Prise en charge individuelle et institutionnelle

Documents pareils
Migraine et céphalées de tension: diagnostic différentiel et enjeux thérapeutiques

Semaine de la sécurité des patients: novembre 2012

LA LOMBALGIE CHRONIQUE : Facteurs de risque, diagnostic, prise en charge thérapeutique

Migraine et Abus de Médicaments


Les soins des douleurs chroniques dans les TMS Les échecs thérapeutiques

Céphalées de tension. Hélène Massiou Hôpital Lariboisière, Paris

L infirmier exerce son métier dans le respect des articles R à R et R à du code de la santé publique.

EXEMPLE DE METHODOLOGIE POUR L ELABORATION D UN PROTOCOLE DOULEUR Marie AUBRY Infirmière référente douleur Hôpital TENON AP-HP Paris XX e SOMMAIRE

Parmi ces recommandations, la cure thermale tient une place prépondérante dans le traitement et la prise en charge de la maladie.

La prévention : caractéristique du positionnement de la Mutualité Française sur l ensemble de son offre

SUPPLEMENT AU DIPLÔME

AGRES Hugues IADE RD LA ROCHE / YON

LES DOULEURS LOMBAIRES D R D U F A U R E T - L O M B A R D C A R I N E S E R V I C E R H U M A T O L O G I E, C H U L I M O G E S

1- Parmi les affirmations suivantes, quelles sont les réponses vraies :

CEPHALEES CHRONIQUES QUOTIDIENNES AVEC ABUS MEDICAMENTEUX

Questions / Réponses. Troubles du sommeil : stop à la prescription systématique de somnifères chez les personnes âgées

Conseils pour le traitement des douleurs persistantes

Complément à la circulaire DH/EO 2 n du 30 mai 2000 relative à l'hospitalisation à domicile

«Tout le monde devrait faire une psychothérapie.»

Référentiel Officine

COMMENT DEVENIR KINÉSITHÉRAPEUTE

Diplôme d Etat d infirmier Référentiel de compétences

Professions concernées : Infirmier et Puéricultrice MASSEUR-KINÉSITHÉRAPEUTE. Ergothérapeute. Psychomotricien. Pédicure-podologue.

Maisons de Santé Pluridisciplinaires. Conditions d éligibilité à des soutiens financiers

Note de synthèse Assurance Maladie. Information des professionnels de santé sur les produits de santé mars 2011

G U I D E P A T I E N T - A F F E C T I O N D E L O N G U E D U R É E. La prise en charge du cancer du foie

Réseau de Santé du Pays des Vals de Saintonge Pôle de santé du Canton d Aulnay de Saintonge MSP Aulnay et Néré PROJET D AULNAY PSP

Protocole de rééducation des syndromes fémoro-patellaires

Recommandation Pour La Pratique Clinique

LES TROUBLES MUSCULOSQUELETTIQUES. Le 2 décembre 2008

Céphalées. 1- Mise au point sur la migraine 2- Quand s inquiéter face à une céphalée. APP du DENAISIS

Moyens et limites du masseur kinésithérapeute d équipes

Solva Thérapie traitement de la douleur, de la mobilité réduite et de la distorsion posturale

Maladies neuromusculaires

Kinésithérapie et réadaptation pour les patients PSH Retour d'expérience Alaitz AMEZQUETA kinésithérapeute + Équipe de rééducation

La migraine. Foramen ovale perméable. Infarctus cérébral (surtout chez la femme)

La prise en charge de votre épilepsie

La migraine : une maladie qui se traite

Résidence MBV Les FIGUERES -Capendu-

Carlo Diederich Directeur Santé&Spa. Tél / c.diederich@mondorf.lu

B06 - CAT devant une ischémie aiguë des membres inférieurs

METHODE D APPLICATION DE L OSTÉOPATHIE. Liste des 155 modèles thérapeutiques du Référentiel RÉÉQUILIBRATION FONCTIONNELLE Méthode SOLÈRE

MINISTÈRE DES AFFAIRES SOCIALES, DE LA SANTÉ ET DES DROITS DES FEMMES SANTÉ

Le guide du bon usage des médicaments

Rééducation Posturale Globale

GUIDE PATIENT - AFFECTION DE LONGUE DURÉE. La prise en charge du cancer du rein

Accompagnement de fin de vie des enfants et adolescents polyhandicapés en établissements et services médico-sociaux

Douleur. et maladies neuromusculaires REPÈRES JANVIER 2012 SAVOIR ET COMPRENDRE

DOCUMENTATION CLINIQUE D UNE CHUTE D UN PATIENT

G U I D E - A F F E C T I O N D E L O N G U E D U R É E. La prise en charge de votre mélanome cutané

Comité Départemental de Prévention en Kinésithérapie de la Drôme FORMATIONS KINÉSITHÉRAPEUTES 2013 KINÉ DRÔME PRÉVENTION

PSYCHOSOMATIQUE, RELAXATION, PSYCHOTHERAPIES A MEDIATION CORPORELLE

Accidents des anticoagulants

Item 182 : Accidents des anticoagulants

SOINS DE PRATIQUE COURANTE. Prélèvement aseptique cutané ou de sécrétions muqueuses, prélèvement de selles

L arthrose, ses maux si on en parlait!

