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CB-G RABTEN-LES SIX PERFECTIONS-Dernière mise à jour 18.07.2015 Pour devenir un Bouddha, un bodhisattva doit pratiquer six perfections : 1. la perfection de la générosité (skt. dana paramita) 2. la perfection de la moralité (skt. shila paramita) 3. la perfection de la patience (skt. kshanti paramita) 4. la perfection de l énergie ou effort enthousiaste (skt. virya paramita) 5. la perfection de la concentration (tib. shi-né) 6. la perfection de la sagesse (skt. prajna paramita) La Perfection de la Générosité Cette perfection se divise en quatre catégories : le don de biens matériels, du Dharma, de protection et de l amour actif (skt. maitri). Le don de biens matériels. Pour la plupart d entre nous, les besoins matériels de base tels que la nourriture et les vêtements sont les biens qui sont les plus faciles à donner. Les bodhisattvas avancés, quant à eux, sont capables de donner leurs yeux, leur chair et même leur vie. Notre générosité ne tient pas à l objet que nous donnons, ce dernier n étant que le moyen pour la pratiquer. L acte réel de donner réside dans la ferme détermination de donner librement, sans avarice. Ainsi, même si nous ne possédons rien, nous pouvons pratiquer le don puisque donner dépend de notre état d esprit et non pas de l objet qui est donné. Le don du dharma. Par le don du dharma, on donne, avec un esprit pur, l enseignement de la vérité à d autres êtres. Ce type de don est plus bénéfique que le précédent. Les biens matériels n apportent qu une aide limitée dans le temps tandis que le Dharma est durable et l aide qu il apporte est plus profonde. Une personne possédant des biens n est pas à l abri de la souffrance, alors que le Dharma est à même de soulager cette souffrance. 1/8

Le don de protection. Faire le don de protection signifie que nous travaillons à sauver et protéger la vie de tous les êtres. Par exemple, si nous remettons dans l eau des créatures aquatiques prises dans la boue, nous pratiquons ce type de générosité. Si la vie d un être est en danger, nous devons lui apporter notre aide de toutes les façons possibles. Les résultats obtenus par la pratique du don du refuge sont excellents, immédiats et profonds. Le don de l amour actif. La pratique de l amour actif est le souhait de donner le vrai bonheur à tous les êtres. Par le simple fait d avoir ce souhait, nous ne pouvons pas aider directement les êtres dans l immédiat, mais si nous le cultivons en nous il sera finalement source de grands bienfaits. Ces différents types de générosité sont utiles de deux façons : ils aident les autres êtres et nous aident nous-mêmes. Si nous pratiquons la générosité uniquement pour notre propre bénéfice, il ne s agit pas de la véritable générosité. La Perfection de la Moralité Cette perfection présente trois aspects : Dans le premier aspect, nous protégeons notre corps, notre parole et notre esprit afin de ne pas nous engager dans des actes nuisibles ou malhabiles. Nous avons tendance à agir de manière erronée et il est nécessaire que cette tendance soit maîtrisée. Nous pouvons penser à notre corps, notre parole et notre esprit comme à trois enfants désobéissants, et à nous-mêmes comme à un parent s efforçant de les garder dans une pièce en les occupant à quelque chose. Juste de l autre côté de la porte de la pièce, se trouve un dangereux précipice qui représente les choses nuisibles par lesquelles les enfants sont attirés. Chaque fois qu ils essaient de s échapper au-dehors, il nous faut les ramener à l intérieur pour qu ils soient en lieu sûr. Si nous laissons notre corps, notre parole et notre esprit aller où bon leur semble, nous allons vers de grandes souffrances pour l avenir. Cette protection du corps, de la parole et de l esprit est le premier aspect de la moralité. Le second aspect consiste à protéger les autres de la même manière que nous nous protégeons nous-mêmes. Par exemple, quand quelqu un est sur le point de tuer un animal et que nous lui 2/8

