Les diver s arbuste s e t herbage s médicinau x de s Indien s son t plantés, autant que possible, dan s leu r habitat naturel. Cel a nécessit e la présence de certaine s autre s espèces, mais seule s le s plantes médicinale s sont éti - quetées. Une cabane de bois rond et u n totem ajoutent de la couleur locale à l'ensemble. L a second e parti e contrast e fortemen t ave c l a première, car ell e représent e u n cloîtr e médiéva l o ù son t cultivé s le s simple s que, suivant u n décre t d e Charlemagne, tout jardi n de monastère devai t obli - gatoirement contenir. Un e arcade de pierre, figurant une partie d u cloître, sert d e fond à cette section; de chaque côté s'élèvent de s murs de pierre à toit d e tuiles; l a parti e antérieur e es t fermé e pa r un e grill e d e fer; e t l e centre d u jardin est occupé par u n puit s à margelle de pierre. Les plante s sont cultivées sur des plates-bandes régulières, selon la coutume de l'époque. La troisième et la quatrième parties, entourées de haies, contiennent respectivement le s plante s médicinale s encor e employées dan s l e commerce, et celle s d e l a pharmacopé e familiale. Elles son t groupées selo n l'organ e de la plante qu i est employ é (racine, feuille, fleur, graine) ; mais sauf, cett e disposition et le nom de la plante, aucune précision n'est ajoutée. Le jardi n médicina l peu t encor e conteni r de s plante s vénéneuse s indigènes o u exotique s contre lesquelle s il es t bo n d e préveni r l e public. Mais ic i encore cela n e v a pa s san s certaine s précautions. Le s plantes à poison exercent un attrai t particulier sur certaine s personnes et, si l'on donne à leur sujet de trop amples informations, cela entraîn e un dange r indé - niable. O n conçoit, pa r exemple, quelle mauvais e réclam e c e serai t pou r un jardin botanique municipal, s'il était révélé au cours d'un procès criminel que l e meurtrie r a conç u l à l e dessei n d'empoisonne r quelqu e membr e gênant d e s a famille. L'o n pourrai t peut-êtr e exclur e les plantes suscep - tibles d e causer la mort, mai s même l'herbe-à-la-puce et le sumac à vernis doivent être entourés d'une clôture et porte r un e défens e d e toucher. Le jardin économique rassembl e le s plantes ayan t u n usag e économique. Ici, encore, la disposition l a plus satisfaisante e t l a plus instructiv e consistera à groupe r le s plante s selo n l'organ e utilisé : plante s à fruit s comestibles (tomate, piment, aubergine, concombre, melon) ; plantes don t les racines, le s rhizome s ou le s tubercule s peuven t s e consomme r (radis, betterave, carotte, pomme-de-terre, topinambour, etc.) ; plantes à feuillag e comestible (plantes-épinard s e t plante s à salade, chou x et plante s condi - mentaires); plante s don t le s jeune s pousse s o u le s pétiole s s e mangen t (asperges, oudo, céleri, rhubarbe, cardon, etc.) ; le s poi s e t le s fèves, le s

16 céréales. Le s espèce s sauvage s don t dériven t le s variété s horticoles, tel s que le chou marin, la bette, la carotte, et la laitue sauvages, etc., ne doivent pas être oubliées puisqu'elles permettent d'intéressante s comparaisons. Voilà le plan exécuté au Jardin Botanique de Montréal, où l'on a aussi consacré de s section s au x plante s textiles, oléagineuses, tinctoriale s e t aromatiques et o ù figurent, en plus des tabacs, le s fourrages e t le s plantes indigènes cultivées par le s Indiens. Chaqu e groupe est inclus dans un petit jardin séparé, entouré d'une haie. Mai s un itinéraire indiqué par des flèches conduit le visiteur à travers toutes les sections sans qu'il ait jamais à revenir sur se s pas. C e jardin contien t 49 0 variété s d e plante s utiles, disposée s sur de s plates-bande s régulières, e t i l es t parcour u pa r d'innombrable s visiteurs pendant tout e l a belle saison. Les arbre s fruitier s e t le s petit s fruit s peuven t encadre r l e jardi n