: AUTOUR DES METIERS NOTRE VILLAGE UNE RUCHE BOURDONNANTE (SPECIALEMENT 1863-1944) INTRODUCTION



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Transcription:

DEUXIEME PARTIE CHAPITRE D HIER : AUTOUR DES METIERS ET D AUJOURD HUI NOTRE VILLAGE UNE RUCHE BOURDONNANTE (SPECIALEMENT 1863-1944) INTRODUCTION AVERTISSEMENT CLASSEMENT PAR RUBRIQUES COMPOSITION DES RUBRIQUES.1 AUTOUR DU METAL 1.a LES PLATINERIES 1.b LES AUTRES METIERS AUTOUR DU METAL.2 AUTOUR DU BOIS.3 AUTOUR DU CUIR ET DE LA LAINE.4 AUTOUR DU BATIMENT.5 AUTOUR DE LA TERRE.6 AUTOUR DE LA PIERRE 1

.7 AUTOUR DU SABLE.8 AUTOUR DE LA VIE QUOTIDIENNE.9 AUTOUR D AUTRES METIERS ET PROFESSIONS.10 AUTOUR DES AMBULANTS.11 AUTOUR DES SERVICES.12 AUTOUR DE L ALIMENTATION.13 AUTOUR DE LA SANTE.14 AUTOUR DES PERSONNALITES.15 AUTOUR DES DEPLACEMENTS.16 AUTOUR DES DISTRACTIONS REPERTOIRE ALPHABETIQUE DES METIERS 2

INTRODUCTION Réminiscences Les habitations groupées autour du clocher des petits hameaux, les fermes peu éloignées (sauf exception) quand elles ne sont pas en plein dans le village. Les routes empierrées et boueuses, les côtés herbeux, les «rys» à ciel ouvert. Sur ces chemins, les cadeaux de la nature, crottins de cheval, bouses de vache et autres déjections, mais aussi, les marguerites et les coquelicots aux bords des champs. Au chant des oiseaux, se mêlent les hennissements des chevaux, les meuglements des vaches, les grognements de porcs et le concert des chiens, poules, canards etc les pan pan des marteaux de la platinerie, de l enclume du maréchal, du ressemelage par le cordonnier, la scie du menuisier, le batteur des lavandières à la rivière. S ajoutent à tous ces bruits, ponctués par des hue et des dia, le crissement des roues des lourds chariots, des baros, des triqueballes qui ramènent de la forêt les arbres à débiter par les scieurs de long, le fourgon du marchand de grain, mais aussi les criaillements des enfants dans la cour de l école, la repasseuse avec ses fers chauffés sur le poêle à buse qui a entrouvert la fenêtre pour s aérer et qui chante «le temps des cerises» ou «l Ave Maria». Et les odeurs : en passant devant les étables, la senteur des aumailles. Dans les champs, ne nous 3

attardons pas sur l épandage du fumier, mais prenons plaisir à respirer à pleins poumons le foin gorgé de soleil, la paille dorée Parfois, c était la clochette agitée par l enfant de chœur qui accompagnait le curé allant réconforter un mourant, mais, oh joie, aussi, les premiers vagissements du nouveau-né exhibé fièrement aux heureux parents par la sagefemme. N oublions pas, le dimanche, les sorties de la fanfare, les cris d encouragement ou de dépit autour d un jeu de balle ou de quilles, quand ce n était pas une procession dans les décors simples, peut-être naïfs, que bien des habitants préparaient avec tout leur cœur. Oui, c était la vie tous azimuts! 4

AVERTISSEMENT Pour plus de facilité, les métiers ont été regroupés autour de rubriques et classés dans l ordre chronologique du mode opératoire avec, en exception, la préséance du métier ou de la profession principale. Ainsi, autour des platineries, le métier de platineur, celui de grandpère, se trouve en première place. A noter la fréquente polyvalence des métiers. Ainsi par exemple, le charron fait normalement appel au ferronnier, mais parfois, il exécute luimême les accessoires en fer. De même les travailleurs sont polyvalents à cause, entre autres, des conditions climatiques. C est ainsi que les maçons, entre autres, el grand bertelle (la grande bretelle) et ses fils, se transforment, lors des frimas, en bûcherons. On se demande pourquoi des métiers aussi banals qu épicier par exemple, sont repris ici. L explication en est que, dans quelques années, bien de ces métiers auront disparu. En effet, où sont-elles, nos épiceries de village, où l on trouvait bien autre chose que de l alimentation, permettant ainsi de se dépanner : des allumettes, des bougies, des aiguilles, du fil à coudre, des laines à ravauder et mille autres choses faisant partie du quotidien. Certains noms de métier, ou mots qui en découlent, ne se trouvent plus au dictionnaire Larousse. Mais, faisant partie du langage populaire, je n ai pas hésité à les citer. 5

Les métiers dont je parlerai s exerçaient principalement à Ham-sur-Heure et non à Jamioulx, car la population était beaucoup plus importante à Ham qui était un véritable bourg. Ceci expliquant la possibilité pour certains métiers de «nourrir son homme». En 1830, en effet, Jamioulx n avait que 554 habitants. La plupart petits cultivateurs ou ouvriers des mines. En 1858, on comptait 7 bûcherons, 27 cloutiers, 17 cultivateurs, 14 houilleurs, 3 maçons et 27 journaliers. Avant d entreprendre la lecture de ces métiers et activités, je vous rappelle que la période visée est celle de 1863 à 1944. 6

CLASSEMENT DES METIERS ET ACTIVITES DANS NOS VILLAGES. Classement par rubrique.1 AUTOUR DU METAL 1a LES PLATINERIES PLATINEUR CISAILLEUR FORGERON FRAPPEUR EMEULEUR OU MEULEUR FOREUR POINCONNEUR TOURNEUR FRAISEUR RABOTEUR SCIEUR POLISSEUR MAGASINIER VOITURIER 1b AUTRES METIERS METAL FERRONNIER TAILLANDIER MARECHAL-FERRANT CHAUDRONNIER CHAINIER CLOUTIER FONDEUR FERBLANTIER RETAMEUR.2 AUTOUR DU BOIS BUCHERON SCIEUR DE LONG MENUISIER 7

EBENISTE MODELEUR TOURNEUR SUR BOIS CHARPENTIER CHARRON CHARRON-FORGERON TONNELIER SABOTIER CHARBONNIER.3 AUTOUR DU CUIR ET DE LA LAINE TANNEUR PEAUSSIER GANTIER CHAUSSEUR CORDONNIER SAVETIER BOURRELIER SELLIER AUTOUR DE LA BALLE A JOUER COUPEUSE BOULOTEUSE OU BALLOTEUSE BALEUSE OU ABALEUSE CARDEUR FILEUSE TISSERAND.4 AUTOUR DU BATIMENT TERRASSIER MACON PLATRIER PLAFONNEUR BLANCHISSEUR COUVREUR ARDOISIER CARRELEUR VITRIER FABRICANT DE MASTIC 8

PLOMBIER CHAUFFAGISTE ELECTRICIEN PEINTRE.5 AUTOUR DE LA TERRE a. LA CULTIVER FERMIER HERBAGER AGRICULTEUR VALET DE FERME METAYER JARDINIER HORTICULTEUR APICULTEUR CUNICULTEUR b. LA FACONNER BRIQUETIER POTIER TUILIER (panneur).6 AUTOUR DE LA PIERRE CARRIER BOUTEFEU TAILLEUR DE PIERRE ROCTEUR CHAUFOURNIER CIMENTIER.7 AUTOUR DU SABLE SABLIER VERRIER CUEILLEUR PRESSEUR SOUFFLEUR MACHINISTE DEMOULEUR PORTEUR A L ARCHE RELEVEUSE 9