Qu avez-vous appris pendant cet exposé?

La prise en charge de votre insuffisance cardiaque

L axe 5 du Cancéropole Nord Ouest

DISTRIBUTION DU TRAITEMENT MEDICAMENTEUX PAR VOIE ORALE PAR L INFIRMIERE : RISQUE DE NON PRISE DU TRAITEMENT MEDICAMENTEUX PAR LE PATIENT

Qu est-ce qu un sarcome?

Livret d accueil des stagiaires

Ministère chargé de la santé Diplôme d Etat d infirmier. Portfolio de l étudiant

PROJET DE MEDECINE A. HISTOIRE ET PROJET DE L ETABLISSEMENT ET DU SERVICE

CAHIER DES CHARGES INFIRMIER-ÈRE DIPLÔMÉ-E

LA DOULEUR INDUITE C EST PAS SOIGNANT!

DOSSIER DE PRÉSENTATION

RAPPORT DE STAGE S ANNEE SCOLAIRE B 3EME 5 CABINET DE MASSEUR KINESITHERAPEUTE. MONSIEUR Edouard CHEVALIER

IMMED Monitoring vidéo porté

Quel avenir pour les équipes mobiles de soins palliatifs?

Réflexions sur les possibilités de réponse aux demandes des chirurgiens orthopédistes avant arthroplastie

Prise en charge médico-technique d une hémiparesie spastique: Evaluation clinique et instrumentale

A healthy decision LA DOULEUR

La migraine : quelle prise de tête!

Assises Nationales du Maintien à Domicile juin 2000 La douleur Les soins palliatifs. EXPERIENCE DE SOINS D'UNE EQUIPE A DOMICILE Dr AVEROUS

Maurene McQuestion, IA, BScN, MSc, CON(C) John Waldron, MD, FRCPC

Médecine psychosomatique et psychosociale (ASMPP)

INSTITUT DE FORMATION EN MASSO-KINESITHERAPIE PROJET PEDAGOGIQUE

o Anxiété o Dépression o Trouble de stress post-traumatique (TSPT) o Autre

2010 DJO FR - Rev A

Vous vous occupez d une personne âgée malade. vous êtes son. aidant naturel

Ministère chargé de la santé Diplôme d Etat d infirmier. Portfolio de l étudiant

LASER DOPPLER. Cependant elle n est pas encore utilisée en routine mais reste du domaine de la recherche et de l évaluation.

La prise en charge d un trouble dépressif récurrent ou persistant

Céphalées vues aux Urgences. Dominique VALADE Centre d Urgence des Céphalées Hôpital Lariboisière PARIS

Module digestif. II. Prévention du reflux gastro-œsophagien :

Stress des soignants et Douleur de l'enfant

La prise en charge de votre polyarthrite rhumatoïde

AVEC LE SOUTIEN INSTITUTIONNEL DE

CENTRE D EDUCATION ET DE SOINS SPECIALISES POUR ENFANTS POLYHANDICAPES «LE RIVAGE» LIVRET D ACCUEIL DU STAGIAIRE

I - CLASSIFICATION DU DIABETE SUCRE

DIU DE REEDUCATION PELVI-PERINEALE. Responsables de l enseignement :


> Présentation du programme > Peps Eurêka - Mémoire : Pour donner du Peps à ses neurones et à sa vie... 4

Critères de suivi en rééducation et. d orientation en ambulatoire ou en soins de suite ou de réadaptation

LE GRAND LIVRE Du. Pr Jean-Jacques Altman Dr Roxane Ducloux Dr Laurence Lévy-Dutel. Prévenir les complications. et surveiller la maladie

Programme «DoSanté Lycée» Présentation et évaluation

Constat de la situation existante. Facteurs favorisant les TCPO

Annick LABONNE Institut de Formation en Masso-Kin CHU de Fort-de

Transcription:

La douleur et sa prise en charge Prise en charge individuelle et institutionnelle Bernard Pradines Soins de Longue Durée Albi

Plan de l'exposé Introduction I - Etiologies les plus fréquentes II - Principaux obstacles à la prise en compte de la douleur chez le sujet âgé III - Les traitements non médicamenteux IV - Les dispositions institutionnelles dans la lutte contre la douleur Conclusion

Introduction (1) très fréquentes, chroniques, persistantes, souvent de localisations multiples (40%, en moyenne trois localisations pour Ferrell, 1995), intermittentes donc sujettes à l'oubli, telles que les douleurs liées : à la spasticité musculaire d'origine neurologique, aux accès neurogènes fulgurants, à l'angor, aux spasmes digestifs, etc... le plus souvent aux mobilisations, surtout passives.