expliquons que c est une erreur de faire cela, nous protégeons cette personne contre le fait de commettre des actes nuisibles. Quand nous nous engageons dans des activités habiles ou bénéfiques, cela nous met automatiquement à l abri des activités malhabiles ou nuisibles. Le troisième aspect de la perfection de la moralité consiste en cette substitution des actions malhabiles par des actions habiles. La Perfection de la Patience Il existe trois types de patience : La patience quand nous sommes blessés par d autres. Quand les autres nous font mal physiquement ou mentalement, nous ne devons pas réagir en nous mettant en colère ou en leur rendant la pareille. La patience quand nous souffrons. Quand nous souffrons, nous accusons quelqu un ou quelque chose en-dehors de nous-mêmes d être la cause de notre souffrance. Or, la cause immédiate de notre souffrance est peut-être quelque chose d extérieur à nous-mêmes, mais la cause profonde, souterraine est notre propre karma, que nous avons nous-mêmes fabriqué. Le fruit de nos actions doit forcément revenir sur nous. Si une personne nous frappe avec un couteau, cette blessure devait nous arriver à nous. Nous ne pouvons pas accuser qui que ce soit en-dehors de nous d en être la cause. En pensant de cette manière, on réduit l impact que la souffrance a sur nous. Nous devons commencer à pratiquer la patience à l égard de difficultés minimes. Plus tard, nous serons capables d être patients à l égard de très grosses épreuves. Suite à sa pratique de la perfection de la patience, un bodhisattva est capable de supporter n importe quelle forme de souffrance pour le bien des êtres. Il est impossible de retirer toutes les pierres qui encombrent un chemin très rocailleux, mais de bonnes chaussures nous protégent de blessures éventuelles quand nous y marchons. La patience de garder la concentration. Le troisième type de patience consiste à garder sa concentration dans la méditation, ou dans tout ce qui est en rapport avec le Dharma, sans permettre aux distractions de mettre la pratique en danger. 3/8

La Perfection de l Energie (ou effort enthousiaste) Cela signifie énergie pour le Dharma. Elle est de trois sortes : La première est l énergie de l esprit qui stoppe le désir pour les choses inutiles. Si nous avons une grande attirance pour des objets ordinaires qui n ont rien à voir avec le Dharma, cela perturbe notre pratique du Dharma. Bien sûr, il nous faut faire certaines choses tous les jours, mais si notre attrait pour ces activités est plus grand que notre attrait pour le Dharma, notre attention est distraite de notre tâche essentielle. Une personne peut se concentrer et travailler très dur, mais si le but de tous ces efforts est un but mondain, alors du point de vue du Dharma cette personne est paresseuse. Les gens qui veulent réellement pratiquer le Dharma sont pressés, même quand ils mangent ou qu ils vont aux toilettes, car ils ne veulent pas perdre de temps. L énergie pour les activités mondaines est une faiblesse ; l énergie pour le Dharma est la véritable force. Cet aspect de la perfection de la moralité nous pousse à avancer avec promptitude vers le but final. Comme nous avons de l énergie pour la pratique du Dharma, qui est notre véritable but dans la vie, cela nous empêche d être détournés par des buts mondains. Cela nous protège de toutes sortes de maux. La deuxième sorte d énergie nous protège contre la fatigue. Par exemple, grâce à ce type d énergie, un méditant souffrant d une fatigue telle que la simple vue de son coussin de méditation lui donne envie de dormir pourra surmonter sa faiblesse. On peut venir à bout de cette difficulté en pensant au fruit de la méditation ou de la pratique du Dharma ; si nous gardons cela présent à l esprit, la fatigue physique ne nous fera pas perdre notre énergie. Les gens qui travaillent ne souffrent pas tellement de la fatigue parce qu ils pensent à l argent qu ils vont gagner. Si nous prenons en considération le fruit splendide de la pratique du Dharma, nous y travaillerons d arrache-pied. La troisième sorte d énergie est la certitude que nous ne sommes ni trop petits, ni trop faibles, ni trop stupides, pour obtenir le fruit de la pratique du Dharma. Cette sorte de faiblesse barre la route à la réalisation du but. Elle peut être surmontée par la pensée que les bouddhas et bodhisattvas les plus élevés eux aussi à un certain moment n avaient que des perturbations, vivaient dans le samsara et étaient pires que nous. Par la pratique du Dharma, ils ont atteint les plus hauts degrés de perfection. Nous pouvons donc faire de même. Personne ne détient la vertu parfaite dès le départ. Quand les enfants vont à l école pour la première fois ils ne savent 4/8