économique ou bien comme il a été fait au Jardin Botanique de Montréal être disposé s à par t dan s u n peti t verger. I l n'es t ordinairemen t pa s possible et il n'est pas davantage recommandable, dans un jardin botanique, de présente r un e collectio n considérabl e d e variété s d e pommes, poires, etc., etc. Mai s il faut, toutefois, que les divers types fruitiers soien t repré - sentés: prunier, cerisier, abricotier, pêcher, sorbier, amélanchier, néflier, cognassier, châtaignie r e t noyer, noisetier, framboisier, mûrier, gadelier, groseillier, bleuet, etc. O n pourra présente r un e demi-douzain e ou jusqu'à une douzain e d e variétés de pommiers e t d e pruniers, e n faisant un choi x des plus rustiques dan s l a région. O n peut fair e grimpe r les vignes sur un e pergole, c e qui contribuera grandement à l'ornementation de cette section du jardin. On créer a u n centr e d'intérê t d'un e grand e valeur éducative, s i l'o n réalise u n jardine t modèle de 50 par 7 5 pieds, planté d e petits fruits e t d e légumes et destin é à pourvoir au x besoins d'une famille d e quatre o u cinq personnes. Dan s cett e section, o n n'exposerai t qu e le s variétés le s plus éprouvées de chaque légume et de chaque petit fruit e t ceci dans des proportions rigoureuses e t telle s qu e le jardin puisse donner son plein rendement durant toute la saison de végétation. On songera, de plus, à mettre en lumière la rotation annuell e des diverses cultures sur les couches. Le jardin morphologiqu e o u biologique. L'organisatio n d e cette section soulève de s problèmes encor e plu s ardu s que celle des deux précédentes. O n s e propose, ici, d'illustre r le s fonctions des plantes, c e qui es t censément d'u n gran d intérê t pou r l e public. Or, j'ai constaté, dan s tou s les jardins botaniques où l'on a fait pareils essais, qu'on n'avait aucunement réussi à éveiller l a curiosit é populaire. I l n' y a pas à espére r que le public suivra attentivement le livret-guide e t cherchera à s'y reconnaître parmi des exhibits tro p compliqués, tro p détaillé s e t trop complets.

17 Je n'a i jamai s observ é qu'un e seul e réalisatio n qu i retin t l'intérê t du public : i l s'agissai t d'un e horlog e d e fleur s qu i démontrai t l a possi - bilité d e dire l'heure par l e moment où s'ouvraient o u se fermaient certaine s fleurs. Le public parcourait le reste de cette section sans y prêter la moindr e attention. Il me sembl e plu s que jamai s opportu n de rappele r ici que «Qu i trop embrass e mal étreint,» e t que, peut-être dan s c e jardin plu s que dan s les précédents, on doit se borner rigoureusement à l'essentiel. Il n'es t d'ailleur s pa s facil e d e s e limiter a u plu s importan t dan s u n champ auss i vast e qu e celu i qu i s'éten d devant nou s dan s c e domaine. Aussi dois-j e avoue r que, pou r l'instant, j e n'a i pa s d e solutio n précis e à apporter à ce problème. Il se peut que le public lui-même soit notre meilleur maître à ce t égard. I l serai t peut-êtr e possibl e d e développe r c e jardi n graduellement, e n commençan t pa r u n o u deu x détail s particulièremen t frappants e t e n en ajoutant pe u à pe u d'autres, destiné s à explique r cer - tains problème s biologiques qu i s e posent l e plu s souven t pou r l e public. Le choi x de ce s problèmes résultera de s demande s d e renseignement s qui ne manqueront pas d'afflue r a u jardin. Quoi qu'i l e n soit, e t surtou t s i l'on cherch e à illustrer de façon com - plète les sujets traités, il me semble que ce jardin doit être divisé en sections clairement définie s e t étiquetées : assimilation, fécondation, dissémination, etc., etc. Le jardin génétique est, en réalité, un e subdivision du jardin biologique, mais on peut lui faire une place à part si l'on veut. On démontrera là, sur d u matérie l vivant, le s loi s d e l'hérédit é e t le s principe s qu i guiden t le