.8 AUTOUR DE LA VIE QUOTIDIENNE TAILLEUR TAILLEUSE COUTURIERE DENTELLIERE CROCHETEUSE BRODEUSE COIFFEUR COIFFEUSE CHAPELIER MODISTE LAVANDIERE REPASSEUSE RAVAUDEUSE TAPISSIERES (femmes) CUISINIERE FEMME A JOURNEE FEMME D OUVRAGE FEMME DE MENAGE SERVANTE.9 AUTOUR D AUTRES METIERS HORLOGER COCHER CHARROYEUR DEBARDEUR IMPRIMEUR LIBRAIRE CABINIER QUINCAILLER MARCHAND DE GRAINES MARCHAND DE FER MARCHAND DE CHARBON MARCHAND REPARATEUR DE VELOS MARCHAND DE TABAC ET CIGARES CIRIER FABRICANT DE CIERGES FABRICANT DE CHANDELLES 10

FABRICANT DE BOUGIES FABRICANT D HOSTIES FABRICANT DE GRAISSES TELEPHONISTE GARDE-CHASSE.10 AUTOUR DES AMBULANTS REMOULEUR RETAMEUR COLPORTEUR CHIFFONNIER MARCHAND DE LOQUES ARRACHEUR DE DENTS MARCHAND DE PETROLE CIGARIER MARCHAND DE SABLE BOUCHER A DOMICILE VANNIER MATELASSIER.11 AUTOUR DES SERVICES GENDARME GARDE-CHAMPETRE GARDE-FORESTIER FACTEUR CANTONNIER FOSSOYEUR CROQUEMORT CRIEUSE ALLUMEUR DE REVERBERES.12 AUTOUR DE L ALIMENTATION MEUNIER BOULANGER PATISSIER BRASSEUR 11

CABARETIER CAFETIER RESTAURATEUR HOTELIER BOUCHER CHARCUTIER EPICIER MARCHAND DE LIQUEURS SOURCIER FONTAINIER SUCRIER PISCICULTEUR MOULINIER.13 AUTOUR DE LA SANTE MEDECIN PHARMACIEN APOTHICAIRE SŒURS DE CHARITE SAGE-FEMME FAISEUSE D ANGES ARRACHEUR DE DENTS VETERINAIRE.14 AUTOUR DES PERSONNALITES CURE BOURGMESTRE SECRETAIRE COMMUNAL NOTAIRE RELIGIEUSE ENSEIGNANTE INSTITUTEUR CHATELAIN 12

.15 AUTOUR DES DEPLACEMENTS CANTONNIER CHEF DE GARE GUICHETIER GARDE-SALLE GARDE-BARRIERE - SIGNALEUR AIGUILLEUR HUILEUR LAMPISTE ACHINISTE (de train) CHAUFFEUR GARDE DE TRAIN PIOCHEUR POSEUR REGLEUR PIQUEUR.16 AUTOUR DES DISTRACTIONS MUSICIEN CHORISTE COMEDIEN MARCHEUR PELERIN COLOMBOPHILE JOUEUR AUX CARTES JOUEUR AUX QUILLES JOUEUR AUX BILLES JOUEUR AU CERCEAU JOUEUR A SAUTE-MOUTON JOUEUR AU PARADIS JOUEUR DE BALLES 13

.1 Autour du métal. 1.a Les platineries. Platineur : ouvrier qualifié qui à l aide d un MARTEAU actionné par la force hydraulique réalisait par forgeage des objets allant de l épée à la serpe et à la hache du bucheron, mais spécialement à la platinerie Hainaut-Carlier, des outils aratoires et des composants pour les machines agricoles, tels les socs et les versoirs de charrue. La formation du platineur était longue. Elle demandait non seulement une grande résistance physique, mais aussi le sens du fluage (propriété du matériau à pouvoir se déformer) et de l allongement de la matière. Une grande dextérité face à un engin lourd et aveugle, dont un coup mal orienté pouvait être néfaste à la réalisation de la pièce à forger. (Voir IV.2 Les platineries). Cisailleur : ouvrier qui à l aide d une cisaille (deux lames d acier spécial) qui, comme un ciseau, débite les lopins avant transformation. Il réalise également la découpe aux dimensions définitives de la pièce forgée. Forgeron : artisan qui façonne par forgeage au marteau des pièces en métal (forger est le travail à chaud d un métal chauffé sur un feu de forge et formé au marteau). 14

Frappeur : aide du forgeron qui, soit alternativement avec celui-ci, soit seul, frappe avec un lourd marteau sur la matière à façonner, directement, ou par l intermédiaire d une étampe (moule) pour donner la forme désirée. Emeuleur ou meuleur : ouvrier qui, à l aide d une meule, roue abrasive, affûte le tranchant des outils. Foreur : ouvrier qui perce des trous à l aide d une mèche rotative montée sur une foreuse. Poinçonneur : ouvrier qui applique par frappe une marque identifiant un produit. Egalement, ouvrier perçant, à l aide d un poinçon, un trou par pression sur le métal. Tourneur : ouvrier façonnant à la forme désirée, une pièce calée sur un axe rotatif par enlèvement de copeaux. Fraiseur : ouvrier qui, à l aide d une fraise rotative, et par enlèvement de copeaux, façonne une pièce à la forme désirée. Raboteur : ouvrier taillant un bloc de métal sur un étau limeur à l aide d un outil se déplaçant linéairement par va-et-vient. Scieur : dans l industrie, le travail du scieur consiste à provoquer une entaille dans une pièce à usiner, à l aide d une lame dentée et par un mouvement de va-et-vient. Ou débite un morceau d acier hors d une barre. 15

Polisseur : à l aide d une machine suspendue et se déplaçant comme un pendule, munie d un disque enduit de corindon, le polisseur élimine les oxydes afin de rendre la surface de l objet à traiter parfaitement lisse. Magasinier : spécialisé en ligaturage, avec un fil d acier, d un nombre déterminé de pièces terminées, afin de pouvoir les expédier. Voiturier : conducteur d un véhicule hippomobile. Au début du siècle, les matières arrivaient à la gare sur wagons plats. Ensuite, un chariot à quatre roues les amenait à l atelier. Pour l expédition des marchandises finies, le voiturier les transportait à l aide d un baro. (genre de tombereau mais non basculant). 1.b Les autres métiers autour du métal. Ferronnier : artisan effectuant le travail artistique du fer. Spécialement le fer forgé. Taillandier : artisan fabriquant et vendant des outils de taillanderie : couteaux, serpettes, faucilles etc. (A noter qu il existait d excellents artisans polyvalents. Ainsi à Hameau était établi un forgeron taillandier maréchal ferrant. Maréchal-ferrant : artisan qui place des fers aux pieds des chevaux. (A noter que du temps de 16

grand-père, ceux-ci étaient souvent également ferronniers et forgerons). CHAUDRONNiER : Artisan qui fabrique, vend, répare des chaudrons, des objets en cuivre personne qui travaille les métaux en feuille. Chainier : jusque dans les années 30 «no tchênti» Antoine, réalisait par forgeage des chaines en métal. Ce métier demandait beaucoup d adresse, car il fallait non seulement débiter la matière, la former en anneau, mais également la chauffer près du point de fusion pour souder les deux bouts en la martelant. Et tout cela, alors que le maillon précédent était déjà engagé dans celui à souder et qu il trainait à sa suite la chaine déjà confectionnée. 17