Prévalence élevée. Exemple : l AGS (American Geriatrics Society) en 2002 : - 25 à 50% hors institution - 45 à 80% en institution

Introduction (2) le plus souvent par excès de nociception et localisées à l'appareil locomoteur : articulations, os, muscles, Douleur Anxiété anticipatrice rapidement invalidantes. Opposition aux soins

Caractéristiques 24 mars 2003 SSLD Albi : 68 douloureux sur 85 Mécanismes des douleurs : excès de nociception : 72 dont douleurs spastiques : 5 dont douleur spasmodique : 1 douleurs neurogènes : 5

Caractéristiques 24 mars 2003 SSLD Albi : médicaments - antalgique de palier 1 : 62 - antalgique de palier 2 : 11 toujours associé avec le palier 1 - antalgique de palier 3 : 5 toujours associé avec un antalgique de palier 1, - antalgique à visée neurogène : 5 - antalgique anti spastique : 6 - AINS voie générale, le célécoxib : 4, toujours associé avec un antalgique de palier 1 - AINS voie locale : 1

I Etiologies les plus fréquentes

Douleurs persistantes (chroniques) Institution médicalisée 134 sujets Pathologies ostéo-articulaires : 59 Fractures anciennes : 11 Neuropathies : 8 Pathologies malignes : 3 Spasmes musculaires : 1 Autres : 2 Aucune pathologie rapportée : 50 Ferrell BA, Ferrell BR, Rivera L. Pain in cognitively impaired nursing home patients. J Pain Symptom Manage 1995 Nov;10(8):591-8

Douleurs aiguës les douleurs iatrogènes liées aux soins de base et aux soins techniques, les douleurs immédiatement post-traumatiques, les arthropathies microcristallines, le fécalome, la rétention d urines.

II - Principaux obstacles à la prise en compte de la douleur chez le sujet âgé? Obstacles diagnostiques, Obstacles d'ordre psychologique, Obstacles thérapeutiques, Obstacles liés à l'organisation des soins.

Obstacles diagnostiques Difficultés du diagnostic étiologique, de l évaluation et même du dépistage de la douleur.

Obstacles diagnostiques visites médicales trop ponctuelles pour dépistage, sites douloureux habituels d'abord par interrogatoire et questionnaire écrit remis à la famille ou aux proches : pathologie ostéoarticulaire, chutes, constipation, rétention d'urines... contexte pathologique et thérapeutique.

Obstacles diagnostiques comportement douleur individuel : la «signature», expérience des intervenants : comportement habituel du patient, circonstances de survenue.

En pratique quotidienne douleurs diffuses Affection somatique intercurrente? Fatigue? Traumatisme psychique? recrudescence douloureuse

Obstacles psychologiques Obstacle général : fatalisme, Obstacles liés au patient, Obstacles dans l entourage du patient, Préjugés sur les opioïdes.

Obstacles thérapeutiques L insuffisance thérapeutique, L abandon thérapeutique, Variabilité de la réponse, Faible marge thérapeutique.

Obstacles liés à l'organisation des soins La fragmentation des soins, Les objectifs de soins, La formation des intervenants, Les consultations spécialisées.

III Les traitements non médicamenteux

Schéma corporel

Quelques propositions thérapeutiques manipuler doucement, laisser exécuter les mouvements, s'interrompre, vérifier que le patient n'est pas endormi, toucher, positions, explications, diversion, kinésithérapie, physiothérapie : massages antalgiques, thermothérapie et cryothérapie, ergothérapie : installation pour un meilleur confort.

Quelques perspectives thérapeutiques vibrothérapie (ultrasons, ondes de choc?), électrothérapie antalgique, acupuncture, cures thermales, thérapies cognitives et comportementales : relaxation, biofeedback, hypnose.

Avantages des protocoles responsabilisation de l'infirmier(e), rédaction du protocole : concertation, négociation, précision sur les bonnes conduites, formation des utilisateurs, effet pense-bête.

Avantages des protocoles harmonisation des soins, dans l'espace et dans le temps, surtout pendant la nuit, réponse rapide, évaluation des soins par rapport au protocole, douleurs incidentes liées aux soins techniques, conformité à l'esprit des recommandations et de la législation.

Inconvénients des protocoles déresponsabilisation du médecin, se dispenser de sa présence, voire de sa disponibilité, impasse sur le diagnostic, uniformisation des procédures, mesure autoritaire, substitution à la formation, non utilisé.

IV Les dispositions institutionnelles dans la lutte contre la douleur A) L'obligation, B) Le rôle du médecin coordonnateur, C) Le rôle des infirmiers, D) Les protocoles de soins à proposer dans la prise en charge de la douleur chez la personne âgée : avantages et inconvénients.

E) Les CLUD (comités de lutte contre la douleur), F) Les équipes mobiles pluridisciplinaires et les consultations, les référents, G) La sensibilisation de l'ensemble des intervenants à la prise en compte de la douleur : l'outil MOBIQUAL.

Comment sensibiliser l'ensemble des intervenants à la prise en compte de la douleur? Limoges 1999, ANAES 2000, AFSSAPS 2004, Projets de service, projets de soins, Formation et information.

Conclusion La détection peut précéder l'évaluation, Effort de sensibilisation de l'entourage.