sélectionneur. O n peu t auss i y présente r certain s hybride s horticole s bien connus, encadrés par leurs parents, et, dans le cas d'hybrides multiples, par leur s grands-parent s e t arrière-grands-parents. Comm e échantillon s de l'amélioration pa r l a sélection, on exposera des espèces sauvages à côt é des diverses mutations conservée s en culture et n'ayant sub i aucune hybridation ave c d'autre s espèces. L e Crataegomespilus constituer a u n exempl e intéressant dan s c e groupe, s i l'hybrid e sexue l (C. grandïflora) es t juxta - posé à l'hybride de greffe (C. Dardari] e t si leur étrange parenté est clairement exposée. Le jardi n taxonomique, qu e j e mentionn e e n dernier, suscit e de s difficultés e t pos e de s problèmes analogue s à ceu x qu'offr e l e jardin biolo - gique. Si l'on doi t cultive r côte-à-côte des plantes adaptées à des conditions très diverses, il faudra manifestement pourvoir à la construction de couches et mêm e de bassins indépendants. Chaqu e plate-bande doi t être distincte,

18 famille pa r famill e e t genr e pa r genre, c e qu i nécessite un e multitud e d e sentiers. Mêm e s i l a plupar t de s sentier s son t gazonnés, ils seron t tro p apparents; e t puisque l'entretien d e tels sentiers est très coûteux, ils seront ordinairement recouvert s d e gravie r e t d e l a sort e il s domineron t encore tout le jardin. Puisque la grandeur des familles e t de s genres varie considérablement, et puisqu'i l fau t le s groupe r selo n leur s affinités, l a dispositio n régulière, qui paraî t l a seul e convenable, devien t asse z difficile. Toutefois, s i l'o n consent à restreindr e le nombre des espèces à présenter, o n arriver a à les disposer régulièrement, peut-êtr e e n séparan t le s famille s pa r de s haie s basses. Faudra-t-il illustre r tou t l e systèm e taxonomiqu e ave c l a majorit é de se s familles e t d e se s genres, en présentant u n gran d nombre d'espèce s ou bie n peut-o n donner une idé e suffisante d u systèm e d e la classification en ne montrant qu e quelques représentants d e familles alliée s? Je n e tiens guère à m e prononce r sur c e point. Dan s l a pratique, l e choi x dépendra sans doute de s fonds disponibles, puisque l a réalisation et l'entretien de ces plates-bandes séparées sont très coûteux. Le jardin taxonomique, à mon avis, ne devra pas être ouvert au grand public, surtou t parc e qu'i l n'intéresser a pa s l a majorit é de s gen s et auss i parce que cela augmenterait le coût d'entretien. Il devra être entouré d'une clôture et o n pourra accorder la permission de le visiter, à certaine s heures indiquées, à tou s ceu x qu i s e donneron t l a pein e d'e n fair e l a demande. A par t cela, c e jardin sera réserv é aux classe s d'étudiants. Un pavillo n pou r le s conférence s pourr a êtr e plac é a u centr e d e c e jardin s i l'on doit y donner des cours d e botanique. Cette liste de suggestions sur la disposition des plantes vis e à ordonner les grandes collection s et à augmente r l'intérê t populair e d u jardin bota - nique e n réalisan t de s ensemble s plaisants. S i longue soit-elle, cependant, elle n e prétend pa s êtr e complète. O n peut envisage r d'autre s réalisation s encore, selon le climat local, comme par exemple : Un jardin d e plantes désertiques o ù l'o n cultiver a de s plante s vivan t dans de s conditions arides et exigeant un so l bien drainé. Un jardin d e plantes à feuilles persistantes qui réclamen t un e ombr e légère et une protection contre le vent. Un jardin d e bruyères qui, aux États-Unis, en tout cas, est à son mieu x sur un talu s ensoleillé, irrigué par un e coulé e o u un ruisseau. Le s bruyères doivent êtr e plantée s pa r large s lisière s de chaqu e variété, don t émergen t des massifs de genévriers et d e genêts. D e gro s blocs granitiques ingénieu - sement disposés prêteront a u tout un aspect encore plus naturel.