Cloutier : nom wallon désignant les artisans fabriquant des clous. Dans un réduit (forge), avec des moyens rudimentaires, le cloutier partait d une baguette d acier qu il chauffait puis forgeait au marteau, ce qui lui permettait d obtenir des clous de tous modèles. Aussi bien des clous ornementaux pour les bâtiments officiels, églises, maisons bourgeoises, que des clous pour la construction et pour le ferrage des chevaux. (Voir chapitre IV.1) Fondeur : ouvrier confectionnant des moules dans un sable spécial, à partir de modèles. Après enlèvement de ce modèle, dans le creux laissé par celui-ci, est coulée la fonte ou autre métal en fusion. La fonderie d Ham-sur-Heure (au quartier de hameau) s appelait «la société des ateliers Vulcain». Ferblantier : personne qui fabriquait ou vendait des objets en fer blanc (le fer blanc est une fine tôle d acier recouverte d étain). Rétameur : artisan, souvent ambulant, qui réparait les objets métalliques usés en les revêtant d une couche d étain pur ou en leur adjoignant un morceau de métal pour colmater un trou et le souder à l aide dudit étain. 18

.2 Autour du bois. Bûcheron : personne qui travaille à l abattage des arbres en forêt. A l époque, ce métier requérait une connaissance des hautes futaies, de l inclinaison naturelle des troncs, de la force des vents. Le travail s exécutait manuellement à la cognée en réalisant une première entaille qui allait donner l orientation de la chute. Ensuite, le fatigant dépeçage, copeau après copeau, du côté contraire jusqu à ce que l arbre tombe. Après évacuation des troncs, il restait les branchages et les têtes d arbres. Dans les forêts communales, ces restes faisaient l objet pour les villageois d un droit à les emporter. Ce droit s appelle encore aujourd hui l affouage. Ce moyen de se chauffer devait être particulièrement apprécié par la population. Scieur de long : ouvrier qui à l aide d une grande scie à deux manches, appelée scie passe partout, èrcèprèsse en wallon, accompagné d un autre ouvrier, refendait les arbres afin d en obtenir différentes pièces de bois, poutres, planches Menuisier : pour réaliser de petits ouvrages en bois à l usage du bâtiment qui était leur apanage à l époque, les menuisiers utilisaient des outils très simples : la scie, le rabot, la varlope (grand rabot) la tarière, le ciseau (fer tranchant muni 19

d un manche de bois), la colle, la presse à vis manuelle. Ebéniste : nous entrons dans un domaine plus élaboré de la menuiserie. L ébéniste fabrique des meubles de luxe en utilisant, notamment, la technique du plaquage. L arsenal d outils est beaucoup plus varié que celui du menuisier : les rabots possèdent des lames avec des formes bien définies qui donneront le dessin désiré aux objets artistiques. On assemble avec la colle à base d os et avec des chevilles de bois qui font encore aujourd hui le bonheur des collectionneurs. Modeleur : artisan qui fabrique un modèle de bois devant servir au moulage du sable avant qu il ne reçoive les métaux en fusion dans la fonderie. Tourneur sur bois : artisan qui, à l aide d un axe rotatif horizontal (tour à bois), réalise des objets circulaires en bois tels que les pieds de table et les fuseaux de rampes d escalier. Charpentier : artisan qui taille et assemble des pièces de bois destinées aux charpentes des maisons. Charron : personne qui fabriquait et réparait des chariots, charrettes et voitures hippomobiles et dont le matériau principal était le bois. Il travaillait en harmonie avec le ferronnier pour les 20

accessoires métalliques et avec le forgeron pour le cerclage des roues en bois : bardage en acier posé à chaud sur la roue et brusquement refroidi, qui ainsi, en se contractant, se solidarisait au corps de la roue. Ce métier vaut que l on s y attarde quelque peu. En effet, c était un des métiers du bois les plus ardus à apprendre, car les éléments les plus compliqués à réaliser étaient les roues. En effet, celles-ci terminées, tous les éléments devaient se solidariser et le rester dans le temps. Il y a d abord le choix des bois : l orme tortillard pour le moyeu, des bois durs de premier choix pour les rayons et les éléments de la jante. Il y a ensuite l assemblage de tous ces éléments. Il y a enfin l homogénéisation par le cerclage vu ci-dessus. A Ham sur Heure, le charron fabriquait également brouettes et échelles de bois. Il existe encore à Beignée les vestiges d un four ayant servi à chauffer les cercles de roues chez monsieur Monaux à la rue de Jamioulx. Charron forgeron : nom porté par le charron qui réalisait lui-même outre la fabrication et le cerclage des roues, les différents éléments en métal de son œuvre. Tonnelier : artisan qui fabriquait des tonneaux en bois et des cuvelles ou baquets à usages multiples : cuves de lessiveuse à bras, baquets pour plâtriers et maçons etc 21

Pendant ma jeunesse, on appelait encore un ouvrier de la platinerie «el tonli» car il avait été tonnelier. Sabotier : artisan qui fabriquait et vendait des sabots. En 1858, un atelier de sabotier se trouvait au pied de la rue Saint Martin, face à la grand place. Au musée de la vie rurale au château d Ham sur Heure, un coin est réservé à cette fabrication et il est intéressant d y observer les différents stades de fabrication. Le sabot était le moyen le plus courant de se chausser. Charbonnier : ouvrier réalisant du charbon de bois. En 1864, fut installé à Ham sur Heure, une fabrique de charbon de bois en meule. 22

.3 Autour du cuir et de la laine. Tanneur : personne qui travaille dans la tannerie pour transformer en cuir les peaux par l action chimique de la chaux pour l élimination des poils. Ensuite, par l action de tannins et d autres produits tannants contenus dans une grande cuve tournante. À Ham, en 1866, il y avait une tannerie importante employant des ouvriers et deux artisans travaillant seuls. L importante tannerie avait été fondée par les arrières-grands-parents de ma femme : Louis Joseph Rousseau et Vindicie Delattre qui, après avoir bâti une importante demeure, lui adjoignirent une tannerie et une fabrique de cierges, chandelles et bougies. Anecdote «amusante»? Le transport des cuirs de la tannerie à la gare de la toute nouvelle ligne de chemin de fer, se faisait à l aide d une charrette tirée par deux gros chiens. Peaussier : personne qui prépare ou qui vend les peaux. La préparation se faisait dans une 23

peausserie : industrie, commerce, travail des peaux, se dit également des articles en peau. Gantier : profession ou commerce qui concerne la fabrication des gants. Un quartier d Ham, là où est né grand-père, s appelle la ganterie. Il n y a aucune certitude que l on ait fabriqué des gants dans cet endroit. Mais le bon sens voudrait que dans un village où il existait des tanneries, des amateurs aient fabriqué des gants pour se protéger du froid de l hiver. Pensons aux bûcherons, cantonniers et autres nombreuses professions d extérieur dont les travaux devaient se poursuivre en hiver. Chausseur : artisan qui fabrique et qui vend des chaussures. Nos campagnes possédaient de véritables artistes qui façonnaient bottillons, bottes, et souliers fins portés de rares fois aux cérémonies. Cordonnier ou savetier : personne qui répare les chaussures. Ernest Thibaut, dit «el tichin», avec beaucoup de professionnalisme, réalisait de véritables tours de force pour sauver les chaussures de notre famille nombreuse. Bourrelier : personne qui fabrique et vend des pièces de harnachements pour animaux de trait. Et accessoirement, des articles en cuir. Sellier : artisan ouvrier qui fabrique, répare et vend des selles et articles de harnachements. A 24

noter qu au village ces deux métiers bourrelier et sellier se confondaient souvent. Les métiers de la fabrication des balles à jouer : - Coupeuse : personne qui débite aux ciseaux à partir d un «patron» carré ou rectangulaire, les peaux de mouton ou de chevreau venant du midi de la Espagne ou du Espagne. - Bouloteuse (ou balloteuse) : fabrique le centre des balles, appelé boulot, avec diverses matières maintenues par des fils de jute. - Abaleuse (ou balleuse) : personne cousant les peaux qui enveloppent le boulot. Activité importante à Ham, la fabrication des balles à jouer mobilise une nombreuse main d œuvre dans les familles où elle apporte un supplément financier bienvenu en ces temps difficiles. (Voir annexe 2) Cardeur : personne qui, à l aide d une cardeuse, machine munie de pointes d acier, démêle les fibres textiles. 25