ni lire ni écrire, mais par la suite ils apprennent non seulement cela mais bien d autres choses encore et certains deviennent de grands érudits. Le Bouddha a dit que même les insectes qui vivent dans les excréments peuvent devenir des bouddhas. Si nous gardons tout cela à l esprit nous n aurons plus aucune bonne raison pour ne pas pratiquer le Dharma. Les trois sortes d énergie combattent trois faiblesses : la première est celle où l esprit refuse de se tourner vers le Dharma ; la deuxième est la fatigue que nous rencontrons quand nous pratiquons ; la troisième est celle où nous doutons de notre propre capacité à atteindre les buts du Dharma. La personne qui veut atteindre le sommet de la montagne doit d abord se diriger vers le chemin qui y mène, ensuite poursuivre sa route et ne pas se laisser aller à la paresse, et enfin ne pas faiblir et se mettre à penser : "Cette entreprise est possible pour des gens forts, mais pas pour moi." Les écritures enseignent que toute vertu vient de l énergie. Avec de l énergie, quelqu un qui n est pas intelligent peut obtenir le fruit du Dharma alors qu une personne intelligente mais paresseuse ne l obtiendra pas et son intelligence devient alors inutile et vaine. Le plus grand succès sera obtenu avec l intelligence et l énergie combinées. Dans les écritures, on trouve cette analogie du feu d herbe sèche sur la montagne. Si le vent souffle et l attise, la montagne tout entière va prendre feu mais s il n y a pas de vent, le feu va s éteindre immédiatement. L intelligence est comme le feu et l énergie est comme le vent. Si une personne a de l intelligence mais pas d énergie, rien ne pourra être accompli. Voilà pourquoi la perfection de l énergie est nécessaire pour atteindre le but. La Perfection de la Concentration La concentration doit porter sur un objet. Elle est très importante, qu il s agisse de pratique du Dharma ou de la vie ordinaire. Le mot tibétain pour la méditation de concentration est chi né ; né signifie "demeurer" ou "rester" et chi signifie "en paix". Du point de vue pratique, chi né veut donc dire vivre paisiblement sans affairisme ; on le traduit souvent par "calme mental". Si nous ne l examinons que superficiellement, notre esprit nous semble tout-à-fait paisible ; mais si nous y regardons de plus près, nous voyons qu il n est pas paisible du tout. Notre esprit n est pas capable de demeurer sur le même objet l espace d une seconde. Il s agite en tous sens comme 5/8

une bannière au vent ; dès que nous nous concentrons sur une chose, une autre arrive pour le déranger. Même si nous vivons en haut d une montagne ou dans une pièce tranquille ou une grotte, notre esprit est sans cesse en activité. Si nous nous plaçons en haut d un bâtiment élevé situé dans une ville grouillante d activité, nous pouvons observer en regardant en bas toute cette agitation, mais si nous nous promenons au sein même de la foule, nous ne nous rendons compte que partiellement du grouillement. Parmi les divers facteurs mentaux, il existe un mouvement constant entre des éléments conflictuels ; ces facteurs mènent l esprit à chaque instant. Le mouvement d une bannière voletant dans le vent n est pas causé par la bannière elle-même mais par le vent. L esprit est semblable à la bannière et les facteurs mentaux sont semblables au vent. Ce mouvement constant empêche l esprit de se concentrer longtemps sur un objet. Au sein de nos facteurs mentaux, les perturbations ont plus de force que les qualités. D ordinaire nous n essayons pas de les maîtriser et même quand nous le faisons, cela s avère très difficile parce nous sommes habitués depuis très longtemps à toujours les suivre. La concentration, ou calme mental, a lieu quand nos facteurs mentaux sont purifiés et qu ainsi notre esprit est capable de demeurer paisiblement sur son objet. Si nous pratiquons la méditation de type calme mental, nous pouvons utiliser une image de Bouddha comme objet de concentration. Le point important est de garder notre attention fixée sur cet objet, qu il soit clair ou pas. La clarté finira par venir tout naturellement. Au début la concentration est très difficile, l esprit ne cesse d aller de ci, de là. Si nous persistons cependant, nous découvrirons que nous sommes capables de garder notre esprit sur l objet une ou deux minutes, puis trois ou quatre minutes, et ainsi de suite. Par la poursuite de sa pratique, le corps et l esprit du méditant sont envahis d un plaisir spécial ; cette sensation est le signe que l on a atteint le but final du calme mental. Mais même si au neuvième stade du calme mental nous nous sentons très heureux et paisibles, il ne s agit pas du terme réel de la méditation. La concentration ferme sur un objet n est pas encore la réalisation complète. En effet, le méditant peut associer à sa concentration, une analyse de la nature véritable de son objet de concentration. En poursuivant la pratique simultanée des deux types de méditation, une félicité particulière se manifeste par le fait de voir dans l objet. "Voir dans l objet" consiste à voir si l objet est souffrance, voir s il est permanent ou changeant et rechercher la vérité la plus profonde qui puisse être trouvée à propos de la nature véritable de l objet. En tibétain, on 6/8