19 Un jardin de rhododendrons e t d'azalées s e trouvera bie n dans un vallon abrité o ù s'accumul e naturellemen t l e terrea u d e feuille s e t qu i reçoi t l'ombrage indirec t d e grand s arbre s planté s à l a parti e supérieur e d e l a pente. Lorsqu e d e telle s condition s n e s e trouvent pa s déj à réalisées, u n écran d e conifère s fournir a u n abr i artificiel. Mai s il ne faudra pa s oublie r que les quatre conditions suivantes sont nécessaire s au plein succès: ombre indirecte surtou t ver s mid i (no n pa s ombr e directe, sou s le s arbres), so l humifère acide, beaucou p d'humidité, e t drainag e parfai t (san s oublie r la circulation de l'air). Un jardin de haies. Celui-ci devra être strictement régulie r et n e contenir qu e des arbuste s e t arbre s taillés destinés à démontre r quelle s son t le s plantes le s plus recommandables pour constituer des haies de tous les types et de toutes les tailles. Il n'est pa s nécessaire pour démontrer le rendement de chaqu e arbust e d e le s cultiver tou s e n haie. I l suffir a d e montre r leu r plasticité à la taille en en faisant de s cubes, des pyramides o u des colonnes quadrangulaires. On présenter a en plu s des plante s herbacée s vivace s et même annuelles (Kochia) qu i font d e belles haies d'été. On voit sans pein e quel ensemble charman t constituer a c e jardin d e haie s ave c se s diverse s formes et la gamm e de ses verts. Il peu t encor e y avoi r un jardin japonais, mai s il semble que cel a ne vaut pa s la peine de construire ici la vague imitation qu'e n peuven t donne r les jardinier s occidentaux. Pou r réalise r c e jardi n convenablement, o n s'assurera le s services d'un jardinie r japonais, qu i a fait so n apprentissag e au Japon et qui possède à fond les divers symboles qui sont l a clé de l'horticulture orientale. S i l'o n procèd e ainsi, l'o n obtiendr a un e authentiqu e illustration d u vénérabl e ar t paysage r d e l'orien t qu i obéi t à de s règle s bien différente s de s nôtres ; cec i n e peu t manque r d'ajoute r considéra - blement à la valeur éducative de n'importe quel jardin botanique. Il paraît tout indiqu é d e situe r c e jardin à proximit é d e l a sectio n asiatiqu e dan s les groupement s géographiques, c e qui n e saurait qu'ajoute r à l a couleu r locale. E n contre-partie, o n pourr a peut-êtr e dessine r u n jardi n anglai s typique par exempl e sur le modèle du jardin en contre-bas d e Hampton Court Par k (prè s de Londres), à proximité de l a sectio n européenne, a u sein de ces mêmes groupes géographiques. Au Jardin Botanique de Montréal, nous avon s l'intentio n d'éleve r un e caban e à sucr e ave c tou t so n équi - pement afi n d'ajouter à l'intérêt éducatif de la section canadienne. D'autres groupement s d e plante s peuven t s e recommande r pou r satisfaire à des préoccupations locales. Mentionnons les suivantes: Des plante s citée s fréquemmen t dan s l a littérature, mai s don t le s gens n'on t qu'un e asse z vagu e idée, pourraien t êtr e réunie s e n u n peti t jardin trè s intéressant. L'exempl e classiqu e es t l e jardi n «Shakespeare». On en ferait autant pour les plantes mentionnée s dan s la Bible.

20 On formerait u n autr e group e avec le s plantes don t le s feuilles o u les fleurs particulièrement symétrique s ou ornementales ont inspiré les artistes et le s décorateurs, surtou t celle s que, san s les reconnaître, nous voyons si souvent stylisée s dans le fer forgé et la pierre. On pourrai t encor e réuni r de s plantes qu i figuren t souven t su r le s blasons ou qui sont à d'autres titre s étroitement associées à des événements historiques. Certaines personne s aimeraien t encor e voi r le s fleur s qu i serven t d'emblème à de s Etats o u qu i son t particulièremen t aimée s d e certain s peuples. E t ains i d e suite. OUTILLAGE TECHNIQU E E T ADMINISTRATIO N L'esquisse ci-dessu s peu t aide r à formule r les principes générau x qui serviront d e bas e a u fonctionnemen t d'u n jardi n nouveau. Le s principes une foi s définis, i l faudra songe r à élaborer un programm e détaillé. Un te l programme doi t naturellemen t comprendr e tou s le s service s technique s nécessaires. Il faut les coordonner de telle sorte qu'une coopération efficient e soit assuré e entr e le s diver s département s d u jardi n e t qu e tou t doubl e emploi soi t évité. Pour l'élaboratio n d'u n jardi n botaniqu e e t l'organisatio n d e so n administration, i l nou s faudr a prévoir, entr e autres, le s unités e t l'équi - pement suivants: 1. Le s édifice s nécessaires, surtou t l e pavillo n d e l'administration, la chaufferi e e t les serres. 2. L a pépinière avec tous ses accessoires. 3. L e réseau routier intérieur e t la circulation probable. 4. L e contrôl e de s visiteur s pa r de s clôture s e t barrière s e t pa r le s règlements qui s'imposent. 5. L a position de s abris e t chalet s de repos. 6. L e restaurant o u la salle de thé publics. 7. Le s terrains d e jeux et de pique-niques. 8. Le s jardins destinés à l'éducation de s enfants sous la surveillance des maîtres d'école ou des membres du personnel du jardin. 9. L'emplacemen t de s parcelles d'essai e t d'amélioratio n de s plantes. 10. Le s conduites d'eau. 11. Le s égouts.