Fileuse : personne qui à l aide d un rouet transforme en fil les fibres textiles. Le rouet est un instrument à roue mû par un pédalier. Tisserand : personne qui fabrique des tissus à la main ou à la machine. (Métier à tisser). 26

.4 Autour du bâtiment. Terrassier : ouvrier employé à creuser et à transporter les terres pour effectuer un terrassement soit pour les fondations d une habitation, soit pour remodeler un terrain. Maçon : personne qui réalise la construction, l enduit ou le ravalement à l aide de briques, pierres avec un liant, anciennement de la chaux, actuellement du ciment. Plâtrier : personne qui fabrique ou emploie du plâtre. Plafonneur : ouvrier réalisant, à l aide de plâtre, l enduisage des murs ainsi que la réalisation de plafonds (ceux-ci sont parfois de véritables œuvres d art). Blanchisseur : pour éviter les rentrées d humidité dans les maisons où une seule pièce était chauffée, et encore, de façon sporadique, ainsi que pour prévenir les maladies, les murs extérieurs étaient recouverts de chaux. Certaines pièces intérieures, pour des raisons d hygiène également, et pour leur rafraîchissement, étaient également blanchies à la chaux : les fournils, remises, celliers. (Grand-père et grand-mère vécurent une bonne partie de leur existence dans une pièce chaulée). Dans les fermes, il était indispensable, là aussi, de chauler étables, écuries, poulaillers et autres 27

locaux une ou deux fois par an, intérieurement et extérieurement par mesure prophylactique. Le chaulage était encore pratiqué sur les troncs d arbres fruitiers pour les protéger de la vermine. Couvreur ardoisier : personne qui pose les matériaux de surface de la couverture d un bâtiment et en assure la réparation. Carreleur : ouvrier qui pose des carrelages pour le revêtement des sols et des murs. Vitrier : personne qui vend et pose les vitres. Fabricant de mastic : à l aide de carbonate de calcium et d huile de lin pure, il fabriquait le mastic servant à la pose des vitres et également à reboucher fentes et inégalités dans les surfaces à traiter ainsi que pour faire disparaître les défauts dans les boiseries. C était souvent le vitrier qui préparait lui-même son mastic. Plombier : personne qui assure l installation des canalisations de gaz et d eau, et l évacuation des eaux usées dans les maisons particulières ou les sites industriels. Chauffagiste : spécialiste de l installation et de l entretien des moyens de chauffage, plus tard, spécialement le chauffage central. 28

Electricien : métier apparu à Ham en 1911. Artisan qui installe dans les bâtiments et pour l éclairage public, des circuits électriques servant à l éclairage ou à la force motrice. Peintre : artisan qui, à l aide de peintures, réalise la protection et la décoration des intérieurs et extérieurs des maisons (A ne pas confondre avec l artiste peintre qui, comme son nom l indique, réalise des œuvres artistiques. Encore que les peintres de nos villages, comme Henri Paquet et Louis Liévin ont réalisé avec beaucoup de talent des faux bois, faux chênes, faux marbres qui décoraient nos vestibules.) 29

. 5 Autour de la terre. 5.a La cultiver. Berger : nom mythique Biblique : premiers arrivés à l étable de Bethlehem pour accueillir Jésus, fils de Joseph et Marie. Emblématique : le conducteur, le guide : le Christ berger des peuples. Professionnel : accompagnateur, protecteur, soigneur des troupeaux pour pâturer par monts et par vaux (voir I.1 l enfance) Fermier : personne qui loue les terres qu il cultive (payer un fermage). Chez nous, usuellement, celui qui en plus de cultiver les terres, procède à l élevage, la production laitière et parfois à l élaboration de sous-produits tels que beurre, fromage etc Herbager : comme le précédent, mais sans cultures. Agriculteur : personne qui cultive les terres. Il est tour à tour laboureur, semeur, moissonneur. Valet : ouvrier de ferme ou d exploitation agricole. Métayer : exploitant agricole lié au propriétaire par un contrat à durée limitée, contre partage des fruits et pertes. 30

Jardinier : personne qui travaille les jardins là où il est appelé. Horticulteur : personne possédant une superficie de terrain qu il cultive pour produire et vendre ses fruits et légumes. Apiculteur : personne qui élève des abeilles pour en récolter le miel, la gelée royale, le pollen et qui vend ces produits. Cuniculteur : la cuniculture était très répandue, dans presque chaque maison se pratiquait l élevage du lapin. Nourriture très appréciée en civet mijotant longuement sur le poêle familial ou cuisinée aux pruneaux, il faisait le régal des convives. D autre part, les peaux étaient tannées pour en tirer des moufles, des sacs pour dames et même des manteaux. Mais l élevage des lapins n était pas facile, car sujet à de nombreux aléas. Fragilité des espèces, épidémies, aussi le cercle horticole et de petit élevage créé le 15 août 1906 était bien nécessaire pour prodiguer les avis adéquats. Les membres recevaient, entre autres, les conseils d Ulysse Horemans qui, depuis 1902, avait sélectionné une race bien spécifique qu il avait baptisée Géant bleu de Ham. Avec ses lapins, il remporta en 1912 un grand prix à l exposition de la société impériale de Saint 31

Pétersbourg, en Russie. Il obtint également des prix à Madrid et Florence, en 1914. Cette race disparut en 14-18 car la faim des bourquîs n avait que faire des grands prix! 5.b La façonner. Briquetier : personne qui dans une briqueterie travaille aux différents stades de la fabrication des briques. (Voir I.2 l adolescent). Potier : personne fabriquant des produits en terre cuite après le façonnage par modelage. Ham sur Heure possède une rue des potiers. 32

Tuilier (panneur) : personne employée dans une tuilerie à la fabrication des tuiles appelées communément pannes. A la limite du hameau de Beignée et de Jamioulx, un quartier s appelle la pannerie. 33

.6 Autour de la pierre. Carrier : ouvrier employé à l extraction de blocs de pierre dans les carrières. Boutefeu : spécialiste préposé à la mise à feu des charges d explosifs dont le but est de détacher des gros blocs de pierre dans les carrières. Tailleur de pierre : artisan qui façonne la pierre pour les bâtiments, les caveaux, les objets d art. Rocteur ou chaufournier (rocteû ou tchôfournî) : ouvrier travaillant aux fours à chaux. (tchôfour). La chaux était obtenue par cuisson de la pierre dans les fours à chaux et servait spécialement dans l industrie métallurgique ainsi que pour les besoins autour du bâtiment. (Voir blanchisseur. V.4) Cimentier : ouvrier qui travaille dans une cimenterie, le ciment est obtenu en cuisant à haute température des pierres calcaires et de l argile, finement broyé et mélangé avec du gypse, ensuite mélangé avec de l eau, il forme un liant plastique capable d agglomérer en durcissant divers matériaux de construction. 34

.7 Autour du sable. Sablier : exploitant d une carrière de sable et celui qui le vend. C est aussi l ouvrier qui extrait le sable et le conditionne. Le sable constitue un élément entrant dans la fabrication du verre. Beignée a possédé une importante verrerie de 1922 à 1952 (Voir annexe 3). Verrier : personne qui travaille à l élaboration du verre et à la fabrication des objets en verre ainsi que des vitraux. Cueilleur : ouvrier qui prend le verre dans le four, un grand bassin contenant le verre en fusion, afin de le façonner. Presseur : il recevait le verre du cueilleur, le plaçait dans un moule où il était écrasé sous l action d une presse. Souffleur : à l aide d une canne (tube creux) il cueille du verre en fusion et en soufflant dans le tube par plusieurs opérations successives il donne la forme désirée à l objet qu il fabrique. Machiniste : actionne une machine produisant mécaniquement ce que le souffleur réalise par soufflage à la bouche. 35