appelle cette méditation avec la vue pénétrante lak tong. Lak signifie plus, ou plus haut et tong signifie comprendre ou réaliser. Par cette méthode de méditation, l esprit obtient une meilleure compréhension de l objet que par la seule pratique de la concentration. Quand cette pratique est parvenue à son degré de perfection, l esprit peut se tourner vers n importe quel objet. La Perfection de la Sagesse L esprit peut être orienté vers des objets plus profonds et plus élevés. Il faut l utiliser d une part pour combattre le karma et les perturbations, de l autre pour obtenir les qualités d un bouddha. Pour y arriver, l objet (de la méditation) ne peut être que la vacuité, ou shounyata. Les autres méditations préparent l esprit à cet objet ultime. Si nous disposons d une torche électrique excellente capable de tout exposer, il nous faut mettre sa lumière à profit pour découvrir ce qui est important. La cause essentielle de tous nos ennuis, c est l ignorance. Il nous faut faire usage de notre connaissance de la vacuité pour dissiper l ignorance ; nous devons nous servir de notre esprit, purifié par le calme mental et la vue pénétrante, pour couper à la racine l arbre de l ignorance. A ce stade, dans le dessin des différentes étapes du développement de la concentration, le pratiquant brandit une épée, symbolisant la réalisation de la vacuité, pour couper les deux lignes noires qui représentent les deux sortes de voiles : le voile des perturbations ou émotions perturbatrices et le voile à la connaissance. La réalisation de la vacuité est essentielle pour éradiquer l ignorance. Une fois que nous nous approchons d une compréhension sérieuse de la vacuité, nous sommes sur la voie de la perfection de la sagesse : la compréhension complète de la vacuité. Le chemin de la vision, dans lequel on fait l expérience directe de la vacuité, représente la transformation de l esprit de l être. A ce stade, nous ne sommes plus des êtres ordinaires mais des Arhats ou Aryas, nous entrons dans les terres (bhoumis) des bodhisattvas et expérimentons la bodhicitta ultime, qui jaillit naturellement quand nous faisons l expérience de la véritable nature de la réalité. 7/8

Colophon : Extrait de La Voie Graduée vers la Libération, Un Guide pour le Développement de l Esprit, Guéshé Rabten, traduit du tibétain par le Vénérable Gonsar Rinpoché, 1972. La version française de cet ouvrage a été publiée par la Librairie d Amérique et d Orient. Revu par Nicholas Ribush et Beth Simon et reproduit par Mahayana Publications, 1983, 1984. Reproduit ici pour le programme «Découverte du Bouddhisme» avec la permission de Lama Yeshe Wisdom Archive. Traduction française par Dominique Régibo, assistée de Elea Redel, Institut Vajra Yogini, Juin 2004. Service de traduction francophone de la FPMT. Tous droits réservés. 8/8