21 12. L e drainage artificiel là où il est nécessaire. 13. L'éclairag e e t l e téléphone. 14. Le s système s d'enregistremen t e t d'étiquetag e de s plantes. 15. Le s bibliothèques e t l'herbier, e n autant qu'il s servent a u jardin. 16. L'échang e des grajnes. 1. Le pavillo n d e l'administration. E n général, i l vau t mieu x patienter u n pe u pour la construction de ce pavillon e t s e contenter d'un e installation provisoir e pendant plusieur s année s o u tout a u moin s jusqu' à ce que l'orientation e t l e programme d u jardin soien t a u point. Mêm e s'il est certain, dè s l'origine, qu e le s condition s financière s n e permettron t pas l'érectio n d'un e grand e bâtiss e avan t bie n des années, il vaut mieux prévoir le s extension s définitive s immédiatemen t afi n d'évite r plu s tar d des remaniements trop coûteux. On aura don c prévu, avant de commencer, tous le s aménagement s éventuels, tel s que : bureaux d e l'administration ; bibliothèque, burea u d u bibliothécair e e t salle s d e lecture ; herbie r ave c salle d e montage, sall e d e répartition, magasi n e t sall e d'emballage ; salle s de conférence s e t d e délibérations ; burea u d'informatio n ave c tablea u téléphonique; graineterie; salle d'étiquetage o ù sont composée s et exécutées les étiquettes de divers types; entrepôts ; sall e à déjeuner et sall e de repos pour l e personnel ; log e d u concierge ; studio e t chambre s noire s pou r l a photographie; laboratoires ; salle s d'expositio n pou r le s spécimen s secs, etc. I l import e d e décide r à l'avanc e s i l'o n doit donne r de s cour s aux enfants e t au x adultes, o u institue r l'apprentissag e d e jardinier s profes - sionnels, ca r il faudra encor e prévoir l'espace nécessaire à ces services. La chaufferie. Autan t que possible, ell e devr a êtr e caché e à l a vue, quoique asse z rapproché e et d u pavillo n d e l'administratio n e t de s serre s pour leu r fournir l e chauffage san s nécessite r d e conduites trop longues. Par ailleurs, il peut deveni r plu s économique d'avoir deu x chaufferie s si,* pour un e raiso n o u pou r un e autre, i l étai t souhaitabl e d e construir e le^ pavillon d e l'administratio n loi n de s serres. Dan s c e cas, on pourr a installer pou r l e pavillon un systèm e d e chauffag e à l'huile, réservant au x serres le service de la chaufferie centrale. Les serres présenten t u n problèm e crucia l e t compliqu é e t doiven t être étudiée s ave c le plu s gran d soi n dan s le s moindres détails. I l n'entr e pas dans l e cadre de cet article d e donner à ce sujet des instructions détail - lées bu même de mentionner tous les facteurs qui doivent être pris en considération. Mais, o n ne peut trop insister sur le fait qu e l'élaboration d'une serre vraimen t bie n conçu e n'es t pa s un e tâch e ordinair e e t qu'i l n e faut jamais entreprendr e la constructio n d'un ensemble d e serre s san s l e con - cours, ^ou^ tout a u moin s le s conseil s d'u n spécialiste expérimenté. O n