Démouleur : démoule les objets obtenus mécaniquement. Porteur à l arche : conduit les objets démoulés vers un four chauffé à 600 C pour empêcher l éclatement du verre qui sera ensuite refroidi très lentement. Releveuse : femme qui trie avant expédition. 36

.8 Autour de la vie quotidienne. Tailleur : découpe et coud les pièces de tissus pour en confectionner des vêtements. Couturière : confectionne retouche ou raccommode les vêtements. Dentellière : fabrique les dentelles en particulier aux fuseaux. En 1845, l école pour filles de Ham-sur-Heure fondée 5 ans auparavant par les religieuses des sœurs de la providence de Champion, ouvrait une section de dentellières. La dernière dentellière, Jeanne Moucheron, est décédée en 1979, à l âge de 82 ans. Crocheteuse : à l aide d un crochet, réalise avec du coton ou de la soie des œuvres d art, ou avec du coton ou de la laine, des ouvrages utilitaires. Brodeuse : brode à l aide d une aiguille des motifs ornementaux. Coiffeur, coiffeuse : certaines personnes, avec plus ou moins de bonheur, maniaient les ciseaux cela se passait dans la cuisine du «spécialiste», le soir après le travail. Chapelier : fabrique ou vend des chapeaux. Modiste : confectionne ou vend des chapeaux pour dames. 37

Lavandière : lave le linge chez elle, au lavoir ou à la rivière. Repasseuse : femme dont le métier est de repasser le linge à l aide d un fer chauffé sur le poêle ou contenant des braises incandescentes. Une spécialité était le repassage des cols (amovibles) pour les chemises des messieurs. Ravaudeuse : répare les vêtements à l aiguille, mot spécialement employé pour les bas et chaussettes. Tapissière : Femme tapissière : après avoir choisi et acheté son papier peint, on faisait appel à la corporation des femmes tapissières. Cuisinière : employée dans les maisons bourgeoises, les collectivités ou les restaurants, pour préparer les repas. Femme à journée, femme de ménage ou femme d ouvrage : employée à faire le ménage dans les maisons ou les bureaux. Servante : employée aux travaux domestiques et généralement résidente. 38

.9 Autour d autres métiers et professions. Horloger : ce métier demanderait à lui seul tout un chapitre. Au temps où l on n avait ni la radio, ni la télé pour le réglage de nos horloges et réveil, c était la cloche de l église qui était le repère de l heure. Les cloches de nos églises étaient actionnées normalement par le sacristain ou autre sonneur de cloche, en se référant à l horloge du clocher. Il fallait donc que celle-ci fût la plus précise possible, ce qui n était pas toujours le cas! Et c est ainsi que l on entendait les cloches des villages avoisinants sonner avec des décalages parfois très importants! D ailleurs, dans un sens ou dans l autre, avance ou retard. L anecdote raconte que l on pouvait arriver à un enterrement dans le village voisin quand celui-ci se terminait Le métier d horloger lui aussi revêtait donc beaucoup d importance, que ce soit pour les ancestrales comtoises présentées sans apparat, dans leur magnifique armoire sculptée, parfois naïvement colorée, mais aussi horloges de cheminée, coucous de la Forêt noire, réveils, montres précieuses ou robustes montres modèle chemin de fer. Tous ces «moyens d avoir l heure» avec des mécanismes, des mouvements, tellement différents requéraient une connaissance approfondie mais également un sens du réglage fin : orientation, fixation, intervention précise, et patience. 39

Cocher : conducteur d une voiture à cheval. Charroyeur : transporteur sur charrettes, chariots. Débardeur : ouvrier qui, dans les bois, sortait les arbres abattus et les amenait à la route forestière où ils étaient chargés sur des «triqueballes». Imprimeur-libraire : artisan qui, au moyen de lettres et chiffres en plomb, et à l aide d une presse, imprimait les documents officiels pour l administration communale, les notaires, artisans et commerçants. Il imprimait aussi les faire-part de naissances, mariages, décès, et autres affiches diverses. L atmosphère de plomb et d encre était nocive à la santé de l imprimeur. En général, attenant à l atelier, se trouvait un magasin vendant 40

journaux, livres et autres matériels scolaires, et d usage courant pour le particulier. Cabinier : à partir de 1911, avec la venue de l électricité, un responsable local s occupait des raccordements aux maisons et des dérangements. De plus, chaque soir, il effectuait la tournée de l éclairage public pour le remplacement éventuel des ampoules défectueuses. A noter que dans bien des maisons et des lieux publics les différents systèmes : lampes à pétrole, becs au gaz et ampoules électriques, coexistèrent quelques années encore, car l alimentation en électricité n était pas tout à fait fiable. Quincailler : fabricant ou commerçant de tous les ustensiles en métal pour la maison, l atelier, la ferme. On y trouve le petit outillage, la boulonnerie, les produits de tréfilerie etc Marchand de grains : comme nous l avons vu dans la fabrication de la bêche, presque toutes les maisons possédaient un jardin. De plus, les agriculteurs cultivaient soit le grain qu ils faisaient moudre pour leur pain, soit les céréales pour l alimentation de leur bétail. Il était donc important d avoir dans le village un marchand de grain compétent. Celui-ci, muni d un fourgon bâché, livrait les fermes pour les grains et semences. Deux frères de grand-mère Joséphine, Alfred et Richard, eurent un commerce de grains. Celui d Alfred subsiste encore aujourd hui sous le nom des établissements Fayt-Carlier à Jamioulx. 41

Marchand de fer : commerçant vendant les principaux produits métallurgiques, tôles, fers profilés, ronds, mais aussi les accessoires tels que les rivets, boulons, vis, ainsi que le matériel pour les clôtures, les chaînes pour le bétail, la traction animale, le débardage. Ces marchandises arrivant par le chemin de fer en gare de Ham étaient déchargées manuellement sur des chariots qui les amenaient chez le commerçant pour les stocker en attendant la vente. Le charroi L intérieur du magasin Marchand de charbon : lui aussi recevait en gare de Ham des wagons de charbon de 42

différentes catégories. A l aide du cheval et du tombereau, il les amenait sur son chantier ou directement chez le particulier. Encore une fois, tous ces chargements et déchargements étaient manuels. Marchand réparateur de vélos : vers les années 1900, apparaissent les premiers vélos tels que nous les connaissons aujourd hui, après les premiers engins à deux roues de diamètre inégal ou à trois roues. Oscar Bonalini vendait et réparait les vélos, ses magasin et atelier se trouvant sur la place du Bourg. Marchand de tabac et cigares : ce commerce consistait surtout dans la vente de tabac pour rouler soi-même ses cigarettes, de tabac pour la pipe et de tabac à chiquer. La vallée de la Semois produisait d excellents tabacs, cigarillos et cigares. Les cigares étaient fumés par les bourgeois et les gens aisés mais aussi par les petites gens aux grandes occasions : fêtes, baptêmes, communions, ducasses, après un tirage au sort heureux Dans les groupes on pouvait offrir des cigares pour fêter un chef de bureau, un contremaître à la Saint Eloi (fête patronale des métallurgistes) je me rappelle de l énorme cigare qui a été offert à Gaston Evrard par ses équipiers de la platinerie à l occasion d une Saint Eloi. Il lui était difficile de le tenir en bouche, vu qu il était déjà largement entamé par l absorption 43

de vin de fruits de fabrication artisanale. Vin très alcoolisé dont il avait déjà bu quelques verres! Cirier : regroupe les fabricants de cierges, de chandelles et de bougies repris ci-dessous. En plus que d être tanneur, Louis Joseph Rousseau, ancêtre de ma femme Thérèse, était cirier. Le mois de septembre, il le passait à l achat de ruches et au transport de la cire qu il en extrayait. Il travaillait également le suif qui servait à la fabrication de chandelles de moindre qualité. Fabricant de cierges : les cierges étaient fabriqués au départ en cire d abeilles. 44

Fabricant de chandelles : elles étaient fabriquées à base de suif ou de résine. Fabricant de bougies : fabriquées à l aide de cire ou de paraffine. Fabricant d hosties : souvent fabriquées dans les couvents, mais parfois par des particuliers, comme l arrière grand-père de ma femme Thérèse. Fabricant de graisses : le fils de ce dernier, Alphonse Rousseau, fabriquait des graisses pour les chariots et pour certains soins aux animaux. Les graisses noires pour les chariots étaient dérivées de graisses animales provenant des clos d équarrissage. Avec son cheval et sa carriole, Alphonse allait vendre ses produits jusqu au fond des Ardennes. A sa retraite, il remit son affaire et ses procédés de fabrication à la firme Renwez qui en fit une industrie prospère à Montigny-le-Tilleul. Téléphoniste : nos grands-parents ont connu des systèmes de téléphone primitifs. Le processus était : premièrement, tourner une manivelle qui envoyait un courant électrique actionnant une sonnerie à la centrale téléphonique de Nalinnes. Là, une préposée introduisait une broche qui lui permettait d entendre le demandeur. Suivant le désidérata de celui-ci, elle plaçait une seconde broche qui établissait la communication avec le correspondant demandé, ou avec la centrale 45

suivante, si le correspondant se trouvait dans un autre secteur, et ainsi de suite, de centrale en centrale, jusqu au correspondant demandé. Quand un des intermédiaires ou le correspondant final était occupé, cela demandait beaucoup de temps avant d avoir la communication! Garde chasse : à l extrémité du parc du château de Ham-sur-Heure se trouve la «maison du garde». Celui-ci était affecté au bois du châtelain. Pour terminer ce paragraphe, notons qu au début du 20 siècle, se créent de grands pourvoyeurs d emplois : en plus des nombreuses ouvrières occupées au triage du charbon dans les houillères, celles-ci occupent beaucoup de postes de travail dans les boulonneries, verreries sur 440 emplois à la verrerie de Beignée on trouvait 1/3 de femmes. 46

.1O Autour des ambulants. Rémouleur : itinérant qui, à l aide d une meule actionnée par un pédalier et montée sur une charrette tirée à bras d homme, souvent avec l aide d un chien, aiguisait les couteaux, ciseaux et autres objets tranchants. Rétameur : voir «autour du métal. V.1.b) Colporteur : vendait des marchandises, de maison en maison. Comme : parapluies, denrées coloniales (tous les produits venant des colonies tels que café, thé, poivre etc ), tissus, aiguilles, fils Chiffonnier : ambulant récoltant les chiffons et vieux objets pour les revendre. Marchand de loques : ambulant récoltant les vieux fers (aciers) pour la refonte, et les loques (vieux tissus) pour divers usages comme par exemple les essuyages de machines, il ramassait également les peaux de lapins. Arracheur de dents : voir autour de la santé.13. Marchand de pétrole : passait chaque semaine, une charrette munie d un petit tank de pétrole. Une cloche appelait les ménagères pour faire 47

leurs provisions afin d alimenter leurs lampes et petits réchauds. Cigarier : à l aide de feuilles de tabac récoltées par les paysans, qui, habituellement les fumaient à la pipe, un spécialiste de cette production venait fabriquer des cigares sous l œil admiratif des bourquis. Marchand de sable (sablier) : en dehors de la fourniture pour la fabrication du mortier avec du ciment pour les métiers de la construction ou autres usages industriels tels que les verreries, une activité bien de l époque était la distributionvente du sable servant à l hygiène et à la propreté des lieux publics. En effet, pour prendre l exemple des cafés, ceux qui les fréquentaient chiquaient, fumaient, crachaient et le sable servait à absorber ces déchêts. L abrasion du sable permettait par ailleurs le nettoyage des pavements en carreaux rouges. Boucher à domicile : un bienvenu dans nos maisons, où se pratiquait le petit élevage, était le boucher établi ou amateur qui passait dans les maisons pour tuer les moutons, cochons, chèvres le lendemain il était à nouveau là pour débiter la bête et pour les porcs, fabriquer boudins, saucisses, tête pressée et préparer les pieds de cochons. «Dans le cochon, rien ne se perd ; dans le cochon, tout est bon!» 48

Vannier : à l aide d osier, de châtaigner, ou de paille, il fabriquait des corbeilles, paniers et autres objets. Par exemple, des petites chaises d enfants qui étaient offertes à la vente à domicile par les vanniers eux-mêmes ou par d autres commerçants ambulants. Matelassier : si la plupart des villageois dormaient sur une paillasse bourrée avec de la balle d avoine ou des fougères. Il existait également des matelas de laine. Cette laine, au bout d un certain temps d usage se boulottait et demandait une remise à neuf. Cette opération était un joyeux événement pour les enfants. Sur une claie d environ deux mètres sur un mètre vingt, la laine à régénérer, à réaérer, était étendue et deux dames, munies de baguettes la rebattaient vigoureusement, ce qui nous amusait beaucoup! Chez nous, c était Tante Célénie et la lavandière Simone Cherton qui accomplissaient cette tâche. Une fois la laine réintroduite dans la toile du matelas, et pour l empêcher de migrer vers les bords, on perforait la toile de matelas en quelques endroits et on attachait fermement des fils reliant les deux faces du matelas. Une autre façon de restaurer les matelas, était de faire appel au matelassier qui passait dans les 49

maisons : il était muni d une machine à carder, exécutant ce travail beaucoup plus rapidement. Les gens de Jamioulx se souviennent de la figure sympathique de Charles Delvigne, notre matelassier. 50

.11 Autour des services. Gendarme : une petite garnison de quelques gendarmes et leur commandant était basée à Ham. Garde-champêtre : était un des habitants du village et connaissait tout le monde. C était surtout sa personnalité qui lui permettait de résoudre les problèmes qui se présentaient à lui. Que ce soit un vol de poules, un purin qui coulait sur la route, des documents à distribuer 1.OOO petites choses qui émaillaient la vie de notre gardien de l ordre public. Garde-forestier : employé chargé de la surveillance de certaines étendues de forêt. Il veille aux espèces végétales et animales, pour une occupation harmonieuse en fonction des sols et des superficies. Facteur : un bureau des postes fonctionnait avec plusieurs facteurs et un percepteur des postes. La distribution du courrier avait lieu matin et soir, du lundi au samedi et le dimanche matin! Cantonnier : il entretenait les routes, remplissait les nids de poule d un mélange de cailloux et de terre glaise, curait les fossés, débarrassait les bords des chemins des ronces et des végétations envahissantes, mais était appelé à bien d autres tâches encore : allumer le feu dans le poêle des écoles, de l administration 51

communale, ou aider le fossoyeur, quand il ne l était pas lui-même. Fossoyeur : creusait les tombes et entretenait le cimetière. Croquemort : au temps où les pompes funèbres n étaient pas encore développées, il assurait le transport de la bière à l aide du corbillard municipal, tiré par un cheval. Ce corbillard était remisé dans un bâtiment adjacent à la cour de récréation de l école des sœurs, à la rue du Cygne. Il a été employé jusqu en 1957. Crieuse : femme qui lors des décès passait dans toutes les maisons pour annoncer non seulement le décès, mais les jours et heures de l enterrement. Allumeur de réverbères : préposé à l allumage des réverbères, le soir et à leur extinction le matin, suivi de l entretien de la mèche : mouchage ou remplacement, nettoyage du globe et remplissage de pétrole. 52

.12 Autour de l alimentation. Meunier : exploite un moulin, c est-à-dire, un mécanisme pour moudre le grain et en extraire la farine et le son qui sont ensuite séparés par une opération de blutage. Le moulin racheté par Gustave Hainaut fonctionnait à l aide de la force motrice produite par la pression de l eau faisant tourner une roue hydraulique à auges. (Voir Chapitre IV.4. La force hydraulique). Il existait aussi des moulins fonctionnant avec la force éolienne. A noter que le dernier meunier au moulin d Ham qui était contigu au château, était l arrière-grandpère de ma femme (Jean Baptiste Dave). Boulanger pâtissier : fabrique et vend du pain et, pour le dimanche, de la pâtisserie. Pour les cuissons, un grand four en briques réfractaires était chauffé à l aide de bûches de bois, plusieurs heures à l avance. Il fallait alors tout l art du professionnel pour enfourner et défourner juste au bon moment pains, pâtisseries, rombosses (pommes entourées de pâte) toutes choses délicieuses, bien panifiées, croquantes sous la dent Avec charrette et cheval, ces produits étaient livrés à domicile. Brasseur : brasse et vend de la bière. Chaque village possédait une ou plusieurs brasseries, fabriquant une bière légère qui était vendue soit dans des bouteilles munies d un mécanisme de 53

fermeture ou dans des fûts. Ceux-ci étaient distribués sur un chariot constitué de deux longerons sur lesquels s adaptaient ces tonneaux ; chariot tiré par un ou plusieurs chevaux. Cabaretier : tenait un cabaret : endroit où l on pouvait consommer des boissons, manger ou danser. Cafetier : patron d un café : établissement où l on sert des boissons et restauration légère. Restaurateur : au village, peut être assimilé au cafetier. Hôtelier : personne qui tient un hôtel pour les voyageurs et représentants de commerce. Certains cafés servaient le repas et disposaient de quelques chambres. Sur la place du Bourg, au XVI siècle, une hôtellerie brasserie portait le nom de Heaume. A Jamioulx, les deux cafés proches de la gare, disposaient eux aussi de quelques chambres et servaient le repas aux voyageurs. Boucher charcutier : la caractéristique de cette époque était que l on se trouvait devant un métier complet. D abord choisir sa bête à la ferme, vache, mouton, bœuf, porc parfois l amener soi-même, l abattre, la découper en quartier, la stocker au frais (cave). Ensuite, la débiter à l étal mais aussi fabriquer les charcuteries. C était alors la vente à l étal ou la 54

livraison par le garçon boucher qui, après avoir été prendre les commandes quelques jours auparavant, allait livrer la marchandise. Epicier : commerçant vendant en gros ou en détail des comestibles, épices, sucres, café, boissons etc Dans nos villages, comme écrit dans l avertissement, on y trouvait mille petites choses dépannant les villageois. Marchand de liqueurs : au pied du chemin de Marbaix, existait un magasin où l on ne vendait qu eaux de vie du pays, Cognac, Rhum et une seule liqueur pour dames. Sourcier : à la campagne, certaines personnes avaient la faculté de découvrir les sources. A l aide d un bois de coudrier en forme de Y, fermement maintenu entre les deux mains, en parcourant le terrain, si brusquement le bois oscillait, on creusait à cet endroit pour trouver de l eau. Fontainier : employé responsable de la production et de la distribution d eau de sources. 55

Au moment de la naissance de grand-père, la distribution d eau n existait pas dans le village, seul le château était raccordé à une source, celle Ŕci s appelait source Boulant Fontaine. Détail très intéressant : la conduite qui amenait l eau au château était constituée d arbres en chêne d un diamètre de plus ou moins 4O cm creusé pour en faire des tuyaux qui, placés bout à bout sur une longueur de 14OO mètres, alimentait le château et certains privilégiés, locataires riverains de la propriété et autres habitants de la commune quand il restait suffisamment d eau. Sucrier : industriel actif dans la fabrication du sucre. Egalement ouvrier de sucrerie employé dans une entreprise transformant la betterave en sucre et ceci, en plusieurs étapes. A Ham, la sucrerie construite en 1870, s appellera ensuite «société en nom collectif Henrion, Meunier et compagnie». 56

Pisciculteur : entre la ferme de la Logette et Fleur en champ, se trouve la ferme du Vivier. Aux abords de celle-ci, subsistent des étangs de pêche. Le nom de ferme du vivier évoque bien sûr, l existence d élevage de poissons depuis des temps très lointains. A Jamioulx, le quartier du Vivier possède encore des bâtiments qui dépendaient de l abbaye de Lobbes (868-869). Le ruisseau du marteleur approvisionnait les viviers et les maisons avoisinantes. Fabricant d huile (moulinier) : un tordoir pour l extraction des huiles était actionné par une roue hydraulique et exploité par Monsieur Scohier à Hameau déjà en 1808. 57

.13 Autour de la santé. Médecin : il soignait les corps et aussi souvent les âmes. Non seulement il était présent pendant les maladies, mais également pour les naissances, les extractions dentaires, pour recoudre et panser les blessés, mais aussi pour réconforter les mourants et soutenir les familles. Encore aujourd hui, combien de fois nous entendons les habitants du village nous dire du papa de Thérèse, le docteur Marlier : «c est lui qui m a mis au monde, c est lui qui a sauvé mon frère, c est lui qui venait trois fois la journée et la nuit pour maman mourante». Il était doté d une générosité de cœur, ne réclamant rétribution qu au prorata des ressources des familles. N oublions pas que la sécurité sociale n existait pas à ce moment. Oui, c était une véritable vocation que le métier de médecin de campagne! Pharmacien : en 1850, donc 13 ans avant la naissance de grand père, le pharmacien Constant Jopart, fit bâtir une maison au chemin de Marbaix, maison appelée communément «château liégeois». En 1888, Elie Marlier, grand père paternel de Thérèse se marie. Il est déjà pharmacien à Ham- sur-heure. En 1919, Joseph Marlier, mon beau-père, au retour de la 58

grande guerre, s installe en tant que médecinpharmacien en reprenant l établissement de son père. Son épouse, Louise Rousseau, lui servira d aide pharmacienne. Mais qu était le pharmacien dans nos villages? Il n existait quasiment que des remèdes phytothérapiques, et le pouvoir d achat du peuple était souvent bas les mutuelles et leur remboursement, inconnus au régiment! le patient recevait donc quelques plantes séchées pour les utiliser soit en décoction (après avoir bouilli) soit en infusion (trempées dans l eau bouillante). Le pharmacien disposait également de sangsues et de vésicatoires (ventouses). Il pouvait vendre de la farine de lin pour faire des cataplasmes que l on appliquait à chaud sur la partie malade. Ces remèdes simples pouvaient parfois être très efficaces, surtout s ils étaient accompagnés de conseils incitant aux purges, à l alimentation saine, bref, à toute une hygiène de vie. C est seulement si l amélioration n intervenait pas que le malade était aiguillé vers le médecin. Mais avec le 20 siècle, la profession change. Tout d abord, apparaît l aspirine qui soulage les douleurs mais toujours rien pour les infections graves c était alors un combat inégal des médecins, pharmaciens, sœurs de charité, contre les phtisie, pneumonie, maladies vénériennes jusqu en 1938, peu avant la guerre où apparaissent alors les sulfamidés (dont les belligérants feront grand usage en 40-45). Ceuxci commencent à soigner non seulement les 59

infections mais aussi certaines maladies, tel le diabète. Le grand événement pharmaceutique de l aprèsguerre fut l apparition des antibiotiques. Le premier, la pénicilline, a été découvert par Sir Alexandre Fleming, en 1928. L Homme croyait alors qu il allait vaincre toutes les maladies. Les différents antibiotiques sortaient des laboratoires et étaient de plus en plus puissants. Malheureusement, ceux-ci, employés abusivement par des médecins pressés (médecine de facilité, de sécurité ou de parapluie?) perdaient rapidement de leur efficacité, et c est aujourd hui une course contre la montre pour produire des antibiotiques plus performants et de mieux en mieux ciblés qui, inexorablement, deviennent rapidement obsolètes face aux bactéries de plus en plus résistantes. Sœurs de charité : à la rue des Potiers, s étaient établies des sœurs de charité de la congrégation religieuse des sœurs du Sacré Cœur d Issoudun. Venues au moment de leur expulsion de Espagne, due à la séparation de l Eglise et de l Etat. Au temps où n existaient pas de services d infirmières, c était des auxiliaires très précieuses pour la population. Soins aux malades, piqûres, médicaments approvisionnés chez le pharmacien. C était elles également qui ensevelissaient les défunts. Leurs connaissances des plantes étaient appréciées pour prodiguer des soins à bon compte. 60

Sage-femme : elle aidait les parturientes à l accouchement et donnait une première toilette au nouveau-né et les soins à la maman. A la naissance de grand-père, c est la sage-femme Apolline Adam, âgée de 27 ans, qui a présenté Gustave Hainaut devant l officier d état civil pour déclarer sa naissance et les prénoms lui donnés par ses parents. Faiseuse d anges : époque difficile et douloureuse pour bien des couples comment concilier l harmonie du couple, les possibilités financières et l équilibre psychique des époux. Les pratiques abortives étaient courantes, réalisées souvent dans des conditions épouvantables et la cause d infection et de mortalité importantes. L arracheur de dents : c était un camelot qui, avec son fourgon, passait de village en village et extrayait les dents au son d un roulement de tambour qui couvrait les cris du malheureux patient! Vétérinaire : le spécialiste de la médecine des animaux. Avant les césariennes, ceux-ci étaient très peu sollicités. Il y avait toujours des fermiers plus expérimentés qui ayant la connaissance ancestrale de bien des choses donnaient des conseils simples et aidaient aux vêlages difficiles. 61

.14 Autour des personnalités. Le curé : il était la référence sur le plan moral. Instruit, il connaissait non seulement les choses d église, mais avait aussi d autres connaissances dans les plantes qui soulageaient et guérissaient les maladies bénignes. Ne cultivait-il d ailleurs pas un «jardin de curé»? Il était le confident, celui qui souvent réparait les bobos des ménages, des rapports parents enfants, les inimitiés profondes il était le réconfort des mourants. Il pouvait parfois être un personnage haut en couleurs. Ainsi, le chapelain Charles Louis Demarthe, appelé curé du Zoyé, affecté au château à partir de 1886, dont les blagues sont restées légendaires. Un recueil de celles-ci a été écrit par Louis Marlier mon beau-frère et sera publié prochainement dans le CHAT (centre du Hainaut d art et d histoire de la Thudinie). Le curé du zoyé en compagnie de Louise de Rochechouart et du comte John d Oultremont 62

Le bourgmestre : c était parfois un notable, mais aussi cela pouvait être le paysan ou l artisan éclairé, choisi pour son bon sens ou sa grande gueule! Son travail administratif se résumait à peu de choses. En dehors des réunions du conseil communal, il se reposait sur son secrétaire communal, signait les documents, faisait chaque jour le point avec le garde-champêtre, commandait le cantonnier, le fossoyeur, et bien sûr était de tous les événements : il mariait, assistait aux enterrements, aux remises de prix dans les écoles et lui aussi, était appelé bien des fois à régler les problèmes de bon voisinage. Le secrétaire communal : au moment où grand-père devient adulte, le téléphone n existait pas. C est donc par la poste que le secrétaire communal recevait ses instructions de l Etat. Il les communiquait au bourgmestre et échevins, les traitait et les retournait à qui de droit. Il devait être la personne instruite et bienveillante qui expliquait aux administrés les arcanes des lois administratives. Le notaire : avec les autres personnalités du village, le notaire exerçait un rôle très important. En plus que les ventes de biens, il était le «conseil» pour les placements, pour les contrats de mariage, de location, la rédaction des testaments et assurait, le moment venu, l exécution de ceux-ci. Bref, un personnage 63

indispensable pour une population peu ou pas instruite, pour qui le notaire devait traduire son jargon juridique en termes simples et compréhensibles. Il était aussi le prêteur qui permettait aux petites gens d acheter leurs maisons ou un lopin de terre. Les religieuses enseignantes : à la rue du Cygne, s élevait un bâtiment comprenant une maison d habitation avec jardin, encadré de deux classes plus une annexe donnant sur la cour de récréation avec préau. Un oratoire était aménagé à l étage et le curé du village y célébrait une messe le samedi. C était une école de filles, sauf les maternelles et les deux premières primaires qui étaient mixtes. Les demoiselles pouvaient, après la sixième primaire, fréquenter le quatrième degré, septième et huitième année, ainsi que l école dominicale où l on préparait également des pièces de théâtre sous la direction de sœur Marie Pauline. Ces religieuses faisaient partie de l ordre de l Immaculée Conception de Champion. L instituteur : rôle primordial de ce qui souvent était une vocation. L instruction n était pas obligatoire, et très tôt les petits bras étaient employés dans les différents métiers et bien peu devaient être motivés pour «apprendre». Il fallait donc à l instituteur, dans ces conditions difficiles, essayer de donner aux élèves, un éclairage sur le monde, une ouverture sur leur environnement. Il était aussi l écrivain du village dans le sens où bien des habitants ne parlaient que le wallon, ne savaient qu à peine lire et 64

écrire. Il était donc celui à qui on apportait les documents à lire et qui y répondait. Le châtelain : c est un château délabré et abandonné depuis 1885 qu a connu grand-père durant son enfance à Ham-sur-Heure. Celui-ci fut reconstruit de 1898 à 1909 par Louise de la Rochechouart Mortemart, veuve du Comte Louis de Mérode, et sa fille Victurmienne (dite Renée). Le château devint le magnifique édifice que nous connaissons aujourd hui. Après son achèvement, y habitèrent périodiquement les deux dames et le mari de Renée, le Comte John d Oultremont, grand maréchal de la cour de Léopold II et grand maréchal d honneur d Albert premier, accompagnés de leurs enfants. La vieille Comtesse était un personnage impressionnant. C était un événement lorsqu elle rendait visite à l école. Maman Bertha était très fière de raconter qu elle avait été choisie, parmi ses condisciples, pour réciter à «madame la Comtesse» la fable : «Le singe, la guenon et la noix». Maman Louise, elle, écrivit dans ses mémoires la présence du Comte et de la Comtesse John et Renée à l école des sœurs pour la remise des prix. L importance des livres reçus était proportionnelle aux résultats obtenus. Les heures de gloire de cette famille au château de Ham-sur-Heure se terminèrent par la mort de deux fils de John et René, à 45 et 43 ans, et du 65

troisième, assassiné avec sa compagne Zézette par les rexistes le 12 août 1944. C était fini! Charles Henri, fils de Guy, un des héritiers, croulant sous les droits de succession, vendit le château à l administration communale qui en fit son siège en 1952. Avec Thérèse, ma femme, nous fûmes un des premiers couples à nous y marier. Les différents bourgmestres qui s y succèdent depuis lors, aménagent avec bonheur ce château. Non seulement les bourquîs mais bientôt les habitants des autres communes de l entité : Cour-sur-Heure, Marbaix-la- Tour, Jamioulx et Nalinnes, profitent de ces aménagements. C est surtout après la fusion des communes en 1977 que le château retrouva son lustre d antan et devint le lieu d accueil des services communaux, du CPAS, de la bibliothèque, du musée de la vie rurale, et le théâtre des nombreuses manifestations qu il connaît aujourd hui. 66